Université PARIS-DAUPHINE
DEA 126 - SCIENCES POLITIQUES (Identité et
Organisation)
Langage & Politique
en Catalogne :
la définition d'une politique scolaire sur un
marché linguistique compétitif
Mémoire de Jean-philippe SOL
sous la direction du professeur D. COLAS
SOMMAIRE
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INTRODUCTION
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5
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I - GENEALOGIE CULTURELLE ET POLITIQUE DE LA CATALOGNE
AUTONOME
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7
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A - LA GÉNÉALOGIE CULTURELLE DE
L'IDENTIÉ CATALANE
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7
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B - LA DISJONCTION CENTRE - PÉRIPHÉRIE
ET LA CRISTALLISATION
IDENTITAIRE
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12
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C - LA LÉGITIMATION POLITIQUE DE LA
CATALOGNE
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15
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II - LES FONDEMENTS SOCIAUX DE LA
SITUATION
LINGUISTIQUE EN CATALOGNE
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19
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A - L'ÉTUDE DES PROCESSUS DE COMMUNICATION
D'UNE COMMUNAUTÉ
IMAGINAIRE
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19
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B - L'IMPACT DU BILINGUISME SUR LA CONSTRUCTION
SOCIALE DE
L'IDENTITÉ CATALANE
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23
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C - L'IMPORTANCE DE L'ÉCOLE DANS UN
MARCHÉ LINGUISTIQUE
COMPÉTITIF
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29
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III - LA PLACE DE LA LANGUE DANS LA
CONSTRUCTION
SOCIALE DE L'IDENTITE CATALANE
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36
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A - LA DÉFINITION DE LA PLACE DE LANGUE PAR LES
DÉPOSITAIRES
LÉGITIMES DE L'IDENTITÉ
CATALANE
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36
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B - LA RECONSTRUCTION DU PASSÉ
CATALAN
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42
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IV - LA CONSTRUCTION D'UN DISPOSITIF
DE NATIONALISATION LINGUISTIQUE
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48
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A - LE DISPOSITIF DE NATIONALISATION LINGUISTIQUE
ENTREPRIS PAR
LA COMMUNAUTÉ AUTONOME DE CATALOGNE
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48
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B - LE QUADRILLAGE ADMINISTRATIF DU
TERRITOIRE
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53
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V - GENEALOGIE DE LA POLITIQUE SCOLAIRE DE
LA
CATALOGNE AUTONOME
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56
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A - LES CONDITIONS POLITIQUES ET SOCIALES DU
RENOUVEAU
INTELLECTUEL CATALAN
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56
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B - L'ÉMERGENCE D'INSTITUTIONS
CONSACRÉES À L'ENSEIGNEMENT DU
CATALAN
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62
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C - LE CHOIX D'UNE ÉCOLE PROPREMENT
CATALANE
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64
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VI - LA POLITIQUE SCOLAIRE DE LA COMMUNAUTE
AUTONOME
DE CATALOGNE
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68
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A - LA MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE PUBLIQUE DE
L'ÉDUCATION
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68
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B - LE PROCESSUS DE NATIONALISATION DES CIRCUITS DE
SOCIALISATION
ÉDUCATIF
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73
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C - LA SPÉCIFICITÉ DU MODÈLE
CATALAN : L'EXEMPLE DU PROGRAMME
D'IMMERSION LINGUISTIQUE
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77
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CONCLUSIONS
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80
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BIBLIOGRAPHIE THEMATIQUE
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82
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ANNEXES
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97
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INTRODUCTION
A l'universalité de la violence, sous quelque forme
qu'elle s'exprime, répond l'universalité du droit, sous quelque
forme qu'il se développe. Le nationalisme n'échappe pas à
cette constatation et les affrontements se déroulant en ex-Yougoslavie
témoigne de la version violente de ce phénomène. A
l'inverse, le cas de la Catalogne (autonome politiquement depuis 1979) est une
illustration d'une concrétisation démocratique et pacifique d'un
mouvement nationaliste puisant ses racines intellectuelles et
idéologiques dans le renouveau romantique de la littérature
catalane du XIXéme siècle.
La particularité de la trajectoire historique de
l'Etat espagnol n'épuise pas les réflexions sur la persistance et
la formation d'un sentiment communautaire alimenté par une
identification profonde à la langue catalane. En ce sens, nous soutenons
que si cette identification s'est particulièrement renforcée sous
le franquisme, générant par là-même les cadres
intellectuels et politiques nécessaires à l'institutionnalisation
d'une communauté politique autonome, elle est indissociable du
développement parallèle et accepté du castillan sur les
territoires catalans, phénomène lié à
l'industrialisation et à l'immigration, mais non pas exclusivement.
Cette cohabitation (à supposer qu'elle soit
perçue comme telle par l'ensemble des acteurs sociaux) pousse les
responsables politiques actuels à produire des politiques
spécifiques visant à délimiter les espaces respectifs des
deux langues et à favoriser l'extension du catalan.
La politique de nationalisation linguistique menée par
la Generalitat de Catalunya - le gouvernement catalan - doit donc
composer tout aussi bien avec les impératifs d'un Etat de droit
respectueux des droits linguistiques individuels comme avec la
réalité socio-politique avec laquelle elle est en prise.
Paradoxalement, c'est la politique scolaire de la
communauté autonome qui rencontre le plus de succès auprès
d'une population soucieuse de voir se conserver la langue castillane.
Le titre de ce mémoire, "Langage & Politique en
Catalogne : la définition d'une politique scolaire sur un marché
linguistique compétitif", révèle l'objet de notre
entreprise. Il s'agit avant tout de dévoiler les fondements
intellectuels, politiques et sociaux qui président à la
construction sociale d'une politique publique jouant un rôle fondamental
dans la nationalisation des esprits voulue par leurs auteurs.
Nous tenons enfin à préciser que l'analyse
spécifique de la construction d'un appareil scolaire mériterait
une recherche comparative plus approfondie. Le cas de la Catalogne
mériterait ainsi d'être inséré dans une étude
globale sur la généalogie de ces appareils. Nous y avons
pensé, mais il nous a semblé plus judicieux et plus
intéressant de nous attaquer au sujet évoqué. En outre,
cette enquête réclamerait plus de temps que celui
réclamé par notre mémoire. Nous ajoutons que ce dernier a
pour vocation de précéder une thèse de Doctorat d'Etat sur
les télévisions catalanes.
"En dépit (ou peut-être en raison) de sa profonde
[thorough] modernisation, la Catalogne reste une nation possédant une
forte conscience de son identité historique nationale ainsi qu'une
aspiration passionnée pour une large autonomie [maximum autonomy] au
sein de la péninsule ibérique"1(*).
I - GENEALOGIE CULTURELLE ET POLITIQUE
DE LA CATALOGNE AUTONOME
A - La généalogie culturelle de
l'identité catalane
1 - Préliminaire théorique sur les processus
de nationalisation
a) Le processus de nationalisation des esprits
Certes, comme l'a souligné Ernest Gellner2(*), le nationalisme produit la
Nation, suivant ainsi une logique de développement capitaliste
associée à une technologie industrielle évolutive ; mais
cette logique n'est pas exclusive. C'est peut-être, et surtout, pour
résoudre une question proprement politique que l'Etat a cherché
à homogénéïser culturellement une communauté
sur laquelle il exerçait une contrainte de domination territorialement
délimitée3(*).
Le succès de la nationalisation des esprits dépend du
degré d'acceptation des modalités d'unification
opérées par l'Etat et, symétriquement de la puissance des
minorités nationales ou infra-nationales à faire prévaloir
leur propre conception de l'identité nationale.
b) Les résistances à la nationalisation des
esprits
Le problème de l'inclusionnisme4(*) politique peut ainsi se heurter,
indépendemment des mécanismes d'intégration
économiques, à la permanence d'identités politiques
spécifiques, au-delà d'un système politique plaçant
des acteurs ethniques multiples dans une même dimension. Les
revendications d'élites périphériques trouvent d'autant
plus facilement des appuis auprès des populations qu'elles tentent de
mobiliser, que certaines conditions prérequises à la construction
d'une identité nationale n'ont pas été réunies.
Ainsi, une mauvaise intégration des élites
périphériques au pouvoir central comme de trop fortes
disparités économiques entre des entités présentes
sur un même territoire peuvent entraîner la permanence
d'identités locales spécifiques.
Ceci correspond au cas de la Catalogne.
Cette absence d'intégration réactive d'autant
mieux un sentiment d'identité spécifique que la population
considérée détient ou a la possibilité de
réactiver un patrimoine culturel et intellectuel important. La
possession (réelle, imaginée ou inventée) d'une langue, la
diffusion d'une histoire "nationale", la pratique de traditions, l'existence
d'une élite politico-économique ayant pu développer des
ressources de façon autonome, tout ces éléments favorisent
l'apparition de mouvements nationalistes ayant pour objectif la dissociation
culturelle et/ou politique de la communauté locale d'avec la
communauté nationale.
2 - Les origines romantiques de l'identité catalane
Comme le souligne Alberto Balcells5(*), le point de départ d'une
aspiration intellectuelle et culturelle proprement catalane remonte au milieu
du XIXe siècle et les racines de cette aspiration sont à
rechercher dans l'élan romantique qui touche alors une large partie des
intellectuels européens. Le mouvement catalan, baptisé
Renaissance (Renaixança), s'étend sur une quarantaine
d'années, à dater (pour Balcells) de la publication de La Oda a
la Pàtria du poète Aribau, publiée en 1833. Issues d'un
cénacle d'intellectuels fortement inspirés par la vague
romantique6(*), les oeuvres issues de cette
période dérivent d'une volonté de
récupération d'une culture et d'une histoire proprement catalane
avec, comme médiation première, l'utilisation de la langue
catalane. Ainsi, dans le prologue précèdant le corps de ses
poésies, publié en 1843, Joaquim Rubio i Ors soulignait une
ambition limitée politiquement : "la Catalogne peut encore aspirer
à l'indépendance, non la politique (...) mais
l'indépendance littéraire"7(*).
Si l'impact de la Renaixença demeura sur le
coup politiquement limité, il n'en reste pas moins qu'elle suscita une
relecture romantique du passé de la Catalogne comme en témoigne
l'oeuvre de Victor Balaguer, Historia de Cataluna y de la Corona de
Aragon, un travail que Josep R. Llobera n'hésite pas à
qualifier : "de melange invérifiable de légendes et de faits,
écrit dans le souci patriotique de rappeller une histoire de
liberté et de progrès injustement oublié"8(*).
Un travail que l'on peut rapprocher, de par sa nature
d'oeuvre "inventée", de l'ouvrage des frères Allan, Vestiarum
Scoticum, paru en 1842 et proposant une relecture imaginée du
passé écossais9(*). Le mouvement catalan (socialement conservateur) n'est
alors qu'un simple mouvement régionaliste, aux effectifs limités,
et que l'on peut comparer au mouvement félibrige de
Frédéric Mistral10(*), revendiquant l'expression et l'utilisation de
"marqueurs" linguistico-culturels11(*) comme le montre la réactivation des Jocs
Florals en 1859.
Par un hasard de l'histoire judicieusement orienté,
les intellectuels catalans furent d'ailleurs influencés par la
philosophie du common sense de l'écossais Walter Scott12(*), dont on connaît la
place et le rôle qu'il joua dans la "reconstruction" du passé
écossais. Cette philosophie du common sense, associée à
l'idée de Volksgeist, principe spirituel transcendant
l'âme d'une nation13(*), va permettre aux intellectuels catalans de poser les
bases de l'identité catalane puis de passer du registre culturel au
registre politique, en donnant une définition de la nationalité
catalane.
L'agitation proto-nationaliste va prendre de l'ampleur et de
la consistance à la fin du siècle avec l'émergence d'un
corpus de textes portant sur l'identité politique et culturelle de la
Catalogne ainsi que l'apparition d'institutions dédiées à
la consécration d'enjeux catalans.
3 - Emergence d'un corpus nationaliste
Valenti Almirall et Enric Prat de la Riba fournissent,
à la fin du XIXe siècle, un contenu aux aspirations
identitaires catalanes. Valenti Almirall dégage dans son ouvrage Lo
Catalanisme (1886) les traits de caractère distinctifs des catalans, par
opposition aux castillans14(*), tandis que Enric Prat de la Riba, qui fondera le
plus important parti catalan du début de ce siècle, la Lliga
Regionalista, publie en 1906 La nacionaliat catalana, dans lequel
il naturalise l'existence de la nation catalane, effectuant une
généalogie de la nation catalane à partir des
présupposés romantiques évoqués plus haut : "Et
nous voyons plus : nous voyons que la Catalogne possédait une langue, un
droit, un art propre ; qu'elle disposait d'un esprit national, d'un
caractère national, d'une conscience nationale ; la Catalogne
était donc une nation"15(*). Pour Prat de la Riba, la nation catalane existe en
raison de ses origines ethnique et linguistique, ainsi que l'a
démontré Almirall16(*).
Cette définition de la nation catalane proposée
par un leader politique responsable d'un mouvement fédéraliste -
d'obédience catholique, politiquement et socialement conservateur - et
l'émergence de la définition de traits de caractères
spécifiques accompagnent l'irritation croissante d'une fraction de la
bourgeoisie catalane face à l'incapacité du centre
madrilène d'assumer un double rôle régulateur à la
fois sur le plan politique et sur le plan économique.
B - la disjonction Centre-Périphérie et la
cristallisation identitaire
1 - Un processus de dissociation irréversible entre
centre et périphérie
La Castille reste en effet une société
aristocratique et foncière tandis que la Catalogne et le pays Basque
connaissaient une croissance industrielle et des mutations sociales similaires
aux autres pays ouest-européens touchés par la révolution
industrielle17(*). Le
régime politique espagnol a cependant des difficultés à
intégrer ces nouvelles mutations. L'instabilité politique,
l'incapacité des élites dirigeantes à fournir un cadre
économique satisfaisant les interêts régionaux et à
modifier un système politique18(*) caractérisé par le caciquisme vont
pousser les élites catalanes à opter pour un développement
politique séparé.
Les raisons profondes de ce revivalisme identitaire (catalan
mais également basque) sont à chercher, d'après Juan
Linz19(*), dans la
délégitimation de l'action centralisatrice espagnole, liée
à l'absence d'une construction autonome d'un Etat espagnol.
Ainsi, celui-ci va se trouver impuissant à
résoudre les différents clivages politiques, notamment ceux
portant sur les normes constitutionnelles et la notion de citoyenneté
espagnole, laissant de ce fait le terrain libre à différents
entrepreneurs politiques régionaux ; le phénomène carliste
préfigurant, comme le rappelle Guy Hermet, l'avenir des propositions
régionalistes-séparatistes20(*). Etant d'autre part incapable d'imposer une
administration et un idiome commun, l'Espagne, va secréter un
autoritarisme d'Etat particulier dont le franquisme, ultime tentative
d'unification "nationale", constituera l'avatar le plus robuste21(*).
2 - Les fondements du "syncrétisme
stratégique" catalan
Dés 1892, les "Bases de Manresa", document
rédigé par une confédération de partis centristes
catalans, la Uni Catalanista, proposent le premier statut d'autonomie
de la Catalogne, à fin, essentiellement, de préserver la
tradition juridique catalane22(*). Mais c'est la perte de débouchés
économiques, suite à la perte de Cuba en 1898, qui va
définitivement achever de décrédibiliser l'Etat espagnol
aux yeux des élites catalanes Dès lors, nous assistons à
un processus associant élites sociales et élites culturelles
catalanes, un "syncrétisme stratégique" pour
reprendre le concept forgé par Christophe Jaffrelot23(*).
Les diverses composantes idéologiques24(*) du nationalisme finissent par
fusionner face aux vèlléités centralisatrices de l'Etat
espagnol, perçues désormais comme étant inacceptables par
l'ensemble des acteurs revendiquant un sentiment identitaire catalan25(*). Le mouvement touche aussi
bien le clergé, déçu par l'évolution politique du
pays, que la bourgeoisie d'affaires traditionnelle ou la petite bourgeoisie
issue de l'évolution industrielle26(*). Le nationalisme idéologique est relayé
par un nationalisme politique qui trouva son expression la plus symbolique dans
la création d'une Solidarité Catalane réunissant en son
sein différentes formations et mouvements politiques.
De façon plus générale, on assiste
à une autonomisation d'un "champ" spécifiquement catalan, espace
qui se caractèrise par l'émergence et la consolidation
d'institutions au sein de "champs" multiples27(*). Nous pouvons notamment y distinguer
l'évolution des champs politiques et linguistiques28(*).
a) Le plan politique
L'action des leaders et élites catalanes se
structurent autour d'une droite conservatrice, représentée par la
Lliga Catalana, et une gauche catalaniste, rassemblée sous le
label d'Esquerra Republicana. Les diverses tendances vont d'ailleurs
s'accorder pour coordonner leurs actions élèctorales et
enlèvent, en 1907, 41 des 44 sièges attribués au parlement
catalan. La tentative du pouvoir central de doter la Catalogne d'une autonomie
politique (la Mancommunitat) interviendra trop tard pour
contrebalancer l'évolution autonomiste de la région29(*). Les remous politiques
ultérieurs30(*) ne feront que confirmer
l'évolution politique et intellectuelle de la Catalogne, notamment avec
la proclamation de la Generalitat de Catalunya en 1931 par les responsables
politiques catalans.
b) Le plan linguistique
D'autre part, les intellectuels catalans effectuent un
travail conséquent sur la langue, expression la plus tangible de leur
identité culturelle, comme le souligne Prat de la Riba reprenant
Herder31(*), et dotant
celle-ci d'une grammaire, d'une syntaxe et d'un vocabulaire, sous
l'égide de Pompeu Fabra.
La codification de la langue, qui n'avait pas encore
été effectuée, s'opère sous l'égide de
l'Institut d'Estudis Catalans (fondé par Prat de la Riba),
créé en 1907, et qui va successivement promulguer les normes
orthographiques (1913), la grammaire (1918) et le dictionnaire
général de la langue catalane (1932)32(*). Avec la codification et la
standardisation de la langue étaient achevées ce que Stein Rokkan
et Derek W.Urwin ont designé avec justesse comme étant les
"Racines infrastructurelles de l'identité"
(Infrastructural roots of identity)33(*). Identité préservée par la
conservation de la langue et matérialisée par la construction
d'institutions, d'instances ou de mouvements catalans, qui vont
particulièrement s'affirmer à partir des années
1950-1960.
