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L'évolution du rôle du controle de gestion comme mode de controle et de standardisation des organisations

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par Anonyme
Université Paris X Nanterre - Master 2 Pro Contrôle de gestion 2006
  

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    Mémoire de contrôle de gestion

    L'EVOLUTION DU ROLE DU CONTROLE DE GESTION COMME MODE DE CONTROLE ET DE STANDARDISATION DES ORGANISATIONS

    Sommaire

    Introduction 4

    I. Le rôle du contrôle de gestion classique dans la standardisation des organisations, des comportements et des résultats 5

    I.1 De la taylorisation de type fordisme à la néo-taylorisation 6

    I.2 Les modes de contrôle 7

    I.2.1 Le contrôle des comportements 8

    I.2.2 Le contrôle par les résultats 9

    I.2.3 Le contrôle clanique, i.e. contrôle par la culture 9

    I.3 Le contrôle de gestion comme outil de gestion du risque de comportement 10

    I.4 Le contrôle de gestion des résultats comme mode d'organisation standardisée 11

    II. Apports et limites de la standardisation aux organisations, notamment via le modèle classique de contrôle de gestion 13

    II.1 Apports du pilotage par les objectifs et du contrôle de gestion par les résultats 14

    II.1.1 Les avantages génériques de la standardisation 14

    II.1.2 Aide à la décentralisation de la stratégie 15

    II.1.3 Aide à la mesure de la performance 16

    II.1.4 Critères financiers et standardisation 17

    II.2 Limites et risques de la contribution du contrôle de gestion par les résultats à la standardisation organisationnelle et des comportements 19

    II.2.1 Les limites du pilotage par les objectifs 19

    II.2.2 Le contrôle de gestion par les résultats anticipe mal en contexte turbulent 21

    II.2.3 Les dangers du recours aux seuls critères financiers : le ROI et l'évaluation monocritère 22

    III. Emergence de nouveaux modèles, qui ne renoncent pas à certaines formes de standardisation : le contrôle social 23

    III.1 Remise en cause de l'utilisation exclusive du contrôle par les résultats : apports de la sociologie des organisations 24

    III.1.1 Apports de l'école des Relations humaines 24

    III.1.2 Apports de la théorie de l'acteur stratégique 24

    III.2 Le contrôle par l'adhésion à des valeurs communes : la relève du contrôle par les résultats ? 25

    III.3 Les limites du contrôle par la culture et le consensus sur la nécessité de mixer plusieurs modes de convergence des buts 27

    Conclusion 28

    Eléments de bibliographie 29

    Introduction

    Les travaux de Frederick Taylor sur l'Organisation Scientifique du Travail (OST) ont été appliqués à grande échelle dans les usines Ford à partir des années 1930. Les méthodes sous-jacentes (standardisations des procédés, chronométrage des tâches, apparition des chaînes de montage, comptabilité analytique) ont par la suite été étendues à la grande majorité des entreprises du secteur industriel, avec des gains de productivité considérables.

    Avec la marginalisation des activités industrielles par rapport au secteur des services dans les pays du Nord, les concepts liés à l'OST sont devenus obsolètes, en l'état, pour la gestion de la plupart des entreprises.

    L'idée de « rationaliser » les pratiques en secteur de services est pourtant rapidement apparue. Si les méthodes de l'OST étaient facilement transposables dans des activités de services assez proches du secteur industriel (ie : comportant une activité de production), telles que la restauration rapide (Pizza Hut ou McDonald's par exemple), il en est autrement pour des services plus élaborés, ou pour nombre de fonctions de l'Entreprise de services. On observe cependant aujourd'hui de nombreuses formes de standardisation dans les activités de service, tant privées que publiques.

    L'objectif de ce mémoire est d'expliquer le rôle joué par le contrôle de gestion dans la transposition des méthodes de standardisation industrielle au secteur des services.

    En analysant les différentes formes de standardisation de l'organisation et des comportements induites par les pratiques du contrôle de gestion, l'objectif est de comprendre les gains induits par ces modes d'organisation, et de mettre en relief les risques afférents, qu'ils soient provoqués par l'utilisation de modèles trop réducteurs ou par des formes de rejet de la part des acteurs (comme ce fut le cas pour l'application stricte de l'OST dans le monde industriel).

    Suite aux nombreuses remises en cause dont a été victime la vision traditionnelle du contrôle de gestion, il convient de s'intéresser aux modèles alternatifs, qui ne renoncent pas dans la plupart des cas à certaines formes de standardisation organisationnelle et/ou des comportements.

    I. Le rôle du contrôle de gestion classique dans la standardisation des organisations, des comportements et des résultats

    I.1 De la taylorisation de type fordisme à la néo-taylorisation

    L'évolution des observations et de la pensée en sociologie des organisations a permis la distinction de plusieurs formes de standardisation, qui se sont succédées depuis celle de Taylor sans pour autant s'y substituer totalement. Outre la standardisation des procédés introduite par Taylor, la standardisation des résultats, celle des qualifications et celle des normes ont été recensées dans les travaux de Mintzberg.

    La standardisation des procédés peut être définie par la spécialisation des postes de travail, chaque poste de travail étant caractérisé par les tâches que l'opérateur doit y effectuer. La conception des postes de travail est confiée au analyste de la technostructure, regroupés dans le bureau des méthodes clairement (géographiquement) séparé de l'atelier dans la vision traditionnelle du fordisme. La standardisation des résultats prône la définition de standards, déterminés en fonction des caractéristiques et du volume de production attendue des opérateurs. La mesure des résultats réels est comparée aux standards et les écarts doivent pouvoir être expliqués. La standardisation des qualifications part du postulat que les opérateurs sont, de par leur formation, qualifiés pour coordonner et accomplir leurs tâches efficacement. La standardisation des normes se base sur des règles, des normes, des valeurs établies pour l'organisation dans sa globalité, qui dictent le travail et auxquelles les membres adhèrent.

