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La recherche du bien être dans l'alimentation


par Nathalie Dunker
 -   2000
  

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1 - LE MARCHÉ, LES PRODUITS

Évolution Générale ...

Le marché de la nutrition est en pleine croissance dans nos sociétés. Essentiellement prescrit par les femmes, c'est un marché qui tend à toucher de plus en plus de personnes, de tous les âges et sexes confondus. Cet engouement correspond à la suite logique des choses : à l'heure où sont nés la vache folle, le poulet à la dioxine, les OGM, ... les gens rechercheraient une alimentation plus saine et naturelle.

Cette quête de « meilleure nutrition », qui correspond à une quête de pureté, a débuté en France, il y a quelques années. Le premier fait marquant est une large prise de conscience, qui a débouché sur la révolution du Bio, c'est-à-dire, la révolution des produits ne contenant aucun produit chimique. Ce phénomène est porté par deux axes principaux :

· la recherche d'une alimentation saine et équilibrée

· une attente de qualités gustatives supérieure

Les nouvelles tendances, en ce début de siècle, en matière de consommation alimentaire, sont importantes, et révèlent un tout nouveau « consommateur type », cherchant à allier :

· une bonne couverture des besoins nutritifs quotidiens

· une alimentation saine et équilibrée, basée sur la consommation de produits naturels

· une bonne digestion permettant un Bien-être

· une bonne santé, tant sur le plan de la forme, que sur celui de la ligne

· ... et bien -sûr, tout cela en se faisant plaisir.

Ces attentes des consommateurs demandent aux producteurs de trouver de nouveaux concepts, en matière d'aliments, et offres un marché très porteur, et très exploitable.

Mais que qualifie t'on au juste de « diététique » ? Ce sont, en fait, tous les aliments faits à base de produits non traités par des substances chimiques (donc sans conservateurs, ni additifs, ni colorants, ...), tous les produits permettant au corps de mieux se relaxer, ceux amenant à une meilleure condition physique et psychique (car le lien assiette santé est très fort), ... Bref, tous les produits conduisant les gens vers un Bien-être, un « mieux-vivre ». La diététique s'étend à toutes sortes de produits, tant les produits frais, que les produits pasteurisés tels le lait, les yaourts, le beurre, mais aussi les produits secs, telles les céréales, les biscuits, ... Bef, le développement des aliments diététiques a permis leur croissance sur tous les domaines de l'alimentation.

Mais plus largement et plus justement aussi, la diététique est la science étudiant la valeur nutritive des aliments. Son application permet, avant tout, une alimentation équilibrée.

On peut appeler « diététique », une alimentation basée sur une juste répartition des valeurs nutritives (lipides, glucides, protides, vitamines, fer, calcium, ...). Le Bien-être, si recherché aujourd'hui, peut donc être largement amélioré par une alimentation toujours plus saine et plus équilibrée.

Les gens ont à nouveau envie d'être beaux, sensuels, jeunes et dynamiques, ou plutôt non, ils en ont toujours eu envie, mais aujourd'hui, un tel besoin de Bien-être subsiste, qu'ils sont à nouveau prêts à faire des efforts pour leur corps. En effet, selon un sondage Ifop/Danone, 85 % des Français font attention à leur alimentation, dans l'optique d'une meilleure santé.

Le rythme « trajet - boulot - ménage » a amené petit à petit les Français à mal se nourrir : plats préparés, plateaux télé, surgelés, fast-food, sandwichs, boissons hyper - caloriques, ... (et ce ne sont pas les seuls, ils ont même une assez bonne attitude alimentaire au regard de beaucoup d'autres pays développés). En deux mots, les saveurs s'estompent et les calories s'emmagasinent. Bref, pour beaucoup, il est temps de prendre des résolutions, et de s'acheminer vers une réconciliation avec le corps.

Bon, le lien « assiette - santé » étant maintenant établi, une grande majorité des Français fait attention, si bien que chez certains, la santé soit devenue une obsession, un souci majeur : sur les 85 % des Français concernés, 73 % avouent faire très attention à leur ligne et à leur poids. Selon une étude du Credoc, il y a même 52 % des Français qui se font suivre par un médecin pour des questions d'ordre nutritif. On peut dire que le marché ne souffre pas de saisonnalité trop marquée : en matière de Bien-être, les ventes se font toute l'année, et en matière de « Bien-être / ligne », les ventes se font plus particulièrement à l'approche de l'été, et après les repas riches et abondants de la période des fêtes.

La demande est donc très importante, et malgré des dizaines de demandes de validation envoyées chaque mois à l'Administration Française, il reste encore de larges opportunités à saisir. C'est dire si le monde entier veut enfin accéder à un « mieux-vivre », en commençant par une meilleure santé, et donc une meilleure alimentation. Ce syllogisme est parfait.