C - La légitimation politique de la Catalogne
1 - La transition démocratique et le système
des communautés autonomes
Avec un passé historique récent
constitué de luttes politiques identifiables et transposables ainsi que
la récupération d'une identité culturelle
caractérisée par la langue, les fondements de l'identité
catalane étaient définitivement posés. Le franquisme,
ultime tentative de réinstaurer un Etat unitaire, n'a fait que retarder
l'échéance tout en accélérant l'émergence
d'une élite catalane soucieuse de développer son identité.
Le nouveau régime politique post-franquiste, en inscrivant dans le droit
les revendications identitaires catalanes, va définitivement
légitimer le particularisme de leurs actions.
Depuis le changement démocratique de 1978, la
constitution de l'Espagne, quoiqu'elle se fonde sur "l'indissoluble
unité de la nation espagnole", reconnaît et garantit le droit
à l'autonomie des nationalités et des régions (art.2 de la
constitution de 1978) qui composent l'Espagne. Cette reconnaissance de la
diversité des bases socio-culturelles du pays doit beaucoup aux
aspirations identitaires des basques et des catalans, soucieux d'assumer leur
liberté culturelle et linguistique aprés les années de
plombs de l'ére franquiste. Ont ainsi été
considérées comme "nationalités historiques" les
unités politiques ayant par le passé adopté des projets de
statut d'autonomie (en l'occurence, la Catalogne mais également le pays
Basque et la Galicie).
2 - La définition des compétences
légitimes de la communauté autonome de Catalogne
a) Le pluralisme identitaire et la définition des
compétences
Le consensus politique post-franquiste a produit un des
régimes politiques les plus attentifs à la reconnaissance des
besoins identitaires manifestés par les différentes unités
locales, régionales ou nationales du pays. Ainsi, l'élaboration
du statut d'autonomie a-t-il été laissé à la charge
de la Catalogne, qui l'a fait approuver en 1979. Le fonctionnement et les
structures de la Communauté Autonome de Catalogne s'apparentent de fait
à celui d'un Etat moderne.
De même, la souplesse constitutionnelle liée
à l'attribution de domaines de compétences a permis à la
Catalogne d'entreprendre une politique culturelle34(*) et linguistique visant
à "catalaniser" les territoires sur lesquels elle exerce son
autorité.
La constitutionnalisation de la notion de nationalité,
comme la souplesse juridique du régime politique, va permettre aux
dirigeants de la Catalogne Autonome de produire et de diffuser un modèle
identitaire légitime.
b) Le flou juridique portant sur les définitions des
compétences
Reste que le texte constitutionnel est volontairement flou
sur la mise et le fonctionnement du système des autonomies.
L'étendue des compétences dévolues à chacune des 17
communautés autonomes comme le partage des compétences entre
l'Etat et les communautés autonomes n'ont pas été
clairement fixés. Comme le souligne Franck Moderne, "le souci de
répondre au plus tôt aux aspirations des forces politiques de la
Catalogne et du pays Basque l'a emporté sur la recherche d'une forme
rationnelle de structuration du pouvoir...l'Etat des autonomies est de ce fait
un Etat en construction dont les contours ne se dessinent pas encore clairement
; c'est pour l'instant un Etat inclassable"35(*).
Cependant, en raison du long cheminement démocratique
et politique qui a conduit à l'élaboration de la constitution,
nous qualifions le régime espagnol d'"un modéle ouvert de
fédéralisme imparfait"36(*), pour reprendre l'expression de Luis
Moreno, car elle reflète bien l'évolution pacifique et
démocratique d'un pays soucieux de ses différences ethniques et
qui cherche, tant bien que mal, à se débarasser de la violence en
politique.
3 - L'importance des revendications culturelles
Ce cadre juridique reflète autant qu'il entretient la
lutte politique que se livrent les différentes unités politiques
dans le cadre constitutionnel espagnol. Dans le sillage des basques et des
catalans, d'autres régions en sont venues à exprimer, par
mimétisme, des revendications identitaires, comme les galiciens, les
aragonais ou les navarrais37(*). Ces derniers symbolisent d'une certaine façon
l'évolution politique du pays puisque si le parti de l'Union du peuple
navarrais (UPN) revendique l'attachement à l'unité espagnole, son
leader, Juan Cruz Alli défend l'originalité de la nation
espagnole, composée de communautés historiques et linguistiques
distinctes. Il en est ainsi venu à défendre une identité
navarraise incluant l'histoire et la culture basque de la partie nord de la
région. Il défend aussi de façon égale
l'enseignement en basque et l'enseignement en castillan. La question de
l'enseignement joue donc un rôle majeur dans la définition des
réprésentations identitaires manifestées par les
différents acteurs
II - LES FONDEMENTS SOCIAUX
DE LA SITUATION LINGUISTIQUE EN CATALOGNE
A - L'ÉTUDE DES PROCESSUS DE COMMUNICATION D'UNE
COMMUNAUTÉ IMAGINAIRE
1 -Karl Deutsch ou la communication comme coeur de la
construction nationale
Dans son ouvrage le plus connu38(*), Karl Deutsch
entendait s'interroger sur la notion de nationalisme. Son approche du
phénomène nationaliste, ou plus généralement du
processus de formation de l'Etat-Nation, prend comme référent la
logique du développement capitaliste et la division du travail social
qui en résulte. La modernisation économique rencontre ici la
trajectoire étatique, causalement négligeable,
caractérisée par la localisation du monopole de la contrainte
légitime au sein d'une institution différenciée. L'apport
le plus original fourni par Deutsch dans son ouvrage réside dans
l'importance qu'il accorde à la communication dans la formation et
l'entretien du sentiment communautaire.
"Les gouvernements doivent pouvoir disposer de canaux sociaux
réels afin de recevoir et d'accepter l'information portant sur les
changements importants quant aux besoins et habitudes de leur population, ou
dans les conditions spécifiques de leur pouvoir" (p.78). Deutsch
souligne également que l'identité nationale forme une structure
particulière qui est plus qu'une association volontaire. Par le terme
structure, il entend ainsi préciser que toute Nation possède sa
propre personnalité collective, objectivement repérable.
L'originalité de son apport dérive de
l'articulation proposée entre la personnalité de la nation - la
culture nationale - et l'ensemble des interactions sociales concrètes
permettant au groupe donné de matérialiser cette "volonté
organique" (au sens de Tonnïes : l'appartenance à une
communauté)39(*).
2 - L'évaluation des processus de communication
Comme il le souligne p.87, "Les processus de communications
sont à la base de la cohérence des sociétés, des
cultures, et même de la personnalité des individus". Ce qui lui
permet de préciser une conception fonctionnaliste de la
nationalité : "L'appartenance sociale à un peuple repose sur une
profonde complémentarité de la communication sociale".
Produit de l'histoire et de la volonté collective, la
Nation se caractérise donc par des moyens de communications propres et
singulièrement consacrés aux interactions sociales
pratiquées à l'intérieur d'une communauté
donnée. Le degré de cohésion d'une
culture-société devient ainsi mesurable en fonction du niveau de
développement des réseaux de communication.
D'ou la liste des indicateurs retenus par Karl Deutsch : taux
d'urbanisation, nombre d'étudiants, lecture de la presse etc...Comme le
souligne à juste titre Jacques Gerstlé, Deutsch appartient
à la mouvance des structuro-fonctionnalistes : "Système,
échange, équilibre sont ici les concepts clés...Les
différents systèmes qui composent la société
(système politique, économique, culturel, etc...)
s'échangent des informations. On est dans une logique de circulation de
l'information à travers des flux qui assurent l'adaptation de chaque
système à son environnement"40(*).
3 - La notion de nation-Etat
Sans reprendre les différentes critiques portant sur
l'analyse de Deutsch (notamment sa vision téléogique de la
nation), nous pensons que la perspective qu'il met en valeur a le mérite
de souligner l'importance politique d'un espace de communication nationale.
Comme le souligne Yves Déloye, reprenant l'analyse d'Ernest Gellner, "si
le nationalisme crée la Nation, ce n'est pas uniquement et
historiquement pour satisfaire à un impératif économique.
C'est d'abord pour résoudre une question politique qui peut être
résumée de la façon suivante : comment
homogénéiser la culture des citoyens d'un Etat-nation"41(*).
De ce fait, l'Etat s'approprie les dispositifs
nécessaires à la nationalisation du territoire : concentration
militaire et fiscale, mais également contrôle de l'appareil de
socialisation civique engendrant des effets différenciés sur
l'ensemble des sous-groupes composant la communauté en voie de formation
nationale (disqualification des "dialectes", suppression ou agrégation
des droits coutumiers etc...) voire contrôle des technologies de
l'information.
Mais à ce modèle classique de la formation d'un
Etat-nation, il convient d'ajouter celui de la nation-Etat : "Une nation, par
contraste, cherche à devenir une nation-Etat à travers ce que
Grillo appelle la "politisation de l'ethnicité", revendiquant un
appareil politique afin de tracer ses frontières culturelles. Dans ce
processus, les sentiments locaux et la solidarité de groupe sont
capitalisés par une caste politique donnée"42(*). Une communauté
particulière, définie par une identité culturelle
spécifique, obtient du centre les moyens d'imposer ses normes
nationales.
Le concept de Nation-Etat s'applique au cas de la Catalogne
autonome qui revendique et défend une politique de Normalisation
Linguistique (NL) destinée à homogénéiser
linguistiquement les territoires sur lesquelles elle exerce une autorité
effective.
4 - La matérialisation du sentiment communautaire
Cette Normalisation linguistique suppose l'utilisation de
moyens ad hoc dont l'emploi répond à une logique de construction
nationale. A nos yeux, la construction sociale des réalités
nationales procède d'une démarche scientifique d'ordre
sociologique qui doit nous indiquer comment les élites politiques et
intellectuelles arrivent à matérialiser le nationalisme dont
elles se revendiquent et à élaborer de façon
légitime des modèles d'habitus nationaliste via la construction
d'instances, d'institutions ou de dispositifs particuliers43(*).
C'est dans cette optique que les perspectives
évoquées par Karl Deutsch s'avèrent fécondes, en ce
qu'elles permettent de penser et d'envisager la constitution d'un espace de
communication inhérent à la formation et à la reproduction
d'une communauté particulière.
Si le nationalisme crée la nation, pour reprendre
l'expression de Gellner, il a besoin pour ce faire de matérialiser ce
sentiment national. Dans le cas de la Catalogne, cette ambition se traduit par
la mise en place et le soutien à des activités destinées
à la reproduction sociale de la langue (l'école), à la
diffusion de celle-ci (radio, télévision, presse) ; l'ensemble de
ces activités étant régulées par un centre
politico-administratif (la Generalitat). Le rappel à la théorie
de Deutsch est d'autant plus important que les sociolinguistes intégrent
la notion de cybérnétique dans leurs travaux44(*) et que la
Généralité axe le développement de sa politique sur
la mesure des usages sociaux du catalan.
B - L'IMPACT Du BILINGUISME LINGUISTIQUE SUR LA
CONSTRUCTION SOCIALE DE LA COMMUNAUTÉ CATALANE
1 - Le visage de Janus
a) La dualité des sentiments d'appartenance
subjectifs
L'affirmation d'une identité particulière n'est
pas exclusive de l'identification subjective à une autre
identité. Si la création d'une Catalogne autonome et
démocratique institutionnalise une unité politique dont les
fondements culturels sont à rechercher dans la langue catalane, les
acteurs sociaux ne semblent pas disposés à remettre en cause un
bilinguisme solidement établi dans les moeurs et les usages. Les
sondages et enquêtes45(*) effectués à la sortie de la transition
démocratique révèlent en effet la compléxité
des identications subjectives des habitants de la Catalogne. En 1979, 38% de
ceux-ci se sentaient espagnols ou plus espagnols, 36% déclaraient se
sentir autant espagnols que catalans, et seulement 15% revendiquaient une
identification régionale. Si la majorité des immigrés
parlant uniquement le castillan se déclarent presque exclusivement
espagnols (à 84%), les catalans de souche sont extrêmement
partagés. 19% de ces derniers se déclarent espagnols ou plus
espagnols, 43% affirment être autant espagnols que catalans et 21% se
déclarent uniquement catalans.
b) L'existence d'une identité démocratique
duale
Ces pourcentages n'ont pas evolué puisque lors d'une
nouvelle enquête effectué en 199046(*), 31% des personnes interrogés se
déclaraient plus catalanes qu'espagnoles. Le reste de la population
interrogée se déclarant autant catalane qu'espagnole ou plus
espagnole que catalane. Ce phénomène a été
qualifié d'"identité duale" par Juan Linz47(*). Les catalans, en
majorité, revendiquent une double appartenance identitaire,
enracinée dans le développement de la démocratie espagnole
post-franquiste. Les institutions espagnoles permettent de vivre cette
distinction sans heurts majeurs, de réconcilier le pluralisme et
l'unité. Cette forme de double nationalité ou de
citoyenneté démocratique duale épouse autant qu'elle est
générée par l'existence de la Generalitat de
Catalunya.
Ainsi que Luis Moreno l'énonce :"..La recherche de
formes institutionnelles d'autogouvernement qui répondent à une
perception intégratrice avec le reste de l'Espagne, de la part des
citoyens possédant une double nationalité en Ecosse et en
Catalogne, est la condition nécessaire du renforcement des liens de
solidarité au sein de leurs espaces politiques respectifs"48(*). Les espaces de
compétitions politiques infranationaux - les élèctions
autonomistes - deviennent des théatres d'expressions de cette
citoyenneté démocratique duale, à l'intérieur
desquelles se mettent des processus de différenciation satisfaisant les
divers niveaux d'appartenance identitaire49(*).
2 - La rivalité des langages : la construction d'une
politique identitaire fondée sur l'usage social de la langue
C'est donc à une compétition légitime
entre deux langues à laquelle on assiste en Catalogne et dont
l'opposition/complémentarité est reconnue publiquement par les
dirigeants catalans50(*). En raison du contexte plurilingue
dans lequel évolue la Catalogne d'aujourd'hui, cette situation
linguistique est perçue et analysée comme étant un
véritable marché sur lequel le catalan doit accroître ses
parts légitimes.
Car la particularité de la situation catalane est
qu'elle mélange droits collectifs et droits individuels51(*),
transcription intellectuelle du compromis politique inhérent à la
réalité socio-politique de la Catalogne. En effet, la notion
objective de communauté se dissout à la fois devant la
pluralité des sentiments d'appartenance et de la pratique linguistique
qui s'y attache. Le castillan est tout autant enraciné que le catalan en
Catalogne52(*). La
catalogne est une société fondamentalement bilingue.
Aussi, en raison du rapport étroit qu'entretiennent
les catalans avec leur langue (voir le chapitre suivant), la création
d'une "communauté imaginaire" leur semble indispensable à la
pérennité d'une identité toujours menaçée
par la permanence de la lague castillane. D'où l'importance et la mise
en valeur de la pratique sociale du catalan comme vecteur de l'identité
catalane, pratique sociale qui est au coeur du Plan Général de
Normalistion Linguistique.
Comme le rapelle Jordi Pujol, seulement 10% des
périodiques, 12,3% des revues, 24% de l'offre
télévisée, 8,5% des films et 18% de la publicité
sont en catalan53(*). Indépendemment du
commentaire de ces chiffres, qui montre la naturalisation du castillan,
l'étude des processus de communication, tant macro que
micro-sociétale, permet de constituer des registres identitaires
fondés sur l'analyse des chiffres. Les résultats, supports
chiffrés des revendications catalanes, démontrent
également la naturalisation du castillan.
![](language-politique-catalogne1.png)
1 - La compétence linguistique en
Catalogne
b) Les évaluations de l'usage social de la langue
Cette compétition linguistique pousse les
scientifiques et les responsables politiques à quêter
l'utilisation du catalan dans la moindre de ses interactions sociales, incluant
les circuits primaires de socialisation tout comme la pratique ou la
qualité du catalan pratiqué. La pratique du catalan est ainsi
analysée à la loupe par âge, profession, secteur
d'activité, statut, etc...dont les résultats donnent lieu
à commentaires et analyses54(*).
Ces analyses sont éffectuées à partir de
recensements linguistiques (le dernier date de 1991- après ceux de 1975
et 1986). Leur particularité est d'établir une segmentation
suivant les critères suivants: 1) une relation entre la composition
ethnique de la famille et la langue d'usage ; 2) une relation entre la langue
utilisée dans le travail et la langue utilisée dans la vie
privée ; 3) une comparaison entre l'utilisation, privée et
publique des deux langues. Ces analyses montrent tout aussi bien la permanence
du castillan que la différence entre l'usage oral du catalan et son
utilisation écrite.
Le catalan est plus facilement compris oralement, voire
parlé, mais son utilisation écrite (par manque de
compétence ou par désir d'écrire en castillan) reste en
deçà de son utilisation orale, comme le montre le graphique 1.
c) Les fonctionnaires catalans
L'étude de la bureaucratisation, c'est aussi
l'étude de la bureaucratisation linguistique.
Prenons l'exemple des taux de lecture des fonctionnaires de
la Generalitat. Ainsi, 81% des fonctionnaires lisent en catalan, 19% lisent en
castillan ; 82% des catalanophones d'origine lisent en catalan ; 77% des
bilingues d'origine lisent en catalan et 78% des castillanophones d'origines
lisent en catalan. Ainsi, la catalanisation au sein même de la
Generalitat n'est pas encore achevée puisque 14% des
fonctionnaires de la Catalogne écrivent en castillan et que la part du
castillan dans la distribution quotidienne des langues révèlent
que 21% des interactions langagières interpersonnelles sont
éfféctuées en Castillan55(*).
![](language-politique-catalogne2.png)
2 - La catalanisation partielle de
l'administration
Enfin, comme on peut le constater sur le graphique 2,
situé ci-dessus, seulement 75% des fonctionnaires utilisent
exclusivement le catalan sur leur lieu de travail. Cette catalanisation
partielle souligne le processus de construction d'un appareil bureaucratique
catalan dans un contexte plurilingue.
