DEA « ACTION PUBLIQUE ET SOCIÉTÉS
CONTEMPORAINES » - ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN - 2000/2001
DIRECTEUR DU MEMOIRE : Jean-Claude
Thoenig
LES CHAMBRES RÉGIONALES DES
COMPTES
LA CHAMBRE RÉGIONALE DE
HAUTE-NORMANDIE
Pour une approche sociologique d'un système
d'action local et une mise en perspective de l'action des magistrats financiers
au travers du rôle du contrôle financier externe exercé par
les chambres régionales des comptes (1982 - 2000)
DEA « ACTION PUBLIQUE ET
SOCIÉTÉS CONTEMPORAINES » - ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE
CACHAN - 2000/2001
1
Note générale de
présentation
7
Introduction
7
I - LES DONNÉES STRUCTURALES DU SYSTEME
D'ACTION LOCAL : LES COLLECTIVITÉS LOCALES, LE REPRÉSENTANT
DE L'ETAT, LA CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES
13
LE PHÉNONEME DE LA DÉCENTRALISATION ET
LE CONTRÔLE DES COMPTES
13
LES DIMENSIONS CONSTITUTIVES DE LA GESTION PUBLIQUE
TERRITORIALE
15
[1) La définition
nationale des compétences
15
[2) La répartition
locale des compétences
16
LES RESSOURCES (RECETTES) DES COLLECTIVITÉS
LOCALES : EXPRESSION DES MECANISMES DE SOLIDARITE ENTRE LE CENTRE ET LA
PERIPHERIE PUIS ENTRE LES DIFFERENTS ELEMENTS DE LA PERIPHERIE
18
[1) L'utilisation de la
péréquation comme mécanisme redistributif
vertical
19
[2) Emergence de
mécanismes de péréquation horizontale
19
[3) Le fonds de correction
des déséquilibres régionaux
20
[4) La puissance
financière des collectivités territoriales
20
LE POLYMORPHISME TERRITORIAL AUTORISE UNE ACTION
PUBLIQUE FLEXIBLE
21
[1) La visée
rationnalisatrice des réformes de regroupement territorial
émanant du centre
21
[2) Une action publique
flexible
22
LA DYNAMIQUE DE LA DÉCONCENTRATION COMME
MODALITÉ DES NOUVELLES RELATIONS CENTRES-PERIPHERIES ET LES MUTATIONS
DES MODALITES DE LA TUTELLE
23
[1) La déconcentration
dans le cas français
23
[2) Une mise en oeuvre
récente
24
L'ETAT ET LA GESTION PUBLIQUE TERRITORIALE : UNE
DÉLÉGATION DE COMPÉTENCES ET DE MOYENS ASSORTIS D'UNE
PERMANENCE DU RÉGIME DU CONTRÔLE FINANCIER ET
BUDGÉTAIRE
25
[1) La rémanence de
l'oeil central sur les fonds territoriaux
25
[2) Un partenariat
obligé
26
UNE AUTONOMIE POLITIQUE SOUS CONTRÔLE
27
[3) L'établissement du
budget comme vecteur initial des politiques publiques locales
27
[4) Un contrôle en
forme de triangle de fer
28
[5) Le rôle fondamental
du Préfet
30
LE RÔLE DES CHAMBRES RÉGIONALES DES
COMPTES DANS L'ANALYSE FINANCIÈRE DES COLLECTIVITÉS
LOCALES
31
[1) Les missions des chambres
régionales des comptes
31
[2) Eléments
quantitatifs
33
La Chambre Régionale des Comptes de
Haute-Normandie
34
Eléments quantitatifs de
l'activité des chambres régionales au niveau national
35
[3) Quelques cas concrets
d'affaires publiques
35
II - ESQUISSE D'ANALYSE DU MODE DE FONCTIONNEMENT DE
LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES
39
LE FONCTIONNEMENT DE LA CHAMBRE RÉGIONALE DES
COMPTES
39
[1) Organisation
générale des chambres
39
[2) La particularité
des chambres régionales des comptes
40
L'ORGANISATION INTERNE DE LA CHAMBRE
42
[1) L'agenda :
programmation des contrôles et rationalisation des moyens
42
[2) Une rationalisation
croissante des activités
45
[3) L'autonomie des
magistrat
46
[4) Au rythme de
l'organisation : collégialité et contradiction
49
LA PLACE DE LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES
DANS LE SYSTÈME DE RÉGULATION POLITICO-ADMINISTRATIF
51
[1) Ce qu'elle n'est
pas : l'exemple des Autorités Administratives
Indépendantes
51
LE MÉTIER DE MAGISTRAT FINANCIER PUISSAMMENT
ENCADRÉ PAR LES MEMBRES DE LA COUR DES COMPTES
52
[1) Les membres d'un
corps
52
[2) De la division du travail
au sein d'une chambre régionale des comptes
54
[3) Le métier de
magistrat au sein de la chambre
55
[4) Une organisation en
réseau dirigée par les membres de la cour des comptes
60
III - LE MAGISTRAT FINANCIER DE LA CHAMBRE
RÉGIONALE DES COMPTES DANS LE SYSTÈME DE RÉGULATION
POLITICO-ADMINISTRATIF FRANÇAIS
65
DÉMARCHE COMPARATIVE DES ÉVOLUTIONS
POLITICO-ADMINISTRATIVES RÉCENTES
67
[1) Les différents
niveaux de l'Action Publique : l'exemple Européen
67
[2) Les évolutions des
paradigmes liés au contrôle public
69
[3) Le contrôle
juridictionnel versus le système de l'Audit
70
LE SYSTÈME D'ACTION LOCALE DANS L'ARÈNE
POLITIQUE
71
[1) Des problèmes
publics locaux
71
[2) Les relations entre la
chambre et les Préfets
73
[3) La chambre
régionale et le juge judiciaire
74
L'INTÉGRATION DES ENJEUX AU NIVEAU
NATIONAL
75
[1) Un processus politique
qui a contribué à solidifier le périmètre
d'intervention des chambres régionales des comptes
75
[2) Le Sénat comme
agrégation des revendications politiques locales et réceptacle
des capacités d'intégration politique
76
[3) Des demandes d'adaptation
différenciées
78
[4) La profondeur des
réseaux d'action publique
80
[5) Tableau synoptique des
réseaux d'acteurs liés au système d'action
82
POSITION NATIONALE, POSITION LOCALE : DE L'EXAMEN
DE GESTION À L'ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
83
[1) Un magistrat n'est pas
Préfet : les deux corps du roi
83
[2) Le contrôle de
gestion ou l'évaluation des politiques publiques ?
84
[3) Vers une évolution
sensible du mode de régulation ?
87
[4) Intégration et
non-résolution de problèmes
88
[5) Le modèle
français du contre-rôle
89
CONCLUSION.
94
Un système d'action orienté vers
un ajustement marginal
94
La réponse des magistrats
95
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
97
Note générale
de présentation
Je tiens à remercier la Présidente de la chambre
régionale de Haute-Normandie, Madame Lamarque, pour l'accueil qu'elle a
bien voulu me réserver, comme tous les magistrats et collaborateurs de
la chambre de Haute-Normandie.
Sur le mémoire en tant que tel, j'ai essayé
d'appliquer quelques concepts et d'utiliser différentes afin
d'élucider autant que possible les quelques questions
présentées en introduction. Le mémoire n'est pas exhaustif
mais j'ai essayé d'utiliser au mieux ce dont je disposais, compte-tenu
des moyens ou des informations auquel j'ai pu avoir accès.
Je suis par ailleurs persuadé, à la suite de cette
rédaction, que les travaux de type comparatif, comprenant les pays de
l'Europe de l'Est et dans une perspective européenne, peuvent être
fructueux pour enrichir une approche sociologique des phénomènes
politico-administratif liés à la réorganisation des
territoires.
Introduction
Les chambres régionales des comptes constituent une
nouveauté au sein du système politico-administratif
français, puisqu'elles participent d'un renouvellement des
modalités de contrôle des territoires exercé par l'Etat.
Avec la décentralisation et les « droits et
libertés » accordés aux différentes
collectivités locales, le mode de régulation territoriale de
l'action publique a, de ce fait, profondément évolué et a
été perçu comme tel par l'ensemble des fonctionnaires
territoriaux1(*). La nature
proprement politique de la décentralisation a engendré une
modification des types d'actions locales engendrées par la
démultiplication des territoires politiques.
Le modèle de la régulation croisée2(*), qui décrivaient le
comportement particulier d'acteurs locaux en quête de ressources pour
leurs fiefs dans un schéma vertical et hiérarchique, semble avoir
vécu, même si l'Etat reste un acteur important dans la
régulation des territoires.
« Le passage d'un modèle de régulation
croisée à un modèle marqué par
l'institutionnalisation de l'action collective interroge sur les modèles
de coopération à travers lesquels l'action publique se construit
en même temps que sur les transformations de sa nature même. C'est
parce qu'on est passé historiquement d'une logique de production
d'action publique, fondée sur la fourniture de services, à une
logique de construction d'action publique, définie par la mise en
cohérence des interventions publiques, que les relations entre les
acteurs se sont considérablement »3(*).
Il nous semble donc intéressant d'analyser les
métamorphoses de ce mode de régulation en étudiant
notamment le fonctionnement d'une chambre régionale des comptes, celle
de Haute-Normandie, au travers des déclarations de différents
acteurs et de rapporter cette situation locale au contexte national.
La position des acteurs permettront de nous éclairer les
évolutions d'un mode de régulation4(*) particulier : celui du contrôle financier
externe des collectivités territoriales par le système
administratif périphérique et de l'évolution de l'action
publique territoriale.
En effet, si le système de la régulation
croisée5(*) semble
avoir vécu, pour laisser la place à une territorialisation
croissante de l'action publique, associée à une redistribution du
rôle des acteurs6(*),
il reste à s'interroger sur les formes de réorganisation des
pouvoirs décisionnels des acteurs, liés au désengagement
partiel de l'Etat des circuits de décisions budgétaires et
à l'évolution du régime de la tutelle. On s'achemine donc
vers une analyse partielle d'un gouvernement local7(*), qui représenterait la
totalité des actions publiques déterminées par les
collectivités locales au sein d'une juridiction donnée.
Quels sont les enjeux, les contraintes ou les marges de
manoeuvres propres à chaque acteur dans cette nouvelle donne qui
réunit les collectivités territoriales, les chambres
régionales des comptes et le Préfet ?
Quels sont les lignes de fractures entre ces différents
participants au système d'action local ? Et comment
s'organisent-ils face aux enjeux déterminant leur participation à
la régulation du système d'action local ?
Pour accompagner l'apparition de centres de décision
politiques indépendants des organes de l'Etat , le
législateur à prévu l'existence de Chambres
Régionales des Comptes, dont la mission va consister à appliquer
localement, sur un territoire donné, les missions de contrôle
juridictionnelles et financières normalement et historiquement
échues à la Cour des comptes.
La majorité des tutelles, administratives,
financières ou techniques, pesant sur les institutions publiques locales
ont été supprimées, allégées ou assouplies
(d'où l'explication, notamment, du titre de la loi :
« Droits et libertés des communes, des départements et
des régions »).
De fait, si les contrôles de légalité,
portant par exemple sur les règles budgétaires budgétaire
(faisant intervenir représentant de l'Etat et CRC8(*)) peuvent être
effectués en amont ; le contrôle de gestion, voire
l'évaluation des politiques publiques, sont effectuées à
posteriori, ex-post, sur des territoires au sein desquels l'autonomie locale a
donc été profondément renforcée.
Cependant, si les magistrats financiers des chambres
régionales n'ont pas la faculté, eu égard à la
légitimité démocratique des élus, d'exercer un
contrôle d'opportunité de telle ou telle dépense
d'investissement, concept désignant en l'occasion la faculté de
jugement subjectif des magistrats financier, la publicité
effectuée autour de la gestion des comptes publics concourent à
la mutation politique des territoires administratifs et à
l'établissement de nouvelles règles de fonctionnement au sein du
système d'action local.
Car c'est bien là l'un des points central de l'explication
du système d'action local.
Les élus, disposant, suite aux différentes
réformes, de pouvoirs décisionnels importants, notamment en
termes d'investissements de structures, n'ont pas forcément goût
aux analyses financières formulés par les magistrats, qu'ils
prennent pour des prescriptions ni à la publicité faite autour
des examens de gestion, lesquels s'insèrent dans l'espace politique
local et perturbent ainsi les conditions de réalisation du marché
politique local, comme l'obtention des ressources rares.
Si le cadre législatif et réglementaire a
sensiblement évolué, sous l'impulsion des politiques, depuis les
lois de 1982, ce n'est pas le cas du cadre institutionnel qui a
conservé une configuration identique. Aussi, devrions-nous
peut-être, pour expliquer les modes de coordination et
d'intégration des enjeux, nous reporter à d'autres analyses.
Nous nous retrouvons ici dans le sillage de P. Le Galès,
à la suite de Jessop, « la gouvernance au sens de la
sociologie politique est donc définie comme un processus de coordination
d'acteurs, de groupes sociaux, d'institutions pour atteindre des buts propres
discutés et définis collectivement dans des environnements
fragmentés, incertains »9(*). Dans ce contexte, l'analyse des types d'acteurs et de
leurs ressources procède d'une démarche visant à
élucider les mécanismes régulant le système
d'action local.
Le concept de régulation renvoie ici aux
caractéristiques énoncé par Lange et Regini10(*) pour lesquels la
régulation se déploie sous trois formes distinctes : le mode
de coordination de diverses activités ou de relations entre acteurs,
l'allocation de ressources en lien avec ces activités ou ces acteurs,
enfin la régulation des conflits.
De ce fait le magistrat financier participe de ce mouvement de
réorganisation des territoires, modifiant ainsi le métabolisme du
système d'action local. Souvent en conflit, de manière
légitime, avec les élus ou les représentants des
organismes contrôlés, le magistrat financier est devenu
progressivement le véritable contrôleur des actes des
collectivités territoriales.
Sa position, son statut et ses capacités d'interventions
font donc l'objet de négociations récurrentes entres les diverses
représentants des parties concernées, dont l'élite des
magistrats financiers, les membres de la Cour des comptes, et ce,
filtrées par la fragmentation politique des territoires et la
particularité du système politique français.
Dans un premier temps, nous allons nous intéresser au
principal sujet de préoccupation des magistrats financiers : les
collectivités territoriales. Celles-ci, grâce à la
décentralisation, se sont vus accordées une large autonomie
fonctionnelle et décisionnelle leur permettant, à l'aide de
larges montants financiers, de financer de nombreux d'infrastructures
liés à leurs compétences. Les modalités de
contrôle par l'Etat de ces collectivités se sont donc
modifiés.
Dans un deuxième temps, nous allons voir comment les
magistrats fonctionnent au sein des chambres, dont le fonctionnement
apparaît spécifique au sein du paysage administratif
français, au sein d'un corps principalement représenté par
les membres de la Cour des comptes. Les magistrats financiers apparaissent
conscients des enjeux territoriaux et nationaux liés à
l'activité de leur chambre et des chambres régionales des
comptes.
Enfin, nous nous intéresserons à l'aspect dynamique
du système d'action local, au travers de l'étude des conflits,
des enjeux ou des cas d'espèces, qui structurent l'opposition entre les
élus, décisionnels en matière d'investissement public et
les magistrats financiers, responsables de jure de la bonne tenue des comptes
publics. Cette partie nous permettra de nous interroger sur le comportement des
acteurs en situation d'ajustement des positions.
I - LES DONNÉES
STRUCTURALES DU SYSTEME D'ACTION LOCAL : LES COLLECTIVITÉS LOCALES,
LE REPRÉSENTANT DE L'ETAT, LA CHAMBRE REGIONALE DES COMPTES
LE PHÉNONEME DE LA
DÉCENTRALISATION ET LE CONTRÔLE DES COMPTES
Le Cabinet de Conseil Arthur Andersen, dans le cadre d'une
« Mission commune d'information chargée de dresser le bilan de
la décentralisation et de proposer les améliorations de nature
à faciliter l'exercice des compétences locale »,
réalisée en partenariat avec des élus de la nation, a
présenté le résultat d'une enquête, par
l'intermédiaire de son Directeur associé, Eric Woerth,
responsable des collectivités locales, devant le Président de la
séance, M. Jean-Paul Delevoye.
Au cours de son intervention, M. Woerth a esquissé une
typologie comparative des collectivités locales en Europe et
distingué trois groupes de pays : les pays à
caractère unitaire (Danemark, Royaume-Uni), les pays fortement
régionalisés (Espagne, Italie) et les pays à
caractère fédéral (Allemagne), témoignant de la
diversité des organisations administratives européennes.
La France - et c'est donc confirmé par les acteurs du
secteur privé - appartient au groupe des pays unitaires, malgré
les mesures qui ont assouplies son mode de fonctionnement
politico-administratif. Les lois de 1982 ont opéré en France une
décentralisation des compétences en faveur des
collectivités locales. Cette attribution de compétences propres
aux différents échelons - commune, département,
région - est historiquement profondément novatrice dans un pays
marqué par une puissante centralisation administrative.
Le cadre administratif français reste d'ailleurs unitaire
en soi, sur le plan administratif, avec le recours aux principes de la
déconcentration, et comparativement aux autres pays
européens11(*),
notamment ceux disposant d'un cadre fédéral. La différence
existant entre les principes et les applications de la décentralisation,
d'une part, et les principes et les applications de la déconcentration,
d'autre part renvoie, bien évidemment à l'organisation de l'ordre
politique mais relève surtout d'une philosophie différente.
La déconcentration12(*) renvoie à l'idée, simple,
d'amélioration qualitative et quantitative de l'Etat. Cela permet
notamment, des gains de temps, grâce à l'absence d'aller-retour
entre le centre et la périphérie, et une meilleure efficience de
l'action publique grâce une meilleure connaissance du terrain par les
fonctionnaires locaux. Si elle permet de réaliser mieux et plus vite,
elle pose également, comme on le verra quelques problèmes.
La décentralisation relève d'une autre logique.
Politique par nature, elle engendre des problèmes politiques qui ont
inévitablement un impact sur l'organisation des pouvoirs publics, la
réalisation des missions de service public ou de l'intérêt
général existant cependant depuis longtemps. Elle contribuent de
ce fait à remodeler les modalités du gouvernement local, telles
qu'elles sont exercées par les différentes collectivités
présentes sur un territoire donné. Cette dimension innovante de
la politique de décentralisation a d'ailleurs été
clairement perçue par les acteurs13(*) puisque que l'on est passé de réformes
par petites touches à une réforme « par les
structures », impulsée par le centre.
Il est vrai que les tentatives antérieures, lors des
années 1960 en ce qui concerne les régions et au début des
années 1970 pour les communes, avec le dispositif censé favoriser
le regroupement des communes, n'ont forcément donné les
résultats escomptés14(*). L'action de Gaston Deferre va donc être
largement novatrice dans la mesure où elle rompt avec les tentatives
avortées du passé pour donner aux différents territoires
de nouvelles règles du jeu. Le système d'action qui en
découle va donc être restructuré par les textes fondateurs
de la décentralisation.
LES DIMENSIONS CONSTITUTIVES
DE LA GESTION PUBLIQUE TERRITORIALE
Pour reprendre la grille d'analyse édictée par
Kiser et Ostrom, dans « The three world of
action »15(*),
quelles sont les règles de constitutionnalisation par lesquels se
structurent les règles de choix et qui déterminent les
conditions de possibilité de l'action des acteurs ?
[1) La
définition nationale des compétences
Quels sont donc les textes établissant le canevas du
nouveau système d'action ?
La loi du 2 mars 1982, celles du 7 janvier et du 22 juillet 1983
ont précisé les principes fondamentaux de la répartition
des compétences selon lesquels les transferts doivent se faire en bloc
dans la mesure du possible ; affirmation du principe
d'égalité entre les collectivités locales, transferts de
moyens corrélatifs aux transferts de compétences.
Les capacités de produire ou d'interpréter les
possibilités décentralisatrices relèvent d'un mixte de loi
et de règlement. L'article 72 précise que « les
collectivités s'administrent dans les conditions prévues par la
loi » et le législateur ou le politique a également la
faculté de puiser au sein de l'article 34, qui prescrit le régime
électoral des collectivités locales et leur mode d'organisation,
ainsi que sur la jurisprudence du conseil d'Etat.
[2) La
répartition locale des compétences
Ainsi, les communes, les départements et les
régions « concourrent avec l'Etat à l'administration
et à l'aménagement du territoire, au développement
économique, social, sanitaire, culturel et scientifique, ainsi
qu'à la protection de l'environnement et à l'amélioration
du cadre de vie » (Art. L. 1111-2 du CGCT) et l'article L. 1111-4
de préciser : « La répartition des
compétences entre les collectivités territoriales et l'Etat
s'effectue, dans la mesure du possible, en distinguant celles qui sont mises
à la charge de l'Etat et celles qui sont dévolues aux communes,
aux départements ou aux régions de telle sorte que chaque domaine
de compétences ainsi que les ressources correspondantes soient
affectés en totalité soit à l'Etat, soit aux communes,
soit aux départements, soit aux régions »
Les modalités du transfert ont attribué à la
région des compétences, principalement en matière de
planification régionale, de développement économique et
d'aménagement du territoire ; de protection du patrimoine et des
sites ; de formation professionnelle et d'apprentissage ; des
lycées ou de l'habitat et du logement social. Depuis 1986, la
Région assure ainsi la construction, l'équipement, les
dépenses d'entretien et de fonctionnement des lycées et des
établissements d'éducation spéciale. Ce qui
représentait 42% de l'ensemble des dépenses des d'investissements
des Régions en 1990, sans parler du plan Université 2 000.
Le département récupère le droit
d'établir un plan d'aide à l'équipement rural ;
d'être compétent pour l'ensemble des prestations légales en
matière d'aide sociale ; de s'occuper des transports scolaires ou
de s'occuper de tourisme et d'action culturelle. 80% des dépenses
départementales sont concentrées sur trois secteurs : la
voirie, l'action sanitaire et sociale. Par exemple, le département
finance le RMI, à hauteur de 20% des dépenses engagées par
l'Etat l'année précédente.
Quant à la commune16(*), elle s'occupe entre autre du plan d'occupation des
sols ; a un droit de regard sur le patrimoine architectural et
urbain ; elle peut également s'occuper du logement social. Les
investissements sont souvent concentrés dans l'urbanisme
opérationnel, tel la réhabilitation de quartiers anciens ou la
création de logement.
Le département est ici le principal
bénéficiaire des différentes lois de
décentralisation, puisqu'il reçoit des compétences en
matière d'action sanitaire et sociale, de logement, d'équipement
rural et d'enseignement public, alors que la région a un rôle plus
limité - ses compétences portent principalement sur
l'aménagement du territoire mais également plus
stratégique, car, de par sa position au sein du système
français (commune, département, région, centre, Europe),
elle joue un rôle central d'évaluation et de réflexion sur
l'avenir du territoire dont elle détient la vision proche. En outre,
dans une Europe qui semble vouloir faire de la Région le pivot du
développement économique et social, cette unité semble
bien positionnée pour affronter les échéances
futures17(*).
LES RESSOURCES (RECETTES)
DES COLLECTIVITÉS LOCALES : EXPRESSION DES MECANISMES DE SOLIDARITE
ENTRE LE CENTRE ET LA PERIPHERIE PUIS ENTRE LES DIFFERENTS ELEMENTS DE LA
PERIPHERIE
Pour mémoire, les principales recettes sont
constituées des quatre taxes directes locales que sont le foncier
bâti, le foncier non bâti, la taxe d'habitation et par la taxe
professionnelle.