    Ces formes de standardisation sont utilisées, à des degrés divers, dans la plupart des organisations actuelles. Le contrôle de gestion n'est pas neutre dans la mise en place, le maintien et l'utilisation de ces formes (post)modernes de taylorisation, bien que ce ne soit pas la seule discipline / fonction concernée. Attardons-nous sur le rôle joué par le modèle traditionnel de contrôle de gestion vis-à-vis des avatars de la néo-taylorisation.

    I.2 Les modes de contrôle

    Langevin et Naro rappellent dans leur revue de la littérature anglo-saxonne1(*) consacrée à la thématique Contrôle et comportements que le contrôle de gestion est souvent un processus de facilitation de la décision. Ils ajoutent que le contrôle de gestion poursuit également un second objectif davantage centré sur les comportements des acteurs, « un [...] mécanisme dont la finalité est d'influencer (decision-influencing) les comportements des acteurs de l'organisation dans le sens attendu par cette dernière » (Demski et Feltham, 1976, cités par Langevin et Naro, 2003).

    D'après Merchant, le contrôle des individus répond à la nécessité d'encadrer les possibilités d'occurrence de comportements dysfonctionnels, lesquelles peuvent être classées en trois causes : « Premièrement, les individus peuvent ne pas connaître de façon précise ce qui est attendu d'eux. Deuxièmement, les individus peuvent être motivés à prendre des décisions différentes de celles que l'organisation souhaiterait. Troisièmement, les individus peuvent ne pas avoir les compétences, qualités ou connaissances requises pour prendre les "bonnes" décisions. » (Merchant, 1998, cité par Langevin et Naro, 2003).

    La prise en compte des facteurs de contingence que sont la connaissance du processus de transformation et la capacité à mesurer les résultats conduit à la typologie des modes de contrôle schématisée par W. Ouchi :

    J-L Petitjean complète cette typologie en 2001 en y ajoutant le type de pilotage et les mécanismes de contrôle associés :

    Les trois grands types de contrôle (Petitjean, 2001) 2(*)

    I.2.1 Le contrôle des comportements

    D'après Merchant, le contrôle des comportements (contrôle des actions) assure que les salariés exécutent les actions jugées souhaitables et n'exécutent pas les actions indésirables. Règles et procédures, définition et séparation des responsabilités, supervision directe, autorisations d'engagement de dépenses constituent des exemples de ce mode de contrôle.

    Le contrôle de gestion selon le modèle financier s'intéresse au contrôle des comportements et des actions : « le contrôle des comportements, appelé contrôle des actions, assure que les salariés exécutent les actions jugées souhaitables et n'exécutent pas les actions indésirables. », ce qui correspond au contrôle opérationnel dans la typologie du contrôle fournie par RN Anthony dès 19653(*). Si le contrôle opérationnel n'est pas l'objet du contrôle de gestion (ces deux types de contrôle sont séparés dans la typologie d'Anthony), Hélène Löning précise que « en entreprise, la connexion entre les trois niveaux se révèle cruciale. De ce point de vue, le contrôle de gestion a un rôle charnière à jouer pour mettre en cohérence le niveau stratégique, les grandes orientations de l'entreprise, avec les opérations, le « terrain », « ceux qui font ». Le contrôle de gestion est un élément clé pour assurer la mise en relation des deux autres niveaux et le déploiement des objectifs stratégiques dans l'organisation ».4(*) Un exemple du lien entre contrôle de gestion et contrôle opérationnel est le rôle de fournisseur d'informations et d'aide à la décision joué par le contrôleur de gestion auprès du manager opérationnel.

    I.2.2 Le contrôle par les résultats

    Le contrôle par les résultats consiste à récompenser ou sanctionner les individus en fonction des résultats qu'ils obtiennent. Le contrôle de gestion, dans sa vision classique, est un processus de contrôle des résultats (outputs).

    I.2.3 Le contrôle clanique, i.e. contrôle par la culture

    Langevin et Naro écrivent à propos du « contrôle clanique » de la typologie de Ouchi : « La littérature sur le contrôle social est, pour sa part, plus récente et moins développée. Elle est plus conceptuelle dans son approche, d'une part parce qu'elle vient "après", lorsque les autres modes de contrôle ne peuvent plus s'appliquer et, d'autre part, parce que les outils correspondants (sélection, formation...) sont pour la plupart traités dans d'autres champs disciplinaires, au premier rang desquels se situe la gestion des ressources humaines. » 5(*)

    I.3 Le contrôle de gestion comme outil de gestion du risque de comportement

    R. Anthony, dans sa seconde définition du contrôle de gestion publiée en 1988, le définit comme « le processus par lequel les managers influencent d'autres membres de l'organisation pour appliquer les stratégies ». Le choix du verbe « influencer » dans la définition d'Anthony recoupe la dimension comportementale du contrôle recensée par Ouchi.

    E. Rouby et G. Solle développent cette idée :

    « Après avoir réalisé un diagnostic externe et interne, il s'agit, ex ante, de définir des manoeuvres stratégiques, de créer les structures adéquates à cette mise en oeuvre, sous-entendu de réfléchir à l'allocation optimale des ressources (vision traditionnelle de la stratégie). Dans cette perspective, le contrôle de gestion recherche prioritairement les moyens d'un contrôle de conformité, conformité des actions et du comportement des individus au "schéma" préalablement conçu par les décideurs dirigeants. En ce sens, sa perception demeure de l'ordre de la recherche d'une minimisation des risques de comportement des individus, risques inhérents au non-respect des procédures soit encore de la ligne conduite prédéfinie, risque inhérent à la suspicion d'opportunisme qui pèse sur le comportement des agents. Les indicateurs de contrôle sur lesquels se fonde le contrôle de gestion proviennent alors, pour l'essentiel, de constructions comptables.» 6(*)

    D'après ces auteurs, le risque de comportement correspond à deux risques organisationnels : le risque de coordination et le risque d'opportunisme.