Une étude réalisée par l'agence de communication Coconuts, révèle plusieurs choses. Principalement, les consommateurs sont plus attachés au fait de bien manger, avec des aliments ayant du goût, qu'ils ne le sont au fait de na pas grossir, en mangeant des produits diététiques, ou en suivant un régime. En effet, la notion de plaisir est très forte, et revient beaucoup dans le discours. Là, on peut visualiser le tout premier rôle du packaging, ainsi que celui du conditionnement : la notion d'équilibre y est déjà véhiculée.

Le terme « équilibre », qui apparaît comme étant le but recherché par les consommateurs, ne doit cependant pas évoquer la restriction, en termes de qualité essentiellement.

Cette nouvelle quête du Bien-être a plusieurs tendances : les végétariens, l'alimentation Bio, les alicaments, la crainte face aux OGM (vache folle, poulet à la dioxine, ...), éveil sur les notions de santé, de forme, mais aussi de tradition, d'origine, d'éveil des sens, ...

Les packagings doivent alors suivre cette tendance : c'est la raison pour laquelle Bjorg a fait évoluer les siens, vers un résultat final plus savoureux et appétissant, moins « médical », et Vittel a accentué le côté sport de la bouteille, à travers le bouchon.

Ainsi, la notion d'équilibre se voit qualifiée tant du côté physique et alimentaire (corps, gym, fitness, ...), que du côté moral et social.

Aujourd'hui, on remarque que la tendance du discours pour les produits alimentaires dans la publicité n'est plus du tout la même qu'il y a quelques années : durant les années 80's, et même au début des années 90's, le discours se voulait moralisateur. En effet, on nous culpabilisait de manger trop riche, ou plus simplement d'être gourmand. On nous montrait aussi comme des « canons de beauté » (par exemple, Dim avait pris Kim Bassinger pour sa pub TV), pour qu'on puisse faire et même constater la différence entre ce qu'il existait et à quel point nous en étions loin. L'objectif : nous mettre face à notre propre « péché ». En effet, les annonceurs rappelaient que la gourmandise est un des Sept Péchés Capitaux. En face de cela, de nombreuses publicités mettaient en scène des « gros », et le discours, l'action, se voulaient toujours ridicules.

Mais aujourd'hui, la tendance n'est plus au « blâme ». En effet, maintenant, l'annonceur nous soutiendrait plus dans le sens : « oui, on sait que c'est dur, mais on va vous aider, ça va aller puisque notre produit est là pour ça ». En d'autres termes, le produit apparaît maintenant comme la porte ouverte aux « petites folies », et les validerait presque (ex : les desserts Senoble, où de jeunes femmes gourmandes, se cachent pour savourer leur dessert, délaissant travail, mari et enfants, et nous disent « On devrait avoir honte, ... mais c'est bon la honte »).

Donc, OK pour la ligne, elle est protégée par les nouveaux produits permettant les petits excès, mais qu'en est-il du goût ? Parce que non, on n'a plus envie de se priver, et de consommer des aliments neutres. C'est la raison pour laquelle des produits comme Slim - Fast et compagnie, ne se vendent plus aussi bien. On nous les vendait comme étant délicieux, au bon goût chocolat, café, ... mais non, ça a réellement mauvais goût, et les Français préfèrent quelques charmantes rondeurs, plutôt que des aliments neutres. Ces produits étaient exactement le genre de produit qu'on nous vendait pour maigrir le plus facilement possible, sans faire d'effort, ni de sport, ... Aujourd'hui donc, pour vendre un produit, il faudrait lui assurer un plus - produit, qui sera le goût, le bénéfice - santé, ou bien encore la praticité. Les innovations techniques aussi sont largement appréciées des consommateurs, même s'ils mettent souvent un certain temps avant de passer à l'acte d'achat.

De toutes les façons, aujourd'hui, la tendance n'est plus à la ligne avant tout. Bien - sûr, s'ils peuvent êtres minces en plus, les gens ne s'en portent que mieux, mais le plus important en cette fin de siècle, c'est le Bien-être (même l'allége, pour les obsédés de la ligne, devient plus gourmand : par exemple, on peut maintenant avoir le « petit défaut » de grignotage tout au long de la journée, puisqu'on nous crée des biscuits allégés en matière grasse, et concentrés en vitamines, comme ceux de Taille Fine.)

La santé est donc, dans cette exigence constante de Bien - être et de praticité, un thème porteur (cf. Actimel de Danone, se coiffant de l'étiquette « le geste santé du matin ») : on veut de plus en plus de produits enrichis en vitamines, oligo-éléments, fibres, ... Ex : le lait « Jour après Jour » de Lactel, est un produit que la communication a placé en positif, alors que l'image du lait, surtout écrémé, est négative. Son axe de communication est : enrichi en nombreux éléments utiles, il assure le maintien de la forme (avec un positionnement haut de gamme). C'est donc une formule dopée en vitamines. Il fut d'ailleurs élu « produit de l'année ». De la même sorte, le marché des jus de fruits réfrigérés a crû de 21 % entre 1996 et 1997, et Jocker a sorti deux nouveaux jus en 97, enrichis en vitamines, avec de nouveaux packs très appréciés. La praticité est donc très recherchée, mais pas dans le même sens qu'avant : durant les années précédentes, on voulait du « facile et rapide » ; maintenant, on veut un conditionnement pratique, certes, mais sans altérer les caractéristiques du produit. Ceci explique la grande mode des beurres « frigo-tartinables » (Président a sorti une plaquette très pratique : du beurre au bon goût, facile à tartiner dès sa sortie du réfrigérateur, dans un conditionnement pratique, rigide et protecteur, ce qui a renforcé le fait que ce soit le beurre préféré des Français, une marque de référence selon une étude Trade Off, de novembre 97). Ainsi, de nouveaux packs sont sortis afin de faciliter la vie des consommateurs, comme le yaourt à boire « Fructos », de Yoplait.