Ce qui représente 85% du total des impôts communaux,
65% du total des impôts départementaux, 60% du total des
impôts régionaux.
Certes, ils existent d'autres impôts locaux comme la taxe
d'enlèvement sur les ordures ménagères, la taxe locale
d'équipement ou la taxe sur les véhicules à moteur mais
ils restent mineurs.
Les produits tirés de la gestion du patrimoine ou de la
vente de services, représentent 15% des ressources des
collectivités locales. Ce qui peut être, par exemple, la vente de
bois ou la tarification de droits d'accès aux bibliothèques.
Cependant, il faut bien mettre en évidence, dans une
perspective de sociologie des organisations politiques, que le système
législatif et réglementaire mis en place n'est pas un
système fédéral, mais un aménagement du
système unitaire.
Les mécanismes de solidarité financière,
comme les liens organiques entre le système administratif et le
système politique, témoignent de la forte intrication des
intérêts entre les acteurs du gouvernement local et le
système politico-administratif. Différents systèmes
témoignent de cette solidarité à géométrie
variable
[1) L'utilisation de
la péréquation comme mécanisme redistributif vertical
la péréquation date de 1975, complété
en 1983 par un fonds national et en 1991 par une péréquation
spécifique de Taxe Professionnelle provenant de grandes
surfaces18(*).
Le département répartit les montants entre les
communes dites défavorisées, définies en fonction de leur
potentiel fiscal ou de l'importance de leurs charges. 2 milliards de Francs ont
ainsi été redistribués en 1993.
On observe également le Fonds National de
péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) à partir de
1983, affecté par la mis en place du fonds national de
péréquation prévue par une loi de 1995.
Cette loi prévoit une part principale provenant de
l'ancienne première part du Fonds National de Taxe Professionnelle
résultant de la cotisation nationale de Taxe Professionnelle et d'une
dotation versée par l'Etat ainsi que d'une dotation de compensation de
taxe professionnelle. Comme on le voit, l'application de principes
d'équité peut aboutir à des montages financiers complexes.
Ceci va se confirmer avec le point suivant.
[2) Emergence de
mécanismes de péréquation horizontale
C'est le cas du fonds de solidarité des communes de la
Région Ile-de-France (FSRIF) créé par la loi du 13 mai
1991. Il s'agit d'un prélèvement sur les ressources fiscales des
communes riches dont le Potentiel Fiscal par habitant est supérieur de
40% au potentiel fiscal moyen par habitant des communes de la région. Le
taux varie entre 8 et 10% ; le montant est obligatoirement plafonné
à 5% du montant des dépenses réelles de fonctionnement de
la commune.
Les conditions d'éligibilité ont changé en
1996 : elles tiennent compte du potentiel fiscal moyen par habitant,
proportion de logements sociaux, proportion des bénéficiaires
d'aides au logement, revenu moyen par habitant.
[3) Le fonds de
correction des déséquilibres régionaux
Crée par la loi ATR du 6 février 1992, il est
alimenté par un prélèvement sur les recettes fiscales des
régions, dont le potentiel fiscal majoré par Habitant est
supérieur à la moyenne nationale. Son montant est réparti
entre les régions dont le PF majoré par habitant est
supérieur à la moyenne nationale d'au moins 15%. En 1998, 389
millions de francs ont été prélevés sur 3
régions pour être attribués à 14 régions.
[4) La puissance
financière des collectivités territoriales
Quant aux transferts de l'Etat aux collectivités locales,
ils représentent 30% de leurs recettes totales19(*). Dans le
désordre, nous pouvons citer la Dotation Globale de Fonctionnement, les
dotations de compensation, la Dotation Globale d'Equipement, le fonds de
compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée, les dotations
scolaires, les subventions étatiques, les subventions
européennes, voire les subventions locales.
Il convient ici de faire la distinction entre des subventions,
qui sont des aides accordées discrétionnairement pour le
financement de dépenses particulières et des dotations sont
accordées automatiquement sans aucune affectation précise
d'emploi , en principe, ce qui écarte tout contrôle. Enfin, le
recours à l'emprunt constitue une dernière catégorie de
ressources non négligeables.
En d'autres termes, les compétences des entités
territoriales se sont vues assorties de marges de manoeuvres
financières croissantes : aux 475 milliards de recettes fiscales
locales perçues en 1999, s'ajoutent les quelques 300 milliards de francs
de concours de l'Etat.
Cette responsabilisation, se caractérisant notamment par
une liberté d'investissement ex-ante, intervient dans un contexte la
reprise des investissements, à titre d'exemple, va s'avérer
« inéluctable.
Les transports en commun où les projets en cours devraient
nécessiter 60 milliards de francs d'ici 2005 ; dans le domaine de
l'environnement -
eaux usées et traitements des déchets - où
l'on évalue les besoins d'investissements à quelque 125 milliards
de francs sur la période 1997- 2005 »20(*).
LE POLYMORPHISME
TERRITORIAL AUTORISE UNE ACTION PUBLIQUE FLEXIBLE
[1) la visée
rationnalisatrice des réformes de regroupement territorial
émanant du centre
Le responsable politique local, dans la réalisation de ses
projets d'infrastructure, afin de répondre à la demande sociale
et politique émanant de ses concitoyens et de valider ses objectifs
politiques, se voit en outre doter de différents outils afin de
rationaliser ses possibilités d'investissements.
Il a en ainsi la possibilité de s'associer afin
d'optimiser ses investissements ou d'augmenter ses chances d'obtenir telle ou
telle infrastructure dans le cadre notamment de l'aménagement du
territoire car il dispose de plusieurs outils permettant une syndication
efficiente : syndicat à vocation unique ou multiple,
intercommunalité, communauté de communes ou communauté
d`agglomérations voire pays depuis 1999 et les projets de lois dits
« Chevènement ».
La France et ses 36 000 communes, héritage administratif
de la révolution française, est obligé de mener de
nombreux projets transversaux, de nature verticale ou horizontale, afin de
pouvoir satisfaire les multiples ambitions territoriales.
Les contrats de plans sont souvent signés avec la
région car c'est à ce niveau que
s'effectue la planification, notamment au travers de
l'activité de la Conférence régionale de
l'aménagement et du développement du territoire, qui procure des
avis sur les schémas départementaux et
interdépartementaux, des chartes intercommunales portant sur la
réalisation d'équipement ou de services peuvent donner lieu
à des conventions avec l'Etat, le département ou la
région.
Deux exemples sont significatifs.
A Orléans, il existe une communauté de communes
d'environ 260 000 habitants et les services administratifs de la ville
d'Orléans travaillent la main dans la main avec ceux du conseil
général du Loiret, pourtant d'un bord politique
différent21(*).
A Rouen, la création d'une communauté
d'agglomération de 400 000 personnes environ symbolise la volonté
du maire de miser sur une forte coopération intercommunale. Forte de 33
communes, cette nouvelle forme de syndication (après, notamment,
l'existence d'un syndicat intercommunal à vocation multiple -SIVOM -
dont l'existence a permis la réalisation d'un Tramway). Cette nouvelle
forme de coopération a permis la réalisation d'un centre de
traitement des eaux usés ou la construction d'un centre de traitement
des déchets, et bouleverse les comportements locaux liés à
la défense de petits territoires22(*).
[2) Une action
publique flexible
Nous nous retrouvons donc dans la perspective de ce que certains
ont appelé une « action publique flexible »23(*) caractérisée par
une logique de construction d'action publique. Cette émergence du local
comme prescripteur politique et non plus comme souscripteur, au sein d'un
système d'action local abandonnant le système de la
régulation croisée24(*), a fragmenté les territoires et
restructuré les enjeux.
Les élus locaux deviennent directement responsables de
leurs actes politiques avec la mise en place de juridictions administratives.
Si l'aspect matériel de la gestion des infrastructures est
en plein bouleversement, avec notamment le recours éventuel aux groupes
privés qui fragilisent la position de nombreux services de
l'Etat25(*), c'est surtout
l'aspect gestionnaire des collectivités locales qui perturbent
l'arène politique.
En émettant un avis publique sur la gestion des
collectivités territoriales, les magistrats des chambres
régionales des comptes participent à la recomposition du
système d'action local. L'Etat est désormais en retrait mais
comme nous allons le voir, il reste profondément au courant de ce qui se
passe sur ces territoires.
LA DYNAMIQUE DE LA
DÉCONCENTRATION COMME MODALITÉ DES NOUVELLES RELATIONS
CENTRES-PERIPHERIES ET LES MUTATIONS DES MODALITES DE LA TUTELLE
[1) La
déconcentration dans le cas français
La déconcentration procède dans le cas
français de la décentralisation.
Techniquement parlant, la déconcentration opère un
dessaisissement des autorités centrales de l'Etat au profit
d'autorités territoriales qui agissent dans le cadre de circonscriptions
administratives. Il existe un lien de subordination qui,
précisément, distingue la déconcentration de la
décentralisation.
La loi du 6 février 1992, dite « Loi
Joxe », lequel allait devenir président de la Coure des
Comptes, a donc permis d'évacuer la majeure partie des problèmes
en appliquant le principe de subsidiarité, puisque les échelons
infra-nationaux récupérant les missions ne relèvent pas de
la compétence immédiatement supérieure. La
décentralisation a donc, par contrecoup , engendrer la
déconcentration qui est donc apparu aux responsables politiques comme la
condition d'une représentation ferme et cohérente de l'Etat,
adaptée à la nouvelle donne polycentrique.
[2) Une mise en oeuvre
récente
Bien positionnée dans la hiérarchie des
priorité définies par le gouvernement Rocard, dès 1989,
(et perpétuée par le gouvernement Juppé), elle est
également destinée à répondre à trois
facteurs censés remettre en cause l'Etat : Le manque de
légitimité de son action locale, la baisse de ses
capacités techniques, la crise de motivation de ses agents.
Le mouvement profite alors de la création des projets de
service [objectifs de modernisation] et des centres de responsabilités
[autonomie de gestion élargie] et la « révolution
copernicienne »26(*) est notamment consacrée par la charte de la
déconcentration, édictée en 1992, en introduisant le
principe de subsidiarité, consacrée à l'échelle
européenne.
Plusieurs points sont ici à préciser :
· Les administrations centrales assurent désormais un
rôle de « conception, d'animation, d'évaluation et de
contrôle »
· Les services extérieurs sont désormais dits
déconcentrés
· La circonscription régionale assume
désormais des politiques de développement économique et
régional, d'aménagement du territoire ainsi que la coordination
des politiques de la culture, de l'environnement, de la ville et de l'espace
rural.
· Le préfet de Région a même des
pouvoirs de direction sur ses collègues départementaux dans les
deux premiers domaines et il est comptable de l'application des norme
européennes
· La circonscription départementale est
néanmoins reconnu comme étant l'échelon naturel de
déconcentration des procédures administratives. C'est
l'échelon de droit commun de la mise en oeuvre des politiques
gouvernementales et européennes, et ses moyens sont directement
allouées par les administrations centrales. Le Préfet a la
faculté de s'appuyer sur ses chefs de services et sur des chefs de
projets pour des mission transversales.
L'ETAT ET LA GESTION
PUBLIQUE TERRITORIALE : UNE DÉLÉGATION DE COMPÉTENCES
ET DE MOYENS ASSORTIS D'UNE PERMANENCE DU RÉGIME DU CONTRÔLE
FINANCIER ET BUDGÉTAIRE
[1) La
rémanence de l'oeil central sur les fonds territoriaux
D'intimes mécanismes de coopération subsistent
entre les exécutifs locaux et les services administratifs est souvent
intime, pour ne pas dire organique.
Ce sont par exemple les services fiscaux qui communiquent
l'évolution des bases et des taux d'imposition ou les comptables du
Trésor qui peuvent effectuer des études financières. C'est
encore la Direction Générale des Collectivités Locales
(DGCL) qui fournit des tableaux chiffrés ou des ratios fixant des
moyennes nationales par type de collectivité et par strate
démographique, dont l'utilisation permet notamment de préparer le
montage technique du projet de budget . Mais l'Etat intervient aussi, comme
nous l'avons vu, afin de fournir différentes avances ou des subventions
exceptionnelles.
C'est le cas des avances gratuites sur les impôts locaux,
après avis du Trésorier Payeur Général (TPG) sur
les communes et par le ministre des finances sur proposition du Préfet
et avis du TPG dans le cas des départements et des régions.
C'est le cas également des avances pour aides de
trésorerie ou de subventions exceptionnelles, principalement aux
bénéfices des communes, par le ministère de
l'intérieur. L'Etat autorise en effet des facilités de
trésorerie. En ce qui concerne le versement des ressources, il joue le
rôle de fermier général et de banquier et il règle
les montants des dotations et subventions qu'il accorde aux
collectivités locales selon des modalités variables.
Il assure le recouvrement de l'impôt des impôts
locaux ; prend en charge la différence entre les montants des
rôles et le montant effectivement encaissé. Il est banquier
car il fait des avances sur recettes en utilisant la procédure des
comptes d'avances des comptes spéciaux du trésor.
En ce qui concerne les dotations et subventions : la
Dotation Globale de Fonctionnement est versée mensuellement ; la
Dotation Globale d'Equipement est versée par trimestre pour les communes
et pour les départements ; le FCTVA est versé au
début de l'année suivant le vote du compte administratif.
Cependant, la trésorerie des collectivités locales
reste gérée par les services de l'Etat. En effet, il subsiste une
obligation de dépôts des fonds au Trésor, même s'il
existe deux possibilités de placement des fonds libres remontant
à une circulaire du 5 mars 1926 dite « Doumer - Chautemps
« , confirmée par une circulaire du Directeur de la
Comptabilité publique du 18 déc. 1990, à savoir les
placements budgétaires et les placements de trésorerie.
D'ou la tentation du recours à des organismes tiers afin
d'échapper à l'obligation du dépôt au trésor.
Cela peut être l'utilisation de Société d'Economie Mixte et
des offices publics d'HLM, voire l'existence d'organisme satellites
créés ad hoc.
[2) Un partenariat
obligé
Par ailleurs, les subventions européennes, dont l'objet
est de compenser des déséquilibres économiques
structurels, transitent par les services administratifs de la région et
notamment par le secrétariat général d'action
régional (SGAR).
Enfin, notamment en raison des critères de convergences
imposés par l'adhésion aux mécanismes de l'Union
Européenne, l'Etat et les collectivités locales deviennent
partenaires afin de maîtriser les dépenses publiques : en
1996, il y a eu conclusion d'un pacte de stabilité des relations
financières entre l'Etat et les collectivités locales
destinés à maîtriser l'évolution des principaux
concours dits actifs. En 1999-2001, c'est le contrat de croissance et de
solidarité prévoyant que les dotations comprises dans son
périmètre normé évoluent en fonction d'indices
composé de l'indice des prix à la consommation hors tabac.
Comme le souligne Patrice Duran, « Cofinancement,
partenariat et contractualisation constituent de plus en plus les piliers de la
gestion territoriale des affaires publiques, ce qui entérine le fait que
gouverner est bien affaire d'action collective et qu'il y a mutualisation des
ressources comme des risques »27(*).
Les droits et libertés des collectivités
territoriales sont donc bornés par les mécanismes organiques de
solidarité financière. Il y a véritablement mutualisation
des ressources et transferts de ressources financières, alors que l'Etat
conserve un poids important dans le système.
Les lieux décisionnels se fragmentent sur l'ensemble du
territoire, suivant une logique de polycentricité. Pour autant, suivant
la description à laquelle nous avons procédé, il n'y a
pas, à proprement parler, de dé liaison entre le centre et la
périphérie, mais une reformulation des modes de
coopération et d'organisation.
Du régime de la tutelle, le système a
évolué vers des contrôles plus décentralisés
et plus diversifiés, respectant toutefois, sous d'autres formes, les
problèmes classiques.
UNE AUTONOMIE POLITIQUE
SOUS CONTRÔLE
Cependant, voir dans le déploiement de la
décentralisation un retrait des possibilités de contrôle de
la gestion publique locale serait illusoire. Si la fragmentation des politiques
publiques est réelle, si les relations entre le centre et la
périphérie ont évolué de façon
significative, le contrôle de l'action publique territoriale reste fort
et s'effectue sur différents niveaux.
[3)
L'établissement du budget comme vecteur initial des politiques publiques
locales
En effet, l'activité du Préfet s'exerce dès
l'établissement du budget de la collectivité, qui observe peu ou
prou les mêmes règles que lors de l'établissement du budget
de l'Etat. Le budget local se fabrique de la même façon que le
budget national .
Avec les mêmes exceptions : Normalement, il n'y
a pas de correspondance entre les recettes et les dépenses. Cependant,
de nombreux textes prévoient des exceptions avec des obligations
d'affectation de certaines recettes qui constituent autant d'atteinte à
l'autonomie de gestion des collectivités locales.
Il peut y avoir ainsi des exceptions : subventions
spécifiques accordées pour un objet
déterminé ; des emprunts ; voire certaines ressources
fiscales comme la taxe de séjour destinée à favoriser la
fréquentation touristique de la commune ou le versement destiné
aux transports en commun ; enfin des dotations de l'Etat qui ne sont pas
libre d'usage comme les dotations scolaires.
Des activités financières de certains services
publics locaux méritent d'autre part d'être individualisées
dans des budgets annexes. Par exemple des activités de régie, de
la production de biens ou de la dispense de prestations. Il y a donc prise en
compte des mouvements financiers, en négatif ou en positif, dans les
soldes généraux du budget principal, ce qui limite l'atteinte au
principe d'unité budgétaire.
En revanche, des pratiques de débudgétisation
portent plus gravement atteinte à ce principe puisqu'on arriver à
confier des opérations financières d'intérêts local
à d'autres personnes morales que la collectivité, telles que les
Sociétés d'Economie Mixte ou les associations, dont
l'activité préoccupent souvent les magistrats des chambres
régionales des comptes.
Même si l'établissement du budget est doté
des mêmes caractéristiques que celles observées au niveau
national, les responsables politiques locaux sont en effet surveillés de
multiples manières.
[4) Un contrôle
en forme de triangle de fer
Pour résumer de façon schématique, c'est une
espèce de triangle de fer qui ceinture l'activité des
collectivités territoriales. En amont, c'est le Préfet, qui
applique essentiellement le principe de légalité ; en aval,
c'est la chambre régionale des comptes, qui effectue un contrôle
juridictionnel et financier ;
en arrière-plan, la gestion matérielle des fonds
étant confiée, comme nous l'avons déjà
constaté, au Trésor. Parallèlement à ces
attributions de compétences et à une relative indépendance
en termes décisionnels, liée notamment à leur statut
d'élus., il existe une multitude de contrôles qui encadrent
solidement l'activité des collectivités locales.
- Le contrôle politique
Le budget primitif peut être adopté après
avis du Conseil Economique et Social régional. Consécutivement au
vote, le budget est transmis au représentant de l'Etat et aux citoyens,
lesquels ont la faculté de poser des recours de nature administrative.
Les assemblées ont le droit d'obtenir des informations en cours
d'exécution de budget et elles doivent également publier des
rapports annuels. Depuis 1992, la loi Sapin a renforcé le pouvoir
d'information des élus locaux et le droit des habitants de la commune
à être informés des affaires de celles-ci.
- Le contrôle de légalité ensuite.
Le représentant de l'Etat, le Préfet, a en effet la
faculté d'utiliser le déféré préfectoral
afin de saisir le tribunal administratif, en cas de non-respect du principe de
légalité. Par ailleurs, l'intérêt pour agir est
admis au bénéfice des contribuables de la collectivité et
des membres de l'assemblée locale ayant apportée leur concours
à l'adoption de la décision attaquée y compris les membres
du Conseil économique et social régional (CE, 1988,
Département du Tarn contre Limouzy et autres).
Ce qui veut dire que le recours pour excès de pouvoir est
accessible en cas, par exemple, d'absence d'inscription d'une dépense
obligatoire28(*).
L'annulation pour défaut de légalité externe
peut également être invoqué puisque le vice de forme a
même été prononcé pour omission d'une
formalité substantielle.
- Le contrôle budgétaire
Plusieurs cas de figures sont ici possibles et ils font l'objet
d'un contrôle notamment par la Chambre régionale des comptes.
C'est le cas lorsqu'il y a un retard dans l'adoption du budget primitif, un
budget voté en déséquilibre, un budget
exécuté en déséquilibre ou en cas de défaut
d'inscription d'une dépense obligatoire.
[5) Le rôle
fondamental du Préfet
Le préfet peut en effet saisir la chambre régionale
des comptes qui exerce un contrôle de type administratif. Le
Préfet peut également, avec intervention ou pas de la chambre
régionale des comptes, procéder, relativement à une
dépense obligatoire non répertoriée, à un
mandatement d'office ou à une inscription d'office au budget.
Outre le contrôle de légalité, le Commissaire
de la République a la charge des services extérieurs de l'Etat
dans le département . Le préfet se voit ainsi doté,
au niveau préfectoral essentiellement, de pouvoirs croissant. Ce dernier
devient l'interlocuteur central et incontournable des collectivités
locales. Au-delà de son rôle dans le contrôle juridictionnel
ou budgétaire, le préfet a le monopole de la signature des
conventions passées avec les collectivités ou leurs
établissements publics et joue un rôle crucial de coordinateur des
actions publiques.
C'est une sorte de Chef de Projet, de facilitateur au sens
anglo-saxon du terme, quelqu'un qui met en relation, et qui joue donc un
rôle pivot dans l'espace politique local.
Comme nous allons le voir, le Préfet devient ainsi le
pilier de la contractualisation défini par l'amélioration majeure
et profonde des conditions de la décentralisation car la
déconcentration opérée en 1992 s'affirme comme une
réforme majeur de l'Etat.
Créé en 1800 sous l'ère
napoléonienne, le Préfet joue toujours un rôle essentiel au
sein de l'administration française car le département reste le
pivot de l'architecture administrative française.
Depuis les lois de 1982, ils dirigent les services
extérieurs de l'Etat, c'est-à-dire qu'ils dirigent et coordonnent
l'action des Chefs de Service. De fait, tous les flux d'information passe par
les préfets, qu'ils viennent du centre ou qu'il soient transversaux.
Depuis 1992, le département est donc la circonscription administrative
de référence et les compétences du représentant du
gouvernement concernent divers domaines, tel la culture , l'ordre public, les
affaires sanitaires et sociales, l'équipement. Il est un interlocuteur
permanent des élus territoriaux et sa connaissance des affaires locales
facilitent les processus de coordination liés à l'exercice de ses
fonctions.
Nous pouvons donc dire que le rôle du Préfet
s'enrichit de responsabilités managériales puisqu'on lui demande
d'assumer expressément de nouvelles fonctions, ce qu'il assumait
peut-être implicitement, en sus de ses prérogatives
définies à l'article 72 al.3 et qui stipulent que le
« délégué du gouvernement à la charge des
intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect
des lois ». Les préfets de région, ont quant à
eux, un rôle particulier puisqu'ils répartissent les autorisations
de programme après avis du Comité d'Action Régional.
LE RÔLE DES CHAMBRES
RÉGIONALES DES COMPTES DANS L'ANALYSE FINANCIÈRE DES
COLLECTIVITÉS LOCALES
[1) Les missions des
chambres régionales des comptes
Les Chambres Régionales interviennent dans
différents cas de figures29(*).
Plus précisément, les missions assignées aux
chambres régionales des comptes sont de trois niveaux :
- les chambres régionales des comptes peuvent, en certains
cas, effectuer un contrôle des actes budgétaires,
c'est-à-dire émettre des avis sur les conditions d'adoptions et
de mise en oeuvre du budget des collectivités et établissements
publics locaux.