Pourtant symbole de la "renaissance nationale" (un des grands
thèmes des années 1970), 60% seulement des fonctionnaires de la
Généralité avouent posséder comme langue
première le catalan56(*).
d) Le cas du secteur socio-économique
L'attitude des citoyens catalans face à l'utilisation
des langues dans les contextes commerciaux démontre l'ambivalence des
positions sur l'usage des langues. 67,9% des personnes interrogées
considèrent positif l'affichage des produits en catalans mais 63%
souhaitent que les indications portées sur les produits soient
écrites dans les deux langues. De même, 52% des interrogés
ne sont pas opposés à la publicité en castillan sur les
chaînes de télévisions. Réciproquement, seulement un
quart des interrogés (27,1%) sont opposés à l'introduction
d'annonces publicitaires en catalan sur les chaînes nationales
émettant en castillan57(*).
Un sondage récent portant sur les petites entreprises
de l'aire métropolitaine barcelonaise souligne l'intrication (orale et
écrite) des deux langues dans les usages commerciaux58(*) (voir graphique 3)
3 -
la catalanisation des relation commerciales
C - L'IMPORTANCE DE L'ÉCOLE DANS UN
MARCHÉ LINGUISTIQUE COMPÉTITIF
1 - Les ressorts sociaux de l'adoption de l'offre scolaire
catalane
a) L'interêt d'apprendre le catalan
Le problème majeur qui se pose aux responsables
catalans est d'intéresser la population à la scolarisation de
leurs enfants en catalan. Si les responsables politiques locaux approuvent et
encouragent majoritairement le Plan de Normalisation Linguistique59(*), 95% d'entre eux estiment que
les immigrants doivent s'intégrer ou s'adapter à la culture
catalane. La politique scolaire catalane doit donc démontrer sa
capacité à intéresser socialement une population acquise
au bilinguisme (graphique 4 ci-après).
4 -
Catalan public, Castillan privé
D'après l'enquête de 1979, 74% des habitants de
la Communauté Autonome sont ainsi acquis à l'enseignement du
castillan et du catalan. Sur les 30% de catalans qui réclamaient
l'indépendance, 64% étaient acquis à un enseignement
bilingue.
Est catalan celui qui veut être catalan, d'après
la définition de l'identité posée par les responsables
catalans (voir chapitre suivant).
S'i cette règle est bien comprise par les immigrants,
l'acquisition de cette langue (et de l'univers symbolique qui l'accompagne)
procède d'un subtil jeu de différenciation sociale60(*) qui conditionne l'accès
à des réseaux sociaux proprement catalans. Et même si cette
intégration s'effectue, des mécanisme sociaux opérent de
nouvelles distinctions permettant aux membres des groupes sociaux d'ajuster
leurs comportements respectifs.
Cette distinction "intra-communautaire", si l'on peut dire,
trouve entre autre sa correspondance dans l'utilisation idiomatique des termes
"catalan" et "catalan catalan", le deuxième terme impliquant
évidemment une meilleure catalanité, reposant sur un usage social
de la manipulation écrite et orale du bon catalan.
Ces jeux de différenciation sociales reflétent
les enjeux identitaires à l'intérieur de la Catalogne, opposant
les catalans aux castillans et ces derniers entre eux. Ces processus
d'ajustement ne correspondant pas nécessairement à l'attitude
globale de la population à l'égard du gouvernement central mais
"bien que les deux processus soient distincts, mûs par des forces
différentes, ils se jouent simultanément, se recoupant l'un
l'autre, et recourant au même ensemble restreint de symboles"61(*).
b) La nature de la motivation à apprendre le catalan
La manipulation correcte de la langue conditionne les
possibilités d'accès et de promotion sur le marché du
travail tout comme la qualité des processus d'intégrations. Mais
en raison de "Ces sources de pression externes poussant à apprendre le
language"62(*) qui
conduisent les immigrants à modifier ou à occulter leur
identité familiale ou régionale, l'objectif d'acquérir une
seconde langue peut donc être purement instrumental.
Les immigrants ne souhaitent pas abandonner l'usage du
castillan mais désirent acquérir le catalan pour maximiser leurs
perspectives socio-culturelles63(*).
Le mécanisme d'incorporation à la
communauté catalane repose tout aussi bien sur l'assimilation culturelle
que sur l'intégration sociale et économique : "Cependant, le
catalan est aussi, entre autres choses, un outil de travail et de
promotion"64(*).
Cette proposition, compte tenu des mécanismes
d'intégration culturelle, vise à faire du catalan une langue de
référence (High-prestige Language) sur le marché
linguistique et à l'associer aux perspectives de progrès
économique. L'utilisation du catalan vise donc à
sélèctionner les castellanohablantes (hispanophones) les
plus motivés pour s'intégrer dans la communauté catalane
(définie par les élites politiques et intellectuelles) et
à la communauté catalane de réaffirmer ses attributs
identitaires les plus viables. L'école, dans ce cadre, permet de
concilier la rémanence de la coexistence entre
Castellanohablante et Catalanohablante (catalanophone).
L'exemple de la télévision comme être
pris comme symbole d'une adaptation à un environnement bilingue. Les
préférences respectives des spectateurs catalans pour les
télévisions émettant en castillan et en catalan
témoignent de la naturalisation d'un environnement bilingue et de la
complémentarité des deux langues sur le marché
linguistique.
![](language-politique-catalogne5.png)
5 - Les préférences des
téléspectateurs pour les chaînes de
télévision présentes sur le territoire
espagnol
2 - Enjeux de la politique scolaire catalane
a) La perception du bilinguisme scolaire par les jeunes.
L'enjeu de la politique scolaire catalane repose donc sur un
compromis social et politique respectant les exigences identitaires de chacun
des participants, par ailleurs habitué depuis l'industrialisation du
XIXe siècle à évoluer dans un contexte multilingue. Le
recensement de 1991 révèle que si les progrés en catalan
sont l'oeuvre des plus jeunes classes d'âges (+22,2% entre 1986 et 1991,
soit 4,4% d'augmentation par an), le groupe des 20-24 ans, qui a connu la
catalanisation de l'enseignement, ne connaît pas de progrès
notable.
"Mais ce qui frappe surtout, c'est qu'en dehors du milieu
scolaire, plus rien dans la société ne semble pousser les jeunes
- et encore moins les adultes - à apprendre à s'exprimer en
catalan"65(*).
La politique de catalanisation a accru l'usage de la langue,
au détriment de la qualité de celle-ci, selon les scientifiques
catalans66(*). Elle
témoigne d'une adaptation ajustée à la
réalité du bilinguisme. La démocratisation de l'usage de
la langue associée à la pluralité des motivations à
apprendre la langue provoque une distanciation par rapport à
l'importance symbolique et culturelle que le catalan.
Dans un contexte marqué par une compétition
linguistique, le catalan comme le castillan constituent des moyens
complémentaires. Le graphique 567(*) souligne l'importance accordé à la
tenue d'un enseignement dans les deux langues, même si les deux
populations divergent sur la primauté à accorder au catalan dans
l'enseignement.
![](language-politique-catalogne6.png)
6 - L'importance du bilinguisme scolaire pour les
jeunes catalans
b) Vers le partage des circuits de socialisation
éducatifs
La nationalisation des esprits, dans ce contexte bilingue,
emprunte les chemins du contrôle des circuits de socialisation
éducatifs. Mais le projet nationaliste catalan, fondé sur la
primauté du catalan à l'école, doit éviter deux
écueils majeurs. Il s'agit d'abord de ne pas prétendre au
monopole des biens éducatifs et ensuite de s'octroyer les moyens d'une
éducation publique de masse, infrastructure nécessaire à
la création d'un espace de communication catalan.
Nous disons espace de communication car les faits
rélevés montrent les processus de différenciation
linguistique à l'oeuvre dans la société catalane
n'impliquent pas l'acceptation par les acteurs sociaux d'une communauté
catalane opposée à une communauté castillane. Il s'agit
donc de cerner la définition et la réalisation d'une politique
scolaire dans le cadre d'un espace multilingue unifié par des valeurs
citoyennes et démocratiques communes.
III - LA PLACE DE LA LANGUE DANS LA CONSTRUCTION
SOCIALE
DE L'IDENTITE CATALANE
A - LA DÉFINITION DE LA PLACE DE LA LANGUE PAR
LES DÉPOSITAIRES LÉGITIMES DE L'IDENTITÉ CATALANE
1 - La concordance identitaire des acteurs du jeu politique
catalan
Cette volonté, de la part de la communauté
catalane, de se réapproprier ses attributs identitaires les plus
significatifs débouche sur une reconstitution de leur histoire
politique, culturelle et sociale ainsi qu'à une
réintérprétation de la trajectoire linguistique et
historique de leur langue, réintérprétation qui se confond
avec la construction de leur identité nationale. Depuis la tenue des
premières éléctions autonomistes, la scène
politique locale est dominée par Convergencia i Uno (CiU), une
alliance comprenant Convergencia Democratica de Catalunya et
Unió Democràtica de Catalunya, une coalition de droites
catholiques, économiquement libérales, favorable à la
construction européenne et revendiquant un nationalisme catalan non
séparatiste68(*).
Solidement implanté dans les cités de la
Catalogne rurale, CiU est l'exact représentant de la classe moyenne
catalane née en Catalogne69(*) et est également
appuyé électoralement par les couches paysannes du pays.
CiU revendique et met en application un plan de Normalisation
Linguistique destiné à renforcer l'utilisation du catalan dans
tous les domaines de la vie sociale. Un objectif accepté et soutenu par
les deux grandes formation politiques, le Partit Socialista de
Catalunya, dirigeant la municipalité de Barcelone et lié
organiquement au Partido Socialista Obrero Español (le parti
politique gouvernant actuellement au niveau national), et le Partit
Socialista Unificat de Catalunya, dont les dirigeants revendiquent leurs
racines catalanes.
Ces deux formations, représentant les diverses strates
de la classe ouvrière, mettent surtout l'accent sur les moyens à
dispenser afin que la ceinture industrielle de Barcelone connaissent une
catalanisation plus harmonieuse.
2 - Jordi Pujol : la figure paradigmatique de la parole
identitaire légitime
a) Un leader politique solidement implanté
Président du gouvernement autonome de Catalogne (la
Generalitat de Catalunya70(*)) et principal dirigeant politique de la coalition
politique majoritaire en Catalogne, Convergencia i Uno, Jordi Pujol
domine la scène locale depuis la création et la mise en pratique
du statut d'autonomie de 1979. A la tête d'un parti catholique,
conservateur et tourné vers l'autodétermination (sans
sécession), Pujol a fait largement savoir à travers de multiples
communications publiques ses positions quant aux aspirations politiques de la
communauté catalane.
Le Président de la Generalitat défend
également une conception européenne basée sur la
Région et la Catalogne pratique une politique euro-régionaliste
significative, qui a le mérite de valider la "réalité de
la Catalogne" en tant qu'unité politique singulière distincte du
reste de l'Espagne.
b) Les ressources politiques de Jordi Pujol
Or, comme le souligne Michel Offerlé71(*), la puissance d'un dirigeant
dépend de sa capacité de disposer et de faire croire que l'on
possède des "ressources supérieures et diversifiées". La
biographie de Jordi Pujol constitue, dans le contexte de la Catalogne autonome,
un "modèle" d'itinéraire politique. Jeune, il a fait de la prison
pour avoir osé chanter devant Franco l'hymne catalan. Ayant appris le
catalan au sein de sa famille, il a également enseigné le catalan
durant la période franquiste et ce, dans une institution, la Rosa
Sensat Mestres, qui a joué un rôle dans la
généalogie moderne de l'enseignement du catalan. Jordi Pujol est
d'ailleurs catégorisé comme un "intellectuel"72(*) engagé
en politique qui a participé, par ses publications, au débat sur
l'avenir politique.
Ses études de médecine ne lui ont pas servi
puisqu'il déclare n'avoir jamais pratiqué. Quant à son
activité professionnelle (il se déclare entrepreneur), Pujol l'a
exercé de façon épisodique puisqu'il a consacré une
grande partie de son temps à l'activité politique, même
s'il a eu le temps de fonder une banque, la Banca Catalana, en1959.
Enfin, politiquement il s'auto-définit comme étant un
nationaliste moderé mais déterminé s'inscrivant dans un
courant de droite libéral et catholique.
Jordi Pujol, pour reprendre la formule de Michel
Offerlé, occupe des positions multiples considérées comme
légitimes comme il possède des ressources sociales et politiques
pertinentes73(*). A ce
titre, il bénéficie d'une légitimité indiscutable -
au sein des "champs" dans lesquels il se situe - sur sa capacité
à formuler un discours programmatique sur les modalités de
l'identité catalane.
Les registres sur lesquels il joue sont "typiques" de
l'entrepreneur catalan post-franquiste : opposant historique a Franco,
intellectuel engagé (comme Fransesc Vallverdù ou Marta
Mata74(*)), farouche
défenseur de l'identité catalane, gardien de cette idée
dans le respect de la constitution espagnole, il affirme l'indépendance
de son parti vis-à-vis de Madrid mais passe alliance avec le parti
politique national (le Partido Socialista Obrero Español), il
respecte des valeurs traditionnelles mais utilise des avants-gardes artistiques
pour promouvoir la Catalogne, CiU constitue un mélange rassurant de
tradition et d'innovation épousant les réalités
socio-politiques du pays basées sur le consensus et le pluralisme.
3 - La définition de l'identité catalane par
le leader de la coalition politiquement dominante en Catalogne
De par son parcours social et politique, Jordi Pujol dispose
donc d'un certain nombre de "capitaux", de ressources variées (il vit
pour la politique mais non pas uniquement de la politique, pour reprendre les
termes de Max Weber) lui permettant d'émettre un discours identitaire
légitime, identifiable de par ses caractéristiques. Afin
d'illustrer notre propos, nous avons choisi sa dernière intervention
majeure sur la langue. Le 22 mars 1995, Jordi Pujol, Président de la
Generalitat de Catalunya, l'éxécutif autonome de la Catalogne, a
prononcé un discours au Palais des Congrès de Barcelone
s'intitulant Qué representa la lengua en Cataluña ?.
Son texte, porté par un personnage disposant de toutes
les ressources légitimes75(*) pour parler au nom de la
communauté qu'il souhaite incarner, est révélateur de la
place de la langue catalane dans le système de valeurs identitaires
catalan : "...Je crois que pour la Catalogne la langue, la langue catalane, est
un élément fondamental de notre identité, de notre
être comme peuple"76(*). Plus loin, il décrit le catalan,
associé à la culture catalane, comme étant l'épine
dorsale de l'identité catalane. Comme son
auto-définition du nationalisme catalan le montre : "c'est un sentiment
et une volonté d'être, et à partir de cela, une
volonté de construire un pays"77(*).
Jordi Pujol a toujours donné une définition de
la nationalité catalane reposant sur le volontarisme :"Est catalan celui
qui vit et travaille en Catalogne et qui possède la volonté de
l'être et qui se sent attaché à cette terre"78(*). Pujol propose une vision
"culturaliste" de l'identité catalane basée sur la conscience
individuelle : "La culture et la langue, avec l'économie, sont les deux
grands moteurs de la Catalogne moderne et par dessus ces deux choses, il y a
cette conscience, cette volonté d'être"79(*).
La vision "pujoliste" de l'identité catalane exclut
donc toute référence à la race ou la naissance
(contrairement au système de valeurs de la langue basque80(*)). C'est un système
intellectuel débarassé de tout élément de
cloturation sociale reposant sur l'exclusion et la condamnation mais qui
insiste sur la nécessité de préserver un héritage
particulier à fin de concevoir une communauté. Ce sont les
acteurs sociaux qui "produisent" la langue et non pas l'inverse.
4 - La langue catalane comme valeur centrale de l'univers
identitaire catalan
Depuis la Renaixança, la langue catalane est
en effet considérée par les catalans comme le symbole de leur
identité culturelle et le discours de Pujol, en tant qu'il décrit
la langue catalane comme étant l'élément central de
l'identité catalane, reprend les arguments développés par
Valent Almirall : "l'utilisation de notre langue est la plus éloquente
manifestation de notre personnalité", ou encore ceux evoqués par
Fransesc Cambo : "Le problème catalan procède seulement de
l'existence d'un sens de la différence catalane (fet
differencial), d'une irréfutable et indestrucible
personnalité catalane. Au centre de cette différence,
l'élément le plus évident est le langage et
l'adhésion du peuple catalan à sa langue familiale"81(*).
Comme Conversi le souligne, le langage représente pour
les catalans "une valeur centrale [a core value]", un
élément-clé du système de valeurs symboliques
auquel s'identifient les membres de la communauté
concernée82(*). Le
langage est un pivot "autour duquel l'intégralité du
système d'identification et du système social est
articulé"83(*), quelque soient finalement les
analyses linguistiques portant sur le corps même du langage et ses
différences/ressemblances avec le castillan.
Le catalan constitue une représentation sociale,
intégrée dans un univers symbolique, déterminant des
comportements, des attitudes et des actions qui ont une effectivité sur
la construction sociale de la réalité84(*).
Cette représentation est déterminée par
la vision de l'identité catalane que l'on peut appréhender comme
suit : La Catalogne détient une identité historique et
linguistique longtemps occultée par les effets d'un centralisme
étatique qui a régulièrement tenté
d'étouffer cette identité ; le recouvrement des droits
linguistiques est légitime et fondamental ; nation-Etat en voie de
formation, la Catalogne possède le droit d'appliquer toutes les mesures
linguistiques nécessaires afin de défendre et de
développer l'usage social du catalan au sein des territoires
définis comme étant catalans.
Cette vision dépasse les clivages politiques
traditionnels et avait été fixé dès 1977 au
congrès de la culture catalane, qui sert de point de repère
intellectuel pour Joan Colomines : "Dans la mesure ou les classes populaires
réclameront la modification de la structure sociale et réussiront
à la changer par une voie démocratique, ils garantiront
également un espace d'utilisation pour le catalan, ce qui lui permettra
de sortir de l'enclos d'où il se trouve. Et ceci correspond
précisement au processus de normalisation linguistique, ce qui signifie,
au moins, que cette langue existe sous les mêmes conditions que l'autre
[le castillan]"85(*).
