CONCLUSION
Nous avons montré dans la première section que
la réflexion d'Emilio Betti est aux antipodes de l'herméneutique
de Gadamer. Dans la mesure où Betti sépare la fonction normative
d'application qui s'exerce dans le verdict du juge de la fonction cognitive et
de celle reproductive, en voyant dans la première un effort
supplémentaire qui venait s'ajouter à la tâche
herméneutique originelle de la compréhension. C'est le
modèle philologique qui reste déterminant pour lui.
Gadamer estime que la distinction entre les
interprétations cognitive, normative et reproductive n'a aucune
validité fondamentale, mais ne fait que transcrire un
phénomène unitaire. Distinguer une fonction normative et une
fonction cognitive ou encore reproductive serait démembrer ce qui, de
toute évidence, ne fait qu'un. Le sens de la loi qui se montre dans son
application normative, ne diffère pas en son principe du sens de la
« chose », qui se fait valoir dans la compréhension
du texte, ou de toute autre expression de la tradition.
Dans la deuxième section, nous avons
développé quelques critiques de Pascal Michon. Celles-ci portent
essentiellement sur le langage qui aurait été mal compris par
Heidegger et Gadamer. Ces deux auteurs ainsi que leurs commentateurs ont
réduit le langage à la langue. Tout en se réclamant de la
tradition, Gadamer principalement n'a pas rendu justice à certains
auteurs, notamment ceux des sciences humaines (Schopenhauer, Nietzsche,
Saussure, Durkheim, Freud, Marx ...).
Nous avons également relevé la confusion
courante qui se glisse chez les critiques de Gadamer et dans laquelle tombe
Pascal Michon, à savoir opposer vérité à
méthode dans l'herméneutique universelle d'application
développée par Gadamer. Celui-ci estime que les méthodes
sont importantes mais il faut les remettre à leur place quand il s'agit
de l'interprétation dans les sciences humaines.
|