- Elles exercent également un contrôle
juridictionnel sur la régularité des comptes retraçant
l'exécution du budget par le comptable. C'est là l'origine de
leur mission. Elles sont juges des comptes. Selon les termes du Code des
Juridictions financières, elles s'assurent, depuis 1988, « de
l'emploi régulier des crédits, fonds et valeurs ».
- Enfin, les chambres régionales procèdent à
des examens de la gestion de l'ordonnateur, c'est-à-dire la personne, en
général élue, qui procède à la mise en
oeuvre budgétaire et financière de ses projets politiques. C'est
souvent l'occasion de procéder à une véritable
évaluation des politiques menées par les différentes
collectivités.
C'est le point le plus sensible de leur activité puisque
les observations de gestion donnent lieu à publicité et de ce
fait, rentrent directement dans la fabrication du jeu politique local. Elles
« examinent la gestion des collectivités
territoriales », toujours selon les termes du code des juridictions
financières.
Les élus réclamant par moment, quand ils critiquent
l'activité des chambres, la stricte application du concept
d'opportunité puisqu'ils estiment que les magistrats financiers n'ont
pas à juger de la légitimité de leur action et qu'ils
doivent se borner à la régularité des actions
engagées par les édiles.
Les chambres peuvent ainsi être amenées à
s'intéresser à la gestion de fait, portant sur la manipulation
non autorisée des fonds publics et qui peuvent aboutir à rendre
inéligible la personne convaincue de manipuler des fonds publics hors du
cadre réglementaire. Elles interviennent également dans d'autres
domaines tel que les analyses de marchés et de délégation
de service public, ou bien encore l'alerte des collectivités
actionnaires d'économie mixte.
Leur périmètre d'intervention est donc très
important.
Jean-luc Potier et Vincent Boeuf ont ainsi retenu
différentes valeurs permettant de se retrouver dans les choix fondant
les principes d'intervention des chambres, tels que l'on peut les percevoir au
travers de l'analyse des lettres d'observations définitives30(*) : le contrôle
interne ; la sincérité budgétaire ;
l'équilibre financier ; la sobriété dans l'emploi des
fonds publics ; la régularité des décisions de
gestion ; la transparence des décisions et des bilans
d'activités ; l'évaluation des politiques publiques ;
le respect des compétences entre collectivités et les
établissements publics locaux ; la délégation des
missions de service public ; l'égalité d'accès
à la commande publique ; la mise en conformité.
Comme on le verra par la suite, elles sont donc amenés de
plus en plus à qualifier l'action publique, par ce qu'on appelle
l'évaluation des politiques publiques.
Avant de s'interroger sur les modifications du système de
régulation locale, nous voudrions présenter quelques
éléments qualitatifs et quantitatifs relatifs aux chambres
régionales des comptes.
[2) Eléments
quantitatifs
Pour faire une brève présentation chiffrée,
elles sont au nombre de 25, présentes sur l'ensemble du territoire.
Elles exercent leur contrôle sur plus de 100 000 organismes.
1 200 personnes environ travaillent dans les diverses chambres
régionales.
Soit, au premier juin 1998 : 25 présidents de
chambre, membres de la Cour des comptes ; 322 membres du corps des
conseillers de chambre régionale des comptes [conseiller rapporteur,
commissaire du gouvernement et présidents de section] ; 341 agents
de vérification ; 463 agents administratifs
La Chambre Régionale
des Comptes de Haute-Normandie
La chambre régionale des comptes de Haute-normandie
comprend une Présidente, Madame Danièle Lamarque, un
Président de section, Monsieur Jacques Pagès et un commissaire du
Gouvernement, Monsieur Denis Ruellan.
Il y a par ailleurs une demi-douzaine de conseillers (le nombre
varie régulièrement), qui sont des magistrats de la chambre
régionale des comptes, une dizaine d'assistants de vérification,
qui sont autant d'auxiliaires d'enquêtes pour les magistrats, un
secrétaire général, Christian Quille, une
greffière, madame Bernagout, une documentaliste, madame Lardinois et une
douzaine de personnel administratif.
Le Périmètre de contrôle de la CRC de
Haute-Normandie comprend :
- des collectivités locales : la région de
Haute-Normandie, les Départements de Seine-Maritime et de l'Eure et 611
communes
- des établissements publics locaux : 179
établissements publics communaux, 548 syndicats intercommunaux et
centres de groupements de collectivités, 76 établissements du
secteur hospitalier, 218 associations syndicales autorisées et
associations foncières de remembrement, 254 collèges
lycées, écoles normales et autres établissements
d'enseignement du second degré, 1 office public d'HLM
- par délégation de la Cour des compte : 10
établissements publics nationaux dont 2 universités et 2 chambres
d'agriculture.
Sur 3 ans, de 1997 à 1999, on a ainsi notamment
observé 14 lettres d'observation définitives et 440 jugements
dans le domaine du contrôle juridictionnel dont 1 jugement de gestion de
fait, 2 jugements de condamnation à amende, 9 jugements de débet.
Par ailleurs, la chambre à contribué à des enquêtes
inter-chambres dans le domaine de la voirie départementale, des ordures
ménagères, de l'organisation des soins psychiatriques ou des
équipements médicaux matériels lourds. Enfin, 45 tonnes de
pièces justificatives ont été livré à la
chambre régionale des comptes.
Eléments
quantitatifs de l'activité des chambres régionales au niveau
national
Types d'organismes
|
Nombre d'organismes
|
Régions
|
26
|
Départements
|
100
|
Communes
|
36 542
|
Etablissements publics de coopération intercommunale
|
19 728
|
Autres établissements publics locaux
|
40 096
|
EPLE (lycées, collèges, enseignements
spécialisé)
|
7 576
|
Etablissements sanitaires et sociaux (1995)
|
2 514
|
Offices Publics HLM et OPAC
|
282
|
Total
|
106 864
|
Source : Ministère de l'intérieur, D.G.C.L,
Rapport du gouvernement au parlement, édition 1996, publiée fin
1997,et Cour des comptes.
Nombre de lettres d'observations
définitives :
Organismes
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
Collectivités locales
|
483
|
438
|
515
|
439
|
Etablissements publics locaux
|
172
|
185
|
243
|
207
|
Autres organismes publics (HLM, Hôpitaux,...
|
204
|
204
|
199
|
205
|
SEM
|
59
|
53
|
71
|
71
|
Associations (subventionnées ou contrôlées
par le public)
|
71
|
78
|
81
|
73
|
Total
|
989
|
958
|
1109
|
95
|
Source : rapport public de la cour des comptes - 1998
[3) Quelques cas
concrets d'affaires publiques
La production d'affaires locales, liées à
l'intervention des chambres régionales des comptes est importante mais
l'objet de ce compte-rendu n'est pas d'identifier des coupables mais de dresser
un répertoire des types d'interventions des chambres.
Le compte-rendu de l'activité des chambres est
régulièrement publiée, quelque soit la forme prise,
notamment par « La Gazette des Communes ». Nous allons ici
prendre un article de 199731(*) qui reprend les différents cas de figures
relevés par les chambres régionales des comptes.
Celui-ci met en avant un certain nombre de points qui
révèle souvent une absence de contrôle de la part de la
collectivité locale ou une légèreté manifeste dans
la gestion de certaines de ses affaires. Ainsi, la critique portée
à l'insuffisance prévisionnelle approximative des actions de
communication du département de Charente-Maritime ou les voyages
d'études organisés par le département des
Pyrénées-Atlantiques, de 1985 à 1991, qui aurait dû
se solder par des rapports publics, « pour éviter des
interprétations malveillantes ».
Par ailleurs, si les chambres l'importance des enjeux
économiques, elles s'inquiètent de la facilité avec
laquelle les collectivités locales délaissent le contrôle
des contreparties lors de financements accordées aux entreprises.
Enfin, l'aspect financier et budgétaire devient primordial
dans la mesure où il permet de déterminer les marges de
manoeuvres associées. Il faut savoir analyser la santé
financière des organismes contrôlés, à partir de
divers ratios financiers dont celui de l'endettement. Il faut noter que
beaucoup de collectivités locales ont ici recours à des cabinets
d'audits, qui leur apporte expertise et regard extérieur, comme celui
dirigé par Régis de Castelnau, Avocat-Conseil et qui a produit
diverses publications relatives à son champ d'activité
professionnel.
Souvent, la hausse des recettes, liée au poids du
passé ou aux souhaits d'investissements, est inéluctable.
La position des collectivités locales, eu égard aux
enjeux politiques et économiques, est souvent ambiguë, comme en
témoigne la position de la ville de Nancy, qui en 1994, suite à
une renégociation de la dette, n'a pas communiqué tous les
éléments en temps utiles aux assemblées
délibérantes qui n'ont pu, de ce fait, porter une
éventuelle controverse.
En ce qui concerne l'évaluation des politiques publiques,
les chambres régionales recherchent de plus en plus à estimer
l'adéquation entre les moyens financiers et les résultats
atteints.
« La chambre régionale d'Ile-de-France
procéda à un contrôle global des centres municipaux de
santé de la commune de Sartrouville, qui permit d'évaluer trois
dimensions : niveau du suivi financier de l'activité ;
évolution de l'exploitation ; adéquation entre les besoins
à satisfaire et le fonctionnement du service public. La commune dispose
de deux centres municipaux de santé (CMS), le centre Maurice Berteaux
créé en 1936 et situé dans le centre ville, et le centre
Yves Culot, ouvert en 1981 sur le plateau de la cité des indes.
Proposant des services médicaux ou patients bénéficiant du
tiers payant, les deux centres offrent une large palette de
spécialités : L'ORL, la cardiologie, l'ophtalmologie ainsi
que l'acupuncture, l'allergologie ou l'angiologie. Compte tenu des
délais mis par la commune pour rassembler, à la demande de la
chambre, les rapports financiers et d'activité, le suivi des deux
centres apparaît insuffisant. »
« Avec une activité en constante progression,
les deux centres présentent tous les deux des budgets fortement
déséquilibrés, le déficit total pour 1994 ayant
atteint 7,6 millions de francs, soit 150 francs par habitant. Les tableaux
[d'analyse de l'activité] montrent que les déficits
étaient en régression, essentiellement grâce à
l'effort accompli par les centres pour récupérer les
impayés en informatisant l'envoi systématique e relances ;
les niveaux de déficit restent cependant préoccupant. (....) Les
efforts de gestion qui ont été accomplis doivent être
poursuivis et accentués. La municipalité devra notamment tendre
vers la meilleure adéquation possible entre les besoins à
satisfaire et le fonctionnement des centres. La chambre prend acte de
l'intention annoncée par le maire de réduire au maximum les
déficits des deux centres »32(*).
L'évaluation concerne tous les domaines d'interventions
des collectivités. Cela peut être en l'occurrence la gestion des
compétences routières, comme la maintenance des chaussées
à la charge des départements, l'évaluation des caisses de
crédit municipal, l'évaluation des politiques d'aides
économiques aux entreprises ou encore l'évaluation de politiques
culturelles, telle que celle effectuée par la chambre régionale
des Pays de la Loire sur l'action culturelle de la ville de Nantes., ou bien
l'évaluation des dépenses d'action sociale ou l'évaluation
de la stratégie touristique.
II - ESQUISSE D'ANALYSE DU
MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES
Nous allons maintenant nous intéresser au monde
opérationnel, meublée par les33(*) stratégies et comportements des acteurs, de la
chambre régionale des comptes de Haute-Normandie, rapporté au
contexte global dans lequel évolue les chambres régionales des
comptes.
LE FONCTIONNEMENT DE LA
CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES
[1) Organisation
générale des chambres
Chacune des 25 chambres régionales des comptes est
organisée à partir d'un modèle généralement
partagé. On peut distinguer trois ensembles homogènes : les
formations de délibéré (la chambre, les sections), le
ministère public, les services administratifs. Varient donc d'une
chambre à l'autre : le nombre de sections, le nombre de magistrats
et d'assistants qui y sont affectés.
Toute modification de l'organisation et du fonctionnement des
chambres est précédée de l'avis du Conseil
supérieur des chambres régionales des comptes 34(*).
D'après le code des juridictions financières, il y
a dans chacune des régions une chambre régionale des comptes (C.
jur. Fin., art. L. 210-1), qui peuvent être, par décret,
divisées en sections.
Chaque chambre régionale des comptes est composé
d'un président et de deux conseillers au moins et lorsque les chambres
sont divisées en sections, chaque section est composée de trois
membres au moins.
Les chambres sont assistés d'un commissaire de
gouvernement, pris d'entre les membres de la chambre,
délégué par décret pour exercer les fonctions du
ministère public sous la surveillance du procureur général
près la Cour des comptes. Un secrétaire, qualifié
général, assure le fonctionnement du greffe et des services
administratifs. Un greffier est désigné parmi les assistants de
vérification, enregistre les comptes et les actes et pièces
destinés à la chambre, note les décisions prises et en
suit l'exécution
Les présidents sont des conseillers maîtres ou des
conseillers référendaires à la Cour des comptes,
nommés sur leur demande et sur la proposition du premier
président, par décret du président de la
République. Les conseillers des chambres régionales des comptes
constituent un corps particulier, au sens du statut général de la
fonction publique, fixé par la loi du 10 juillet 1982.
[2) La
particularité des chambres régionales des comptes
Il est également intéressant de recenser les traits
spécifiques de cet organe de régulation financière
déconcentré :
- Son fonctionnement est marqué par une grande
collégialité, en termes de réunion
délibérante, incluant par exemple un quorum minimal de 3
magistrats.
- Le traitement des dossiers est ritualisé, selon des
règles et des procédures précises. La définition
des Programmes de Travaux, c'est-à-dire l'agenda des interventions, fait
l'objet d'une attention toute particulière, car il peut avoir un impact
sur l'agenda politique local.
- Les magistrats forment un corps homogène,
recrutés au sein de la cour des comptes ou par concours et
dépendant, en termes de carrière, du Conseil supérieur des
chambres régionales des comptes.
- Ce sont des technocrates35(*) disposant d'une expertise légitime, eu
égard à leurs compétences et à leurs modes de
recrutement. Des bureaucrates professionnels ancrés dans leurs
expertises et leur rapport à l'administration. Les coûts de
transaction, en cas de changements d'activité professionnelles, sont
très élevés puisqu'ils seraient probablement
obligés de quitter l'administration.
- Cette indépendance professionnelle est forte puisque que
les magistrats sont inamovibles.
- Le représentant de l'Etat, le commissaire du
gouvernement, ne siège pas au sein de la chambre. Cependant, son
rôle est primordial puisqu'il assure l'interface les autres CRC,
communique avec le centre, et magistrat, il s'assure de façon
prudentielle du bon déroulement juridique de certaines affaires.
- Les chambres sont en effet autonomes. Comme le soulignait M.
Pierre JOXE lors de son intervention au Sénat, il « en
revanche admis qu'il pouvait exister des différences de jurisprudence ou
de rythme de contrôle,...[mais]... s'agissant de juridictions, la cour
des comptes ne disposait d'aucun pouvoir hiérarchique sur les chambres
régionales des comptes »36(*).
- Cependant, l'imbrication est profonde entre les CRC et la Cour
des Comptes. D'abord, parce que le rapport de complémentarité est
évident avec la Cour des Comptes dont le but est de contrôler
l'Etat, les entreprises publiques ou les organismes de sécurité
sociale.
- Et surtout parce qu'il existe des liens organiques. A titre
d'exemples :
* Le premier Président de la Cour des Comptes est
également le président du conseil supérieur des chambres
régionales des comptes, instance de supervision de l'activité des
chambres régionales des comptes
* Le Conseil supérieur des chambres régionales des
comptes est dominé par les membres du corps des conseillers à la
Cour des comptes.
* Les présidents des chambres régionales des
comptes sont eux-mêmes simultanément membres de la Cour des
Comptes.
* Le premier président de la Cour des comptes et,
auprès de lui, le secrétaire général, sont en
charge de la gestion administrative et budgétaire des chambres.
* Il est également l'interlocuteur du gouvernement et du
Parlement pour tout ce qui se rapporte aux chambres régionales des
comptes, notamment les projets de lois et décrets
* Un comité de liaison coordonne les enquêtes
communes à la Cour et aux Chambres régionales
* Depuis la loi du 5 janvier 1988, la Cour des comptes est
chargée d'une mission d'inspection permanente d'inspection à
l'égard des chambres régionales et territoriales des chambres
L'ORGANISATION INTERNE DE
LA CHAMBRE
[1) L'agenda :
programmation des contrôles et rationalisation des moyens
La programmation des contrôles est un exercice
délicat dans la mesure où il doit garantir impartialité et
égalité de traitement pour chaque contrôlé. Guy
Piolé souligne que « le décret du 23 août a
entériné une procédure d'élaboration des programmes
de contrôle, lesquels doivent donner lieu à une décision
annuelle du président de la chambre, pris après avis du
ministère public et après consultation de la chambre
elle-même, en formation plénière ».
Pour être plus précis, c'est au président de
la CRC qu'incombe de définir l'organisation et le programme annuel des
travaux de sa chambre, comme la répartition des listes d'organismes et
collectivités à contrôler.
« Parmi les impératifs, juger les comptes dans
un délai raisonnable..... Pour cela, nous nous imposons une
programmation quadriennale. Nous avons également la volonté d'une
certaine harmonisation de nos contrôles avec ceux des autres chambres.
Pour cela, nous nous référons aux travaux de commissions ou de
comités regroupant des membres de la Cour ou des chambres qui
élaborent des guides de contrôle. Nous traitons ainsi des
thèmes tel que ceux afférents, par exemple, aux personnels
territoriaux, à tel ou tel aspect de gestion des hôpitaux et
bientôt à celui de l'intercommunalité mise en place par
référence à la loi Chevènement : aspects
juridiques des transferts de compétences, aspects financiers de ces
transferts.. »37(*)
Le rôle du Président est ici important puisqu'il a
la faculté d'entériner ou le contrôle de gestion d'une
collectivité pouvant survenir à quelques encablures d'une
échéance électorale conditionnant le renouvellement du
mandat de l'élu en question. La programmation des chambres peut donc
recouvrer le cas échéant un caractère stratégique
pour les entités contrôlées et, à ce titre, elle
engage formellement l'ensemble des magistrats de la chambre. Cette
possibilité d'irruption d'un magistrat, en plein cycle électoral,
a poussé les sénateurs à proposer un délai de six
mois de neutralité aucune lettre d'observation définitive ne
pourrait être envoyé à un ordonnateur38(*).
Le modèle de la compétence géographique des
sections ou des magistrats est fréquent mais non exclusif. Ce
modèle consiste schématiquement à attribuer des
territoires à chaque magistrat. Il existe en effet des
répartitions différentes, selon la nature des organismes
contrôlés (section hospitalière, section enseignement
secondaire/supérieur) ou selon la nature des missions accomplies
(contrôle budgétaire pour l'un, juridictionnel pour l'autre).
Par ailleurs, « pour une bonne partie de nos
enquêtes, travailler seul n'a pas de sens et il est intéressant de
travailler avec d'autres.... Ca se traduit d'abord par un travail sur la
programmation qui commence en n-1 entre tous les présidents de chambre
régionale...Les 25 ... avec les présidents de chambre de la Cour
qui sont au nombre de 7. Le travail étant préparé par un
comité de liaison, qui lui fonctionne en continu, qui doit se
réunir une fois par mois, et qui est chargé de la coordination
des enquêtes »39(*). En outre, le Président de la chambre peut
donner le ton : « Je les pousse à faire une programmation
horizontale, régionale, de façon à avoir des
éléments de comparaison sur des organismes comparables... Par
exemple, plusieurs établissements scolaires »40(*)
La répartition des attributions entre sections et
l'affectation des magistrats et assistants en leur sein est du ressort du
président de la chambre, à travers ses décisions
organisationnelles. Ainsi, dans certaines CRC, le programme indique une
répartition par trimestre. Certains magistrats préfèrent
également commencer par les gros comptes afin de terminer de
façon plus légère. Il peut y avoir également, comme
on l'a vu, des découpages par secteur ou par département.
La problématique de la spécialisation sectorielle
se heurte toutefois à la polyvalence requise pour évoluer, faire
face aux imprévus liés aux charges de la chambre ou la
mobilité des magistrats. Le rythme des contrôles
budgétaires ou des saisines et des demandes motivées peut
être éminemment variable, puisqu'ils peuvent émaner de
plusieurs côtés, et donc peser sur le volume annuel d'une chambre.
Il peut également y avoir des départ non
compensés de certains conseillers comme les enquêtes
inter-chambres produisent des effets sur les calendriers des CRC41(*).
[2) Une
rationalisation croissante des activités
L'activité des chambres régionale des chambres est
récente. Par ajustement progressif ou par expérience, des
processus de rationalisation de l'activité des magistrats ont permis une
adaptation à différentes situation.
Le périmètre d'investigation est librement choisi,
ce qui permet par exemple, la mise en place de procédures de
contrôle rapide pour les petits comptes. La CRC de
Midi-pyrénées a mis en place des procédures de
contrôle rapide pour les petits comptes. Un équipe d'un conseiller
et de 2 assistants s'occupe des collectivité de moins de 3 000 habitants
et dont le budget est inférieur à 10 MF.
La CRC d'Aquitaine a élaboré un dispositif à
quatre niveaux : le contrôle normal, sélectif sur un
thème donné, le contrôle accéléré et
un contrôle pour les tout petits comptes
A l'instigation de Jacques Pagès, Président de
section, un système équivalent a été mis en place
au sein de la chambre régionale de haute-normandie. « Il y eu
création d'une cellule d'apurement [permettant la routinisation du
processus de traitement des petits comptes]... J'en suis responsable au niveau
du personnel administratif... il y a deux magistrats qui sont là pour
apporter en chambre tout ce qui concerne cette cellule »42(*).
Il est vrai que de nombreux petits comptes ont souvent
posé quelques problèmes, en raison tout simplement du nombre
imposant de communes en France.
La réforme de 1988 a permis de remédier pour partie
à ce type de problème en confiant aux comptables
supérieurs du Trésor (les Trésoriers Payeurs
Généraux et les receveurs particuliers des finances) l'apurement
administratif des comptes des communes ou groupements de communes dont la
population n'excède pas 2.000 habitants et dont le montant des recettes
n'excède pas 2 000 millions de Francs.
Ce qui a permis que le nombre de jugements rendus au titre du
contrôle des comptes soit divisé par deux ou trois, faisant ainsi
« sortir » quelques 24 000 communes.
Symbole d'une mesure purement technique et faisant l'objet d'un
consensus de la part de toutes les parties (élus ou magistrats), la Cour
des comptes, dans son rapport public de 1991, avait relevé que cette
diminution permettait sa concentration sur le contrôle des grandes
collectivités et des établissements publics importants.
[3) L'autonomie des
magistrat
Les conseillers de chaque section43(*) fournissent des propositions de contrôle en n-1
pour l'année n, avec une estimation temporelle pour la durée de
chaque contrôle. Là encore, les modalités des travaux des
chambres peuvent varier selon les endroits. Quelque puisse être cependant
la marge de manoeuvre des conseillers dans la programmation des contrôles
collégialement défini, les engagements des chambres envers le
contrôle quadriennal minimise les marges de manoeuvres.
Néanmoins, il est vrai que chaque magistrat, une fois son
programme défini, est plus ou moins libre d'organiser de façon
libre son agenda.
Son activité s'apparente ici à celle du praticien
libéral exerçant son art en toute liberté et cet
état d'esprit, visant à promouvoir l'autonomie d'action de chaque
magistrat, est vivement souhaité. C'est pourquoi le contrôle
exercé par le Président de chambre est plus formel que
matériel, même s'il reste réel.