B - LA RECONSTRUCTION DU PASSÉ CATALAN
1 - Les objectifs de la relecture légitime du
parcours historique de la langue
Cette assertion, selon laquelle le catalan constitue un
attribut identitaire majeur, a poussé les catalans à
procéder à une relecture légitimée de leur histoire
linguistique. Juan Colomines i Puig, Président de la Commission de la
Culture, dans son livre86(*), édité par la Generalitat sous le label
du Departament de la Presidencia, La llengua nacional de Catalunya,
fournit une illustration de cette relecture. Ce personnage politique (il a
également été Député du Parlement catalan
pendant 8 ans) incarne donc une forme de parole politique légitime
concernant l'histoire de la langue catalane. Colomines propose dans son ouvrage
une périodisation particulière de l'histoire de la langue
catalane. Selon cette périodisation, après une période
d'autonomie politique et culturelle, la première grande lutte pour la
récupération linguistique irait de 1714 à 1931. Le choix
de ces deux dates n'est évidemment pas neutre. 1714 correspond à
la suppression indirecte , via le décret de Nova Planta, du catalan en
consacrant le castillan comme seul idiome officiel au sein de la couronne
d'Espagne, puis à la restauration du Catalan comme langue officielle en
1931 sous l'impulsion du leader catalan Fransesc Macia, lors de la
création de la première Generalitat de Catalunya.
Dans le sens que lui prête Colomines, cette
périodisation met en évidence le statut minoritaire du catalan et
retrace l'historique des tentatives individuelles ou collectives permettant le
recouvrement de l'usage légitime de la langue.
Il assume ainsi un type de discours vulgarisé et
typifié par des membres du champ scientifique catalan87(*), principalement des
historiens ou des sociolinguistes. L'ambition de ce discours est de
démontrer qu'il a existé une identité catalane
caractérisée par un passé politique, culturel et
linguistique. Cette relecture du passé sert d'appui aux exigences
linguistiques de la communauté autonome.
2 - La relecture historico-linguistique de la langue
catalane
a) Le poids de l'histoire
Vallverdù remonte ainsi en 988 pour effectuer une
généalogie scientifique et périodisée de la langue
catalane : "Les vicissitudes historiques dont le catalan a souffert, d'un point
de vue sociolinguistique, peuvent être examinés en 9
étapes" 88(*). La
Catalogne a d'ailleurs connue une époque ou elle a pu
bénéficier d'une réelle souveraineté politique et
d'un âge d'or culturel, au XIIIe et XIVe
siècles, notamment sous la direction de Jaume I89(*).
L'influence de la Catalogne médiévale fut
territorialement importante, puisqu'elle forma une confédération
avec l'Aragon, englobant Majorque et l'ensemble des Baléares
(1129-1230), Valence (1232-1245), toujours revendiqués comme parties
intégrantes du territoire catalan, puis en 1282, la Sicile, et, en 1323,
la Sardaigne.
Cependant, nous sommes d'accord avec Andrée
Bachoud90(*) pour affirmer
que la suite est "faite de faisceaux d'événements où
chaque cause a puisé de quoi nourrir son argumentaire, que ce soit pour
affirmer une identité propre, la volonté d'autonomie et
même de séparations de certaines régions d'avec l'Etat ou,
au contraire, pour nourrir toutes les justifications d'une exaltation
unitaire".
Suite à l'analyse de Fransesc Mercadé, cette
vision de l'histoire et de la langue catalane reprend finalement les
conclusions du "Congrès de la Culture Catalane" de 1977 auquel
participait l'inteligentsia catalane et dont le rapport final mentionnait trois
grandes étapes : "a) la formation de la nationalité (VIIIe - IXe
siècles)... ; b) l'existence d'une personnalité politique propre
(Xe - XVIIIe siècles)..; c) d'un centralisme uniforme (1714 - 1975 :
à l'exception de la Mancommunitat de 1914 à 1925 et de
la Generalitat de 1931 à 1939)"91(*).
b) La Catalogne est une nation-Etat
L'actualisation et la défense d'une trajectoire
historique débouche sur l'extraction de postulats soutenant la politique
de Normalisation Linguistique. La mise à jour d'une unité
politique médiévale permet aux historiens nationalistes de
prétendre que la Generalitat fut le précurseur de l'Etat
Républicain moderne en Europe et de défendre le concept de
nation-Etat, qui s'oppose à celui d'Etat-nation92(*). Cette définition
explique l'importance accordée par la Generalitat à
défendre une conception européenne dégagée de
présupposés étatiques et fondée sur la
reconnaissance de la pluralité linguistique du vieux continent. Cela
explique aussi aussi la politique euro-régionaliste du gouvernement
autonome. Cette vision identitaire recoupe celle de Valent Allmiral, l'un des
fondateurs du nationalisme politique catalan, explicant la formation de son
pays sur la base de critères ethnico-linguistiques.
c) Le catalan a toujours connu une situation diglossique
Le sociologue Fransesc Vallverdù dégage de
l'histoire catalane un élément linguistique d'importance : "Bien
que l'âge d'or des lettres catalanes ai commencé, en fait, au
14e siècle, la plus brillante période fut celle du
15e siècle. Comme nous l'avons vu, le catalan avait
maintenant toutes les propriétés d'un langage national, d'un
standard linguistique, et cette situation perdura" 93(*).
Vallverdù incorpore le concept de diglossie94(*), en distinguant un High
Language (le castillan) d'un Low Language (le catalan),
permettant de penser la domination longtemps séculaire du castillan sur
le catalan au sein d'un même territoire. Les sociolinguistiques ont
construit un arsenal conceptuel et terminologique sur la place et l'utilisation
du catalan dans une société où le castillan reste
prégnant. Joan Martí i Castell ne propose pas moins de 17 termes
utilisant le mot langue afin de déterminer les implications politiques
et sociales de la cohabitation sociale des deux langues95(*).
d) La notion de droits linguistiques
C'est cette vision diglossique de la société,
aiguisée par la répression franquiste, qui soutend d'ailleurs la
conception de la politique linguistique de la Catalogne autonome. La politique
linguistique repose sur des droits linguistiques particuliers : "Droits
linguistiques : possibilités légales et/ou morales qui sont en
rapport avec l'utilisation de la langue propre. Les droits linguistiques
servent à protéger les idiomes et à leur assurer une
continuité normale"96(*). Ces droits ont ainsi été
définis précisement par la Direction Générale de la
Politique Linguistique en 1989. Cette notion de droits linguistiques permet de
penser le bilinguisme institutionnalisé par la constitution espagnole.
Ce bilinguisme est fondé sur le concept de langue propre, Llengua
propia, avalisé par le statut d'autonomie de 1979.
La notion de droits linguistiques permet de concilier droits
individuels et droits collectifs, comme le rappelle Jordi Pujol : "Nous devons
définir et appliquer notre propre modèle basé sur les
droits individuels mais avec la reconnaissance de ce que la langue propre, et
le centre de gravité de la Catalogne, soit le catalan et que ceci
confère certaines prérogatives avec, de surcroît, la
nécessité et le devoir de compenser ce que les effets de la
persécution justifient doublement"97(*).
e) La Catalogne détient des droits linguistiques sur
les territoires catalans
Parallèlement, cette période
médiévale permet à Colominès de définir "les
domaines linguistiques de la Catalogne" : "Comme on peut le déduire
à partir de ces faits, dès 1238, tous les territoires formaient
une unité politique réelle qui dura jusqu'au début du
XVIIIe siècle"98(*).
Pays Catalans que la Catalogne définit comme faisant
aujourd'hui partie de son patrimoine linguistique et donc sur lesquels elle
possède des droits linguistiques. Ces pays catalans comprennent la
Catalogne légalement reconnue, le pays valencien, les bordures
aragonaises de la Catalogne, les îles Baléares, le Roussillon
français et la ville d'Alguer en Sardaigne99(*).
IV - LA CONSTRUCTION D'UN DISPOSITIF
DE NATIONALISATION LINGUISTIQUE
A - LE DISPOSITIF DE NATIONALISATION LINGUISTIQUE
ENTREPRIS PAR LA COMMUNAUTÉ AUTONOME DE CATALOGNE
1 - Un dispositif articulé autour du concept de
Normalisation Linguistique
Nous utilisons le terme de dispositif, emprunté
involontairement à la terminologie foucaldienne, pour designer la mise
en place programmée et systématique d'un ensemble de moyens,
mûs par une logique globale et destinés à nationaliser, par
la voie de la langue, la société dont la communauté
autonome est le représentant légitime. Les secteurs
concernés sont principalement les structures de l'administration
catalane, le systéme éducatif et les industries culturelles,
notamment au travers de la mise en place de télévisions locales.
Ces secteurs sont dotés d'objectifs spécifiques grâce
à l'élaboration d'une planification globale censée
orienter leurs actions. Les fondements de cette planification sont à
rechercher dans l'élaboration et l'application du concept de
normalisation linguistique.
2 - Le concept de Normalisation Linguistique
La logique de la Politique Linguistique catalane100(*) s'appuie sur le concept de
Normalisation Linguistique (NL). Avec le vote du statut d'autonomie, les
catalans obtiennent le droit d'appliquer les mesures nécessaires
à la protection et au développement de leur langue.
Cette source juridique, inhèrente à la
reconnaissance de leur identité, va leur permettre d'élaborer
la llei 7/1983 de Normalitzaci lingüstica a Catalunya. La loi fut
votée à l'unanimité lors de la session parlementaire
clotûrant l'adoption du projet de loi, dont la construction aura
durée trois ans, si l'on inclut les débats
pré-parlementaires auxquels les sociolinguistes catalans prirent part.
Le concept de normalisation linguistique a été forgé dans
les années 1960 par le sociologue Aracil puis analysé par les
sociloinguistes catalans afin de définir le processus sociolinguistique
par lequel une communauté récupère ses droits dans un
environnement multilingue. Le concept de Normalisation Linguistique
développe l'idée selon laquelle le catalan doit se diffuser dans
toutes les dimensions de la vie sociale catalane.
A ce titre, il nous semble utile de citer l'alinéa 1
de l'article 2 de la loi de normalisation linguistique dans lequel le concept
de "langue propre" fonde le droit à la normalisation : "Le catalan est
la langue spécifique [ propre] de la Catalogne. (Llengua propia de
Catalunya). Tous les citoyens ont le droit de la connaître et de
s'exprimer dans cette langue, verbalement et par écrit, dans les
relations et les actes publics, officiels et non officiels. Ce droit suppose,
en particulier, de pouvoir : s'adresser en catalan, verbalement et par
écrit, à l'Administration, aux organismes publics et aux
entreprises publiques et privées ; s'exprimer en catalan dans toutes les
réunions ; utiliser le catalan pour les activités
professionnelles, de travail, politiques et syndicales et recevoir
l'enseignement en catalan".
3 - Les implications linguistiques, politiques et sociales
de la Normalisation Linguistique
Le tableau101(*) réalisé ci-dessous permet de mieux
visualiser les traits distinctifs de la Normalisation Linguistique et de
montrer l'interaction entre les actions de la Generalitat,
ciblées par institution et composition sociologique de la population,
ainsi que le rapport que celles-ci entretiennent avec le contrôle
normé des productions culturelles.
![](language-politique-catalogne7.png)
4 - La vocation programmatique de la Normalisation
Linguistique : le Plan de Normalisation Linguistique
La politique linguistique de la Catalogne Autonome, de 1980
à 1995, comprend deux phases distinctes. Le premier processus, de 1980
à 1988, avait "le triple objectif de généraliser la langue
parmi les étudiants et les adultes ; de normaliser l'usage du catalan
dans les administrations publiques catalanes ; et de créer des
médias audio-visuels modernes et compétitifs"102(*).
Mais la deuxième partie du processus est beaucoup plus
ambitieuse, puisqu'il s'agit d'arriver, en deux étapes, à une
large diffusion du catalan : "il s'agit d'assumer [au cours de la pérode
1991-1996] et d'atteindre les objectifs suivants : arriver à 94% dans
les index de compréhension orale passive, 70% pour la capacité
à parler et à lire et 43% pour la capacité
d'écrire. De plus, il s'agit de conclure définitivement le
processus de standardisation au niveau phonètique, lexical, grammatical
et graphique"103(*).
Pour ce faire, les catalans viennent d'adopter, début
1995, le "Plan Général de Normalisation linguistique", lequel
définit deux objectifs generaux (distinguant l'utilisation du catalan
dans les diverses entités publiques ou privées de son usage par
la "société civile") à appliquer au sein de sept secteurs
distincts.
Les sept secteurs couvrent les domaines suivants :
utilisation officielle et droits linguistiques ; éducation, recherche et
jeunesse ; moyens de communication et industries culturelles ; milieu
socio-économique ; institutions sanitaires et sociales ; relations
culturelles et territoriales ; diffusion du standard et recherche
sociolinguistique. Chaque secteur est lui-même segmenté en
objectifs spécifiques structurés par des "mesures initiales" dont
l'application aux organes adminitratifs compétents.
5 - Les secteurs concernés : le cas de la
télévision
Deux programmes de télévision existent en
Catalogne, il s'agit de TV3 et de Canal 33, qui utilisent des canaux publics.
Leur originalité, mis à part l'utilisation de la langue, c'est
qu'elles se sont conduite, dès le début comme des chaînes
généralistes et non-localistes, notamment dans le domaine de
l'information. C'est ainsi qu'elles achètent des séries
américaines ou des productions étrangères que les deux
chaînes se contentent de doubler. De façon plus
générale, les télévisions catalanes sont en
compétition avec les chaînes publiques espagnoles : pour
l'audience, pour la retransmission des matchs de football, pour la
maîtrise technique des retransmissions...
Les télévisions catalanes sont organiquement
liées au pouvoir politique puisque les membres du conseil
d'administration de l'organisme gérant les télévisions
catalanes sont nommés par le parlement catalan. Leur utilité
pédagogique et sociale est importante puisque d'après une
enquête publique de 1985, 90% des personnes interrogées
déclarent apprendre le catalan en regardant TV3. Il est à noter,
que dès le départ, les catalans avaient eu conscience de la
complémentarité entre la télévision et
l'école. En 1979, lors d'un congrès, des professionnels catalans
de la télévision publique espagnole avaient
réclamé, parallèlement à leur requête pour
une télévision nationale catalane, la catalanisation de
l'enseignement.
Aussi l'étude de ces technologies de l'information au
service de revendications nationalistes doit faire l'objet d'un travail plus
élaboré afin de mettre en valeur leur place au sein du dispositif
de nationalisation linguistique opéré par la Communauté
Autonome.
Le Plan Général de Normalisation Linguistique
insiste d'ailleurs sur la congruence existante entre l'action menée en
matière d'éducation et le rôle des organismes radio-
télévisés sur l'acquisition du catalan par les plus
jeunes classes d'âge104(*).
B - LE QUADRILLAGE ADMINISTRATIF DU TERRITOIRE
1 - Le fonctionnement administratif de la Generalitat
Le gouvernement de la Catalogne se divise en quatorze
départements, placés chacun sous la responsabilité d'un
secrétaire général. Ces derniers participent au conseil
éxécutif, qui constitue le gouvernement de la Communauté
Autonome de Catalogne. Afin de mener à bien les objectifs
planifiés requis par la Normalisation Linguistique, le gouvernement
autonome de Catalogne s'appuie principalement sur deux structures au sein de
son administration : le Département de la culture, au sein duquel on
retrouve la Direction Générale de la Politique linguistique et le
Département de l'enseignement105(*). Un Départament s'assimile, en raison du
rôle qu'il joue, à un Ministère.
Parallèlement à ces structures, plusieurs
organismes ont été créés afin d'améliorer le
contenu de la planification linguistique. Des organismes ou des instances
interviennent ici à deux niveaux. D'une part, pour appliquer la
planification linguistique ou améliorer le contenu de la Normalisation
linguistique. D'autre part, afin de vérifier et de proposer des
règles correctes portant sur l'utilisation et la diffusion de la
langue106(*).
2 - Les instances et organismes intervenant dans la
construction de la Normalisation Linguistique
a) Instances ayant pour objet la catalanisation de
l'administration
La Commission pour la Normalisation Linguistique
(Comissió per a la Normalització
Lingüística) réunit tous les vice-ministres du
gouvernement catalan. L'objectif de cette structure est d'harmoniser
l'utilisation de la langue au sein des structures gouvernementales et
administratives. Ceci s'effectue notamment via le Réseau Technique de
Normalisation linguistique (Xarxa tècnica de Normalització
Lingüística).
b) Instances ayant pour objet l'intervention au sein
d'intitutions publiques ou privées
Le Consortium pour la Normalisation linguistique
(Consorci per a la Normalització Lingüística -CNPL
-) est un organisme disposant d'une personnalité morale,
fondé par la Generalitat, dix-neufs municipalités et le conseil
provincial de Girona, comprenant des spécialistes en planification
linguistique - plus de 400 personnes y travaillent - et qui a pour vocation
d'intervenir au sein d'institutions réclamant son intervention,
grâce à un réseau de centres de normalisation linguistique
implantés sur le territoire, en accord avec les autorités
locales. Le CNPL disposait pour 1993 d'un budget de Deux Milliards de Pesetes
[soit 80 millions de francs]. Les Services linguistiques (Servei
Linguistiques) sont des "unités de travail" implantés dans
les entreprises, universités ou tout autre entité et qui ont pour
vocation de fournir des prestations de services sur "les langues et les
modèles linguistiques"
c) Instance de réfléxion réunissant
l'administration et la "société civile"
Le Conseil Social de la Langue Catalane (Consell Social
de la llengua Catalana) est un organe consultatif, donnant son avis sur la
Politique Linguistique et comprenant des personnalités de la
société civile, provenant d'une multitude de secteurs.