    « Ici, l'information est supposée incomplète pour les dirigeants et dispersée dans l'organisation. Dès lors les informations qui fondent le processus de planification, l'articulation budgétaire puis les procédures de contrôle, prétendent réduire autant les difficultés de coordination que l'asymétrie informationnelle et les effets de dispersion. »

    La question est ici celle de la maîtrise des zones d'incertitude. Le système de contrôle de gestion des résultats apporte une réponse limitée aux problématiques du contrôle des comportements. Le contrôle par l'adhésion à des valeurs communes (Fiol, 91) apporte d'autres éléments de réponse, bien que là aussi des limites apparaissent rapidement.

    I.4 Le contrôle de gestion des résultats comme mode d'organisation standardisée

    Le modèle financier du contrôle de gestion est la forme sous laquelle cette fonction / discipline est apparue et s'est développée dans la plupart des organisations. Remis en cause depuis quelques années par de nombreux chercheurs en gestion et même par une part croissante des praticiens, ce modèle est pourtant encore très largement répandu. Basé sur une logique de contrats selon la culture anglo-saxonne, il a influencé notablement l'organisation des entreprises qui l'ont adopté, et ce de manière similaire dans bien des cas. Son recours systématique à la standardisation des résultats et à la standardisation des normes laisse en outre penser que l'influence de ce modèle sur les organisations participe au développement d'une standardisation des comportements chez les acteurs qui y sont soumis.

    Selon B. Ekoka, le modèle financier en contrôle de gestion pose ou implique les grands principes suivants :

    « - la firme n'a qu'un seul objectif la maximisation de son profit.

    - Cet objectif se décline en sous-objectifs, à savoir la minimisation des coûts et la maximisation des recettes, avec des responsables en entreprises pour chaque sous-objectif. »7(*)

    Ce modèle repose sur le l'un des quatre modes de convergence des buts recensés par Michel Fiol dans sa thèse en 1991, à savoir le contrôle de gestion par les résultats.

    Rendu nécessaire par l'augmentation de la taille des entreprises et par le besoin de diriger à distance, il repose sur la délégation de la prise de décision et de l'autorité, par le biais d'un « contrat » qui fixe des objectifs au responsable, les assortit de ressources, et prévoit le suivi des résultats pour vérifier que les objectifs sont atteints.8(*)

    Ce mode de convergence des buts, qui renvoie à la standardisation des résultats évoquée par Mintzberg, induit en pratique une forme d'organisation en centres de responsabilité, qui se superpose le plus souvent à (voire qui remplace) l'organigramme fonctionnel de l'entreprise. La répartition des responsabilités entre centres de coûts, centres de profit et centres d'investissement se retrouve de fait dans la plupart des organisations ayant adopté un système de contrôle de gestion selon le modèle financier, si bien qu'il ne paraît pas exagéré de parler de standardisation organisationnelle (un mode d'organisation propre à un grand nombre d'entreprises, à partir d'une taille suffisante et quel que soit le secteur).

    II. Apports et limites de la standardisation aux organisations, notamment via le modèle classique de contrôle de gestion

    II.1 Apports du pilotage par les objectifs et du contrôle de gestion par les résultats

    II.1.1 Les avantages génériques de la standardisation

    M. Zacklad rappelle que le recours à la standardisation organisationnelle permet de réduire le besoin de communication entre les acteurs et, de fait, optimise la coordination (en termes d'efficacité et d'efficience) en réduisant le nombre de transactions intellectuelles et consécutivement les coûts de coordination :

    « C'est à March et Simon (1958) que l'on doit les premières analyses des bénéfices de la standardisation par laquelle « la coordination des diverses parties étant incorporée dans le programme de travail dès la conception, le besoin de communication continue s'en trouve réduit » (cité par Mintzberg 1979:20). [...]

    De fait, il n'existe quasiment aucune activité professionnelle qui n'exploite pas un tant soit peu la standardisation des relations et des savoirs léguée par l'histoire du secteur industriel dans lequel elle se situe, celle-ci étant assimilable à des savoir-faire implicites. Cependant, de nombreuses organisations n'utilisent pas encore la coordination basée sur la standardisation d'une manière qui leur permettrait de réduire de façon optimale le nombre de transactions intellectuelles que les acteurs doivent réaliser et, corollairement leurs coûts de coordination. La plupart des interventions des cabinets de consultants dans le domaine du management, de l'organisation ou de la qualité, pour ne citer que quelques exemples, visent précisément à accroître le degré de coordination par la standardisation. »9(*)

    En outre, certaines formes de standardisation organisationnelle permettent d'encadrer les risques de comportement (opportunisme, coordination) des acteurs.

    Rappelons que les principales formes de standardisation apparaissent parmi les mécanismes de contrôle cités par Petitjean en références aux modes de contrôle recensés par W. Ouchi :

    Mode de contrôle

    Mécanisme de contrôle

    Contrôle des comportements et des actions

     

    Contrôle par les résultats

     

    Contrôle par l'identité et la culture

     

    D'après Petitjean (2001)

    II.1.2 Aide à la décentralisation de la stratégie

    La Direction Par Objectifs (DPO), progressivement devenue Direction Participative Par Objectifs (DPPO), repose sur les théories de la motivation individuelle développées par A.M. Maslow (1954) et F. Hezberg (1991).