Nous allons ici prendre divers exemples, extraits de la gazette
des communes44(*).
Maurice Banos, 65 ans, issu de la Direction
générale des impôts, est conseiller de CRC
depuis 1983 (Lorraine, Franche-Comté puis Rhône-Alpes), dont sept
ans dans la fonction de commissaire du gouvernement. Il est Président de
section depuis cinq ans.
A à la tête de la troisième section de la
CRC, il anime une équipe composée de sept
magistrats et de neuf assistants de vérification, et il préside,
tous les mercredis, les séances de délibéré
relatives à sa section.
Il est associé à l'élaboration du programme
annuel de contrôle de la chambre (arrêté par le
président) et participe au comité de coordination qui se
réunit toutes les semaines (président, présidents de
section, représentant du ministère public, secrétaire
général, greffier).
« Je laisse travailler mes magistrats. Certains, avant
d'arrêter leurs thèmes de contrôle, en discutent avec moi,
d'autres non. Certains comptent les jours consacrés à chaque
dossier, d'autres non. Je ne suis pas derrière eux tous les jours, mais
nous avons au moins un rendez-vous d'étape formalisé, au mois de
juin, pour constater l'état d'avancement du programme de contrôle.
Je ne corrige pas les rapports présentés par les magistrats, car
certains prendraient très mal le fait qu'on leur demande de rectifier.
Pour les projets de lettres d'observations destinées aux ordonnateurs,
en revanche, il m'arrive de réécrire, avant de les soumettre au
président. Les qualités que doit manifester un président
de section sont l'ouverture d'esprit et la disponibilité - sans parler
de la compétence, évidemment ».
Jean-Pierre Clot, 42 ans, est conseiller de tribunal
administratif (dix ans de pratique à Clermont-Ferrand puis à
Lyon), en mobilité à la CRC depuis 1996.
Le
conseiller de CRC est, simultanément, rapporteur quand
il instruit ses propres dossiers (contrôle des comptes des comptables
publics, examen de la gestion des collectivités territoriales,
procédures de contrôle budgétaire) et juge quand il
participe aux délibérations de sa section ou à celles de
la CRC sur les dossiers présentés par ses
collègues.
« Dans un tribunal administratif, on ne se détermine
qu'en fonction de l'écrit. En CRC, même si on
trouve des tas de choses dans la liasse, le contrôle se fait aussi au
travers des relations avec les contrôlés, et c'est le plus
intéressant. On nous dit souvent, dans les collectivités, que si
on avait respecté les règles, on aurait perdu du temps. Il nous
revient de montrer quels sont les risques juridiques et financiers encourus en
ne respectant pas les règles. Nous sommes en position de dire : ne
faites plus ça à l'avenir.
Car mieux vaut, à mon sens, une régulation qui
passe par notre truchement que par le juge pénal. Ce métier doit
être abordé avec prudence et circonspection. Dans le cadre de
l'examen de la gestion, comment s'imaginer qu'on va faire en quelques semaines
ce que le contrôle de légalité n'a pas fait en plusieurs
années ? Il ne suffit pas d'avoir le pouvoir de tout contrôler,
encore faut-il en avoir les moyens matériels. L'amateurisme pourrait
être un risque. Se contenter de dire, en faisant le bilan de dix ans d'un
contrat de délégation de service public, " Ça a
raté ", me semblerait un peu facile... »
Gérard Jousserand, 51 ans, conseiller de
CRC depuis 1986 (Champagne-Ardenne jusqu'en 1991,
Rhône-Alpes ensuite), est désormais Commissaire du
gouvernement.
« Le commissaire du gouvernement, représentant du
ministère public, doit apporter à la chambre une certaine
sécurité juridique, en veillant à ce que les
décisions prises soient conformes à la loi et à la
jurisprudence. Une trentaine de magistrats à la chambre signifie autant
de points de vue différents. Le commissaire du gouvernement doit essayer
d'uniformiser les décisions rendues par la CRC,
d'autant qu'il peut se créer des comportements différents selon
les sections ».
Son quotidien consiste à rédiger des «
conclusions » sur les rapports présentés par les magistrats
instructeurs (de façon obligatoire pour les jugements, facultative pour
l'examen de la gestion des collectivités), et assiste aux séances
de délibéré pour les dossiers les plus importants. Il sert
aussi de conseiller juridique pour ses collègues et pour les assistants
de vérification.
« Quand j'étais magistrat du siège, je
trouvais que le ministère public était trop exigeant, et qu'il ne
voulait pas prendre en compte les réalités de terrain. Devenu
commissaire du gouvernement, j'ai changé instantanément de
rôle, et c'est moi, maintenant, qui focalise les réactions
d'humeur, car je suis perçu comme un empêcheur de tourner en rond.
Les commissaires du gouvernement sont là pour faire respecter la loi, et
ils ne peuvent avoir aucun état d'âme, sinon ils seraient
déconsidérés. »
[4) Au rythme de
l'organisation : collégialité et contradiction
Le processus de production de la chambre est cependant
marqué . Nous nous attacherons ici à préciser le processus
de procédure de contrôle juridictionnel et le contrôle de
gestion opéré par les CRC, qui sont des attributions propres
des chambres.45(*)46(*)
Le processus est presque toujours le même, après la
désignation d'un rapporteur ou d'une équipe : le magistrat
opère un retrait des comptes auprès du greffe et débute
des investigations qui vont le conduire notamment à dépouiller
des liasses et mener des investigations physiques auprès des
entités concernées. Une fois le rapport rédigé,
celui-ci sera transmis pour avis, accompagné des propositions
juridictionnelles, au ministère public.
Le rapport passe ensuite en délibéré :
le rapporteur commente, le commissaire du gouvernement conclut,
délibération éventuelle, prise de décision ;
soit le comptable reçoit décharge en cas de validité des
comptes, soit on lui adressera des injonctions afin de compléter le
dossier ; à l'issue du délibéré, le
rapporteur rédige un projet de jugement : finalisé, il sera
co-signé par le président de chambre ou de section ;
notification du jugement au comptable, examen des réponses
apportées par le comptable, nouveau rapport, nouveau
délibéré, autant de fois que nécessaire jusqu'au
jugement définitif, si les réponses et justifications sont
jugées insuffisantes, il lui sera infligé un débet [somme
restant définitivement à la charge du comptable public], la
chambre peut, enfin, infliger des amendes dans certains cas de figures.
Le contrôle de gestion des collectivités locales et
établissements publics locaux a lieu, lui, d'office, soit depuis la loi
du 6 février 1992 sur la demande motivée des préfets ou
des représentants légaux des collectivités locales
autorisées.
Les chambres s'intéressent donc à la
régularité des opérations, impliquant ici les ordonnateurs
et les comptables, mais aussi sur depuis 1988, sur « l'emploi
régulier des crédits, fonds ou valeurs », dont les
comptes peuvent être complétées par des
vérifications sur place, opérées dans les mêmes
conditions et formes que celles effectuées par la cour des comptes.
La chambre a également la faculté d'inviter toute
personne concernée par une gestion particulière. En cours, ou en
fin d'instruction, une première contradiction, informelle, est
établie entre le rapporteur ou le président de la chambre
régionale et les ordonnateurs intéressés.
Après examen du rapport par la chambre, une seconde
contradiction, formelle, est établie suivant une procédure
calquée sur la procédure juridictionnelle (C. Jur. Fin., art. L.
241-9). Ensuite, la procédure prévoit la communication des
lettres provisoires d'observation aux ordonnateurs, lesquels ont la
faculté de se représenter devant la chambre afin de
compléter éventuellement leur parade, mais n'ont pas d'autre type
de recours.
Et c'est également l'une des sources de
récrimination des contrôlés, qui ne se retrouvent pas
devant une juridiction classique, tel un tribunal administratif, et n'ont donc
pas de possibilités de recours.
Les observations définitives sont notifiées par le
président aux ordonnateurs et aux représentants légaux des
collectivités ou établissements publics intéressés.
Ces lettres étaient d'abord secrètes , après la loi du 8
mars 1982 ; depuis la loi du 15 janvier 1990 (art. 16-II), la chambre
communique le contenu des lettres aux conseils délibérants des
organismes concernés par l'avis et les tiers peuvent en prendre
connaissance dès que cette communication a eu lieu (décret du 23
août 1995, art. 117). La même procédure s'applique, toute
chose égale par ailleurs, aux organismes agissant, par exemple, par
délégation de service public.
LA PLACE DE LA CHAMBRE
RÉGIONALE DES COMPTES DANS LE SYSTÈME DE RÉGULATION
POLITICO-ADMINISTRATIF
[1) Ce qu'elle
n'est pas : l'exemple des Autorités Administratives
Indépendantes
Organe administratif territorialisé, la chambre
régionale des comptes ne ressemblent pas à d'autres
entités administratives telles les autorités de régulation
ou les agences, à vocation sectorielle ou thématique.
En ce qui concerne les autorités de régulation,
elles modifient considérablement le paysage politique et administratif
de notre pays. La régulation a en effet changé de dimension.
L'Etat régule afin de garantir la vie collectivité de certains
débordements, comme les atteintes à la liberté
individuelle ou d'arbitrer les litiges portant sur l'activité de
certains marchés.
Nous pouvons ici citer le médiateur de la
République (1973), la Commission Nationale Informatique et
Libertés (CNIL - 1978), le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel
(CSA - 1989), L'autorité de Régulation des
Télécommunications (ART - 1996), la Commission régulation
de l'électricité (CRE - 2 000).
Elles ont en commun une indépendance statutaire, une
impartialité affichée et une autonomie de gestion qui leur permet
d'assumer un rôle d'arbitre.
Le développement de ces instances est récent et
corrélatif d'une tendance très contemporaine de
déléguer un rôle d'arbitre, dans des secteurs
déterminés, à des institutions dégagées de
tout lien de subordination hiérarchique ou administrative et au sein
desquelles règne la collégialité et l'expertise.
Cette tendance est lourde et se retrouve même au sein
d'instances de contrôle administrative, telle les chambres
régionales des comptes, dont le fonctionnement interne peut
s'apparenter, en raison de son indépendance de décision et de sa
collégialité, à une AAI. Pour autant, il est difficile de
classifier les AAI. Elles ne sont ni déconcentrées, en raison de
l'absence de lien hiérarchique, ni décentralisées.
Ce ne sont pas non plus des agences, qui regroupent de
façon formelle, des intérêts particuliers afin de
réguler ou d'observer un secteur d'activité particulier, comme
les agences de l'eau. Cependant, elles participent de ce qu'on appelle la
gouvernance, la régulation politique par la règle. En ce sens,
elles participent, au même titre que la décentralisation et la
déconcentration, de la mutation du système politico-administratif
français.
LE MÉTIER DE
MAGISTRAT FINANCIER PUISSAMMENT ENCADRÉ PAR LES MEMBRES DE LA COUR DES
COMPTES
[1) Les membres
d'un corps
Les effectifs des CRC stagnent, et les grandes chambres, en
sous-effectifs chronique, ont peu de chance de s'étoffer. L'effectif est
en effet quasi-constant depuis 1992. La gestion des hommes et des effectifs est
donc importante compte du volume de comptes à traiter. Les
présidents de CRC ne maîtrisent pas les mouvements
géographiques de leurs magistrats et n'ont aucun moyen de
procéder à des rééquilibrages. La CRC de
Rhône-Alpe, en 1995, a du traiter 102 dossiers de contrôle
budgétaire, soit 4 dossiers par conseiller, en 1996, l'une des sections
de la chambre a enregistré un ratio de 16 dossiers par conseiller. Dans
le même temps, la CRC de Poitou-Charentes en a reçu neuf seulement
(un par conseiller).
D'autre part, les magistrats ont la faculté de partir en
« mobilité ». Au printemps 1997, 64 des 391
magistrats du corps (16,4% des effectifs) se trouvaient ainsi mis à
disposition, en détachement ou en mobilité.
De ce fait, les présidents doivent gérer la
contradiction entre l'intérêt, pour la chambre, qu'un conseiller
enrichisse ses compétences et la problématique d'un conseiller
disparu.
En conséquence de quoi, les chambres sont mal
préparées, quelque puisse être l'inégale
répartition des entités sur le territoire, aux évolutions
quantitatives, telles le volume du contrôle budgétaire ou le
nombre des demandes émanant des préfet ou des ordonnateurs
locaux. Divers recrutements exceptionnels ne suffisent apparemment pas à
combler les attentes, même si celui de 1996 avait permis le recrutement
exceptionnel de 117 magistrats.
A cet égard, la position de Danièle Lamarque,
présidente de la chambre régionale de Haute-Normandie, est
révélatrice des incertitudes pesant sur le sort des magistrats
financiers et il est également révélateur de certaines
lignes de partage au sein du corps :47(*) « La réforme du statut des
conseillers des chambres, qui viendra prochainement, nous l'espérons,
devant le parlement, comporte à cet égard des mesures
significatives. Ce texte assure un déroulement de carrière plus
fluide, avec la réduction du nombre de grades de quatre à trois.
Il ouvre une faculté d'intégration à la cour. Il garantit
une meilleure transparence dans la gestion des carrières. Pour
être complète, cette réforme doit être assortie d'une
remise à niveau des rémunérations accessoires des
conseillers de chambre : leur évolution a pris du retard par
rapport à celles de corps comparables recrutés à la sortie
de l'ENA.....De même, nous ne maîtrisons pas complètement la
gestion de la mobilité professionnelle, qui est l'une des conditions de
la « respiration » du corps et de son
enrichissement.... L'inamovibilité protège ses membres, en
faisant intervenir des instances consultatives à des moments sensibles
que la nomination, la mobilité, la promotion ».
[2) De la division
du travail au sein d'une chambre régionale des comptes
Par ailleurs, les magistrats financiers ne sont pas les seuls
magistrats financiers. Certes, ils sont responsables de l'enquête et
passe en sessions de délibérés pour écouter le cas
échéant les remarques de leurs collègues mais ils
s'appuient également sur des assistants de vérification. Ces
derniers forment souvent tandem avec les magistrats.
Comme le souligne Madame Karbouche, « leur parcours
professionnel et personnel peut les amener à avoir des
compétences et des capacités différentes, donc le
magistrat confie des tâches très différentes à un
assistant selon son, selon son envie, selon sa curiosité, selon sa
capacité »48(*). Les assistants sont aussi amenés à
travailler avec différents magistrats au cours de leur
carrière : « Je faisais partie des premiers assistants
lors de la création des chambres, à l'époque on
était trois, bon, au niveau administratif, je viens de la Direction
Générale des Impôts (DGI), je suis mis à disposition
par la DGI auprès de la chambre des comptes..... Notre travail consiste
à, c'est un travail de pur contrôle... C'est nous qui
commençons la vérification à partir d'un programme qui
nous est transmis par le magistrat, qui lui-même à eu son
programme par la présidente de la chambre.... C'est nous qui examinons
les pièces comptables ... ...(il y a) plusieurs manières de
procéder selon les binômes... Soit il laisse entière
liberté à l'assistant, soit il lui fixe des objectifs, vous
vérifiez les investissements sur telle ou telle
année.. »49(*).
Françoise Barnier, attaché d'administration
centrale au ministère de Finances, a été également
mise à la disposition d'une chambre régionale. Elle aussi
co-instruit les dossiers de contrôle en vérifiant physiquement les
documents et en rédigeant, le cas échéant, des rapports ou
des projets de lettres d'observation. :
« L'angoisse ici [CRC Rhône-Alpes] est la
même que dans n'importe quel corps de contrôle : ne pouvant
faire du contrôle exhaustif, on n'est jamais à l'abri d'être
passé à côté de quelque chose d'important .
Quant on ne trouve rien, ou que des petites choses, ce n'est pas
très valorisant pour le binôme conseiller-assistant de
vérification, mais on se console en pensant que c'est bon signe pour les
finances publiques»50(*).
Un autre acteur joue un rôle important au sein de la
chambre, c'est celui de Commissaire de gouvernement. « Le Commissaire
de gouvernement est là pour faire de la veille juridique sur ce qui se
passe dans la chambre... La deuxième chose et qui emploie 50% de mon
temps, c'est de faire des conclusions sur les rapports de mes
collègues... Ce n'est pas le cas dans toutes les chambres... Simplement
les rapports contentieux font l'objet d'une communication obligatoire au
gouvernement.. Et cette communication m'impose de faire des conclusions
écrites. »51(*) Le Commissaire du Gouvernement est obligatoirement un
ancien magistrat, qui connaît nécessairement les obligations
liées à la fonction.
[3) Le
métier de magistrat au sein de la chambre
Reste que le métier de magistrat consiste à
analyser les comptes et rien que les comptes. Comme le souligne Philippe
Boeton, l'un des problèmes majeurs reste la compréhension du
comportement des gestionnaires : « Nous avons pas mal de
magistrats qui n'ont jamais fait d'administration active... Ils sont
restés dans le domaine juridictionnel... Mais ils n'ont pas connu la
difficulté pour le gestionnaire de se confronter au droit, or pour bien
contrôler, il faut aussi comprendre comment les gestionnaires sont
amenés à prendre des décisions »52(*).
Pourtant, l'accueil que l'on réserve au magistrat n'est
pas systématiquement emprunt de suspicion. « Les élus
que je connais, ils sont tout à fait bien disposés à notre
égard et ils attendent avec intérêt le résultat de
nos travaux...
Ils ont besoin d'une information extérieure par rapport
à ce que leur dise les autres élus ou les autres fonctionnaires
territoriaux »53(*).
Les correspondants techniques ou fonctionnels des magistrats
financiers sont également bien intentionnés à leur
encontre. « La CRC, raconte Christian Marquet, secrétaire
général adjoint de Roanne, voulait surtout s'assurer que la vie
financière de la ville était bien pilotée », ce
qui l'a conduit à éplucher dans le détail la gestion de la
dette et de la trésorerie.
Christian Marquet a donc transmis au magistrat, pour toute la
période contrôlée, l'ensemble des rapports qu'il
rédige à l'intention de la commission des finances. Ceux-ci, au
delà des gains réalisés, rendent compte de la
stratégie d'endettement et de la gestion de la trésorerie
adoptée par la direction des finances. Résultat : les
observations de la chambre « mettent en évidence que Roanne
s'est redonné des marges de manoeuvres en jouant sur son bas de
bilan » »54(*).
Pour Joël Lebourg, secrétaire général,
il faut cependant nuancer le tableau55(*) : « Personne ne peut contester le
rôle primordial joué par les chambres régionales des
comptes dans le contexte global de décentralisation, je ne contesterais
pas les avis émis par les éminents administrateurs territoriaux,
ardents (trop ?) défenseurs des cours régionales des
comptes. Cependant, on peut par exemple déplorer que la relation avec
le magistrat en charge d'un contrôle ne soit pas basée sur la
collaboration, mais davantage,...sur la méfiance, la recherche d'un
moindre indice d'une faute, le côté inquisitorial et le sentiment
qu'il y a, a priori, forcément « magouille » quelque
part .................. Mais lorsqu'on parle d'efficacité et
d'efficience, soucis dont devrait s'inspirer les collectivités locales,
je pense que les lenteurs observées au niveau des juridictions, quel
qu'en soit l'ordre, deviennent de plus en plus inadmissibles. Il est parfois
difficilement compréhensible que des observation, voire des sanction,
portent sur des faits ou des décisions génératrices de
droits, prises plusieurs années auparavant, dans les conditions
réglementaires, avec contrôle de légalité avec
l'appui.
Il n'est pas question de mettre en doute les compétences
des « détenteurs » du contrôle de
légalité, qui manquent, eux aussi, de moyens. Mais, en
parallèle, le contrôle a priori qui doit être
effectué se heurte, lui aussi, au problème des compétences
et des moyens. »
Le magistrat chargé de contrôler les comptes trouve
sur son chemin d'enquête le prescripteur du maniement des fonds
(l'ordonnateur) et le comptable , celui qui manie les fonds.
Ces derniers vérifient les fonds après en avoir
examiné la validité et contrôlent le dispositif comptable
(qualité de l'ordonnateur, disponibilité des fonds,
validité de la créance, caractère libératoire du
règlement).
Corrélativement, le comptable est responsable des
opérations liées aux maniement des fonds mais il ne peut
cependant pas s'opposer au donneur d'ordre.
Comme le souligne un observateur impliqué, Régis de
Castelnau, Avocat-conseil aux collectivités locales,
« de nombreux ordonnateurs ont dû faire l'apprentissage
,.., d'un mode de contrôle auquel, jusque-là, ils n'avaient pas
été confrontés »56(*). L'auteur ne présume pas de résultats
quantifiables mais la confrontation personnelle a du renforcer la
sévérité du comptable.
« En deux mots et pour parler des contentieux, la
tâche de la chambre vise deux types de personnes, les ordonnateurs, les
comptables. ...Les comptables, ça passe par voie de jugement... Ce
contentieux peut se poursuivre devant la Cour des comptes.. Le Conseil d'Etat
faisant office de Cour de cassation dans notre ordre de juridiction....
Côté ordonnateur, le contentieux pourrait être la
contestation par l'ordonnateur des observations qui sont faites par la chambre
des comptes...
Je m'assure quand même que la chambre a suivi la
procédure qui permet à l'ordonnateur de contredire et notamment,
la CRC est obligé de proposer à
l'ordonnateur une audition. »57(*)
L'examen de gestion pose le délicat problème du
partage entre opportunité et régularité ; car le juge
n'a pas à émettre des jugements sur les choix qui relèvent
de la responsabilité politique de l'élu. Aussi, l'aspect
juridictionnel n'est pas l'aspect qui pose le plus de problème aux
magistrats car c'est aussi le plus balisé.
Là ou des questions se posent de plus en plus
fréquemment, c'est dans le domaine de l'examen de la gestion.
« Désormais, dans la plupart des
contrôles de gestion, on prend quelques secteurs de politiques publiques
et on va essayer d'approfondir. On a examiné par exemple la gestion des
déchets ménagers........... On ne peut pas dire que les lettres
des chambres soient vraiment des audits.... .....Les grands comptes
relèvent de la plénière, donc on examinera dans cette
formation les très grandes collectivités, la région, les
deux départements, le CHU, les grosses collectivités, Evreux, Le
Havre »58(*).
Comme l'ajoute Jacques Pagès, le Président de
section de la chambre régionale de Haute-Normandie : « Le
contrôle de gestion est assez difficile à définir sachant
qu'il y a, à mon sens, quelques passages obligés : quelle
est la situation financière de la collectivité ? Les verrous
nécessaires à une bonne utilisation des fonds publics ont-ils
été mis en place au sein des services de la
collectivité ? Les opérations de dévolutions des
marchés se sont-elles correctement déroulées ?
Autant dire que le contrôle de la gestion apparaît
comme la mission principale des chambres régionales sachant que
progressivement nous nous orientons vers une évaluation des politiques
publiques : les objectifs que s'est fixé l'organe
délibérant sont-ils atteints ? »59(*).
Et ce passage du contrôle de gestion à
l'évaluation des politiques publiques est une évolution
éminemment récente.
« La modification essentielle que je verrais [Par
rapport à sa période de magistrat, entre 1986 et 1993]... C'est
que nous nous tournons à l'heure actuelle beaucoup plus vers le
contrôle de gestion...
On est en train de se tourner beaucoup plus vers l'ordonnateur
que vers le comptable, c'est peut-être pour ça que les
ordonnateurs ruent un petit peu dans les brancards... Les sénateurs..
notamment...réclamait que le ministère public conclut
explicitement sur les observations de gestion qui sont émises... Cela
veut dire qu'ils essayaient de dresser une barrière juridique
supplémentaire....... On s'accroche beaucoup plus aux situations
financières des communes...