3 - les organismes et instances intervenant dans le
contrôle du bon usage de la langue
En ce domaine, une institution prévaut sur toutes les
autres. Il s'agit de L'Institut d'Estudis Catalans, qui en raison de
sa légitimité historique et culturelle, détient le
monopole légitime des règles portant sur la standardisation et
l'utilisation de la langue. Il collabore avec le TERMCAT, crée en 1985,
et qui est un centre de recherche terminologique, fruit d'un accord entre
l'Institut d'Estudis Catalans et le Ministère de la Culture. Le
TERMCAT a ainsi crée une base de données (BTERM) qu'il diffuse,
notamment à travers le réseau international de terminologie
TermNet.
Le TERMCAT a ainsi préparé tous les vocabulaires
quadrilingues pour les Jeux Olympiques de Barcelone.
V - GENEALOGIE DE LA POLITIQUE SCOLAIRE
DE LA CATALOGNE AUTONOME
A - LES CONDITIONS POLITIQUES ET SOCIALES DU RENOUVEAU
INTELLECTUEL CATALAN
1 - Le renouveau culturel catalan sous le franquisme
Appliquant de façon rétroactive la notion de
Normalisation Linguistique, Fransesc Vallverdù dénonce les effets
négatifs dûs à l'impact de la répression franquiste
: "Les effets dévastateurs de la politique franquiste se firent sentir
sur les deux fronts de la normalisation linguistique : la normativisation, qui
comprend la dilectisation du catalan..., et l'extension sociale de la langue,
avec un recul total dans le domaine publique et partielle en ce qui concerne
son usage privé"107(*).
Sous la férule de Franco, et ce pendant les 15
premières années du régime, le catalan fut proscrit de la
vie publique -surtout au niveau de l'éducation108(*) - et son
utilisation pourchassé de toute manifestation culturelle. Le but du
Caudillo était d'interdire toute manifestation du nationalisme
catalan, symbole à ses yeux de la décadence de l'unité
espagnole.
La défense de l'identité va désormais
passer par la défense de la langue : "Face au castillan comme langue
unique de l'Etat, le catalan se parlait en famille, dans la rue, dans les
boutiques, dans les associations, et, en général, dans tous les
lieux où la bureaucratie la logique de sa contrainte"109(*).
La nature du régime, autoritaire et non dictatorial,
ainsi que la résistance des catalans va engendrer un renouveau culturel
consistant.
Afin de périodiser cette progressive
réappropriation de la langue, Fransesc Vallverdù110(*) distingue 3
phases particulières en se basant sur la production annuelle de titres
édités en catalan. Une période de "prohibition totale" de
1939 à 1945 ; une période de "tolérance" qu'il situe
entre 1946 et 1961 et enfin, un phénomène de
"libéralisation" expliquant le passage d'une production annuelle de
titres passant de 122 à 590 ouvrages par an. Cependant, nous sommes
d'accord avec Patricia Petherbridge-Hernandez et Rosalind Latiner Raby pour
discerner de façon plus large une phase de "suppression
culturelle"111(*)
allant jusqu'à la fin des années 1950 à laquelle
succédera une phase de "libération culturelle" démarrant
dans les années 1960 et caractérisée notamment par
l'émergence d'institutions dédiées à l'enseignement
du catalan. Mais la diffusion d'oeuvres à vocation scientifique
consacrées au catalan, à sa langue et à son histoire, se
remarque également112(*). Les années 1970 verront la reconnaissance
des institutions éducatives catalanes et la préparation des
structures éducatives de la communauté autonome de Catalogne.
2 -Le poids de l'immigration dans la définition des
enjeux linguistiques
a) L'immigration en Catalogne
La prise de conscience de la fragilité linguistique du
catalan est corrélatif de l'émergence de différents
phénomènes dont les effets cumulés vont peser sur le choix
des élites catalanes en charge des intérêts de leurs
communautés. Le premier est d'importance puisqu'il concerne
l'immigration. Suite à l'expansion économique des années
1950-1960, ce sont plus de deux millions de migrants en provenance des
régions les plus déshéritées d'espagne qui vont
s'installer en Catalogne et principalement dans les environs de
Barcelone113(*).
Depuis la révolution industrielle du
dix-neuvième siècle, la riche et laborieuse Catalogne a toujours
été une terre d'accueil pour la main d'oeuvre espagnole, mais
cette fois-ci, le phènomène s'inscrit dans un contexte de
réaction identitaire, soulevant l'inquiétude des nationalistes
catalans sur la perénnité de leur langage.
Car ces migrants ne parlent que le castillan ou le dialecte
de leur région et aucune infrastructure scolaire catalane n'est
prévue pour les accueillir. Leur intégration linguistique
constitue donc un défi pour les mouvements nationalistes catalans. En
outre, leur implantation géographique lié à leur statut
social n'a pas favorisé une intégration culturelle.
b) La démocratisation des moyens de communication en
castillan
Un deuxième phénomène est relatif
à la progressive démocratisation des médias de masse et
des industries culturelles : la télévision comme la radio ou les
journaux rencontrent un succés grandissant mais elles ne diffusent qu'en
castillan. L'usage du catalan recule donc au profit du castillan selon un
"processus de minorisation"114(*). L'importance accordé aujourd'hui aux
technologies de l'information s'explique par l'apparition de ces
dernières durant la période franquiste. Prise de conscience
renforcée par les espaces de liberté dont le catalan a par
ailleurs institutionnellement disposé. Dès 1964, des
émissions télévisées comprenaient l'utilisation du
catalan.
3 - La castillanisation et la catalanisation de la
Catalogne : deux processus indissociables
Les conditions économiques et sociales (croissance,
marché intégré et protégé, mobilité
sociale, transferts géographiques de main d'oeuvre) étaient
certes réunies pour intégrer la Catalogne dans un Etat-nation
mais - et c'est là le point le plus important - la repression politique
et culturelle va achever de cristalliser les revendications identitaires des
nationalistes catalans, entraînant dans leur sillage alors une partie de
la bourgeoisie catalane jusque là favorable (Los
españolistas) ou indifférente au régime franquiste.
Outre les motivations d'ordre proprement idéologiques
correspondant au désir de voir se constituer une Catalogne affranchie
des contraintes franquistes, les dernières années du
régime sont également le témoin d'un ralentissement
économique obérant les possibilités de promotion sociale
et les perspectives de développement économique.
La bourgeoisie catalane n'a pas toujours reconnue
l'importance d'utiliser la langue vernaculaire dans un contexte public. Pour
des raisons liées à la vitalité de leur activité
commerciale et à la multiplicité de leurs contacts, politiques ou
économiques, les élites catalanes ont toujours baigné dans
un multilinguisme qui faisait partie de leur éducation. Ainsi que le
démontre McDonogh115(*), le bilinguisme était de mise dans les
bonnes familles au tournant du XIXe et du XXe siècle, un bilinguisme au
sein duquel le castillan supplantait le catalan comme langue de prestige.
La concurrence entre les deux langues recoupait des processus
de différenciation sociaux, processus qui culmineront avec la
République de 1931 : "La langue était fortement identifiée
avec le gouvernement de gauche de la seconde République et de la guerre
civile"116(*).
Depuis la Renaixença, la situation
linguistique de la Catalogne a donc été affecté par un
double mouvement, paradoxal en apparence. Le castillan, langue des affaires
(notamment avec l'Amérique du Sud) et de l'administration centrale,
était fréquémment utilisé, voire mis socialement en
évidence par la fraction conservatrice et anti-communiste de la
bourgeoisie catalane et son utilisation sociale renforçée par
l'apport des migrants des régions pauvres de l'Espagne. Mais la
répression culturelle allait engendrer une mobilisation nationaliste
réunissant la classe moyenne et les partis de gauche ainsi
qu'une réaction intellectuelle dont les promoteurs devaient fournir le
corpus théorique permettant de justifier la création politique
d'un espace de communication catalan.
4 - La transition démocratique et la défaite
des partis de gauche
Les deux principales coalitions politiques, le Conseil des
Forces Politiques et l'Assemblée de Catalogne, regroupant
l'intégralité des différentes forces politiques catalanes,
développérent un programme axé sur les libertés
démocratiques tout en réclamant le rétablissement du
statut de 1932.
Les communistes et les socialistes (qui fournirent bon nombre
d'intellectuels, à l'exemple de Fransesc Vallverdù, un des
leaders du Partit Unificat Socialista de Catalunya), qui
étaient sortis gagnants des éléctions de 1977 en proposant
un programme basé sur une forte revendication autonomiste (avec le
slogan Català, idioma oficial), partaient largement favoris des
premières éléctions autonomistes.
Marta Mata, l'une des principales responsables du Partido
Socialisat de Catalunya, proposait la création d'un système
d'éducation public en catalan, mais dont le fonctionnement incluerait le
castillan et serait soumis à l'approbation des parents
d'élèves. Mais le recul politique des partis de gauche sur les
problèmes nationalistes et leur incapacité à se donner une
identité cohérente (castillane ou catalane ?), lors de la
préparation des éléctions autonomistes de 1980, poussa les
élécteurs des classes moyennes à se prononcer pour le
parti franchement nationaliste de Jordi Pujol117(*).
Et celui-ci ne laissa aucun doute sur la
réalité de ses intentions, bien qu'il eu désormais
à compter avec une population dont près de la moitié
était constitué de Castellanohablantes.
"...Et il est absolument nécessaire que nous arrivions
au point que chacun en Catalogne puisse parler, comprendre et lire correctement
catalan afin d'arriver à la seule conscience d'être un peuple
catalan...Nous devons réussir à fabriquer la
réalité officielle de ce pays...essentiellement et
fondamentalement catalane"118(*).
B - EMÉRGENCE D'INSTITUTIONS CONSACRÉES
À L'ENSEIGNEMENT DU CATALAN
1 - La naissance d'une éducation catalane
"Deux organisation civiles, Omnium Cultural et l'école
des maîtres de Rosa Sensat fournirent les infrastructures permettant de
développer l'enseignement du catalan sur une large
échelle"119(*).
Ces deux institutions fournirent des cours en Catalan et sur la Catalogne,
organisérent des séminaires et coordonérent la
répartition des enseignant, dont la formation fut assurée par la
JAEC (Junta Assesora per als Estudis de Catala), tout en
développant un réseau d'information via la publication de
périodiques clandestins, dont le mensuel "l'escola catalana", qui a
survécu à cette époque.
Le développement des structures consacrée
à l'enseignement étaient financés par collecte de fonds,
argent d'autant plus nécessaire qu'il permettait de financer des cours
proposés gratuitement à l'institution qui en faisait la
demande120(*).
Fondée en 1961 par 5 catalans, l'Omnium Cultural
revendiquait le droit de développer et surtout de défendre la
culture catalane121(*).
Dés 1962-63, la DEC (Delegació d'Ensenyament del
Català) d'Omnium Cultural fournit 48 cours exclusivement
oraux en raison des risques de censure et de peines pénales que
pouvaient engendrer cet enseignement. L'Omnium Cultural ne connut son
véritable envol (en termes d'étudiants) que dans les
années 1970, le nombre d'inscrits ("socis") passant de 639 en 1968
à plus de 8 000 en 1970. Déclarée association à
partir de 1967, au bout de quelques années d'illégalité,
cette entreprise culturelle fit plusieurs campagnes en faveur de la langue et
mena une politique axé sur l'enseignement à travers sa
Délégation d'enseignement du Catalan (DEC) qui allait jouer un
rôle essentiel dans la diffusion d'un modèle légitime de
système éducatif catalan.
Fruit d'un rapprochement entre diverses unités
pédagogiques provenant de différentes écoles
d'obédience catholique (dont Pax Christi), l'école de Rosa Sensat
s'est déliberement orientée dès son origine vers l'action
pédagogique et éducative.
Lors des débats de 1964, préfigurant son
lancement en 1966, une fraction des premiers dirigeants penchaient vers
l'action en milieu hospitalier, mais la majorité des participants pencha
vers l'action éducative et ce, semble-t-il, grâce à
l'action de Jordi Pujol et du courant qu'il représentait.
Pujol, qui avait crée en 1959 la Banca
Catalana, sut aussi mettre en rapport l'école avec les milieux
économiques catalans122(*) afin de pourvoir à son financement.
L'école fut dirigée par Marta Mata, que nous retrouverons lors de
la transition démocratique.
Le but de la JAEC était clair dès 1962-63: "1.
Créer un corps de professeurs de catalan pour couvrir les besoins d'une
manière efficace et avec le soutien académique ; 2.
Contrôler et organiser les cours pour la préparation des futurs
professeurs ; 3. Fournir une assistance technique via des cours oraux ou par
correspondance ; 4. Coordonner (et contrôler) et assurer le suivi du
professorat qui en dépend."123(*)
Créee le 12 juillet 1961 en accord avec la section
philologique de l'Institut d'Estudis Catalan, la JAEC fut initiée par la
Comisso Delegada d'Ensenyament d'Omnium Cultural. Son rôle
consista à organiser des sessions de formation pour les enseignants
catalans et à délivrer des certificats reconnaissant la
compétence linguistique de ceux-ci.
C - LE CHOIX D'UNE ÉCOLE PROPREMENT CATALANE
1 -La revendication d'une école catalane : le poids
de la DEC dans le choix d'une éducation nationale
a) Les expériences du début des années
1970
Le début des années 1970 va connaître une
progressive émergence de l'activité des différentes
entités catalanes favorisée par le climat de
"libéralisation culturelle" du franquisme déclinant. La Loi
Générale d'Education, votée en 1970, reconnaît "la
incorporacin de la peculiaridades regionales" et "del cultivo de las lenguas
nativas". La présence du catalan dans les structures scolaires est
désormais tolérée. Une série d'initiatives va
fleurir qui va amener la DEC à mettre en place des initiatives pilotes
comme les cours de catalan proposé à l'école Santa Coloma
de Gramenet durant l'année 1972-73.
Une campagne Català a l'escola el curs que ve
organisée a Cornella de llobregat recueille l'assentiment des
parents d'éléves. Près de 3.300 élèves de 87
classes différentes vont ainsi suivre des cours de catalan.
Le mouvement ira en s'amplifiant et en 1977, les actions de
la DEC touchent près de 171 000 élèves. Elles s'imposent
dans le champ concurrentiel des institutions luttant pour la reconnaissance du
monopole légitime des biens éducatifs catalans.
"Sans nous aventurer, on peut affirmer que l'enseignement du
catalan (70-78) est effectué principalement au travers de la
DEC"124(*). Cette
assertion proférée par le futur responsable de l'enseignement
non-universitaire de la Communauté Autonome de Catalogne témoigne
de l'ascendant pris par les options de la DEC.
b) Le conflit entre deux options
Le début des années 1970 voit l'apparition
d'une crise ouverte entre entre la DEC et les représentants
pédagogiques de Rosa Sensat,. Deux options s'affrontent sur la
place que doit assumer le catalan dans les structures éducatives ; alors
que les membres de Rosa Sensat penchent pour un enseignement bilingue au sein
des institutions scolaires (Bilinguisme Escolar a Catalunya, 1972), la
DEC, notamment par la voix de Joaquim Arenas i Sampera, oppose une vision
articulée sur une étroite liaison entre langue et
éducation supposant la constitution d'une école proprement
catalane125(*): "Pendant
que la DEC, dès 1972, préconisait une école catalane
comprenant la langue et la culture catalane comme éléments
inséparables et déstinés à tous les catalans, [Rosa
Sensat] préconisait un traitement linguistique bilingue". L'opposition
portait en fait sur plusieurs points. La DEC proposait une éducation
affirmant la primauté du catalan sur le castillan en raison du droit
d'un pays à disposer d'une langue propre ; cette conception impliquait
un financement public et un contrôle du recrutement professoral.
2 - Joaquim Arenas i Sampera : le titulaire du discours le
plus légitime sur les choix éducatifs catalan
Ancien enseignant et directeur d'école, Joaquim Arenas
i Sampera intègre la DEC d'Omnium Cultural où il va
accèder au poste Coordinateur Général et directeur de
l'équipe pédagogique. Il va ainsi piloter
l'éxpérience de Santa Colona de Gramenet citée plus haut,
hautement symbolique car elle concerne une cité de la ceinture
ouvrière de Barcelone. A ce titre, il va défendre en tant que
dirigeant pédagogique une position sur la définition de
l'éducation catalane.
Lors de la transition démocratique et
l'avénement de structures administratives, Arenas i sampera va devenir
(et rester jusqu'a ce jour) responsable du Servei d'Ensenyament del
Català (SEDEC), organisme responsable de la gestion administrative
de l'enseignement du catalan et de l'encadrement et du contrôle
pédagogique des centres éducatifs non-universitaires comme de
celui du corps professoral. Dans le décret annonçant la
création du SEDEC, le préambule annonçait les principes de
la normalisation linguistique, concept repris ultérieurement lors de la
définition de la loi de normalisation de 1983.
Dès 1976, Arenas i Sampera avait posé les
fondements intellectuels du système éducatif catalan. Dans le
manifeste pour une école catalane, il pose comme fondement l'existence
d'une communauté nationale catalane, soudée par une conscience
collective dont les bases psychologiques et sociales sont à rechercher
dans l'utilisation de la langue, support premier d'une culture
spécifique et authentique126(*).
Cette vision impose une scolarisation précoce :
"Chaque langue comporte une certaine forme de voir les choses et donc de
s'exprimer sous une forme originale avec une richesse de nuances impossible
à comprendre sous un régime éducatif tardif et
postérieur à l'âge préscolaire et des premiers
niveaux "127(*).
L'appartenance à une communauté nationale passe donc par
l'enseignement de la langue dès le plus jeune âge, justifiant un
enseignement planifié.
L'école catalane doit donc s'adresser à tous
(il revendique un financement public) les citoyens des pays catalans et
l'enseignement du catalan être acceptée démocratiquement
par les parties concernées128(*).
Il propose une définition de l'école catalane
qui va orienter la formation d'un systéme éducatif proprement
catalan : "Nous entendons par école catalane celle qui utilise le
catalan comme langue d'études et de communication à tous les
niveaux et dans toutes les matières, tant oralement que par
écrit, des niveaux de la maternelle et de celui du préscolaire,
pour tous les élèves sans distinction"129(*). Dès lors, il ne va
cesser de défendre et d'illustrer les réussites du système
éducatif catalan.