    « (...) La théorie Y [de MacGregor (1960), qui correspond aux approches de Maslow et Hezberg], sur laquelle sont bâtis le contrôle de gestion par les résultats et la DPPO, nourrit une vision « idéale », autonome et responsable de l'homme au travail : pour peu qu'on lui en donne l'occasion, l'être humain est capable d'initiative, il est digne de confiance et peut, seulement librement, se motiver et se réaliser à travers l'atteinte des objectifs qu'il s'est fixés, après entente avec sa hiérarchie. Le travail est alors vu comme source de satisfaction. L'homme ordinaire peut se diriger lui-même, dès lors qu'ils accepte les objectifs de son travail ; il peut même rechercher les responsabilités ;il est source d'apport créatif dans l'organisation si le management est participatif. Sur ce point, la théorie Y de MacGregor est concordante avec la théorie de V.H. Vroom (1967), selon laquelle la motivation est facteur de performance, ainsi qu'avec les besoins « d'ordre supérieur » définis par A.H. Maslow, en particulier l'estime de soi (self-esteem) et l'autoréalisation (achievement). » 10(*)

    Langevin et Naro (2003) notent que, dans le contrôle de gestion des résultats :

    « seuls les résultats sont évalués par la hiérarchie, les moyens pour les atteindre étant laissés à la discrétion des individus. Ce type de contrôle est donc cohérent avec les démarches de décentralisation et de délégation de la prise de décision. Il génère une autonomie et une responsabilisation susceptibles de satisfaire les besoins de reconnaissance et d'accomplissement des individus et d'agir sur leurs attitudes et leur comportement. 

    Par ailleurs, le contrôle par les résultats indique aux individus ce sur quoi ils seront évalués, plus clairement que ne peut le faire un contrôle des comportements. Cette clarté des objectifs est source de satisfaction et de performance (Kenis, 1979). » 11(*)

    II.1.3 Aide à la mesure de la performance

    La performance est évaluée par la mesure de couples efficacité (atteinte de l'objectif) / efficience (respect des contraintes de ressources négociées). Les moyens doivent être fixés selon le principe de pertinence, par rapport aux objectifs à atteindre.

    Le triangle du contrôle de gestion

    L'écart entre le réalisé et l'objectif est analysé et doit donner lieu à des actions correctrices le cas échéant.

    Le cercle de la qualité (Plan>Do>Check>Act>Plan>...) appliqué au contrôle budgétaire

    Pour B. Ekoka, « Le modèle financier n'est plus au stade de sa légitimation, il a fait ses preuves pendant les trente glorieuses, il a été diffusé dans le monde entier, il y a une symétrie idéelle entre ce modèle et le système de production sloanien, la firme General Motors lui a donné ses lettres de noblesse et les principes de gouvernance anglo-saxons confortent sa domination actuelle malgré l'émergence du modèle stratégico-opérationnel. »12(*)

    Notons que cette « domination actuelle » concerne davantage la pratique que la théorie, une part croissante des chercheurs en gestion s'accordant sur l'existence de grandes limites du modèle financier (le contrôle de gestion par les résultats) qui en font un mode de contrôle imparfait, voire néfaste.

    II.1.4 Critères financiers et standardisation

    Le contrôle de gestion par les résultats a traditionnellement recours principalement à des critères financiers pour évaluer la performance des acteurs et des centres de responsabilité. En particulier, le Return On Investment (ROI) est devenu le fer de lance de l'évaluation monocritère. Si l'utilisation seule d'un indicateur agrégé présente certains avantages, elle comporte également des dangers qui l'ont remis en cause.

    Dans l'ouvrage collectif Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre13(*), Hélène Löning estime que l'utilisation d'un indicateur synthétique assorti d'un objectif unique présente l'avantage de laisser une grande autonomie au responsable, qui doit arbitrer entre différentes décisions susceptibles de répondre à certains sous-objectifs, mais en dégradant la performance sur d'autres critères. Le recours à un indicateur unique et synthétique comme le ROI permet également un suivi simplifié et exhaustif de la performance.

    Ekoka s'intéresse également aux bénéfices engendrés par l'utilisation de critères financiers dans l'évaluation des performances et souligne de son côté les implications en terme de standardisation des comportements des acteurs :

    « - Les taux de ROI, les standards d'activité, les normes de coûts sont autant d'informations préétablies par les analystes financiers, ceux des bureaux de méthodes et du contrôle de gestion. A l'intérieur de l'organisation, ces informations remplacent celles fournies par le commissaire-priseur du modèle de concurrence parfaite. Les producteurs, les acheteurs, les vendeurs, bref les opérationnels agiront en fonction de ces normes préétablies par les analystes.

    - Les analystes vont substituer la coordination par les prix par celle par les normes et les plans, ce qui ne remet pas en cause la théorie, mais montre plutôt son adaptation dans le monde réel. Le contrôleur de gestion est un analyste spécialisé dans l'établissement des normes de coûts à partir des normes d'activités établies par le bureau des méthodes.

    - Le fonctionnement interne des centres de responsabilité est une boîte-noire. La norme joue un rôle de coordination interne. Ce qui importe pour le contrôleur de gestion, c'est le résultat attendu au regard des moyens ou budgets accordés aux différents responsables des centres de responsabilité (après négociation ou ajustement à la marge des budgets de l'année précédente). » (Ekoka, 2003)

    Le recours aux indicateurs financiers dans le pilotage de la performance permet ainsi de contribuer à la standardisation des normes, des résultats et des comportements. C'est un élément de réponse au problème des zones d'incertitude révélé par Crozier et Friedberg (1992).