Ces analyses financières se font dans deux directions , si
vous voulez, l'évolution de la commune elle-même et puis les
comparaisons avec les autres collectivités..... On se dirigerait vers
une appréciation de la manière de travailler du
comptable »60(*).
Il est vrai que ceux-ci évoluent également :
« Il y a des technicités de plus en plus grande dans les
collectivités locales et notamment la technique financière .....
La technique financière évolue énormément... Alors
nous avons des formations permanentes »61(*).
D'autres sujets de récrimination peuvent apparaître.
« Du côté des comptables... C'est de leur imposer des
sanctions et des mises en débet.. sur des sujets sans doutes mineurs et
qui ne reflètent pas les anomalies que eux ils connaissent.. Ils doivent
se dire qu'on ne va pas là où c'est important...
Peut-être peuvent-ils penser également qu'on les
piège assez facilement sur des anomalies qu'ils ont commises... Et ils
ne peuvent pas tout voir... Du côté des élus, je ne pense
pas qu'ici, en Haute-Normandie, on nous fasse vraiment des reproches de
contrôle d'opportunité »62(*) .
Cette dernière assertion est confirmée par Jacques
Pagès : « Au niveau juridictionnel, c'est d'être
parfois un peu trop sévère.... Par les élus, c'est de nous
immiscer un peu trop dans la gestion de leur collectivité alors qu'ils
ne considèrent responsables que devant l'électeur. Pourtant, il
n'y a aucun exemple de contrôle dans lequel nous serions
mêlés d'opportunité »63(*).
L'opportunité est le concept qui détermine le lien
institutionnellement agonistique entre le magistrat et l'élu. A la
légitimité démocratique de l'un, se superpose la
légitimité technocratique et administrative de l'autre,
chargé d'éviter, de façon la plus objective et la plus
neutre qui soit, aux concitoyens un naufrage financier, comme par exemple la
ville d'Angoulême, dans les années précédentes.
[4) Une
organisation en réseau dirigée par les membres de la cour des
comptes
Comme le souligne la Présidente de la chambre, Madame
Lamarque, le texte législatif pourrait ouvrir une faculté
d'intégration à la Cour. Cette faculté
d'intégration par le haut témoigne de l'enjeu pris par le
développement des activités des chambres, qui, par contrecoup,
revalorise le statut de magistrats dont la promotion est organiquement
limitée.
« La réforme du statut des conseillers de
chambre, qui viendra prochainement, nous l'espérons devant le parlement,
comporte à cet égard des mesures significatives. Ce texte assure
un déroulement de carrière plus fluide, avec la réduction
du nombre de grades de quatre à trois. Il ouvre une faculté
d'intégration à la Cour. Il garantit une meilleure transparence
dans la gestion des carrières »64(*).
Recrutement dans le corps des magistrats de chambres
régionales depuis 1983
(source : Cour des comptes)
|
En nombre
|
En pourcentage
|
ENA (recrutement direct)
|
82
|
21,4%
|
Finances
|
155
|
40,5%
|
Intérieur
|
18
|
4,7%
|
Défense
|
20
|
5,2%
|
Officiers
|
12
|
3,1%
|
Education nationale
|
19
|
5,0%
|
Affaires sociales
|
22
|
5,7%
|
PTT
|
8
|
2,1%
|
Agriculture
|
4
|
1,0%
|
Premier ministre
|
2
|
0,5%
|
Collectivités locales
|
26
|
6,8%
|
Divers
|
12
|
3,1%
|
Total
|
383
|
100%
|
Car le fonctionnement des chambres est dominé par les
membres de la Cour des comptes, une des plus vieilles institutions
administratives françaises65(*), créée en 1807, postérieurement
au Conseil d'Etat.
Ainsi, comme on le constate, si la majorité des magistrats
financiers n'est pas issu de l'ENA, c'est pourtant l'élite de l'ENA, les
membres de la Cour des comptes, qui déterminent activement les
orientations ou les prises de positions relatives à l'action des
chambres régionales des comptes, qui coordonne l'action de celles-ci,
qui assurent l'intégration des informations et orientent
éventuellement les prises de position des gouvernants, notamment en ce
qui concernent certaines nominations ou d'éventuelles évolutions
réglementaires ou législatives.
Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'intègrent pas les avis ou
recommandations des autres magistrats. Les textes réglementaires ou
législatifs, leur organisation, le poids de l'histoire, leurs
compétences et leurs capacités, la position de la Cour et des
chambres au sein de l'édifice politico-administratif français
leur confère une influence mesurable à leurs engagements ou leurs
prises de position publiques.
Madame Hélène Gisserot, Procureur
général près la Cour des comptes, avait d'ailleurs
rappelé, lors de son audition par les sénateurs, le jeudi 5 juin
1997, l'historique du contrôle technique opéré par les
chambres régionales des comptes66(*). Et que celui-ci, de 1835 à 1982, suite
à l'activité des conseils de préfecture, de 1807 à
1835, avait été effectué par la Cour des comptes.
Le pilotage d'un certains nombre d'action se fait cependant en
réseau, ce qui renforce les possibilités de réactions et
d'adaptation de l'organisme.
Et ce d'autant plus facilement que les progrès de
l'informatisation67(*) et
la mise sur pied d'un site Internet commun à l'ensemble des juridictions
des comptes et accessible au public, d'un site intranet propre à chaque
chambre et d'un extranet commun à toutes les juridictions, ces
progrès techniques ont accompagné la mise sur pied d'une
organisation basée sur la collégialité et des formules de
commissions ou de comités qui peuvent être inter ou intra-chambres
et qui peuvent également intégrer des membres de la Cour.
C'est ainsi que la chambre régionale des comptes de
Haute-Normandie a mis sur pied une commission des méthodes qui permet de
réfléchir le cas échéant sur des thèmes
particuliers, telle l'analyse financière.
Toujours sous la houlette du Président de la
chambre : « Je conserve la présidence de la commission des
méthodes... On a lancé un séminaire interne sur l'analyse
financière... Sinon les autres commissions sont présidées
par le Président de Section...
Donc çà, c'est la fonction de contrôle
proprement dite, et j'ai une autre fonction qui est celle du management de la
chambre.... Je suis membre de la commission technique paritaire au centre....
L'instance de partenariat avec les syndicats... Les assistants ont des
problèmes spécifiques... La dernière partie de mes
activités extérieures, ce sont les sorties.... Quand on est une
juridiction autonome et fondé sur le secret, on a intérêt
à sortir à l'extérieur.. »68(*)
Les présidents de chambre sont automatiquement des membres
de la Cour des comptes, ce qui signifie que ce sont eux qui déterminent
la notation et donc l'avancement des magistrats. Par ailleurs, c'est la Cour
des comptes qui coordonne l'activité des chambres régionales des
comptes et qui assure l'interface avec le gouvernement.
Enfin, ce sont les présidents de chambres qui pilotent la
diffusion des lettres d'observation définitives, en
réécrivant le cas échéant le contenu de ces lettres
destinées aux collectivités auditées et
contrôlées.
« Il y a le programme... Je préside les
délibérés.. La section plénière..... Je
signe toutes les lettres d'observations et je ne délègue pas...
Je signe aussi les jugements... Par prudence »69(*) .
Le magistrat financier n'est donc pas seul et son activité
est solidement encadré
par une hiérarchie dirigée par les membres de la
Cour des comptes. Cette situation est à la fois une contrainte et une
ressource pour les magistrats financiers.
Une ressource car l'homogénéité de corps des
responsables est un des garants des capacité de défense des
intérêts des chambres régionales mais également une
contrainte les membres disposent de facto des moyens de défendre de
manière légitime les enjeux et des buts de l'institution.
Comme nous l'avons vu au travers des divers entretiens
rapportés, la représentation des intérêts des
chambres régionales des comptes sont donc
« monopolisés » (symboliquement) par les membres de
la Cour des comptes, car ce sont eux qui détiennent les positions
hiérarchiques les plus proéminentes, et le
phénomène le plus saillant concerne donc la gestion des affaires
publiques :
« Nos enquêtes les plus complexes sont celles qui
portent sur la gestion.
Dans ce cas, la relation entre la Cour et les chambres n'est pas
celle hiérarchique du double degré de juridiction. Elle est
transversale et dépend de la participation volontaire des
chambres....... Notre chambre de Haute-Normandie est très engagée
dans ces démarches collectives : nous participons à des
enquêtes dans les secteur hospitalier, la gestion des déchets, le
RMI, les Casinos et bientôt la formation
professionnelle »70(*)
Cette maîtrise institutionnelle opérée par
les membres de la Cour des comptes rejaillit sur les possibilités de
trajectoire professionnelle des magistrats.
Agnès Karbouche vient primitivement des Instituts
Régionaux d'Administration (IRA). Elle était déjà
cadre A mais elle n'est passée magistrate que récemment.
Rémi Janner vient initialement de l'administration fiscale
où il exerçait les fonctions d'auditeur des services. M. Jacques
Pagès, Président de Section, vient de connaître une
promotion puisqu'il est passé à ce grade lorsqu'il était
magistrat à la chambre régionale d'aquitaine. Mais la promotion
reste limité à un petit périmètre de postes.
Même si, comme le souligne l'un d'entre eux, « il n'est pas
interdit d'aller voir ailleurs ... Etablissement bancaire,
spécialisé dans les financements aux collectivités
locales... dans les entreprises... On peut toujours démissionner de
l'administration... Et puis il y a la possibilité de créer un
cabinet d'études ou de rejoindre un cabinet d'études... Il faut
se constituer une clientèle »
III - LE MAGISTRAT
FINANCIER DE LA CHAMBRE RÉGIONALE DES COMPTES DANS LE SYSTÈME DE
RÉGULATION POLITICO-ADMINISTRATIF FRANÇAIS
Nous nous retrouvons donc dans une situation désormais un
peu mieux définie.
D'un côté, des élus de la Nation se
retrouvant dotés de compétences nouvelles, ayant désormais
à coopérer dans la plupart des cas avec les services de l'Etat
pour mener à bien les projets d'infrastructures et d'aménagements
du territoire et continuant à être moteur dans le
développement économique de leurs territoires, auxquels est
attribué un principe de responsabilité, selon lequel les projets
politiques, au travers des actions publiques locales et qui se voit confirmer,
à posteriori, la justesse de ses actions entreprises. Comme pour une
entreprise et ses commissaires aux comptes, lesquels certifient annuellement,
les résultats des entreprises.
Pourtant, les territoires politiques ne sont pas les lieux de
marchés comme les autres. Les responsables politiques locaux,
après des ajustements techniques acceptées par l'ensemble des
parties, sont de plus en plus réticents. C'est que, depuis une dizaine
d'années, les instances centrales et les pouvoirs politiques ont
resserré les conditions de contrôle des comptes publics, notamment
en raison de spectaculaires scandales politiques, qui ont touchés, sans
exception, l'ensemble du spectre politique de la Nation.
Publicité faite autour des lettres d'observation et
développement spectaculaire des politiques d'évaluation ont rendu
les élus territoriaux plus acerbes devant ce qu'ils estiment être,
sur le fond, une ingérence de fonctionnaires dans leurs affaires
d'hommes publics, appréciation surdéterminée par les
particularités des organisations auxquelles ils ont affaire,
l'invulnérabilité dont elles jouissent et les différences
de comportements d'une chambre à l'autre
Les scandales politico-financiers et la volonté
réelle de la majorité des édiles de mener des politiques
salubres et exemptes de retombées négatives ne leur font pas
oublier qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens de rétorsions face à
des magistrats qui sont souvent leurs seuls contre-pouvoirs.
Sous l'oeil d'un centre qui veille probablement à ne pas
envenimer les rapports de forces politiques, les parties en présence,
n'ayant pas la possibilité d'influer sur les régles
édictées par le centre (pour de multiples raisons), se livrent
à des stratégies d'ajustement permanentes, compte tenu des
ressources disponibles. Les filières électives, les regroupements
d'élus, les associations de conseillers ou les syndicats de magistrats
sont autant de moyens, démultipliés par le cumul des mandats ou
la superposition des réseaux de se positionner par rapport aux enjeux
communs des multiples systèmes d'action locaux. Certes, il y a
fragmentation des territoires mais il y a aussi, et surtout, un remembrement
des enjeux qui définit les positions actuelles.
L'utilisation des concepts de réseaux de politiques
publiques va nous servir de référents afin d'élucider les
récentes évolutions. Les acteurs mobilisent, chacun à
l'aune de leurs propres contraintes, leurs ressources propres afin de peser
dans les processus de coordination qui se créé, dans des
environnements fragmentés et mouvants, perturbant ainsi les
anticipations rationnelles fondées sur des systèmes de valeurs
spécifiques.
DÉMARCHE
COMPARATIVE DES ÉVOLUTIONS POLITICO-ADMINISTRATIVES RÉCENTES
[1) Les
différents niveaux de l'Action Publique : l'exemple
Européen
TYPES D'INTERVENTIONS
|
LOCAL - REGIONAL
|
NATIONAL
|
EUROPEEN
|
POLITIQUE MONÉTAIRE ET BUDGÉTAIRE
|
FINANCEMENTS DE PROXIMITÉ
EPARGNE SOLIDAIRE
|
POLITIQUE BUDGÉTAIRE
DANS UN CADRE COORDONNÉ
|
POLITIQUE MONÉTAIRE COMMUNE
COORDINATION POLITIQUE BUDGÉTAIRE
HARMONISATION FISCALE
|
RELATIONS SOCIALES, PROTECTION SOCIALE, POLITIQUE DE
L'EMPLOI
|
ANIMATION BASSIN D'EMPLOI
CRÉATION D'EMPLOIS PUBLICS LOCAUX
|
PROTECTION SOCIALE
RÉGULATION DU CONTRAT DE TRAVAIL
|
ACCORDS COLLECTIFS FAVORISANT UNE RÉGULATION
SALATIALE
DROIT DU TRAVAIL EUROPÉEN
AGENDA SOCIAL
|
POLITIQUES STRUCTURELLES
|
DÉVELOPPEMENT LOCAL
INFRASTRUCTURES LOCALES DE RÉSEAU
|
DÉFINITIONS DES PRIORITES BUDGETAIRES
AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
|
NORMES, RECHERCHE, INFRASTRUCTURE COMMUNAUTAIRE, POLITQIUE
COMERCIALE ET DE LA CONCURRENCE (SERVICE PUBLIC EUROPÉEN)
FONDS STRUCTURELS
|
POLITIQUES SANITAIRES ET DE L'ENVIRONNEMENT
|
GESTION DE L'EAU
COLLECTE DES DÉCHETS
|
NORMES SANITAIRES DE TRAITEMENT DES DECHETS
POLITIQUES D'ECONOMIE D'ENERGIE
|
NORMES SANITAIRES EUROPÉENNES
GESTION DES ENGAGEMENTS INTERNATIONAUX
GESTION DES CONFLITS
|
Grâce à ce tableau, nous pouvons nous rendre compte,
en économie ouverte, à institutions constantes, et dans la
perspective européenne, des enjeux liés à la
territorialisation71(*).
Les territoires prennent en charge l'aménagement
opérationnel du territoire, sauf quand ils ne le peuvent pas, auquel
cas, comme pour le maillage numérique, l'Etat passe des engagements avec
des opérateurs privés, et le développement local.
Ils sont aussi vecteur de développement économique
et social. Si le rôle de l'Etat tend à s'affaiblir, c'est que
celui-ci a fortement contribué à scier les branches sur
lesquelles il était assis. La construction européenne , le
marché, la mondialisation, la déréglementation sont autant
de phénomènes venus du « haut ». D'un Etat
monolithique-hiérarchique, nous sommes passé à une
époque durant laquelle l'Etat dispose d'une palette d'outils
variés lui permettant, à distance, de contrôler les
fondamentaux économiques et de garantir la solidarité sociale. La
décentralisation n'est pas, à proprement parler un outil, surtout
si l'on considère l'histoire de l'administration française, mais
son mode de fonctionnement actuel, avec des processus de dessaisissements
partiels ou définitifs, participe de ce phénomène.
Par ailleurs, avec l'existence de la Région tendant
à être une forte unité politique autonome, le local est
devenu un pivot important du développement. La maîtrise des enjeux
administratifs et technocratiques reste donc fort puisque qu'il conditionne
pour partie la scène politique locale, elle-même matrice d'un
certain développement économique, puisque les territoires peuvent
se retrouver en concurrence pour l'attribution de ressources permettant aux
unités économiques d'effectuer des choix discriminants. L'exemple
de l'installation de Toyota à Valenciennes ou d'une Usine Mercedes dans
la Région de Nancy [pour fabriquer les voitures
« Swatch »] est une illustration de ces
mécanismes.
[2) Les
évolutions des paradigmes liés au contrôle public
Pour Sylvie TROSA72(*), Rapporteur Général au Conseil
Général de l'Evaluation, il existe actuellement une notion de
culture du résultat qui se traduit par des formes de
budgétisation par résultats.
On s'est rendu compte que la notion d'objectifs relevait de
processus agonistiques, ce qui, par dérivation, a poussé la
notion de résultats, permettant d'aboutir plus facilement à une
décision ou à un budget.
La démarche comparatiste qu'elle a effectuée
concerne les pays anglo-saxons, les pays nordiques, Singapour, Philippines.
Parmi les tendances qu'elle discerne, elle dénote notamment celle du
retour de l'Etat incarnée par l'école du nouveau contractualisme
avec des démarches basés sur l'échange, l'écoute,
des droits et obligations réciproques.
Deux grandes évolutions sont également
dénotées puisque nous serions passés d'un jeu de lego
sur les structures institutionnelles à un travail sur le système
consistant à faire fonctionner ensemble les différentes
réformes (budget, évaluation, benchmarking,
décentralisation, etc..) suivant un postulat stratégique partir
du citoyen pour changer les structures.
Ensuite, il y aurait des refléxions stratégiques
à mener sur les services à délivrer, la façon de
gérer les moyens humains et matériels, les outils de
communication à mettre en oeuvre. Le
management public devient ici prédominant dans la mesure ou il permet de
penser et d'agir rationnellement sur des objets clairement construits. La
tendance est ici à la simplification des objectifs et des indicateurs,
avec l'utilisation du budget comme matrice des systèmes d'indicateurs et
l'utilisation de systèmes d'informations fiables et peu complexes et
l'utilisation de systèmes d'évaluations afin de mesurer les
retombées sur l'environnement73(*).
Les réformes administratives qui vont dans le même
sens permettent en outre une comparaison au niveau international74(*) et l'on assiste, comme dans le
cas français, au développement du principe de
responsabilité avec la généralisation des contrôles
a posteriori. La plupart des pays ont donc énormément
travaillé sur l'évaluation et la responsabilité dans le
cadre des orientations énoncées ci-dessus.
[3) Le
contrôle juridictionnel versus le système de l'Audit
Cependant, des différences subsistent entre les
différents modèles, entre le contrôle juridictionnel
à la française et l'audit anglo-saxon : « Vous
avez en fait deux grands systèmes.. L'un qui est le système de
l'audit, qui est les système anglais, plus calé sur la
certification et puis le système à la française, qui est
le contrôle juridictionnel, qu'on partage avec quelques pays, la
Belgique, l'Italie, le Portugal, l'Espagne........ Dans le système de
comptabilité publique, vous avez un jugement des comptes qui n'est pas
une certification..... Il y a quand même un jugement sur leurs
comportements, sur la qualité des contrôles qu'ils ont
exercé.... C'est une mission très particulière... L'audit
anglo-saxon est davantage, est beaucoup plus proche des systèmes de
certification »75(*).
Des passerelles ont été mises en place afin de
comparer les méthodes. C'est le cas par exemple avec la création
de l'organisation des institutions régionales de contrôle externe
des finances publiques (EURORAI), créée en 1992..
« L'un de mes collègues est allé en Angleterre pour
voir comment ils font pour le contrôle des hôpitaux... On se
rapproche des techniques d'Audit... Nous avons des contacts avec ces
gens-là [les commissaires au compte] pour savoir comment ils
opèrent... Nous sommes de moins en moins enfermés dans notre
manière de faire.... L'évolution du contrôle de gestion en
est une preuve... Nous avons intégré l'efficience,
l'efficacité... C'est aussi l'un de nos soucis de savoir comment sont
dépensés les fonds publics »76(*).
LE SYSTÈME D'ACTION
LOCALE DANS L'ARÈNE POLITIQUE
[1) Des
problèmes publics locaux
Quelques exemples locaux, pris dans la presse locale normande,
illustrent les types de situations rencontrés par les magistrats
financiers.
Cela peut être le cas d'un problème
budgétaire. Début 2000, le conseil d'administration de
l'hôpital du Havre avait refusé de voter le budget et avait
retransmis l'objet du désaccord à la chambre régionale des
comptes, en raison du déficit « structurel de
l'établissement » et afin de stigmatiser l'absence de
solutions financières.
Prenons le cas de la gestion de la commune de Pont-Audemer,
relaté par l'Eveil du 2 octobre 1996, illustré par les
dérapages liés à la construction d'un complexe
sportif : non-respect de la procédure d'appel d'offre, manque de
transparence sur le processus de décision de l'entreprise chargée
de réaliser le complexe, non-conformités des travaux et
non-respect du cahier des charges initial. En outre, les travaux ont
excédé le devis initial, pesant sur l'endettement de la commune.
D'après les termes du rapport produit par le magistrat des
comptes et rapporté dans le journal : « C'est ainsi que
l'endettement se situait à 82,5 millions de francs au 31 décembre
1991 et s'approchait, l'année suivante, des 100 millions de francs. Il
atteignait alors 10.653 francs par habitant, soit près du double de la
moyenne nationale (5.717 francs) et de la moyenne régionale (5.484
francs) pour les communes appartenant à la même strate de
population. »
Et le rapport de préciser, un peu plus loin :
« Jusqu'en 1995, les produits de fonctionnement n'ont pas permis de
couvrir la totalité du financement des charges de fonctionnement et de
remboursement de la dette, d'ou une marge d'autofinancement courant
négative. Par ailleurs, la mobilisation des ressources internes
n'était pas suffisante pour assurer à la collectivité une
capacité d'autofinancement de ses investissements ».
Le contrôle de la gestion de la ville ou de la
collectivité permet souvent de mettre en évidence des erreurs ou
des malversations. Les échos, en date du 19 septembre 2000, relate une
lettre d'observation émanant de la chambre régionale des comptes,
dans laquelle les magistrats auraient relevé des « anomalies
de gestion dans la réalisation d'un parking de 535 places au centre
hospitalier régional universitaire de Rouen (CHUR) .......... La
CRC constate que ce montage a « permis de procéder, sans
habilitation légale et sans appel à la concurrence, à la
réalisation du marché des travaux », dont le coût
total s'est élevé à 27 millions de francs ». Une
fois les dégâts constatés, il ne reste plus à la
collectivité qu'à assumer un plan d'austérité qui
sanctionne le passif ou à faire appel directement à la manne de
l'Etat.
Pour la commune de Val-de-Reuil, soumis à un redressement
financier, les conclusions du passif financier semblent positives,
d'après les propos rapportés par le journaliste de
« Paris-Normandie », en date du premier avril 2000. Pour
Bernard Amsallem, le maire : « La difficulté la plus
forte a été vécue par les habitants et notamment les
propriétaires qui ont vu les taxes foncières augmenter
considérablement. Cette hausse d'impôt aurait pu être
évitée si le redressement s'était réellement fait
en sept ans ». « La hausse des impositions locales a
apporté 4,6 millions de francs dès la fin 1998..... Au titre du
ministère de l'intérieur, l'Etat a accordé 4,6 millions de
francs de subventions exceptionnelles.
