La presse écrite camerounaise à l'épreuve de la convergence numériquepar Ingrid Ngounou Université de Yaoundé II - Ecole supérieure des sciences et techniques de l'information et de la communication 2004 |
Section 2 : Répartition par catégoriesI. Eléments de construction du contenu du journal Nous allons maintenant identifier les éléments qui entrent dans la composition des pages - écrans et qui jouent un rôle fondamental dans la construction esthétique et sémantique du journal. Ces éléments sont le nom du journal et son logo, les rubriques, la titraille, les illustrations et les liens hypertextes. 1. Nom du journal et logotype Tableau N° 3 : Observation sur les logos
Source : l'auteur. Mutations change de nom mais dans la dénomination choisie, on retrouve le nom du journal. Ceci est important car le crédit que les utilisateurs accordent aux versions en ligne dépend en partie du prestige dont jouit la version imprimée. A coté du nom du journal CT, on ne peut manquer de remarquer la présence du logo de la Sopécam occupant le même espace que celui du journal. Il s'agit de la société éditrice du journal. Mutations durant la période de notre étude affichait le logo de Gwedi et CT faisait la publicité de l'anthologie des discours du président de la République. L'administrateur du site de CT, lors d'un entretien, nous a affirmé que le journal ne développait pas encore la publicité en ligne. Il en est de même pour Mutations. Le nom du journal est un référent qui permet d'identifier un journal quelque soit son support. C'est une signature introductive. Mais contrairement au journal imprimé où l'on ne retrouve pas le logo du journal à toutes les pages, les sites affichent les logos à toutes les pages. Pour rappeler leur identité lors des renvois hypertextuels. 2. Rubriques Le Larousse définit la rubrique comme « Une catégorie d'articles sur un sujet déterminé paraissant régulièrement dans un journal ». Quotidiennement, les rubriques servent à structurer le journal. La forme et l'ordre des rubriques diffèrent d'un journal à un autre. Mutations reconduit la titraille de son journal imprimé : surtitre, titre et chapeau et ajoute la rubrique à la fin. CT énonce d'abord la rubrique puis le titre et le chapeau. Mutations donne accès à tous les titres d'articles du journal, édition du jour alors que pour lire CT, il faut cliquer sur une rubrique ; car seulement quelques titres sont énoncés à la Une. Cliquer sur l'intitulé d'une rubrique à Mutations, c'est rechercher les articles des 10 derniers jours écrits dans la rubrique. Tableau N°4 : Comparaison des titres de CT imprimé et en ligne (Edition du 30 août 2004)
Source : l'auteur. Tableau N°5 : Comparaison des titres de Mutations et des articles de la page d'accueil (Edition du 30 août 2004)
Source : l'auteur. Ces deux tableaux sont réalisés sur la base de l'importance qu'accordent ces journaux à certaines nouvelles. Ainsi, les titres imposants de la Une de la version imprimée sont les principales nouvelles que le journal communique au public. Nous constatons que le classement n'est pas respecté dans la mise en lige de ces informations. Le webmaster de CT semble plus libre dans la classification de ces titres. L'ordre n'est pas respecté. Sur 8 titres en Une, seuls 4 se retrouvent sur la page d'accueil. Mutations à quelques exceptions près gardent le même ordre que celui de la version papier. Quant à l'ordre que prennent les rubriques, les avis et les méthodes sont divers. Le webmaster de CT affirme qu'il choisit les titres de sa Une alors que Mutations suit pratiquement l'ordre de pertinence de la version imprimée. Notons à ce niveau la formule adoptée par CT qui consiste à rappeler les rubriques à tous les bas de pages permettant ainsi de passer d'une rubrique à une autre sans revenir à la page d'accueil. 3. Titraille Les titres, servent de guide. Selon la force de corps dans laquelle un titre est écrit, il peut susciter l'intérêt du lecteur. Mutations utilise les titres dans ses colonnes d'information mais, du fait de la présentation sous forme de liste, le titre perd de son intérêt. Les titres annoncent simplement les articles. Tableau N°6 : Comparaison des forces de corps des titres de CT et Mutations online (éditions du 27 août 2004).