    II.2 Limites et risques de la contribution du contrôle de gestion par les résultats à la standardisation organisationnelle et des comportements

    II.2.1 Les limites du pilotage par les objectifs

    DES LIMITES TECHNIQUES 14(*)

    => Difficulté à définir des objectifs

    La définition d'objectifs repose sur la capacité à anticiper le futur de l'organisation et de son environnement sur différents horizons temporels. L'exercice est souvent difficile et le risque est de se contenter d'une reconduction à peine ajustée des objectifs de l'année précédente. En outre, elle doit être réaliste, c'est-à-dire ambitieuse sans être irréalisable.

    Le contrôleur de gestion a de plus tendance à raisonner à court / moyen terme, extrapolant à partir de chiffres du passé et partant du principe que les résultats à court terme se reproduiront à l'identique sur le moyen / long terme.

    => Une trop grande révision des objectifs

    Le risque est de remettre en cause les objectifs fixés pour l'année dès qu'un incident interne ou externe intervient. En effet, réviser un objectif en cours d'année revient à nier l'engagement à l'atteindre du ou des responsables qui en ont la charge.

    A contrario, l'excès inverse consiste à ne pas vouloir remettre en cause un plan à trois ans malgré l'intervention de changements majeurs en interne ou en externe en cours d'année. Le recours aux plans glissants peut limiter ce risque psychologique.

    DES LIMITES LIEES AU MODELE DE PILOTAGE

    => Impact de la culture d'entreprise

    Lors de sa mise en place, le contrôle de gestion par les objectifs / résultats risque de rencontrer de fortes résistances et de subir des dysfonctionnement s'il est intégré à une organisation de nature précédemment bureaucratique.

    => Influence de la culture individuelle et de la culture nationale

    Le pilotage par les objectifs repose, on l'a vu, sur les principes posés par Maslow et Herzberg, que l'on retrouve dans la théorie Y de MacGregor. Or cet auteur oppose à cette vision positive de l'homme au travail une théorie X selon laquelle « l'homme éprouve une aversion innée pour le travail et fait tout pour l'éviter : en conséquence, le rôle de la hiérarchie est avant tout de contraindre, contrôler, diriger et même parfois menacer pour faire travailler. C'est une vision pessimiste qui pense également que l'homme ordinaire préfère être dirigé, guidé, sécurisé, qu'il souhaite éviter toute responsabilité et attends qu'on lui définisse précisément ce qu'il a à faire. »15(*)

    Or, comme le note H. Löning, rien n'indique que le comportement de tous les acteurs, et notamment des responsables d'une organisation, s'inscrivent dans la logique de la théorie Y : « Chacun parvient plus ou moins bien, sait plus ou moins, a plus ou moins envie de déléguer, de responsabiliser, de faire confiance... en fonction de sa psychologie, de son intuition, son expérience, son goût du risque, mais aussi de sa culture. ». Et de rappeler qu'un tel type d'approche (celui de la théorie Y) est issu de la culture nord-américaine, que l'on retrouve dans la littérature de gestion comme la « culture du contrat ». On ne sait que trop que ce mode de fonctionnement culturel est moins évident dans nombre d'autres pays, par exemple la France.

    => Tendance à la constitution de « slack organisationnel »

    L'un des risques désormais popularisés du contrôle budgétaire est la constitution de « matelas de protection » ou slack organisationnel, c'est-à-dire la tendance à biaiser la fixation participative d'objectifs (tendance à sous-estimer volontairement les prévisions de vente, par exemple) ou l'allocation de ressources (surestimation des coûts). Ce type de comportement est rendu possible du fait que les responsables opérationnels maîtrisent une partie des zones d'incertitude (Crozier, 1977) concernant leur terrain (exemple : dans certains cas, ce sont eux qui élaborent les prévisions de vente qui servent de base à l'élaboration d'un budget). L'objectif est alors pour eux de « limiter les risques » et de ne pas compromettre l'obtention des récompenses.

    II.2.2 Le contrôle de gestion par les résultats anticipe mal en contexte turbulent

    Rouby et Solle notent que le contrôle de gestion par les résultats, basé sur le modèle financier et des informations comptables, comporte des lacunes de fond dans l'optique d'un pilotage anticipatif du futur en environnement instable, nécessitant un pilotage par les processus et les activités :

    « En situation de prépondérance du modèle de la routine, le contrôle de gestion semble s'être essentiellement nourri d'informations comptables donc d'informations quantitatives construites dans une optique bien particulière relevant d'une vision classique de l'organisation, de la stratégie, de la compétitivité. [...] La mesure, les calculs, permettent aux managers de vérifier l'application des routines et la conformité des comportements des agents. Les informations comptables, les coûts notamment, base des procédures budgétaires et fondement du reporting, étaient censées permettre le contrôle de conformité et limiter le risque économique. En effet, la pratique budgétaire avait prétention à maîtriser le temps et les actions des individus en mettant sous contrôle des indicateurs comptables qui présentaient la triple caractéristique de mesurer les résultats de l'action, de les mesurer par des chiffres, d'être construits sur des conventions comptables en usage (Bourguignon, 2001, p. 936).

    Toute technique censée améliorer la pertinence des informations (ici la traçabilité des ressources consommées) devenait pierre angulaire, puisque en fait le risque économique était traité le plus simplement possible (nous oserions dire écarté) par une modélisation ex ante de la performance économique qui reposait sur le cloisonnement des activités, l'additivité des performances locales, la stabilité des prévisions, une approche discrète du temps.