Quant au député François Loncle, il se
réjouit surtout « de voir la ville conserver les fonds
européens et de prendre une option intéressante vers une
prochaine intercommunalité ». Le passif était de 37
millions de francs. La mise en place d'un mission interministérielle,
animée par le préfet Thierry Klinger, a permis de maintenir les
plans de développement économique et social tout en faisant
retomber le passif à des niveaux compatibles avec le train de vie de la
collectivité.
Aussi, les élus, face à la production des chambres
régionales des comptes, sont perplexes. Car c'est à la fois une
ressource pour les postulants aux fauteuils des édiles en place et une
contrainte, car il faudra bien gérer un problème parvenu sur la
scène publique.
Témoin de cette perspective, les débats
animés du conseil municipal de Rouen, parus dans
« Paris-Normandie » en date du 20 septembre 2000, entre
l'ancien maire, François Gautier et le nouveau, Yvon Robert.
« Des batailles de chiffres ponctuées par les graphiques
(improvisés ?) du maire, on est passé aux coups plus bas,
chacun s'efforçant de trouver des défauts dans la cuirasse de
l'adversaire : « vous avez fait réaliser un audit de
complaisance en 1995 pour noircir le tableau » a affirmé
François Gauthier avant d'exhumer un rapport de la CRC de 1996
soulignant que le SIVOM avait mené plusieurs opérations sur le
chantier du métro sans appel d'offres....Dans sa réponse, Yvon
Robert a déploré le recours de Bertrand Bellanger aux
défunts : « ce qui permet d'occulter le débat et
de rejeter l'indignité sur les autres ». Revenant sur le
métro, le maire a affirmé que son prédécesseur
avait tout simplement saboté le dossier « pour ne pas que les
socialistes puissent l'utiliser dans la campagne de 1995 ». .
[2) Les relations
entre la chambre et les Préfets
De puis la disparition de la tutelle, le préfet
contrôle a posteriori que les actes des collectivités locales et
de leurs établissements publics sont conformes à la
légalité. Cette légalité doit être externe et
interne, et si elle n'est pas respectée, le préfet
défère devant la juridiction administrative compétente.
Mais le pouvoir du préfet va au-delà puisqu'il a la
faculté de juger l'illégalité mineure et de ne pas
déférer l'acte incriminé ou de ne pas exercer sa
faculté d'autorité.
Le préfet dispose donc d'une marge de manoeuvre
appréciable, ce qui n'a pu manquer de susciter les réactions des
CRC, qui ne pouvant exercer de pression sur le représentant de l'Etat,
rappelle souvent aux ordonnateurs les dispositions légales en
vigueur.
Outre la capacité de manoeuvre du préfet, donnant
de la souplesse au système, la règle de droit peut être
mouvante, en fonction de la jurisprudence constituée.
Néanmoins, le véritable contrôle de
légalité est donc subordonné à la transmission des
actes concernés alors même que rien n'empêcherait la CRC de
se prononcer sur la légalité des actes des institutions
concernées.
Par contrecoup, les dissonances entre les différents
organes administratifs provoquent souvent des réactions violentes chez
les élus, qui ne comprennent pas les différences
d'appréciations entre le Préfet et les CRC, et qu'il retrouve,
par exemple, dans les lettres d'observations, et pourtant qui n'ont pas de
faculté contentieuse.
Ce qui provoque également des dissensions entre le corps
préfectoral et les chambres régionales.
« C'est-à-dire que eux [les préfets] vont voir, vont
passer au contrôle de légalité tous les actes de la
collectivité, donc ses marchés, le recrutement de ses personnels,
etc.. C'est le contrôle de légalité qui remplace la tutelle
.. [le préfet à la faculté de déférer au
tribunal administratif, TA], le Préfet, dans son rôle de
régulation, va éviter de multiplier les contentieux. De
façon à ne pas embouteiller les TA avec les contentieux...Nous,
on peut parfaitement percevoir des actes irréguliers mais qui ont quand
même passé un filtre... Bon ça, c'est un problème
d'articulation du fonctionnement du contrôle de légalité.
C'est une des sources d'agacement des élus... ils se croyaient dans la
sécurité et ils n'y sont pas »77(*).
[3) La chambre
régionale et le juge judiciaire
Autre acteur potentiel des relations existant entre une CRC et
son environnement, le juge judiciaire. Car les délits relevant du
pénal échappent évidemment à l'autorité des
CRC. Dans le rapport 1995, il est même précisé que la
qualification des faits appartient à l'autorité judiciaire. Pour
autant, les relations entres les deux autorités peuvent être
consubstantielles car le juge judiciaire peut être demandeur
d'information, à la suite de la publication de lettres d'observations
définitives ou d'extraits publiés par la presse. Ainsi, sur les
cas pouvant être qualifiés de délictueux :
« Les transmissions que nous avons fait portaient
toutes sur des histoires de marché public.. Dans lesquels des personnes
physiques et morales étaient impliquées... Cela étant, les
transmissions que l'on fait au parquet pénal ne sont pas très
nombreuses, il y en a 2, 3 par an.. On n'est pas dans le midi, Dieu
merci »78(*).
L'INTÉGRATION DES
ENJEUX AU NIVEAU NATIONAL
[1) Un processus
politique qui a contribué à solidifier le périmètre
d'intervention des chambres régionales des comptes
Primitivement, rien ne laissait présager d'une telle
évolution. La loi du 5 janvier 1988 peut être
considérée comme étant technique, puisqu'elle faisait
glisser le contrôle des petits comptes sous la tutelle du
Trésorier Payeur Général et soulageait du même coup
l'activité des chambres régionales des comptes.
Ce sont les scandales politico-financiers qui ont
contribué à remodeler le paysage, telle l'affaire Urba-Graco, ou
encore le cas de la ville d'Angoulême ainsi que celle de Nice, puisque
c'est en raison de l'action des magistrats régionaux que l'ancien maire
a pris la fuite. Plus récemment et comme pour confirmer
l'évolution récente, les travaux de la chambre régionale
d'Ile-de-France ont permis de mettre en évidence de graves
irrégularités portant sur la passation de marché public au
niveau de la région Ile-de-France79(*).
En effet, la loi n°90-55 du 15 janvier 1990, comporte une
innovation fondamentale dans la mesure où elle pose le principe de la
communication à l'assemblée délibérante des
observations définitives formulées par les chambres
régionales des comptes dans le cadre de l'examen de la gestion des
collectivités locales. Nous sommes ici relativement loin des processus
d'ajustements entre le politique et l'administratifs, tels qu'ils se
déroulaient antérieurement à la réforme de 1982.
Effectivement, dans la mesure les résultats du
contrôle de gestion sont désormais publics, cela bouleverse tous
les systèmes politiques locaux. Or, la procédure, si elle est
contradictoire, ne prévoit pas de recours devant une quelconque
juridiction d'appel, quand bien même il est prévu une
procédure contradictoire.
De fait, l'élu local est sérieusement
perturbé, car la publicité induit une distorsion sur le
marché politique local, et son relais étatique habituel, le
préfet, ne peut plus lui être d'aucune utilité. Par
ailleurs, la loi du 29 janvier 1993, relative à la prévention de
la corruption et à la transparence des activités
économiques à renforcé certaines règles de
procédures applicables devant les chambres régionales des comptes
et celle du 8 février 1995 a renforcé les pouvoirs des
juridictions financières sur les services publics
délégués. Par ailleurs, la jurisprudence du Conseil d'Etat
a pu contribuer à consolider le périmètre d'intervention
des chambres80(*). Enfin,
le législateur a réaffirmé sa volonté de traquer le
moindre processus de dépense des fonds publics, par la loi du 12 avril,
en renouvelant les obligations de conventions, lorsque les collectivités
subventionnent des associations ou des sociétés d'économie
mixte (SEM). Cette mesure vise clairement ce qu'on appelle autrement
« les satellites ».
[2) Le Sénat
comme agrégation des revendications politiques locales et
réceptacle des capacités d'intégration politique
La grande chambre conservatrice, pour reprendre une expression de
Thiers datant du siècle dernier, se fait l'écho directement ou
indirectement (notamment par l'intermédiaire des nombreuses associations
d'élus locaux) des revendications, récriminations ou observations
critiques de l'activité des chambres régionales des comptes.
Témoin de cette coalescence d'intérêt, le
rapport n° 520 du Sénat, intitulé « CHAMBRES
REGIONALES DES COMPTES. Un dialogue indispensable au service de la
démocratie locale » sous-titré « Commission
des Finances - Commission des Lois . Groupe de travail commun sur les
chambres régionales des comptes ».
Comme le rappelle J.C. Thoenig81(*), la relation entre l'Etat et les collectivités
locales s'est considérablement modifié depuis 1981.
« Le changement passe désormais par les structures »
et de fait, l'étude de son système d'action permettrait
probablement de voir, à partir des études
antérieures82(*),
les mutations engendrées par les différentes dispositions
législatives et administratives, tendant, a priori, à valider les
hypothèses défendues par certains sur la
« territorialisation » à l'oeuvre sur le territoire
hexagonal83(*).
Cette hypothèse de territorialisation est plus pertinente
mais elle ne remet pas en cause les schémas d'intégration
politique proposé par le système politique français. En
raison des particularités du système électif
français, du cumul des mandats et de la répartition des
compétences et des attributions entre les deux chambres du modèle
français, on peut ici légitiment considérer, eu
égard à la position des sénateurs et à la
qualité des intervenants, que le rapport témoigne de
manière claire et légitime de la position d'une majorité
d'élus locaux à l'encontre des chambres régionales des
comptes. Cette action peut être considéré comme un
remembrement des possibilités d'expression des gouvernements locaux.
De façon générale, les élus n'ont pas
à se plaindre de la décentralisation et vante même leur
bilan. Ainsi, à la page 96 du rapport, : « Acteurs
économiques et sociaux de premier plan, les collectivités locales
apparaissent également dans leur quasi-totalité, comme des
entités bien gérées, en dépit de la montée
des dépenses incompressibles, de l'explosion des dépense
sociales, des transferts de compétences mal compensés et de la
progression modérée des concours de l'Etat. C'est ainsi que
l'endettement des collectivités locales, qui s'élève
à 825 milliards de francs, est resté stable : il
représente, depuis plus de 20 ans, environ 10% du PIB.
Cette dette équivaut à moins d'une année du
total des budgets locaux, alors que l'Etat devrait consacrer deux ans et sept
mois de son budget pour rembourser sa dette qui s'élève à
4.100 milliards de francs. En outre, les collectivités locales ont
dégagé, en 1997, grâce notamment à une gestion
active et avisée de leur dette, une capacité de financement
également à 0,20% du PIB.
Cet excellent résultat contraste avec les
« contre-performances » de l'Etat et des organismes de
sécurité sociale qui ont affiché un déficit
équivalent à 3,2% du PIB. C'est la bonne gestion des
collectivités locales qui a permis à la France de se qualifier
pour l'euro. »
Cependant, l'un des problèmes majeurs se posant aux
élus concerne les lettres d'observation portant sur la gestion des
organismes, établissements ou associations contrôlés.
[3) Des demandes
d'adaptation différenciées
Ainsi, le contrôle budgétaire, permettant une
surveillance juridique de l'adoption du budget, est très bien
accepté car les mécanismes mis en place, notamment les
possibilités de saisine, permettent probablement de solutionner des
situations problématiques. De façon générale, s'ils
critiquent les problèmes liés à l'articulation des
compétences entre les Préfets et les magistrats, ils ne
souhaitent ici que des améliorations positives, et même s'ils
souhaitent créer un pôle de compétence juridique autour du
Préfet (que visiblement, ils préfèrent), ils souhaitent
surtout se prémunir contre « l'insécurité
juridique », en créant, pourquoi pas des agences
départementales regroupant les parties concernées.
Un second groupe de reproches peut être discerné
concernant l'asymétrie de traitement des collectivités locales,
qui ne sont pas les mêmes d'une chambre à l'autre.
Rapportés à leurs effectifs, les sénateurs ont même
demander par la suite, et sans succès, une augmentation des moyens.
Beaucoup plus problématique est le cas de l'examen de
gestion puisque nombre d'élus s'en plaignent, eu égard au
caractère public des lettres d'observations définitives.
Les magistrats auraient ainsi du mal à distinguer le
contrôle de régularité (le terme de
référence) du contrôle d'opportunité, à
proscrire, puisqu'ils supposent un jugement de valeur sur des projets
politiques.
Or, et les élus le soulignent eux-même, en raison de
la variété des situations juridiques, de l'absence de consensus
sur le périmètre d'application du concept de
régularité, les magistrats peuvent être amenés
à porter des jugements qui ne tiennent pas compte du contexte local.
Pêle-mêle, les élus reprochent
également l'absence de critères communs aux interventions des
chambres, une procédure contradictoire limitée, dépourvue
in fine de possibilité de recours [pas d'actes faisant grief, pas
d'instance d'appel], et l'absence de véritables recommandations
concrètes afin de solutionner les problèmes mentionnés.
Aussi, les élus proposent-ils que le contrôle de gestion
évolue vers un véritable audit permettant à la
collectivité de s'appuyer sur un véritable outil d'aide à
la décision.
Ils sont surtout et très probablement irrités de
n'avoir aucune source de recours devant les pouvoirs d'examen de gestion
détenus par les chambres régionales des comptes, alors que leurs
collègues étrangers ont même la faculté de nommer
les responsables de l'Audit public.
[4) La profondeur
des réseaux d'action publique
Chaque acteur détient donc sa propre logique,
appuyé sur ses propres ressources.
Dans un environnement hypercontraint, caractérisé
par l'impossibilité des acteurs de changer directement les règles
de droit fondamentales, comment peuvent-ils donc réagir. Nous allons
ici nous appuyer sur les réseaux d'action publique afin d'avoir une
approche différenciée de l'activité de l'Etat et
« comme outil descriptif d'un Etat
fragmenté »84(*).
A partir des analyses formulés par Rhodes85(*) et qui portent sur l'analyse
entre le centre national et les périphéries locales en
Grande-Bretagne et le modèle de Wilks et Wright86(*), nous souhaitons reprendre
quelques-uns des postulats formulés par ces auteurs afin
d'éclairer les relations entre les acteurs du système d'action
local. Rhodes postule notamment la dépendance des organisations
vis-à-vis des ressources d'autres organisations, le nécessaire
échange de ressources dans l'accomplissement des objectifs de
l'organisation, l'importance d'un potentiel de pouvoir relatif et d'un niveau
meso qui fait le lien entre le macro et le micro.
Wilks et Wright mettant l'accent, dans un monde industriel, sur
l'importance des réseaux sociaux et sur le fait que les
communautés de politiques publiques et les réseaux de politique
publique deviennent des processus de liaison permettant de façon
systémique la circulation de l'information et l'intégration des
problèmes.
En outre, comme le souligne Andy Smith87(*), en France, le cumul des
mandats permet de rendre les réseaux d'élus très
performants, par exemple, grâce à la redynamisation de
l'Association des Présidents de Conseils Généraux, mais on
pourrait ici également citer l'Association des Maires de France ou
s'interroger sur la place de l'Assemblée des districts et
communautés de France, dirigée à l'époque des
auditions réalisées par le Sénat, par Marc Censi.
Sans approfondir le sujet, notons que tous ces groupements sont
représentés par des hommes placés à droite de
l'échiquier politique, mais par absence d'analyse et donc de
données, nous nous abstiendrons d'y faire référence dans
notre analyse.
Comment se pratique alors la coordination des acteurs88(*) dans un système
verrouillé par les régles du jeu édictées par le
centre ?
Certes, l'organisation des systèmes
d'intérêts est marqué par le centralisme et le
corporatisme, mais il n'empêche nullement les acteurs de participer au
système d'action afin de protéger ce qu'ils estiment être
leurs intérêts.
Gérald Lehmbruch89(*), faisant le point sur la diversité des
analyses portant sur l'organisation des stratégies administratives,
constate que certains auteurs soulignent la particularité du cas
français, marqué par le centralisme et le corporatisme. Ainsi,
les problématiques de coordination au sein d'un secteur a fin de
résoudre des problèmes ou liés à des thèmes
mis sur agenda, se heurterait au poids des élites et des structures
institutionnelles.
Pour autant, et malgré l'évolution récente,
qui a vu se modifier les rapports entre pouvoir et territoires, et même
si l'action publique est flexible, peut-on pour autant être sur de son
caractère fragmenté et incertain90(*) ?
Dans le tableau qui suit et qui tente de modéliser les
possibilités d'action en réseau des différents acteurs du
système d'action local, nous avons essayé de mettre en
évidence leurs possibilités d'action.
[5) Tableau
synoptique des réseaux d'acteurs liés au système
d'action
DÉFINITION DES ACTEURS
|
TYPE DE RÉSEAU
|
CARACTÉRISTIQUE DU RÉSEAU
|
AUTONOMIE DU RÉSEAU
|
FORCE DE PÉNÉTRATION DU RÉSEAU
|
COLLECTIVITÉS LOCALES
FILIÈRE ELECTIVE
|
COMMUNAUTÉ DE POLITIQUE PUBLIQUE NATIONALE ET LOCALE
|
STABILITÉ, MEMBRES STRICTEMENT SELECTIONNÉS SUR
CRITÈRES DE STATUT, ARTICULATION HORIZONTALE LIMITÉE,
ÉVOLUTION AU NIVEAU MACRO
|
FORTE AUTONOMIE BASÉE SUR DES INTÉRÊTS
SECTORIELS ET THÉMATIQUES.
POSSIBILITÉ DE DÉFINITION DES ENJEUX ET DES BUTS DU
SECTEUR D'ACTIVITÉ.
|
PUISSANTE. LIENS PARTISANS ; LIENS SOCIÉTAUX ;
DÉMULTIPLICATION POSSIBLE DES RESSOURCES DE LA FILIÈRE
ÉLECTIVE VOIRE GOUVERNEMENTALE ; FORTE CAPACITÉ DE
MOBILISATION ; ACCÈS AU NIVEAU MACRO, POSSIBILITÉ MARGINALE
DE CHANGER LES RÈGLES DU JEU
|
COLLECTIVITÉS LOCALES
FILIÈRE ADMINSTR -ATIVE ET PROFESSIONNEL
|
RÉSEAU A CARACTÈRE PROFESSIONNEL ;
POSSIBILITÉ D'ACTION THÉMATIQUE
|
STABILITÉ ; MEMBRES SELECTIONNÉS SUR DES
CRITÈRES D'ORDRE PROFESSIONNEL ; FORTE ATICULATION HORIZONTALE.
ARTICULATION MICRO/MÉSO PUIS MÉSO/MACRO AVEC LES CRC
|
FORTE.
LIÉS À LA DÉFENSE DES
INTÉRÊTS SOCIOPROFESSIONNELS.
|
FAIBLE.
PAS DE POSSIBILITÉS DE CHANGER LES RÈGLES.
POSSIBILTÉ D'INTERVENIR SUR LES PÉRIMÈTRES
D'EXPERTISES
|
CHAMBRES RÉGIONALE DES COMPTES
FILIÈRE CENTRALE
PRÉSIDENTS DE CHAMBRE ET CORRESPONDANTS À LA
COUR
|
RÉSEAU À CARACTÈRE PROFESSIONNEL ;
POSSIBILITÉ D'ACTION THÉMATIQUE RESTREINT AU CORPS
OU OUVERT À L'ENSEMBLE DES MAGISTRATS
|
TRÈS FORTE STABILITÉ
SÉLECTION SUR CRITÈRES SCOLAIRES ET
PROFESSIONNELS ; ARTICULATION HORIZONTALE ET VERTICALE ; ARTICULATION
MÉSO/MACRO ;
|
TRÈS FORTE.
DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU CORPS
DÉFENSE DES INTÉRÊTS DE L'INSTITUTION
CAPACITÉ A DÉFINIR LES BUTS ET LES ENJEUX DU
SECTEUR
|
FORTE
POSSIBILITÉ D'INFLUENCER LES CHANGEMENTS DES
RÈGLES, DE MODIFIER L'ORGANISATION INTERNE, DE PROVOQUER DES MUTATIONS
OU DES NOMINATIONS, D'UTILISER DES RÉSEAUX INTERMINISTERIELS OU
INTERGOUVERNEMENTAUX.
|
CHAMBRES RÉGIONALES DES COMPTES
FILIÈRE PRINCIPALE
MAGISTRATS ET ASSIMILÉS
|
RÉSEAU À CARACTÈRE PROFESSIONNEL ;
POSSIBILITÉ D'ACTION THÉMATIQUE
|
FORTE STABILITÉ.
SÉLECTION SUR CRITÈRES, SCOLAIRES, PROFESSIONNELS
ET ADMINISTRATIFS ; ARTICULATION ESSENTIELLEMENT HORIZONTALE
|
FORTE
DÉFENSE DES INTÉRÊTS DE LA PROFESSION.
SYNDICAT DES MAGISTRATS PUISSAMMENT MAJORITAIRE (SMJ - 80% DES MAGISTRATS)
|
FAIBLE
CAPACITÉ LIMITÉ AU CORPS DES MAGISTRATS.
PAS E POSSIBILITÉ DIRECT D'ACCÈS AU NIVEAU MACRO
MAIS POSSIBILITÉ D'UTILISER LES RÉSEAUX THÉMATIQUES.
|
POSITION NATIONALE,
POSITION LOCALE : DE L'EXAMEN DE GESTION À L'ÉVALUATION DES
POLITIQUES PUBLIQUES
Il s'agit maintenant de rattacher l'analyse des capacités
de mobilisation des acteurs aux enjeux clivants du secteur dans lequel ils
évoluent.
[1) Un magistrat
n'est pas Préfet : les deux corps du roi
C'est à l'occasion de l'établissement de ce rapport
que les plus éminents représentants de l'institution des comptes
et des représentants du corps préfectoral ont pu définir
leur position. M. Pierre Joxe, Président de la Cour des comptes, a eu
ainsi l'occasion d'expliquer que l'articulation entre le contrôle de
légalité et le contrôle de gestion était peu
satisfaisante.
Joël Thoraval, Préfet de la Région
Ile-de-France, Président de l'association du corps préfectoral, a
lui aussi souligné la complexité des interactions entre le
magistrat financier et le représentant territorial de l'Etat pour le
contrôle financier. Cependant, il a ajouté que les chambres
régionales jouaient un rôle croissant dans la régulation de
la décentralisation, contribuant ainsi à renforcer le sentiment
d'insécurité juridique parmi les élus, liée
à la double contrainte, juridique et financière. Il a
néanmoins reconnu que les préfets avaient un pouvoir
d'appréciation discrétionnaire des irrégularités et
que le Préfet devait « tenir compte des réalités
locales ».
Comme on le voit, la position du représentant des
Préfets n'est exactement la même que celle du représentant
des magistrats financiers. Il est vrai que l'institution des chambres est
récente et qu'elle a vite évolué. Reste que tous les
acteurs ont à cette occasion, notamment sous l'impulsion des
élus, pris conscience du glissement vers des problématiques
financières plus complexes. Comme l'a rappelé Maître De
Castelnau au cours de son audition, les contrôles financiers externes au
niveau européen ne feront que renforcer la légitimité
d'organes de contrôles financiers indépendants.
[2) Le
contrôle de gestion ou l'évaluation des politiques
publiques ?
Pour Madame Danièle Lamarque91(*), « l'examen de la
gestion recouvre les axes de contrôle couramment décrits dans la
terminologie internationale de l'audit par le triptyque des « 3
E » : économie, efficience et
efficacité.......La vérification de l'efficience (les meilleures
prestations au meilleur coût) commence à peine à s'imposer.