VI -LA POLITIQUE SCOLAIRE DE LA COMMUNAUTE AUTONOME DE
CATALOGNE
A - LA MISE EN PLACE D'UNE POLITIQUE PUBLIQUE
CONSACRÉE À L'ÉDUCATION
1 - Une politique publique de l'éducation
a) les fondements théoriques d'une politique publique
de l'éducation
Nous avons affaire, dans le cas de la politique scolaire
catalane, à une véritable politique publique. Ceci est
vérifiable à partir des éléments qui forment une
politique publique130(*), lesquels éléments sont
énoncés ci-dessous.
Il existe un objet identifiable (en l'occurence la politique
scolaire) véhiculant un processus ou une histoire particulière
(voir le chapitre IV sur la généalogie de l'enseignement) qui
s'inscrit dans un programme (la catalanisation de l'enseignement, voir le
chapitre III) ; ce programme se réfère à un objectif (la
formation d'une communauté catalane, Cf le chapitre I) soutenu par un
système de valeurs (la place de la langue dans la construction
identitaire catalane : voir le chapitre II). Cette politique publique s'adresse
à un certain type de public, les Castellanohablantes et ce
à l'intérieur d'un territoire administratif ou
géographique déterminé, et elle concerne
différentes intitutions dont les établissements scolaires. Enfin,
ce programme repose sur un élément coercitif particulier,
à savoir les dispositions prévues par les lois ou décrets
promulgués par les autorités législatives ou
administratives compétentes, dont l'application incombe aux responsables
de la Generalitat.
b) L'étude d'un secteur particulier
Certes, parler de politique publique peut paraître
abusif dans la mesure où l'essentiel des travaux réalisés
en ce domaine concerne pour l'essentiel les Etats-nations mais la constitution
de l'Espagne comme l'évolution du partage - toujours
renégocié - des compétences entre les communautés
historiques et l'Etat espagnol révèle la particularité du
développement politique espagnol.
Dans ce cadre précis, nous observons une
pluralité de politiques publiques, concernant principalement les
domaines de la culture, de l'enseignement mais également la
maîtrise des circuits d'imposition fiscaux et financiers.
Cette définition d'une politique scolaire catalane
ouvre les portes à l'étude d'un champs social particulier et d'un
secteur autonomisé, dans lequel nous discernons des acteurs
intéressés par l'évolution de ce secteur ou de ce champs.
L'autonomisation de ce secteur ou champ est caractérisée par
l'émergence de structures administratives différenciées,
par l'existence et la reproduction d'un corps de professionnels disposant d'un
statut particulier ; enfin, par la détermination d'un programme
spécifique destiné à atteindre des objectifs
préalablement planifiés.
2 - Les objectifs de la politique scolaire catalane
a) Les implications du concept de "langue propre"
L'application du concept de "langue propre" fonde
l'orientation de la politique scolaire catalane. Dès 1978, avant la
promulgation du statut d'autonomie, une commission mixte réunissant des
représentant du Ministère de l'Education espagnol et des membres
de la Generalitat provisoire avaient élaboré un partage
des compétences en matière d'éducation selon une
définition du "profil linguistique que devaient adopter les centres
éducatifs non universitaires de Catalogne"131(*).
Cette définition précisait que "l'école
sera catalane par la langue d'enseignement et par les contenus des programmes
avec un apprentissage poussé du castillan (espagnol) et d'autres
réalités linguistiques de type universel"132(*). Ce qui
implique que le catalan devienne la "première langue scolaire"133(*).
Les orientations définies par cette commission mixte
trouveront une base juridique solide avec l'adoption du statut d'Autonomie
(Article 15 sur le partage des compétences en matière scolaire)
puis de la Loi de Normalisation Linguistique votée en 1983, même
si les dispositifs particuliers de l'école catalane avaient
été amorcés dès l'instauration d'une administration
catalane, avec la création, déjà évoquée, du
Servei d'Ensenyament Del Català (SEDEC).
b) La catalanisation de l'enseignement scolaire
La catalanisation scolaire va dès lors concerner en
priorité l'enseignement non-universitaire. Cela implique le niveau de la
maternelle (Jardi d'infancia et parvulari) ainsi que
l'enseignement primaire et secondaire. Cette dernière phase comprend les
élèves de 6 à 14 ans, qui suivent l'Educaco General
Bàsica (EGB), qui se subdivise en plusieurs parties distinctes et
dont le suivi est obligatoire. L'EGB est particulièrement
concerné par le programme d'immersion linguistique (voir le chapitre B
de la présente partie). L'enseignement secondaire n'est pas pour autant
délaissé et l'action entreprise prend appui sur le Projet
Linguistique élaboré par le conseil scolaire de chaque
établissement considéré.
Quant à l'enseignement post-baccalauréat, le
transfert de compétence concernant l'université s'est
effectué en 1985. Cette partie du système éducatif nous
intéresse nettement moins dans la mesure où il nous
apparaît plus utile pour notre propos de nous pencher sur l'enseignement
primaire.
L'objectif est de parvenir à une "Normalisation
entière de l'école" grâce à l'établissement
d'"une structurale du projet linguistique "134(*). Cette démarche structurale prend en compte
le niveau des élèves, le dégré de compétence
des professeurs, évalue les moyens (matériels et
pédagogiques) à mettre en oeuvre afin de fournir à
l'unité scolaire concernée une panoplie de ressources allant d'un
soutien psycho-pédagogique à des stages de formation linguistique
pour les enseignants qui en éprouvent le besoin.
Les objectifs de l'enseignement scolaire (primaire et
secondaire) ont été réaffirmés par le plan de
normalisation linguistique adopté début 1995. Celui-ci
détermine trois grandes directions : assoir et consolider les processus
de normalisation linguistiques, garantir et développer la
compétence linguistique du corps professoral ; améliorer les
supports didactiques de la langue catalane pour les centres d'enseignements
secondaires.
3 -Les modalités de la politique de normalisation
linguistique en milieu scolaire
Parallélement, le SEDEC va impulser et coordonner les
Plans Intensifs de Normalisation Linguistique (PINL), démarrés
lors des cours de 1983-84. Ce programme est destiné à renforcer
la normalisation linguistique au sein de l'école
considérée, quelque soit le niveau d'étude
considéré. Il se caractérise par la participation de
toutes les institutions et groupes qui forment l'activité scolaire de la
localité ou du territoire où est mis en oeuvre le plan. Au sein
du Centre Educatif (la dénomination officielle d'une unité
scolaire), c'est le Conseil Scolaire ("organe de gouvernement") qui prime.
Il réunit professeurs, parents d'élèves,
élèves et services de la Mairie et travaille sur l'application
des normes linguistiques.
La nomination d'un coordinateur, qui centralise les
ressources des organismes administratifs ou civils, va de pair avec
l'attribution d'un budget spécifique et de l'assistance d'un groupe
d'experts. Ces plans concernent des zones ou des comarques
(unité territoriale historiquement catalane) dans lesquelles l'usage
social du catalan est minoritaire et/où les écoles utilisent en
majorité le castillan.
En 1991, 638 écoles, sur les 3 033 que comptent la
Catalogne, appartenaient à des zones dans lesquelles étaient
appliquées un PINL.
4 - Le développement d'une structure administrative
différenciée
L'évolution vers un transfert de compétences
entre l'Etat et la Communauté Autonome a progressivement
généré une administration scolaire
différenciée. En 1978, le département de
l'éducation fut l'une des premières structures à
être mises sur pied et son rôle fut d'abord d'incorporer la langue
catalane au sein du système éducatif. La création
proprement dite d'un Département de l'Education remonte à 1980,
date à laquelle ce Département profite du transfert de
compétences officialisé en octobre 1980.
Le Département développe alors des structures
propres à tout Ministère : Servei de Planificaci i
Programaci, Direccions Generals d'Ensenyaments Primari, Secundari,
universitari etc...A ces organes administratifs centraux s'ajoutent des
Délégations Territoriales réparties sur l'ensemble du
territoire catalan.
Des organismes techniques ont été crées
afin de fournir des supports matériels et linguistiques aux besoins
psychopédagogiques émis par les institutions scolaires. La mise
en place de cette machinerie administrative engendre une augmentation
croissante des moyens financiers et humains. De 6, 9 millions de pesetes en
1982, le budget consacré à l'Enseignement est passé
à 304,6 millions de pesetes en 1992.
Quant au personnel employé par les
délégations territoriales de cette administration, son chiffre
atteignait 41 789 personnes en 1990.
B - LE PROCESSUS DE NATIONALISATION DES CIRCUITS DE
SOCIALISATION ÉDUCATIFS
1 -La place du catalan dans l'enseignement au niveau de la
maternelle et du primaire
a) La réussite du programme scolaire catalan
En 1993, sur les 767 182 élèves
intégrés au niveau maternelle et primaire, 314 375
possèdent le catalan comme langue familiale, ce qui représente
41% du total des élèves. La majorité de la population
présente sur le territoire de la Catalogne n'est donc pas de souche
catalane. Les dispositifs mis en place par la Generalitat sont cependant bien
acceptés puisque seulement 28 écoles (22 privées et 6
publiques) continuent de dispenser un enseignement exclusivement en castillan,
sur les 2 934 recensées.
b) Les différences géographiques
D'un point de vue géographique, il convient de
distinguer Barcelone et ses environs du reste du pays. En effet, sur la
quasi-totalité du territoire (à l'exception des bordures
situées à l'ouest et au sud-est), 90 à 100% des
élèves des écoles primaires suivent
l'intégralité des programmes consacrés au catalan. Dans la
ville de Barcelone, l'enseignement en catalan est beaucoup plus
dispersé.
Seuls trois quartiers (Sants Montjuic,
Eixample et Gracia) connaissent des pourcentages importants
sur le nombre d'élèves suivant les différents modules de
catlan (entre 71 et 79%). Ces quartiers sont aussi ceux l'on recense le plus de
catalanoparlants (entre 37 et 56% en moyenne). Ces données
vérifient dans une certaine mesure l'impact de l'immigration sur la
ville de Barcelone et de ses environs, impact observé durant la
période franquiste.
2 - La place du catalan dans les programmes scolaires
Le catalan cohabite en effet avec le castillan au sein des
structures éducatives présentes sur le territoire de la
communauté autonome de Catalogne. Le modèle bilinguiste respecte
la parité entre castillan et catalan dans l'application des programmes
scolaires. La distribution des heures consacrées à chaque langue
respecte strictement cette égalité, comme dans les
différentes étapes du cycle primaire. Le cycle secondaire
comprend des unités de valeur à obtenir en Catalan et concernant
la langue et la littérature catalane. L'intégration du catalan
comprend également l'incorporation de programmes d'histoire et de
géographie. Cet objectif est fixé surtout depuis 1988 et concerne
l'EGB, les cours préparant à l'équivalent du
baccalauréat (batxillerat) comme la Formation Professionnelle.
A titre d'exemple, en ce qui concerne la phase 6-12 ans :
"Sur les 44 objectifs terminaux de l'aire, 4 font référence
à la conquête du temps chronologique et historique ; 4 portent sur
les méthodologies à appliquer dans la connaissance et le
traitement de l'histoire ; 9 portent sur l'histoire de la Catalogne ; 1 sur
l'histoire de la Catalogne en relation avec celle de l'Espagne et du monde ; 1
traite des symboles nationaux, 2 sont consacrés à la
défense du patrimoine historico-artistique et culturel"135(*). Mais cela ne
représente que 40 heures de cours par élève en 6 ans
études. De même, pour la phase 12-16 ans, les cours d'histoire et
de géographie portant sur la Catalogne ne prennent que 40 heures sur les
4 045 heures éstimées de cours que reçoivent les
étudiants. En outre, la divulgation d'une histoire spécifiquement
catalane se heurte au manque de formation des enseignants, principalement ceux
du primaire.
3 - La formation d'un corps professoral catalan
En effet, la formation de professeurs pouvant utiliser le
catalan s'est révélée d'autant plus
nécéssaire que la situation léguée par les
transformations des dernières décades franquistes
révélait la faiblesse des compétences linguistiques de
ceux-ci.
En 1981, une enquête menée par la Generalitat
démontrait que la moitié du corps enseignant n'étaient pas
en mesure d'assurer des cours en catalan136(*). L'actualisation linguistique requis par les
exigences de la normalisation linguistique a engendré deux types de
politiques spécifiques : la certification d'une compétence
linguistique et le contrôle du recrutement professoral
a) La certification de la compétence linguistisque
La première politique a consisté à
établir et à délivrer des diplômes consacrant une
compétence linguistique orientée vers les besoins de l'EGB.
Ainsi, l'obtention du Certificat donne droit à enseigner au sein de la
première étape de l'EGB. Puis, l'obtention du Diplôme
universitaire de "Maître de Catalan" donne le droit d'enseigner dans tous
les cycles de l'EGB.
Les modalités permettant l'acquisition de cette
compétence linguistique ont varié avec le temps. D'abord
conçus sous forme de cours de recyclage linguistique, les responsables
éducatifs catalans ont mis en place un Cours de Normalisation
Linguistique. Deux autres systèmes fonctionnent également, les
cours de Formation Permanente Institutionnelle (FOPI) permettent aux
enseignants de se consacrer à une formation linguistique une
journée par semaine tandis le Programme d'Immersion pour les Professeurs
(PIP) ouvre des possibilités de recyclage.
b) Le contrôle du recrutement professoral
D'autre part, le recrutement du professorat a fait l'objet de
mesures particulières destinées à assurer la
pérennité de l'enseignement en catalan. Les mesures prises
présentent des traits distinctifs.
L'inscription au concours permettant d'enseigner dans l'EGB
implique de la part du postulant l'engagement de passer et d'obtenir un
diplôme en catalan ; l'inscription à tous les concours permettant
d'enseigner le catalan donne lieu à une convocation préalable
ayant pour objet d'évaluer le niveau de compétence linguistique
du candidat ; enfin, la gestion des affectations de postes est
réalisée par le centre administratif selon des critères
prenant en compte la sitation linguistique de l'unité scolaire
considérée.
Ces diverses dispositions ont donné des
résultats sensibles. Ainsi, en 1992, "il y a 23 996 professeurs, 10 470
(44,10%) étant titulaires du diplôme adéquat, et 13 526
n'ayant encore aucun diplôme de langue catalane"137(*).
C - LA SPÉCIFICITÉ DU MODÈLE
ÉDUCATIF CATALAN : L'EXEMPLE DU PROGRAMME D'IMMERSION LINGUISTIQUE
1 - Le programme d'immersion linguistique
L'une des particularités de la politique scolaire
catalane est d'avoir élaboré et appliqué un modèle
particulier d'apprentissage précoce de la langue. Les motivations sont
liées à l'immigration massive des années 1950-70. Les
centres éducatifs de Catalogne accueillent un pourcentage
élevé de scolaires ne parlant pas le catalan, 50% pratiquement,
un fait dû à l'immigration massive et non planifiée ayant
lieu des années cinquante aux années 1970. Devant cette situation
anormale, l'école devait offrir des moyens cohérents pour
réaliser la Normalisation linguistique de la population
concernée. Le programme d'immersion linguistique est
appliqué dans les écoles où le pourcentage d'enfants ne
parlant pas le catalan est supérieur à 70%. Il concerne les
enfants âgés de 3 à 7 ans. Des objectifs sont fixés
année par année avec application d'un système
d'évaluation. La première année doit permettre à
l'enfant de comprendre la langue ; la deuxième année, celui-ci
produit oralement la langue ; l'enfant apprend à lire et à
écrire au cours de la troisième année ; enfin, la
dernière année a pour objectif de consolider les données
acquises au cours des années précédentes.
2 - Les origines et le développement du programme
d'immersion en Catalogne
Les origines du programme d'immersion remonte aux derniers
temps du franquisme. Les institutions civiles catalanes, principalement l'ecole
de Rosa Sensat Mestres, avancérent l'idée selon laquelle
le catalan devait faire l'objet d'une attention particulière au sein du
système éducatif afin de compenser son moindre usage social.
L'expérimentation de l'apprentissage précoce de la langue
notamment fut surtout le fait de la DEC d'Omnium Cultural. La question
cruciale provenait du point de vue des différents intellectuels et
sociolinguistes catalans de la possibilité cognitive et psychologique
pour l'enfant d'apprendre deux, voir plusieurs langues.
La question du bilinguisme se posait avec d'autant plus
d'acuité qu'il apparaissait politiquement difficile d'imposer une langue
à une population qui, pour autant qu'elle fût
castellanohablante, n'en recouvrait pas moins des droits
démocratiques et notamment celui de pouvoir choisir la langue dans
laquelle celle-ci souhaitait éduquer ses enfants. Les responsables de la
DEC d'Omnium Cultural penchaient, nous l'avons vu, en faveur de la
primauté du catalan sur le castillan.
Les sociolinguistiques catalans puisèrent alors dans
l'expèrience québécoise de Saint-Lambert les
justifications adéquates à la possibilité d'une
éducation proprement bilingue sans que cela n'affecte le
développement intellectuel ou les résultats scolaires des
élèves. Les analyses, rapportées de l'observation
comparée de groupes d'enfants (pupils) anglophones plongés ou non
dans un programme d'immersion linguistique en français,
démontrèrent que les élèves suivant des cours de
français parallélement à ceux en anglais
possèdaient un développement identique voire meilleur que ceux
assistant à des cours exclusivement monolingue138(*).
Les premiers programmes d'immersion mis en place par le SEDEC
ont démarré en 1984. En 1992, il représentait 686
écoles pour un total de 1932 classes et plus de 51 600
élèves. Comme le souligne Artigal, "Il semble raisonnablement
évident que le programme d'immersion linguistique a réussi
au-delà des attentes de ses
créateurs...Précédemment, la question cruciale consistait
à s'interroger sur les bénéfices du programme ;
maintenant, il est très simple de déterminer la
possibilité de réussite d'un tel programme"139(*).
3 - Les mécanismes sociaux de la réussite du
programme d'immersion linguistique
Reste que si l'incorporation d'un enseignement en catalan et
l'institutionnalisation du bilinguisme dans la quasi-intégralité
des institutions scolaires a bien fonctionné, l'adhésion au
projet linguistique proposée par les responsables de l'éducation
en Catalogne n'est concevable que dans le respect démocratique d'un
bilinguisme qui, de toute façon, imprègne profondèment la
société catalane.