    Ainsi, qu'advient-il de ce positionnement du contrôle si on admet une autre lecture de l'organisation, de la stratégie, de la compétitivité, que l'on reconnaît des situations d'imprévisibilité, d'octroi d'autonomie et d'initiative des acteurs ? Quelle conception du contrôle faut-il faire émerger si le risque de comportement n'est plus le risque organisationnel majeur à gérer, si de surveillance on passe à animation dynamique de processus opérationnels en interaction avec le principe de finalité, si on facilite la compréhension et l'interprétation des activités par les individus ou les groupes d'individus en temps réel ? » 16(*)

    II.2.3 Les dangers du recours aux seuls critères financiers : le ROI et l'évaluation monocritère

    Au rang des limites, H. Löning signale que la référence unique à un indicateur type ROI est dangereuse car son caractère (trop) synthétique génère de l'opacité. Outre une certaines « phobie des ratios » répandue chez certaines personnes, il est difficile d'expliquer les variations d'un ROI. De la même manière, le suivi d'un ratio ne permet pas forcément de dégager des actions à entreprendre pour l'influencer dans l'avenir. De plus, on sait maintenant que le recours aux ratios dans l'évaluation des performances incite à la manipulation, c'est-à-dire à la modification du ratio en agissant artificiellement et plus ou moins discrètement sur une de ses composantes.

    D'autre part, l'utilisation d'un indicateur agrégé a tendance à favoriser le court terme, les responsables ainsi évalués cherchant en priorité l'amélioration ou le maintien du ratio dans des délais courts (souvent l'année), quitte à négliger des actions susceptibles de porter leurs fruits dans des délais plus longs. Enfin, le recours à un critère strictement financier ne suffit souvent pas à évaluer la performance d'un centre. En particulier dans les activités de service où des problématiques telles que la tenue des délais ou la qualité de service (Peaucelle, 2000). 17(*)

    III. Emergence de nouveaux modèles, qui ne renoncent pas à certaines formes de standardisation : le contrôle social

    III.1 Remise en cause de l'utilisation exclusive du contrôle par les résultats : apports de la sociologie des organisations

    B. Ekoka revient sur l'émergence de critiques à l'égard du contrôle par les résultats, principalement issues de l'école des Relations humaines, puis de la Théorie de l'acteur stratégique.

    III.1.1 Apports de l'école des Relations humaines

    Soulignant les risques de conflits d'intérêts entre les acteurs, que le contrôle de gestion cloisonne dans des centres de responsabilité aux objectifs différents bien que censés contribuer chacun à l'objectif global de l'organisation, note que « (...) l'esprit de corps dans lesdits centres [de responsabilité] favorise la poursuite des objectifs locaux aux détriments de l'objectif global. Cette déviation met en péril l'objectif global. La correction de celle-ci par des règles impersonnelles amplifie la déviation. Robert Merton parle à cet effet de résistance des travailleurs à la pression des standards. Philip Selznick propose le processus de cooptation (la participation des travailleurs) et l'endoctrinement idéologique (faire ressortir les valeurs de l'entreprise) comme deux solutions pour remédier à cette résistance des travailleurs (Pierre Desmarez, 1986).18(*)

    III.1.2 Apports de la théorie de l'acteur stratégique

    Revenant sur la notion de zones d'incertitude théorisée par M. Crozier, Ekoka fait le lien avec le mode de contrôle alternatif relevé par W. Ouchi et intervenant dans des cas où la connaissance du processus de transformation est imparfaite et où la capacité à mesurer des résultats est faible : le contrôle clanique.

    « Dans une optique de rupture, Michel Crozier (1981) va proposer des principes similaires à ceux développés par William Ouchi (1982) dans sa théorie Z. Dans cette théorie le clan ou l'équipe de travail est un mécanisme de contrôle qui se distingue du contrôle par la hiérarchie et du contrôle par le marché. Ce mécanisme de contrôle est capable de résoudre les dysfonctionnements engendrés par une centralisation des normes de la performance ou des règles bureaucratiques tout en complétant les mécanismes de marché. Le contrôle clanique met l'accent sur la confiance, la loyauté envers les objectifs de la firme, l'intimité dans les relations humaines, la transmission des convictions par les différents dirigeants et fondateurs de l'entreprise. Cette théorie fait de la ressource humaine, la clé de la compétitivité entre les firmes. » (Ekoka, 2003)

    III.2 Le contrôle par l'adhésion à des valeurs communes : la relève du contrôle par les résultats ?

    Langevin et Naro recensent plusieurs formes de contrôles sociaux :

    « - des processus relevant du management des ressources humaines : recrutement, sélection, formation des membres de l'organisation...

    - des processus liés au style de management de l'organisation : par exemple, la participation favoriserait la communication entre les membres de l'organisation ainsi que l'implication organisationnelle, en cela elle pourrait constituer un moyen de contrôle organisationnel (Dickson, 1981).

    - des facteurs composant les variables culturelles de l'organisation : existence de mythes, de symboles, de rituels intériorisables par les individus.

    - des mécanismes de socialisation extérieurs, voire ex-ante, tels que la formation qui est dispensée aux futurs diplômés par une communauté professionnelle, avant leur entrée dans l'organisation (cas des médecins, des universitaires,...) ou plus généralement le fait que la formation, l'évaluation, les carrières des membres de l'organisation soient contrôlés de l'extérieur par leurs pairs au sein d'une communauté professionnelle. Les mécanismes de coordination par la standardisation des qualifications au sein des bureaucraties professionnelles, tels que les décrit Mintzberg (1982) participent de tels processus. » 19(*)

    JL Petitjean note que le recours au mode de contrôle clanique est préconisé dans les cas où le contrôle formel, à savoir le contrôle des comportements et le contrôle par les résultats, présente trop de faiblesses pour être efficace, ou se révèle trop coûteux.