Celle de l'efficacité (quantification du service rendu et degré
de réalisation des objectifs) est encore à
l'ébauche................... La gestion et son contrôle sont
ainsi appelés à suivre la même évolution, de la
sécurité juridique et financière vers le suivi des
performances et des résultats. L'évaluation de la
réalisation d'un complexe sportif, ce n'est pas seulement l'assurance
que la construction ait été régulièrement
conduite : c'est aussi apprécier une gestion, des moyens, des
utilisateurs, une politique, des effets sur la vie de la cité».
Madame la Présidente est particulièrement
impliqué dans cette démarche visant à
généraliser des principes d'évaluation des politiques
publiques, et elle constitue même une sorte de fer de lance, puisque
elle-même fait du Conseil National de l'Evaluation, en qualité de
membre de la Cour des comptes, lequel a été mis sur pied en
février 1999 et dont le but est justement de développer ces
problématiques en intégrant l'ensemble des acteurs territoriaux
et en multipliant les analyses comparatives92(*).
Cette tendance à la diffusion du modèle
d'évaluation des politiques publiques et elle est acceptée par la
plupart des acteurs du système d'action car elle correspond à un
besoin de transparence et d'efficacité des fonds publics.
« François Cellier, chargé de la Commission des
méthodes des Chambres régionales des comptes,
préfère répondre par un exemple précis et
chiffré : le dernier contrôle effectué par la CRC Ile-
de-France sur le syndicat des eaux de cette région a permis à
quatre millions d'habitants d'économiser 50 centimes par mètre
cube d'eau consommé.
Le contrôle de la chambre a en effet débouché
sur la renégociation du contrat liant le syndicat à son
prestataire de services avec, à la clef, 133 millions de francs
d'économies, répercutées en partie sur la facture des
abonnées »93(*).
L'intervention de la chambre régionale des Pays de Loire
sur la politique culturelle de la ville de Nantes participait du même
processus. Et il ici intéressant de voir sur quels critères les
magistrats ont effectué leurs interventions. Ils ont d'abord
défini quatre familles de paramètres suivants :
évolution sur plusieurs exercices de la part du secteur culturel dans le
budget de la ville en tentant d'expliquer les tendances
constatées ; les priorités de l'intervention culturelle
[répartition par secteurs] ; le financement de la dépense
culturelle et le régime tarifaire ; le coût à
l'usager.
Ensuite, la chambre a procédé à, l'examen
des missions et objectifs annoncés ; des charges et des produits
budgétaires ; de la fréquentation ; de la tarification
du service et des ressources annexes ; des relations avec des
équipements culturels complémentaires ; de l'accueil des
journalistes, pour l'opéra, et les catalogues d'exposition, pour le
musée ; du degré de respect des imputations
budgétaires ; du détail des dépenses de personnel.
Et l'on a pu constater la même chose en Allemagne. La
chambre régionale de Saxe a ainsi comparé, relativement à
des installations de traitement des eaux, le coût des modes de gestion
possibles (régie ou délégation), c'est-à-dire
qu'elle a procéder à une mission classique d'audit afin de
déterminer si le bon emploi des fonds, c'est-à-dire le concept de
« Value-for-Money », a respecté. John Sherring, de
l'Audit Commission of England and Wales, le résume très bien
« Les collectivités locales ne peuvent plus se permettre de
perdre de l'argent »94(*).
En France, une première mission nationale
d'évaluation des politiques publique a eu lieu en 1998 avec
l'enquête sur la voirie routière des départements
lancée par la Cour des comptes.
Pour Vincent Potier, Directeur Général des
Services, et Jean-Luc Boeuf, Secrétaire Général de la
Roche-sur-Yon, qui commentent les activités des chambres, observent que
ce phénomène est récent : « C'est une
direction dans laquelle elles se lancent, l'évaluation au sens plein du
terme , c'est-à-dire regarder les résultats par rapport aux
objectifs fixés et aux moyens mis en oeuvre. On avait déjà
vu cela avec l'étude de la CRC Haute-Normandie sur le Pont de Normandie.
Mais cela devient quasi systématique sur la politique touristique et la
politique économique. Il faut relever que les chambres ont une approche
macro- économique, alors que, par comparaison, l'évaluation des
contrats de plan, par exemple, a trop souvent eu une approche
microéconomique. »95(*)
[3) Vers une
évolution sensible du mode de régulation ?
Certes, il y a évolution relative du contenu des missions
des chambres mais le phénomène de l'audit reste néanmoins
problématiques. Car, pour beaucoup, cela serait dénaturer la
mission initiale des magistrats et cela poserait beaucoup trop de
problèmes. La mission des magistrats est de représenter la
société afin de demander des comptes à tout agent public
de son administration, en vertu de l'article de l'article 15 du
préambule de la constitution. Aussi, les magistrats ne sont-ils pas
forcément d'accord pour évoluer vers une position de conseil, qui
ne correspond pas forcément aux idéologies de service public
animant les systèmes de valeurs des cadres administratifs
français.
Pierre Rocca, Président du Syndicat des Juridictions
Financières (SJF) reconnaît, lors du Congrès tenu par son
syndicat en octobre 1998, que les positions prises par les sénateurs
lors de l'établissement du rapport Amoudry sont nuancées et
positives pour les chambres96(*).
Cependant, « Nous ne pouvons être à la
fois conseillers et contrôleurs de la gestion publique. Ce serait
incompatible avec le droit européen le plus récent qui prohibe le
mélange des genres entre fonctions juridictionnelles et fonction de
conseil. Les lettres d'observations et les débats contradictoires qui
les précèdent ont souvent un effet pédagogique. Nous
expliquons le fondement de nos observations, qui le plus souvent sur le
non-respect, par dérive issue de l'habitude, des règles
simples ».
Les magistrats financiers ne sont donc pas forcément
acquis à une évolution de leurs métiers qui ne
correspondraient à la nature véritable de leur mission ou
à leur périmètre de compétence. En outre, les
élus des collectivités locales ou territoriales, reprenant le
principe d'opportunité voit toujours d'un mauvais oeil les interventions
de nature prescritive. Les principes d'action du magistrat financier doivent
être avant tout de nature descriptive : elles doivent se borner
à l'énumération des faits prévus par les textes de
lois. C'est ce que les élus suggèrent en reformulant le
problème de l'examen de la gestion.
[4)
Intégration et non-résolution de problèmes
En effet, les élus locaux, territoriaux et
sénatoriaux ont beaucoup avancé dans leurs réflexions sur
la place des chambres régionales des comptes.
Les propositions avancées à la suite du rapport
n° 520 du Sénat en sont un bon exemple. On relève notamment
la préconisation d'un délai de neutralité de six mois, au
cours duquel aucune lettre d'observation définitive (LOD) ne pourrait
être envoyée ; une meilleure organisation des chambres afin
d'éviter tout type de discrimination, en tout point des
territoires ; la possibilité d'une forme de recours, avec la
qualification des LOD (Lettres d'Observation définitives) de
décisions susceptibles de faire grief.
Surtout le rapport préconise une reformulation de l'examen
de gestion, qualifié à l'article L. 211-8 du code des
juridictions financières, en proposant les termes suivant :
« L'examen de gestion porte sur la régularité des
actes de gestion et sur l'économie de moyens mis en oeuvre par rapport
aux objectifs fixés par l'assemblée délibérante
sans que ces objectifs, dont la définition relève de la
responsabilité exclusive des élus, puissent eux-mêmes faire
l'objet d'observations.
Les observations que la chambre régionale des comptes
formule à cette occasion mentionnent les dispositions
législatives ou réglementaires dont elles constatent la
méconnaissance. Elles prennent en compte expressément les
résultats de la procédure contradictoire avec l'ordonnateur de la
collectivité concernée.
L'importance relative de ces observation dans la gestion de la
collectivité ou de l'établissement public est
évaluée. Enfin, elles formulent des recommandations sur les
aspects de la gestion examinée par la chambre »
[5) Le
modèle français du contre-rôle
Les sénateurs ne peuvent que proposer car ils n'ont aucun
moyen de pression sur les chambres régionales des comptes. Ils ne
peuvent en aucune façon modifier le cadre réglementaire de leurs
actions.
Ainsi que le souligne Bernard Levallois, Conseiller
Référendaire à la Cour des comptes et Président de
la chambre régionale des comptes d'Alsace, les récentes
décisions prises par le Conseil d'Etat ne laisse d'autre choix aux
pouvoirs publics que de renforcer la fiabilité juridique du
contrôle de légalité97(*), notamment afin de protéger les petites
communes contre des possibilités d'insécurité juridiques,
qui est l'une des grandes sources d'insatisfaction territoriale.
Ce motif d'insécurité juridique et le nombre
important de communes en France (plus de 36 000) avait même conduit le
Président du Syndicat des juridictions financières, M. Pierre
Rocca, à proposer une réactivation d'agences
départementales98(*) afin d'assister les petites communes. A contrario, M.
Rocca n'est pas très favorable au développement de pôle de
compétences communs avec les services préfectoraux, notamment en
raison de l'implication des préfets dans les projets communs avec les
collectivités territoriales et parcequ'il craint de ce fait un
amoindrissement des moyens alloués aux chambres régionales.
C'est aussi une façon de répondre à l'une
des propositions du rapport Amoudry-Oudin qui préconisait
éventuellement une assistance technique de magistrats financiers qui
aurait été rattaché, au sein de pôles de
compétences comprenant également d'autres magistrats
territoriaux, au Préfet. Cette proposition, il est vrai, émanait
d'un premier rapport, suggéré par le Conseil d'Etat en 1993.
Le rapport Houssin (« Sur la simplification de l'Etat
dans ses relations avec les collectivités locales »)
préconisait également un renforcement des capacités
juridiques des services déconcentrés de l'Etat.
Le système français est en effet marqué par
une forte indépendance de son système de contrôle externe.
« Dans de nombreux pays, le contrôle externe des régions
est organisé et financé par les régions elles-mêmes.
Les responsables des institutions chargés du contrôle, les
Présidents [des chambres allemandes] et des sindicaturas espagnoles ou
les vérificateurs généraux des provinces du Canada, sont
tous nommés par les collectivités qu'ils contrôlent.
S'agissant des communes, que ce soit en Angleterre et au pays de
Galle ou en Hollande, elles ont souvent le choix du contrôleur, comme une
entreprise à le choix de son commissaire aux comptes.
En Angleterre et au pays de Galle, le District audit, qui est une
institution publique, est en concurrence pour le contrôle des communes
avec les grands cabinets privés d'Audit »99(*).
Dans un pays marqué par le centralisme et l'absence
d'expériences politico-administratives marqués par le
polycentrisme, les tentatives de réformes proposées s'inscrivent
dans une logique d'indépendance juridictionnelle. Les membres de la Cour
des comptes proposent donc des solutions en accord avec leurs fonctions et leur
position au sein du système d'action.
Alain Sérieyx, Président de la chambre
régionale de Provence-alpes-côte-d'azur, conseiller
référendaire à la Cour des comptes, en 1996, rappelait que
la fonction était nouvelle et que la formule adoptée par le
législateur, «particulièrement floue, permet toutes les
interprétations, extensives ou restrictives »100(*) .
Or, la présence d'apories législatives ou
institutionnelles, voulues ou non par le législateur ou le
décideur politique, ne peut que conforter le rôle fondamental des
instances ou institutions en présence, dans la mesure ou l'absence de
clivages est de nature à révéler la logique potentielle
des institutions.
Sans intervention de celui qui peut modifier les tables de la
loi, ces dernières ont naturellement tendance à s'épanouir
dans leur propre mode de fonctionnement.
Les relations contrastées entre les chambres et les
élus sont donc « une question d'une perpétuelle
actualité ». Le modèle français est celui
« du contre-rôle101(*) (contra-rotulus, à côté
de ; « rotulus », rôle, registre : lire, et
exploiter, des informations, à côté des
collectivités examinées) qui est exercé par les chambres,
participe de l'équilibre de la décentralisation.
Il est confié à une juridiction
indépendante, composée de magistrat statuant
collégialement, placée en dehors des influences, qu'il s'agisse
de celles des représentants et services de l'Etat, ou de celles des
organismes locaux vérifiés ».
Et surtout, l'auteur de réitérer la vocation de
cette institution, qui est celle de contrôler les comptes en affirmant la
plus stricte neutralité dans la conduite des affaires dont elle a la
charge, tout en jouant le rôle qui est le sien dans l'éclairage de
certains choix publics. La mission du magistrat financier reste donc emprunt de
cet ethos de haut fonctionnaire, dont la vocation sert la collectivité
nationale et les collectivités locales.
Ce socle idéologique reste à rapporter,
peut-être, à la particularité de la construction de
l'idéologie Service Public, devenu un enjeu et une ressource
légitime, au fil du développement des institutions
étatiques et de l'intervention de l'Etat. Ce qui fait, qu'aujourd'hui,
les institutions, acteurs ou instances de contrôle puisent dans cette
idéologie afin de justifier leurs interventions.
Aussi, surdéterminées par les logiques de corps et
par l'histoire d'une institution prestigieuse, les solutions proposées
ne peuvent être qu'un aménagement des dispositions existantes,
telles qu'elles peuvent être conçues et réalisées au
sein d'un espace institutionnel animé par des hauts fonctionnaires
conscients de leurs responsabilité et de leurs compétences.
Gilles Cazenave ne propose pas de solutions particulières
si ce n'est une plus grande attention apportée à
l'échange, au dialogue et à la publicité.
Pierre Fabre102(*), Président de Section à la chambre
régionale de Provence-Alpes-Côtes d'Azur, aurait une solution plus
iconoclaste qui consisterait à fusionner les tribunaux administratifs
avec les CRC. La solution aurait l'avantage, d'après l'auteur, de
simplifier les structures administratives françaises, de faciliter
d'éventuels recours contentieux, d'éviter des conflits de
compétence et de créer un corps unique de magistrats,
interchangeables dans les deux spécialités, administratives ou
financières.
Bernard Levallois103(*) préconise deux suggestions plus en rapport
avec l'existant « La première serait de faire rentrer au
Conseil supérieur des chambres régionales des comptes des
représentants qualifiés des collectivités
territoriales » afin qu'ils puissent participer à
d'éventuelles propositions de réorganisation des chambres.
« La deuxième serait de créer, auprès de ce
Conseil supérieur, par exemple, un comité chargé de
définir les normes de contrôle à exercer par les chambres
régionales des comptes ».
Laquelle question est traitée par la Commission des
méthodes, à la Cour des comptes, qui n'a aucun pouvoir normatif
et qui n'est qu'une simple instance de coordination.
« Même s'il n'est pas toujours facile de dire
où s'arrête le contrôle financier et où commence le
contrôle d'opportunité, nous devons absolument nous pencher sur le
risque de glissement vers le contrôle d'opportunité, insiste
Daniel Hoeffel, sénateur du Bas-Rhin. Les élus locaux, en
contrepartie de la transparence de leur gestion, sont en droit d'attendre le
respect de leur fonction ».
Aussi, faute d'une base légale suscitant un consensus
notable, pour Philippe Limouzin-Lamothe, « les magistrats financiers
s'assurent du respect du cadre légal et réglementaire et
vérifient que les obligations de transparence sont satisfaites. Les
critères d'appréciation économiques viennent en second, et
en second seulement »104(*).
Pour Roland Ries, à l'époque Maire de
Strasbourg, « il faut s'acheminer vers l'élaboration de
références communes, connues et acceptées de tous. Une
fois les modalités pratiques du contrôle bien définies en
amont, le débat sur l'opportunité perdra de son
acuité ».
CONCLUSION.
Que peut-on dire alors de l'évolution de l'examen de
gestion vers l'évaluation des politiques publiques, compte-tenu des
éléments structurant les interventions des magistrats des cours
des comptes ?
Un système d'action
orienté vers un ajustement marginal105(*)
Compte-tenu des éléments que nous avons
évoqués, l'évaluation des politiques publiques
apparaît bien comme un processus d'ajustement du système
d'action.
A partir des éléments que nous avons
évoqués et compte-tenu des caractéristiques du
système d'action mettant directement en relation les trois acteurs
principaux, à savoir, l'élu, représentant du territoire,
le Préfet, représentant de l'Etat et responsable de la conduite
de l'action de l'Etat sur le territoire et, enfin le magistrat financier,
à qui il incombe de traquer les dysfonctionnements, les
sociétés écrans, les détournements d'argent public
ou les endettements disproportionnés. Ces missions de vertus publiques
sont inscrites dans la logique des lois de décentralisation.
Mais ce sont les politiques qui ont relancé le processus
en déterminant des textes de lois, au début des années
1990, qui ont élargi les possibilités d'investigation des
chambres régionales des comptes. Le coeur de cible : non pas les
communes qui n'ont pas les moyens de mener des politiques dispendieuses, mais
les villes ou les agglomération, telle Angoulême, telle Nice,
telle Limoges, fauteuses de troubles.
Face à ce resserrement des contraintes budgétaires
et financières, les élus se sont organisé et ont
eux-mêmes organisés leur défense, dont le rapport du
Sénat est probablement la plus belle illustration.
Celui-ci fait le point sur la décentralisation et prescrit
un certain nombre de mesures, notamment étayé par le comportement
vertueux de l'immense majorité des contrôlés, de
manière à éliminer les points qui gênent l'action
publique territoriale.
Face à ce remembrement de la demande politique
territoriale, la fragmentation de l'action administrative, comme en écho
aux offensives des collectivités territoriales, tend à se
résorber.
La réponse des
magistrats
La Cour des comptes met progressivement en place des dispositifs
visant à remembrer et mieux coordonner l'action de ses magistrats, et
ce, sous l'impulsion des Présidents de chambres régionales, tous
membres de la Cour des comptes.
La réponse est organisationnelle (avec l'institution de
réunions thématiques ou d'enquête inter-chambres) mais elle
est également idéologique.
Les élus attaquent sur l'examen de gestion et
s'inquiètent d'une intrusion sans contrepartie juridictionnelle, qui
perturbe le marché politique local et qui s'ajoute à
l'insécurité juridique, lié concrètement à
l'application conjointe du principe de légalité exercé par
le Préfet et au contrôle effectué à posteriori
exercé par les chambres régionales des comptes.
Pour autant, compte-tenu des positions des acteurs, des
possibilités offertes par les réseaux et du poids des
institutions concernées, le processus d'ajustement ne peut pas
déboucher sur la venue d'un audit réalisé selon les canons
anglo-saxons en la matière. Vérifier la régularité
des comptes, certes, mais les missions de service public méritent
peut-être plus de considération qu'une simple certification, sans
pour autant porter un jugement de valeur sur les objectifs.
L'évaluation des politiques publiques relèvent de
cette logique et c'est bien le dispositif qui est en train d'être mis en
place par les magistrats. Ainsi que le souligne Patrick Gibert et Marianne
Andrault106(*), le
contrôle de gestion relèverait d'une approche entrepreneuriale,
alors que l'évaluation des politiques publiques, s'inquiète du
processus de réalisation de la politique comme de son impact sur
l'environnement.
Aussi, sachant que le canevas institutionnel ne peut être
modifié que par le centre politique et qu'il faut certaines
circonstances exceptionnelles pour le faire,
La mise en avant de l'évaluation des politiques publiques
et l'intensification des liens horizontaux et verticaux au sein de l'instance
juridictionnelle peut être analysée comme la résultante
d'un processus d'ajustement mettant essentiellement en relation les magistrats
et les institutions dans lesquelles ils évoluent d'une part ; les
élus territoriaux et les intérêts qu'ils revendiquent
d'autre part.
L'évaluation apparaît donc comme une
troisième voie pertinente au sein du processus de régulation
dynamique des conflits d'intérêts reliant les parties en
présence.
BIBLIOGRAPHIE
GÉNÉRALE
LES SOURCES TERRITORIALES
Je remercie encore les magistrats et les personnels de la chambre
régionale d'avoir voulu répondre à quelques questions.
Leurs réponses ont complété et enrichi les entretiens ou
remarques recueillis par les journalistes de la Gazette des Communes ou de
Pouvoirs Locaux. Je remercie donc Madame Lamarque, Présidente de la
chambre, M. Pagès, Président de section, Madame Karbouche,
magistrat, MM. Boeton, Janner, Magistrats, M. Ruellan, Commissaire du
Gouvernement.
Beaucoup d'informations sont disponibles et directement
accessibles grâce à la Gazette des Communes, qui consacrent de
façon extrêmement sérieuse et claire, des reportages et des
articles consacrés à l'ensemble des enjeux concernant les
territoires et les collectivités locales qui s'y trouvent. Les
personnalités interrogés sont souvent des cadres de la fonction
publique territoriale.
Les numéros utilisés et dont les
références se trouvent en bas de page sont les suivantes :
n°1447, n°1532 , n°1482. n° 1491, n°1475, n°1540,
1516, 1535
Par ailleurs, nous avons utilisé un autre excellent
magazine, Pouvoirs Locaux, disponibles auprès de l'Institut de la
Décentralisation, situé à Boulogne (92). Ce dernier met
à disposition des documents sur demande. Une base de donnée
installée sur leur site Web permet une sélection des documents
désirés. (
www.i-decentralisation.com).
Les articles sont de qualités et l'oeuvre de spécialistes.
Enfin, un incontournable. Le commentaire des Lettres
d'Observation Définitives (LOD) par deux hauts fonctionnaires
territoriaux. J.L. Boeuf, V. Potier,«l'essentiel des lettres
d'observations définitives des CRC », La Gazette des communes,
des départements, des régions, n°9, 3 mars 1997, fasc.
n°2, par ex. ou celui utilisé dans le présent ouvrage du 6
mars 2 000.
LES SOURCES PORTANT SUR LA COUR DES COMPTES ET LES
CHAMBRES RÉGIONALES DES COMPTES
En premier lieu, les institutions elles-mêmes, notamment
par la voie d'un site internet d'excellente facture (
www.ccomptes.fr) ou par
la documentation éminemment complète proposée par La
Documentation Française, sa librairie ou sa salle de documentation, avec
bases de données.
Régis de Castelnau, avocat-conseil aux
collectivités locales, et Bénédicte Boyer, ont
évoqué leurs impressions dans l'ouvrage : Portrait des
chambres régionales des comptes, Décentralisation et
Développement Local, LGDJ, 1997. L'ouvrage a le mérite de mettre
en évidence la jeunesse de l'institution et de donner un aperçu
de l'ambiance qui règne dans les chambres.
J. Magnet, Président de chambre à la Cour des
comptes, La Cour des comptes, Berger-Levrault, 1997, présente une
compilation intelligente du cadre réglementaire et législatif de
l'activité des Beaucoup d'ouvrages portant sur la Cour ont
été rédigés par les membres de la Cour et il
faudrait également consulter l'ouvrage de C. Descheemaeker,
Conseiller-maître à la Cour des comptes, La Cour des comptes, La
Documentation Française, 1998 : il est un peu plus consistant et
réaliste que le précédent. Il reprend les points
développés par les magistrats normands et insiste notamment sur
l'importance de l'éthique et de la formation continue pour les travaux
des magistrats.
G.Piole, Les chambres régionales des comptes, Coll.
politiques locales, Crédit Local de France, L.G.D.J., 1999. Introductif,
quantitatif et pratique.
SUR L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE, LA
DÉCONCENTRATION, LES RESSOURCES TERRITORIALES
- Les ouvrages publiés par le Conseil d'Analyse Economique
sont incontournables. Ils donnent les tendances concernant la majorité
des enjeux, à partir de positions extérieures au
théâtre opérationnel du monde administratif.
« L'évaluation au service de
l'avenir », Conseil National de l'Evaluation, rapport annuel 1999, La
documentation française, 2 000.
Sylvie Trosa, « Les réformes de l'Etat en France
et en Europe », Etat et Gestion Publique, Conseil d'Analyse
Economique, La Documentation Française, 1996.