La notion de communauté catalane reste floue
même si les actions entreprises tendent à délimiter de
façon plus précise les contours d'une "communauté
imaginaire" ce sentiment abstrait partagé par de personnes se
représentant leurs compatriotes lire les mêmes journaux. Cette
difficulté est proprement politique et rèvéle la
compléxité des processus sociaux conduisant la Catalanisation de
la société.
CONCLUSION
La construction d'une politique publique est toujours
organiquement lié au rapport qu'elle entretient avec son environnement.
Le cas de la politique scolaire catalane en est une illustration parfaite. La
nécessité de fonder définitivement sur un plan politique
une communauté dont l'attribut identitaire est la langue pousse à
la définition et la redéfinition permanente d'un programme de
nationalisation linguistique visant à déterminer et à
clôturer un espace de communication proprement catalan. Cette politique
tient compte, socialement (par l'adhésion des parents) et politiquement
(par respect des droits linguistiques individuels) de la réalité
linguistique du pays. Le bilinguisme qui prévaut en Catalogne est tout
autant le produit de l'histoire que la résultante des
représentations sociales actuelles qui animent le jeu des acteurs. La
pluralité des processus d'identification et des pratiques sociales,
notamment dans l'analyse des flux de communications langagiers,
débouchent sur l'édification de structures légitimes
comprenant l'utilisation de deux standards, le catalan et le castillan.
La réussite de la politique scolaire catalane repose
donc sur un compromis social implicite, respectant ainsi les
préférences, attitudes ou visées identitaires de chacun.
La démocratisation de l'usage du catalan attriste ou suscite bien des
analyses et des commentaires de la part des intellectuels et politiques
catalans (les deux genres n'étant pas exclusif l'un de l'autre,
là-bas du moins). Cela a le mérite d'entretenir leur
carrière et de faire perdurer (ou de participer à) une entreprise
collective dont les fondements, voire les hommes, sont à rechercher dans
les années 1950-1970.
Cette culture de la défense d'une identité, si
durable après tant d'années d'un autoritarisme paternaliste et
hypocrite, a forgé une conscience collective articulée
socialement sur des réseaux d'individus qui ont fait de la langue une
référence indépassable. Il leur semble aujourd'hui
difficilement concevable d'assister à une instrumentalisation du catalan
qui, pourtant, est la condition sine qua non du renouvellement linguistique.
Jordi Pujol l'indique, la société catalane doit
rester une société "ouverte et conviviale" dans lequel chacun
doit trouver sa place. L'opposition linguistique constitue aujourd'hui un
moteur d'autant plus important qu'elle génère directement ou
indirectement des emplois, des revenus et des ressources. Un narcissisme des
petites différences qui permet de produire économiquement de
l'identité et de satisfaire aux exigences d'un libéralisme
culturel que la société espagnole, par une alchimie
particulière, a su si bien sécréter.
Aussi, les repères familiers que constituent pour nous
les constructions sociologiques des Etats-nations traditionnels doivent-ils
affronter la concurrence de l'expérience catalane. Points de
disqualification par une autorité centralisée des
minorités, mais un processus de construction des revendications ou des
expressions identitaires basés sur la démultiplication
infra-territoriale des légitimités culturelles de chaque groupe.
Un processus dans lequel chacun y trouve son compte. Pour l'instant.
BIBLIOGRAPHIE THÉMATIQUE
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et de Sciences Sociales
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II - Ouvrages et articles généraux
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[une référence quant à l'impact des
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[un article à notre avis important car il met en
relation les structures destinées à nationaliser les esprits et
le poids des processus d'identification dans l'incorporation des sentiments
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[mettent notamment en relation la spécificité de
la construction étatique espagnole avec la persistance d'idiomes
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[La lutte du particularisme et de l'universalisme]
III - Ouvrages et articles portant sur la construction
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[l'auteur démontre que la nature de la revendication
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[une thèse qui fait le point sur l'Etat des travaux
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[sobre et utile ; s'intérresse plus
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[Article de référence sur les origines
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[ l'analyse de la faiblesse de l'intégration des
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[Linz conceptualise la notion d'Etat multinational à
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[Les origines catholiques de l'engagement politique de Jordi
Pujol dans les années 1950]
MERCADE, F., Catalua : intelectuales polticos y cuestin
nacional, Ed.Peninsula, Barcelone, 1982.
[un ouvrage mettant en lumière, à l'aide de
critères croisés et d'entretiens semi-directifs les
systèmes de valeurs des intellectuels catalans
sélectionnés pour ce faire ; Jordi Pujol y est
catégorisé comme intellectuel]
OLTRA, B., HERNANDEZ, F. & MERCADE , La Ideologia Nacional
Catalana, Ed.Anagrama, Barcelone, 1981.
[fondamental pour visualiser les différentes
sensibilités nationalistes catalanes]
PADRO-SOLANET, A. & COLOMER, J.M., "Espacio
politico-ideologico y temas de campana (el ejemplo de las elecciones
autonomicas de Cataluna de 1992), Revista de Estudios Politicos, 1992,
n°78, pp.131-160.
[une illustration de la catalanisation de l'espace politique
catalan et du poids de CiU dans la définition de cet espace]
PALLARES, F. & FONT, J., The autonomous elections in
Catalonia : 1980-1992, Institut de ciènces polítiques i
socials, Barcelona, 1995.
PRAT DE LA RIBA, E., La nacionalitat catalana, compendi de
la doctrina catalanista, en col.laboració amb Pere Muntanola,
Edicions de la MAGRANA, Barcelone, 1993.
[l'un des penseurs catalans qui a théorisé le
rapport entre la redécouverte d'une histoire catalane et les
possibilités d'un développement politique autonome]
ROSSINYOL, J., Le Problème National Catalan,
Paris Mouton, 1974.
[retrace avec précision les événements
historiques du début de ce siècle qui ont soudé les
catalans derrière une représentation commune]
SHABAD, G. & GUNTHER, R., "Language, Nationalism, &
Political Conflict in Spain", Comparative Politics, 1982, Vol.14,
n°4, pp.443-478.
[un article important évoquant les origines politiques
de la Catalogne et mettant l'accent sur la pluralité des sentiments
d'identifications des catalans, y compris parmi les catalans de souche
catalane]
VIDAL-FOCH, X. (Dir.), Los catalanes y el poder hoy,
Ed.EL PAIS, Madrid, 1994.
[un recueil d'articles portant sur diverses époques
historiques de la Catalogne ; fourmille de renseignements sur la
stratégie idéologique de Pujol ; rappelle l'ambiguité des
fractions supérieures de la société catalane, que ce soit
sous la seconde république (1932-1939) ou sous le franquisme ; une
vision du "centre" sur la périphérie"]
VILAR, P., Cataluña en la España
moderna, Critica, Barcelona, 1984.
[historien d'obédience marxiste qui a mis en exergue
l'existence d'une unité politique catalane autonome au
moyen-âge]
IV - Ouvrages et articles portant sur l'Etat des
autonomies et les sentiments d'identification duale
CAMILLERI, G. & GALIAY, C., "Le statut d'autonomie de la
Catalogne", Revue Française de Science Politique, 1980,
Octobre, pp.1012-1047.Vol.1, n°1, pp.11-32.
FERNANDEZ RODRIGUEZ, R., La España de la
Autonomia, Instituto de Estudios de Administracion Local, Madrid, 1985,
pp.527-672.
LINZ, J., "De la crisis de un estado unitario al estado de la
autonomias", in FERNANDEZ LOPEZ-ARANGUREN, E., "Nacionalismo, Regionalismo y
posnacionalismo en las Comunidades Autónomas del Estado español",
Razn y Fe, 1994, Tomo 230, pp. 269-282.
LOYER, B., "Nations, Etats et citoyens en Espagne",
Hérodote, 1994, n°72/73,
MODERNE, F., "Les communautés autonomes : une
décennie capitale pour un Etat en construction", p.63, L'Espagne
aujourd'hui : dix années de gouvernement socialiste, sous la dir.de
F.MODERNE et P.BON, La Documentation Française, pp.61-84.
MORENO, L., "Identificación dual y autonomia politica :
los casos de Escocia y Catalunya", Revista Espanola de Investigaciones
Sociologicas, 1988, n°42, pp.155-174.
[analyse comparée des cas écossais et catalans
visant à démontrer la pluralité des sentiments
d'identifications]
MORENO, L., "Multiple Ethnoterritorial Concurrence in
Spain", Nationalism and Ethnic Politics, 1995, Vol?1, n°1,
pp.11-32.
[explique les ressorts de la compétition politique
entre les différentes régions et nationalités en
espagne]
RAMON MONTERO, J. & TORCAL, M., "Autonomias y comunidades
en Espana : Preferencias, dimensiones y orientaciones politicas", Revista
de Estudios Politicos, 1990, n°70, pp.33-91
RODRIGUEZ, R., La España de la Autonomia,
Instituto de Estudios de Administracion Local, Madrid, 1985.
SIGUAN, M., España plurilingüe, Alianza
Editorial, Madrid, 1992.
[une excellente introduction à la politique
linguistique menée par les différentes unités
autonomistes]
V - Ouvrages et articles portant sur les processus
sociaux et politiques des choix linguistisques
DI GIACOMO, S., Images of Class and Ethnicity in Catalan
Politics, in Mc DONOGH, G. W., Conflict in Catalonia, Images of an Urban
Society, University Press of Florida, University of Florida, Gainesville,
1981.
[l'explication de la défaite de la gauche, pourtant
donnée favorite, aux éléctions autonomistes de 1979 par
leur incapacité à se positionner clairement par rapport à
leur catalanité]
LAITIN, D., "Linguistic Revival : Politics and Culture in
Catalonia", Comparative Politics, 1982, Vol.14, n°4.
LAITIN, D. & SOLE, C., "Conflicto lingüistico en
Cataluna. Una explicacion alternativa", SISTEMA, Revista de Ciencias
Sociales, Septembre 1986, n°74, pp.89-106.
[une explication, par le recours à la théorie
des jeux, du maintien d'un bilinguisme satisfaisant les catalans et les
immigrés parlant castillan mais désireux de s'intégrer]
LAITIN, D., Languages and States, "Working Paper"
présenté à l'Institut Juan March en octobre 1988, 1990.
[toujours l'application de la théorie des jeux aux
situations diglossiques]
LAITIN, D., & RODRIGUEZ GOMEZ, G., "Language, Ideology and
the Press in Catalonia", American Anthropologist, 1992, vol.94,
n°1, pp.9-30.
[analyse des contenus idéologiques des quatre grands
périodiques catalans]
LAITIN, D. & SOLE, C., "Catalan Elites and Language
Normalisation", International
Journal of Sociology and Social Policy, 1989, Vol.9,
n°4
[enquête auprès des élites locales
(maires, députés...) portant sur leur adhésion au projet
linguistique et leur vision du statut de la Catalogne]
McDONOGH, G.W., Good Families of Barcelona, Princeton
University Press, Princeton, 1986.
[un ouvrage majeur sur les processus de différenciation
sociale provoquée par la cohabitation entre catalans et castillans ; le
développement d'une langue est indissociable du développement de
l'autre]
SOLER, J.C., Language standardization and Norm formation
in Catalonia, PHD, Indiana University, 1986.
WOOLARD, K.A., Double Talk : Bilingualism and the Politics
of Ethnicity in Catalonia, Stanford University Press, Stanford, 1989.
[une étude extremement fine portant sur
l'intégration sociale des immigrants par la langue catalane ; elle
montre que l'utilisation du catalan génère des stratégies
de distinction entre les catalans et les immigrés parlant le catalan
puis entre les immigrés eux-mêmes ; à lire absolument]
VI - Ouvrages et articles portant sur l'usage social
du catalan
BOYER, H., Langues en Conflit, L'HARMATTAN, 1991.
[montre l'émérgence d'un champ scientifique
spécifique portant sur la "bonne" utilisation de la langue et
énonce les clivages provoqués par la démocratisation de
l'usage du catalan]
HALL, J., "Les recensements linguistiques en Catalogne :
chiffres et déchiffrages", Lengas, 1994, n°35,
pp.45-85.
[une exposition des problèmes et des résultats
de la collecte de données portant sur l'usage social du catalan]
HALL, J., La connaissance de la langue catalane (1975 -
1986), Institut de Sociolinguista Catalana, Generalitat de Catalunya,
Departament de Cultura, Barcelona, 1990.
[un ouvrage de référence qui comprend un rappel
du passé de la langue catalane]
ICOP, L'ùs del Català a les gran empreses
amb seu a Catalunya, Barcelona, 1991.
LEPRETRE I ALEMANI, M., "Connaissance et usage social de la
langue catalane en Catalogne", Lengas,1994, n°35, p.87-106.
[contient des bonnes références et des
données chiffrées sur l'usage social du catalan]
MARTI i CASTELL, J., L'ùs social de la llengua
catalana, Barcanova, Barcelona, 1992.
[l'utilisation par un sociolinguiste d'arsenal de concepts
permettant d'analyser la présence de deux langues sur le territoire
catalan]
MARTINEZ, R. & BERNEY, Enquesta a la Joventut de
Catalunya, Cabinet d'Estudis socials, Departament de la Presidencia,
Generalitat de Catalunya, Barcelona, 1990.
RAFANELLI, A. & ROSSICH, A., "Quin futur hi ha per a la
llengua catalana ?", Revista de Catalunya, 1990, n°37,
pp.21-26.
[dénoncent la perte de qualité linguistique
lié à l'extension de la langue]
SABATER, E., "an approach to the situation of the Catalan
language : social and educationnal use", International Journal of the
Sociology of Language, 1984, Vol.47, pp.29-41.
STRUEBELL i TRUETA, M., "Language and Identity in Catalonia",
International Journal of the Sociology of Language, 1984, Vol.47,
pp.91-104.
[analyse des capacités d'assimilation de la langue
catalane par les immigrants]
SUBIRATS, Marina, Transmissio i coneixement de la llengua
catalana a l'area metropolitana de Barcelona. Enquesta metropolitana,
1986. Vol.20. Institut d'Estudis Metropolitans de Barcelona, Barcelona, 1991,
p.95 et s.
[une enquête de terrain aux conclusions
intéressantes]
VALLVERDU, F., "La sociolinguistique en Catalogne dans les
années 80", Lengas, 1994, n°35, pp.11-26.
[un aperçu éclairant des questions et des enjeux
clivant le champ scientifique des socio-linguistes catalans]
VII - Ouvrages et articles portant sur la langue et la
culture catalane vus par les auteurs catalans
BADIA i MARGARIT, A., Llengua i poder ; textos de
sociolingüistica catalana, Ed.Laia, Barcelona, 1986.
[l'histoire de la codification du catalan par un
sociolinguiste qui a participé à l'élaboration de la loi
de normalisation linguistique]
COLOMINES i PUIG, J., La lengua nacional de
Catalunya, Generalitat de Catalunya, Barcelona, 1992,
[une présentation officielle et récente de
l'identité catalane et de la Communauté Autonome vu au travers
d'une rélecture du passé historique catalan ; illustration
typifiée de la défense de la langue]
PUJOL, J., Que representa la lengua en Cataluña
?, Generalitat de Catalunya, Barcelona, 1995.
[incontournable pour saisir l'importance politique de la
langue aujourd'hui]
STRUEBELL i TRUETA, M., "Language and Identity in Catalonia",
International Journal of The Sociology of Language, 1984, Vol.47,
pp.91-104.
[une autre présentation de la généalogie
légitime de la Catalogne Autonome]
TERMES, J., Reflexiones crítiques sobre la cultura
catalana, Generalitat de Catalunya, Departament de Cultura, 1983.
[contient des éléments intérressants sur
l'immigration]
VALLVERDU, F., El conflicto lingüistico en
Catalua, Ed.Peninsula, Barcelona, 1981
[à lire pour connaître la trajectoire historique
catalane]
VALLVERDU, F., " A sociolinguistic history of catalan",
International Journal of the Sociology of Language, 1984, n°47,
pp.13-28.
[la défense de l'identité catalane par une
périodisation historique de son oppression]
VIII - Ouvrages et articles portant sur la politique
de Normalisation Linguistique
BANERES, J. & ROMANI, J.M., "L'exhortation à la
normalisation ou Ho volem tot en Català", Lengas, 1994,
n°35, pp.27-44.
[les origines et le développement du concept de
Normalisation Linguistique]
BASTARDAS, A., Fer el Futur : Sociolingüistica,
planificacio i normalitzacio del Català, Empuries, Barcelona,
1991.
[procède notamment à une typologie de
planifications comprenant le Québec, la Catalogne et le pays Basque]
GENERALITAT DE CATALUNYA, Diari Oficial de la Generalitat
de Catalunya, 1983, Divendres, 22 abril, 1983, n°322.
[promulgation de la loi de normalisation linguistique]
GENERALITAT DE CATALUNYA, Pla General de Normaltzaci
Lingüstica, Generalitat de Catalunya, Departament de Cultura,
Direccio General de Politica Linguistica, Institut de Sociolinguistica
catalana, Centre de Documentacio, 1995
[la planification de la catalanisation de la
société]
JAILLARDON, E., "La Politique Linguistique de la Catalogne
Autonome", Annuaire des collectivités locales, GRAL-LITEC,
1992.
OLLES, C.,"La Catalogne : la proclamation d'une
identité", in PONGY, M. & SAEZ, G., Politiques Culturelles et
Régions en Europe, L'Harmattan, 1994, pp.87-160.
[la politique publique de la culture de la communauté
autonome mais l'auteur ne s'interroge pas sur la "définition" d'une
oeuvre catalane et les processus de séléction des oeuvres
culturelles]
RENIU i TESSERAS, M., "Aspects de la Politique linguistisque
du gouvernement de la Catalogne", Lengas, 1994, n°35
[présentation de la politique linguistique de la
Catalogne par un haut responsable catalan]
PADROS, X., (dir.), El desplegament autonmic a
Catalunya, Departaments de Cultura y d'Ensenyament, Generalitat de
Catalunya, Institut d'Estudis Autonmics, Barcelona, 1992.