    M. Fiol, cité par H. Löning, considère ce mode de convergence des buts comme anticipateur, par opposition au contrôle a posteriori propre à l'approche classique du contrôle de gestion : «  [...] il consiste à sélectionner les individus à travers le recrutement, puis à les inciter, à travers la formation, à se comporter dans le sens attendu par l'organisation. Ce mode d'organisation, vieux comme le monde dans la pratique, tend à renforcer les valeurs déjà intégrées par les membres de l'organisation afin de les amener à agir ou à prendre des décisions de la façon même qu'auraient adoptée leurs dirigeants. » (Löning, 2003)

    Le contrôle clanique n'entre donc pas dans le champ d'étude classique du contrôle de gestion, bien que les concepts qui s'y rapportent soient tout à fait d'actualité dans les réflexions organisationnelles sur le contrôle de gestion, qui pointent les insuffisances du contrôle par les résultats : «  (...) le contrôle par les résultats serait nécessaire et opérant mais, trop centré sur le court terme et la motivation individuelle, il n'aurait un apport à l'organisation qu'à condition d'être complété (et contrebalancé dans ses effets caricaturaux) par d'autres mécanismes de contrôle plus sociaux, plus collectifs » (Löning, 2003).

    Petitjean note qu'un courant de pensée tend à faire des modes informels de contrôle le mode de coordination dominant, va jusqu'à envisager la substitution totale des contrôles informels aux contrôles formels que sont le contrôle des comportements et le contrôle par les résultats.

    « Tout un courant fait ainsi de ce type de contrôle le mode de coordination caractéristique des relations inter entreprises ou en tout cas le mode dominant (Powell (1997), Ring et Van de Ven, (1992), Thorelli (1986), Lorentz, (1996), La confiance, en particulier y tient une place prépondérante soit comme résultat de la multiplication de ces relations soit à l'inverse comme condition sine qua non de leur développement. Elle pourrait ainsi, selon les auteurs précédents, se substituer à un contrôle formel allant même jusqu'à penser que celui-ci devient inutile à partir du moment où des relations de confiance se nouent.»20(*)

    III.3 Les limites du contrôle par la culture et le consensus sur la nécessité de mixer plusieurs modes de convergence des buts

    La plupart des auteurs qui se sont penchés sur le thème des modes contrôle semblent cependant s'accorder sur le fait que le contrôle clanique (Ouchi), encore appelé contrôle par la culture, contrôle par l'adhésion à des valeurs communes (Fiol) ou contrôle social, ne représente pas à lui seul la solution miracle. De nombreuses limites liées à ce mode de convergence des buts émergent en effet au fil du temps.

    Löning rappelle que les tentatives de changement artificiel de la culture d'entreprise se sont souvent soldées par des échecs cuisants, ce qui se comprend car une véritable culture d'entreprise est quelque chose de très stable.

    Le contrôle par la culture comporte également un risque de dérive « conformiste », résidant dans une trop forte homogénéité des comportements des acteurs, élément néfaste à la créativité et à l'innovation.

    Un consensus semble s'établir au sein de la communauté des chercheurs en gestion sur la nécessité de mixer différents modes de convergence des buts et différents modes de contrôle, et en particulier d'avoir recours à des éléments de contrôle informel pour pallier les insuffisances du contrôle formel (en particulier du contrôle par les résultats), sans toutefois l'abandonner.

    L'exercice du contrôle dans les organisations n'est donc plus le seul fait du contrôle de gestion (contrôle par les résultats), mais également de fonctions, mécanismes et processus auxquels contribuent la culture d'entreprise, la gestion des ressources humaines, l'organisation d'entreprise, et le style de management notamment.

    B. Ekoka écrit d'ailleurs à propos des perspectives d'évolution du contrôle de gestion :

    « Or, la modernité en contrôle de gestion à travers le modèle stratégico-opérationnel plaide de plus en plus pour la confiance, l'écoute des opérationnels, la connaissance des activités de l'entreprise, la logique du processus, la recherche causale, l'apprentissage individuel et aussi collectif. » 21(*)

    Conclusion

    L'évolution de la pensée en sociologie des organisations et en contrôle de gestion, mais aussi dans d'autres disciplines comme la gestion des ressources humaines, a mis en relief les apports, mais aussi un grand nombre de travers du mode de convergence des buts basé sur le contrôle des comportements et par les résultats, principe de base du contrôle de gestion tel qu'on le rencontre le plus souvent (direction par objectifs, organisation en centres de responsabilité, contrôle budgétaire, etc.).

    Le contrôle des comportements et le contrôle par les résultats ont apporté des réponses aux problématiques de décentralisation des responsabilités et de mise en oeuvre de la stratégie dans les organisations, ainsi qu'à celles de mesure de la performance.

    Ce mode de convergence des buts et de contrôle, encore très répandu dans les organisations, se révèle cependant peu propice à l'anticipation et au pilotage en environnement turbulent. En outre, son orientation très financière et bureaucratique le rend peu adapté aux exigences de pilotage dans des domaines où les facteurs clés de succès reposent sur le respect des délais ou la qualité. De même, malgré l'apport d'outils comme la méthode Activity Based Costing, le contrôle de gestion peine en pratique à s'adapter aux besoins du pilotage par les activités ou par les processus.

    Les travaux de recherche sur la convergence des buts et les modes de contrôle se sont intéressés à des formes plus informelles de contrôle, comme le contrôle clanique, le contrôle social ou encore le contrôle par la culture. Nombre de chercheurs reconnaissent l'intérêt de tels modes de contrôle pour pallier les limites du contrôle par les résultats.

    Toutefois, beaucoup s'entendent sur le fait que les modes informels de contrôle n'ont pas vocation à remplacer les modes formels, en particulier le contrôle par les résultats, et qu'il faut s'intéresser à la manière d'utiliser les avantages du contrôle formel et du contrôle informel de manière à compenser leurs limites réciproques.

    C'est donc dans le champ interdisciplinaire et inter-fonctionnel qu'il faut envisager l'évolution des modes de convergence des buts et des modes de contrôle, les apports du contrôle de gestion ayant vocation à bénéficier de ceux d'autres domaines comme les ressources humaines ou l'organisation.