Anne-Marie Leroy, « Les réformes administratives
dans les pays de l'OCDE », Etat et Gestion Publique, Conseil
d'Analyse Economique, La Documentation Française, 1996
G.Gilbert, V.Hespel, « Les relations financières
entre l'Etat et les collectivités locales », Etat et gestion
publique, CAE, La doc.Française, 2000, p.64.
Sylvie Hel-Thelier, « Organisation des pouvoirs et
gestion publique : une comparaison des pays de l'Union
Européenne », Etat et Gestion publique, CAE, la doc.
Française, 2000.
- Les cours prodigués par le Centre National d'Education
à Distance pour une Licence d'Administration m'ont appuyé pour la
partie administrative du mémoire.
Cours Polycopié CNED - Alain Sorbara - unité
portant sur les institutions administratives de la licence d'administration
publique - 2000/2001.
Voir à ce propos S. Verclytte, La Déconcentration
en France, La Documentation française, 1995. O. Gohin, Institutions
administratives, LGDJ, 1998. ; P. Bodineau et M. Verpeau, Histoire de
la décentralisation, Coll. « Que-sais-je ? »,
PUF, 1997 ; J. B. Auby et J. F. Auby, Droit des collectivités
locales, PUF, Coll. Thémis, droit Public, 1998.
Comme il a été indiqué dans une note, la
plupart des remarques sur la fiscalité locale sont issues des
interventions de M. G. Gilbert, lors de son cours professé à
l'ENS Cachan - DEA Action Publique et sociétés contemporaines -
2000/2001.
Pour les aspects financiers, comptables et administratifs,
relevant des collectivités territoriales, voir également :
J.L. Gousseau, « Finances publiques : les finances
locales », cours polycopié du CNED, unité de la licence
d'administration publique, 2000-2001 et A. Sorbara, « Les
institutions administratives de la France », cours polycopié
du CNED, unité de la licence d'administration publique, 2000-2001. Voir
également M. Bouvier, Les Finances Locales, LGDJ, 1998 ; A.
Paysant, Finances locales, Droit Fondamental PUF, 1993.
LES OUVRAGES THÉORIQUES
- Pour les théories explicatives ou les approches des
théories de la régulation :
Les métamorphoses de la régulation politique, sous
la Direction de Jacques Commaille et Bruno Jobert, Ed. LGDJ, 1998 et
notamment : J. C. Thoenig, « L'usage analytique du concept de
régulation » ; B. Jobert, « La
régulation politique : le point de vue d'un
politiste » ; E. Fouilleux, « Le polycentrisme :
contrainte et ressource stratégique. Le cas de la politique agricole
commune ». P. Le Galès, « Régulation,
Gouvernance et Territoire ».
L. Kiser et E. Ostrom, « The three world of actions. A
metatheorical synthesis of institutional approaches», E. Ostrom (ed.),
Strategics of Political Inquiry, Londres, 1982.
- Sur les réseaux :
Sous la direction de P. Le Gales et M. Thatcher, Les
réseaux de politiques publiques : débat autour des policy
networks, Logiques Politiques, L'Harmattan, 1995. On pourra citer : Andy
Smith, « Réintroduire la question du sens dans les
réseaux d'actions publiques ». B. Jouve,
« Réseaux et communautés de politiques publiques en
action ». G. Lehmbruch, « Organisation de la
société, stratégies administratives et réseaux
d'action publique ».
Deux ouvrages peuvent être retenus à partir des
bibliographies proposées :
R.A..W. Rhodes, Control and Power in Central-Local
relations, 1981.
Wilks, Wright, Comparative government-industry relations. Western
Europe and the United States, 1987.
- Sur les phénomènes de territorialisation et
d'action publique
P. Duran, « Gouvernement local. Du gouvernement local
au gouvernement des territoires », cours polycopié, ENS
Cachan, 2000/2001.
P. Duran, « Action publique, action
politique », cours polycopié ENS Cachan, 2000-2001.
P. Duran, J.C Thoenig, « L'Etat et la gestion publique
territoriale », Revue Française de Sciences Politiques, 4,
1996.
P. Duran, « De la régulation croisée
à l'interdépendance généralisée »,
cours polycopié, Direction d'Etude Gouvernement des territoires, DEA
Action Publique, ENS Cachan, 2000-2001.
P. Gremion, Le pouvoir Périphérique, Seuil, Paris,
1976.
P. Lange, M. Regini, »State, Market and Social
Regulation», Cambridge University Press, Cambridge, 1989.
J.C. Thoenig, « L'innovation
institutionnelle », L'Action Publique, Morceaux choisis de la revue
politiques et management public (PMP), sous la responsabilité de
François Lacasse et Jean-Claude Thoenig, Ed. L'Harmattan, Paris,
1996.
J.C. Thoenig, L'ère des Technocrates : les cas
des Ingénieurs des Ponts, Logiques sociales, L'Harmattan, 1986.
J.C. Thoenig, M. Crozier, « La régulation des
systèmes organisés. Le cas du système de décision
politico-administratif local en France », Revue française de
sociologie, 16(1), janvier-mars 1976.
- Enfin, dans le désordre, différents ouvrages nous
ayant influencés ou pouvant avoir une importance.
X. Greffe, Economie des politiques publiques, Prècis
Dalloz, 1997.
M.A. Frison-Roche, « Evolution du droit comme
instrument étatitique d'une organisation économique» , Etat
et gestion publique, CAE, La doc. Française, 1996.
Y. Papadopoulos, Complexité des politiques publiques,
Clefs-Montchrestien, 1998.
* 1
J.C. Thoenig, « L'innovation institutionnelle », L'Action
Publique, Morceaux choisis de la revue politiques et management public (PMP),
sous la responsabilité de François Lacasse et Jean-Claude
Thoenig, Ed. L'Harmattan, Paris, 1996.
* 2 M.
Crozier, J.C. Thoenig, «La régulation des systèmes
organisés complexes. Le cas du système de décision
politico-administratif local », Revue française de sociologie,
16 (1), janvier-mars 1976.
* 3 P.
Duran, J.C. Thoenig, « L'Etat et la gestion publique
territoriale », Revue Française de Sciences Politiques, 4,
1996.
* 4
Pour les théories explicatives ou les approches des théories de
la régulation : Les métamorphoses de la régulation
politique, sous la Direction de Jacques Commaille et Bruno Jobert, Ed. LGDJ,
1998 et notamment : J. C. Thoenig, « L'usage analytique du
concept de régulation » ; B. Jobert, « La
régulation politique : le point de vue d'un
politiste » ; E. Fouilleux, « Le polycentrisme :
contrainte et ressource stratégique. Le cas de la politique agricole
commune ».
* 5 M.
Crozier, J.C. Thoenig, « La régulation des systèmes
organisés complexes. Le cas du système de décision
politico-administratif local en France », Revue française de
sociologie, 16 (1), janvier-mars 1976.
* 6 P.
Duran, J.C Thoenig, « L'Etat et la gestion publique
territoriale », Revue Française de Sciences Politiques, 4,
1996.
* 7 P.
Duran, « Gouvernement local. Du gouvernement local au gouvernement
des territoires », cours polycopié, ENS Cachan, 2000/2001.
* 8
Chambre Régionale des Comptes
* 9 P.
Le Galès, « Régulation, gouvernance et
territoire », Les métamorphoses de la régulation
politique, coll. Droit et société, sous la dir. De Jacques
Commaille et B. Jobert, Ed. LGDJ, 1998..
* 10
P. Lange, M. Regini, »State, Market and Social Regulation», Cambridge
University Press, Cambridge, 1989.
* 11
Sylvie Hel-Thelier, « Organisation des pouvoirs et gestion
publique : une comparaison des pays de l'Union
Européenne », Etat et Gestion publique, CAE, la doc.
Française, 2000.
* 12
Voir à ce propos S. Verclytte, La Déconcentration en France, La
Documentation française, 1995.
* 13
J. C. Thoenig, « l'innovation
Institutionnelle », L'Action Publique, sous la direction de
François Lacasse, Ed. L'Harmattan, 1996.
* 14
P. Duran, J. C. Thoenig, «L'Etat et la gestion publique
territoriale », Revue Française de Sciences Politiques, 4,
1996.
* 15
L. Kiser et E. Ostrom, « The three world of actions. A metatheorical
synthesis of institutional approaches», E. Ostrom (ed.), Strategics of
Political Inquiry, Londres, 1982.
* 16
Voir sur ces différents point : O. Gohin, Institutions
administratives, LGDJ, 1998. ; P. Bodineau et M. Verpeau, Histoire de
la décentralisation, Coll. « Que-sais-je ? »,
PUF, 1997 ; J. B. Auby et J. F. Auby, Droit des collectivités
locales, PUF, Coll. Thémis, droit Public, 1998.
* 17
Au niveau européen, la région a pignon sur rue et est
formellement consultée avant chaque décision pouvant la
concerner. Une charte européenne de l'autonomie locale existe et elle a
été ratifiée par une trentaine de membres du Conseil de
l'Europe.
* 18
La plupart des remarques sur la fiscalité locale sont issues des
interventions de M. G. Gilbert, lors de son cours professé à
l'ENS Cachan - DEA Action Publique et sociétés contemporaines -
2000/2001.
* 19
Cours Polycopié CNED - Alain Sorbara - unité de la licence
d'administration publique - 2000/2001.
* 20
G.Gilbert, V.Hespel, « Les relations financières entre l'Etat
et les collectivités locales », Etat et gestion publique, CAE,
La doc.Française, 2000, p.64.
* 21
Le Monde du 2 février 2001, p.11.
* 22
Le monde du 3 février 2001, p. 12.
* 23
J.C. Thoenig, P. Duran, «L'Etat et la Gestion Publique Territoriale»,
Revue Française de Science Politique, 4, 1996.
* 24
J.C. Thoenig, M. Crozier, « La régulation des systèmes
organisés. Le cas du système de décision
politico-administratif local en France », Revue française de
sociologie, 16(1), janvier-mars 1976.
* 25
C'est le cas notamment des fonctionnaires de l'équipement.
* 26
S. Verclytte, La déconcentration en France, p.28, 1997.
* 27
P. Duran, « Action publique, action politique », cours
polycopié ENS Cachan, 2000-2001.
* 28
Pour les aspects financiers, comptables et administratifs, relevant des
collectivités territoriales, voir notamment : J.L. Gousseau,
« Finances publiques : les finances locales », cours
polycopié du CNED, unité de la licence d'administration publique,
2000-2001 et A. Sorbara, « Les institutions administratives de la
France », cours polycopié du CNED, unité de la licence
d'administration publique, 2000-2001. Voir également M.
Bouvier, Les Finances Locales, LGDJ, 1998 ; A. Paysant, Finances
locales, Droit Fondamental PUF, 1993.
* 29
G.Piole, Les chambres régionales des comptes, Coll. politiques locales,
Crédit Local de France, L.G.D.J., 1999.
* 30
J.L. Boeuf et V. Potier, « L'activité 1999 des chambres
régionales des comptes », La Gazette des Communes,
supplément, n°1540 du 6 mars 2000.
* 31
J.L. Boeuf, V. Potier,«l'essentiel des lettres d'observations
définitives des CRC », La Gazette des communes, des
départements, des régions, n°9, 3 mars 1997, fasc.
n°2.
* 32
Supplément de La Gazette des Communes du 6 mars 2000 consacrée
à l'activité des chambres régionales des comptes,
p.33.-34.
* 33
D'après L. Kiser et E. Ostrom, « The three world of actions. A
metatheorical synthesis of institutional approaches», E. Ostrom (ed.),
Strategics of Political Inquiry, Londres, 1982.
* 34
Le Conseil supérieur des chambres régionales des
comptes :
« Art. L. 212-16. - Il est institué un
Conseil supérieur des chambres régionales des comptes. Ce conseil
établit le tableau d'avancement de grade des membres du corps des
chambres régionales des comptes et la liste d'aptitude de ces membres
aux fonctions de président de chambre régionale. Il donne un avis
sur toute mutation d'un magistrat. Tout projet de modification du statut
défini par le présent code est soumis pour avis au Conseil
supérieur des chambres régionales des
comptes ».
Ce conseil est également consulté sur toute
question relative à l'organisation, au fonctionnement ou à la
compétence des chambres régionale ».
* 35
J.C. Thoenig, L'ère des Technocrates : les cas des
Ingénieurs des Ponts, Logiques sociales, L'Harmattan, 1986.
* 36
Intervention de M.Pierre Joxe, Président de la Cour des Comptes, Rapport
du Sénat n° 520 , « Chambres régionales des
comptes et élus locaux », p.201.
* 37
Extraits de l'entretien avec M. Pagès, Président de Section
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 38
Cette proposition est comprise notamment dans le Rapport sénatorial
relatif aux chambres régionales des comptes paru en 1998 et
présenté par J.P. Amoudry et J. Oudin.
* 39
Extraits de l'entretien avec Madame Lamarque, Présidente de la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 40
Extraits de l'entretien avec Madame Lamarque, présidente de la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 41
Régis de Castelnau, avocat-conseil aux collectivités locales, et
Bénédicte Boyer, ont évoqué dans
l'ouvrage : Portrait des chambres régionales des comptes,
Décentralisation et Développement Local, LGDJ, 1997 , les
problèmes concrets se posant à l'activité des
chambres : les calendriers perturbés par le rythme incertain des
contrôles budgétaires, les départs non-compensés de
certains conseillers, l'interférence des enquêtes inter-chambres,
mais également les rotations des interlocuteurs territoriaux qui
fragilisent la capitalisation des connaissances au sein des
chambres.
* 42
Extraits de l'entretien avec M. Ducourt, Assistant de vérification
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 43
B. Boyer, R. De Castelnau, Portrait des chambres régionales des comptes,
L.G.D.J, 1997. P.34-35
* 44
Tirés de la Gazette des communes n°47, pp. 15-16.
* 45
Nous rappelons ici pour information les compétences des
CRC .:
Le contrôle des comptes ; l'examen de
gestion ; le rétablissement des budgets, sur demande du
représentant de l'Etat ; La gestion de fait, portant sur la
manipulation non autorisée des fonds publics
Les CRC interviennent également dans d'autres
domaines tel les analyses de marchés et de délégation de
service public, ou bien encore l'alerte des collectivités actionnaires
d'économie mixte
* 46
J.Magnet, La Cour des comptes. Les institutions associées et les
chambres régionales des comptes, Berger-Levrault, 1996, p. 342 et
suiv.
* 47
Allocution de mme Danièle Lamarque, Conseillère
référendaire à la Cour des comptes, Présidente de
la Chambre. Séance solennelle de la chambre régionale de
Haute-Normandie du 11 février 2000. Extrait.
* 48
Extraits de l'entretien avec Agnès Karbouche, magistrate à la
chambre régionale de Haute-Normandie.
* 49
Extraits de l'entretien avec Monsieur Ducourt, assistant de vérification
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 50
Extrait de l'entretien accordé à la Gazette des Communes,
« Les métiers de la CRC », n°1516 du
13/09/1999.
* 51
Extrait de l'entretien avec Monsieur Ruellan, Commissaire du gouvernement
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 52
Extrait de l'entretien avec Philippe Boeton, magistrat à la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 53
Extrait de l'entretien avec Philippe Boeton, magistrat à la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 54
La Gazette des Communes, n° 1516 du 13/09/2001.
* 55
« Collectivités - CRC : non à la
méfiance », La Gazette des Communes, n°1535 du
31/01/2000.
* 56
B. Boyer, R. De Castelnau, Portrait des chambres régionales des comptes,
L.G.D.J, 1997, p.70.
* 57
Extrait de l'entretien avec Monsieur Ruellan, Commissaire du Gouvernement
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 58
Extrait de l'entretien avec Rémi Janner, magistrat à la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 59
Extrait de l'entretien avec Jacques PAGES, Président de section à
la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 60
Extrait de l'entretien avec le Commissaire du Gouvernement Ruellan, à la
chambre régionale de Haute-Normandie.
* 61
Extrait de l'entretien avec Monsieur Ruellan, Commissaire du Gouvernement
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 62
Extrait de l'entretien avec Philippe Boeton, magistrat à la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 63
Extrait de l'entretien avec J. PAGES, Président de section à la
chambre régionale de Haute-Normandie.
* 64
Extraits de l'Allocution prononcée par Madame La Présidente
Danièle Lamarque, lors de la séance solennelle du 11
février 2000.
* 65
J. Magnet, Président de chambre à la Cour des comptes, La Cour
des comptes, Berger-Levrault, 1997. Beaucoup d'ouvrages portant sur la Cour ont
été rédigés par les membres de la Cour. Voir
également l'ouvrage de C. Descheemaeker, Conseiller-maître
à la Cour des comptes, La Cour des comptes, La Documentation
Française, 1998 : il est un peu plus consistant et réaliste
que le précédent. Il reprend les points développés
par les magistrats normands et insiste notamment sur l'importance de
l'éthique et de la formation continue pour les travaux des
magistrats.
* 66
Intervention de Madame H. Gisserot, Rapport du Sénat n° 520,
p.173.
* 67
D'après les déclarations de Madame Lardinois, Documentaliste
à la chambre régionale des comptes de Haute-Normandie.
* 68
Extrait de l'entretien avec Madame Lamarque, Présidente de la chambre
régionale de Haute-Normandie.
* 69
Extrait de l'entretien réalisé avec madame Lamarque,
Présidente de la chambre régionale des comptes de
Haute-Normandie.
* 70
Extraits de l'allocution prononcée par la présidente de la
chambre de Haute-Normandie, Danièle Lamarque. Séance solennelle
du vendredi 11 février 2 000.
* 71
Voir l'article de P. Le Galès, « Régulation,
Gouvernance et Territoire », Les métamorphoses de la
Régulation Politique, Sous la Dir. De J. Commaille et B. Jobert, LGDJ,
1998.
L'auteur évoque la fragmentation des
sociétés nationales et la structuration progressive d'un Espace
politique, mais aussi les perspectives de recherche en Europe de
l'Est.
* 72
Sylvie Trosa, « Les réformes de l'Etat en France et en
Europe », Etat et Gestion Publique, Conseil d'Analyse Economique, La
Documentation Française, 1996.
* 73
Il serait ici pertinent de comparer l'enseignement actuel dans les
filières universitaires dédiés à la formation des
hauts fonctionnaires, l'ENA ou les Instituts d'Etudes Politiques, mais
également les universités étrangères qui
dispensent de telles formations, par exemple l'Université de Londres ou
la Bocconi de milan.
* 74
Anne-Marie Leroy, « Les réformes administratives dans les pays
de l'OCDE », Etat et Gestion Publique, Conseil d'Analyse Economique,
La Documentation Française, 1996.
* 75
Extrait de l'entretien avec Danièle Lamarque, Présidente de la
chambre régionale de Haute-Normandie.
* 76
Extrait de l'entretien avec Monsieur Ruellan, Commissaire du gouvernement
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 77
Extrait de l'entretien avec Madame Danièle Lamarque, Présidente
de la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 78
Extrait de l'entretien avec Monsieur Ruellan, Commissaire du Gouvernement
à la chambre régionale de Haute-Normandie.
* 79
LE MONDE, mercredi 25 juillet 2001.
* 80
Voir par exemple l'arrêt du 20 mai 1998 du Conseil d'Etat opposant la
ville de Saint-Dizier à la CGE relativement à l'accès des
documents financiers et comptables par la chambre régionale des comptes,
en ce qui concerne la gestion de l'eau.
* 81
J.C. Thoenig, « L'Innovation institutionnelle »,
L'Action Publique, sous la direction de François Lacasse, Ed.
L'Harmattan, 1996.
* 82M.
Crozier, J.C. Thoenig, « La régulation des systèmes
organisés complexes », Revue Française de Sociologie,
DVI/1, p.3-32 ; P. Gremion, Le pouvoir Périphérique, Seuil,
Paris, 1976.
* 83
P. Duran, « De la régulation croisée à
l'interdépendance généralisée », cours
polycopié, Direction d'Etude Gouvernement des territoires, DEA Action
Publique, ENS Cachan, 2000-2001.
* 84
Sous la direction de P. Le Gales et M. Thatcher, Les réseaux de
politiques publiques : débat autour des policy networks, Logiques
Politiques, L'Harmattan, 1995.
* 85
R.A..W. Rhodes, Control and Power in Central-Local relations,
1981.
* 86
Wilks, Wright, Comparative government-industry relations. Western Europe and
the United States, 1987.
* 87
Andy Smith, « Réintroduire la question du sens dans les
réseaux d'actions publiques ». Sous la direction de P. Le
Gales et M. Thatcher, Les réseaux de politiques publiques :
débat autour des policy networks, Logiques Politiques, L'Harmattan,
1995.
* 88
B. Jouve, « Réseaux et communautés de politiques
publiques en action ». Les réseaux de politiques publiques,
débat autour des policy Networks, sous la dir. De P. Le Galès et
M. Thatcher, Coll. Logiques Politiques, Ed . L'Harmattan, 1995.
* 89
G. Lehmbruch, « Organisation de la société,
stratégies administratives et réseaux d'action
publique ». Sous la direction de P. Le Gales et M. Thatcher, Les
réseaux de politiques publiques : débat autour des policy
networks, Logiques Politiques, L'Harmattan, 1995.
* 90
P. Duran, « De la régulation croisée à
l'interdépendance généralisée. La bureaucratie
a-t-elle un avenir ? », Groupe d'Analyse des Politiques
Publiques, ENS Cachan, cours polycopié, 2000/2001.
* 91
La Lettre du Management Public, n°30, novembre-décembre 2000,
p.2.
* 92
voir notamment « L'évaluation au service de
l'avenir », Conseil National de l'Evaluation, rapport annuel 1999, La
documentation française, 2 000.
* 93
La Gazette des Communes, n° 1482 du 21/11/98, p.6.
* 94
Cité par la Gazette des Communes, n° 1482 du 21/11/1998,
p.6.
* 95
La Gazette des Communes, n° 1491 du 01/03/1999, p. 17.
* 96
La Gazette des Communes, n°1475 du 02/11/98, p.31.
* 97
« Collectivités locales et chambres régionales des
comptes : pour un partenariat », Gazette des Communes
n°1532 du 10/01/2001, p.10.
* 98
« Les chambres régionales des comptes ne peuvent être
conseillers et contrôleurs », La Gazette des communes
n°1475 du 02/11/1998., p. 31.
* 99
Bernard Levallois, Président de la chambre régionale des comptes
d'Alsace, , conseiller référendaire à la Cour des comptes,
« Collectivités locales et chambres régionales des
comptes : pour un partenariat », La Gazette des Communes
n°1532 du 10/01/2000, p.10
* 100
« Régulateurs ou gendarmes de la
décentralisation », Droit et Décentralisation, Pouvoirs
Locaux n°30, p.58-60.
* 101
Gilles Cazenave, Président de la chambre régionale des comptes de
Haute-Loire, conseiller référendaire à la Cour des
comptes, « Comment évoluent les relations entre les chambres
régionales et les élus locaux », Droit et
Décentralisation, Pouvoirs Locaux, n°30, p.46-54.
* 102
La Gazette des communes, « Manifeste en faveur de la fusion des CRC
et des TA »,
* 103
La Gazette des Communes, « Collectivités locales et chambres
régionales des comptes : pour un partenariat »,
n°1532 du 10/01/2001, p.10.
* 104
Extraits de la Gazette des Communes, n°1482 du 21/12/1998.
* 105
Au sens économique du terme.
* 106
P. Gibert, M. Andrault, « Contrôler la Gestion ou
évaluer les politiques ? », L'Action Publique, sous la
direction de François Lacasse, Ed. L'Harmattan, 1996.