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Langage & Politique en Catalogne : La définition d'une politique scolaire sur un marché linguistique compétitif


par Jean-Philippe SOL
Université Paris Dauphine - DEA 126 2001
  

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Extinction Rebellion

CONCLUSION

La construction d'une politique publique est toujours organiquement lié au rapport qu'elle entretient avec son environnement. Le cas de la politique scolaire catalane en est une illustration parfaite. La nécessité de fonder définitivement sur un plan politique une communauté dont l'attribut identitaire est la langue pousse à la définition et la redéfinition permanente d'un programme de nationalisation linguistique visant à déterminer et à clôturer un espace de communication proprement catalan. Cette politique tient compte, socialement (par l'adhésion des parents) et politiquement (par respect des droits linguistiques individuels) de la réalité linguistique du pays. Le bilinguisme qui prévaut en Catalogne est tout autant le produit de l'histoire que la résultante des représentations sociales actuelles qui animent le jeu des acteurs. La pluralité des processus d'identification et des pratiques sociales, notamment dans l'analyse des flux de communications langagiers, débouchent sur l'édification de structures légitimes comprenant l'utilisation de deux standards, le catalan et le castillan.

La réussite de la politique scolaire catalane repose donc sur un compromis social implicite, respectant ainsi les préférences, attitudes ou visées identitaires de chacun. La démocratisation de l'usage du catalan attriste ou suscite bien des analyses et des commentaires de la part des intellectuels et politiques catalans (les deux genres n'étant pas exclusif l'un de l'autre, là-bas du moins). Cela a le mérite d'entretenir leur carrière et de faire perdurer (ou de participer à) une entreprise collective dont les fondements, voire les hommes, sont à rechercher dans les années 1950-1970.

Cette culture de la défense d'une identité, si durable après tant d'années d'un autoritarisme paternaliste et hypocrite, a forgé une conscience collective articulée socialement sur des réseaux d'individus qui ont fait de la langue une référence indépassable. Il leur semble aujourd'hui difficilement concevable d'assister à une instrumentalisation du catalan qui, pourtant, est la condition sine qua non du renouvellement linguistique.

Jordi Pujol l'indique, la société catalane doit rester une société "ouverte et conviviale" dans lequel chacun doit trouver sa place. L'opposition linguistique constitue aujourd'hui un moteur d'autant plus important qu'elle génère directement ou indirectement des emplois, des revenus et des ressources. Un narcissisme des petites différences qui permet de produire économiquement de l'identité et de satisfaire aux exigences d'un libéralisme culturel que la société espagnole, par une alchimie particulière, a su si bien sécréter.

Aussi, les repères familiers que constituent pour nous les constructions sociologiques des Etats-nations traditionnels doivent-ils affronter la concurrence de l'expérience catalane. Points de disqualification par une autorité centralisée des minorités, mais un processus de construction des revendications ou des expressions identitaires basés sur la démultiplication infra-territoriale des légitimités culturelles de chaque groupe. Un processus dans lequel chacun y trouve son compte. Pour l'instant.

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