II.2. Le cas du Maroc
Selon le dernier rapport du PNUD (2005) sur le
développement humain au Maroc, l'IDH du Royaume s'établit
à 0,642. Un chiffre qui confirme l'évolution
considérable et contrastée du développement humain au
Maroc depuis l'indépendance. En effet, l'IDH du Maroc croit de
manière régulière depuis 1975 passant ainsi de 0,429 en
1975 à 0,642 en 2004.
Un changement qui ne permet pas tout de même
d'améliorer le rang mondial du Maroc en terme de développement
humain. Sa position mondiale stagne toujours à la 124ème
place avec
un IDH inférieur de quelques 10 % à la moyenne des
pays en voie de développement et de
2 Rapport arabe sur le développement humain
(2002).
14,8% à la moyenne mondiale pour l'année 2003. Ce
constat s'explique d'une part par les
déficits sociaux persistants que connaît le
Maroc à la base (fort analphabétisme) et d'autre part par
la progression des autres pays à des rythmes comparables à ceux
du Royaume. Le retard du Royaume pourrait alors être imputé
à la faiblesse de la croissance de son PIB par tête tributaire
des aléas climatiques et fortement réduite par une
croissance démographique plus rapide. L'écart entre le PIB par
tête marocain et celui des pays en voie de développement
est ainsi passé de 250$ PPA par an en 2001, à 355$
US PPA en 2003, souligne le rapport du
PNUD.
Cependant, au delà de cette évolution
modérée de son PIB par tête, le Maroc a
enregistré des progrès notables pour ce qui est des autres
composantes de l'IDH. Les indices relatifs à la scolarisation et
à la santé ont connu une évolution favorable mais
aussi caractérisée par de fortes inégalités. Selon
le rapport, l'indicateur global de la scolarisation, tous cycles confondus est
passé de 48,1% en 1999/2000 à 56,3% en 2003/2004. Le niveau de
cet indicateur combiné au taux encore
élevé d'analphabétisme influence négativement
sur l'IDH attribuant au Maroc dans ce domaine, un retard de 15 ans avec la
Tunisie et de 5 ans avec l'Egypte.
Sur le plan sanitaire, l'espérance de vie, l'un
des meilleurs acquis du Maroc, est passée de 67,9 ans en 1994
à 70,8 ans en 2004, ce qui montre une amélioration globale de
l'état de santé de la population. La mortalité infantile a
été contenue à 40 décès pour 1000 naissances
vivantes avec une fois encore des fortes disparités régionales et
par milieu. Le taux
de mortalité maternelle est quant à lui de 227
décès pour 100000 naissances.
Sur le plan de la gouvernance et des droits humains,
le Maroc affiche une réelle volonté de transparence et
d'intégration de la femme dans le processus de développement. Le
pays a entrepris un véritable changement avec notamment la
réforme du Code de la Famille et
la mise en place de l'Instance Equité et
Réconciliation (IER) ayant pour mission de reconnaître les
atrocités des années de plomb et de rendre justice aux
victimes.
L'avenir marocain se construit donc doucement et peut
être même sûrement. Un ensemble de chantiers de
développement économique et social a été
lancé. Le plus important
est l'INDH lancée par SM en mai 2005 qui se
veut une initiative de rupture avec les traditionnels programmes de
lutte contre la pauvreté en privilégiant une approche de
participation globale de la société et un pilotage local des
programmes. L'objectif de l'INDH
est de lutter contre la pauvreté, l'exclusion
sociale et la précarité. Pour ce qui est des programmes
macroéconomiques, on pourrait citer entre autres, le plan Azur de la
vision 2010 ayant pour objectif d'attirer 10 millions de touristes à
l'horizon 2010 et les programmes de mise à niveau de l'économie
notamment le plan Emergence ayant pour rôle d'accompagner le Maroc dans
son processus d'intégration à l'économie mondiale.
En somme, on pourrait alors affirmer que le
Maroc a connu un véritable développement humain durant
ses 50 années d'indépendance mais des efforts
supplémentaires restent à faire. Tous les indices du
développement humain se sont améliorés certes, mais
à des rythmes pouvant être meilleurs moyennant une mobilisation
plus accrue, plus cohérente et plus ciblée des efforts de
l'ensemble des acteurs de la société.
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