La notion de plaisir est donc un des thèmes valorisant le produit (ex : alors que les ventes de chocolat stagnent, les chocolats de dégustation ont progressé d'environ 6 % en 1997).

On va donc chercher à multiplier à multiplier les occasions de consommation. C'est la stratégie qu'on a cherchée à suivre pour le sucre : la fidélisation s'est faite au travers d'idées recette, de bons de réduction, ... En 1997, en GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), environ 20% du chiffre d'affaires (CA), était réalisé par les sucres spéciaux). Les sucres traditionnels réalisaient cependant 87% des ventes en volume, mais seulement 80,6% des ventes en valeur. Il est donc plus intéressant de faire du sucre spécial. Or, la demande actuelle étant axée sur les produits gustatifs et typés, la communication a trouvé là un terrain facile. De la même manière, Ducros, le spécialiste du goût, celui qui « se décarcasse » pour nous, lança en 1998, sur la gamme des fonds de sauce, deux nouvelles saveurs : « poivre vert » et « champignons aux fines herbes ».

Toute cette recherche de Bien-être a aussi poussé les consommateurs vers les produits bios, et le marché est largement stimulé par l'incessant renouveau dont il fait preuve, à travers le lancement de produits (en 98, GBS Traiteurs a lancé en GMS, une gamme de 4 pâtes fraîches, et 2 quenelles biologiques), les innovations (comme celle de Nactalia qui a eu l'idée en 98 de sortir un lait non seulement bio, mais aussi spécialisé pour les enfants de 1 à 3 ans, car particulièrement enrichi en fer, acides gras essentiels et vitamines. Son prix correspond à un positionnement élevé : 13 FF le litre).

Cependant, malgré le caractère sain et équilibré de ses produits, le Bio se renouveler car, comme les autres secteurs du marché, il se doit de fidéliser ses clients. C'est la raison pour la raison pour laquelle en 1998, l'enseigne « La Vie Claire », du groupe Distriborg, voulant élargir sa clientèle Bio, a cherché à rajeunir son image, et augmenté le nombre de ses produits. Elle a ainsi voulu faire évoluer son positionnement sur le créneau, très porteur de naturalité et de qualité. Maintenant donc, 120 magasins d'environ 80 m2 sont ouverts, afin de valoriser la clientèle de quartier.

Cependant, avant de rechercher du Bio, les consommateurs recherchent du Bien-Être. Or, de nombreux consommateurs ayant déjà testé du Bio, font facilement un amalgame avec le terroir, la diététique, ... et ainsi, ne voient ne voient pas trop l'avantage de payer jusqu'à 30% plus cher pour le Bio, par rapport aux autres produits ayant eux - aussi, des vertus pour la santé.

On retrouve donc cette recherche de Bien-Être dans tous les secteurs de l'alimentation. En voici quelques exemples :

· Liquides (lait « Jour après Jour », « Actimel », ...). et eaux « Saint Yorre », ... )

· Céréales / Epicerie ( » Allbran » de Kellogg's, « Quaker », ...)

· Baby-Food (Heinz, Guigoz, ...)

· Traiteur

· ...

Mais, comme la recherche de Bien-Être se fait aussi et avant - tout à travers le goût, on remarque l'émergence de produits exotiques. En effet, les « goûts venus d'ailleurs » attirent beaucoup de par leur originalité, et pour leurs qualités gustatives peu répandues dans nos cuisines. Ainsi, le marché s'étend de façon remarquable. Par exemple, les gammes cacher (lois hébraïques), et hall al (rites musulmans), s'étoffent. Au-delà des populations concernées par leurs convictions et religion, ces offres touchent de plus en plus de consommateurs, simplement à la recherche d'exotisme.

Ex : la marque Yarden vend plus de 50ù de ses produits (caviars d'aubergines, crème d'avocats, ...) à des consommateurs qui ne sont pas de confection israélite.

La société Raynal & Roquelane a créé, en 1998, une gamme de plats cuisinés exotiques, afin de répondre à la demande des consommateurs, toujours à la recherche de goûts inédits.

Plus simplement, mais toujours exotiquement, Belin a créé, en 98, le goût de Chipster « pétales crevette ». De même, la société Caraïbos, spécialisée dans les nectars et jus, innove avec Compofruits, une gamme de 7 recettes de fruits exotiques, à tartiner (sans colorants, ni même conservateurs, le produit restant donc dans le tendance).

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe