CONCLUSION GENERALE
Quel est l'impact de la privatisation de la SONEL sur le
bien-être social au Cameroun ?
Telle est la question à laquelle cette
étude tentait de répondre. L'objectif principal
était de mesurer la variation de bien-être social
consécutive à l'efficacité du secteur de
l'électricité au Cameroun. Il s'agissait spécifiquement
d'apprécier l'effet de la privatisation de la SONEL sur
l'efficacité du secteur et d'évaluer l'impact de la
réglementation de ce secteur sur le bien-être social.
La première partie de l'étude a
présenté les fondements théoriques des politiques de
privatisation, le déroulement de la privatisation au Cameroun, et
l'impact de la privatisation
de la SONEL sur l'efficacité de la production
d'électricité.
Cette partie a mis en évidence le lien qui
existe entre la privatisation et l'efficacité économique,
mais surtout entre la privatisation de la SONEL et l'efficacité de la
production d'électricité. On s'est aperçu que l'origine de
la baisse de la production après la privatisation a
été l'absence d'investissement dans le secteur,
précisément à partir de 1988. En effet, entre
1975 et 1988, la puissance totale a
augmenté de 441 MW et entre 1988 et 2001,
l'augmentation n'était plus que de 86,5 MW. On a donc pu
constater qu'entre 1980 et 1990, la production est passée de 1365
GWh à 2650 GWh, soit une augmentation de 1285 GWh,
contre
824 GWh entre 1990 et 2001, soit une baisse d'environ
461 GWh par rapport à la première décennie, ce
qui traduit un problème d'inefficacité dans
l'activité de la SONEL, qui due à l'absence
d'investissement.
Après la privatisation de la SONEL, deux principaux
critères d'efficacité ont été définis par
l'entreprise dans le but de répondre à l'un des
objectifs de cette privatisation : les pertes d'énergies
(différence entre les énergies produites et les énergies
émises), et les énergies non fournies,
caractérisées par l'intensité des
délestages. L'évolution de ces deux critères
(figure 2.7), a montré que les énergies non fournies et les
pertes d'énergies ont diminué lors
de l'exercice 2003/2004, mais le fait qu'elles n'aient
pas encore atteint le niveau observé
avant la privatisation nous a permis de conclure à une
relative amélioration de l'efficacité de
la production trois années après la
privatisation.
Dans la deuxième partie, il s'agissait d'évaluer
l'impact de la réglementation du secteur de l'électricité
sur le bien-être social au Cameroun. Il a été
présenté dans un premier temps l'objectif de la
réglementation, les modes de régulation, notamment en
informations complète
et incomplète, et la régulation du secteur de
l'électricité au Cameroun. En second lieu, on a
procédé à l'évaluation proprement dite.
Les résultats de l'analyse ont permis de s'apercevoir que
la fixation des tarifs au niveau des coûts marginaux de saison
sèche et de saison humide ne peuvent pas permettre à
l'entreprise
de couvrir ses coûts ; le déficit étant de
93.301.219FCFA. Par ailleurs, l'évaluation du bien- être
a permis de déceler une perte d'environ 6.273.225.000 FCFA,
dont 3.427.200.000 FCFA
en saison sèche et 2.846.025.000 FCFA en saison
humide. Cette perte pourrait être améliorée
si les prix de vente de l'électricité sont
égaux à 56,29FCFA en saison humide et
62,36FCFA
en saison sèche, pour une production d'environ 2312
GWh en saison humide et 2199 GWh en saison sèche. Afin
d'atteindre ce niveau jugé souhaitable, il faudrait que la puissance
installée atteigne les 1500 MW.
L'une des limites de cette étude est de n'avoir pris en
compte que les coûts pour l'évaluation
du bien-être social, en laissant de côté
l'effet des multiples délestages qui ont été
observés ces deux dernières années et qui ont nettement
affecté le bien-être consommateurs. Cette étude pourrait
donc bénéficier d'une enquête au niveau des consommateurs
pour prendre en compte
tous les éléments pouvant influencer le
bien-être social.
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