Source : l'auteur. La différence entre le surtitre et le chapeau dans Mutations est le caractère gras du titre. CT accorde plus d'importance au titre en le mettant au dessus du chapeau. En plus, le verdana, la police qu'utilise CT a plus d'empâtements qu'arial, le caractère qu'utilise Mutations. De ce fait, la titraille de CT est plus visible que celle de Mutations. CT sépare les différents éléments de la titraille alors que Mutations les aligne. Il n' y a que le gras qui distingue le titre des autres éléments car les surtitres et les chapeaux ont la même force de corps. 4. Illustrations Nous avons choisi les variables visuelles essentielles telles que la photographie, les dessins et les icônes. Tableau N° 7 : Illustrations à CT et Mutations (Éditions du 27 août 2004)
Source : l'auteur CT a une home page plus agréable et contenant beaucoup de photos. Ces illustrations atténuent l'effet d'abstraction et de distance que ne manque pas de produire le journal électronique. CT propose sa Une imprimée en format miniaturisée et il suffit de double - cliquer dessus pour l'avoir en grandeur sur toute la page. C'est une image scannée, donc figée que l'on ne peut pas exploiter. Les deux photos que l'on retrouve sur le site de Mutations sont des photos figées qui illustrent les dossiers Ecrans noirs 2004 et Can Tunisie 2004. L'usage de la photographie est un attachement à l'imprimé qui sert de référence. A l'opposé, l'absence de photographies oriente le journal en ligne vers les listings de brèves ou de dépêches d'agences de presse. Nous avons choisi d'expliquer en prenant l'exemple d'une seule édition. Mais de manière générale, c'est la même situation à toutes les éditions. II. Les liens hypertextes Le lecteur d'un article papier est confronté à un objet physique sur lequel le texte est intégralement manifesté. Il peut certes annoter, découper, monter ou coller ; mais le texte est là toujours le même, parce que déjà réalisé. La lecture sur écran ne connaît pas cette présence palpable du texte. Les signes alphabétiques que nous lisons ne sont que des codes informatiques traduits par un ordinateur qui joue le rôle d'interface. « Un hypertexte est une matrice de textes potentiels, dont seuls quelques uns vont se réaliser sous l'effet de l'interaction avec un utilisateur52(*) ». Dans les versions électroniques des journaux, l'ensemble des hypertextes se retrouve dans la home page qui fait office de sommaire. Il est remarquable que les pages d'accueil des sites de presse prennent le plus souvent la forme de sommaires. Ces pages, à mi-chemin entre le plan et le catalogue présentent une construction de type tabulaire. Leur forme s'inscrit dans une logique spatiale, guidée par l'impératif de rendre visible l'organisation interne des sites. Mais, si la liste propose une organisation plus ou moins hiérarchisée d'éléments juxtaposés, de sa forme émerge rarement une identité singulière forte. Tableau N° 8 : Ensemble des hypertextes de la page d'accueil
Source : l'auteur. La transaction qui comprend ici les annonces, appels d'offres et numéros utiles a le plus petit nombre de liens. Il n y a pas d'annonceurs (Mutations a un lien vers le répertoire africain de la diaspora). Comme nous l'avons signalé plus haut, il ne s'est pas encore développé de politique commerciale liée à Internet. L'essentiel de la publicité qui existe dans notre corpus porte sur l'entreprise éditrice et le FAI. CT a 9 liens sur l'entreprise éditrice. C'est dire l'impact de la Sopécam au sein du journal. Contrairement à Mutations qui n'a aucun lien sur la South media corporation, l'entreprise éditrice du journal. Tableau N° 9 : Pourcentage des liens de la page d'accueil.
Source : l'auteur. Ce tableau nous donne les rapports entre les liens d'accès à l'information et les autres liens. L'essentiel des liens hypertextes est réservé à l'information. 73% pour Mutations et 67% pour CT. Il est très délicat pour nous de tirer de telles conclusions car notre entendement de la notion d'information dans ce contexte peut être remis en cause. Malgré tout, l'informationnel fait l'essentiel des sites. C'est ce souci d'informer qui impose à CT la rubrique information en continu inspirée des sites des agences de presse. Les liens hypertextes créent un réseau de relations inextricable entre différents documents. Le lecteur est alors entraîné loin de ses préoccupations premières et s'ouvre. Les liens hypertextes peuvent entraîner le lecteur dans les archives ou encore vers d'autres sites. Ce qui se passe régulièrement : vous cliquez sur un lien et vous avez une nouvelle fenêtre sans possibilité d'utiliser la touche « précédente ». Ainsi, vous aurez la fenêtre initiale et la fenêtre nouvelle et aucune n'empêchera de parcourir l'autre. De ce fait, pour ouvrir une autre rubrique, il faut revenir à la fenêtre du site du journal. La publicité, avec, de manière générale 2,3% des liens, est le service le moins utilisé. Séduisant à première vue, l'hypertexte est plus complexe qu'il ne parait. L'exercice est plus laborieux que l'on ne l'imagine. Compensant la faible exploitation de l'axe horizontal, le journal en ligne utilise l'hypertexte pour approfondir son contenu. Si la mise en page tient à la surface, la mise en réseau s'apparente à la profondeur et à l'abstraction. Il ne suffit pas de créer un hyperlien pour qu'il soit fonctionnel. Il faut pouvoir alimenter la page de renvoi, surtout si elle se trouve sur le même site. Sur 65 liens qui existent en page d'accueil de Mutations, 10 renvoient à des pages vides ; soit 15 % de l'ensemble des liens de la page. CT a 9 liens sans contenu soit 14 % de son contenu. La page des journaux en ligne n'est pas simple d'accès puisqu'il appartient au lecteur de donner son sens, sa structure, sa cohérence à cet ensemble de discours d'univers différents reliés par l'hypertexte. Mais l'on peut se dire finalement que « Loin d'anéantir le texte, la virtualisation semble le faire coïncider à son essence soudain dévoilé. Comme si la virtualisation contemporaine accomplissait le devenir du texte53(*). * 52 P. Lévy, 1998, Qu'est ce que le virtuel ? Ed. La Découverte, Paris, P. 38. * 53 P. Lévy, Op. Cit. P. 48. |
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