    Eléments de bibliographie

    Ouvrages

    Ü Anthony RN, Planning and Control Systems : A framework for analysis,Boston, Harvard University Press

    Ü Löning H & alii, Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre, Dunod, 2003

    Ü Mintzberg H., The Structuring of Organizations: A Synthesis of the Research, Prentice-Hall, 1979

    Ü Mintzberg H., Structure in 5's: Designing Effective Organizations, Prentice Hall, 1983

    Ü Michel Crozier, Erhard Friedberg, L'acteur et le système : Les contraintes de l'action collective, Seuil, 1992

    Ü Reynaud J-D, Les Règles du jeu: L'action collective et la régulation sociale, Armand Colin, 1997.

    Articles de recherche

    Ü Allouche J., Huault I., Contrôle, coordination et régulation - les nouvelles formes organisationnelles, Université Versailles Saint Quentin en Yvelines

    Ü Bichon A., Mesurer les comportements de mobilisation au sein des équipes de travail : une approche exploratoire, Université Grenoble II

    Ü Ducrocq C., Gervais M., Herriau C., Le suivi de la qualité et des coûts dans les entreprises de services : une enquête sur les pratiques et les outils employés par les départements de contrôle de gestion, Institut de Gestion de Rennes (IGR/IAE)

    Ü Defélix C., Transversalité, contrôle et gestion des RH - pilotage à l'épreuve des processus, Université Grenoble II

    Ü Ekoka B., Structuration du modèle financier du contrôle de gestion à travers les disciplines à source, Cahier de recherche no. 2003 - 160, Centre de Recherche en Gestion de Toulouse

    Ü Giraud F., Langevin P. et Mendoza C., La position des managers face au principe de contrôlabilité, Actes de l'AFC

    Ü Langevin P., Naro G., Contrôle et comportements : une revue de la littérature anglo-saxonne, 2003

    Ü Oriot F., Les interprétations différenciées des acteurs face à un système de contrôle de gestion en voie de standardisation, Actes de l'AFC

    Ü Peaucelle J-L, From taylorism to post-taylorism : simultaneously pursuing several management objectives, Journal of Organizational Change Management, Vol. 13, N°5, 452-467, 2000

    Ü Petitjean J-L, Coordination inter firmes : de la différenciation des configurations organisationnelles a l'intégration des mécanismes de contrôle, Université de Reims

    Ü Rouby E., Solle G., Gestion "par" les compétences et positionnement du contrôle de gestion ?, Université de Nice

    Ü Zacklad M., la Théorie des transactions intellectuelles, Intellectica, 2000/1

    Ü Zarifian P., Les conflits temporels et les divergences stratégiques à l'épreuve de la gestion par les compétences, Université de Marne-la-Vallée

    Ü Villesque F., Le processus budgétaire comme jeu d'interactions organisationnelles, Actes de l'AFC

    Cours

    Ü Berland N., cours de contrôle de gestion du DESS CGS Paris Sud, 2002-2003

    * 1 Langevin P., Naro G., Contrôle et comportements : une revue de la littérature anglo-saxonne, 2003

    * 2 Petitjean J-L, Coordination inter firmes : de la différenciation des configurations organisationnelles a l'intégration des mécanismes de contrôle, Université de Reims (Actes AFC 2001)

    * 3 Anthony RN, Planning and Control Systems : A framework for analysis, Boston, Harvard University Press

    * 4 Löning H & alii, Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre, Dunod, 2003

    * 5 Langevin P., Naro G., Contrôle et comportements : une revue de la littérature anglo-saxonne, 2003

    * 6 Rouby E., Solle G., Gestion "par" les compétences et positionnement du contrôle de gestion ?, Université de Nice

    * 7 Ekoka B., Structuration du modèle financier du contrôle de gestion, Centre de Recherche en Gestion de Toulouse, 2003

    * 8 Löning H & alii, Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre, Dunod, 2003

    * 9 M Zacklad, théorie des transactions intellectuelles, Intellectica, 2000

    * 10 Löning H & alii, Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre, Dunod, 2003

    * 11 Langevin P., Naro G., Contrôle et comportements : une revue de la littérature anglo-saxonne, 2003

    * 12 Ekoka B., Structuration du modèle financier du contrôle de gestion à travers les disciplines à source, Cahier de recherche no. 2003 - 160, Centre de Recherche en Gestion de Toulouse

    * 13 Löning H & alii, Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre, Dunod, 2003

    * 14 Berland N., cours de contrôle de gestion du DESS CGS Paris XI, 2002-2003

    * 15 Löning H & alii, Le contrôle de gestion - organisation et mise en oeuvre, Dunod, 2003

    * 16 Rouby E., Solle G., Gestion "par" les compétences et positionnement du contrôle de gestion ?, Université de Nice

    * 17 Peaucelle J-L, From taylorism to post-taylorism : simultaneously pursuing several management objectives, Journal of Organizational Change Management, Vol. 13, N°5, 452-467, 2000

    * 18 Ekoka B., Structuration du modèle financier du contrôle de gestion à travers les disciplines à source, Cahier de recherche no. 2003 - 160, Centre de Recherche en Gestion de Toulouse

    * 19 Langevin P., Naro G., Contrôle et comportements : une revue de la littérature anglo-saxonne, 2003

    * 20 Petitjean J-L, Coordination inter firmes : de la différenciation des configurations organisationnelles a l'intégration des mécanismes de contrôle, Université de Reims

    * 21 Ekoka B., Structuration du modèle financier du contrôle de gestion à travers les disciplines à source, Cahier de recherche no. 2003 - 160, Centre de Recherche en Gestion de Toulouse






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