WEBBER, J. & STRUBELL i TRUETA, M., The catalan
language : progress towards normalisation, The anglo-catalan society
occasional publications, 1991,
[une illustration claire de la politique de normalisation
linguistique]
IX - Ouvrages et articles portant sur la
généalogie et le développement
de la politique scolaire de la Catalogne autonome
ARENAS i SAMPERA, J. & SABATER i SICHES, E., Del
català a l'escola a l'escola catalana, la visio i la tasca de la DEC
d'Omnium Cultural, Ed.LA MAGRANA, Barcelona, 1980.
[recueil de textes explicitant les positions
pédagogiques et politiques, au moment de la transition
démocratique, de l'équipe qui allait investir les structures
administratives catalanes]
ARENAS i SAMPERA, J., Absencia i recuperaci de la llengua
catalana a l'ensenyament a Catalunya, Quaderns d'Escola 5, La llar del
libre, Barcelona, 1983.
[la mise en place du catalan à l'école ; donne
une généalogie de l'enseignement scolaire moderne en
Catalogne]
ARENAS i SAMPERA, J., Cataluña, Escola i
Llengua, Generalitat de Catalunya, ed.La Llar del Llibre, Barcelona,
1987.
[la politique scolaire de la Catalogne autonome avec
l'introduction des programmes d'immersion linguistiques]
ARENAS i SAMPERA, J., Langue et Education dans la
Catalogne d'aujourd'hui, Generalitat de Catalunya, Departament
d'ensenyament, Barcelona, 1992.
[la politique scolaire actuelle de la Catalogne]
ARENAS i SAMPERA, J. & VIAL, S., Descripcio dels
resultats dels censos de Normalitzacio lingüistica a l'ensenyament
no-universitari, Departament d'Ensenyament, Generalitat de Catalunya,
1993.
[analyse des résultats portant sur la connaissance du
catalan dans le secondaire]
ARTIGAL, J.M., The catalan immersion programm : an european
point of view, Ablex Publishing Corporations, Norwood, New Jersey, 1991.
[série d'articles sur le programme d'immersion
linguistique ; l'article d'Artigal permet de retracer les origines
intellectuelles du programme]
CARRASCO SALVO, S., "Geografia i história de Catalunya
i la Formació permanent del professorat : un cas pendent ?", La
historîa de Catalunya a primaria i secundària, escola
catalana, DEC d'Omnium Cultural, mai 1995, n°320, pp.19-23.
[l'évocation du manque de formation historique des
professeurs catalans]
ESCOLA DE ROSA SENSAT MESTRES, El Bilingüisme escolar
a Catalunya, Fundaciô A.Martorell, Barcelona, 1972.
[le document de référence d'une institution
ayant joué un grand rôle dans la rénovation et la
construction d'une pédagogie et d'un corps professoral catalan]
FAULI, J., Omnium Cultural 1961-1981 : Vint anys de
cultura catalana dificil, Universitat de Barcelona, Barcelona, 1982.
[thèse complète consacrée à
l'institution dominante de la renaissance culturelle catalane]
GENERALITAT DE CATALUNYA, Els sistemes educatius a Europa
: Elements per a una descripco, Generalitat de Catalunya, Departament
d'Ensenyament, Barcelona, 1993
GUITART i AGELL, J., "la normalisation linguistique de
l'enseignement en Catalogne", perspectives, 1987, Vol.XVII, n°2,
pp.319-326.
HERNANDEZ CARDONA, F-X., Ensenyar Historia de
Catalunya, Editorial Grao, Barcelone, 1990.
[une défense de l'enseignement de l'histoire de la
Catalogne assortie de conseils pédagogiques]
HERNANDEZ CARDONA, F-X., La historía de Catalunya a
primaria i secundària, escola catalana, DEC d'Omnium Cultural,
mai 1995, n°320, pp.11-12.
[description de la place des programmes d'histoire dans
l'enseignement primaire et secondaire du système éducatif]
MONES i PUJOL-BUSQUETS, J., Els primers quinze anys de
Rosa Sensat, Rosa Sensat Edicions 1962, Barcelona, 1983.
[le seul ouvrage que nous ayons trouvé à
Barcelone sur Rosa Sensat ; néammoins très utile]
PETHERBRIDGE-HERNANDEZ, P. & LATINER RABY, R,
"Twentieth-Century Transformations in Catalonia and the Ukraine : Ethnic
Implications in Education", Comparative Education Review, 1993,
Vol.37, n°1, p.37.
[clair et bien documenté]
SIGUAN, M., "Langue et Education en Catalogne",
perspectives, 1984, Vol.XIV, n°1, p.114.
[article de présentation des orientations de la
politique scolaire au début des années 1980]
SIGUAN, M.; ZANON, J. & REDO, A., El catalan como
lengua de enseanza, Ministerio de Educacio i de Ciencia, Madrid, 1992,
[enquête de terrain sur le catalan et les programmes
d'immersion linguistiques précédée de chapitres utiles sur
la généalogie intellectuelle et pédagogique de ces
programmes]
VILA, I., La normalització lingüística
a l'ensenyament no universitari de Catalunya, Generalitat de Catalunya,
Departament d'ensenyament, Barcelona, 1993.
X - Documents émanants des services
administratifs de la Généralité
Departament d'Ensenyament, El tractament de les
llengües a l'Educació primària, Generalitat de
Catalunya, non daté.
Departament d'Ensenyament, La llengua catalana a
l'ensenyament, curs 1992-93, Direcció General d'Ordenació
Educativa, Generalitat de Catalunya, 1994.
[propose la série de graphiques et de chiffres la plus
récente sur la catalanisation de l'enseignement primaire et secondaire ;
fourni personnellement à l'auteur par une responsable du SEDEC]
Departament d'Ensenyament, L'enseignement en
Catalogne, Generalitat de Catalunya, non daté.
Departament d'Ensenyament, Noticies del SEDEC,
Generalitat de Catalunya, , septembre 1992.
[contient une illustration d'un plan intensif de normalisation
linguistique appliqué à Barcelone]
Departament d'Ensenyament, Plans Intensius de Normalitzaci
Lingüística, Direcció General d'Ordenació i
Innovació Educativa Generalitat de Catalunya, Barcelona, non
daté
Direccio General de Politica Linguistica, Ley de
Normalizacion lingüistica en Catalua, Departament de Cultura,
Generalitat de Catalunya, 1989.
XIII - Ouvrages et articles portant sur les moyens de
communication
en catalan
COLAS, D., "Nationalism, Culture and the New informations
technologies in Europe", KEIO Communication Review, 1991, n°12,
pp.76-90.
[souligne le rôle des moyens de communications modernes
dans la nationalisation de certaines communautés, dont l'Espagne]
BAGET i HERMES, J.M., Historia de la Televisio a
Catalunya, Centro d'Investigacio de la Comunicacio, Departament de la
presidencia, Generalitat de Catalunya, 1994.
LAVIGNE, L., La Télévision catalane,
1990, Mémoire de l'Institut d'Etudes politiques de Paris.
[absolument pas scientifique mais c'est le seul auteur en
France, à notre connaissance, qui a consacré une étude
à ce sujet]
ANNEXES
Carte des pays catalans pour les catalans : D'après
WEBBER, J. & STRUBELL i TRUETA, M., The catalan language : progress
towards normalisation, The anglo-catalan society occasional publications,
1991.
* 1 - SMITH, A.D.,
Nations and nationalism in a global era, Polity press, Cambridge,
1995, pp.44-45.
* 2 - GELLNER, E.,
Nations et nationalisme, Payot, 1989.
* 3 - DELOYE, Y., "Etat,
nation et identité nationale ; pour une clarification conceptuelle",
BURGI, N., Fractures de l'Etat-nation, Kimé, 1994,
pp.153-164.
* 4 - LECA, J., "La
citoyenneté entre la nation et la société civile", COLAS,
D. ; EMERI, C. & ZYLBERBERG, J., Citoyenneté et
Nationalité ; Perspectives en France et au Québec, PUF,
1987, pp.479-505.
* 5 - BALCELLS, A., El
nacionalismo catalan, Historia 16, Madrid, 1991.
* 6 - LLOBERA, J.R.,
"Volksgeist in Catalan Nationalist Ideology", Ethnic and Racial
Studies, 1983, Vol.6, n°3, pp.332-350.
* 7 - BALCELLS, A.,
Ibid, p.22.
* 8 - LLOBERA, J.R.,
Ibid, p.341.
* 9 - HOBSBAWM, E. &
RANGER, T., The Invention of Tradition, Cambridge U-Press, Cambridge,
1983.
* 10 - CONVERSI, D.,
"Language or race ? : the choice of core values in the development of Catalan
and Basque nationalisms", Ethnic and Racial Studies, 1990, Vol.13,
n°1, pp.71-90.
* 11 - HOBSBAWN, E. ,
Nations et nationalismes, Gallimard, 1992, p.138.
* 12 - HOBSBAWM, E. &
RANGER, T., Ibid.
* 13 - LLOBERA, J.R.,
Ibid, pp.332-333.
* 14 - LLOBERA, J.R.,
Ibid, p.343.
* 15 - PRAT DE LA RIBA, E.,
La nacionalitat catalana, en col.laboracio amb Pere Muntanola,
Magrana, Barcelona, 1993, p.67.
* 16 - SHABAD, G. &
GUNTHER, R., "Language, Nationalism & Political Conflict in Spain",
Comparative Politics, 1982, Vol.14, n°4, pp.443-478.
* 17 - HERMET, G.,
L'Espagne au XXe siècle, PUF, 1986, pp.39-41 et 68-76.
* 18 - GENYES, W., Les
élites face à l'Etat, l'institutionnalisation des élites
périphériques espagnoles, Thèse de Doctorat d'Etat,
Université de Paris-I, 1994, pp.75-81.
* 19 - LINZ, J.J., "Early
state-building and late peripheral nationalism against the state : the case of
spain", EISENSTADT, S. & ROKKAN, S., Building States and Nations,
Sage, London, 1973, Vol.2, pp.32-116.
* 20 - HERMET, G.,
Ibid, p.41.
* 21 - GENYES, William,
Les Elites face à l'Etat, L'institutionnalisation des élites
pariphériques espagnoles, Doctorat de Science Politique,
Université Paris I, 1994.
* 22 - McDONOGH, G.W.,
Good Families of Barcelona, Princeton University Press, Princeton,
1986.
* 23 - JAFFRELOT, C., "Le
syncrétisme stratégique et la construction de l'identité
nationale hindoue", Revue Française de Science Politique,
Vol.42, n°4, 1992, pp.594-617.
* 24 - OLTRA, B. ;
HERNANDEZ, F. & MERCADE, F., La ideologia nacional catalana,
Anagrama, Barcelona, 1981.
* 25 - ROSSYNIOL, J., Le
problème national catalan, Paris Mouton, 1974, p.322. et s.
* 26 - HOBSBAWM, E.,
Ibid, p.179.
* 27 - Ce terme fait
très clairement référence au concept forgé par
Pierre Bourdieu. Il a le mérite de mettre en valeur
l'institutionnalisation et l'objectivation des activités
pratiquées par les individus dans le cadre de leurs actions. BOURDIEU,
P., Le sens pratique, Ed. de Minuit, 1980.
* 28 - Dès 1887, la
Bourgeoisie catalane avait créée un centre scolaire catalan pour
combler l'absence d'une politique étatique spécifique. C'est un
sujet de recherche intéressant.
* 29 - HERMET, G.,
Ibid, p.72.
* 30 - INGLEHART, R.F. &
WOOLARD, M., "Language, Conflict and Political Community", Comparative
Studies in Society and History, 1967, Vol.10, n°1, pp.27-45.
* 31 - "Une langue -disait
Herder - est un tout organique qui vit, se développe et meurt comme un
être vivant", PRAT DE LA RIBA, E., Ibid, p.48.
* 32 - SIGUAN, M., Espaa
plurilingüe, Alianza Editorial, Madrid, 1992, p.129.
* 33 - ROKKAN, S. &
URWIN, D.W., Economy, Territory, Identity, Sage, London, 1983,
p.107.
* 34 - OLLES, C., "La
Catalogne : la proclamation d'une identité", PONGY, M. & SAEZ, G.,
Politiques culturelles et régions en Europe, L'Harmattan, 1994,
pp.87-160.
* 35 - MODERNE, F., "Les
communautés autonomes : une décénnie capitale pour un Etat
en construction", MODERNE, F. & BON, P., L'Espagne aujourd'hui : dix
années de gouvernement socialiste, La Documentation
Française, 1993, pp.61-84.
* 36 - MORENO, L., "Multiple
Ethnoterritorial concurrence in Spain", Nationalism and Ethnic
Politics, 1995, Vol.1, n°1, pp.11-32.
* 37 - LOYER, B., "Nations,
Etats et citoyens en Espagne", Herodote, 1994, n°72/73, p.91 et
suivantes.
* 38 - DEUTSCH, K.,
Nationalism and Social Communication, MIT Press, Cambridge,
Massachussets and London, 1969.
* 39 - LAGROYE, J.,
Sociologie Politique, FNSP-DALLOZ, 1995, p.29-30.
* 40 - GERSTLE, J., La
Communication Politique, PUF, 1992, p.25.
* 41 - DELOYE, Y., "Etat,
nation et identité nationale : pour une clarification conceptuelle",
BURGI, N., Fractures de l'Etat-nation, Kimé, 1994,
pp.153-164.
* 42 - WOOLARD, K.A.,
Double talk : bilingualism and the Politics of Ethnicity in Catalonia,
Stanford University Press, Stanford, 1989, p.10.
* 43 - NOIRIEL, G., "La
question nationale comme objet de l'histoire sociale", Genèses,
1991, n°4, pp.72-94.
* 44 - BANERES, J. &
ROMANI, J.M., "L'exhortation à la normalisation ou Ho volem tot en
Català", Lengas, 1994, n°35, pp.27-44.
* 45 - SHABAD, G. &
GUNTHER, R., "Language, Nationalism, & Political Conflict in Spain",
Comparative Politics, 1982, Vol.14, n°4, pp.443-478. LINZ, J.,
"De la crisis de un estado unitario al estado de la autonomias", in FERNANDEZ
RODRIGUEZ, R., La España de la Autonomia, Instituto de Estudios
de Administracion Local, Madrid, 1985.
* 46 - LOPEZ-ARANGUREN, E.,
"Nacionalismo, regionalismo y posnacionalismo en las comunidades autnomas del
Estado espaol", Razon y Fe, 1994, tomo 230, p.269-282.
* 47 - LINZ, J., "De la
crisis de un estado unitario al estado de las autonomias", FERNANDEZ,
ROFRIGUEZ, R., La Espaa de la autonomia, Instituto de estudios de
administracion local, Madrid, 1985, p.559.
* 48 - MORENO, L.,
"Identificacin dual y autonomia politica : los casos de Escocia y Catalunya",
Revista Espaola de Investigaciones Sociologicas, 1988, n°42,
pp.155-174.
* 49 - PADRO-SOLANET, A.
& COLOMER, J.M., "Espacio politico-ideologico y temas de campaa ( el
ejemplo de las elecciones autonomicas de Catalunya de 1992)", Revista de
Estudios Politicos, 1992, n°78, pp.131-160.
* 50 - PUJOL, J., Que
representa la llengua a Catalunya ?, Generalitat de Catalunya, Barcelona,
1995, p.9.
* 51 - PUJOL, J.,
Ibid, p.23 et suivantes
* 52 - HALL, J., "Les
recensements linguistiques en Catalogne : chiffrages et déchiffrages",
Lengas, 1994, n°35, pp.42-85.
* 53 - PUJOL, J.,
Ibid, p.17.
* 54 - HALL, J.,
Ibid.
* 55 - LEPRETRE i ALEMANI,
M., "Connaissance et usage social de la langue catalane en Catalogne",
Lengas, n°35, p.95.
* 56 - LEPRETRE i ALEMANI,
M., Ibid, p.102.
* 57 - ICOP, L'ùs
del català a les gran empreses amb seu a Catalunya, Barcelona,
1992.
* 58 - LEPRETRE i ALEMANI,
Ibid.
* 59 - LAITIN, D. &
SOLE, C., "Catalan elite and language normalisation", International Journal
of Sociology and History, 1989, Vol.9, n°4, p.1-26.
* 60 - WOOLARD, K.,
Double Talk : Bilingualism and the Politics of ethnicity in Catalonia,
Stanford University Press, 1986, Ch.6.
* 61 - WOOLARD, K.,
Ibid, p.59.
* 62 - WOOLARD, K.,
Ibid.
* 63 - LAITIN, D. &
SOLE, C., "Conflicto lingüistico en Catalua. Una explicacion alternativa",
Revista de Ciencias Sociales, septembre 1986, n°74, pp.89-106.
* 64 - PUJOL, J.,
Ibid, p.20
* 65 - HALL, J.,
Ibid, p.55.
* 66 - RAFANELLI, A. &
ROSSICH, A., " Quin futur hi ha per a la llengua catalana ?", Revista de
Catalunya, 1990, n°37, pp.21-26.
* 67 - MARTINEZ, R. &
BERNEY, J., Enquesta a la joventut de Catalunya, Cabinet d'Estudis
Socials, Departament de la Presidencia, Generalitat de Catalunya, Barcelona,
1990.
* 68 - LAITIN, D. &
SOLE, C., "Catalan elites and Language Normalisation", International
Journal of Sociology and Social Policy, 1989, Vol.9, n°4, p.8.
* 69 - LAITIN, D. &
SOLE, C., Ibid.
* 70 - Le nom de Generalitat
correspond à un organisme administratif permanent en charge de
l'application des décrets promulgués par le Parlement Catalan de
l'époque médiévale, créé en 1359.
* 71 - OFFERLE, M., Les
Partis Politiques, PUF, 1987.
* 72 - MERCADE, F.,
Catalua : Intelectuales polticos y Cuestin Nacional, Peninsula,
Barcelona, 1982, chapitre 7.
* 73 - OFFERLE, M.,
Ibid, p.70.
* 74 - DI GIACOMO, S.,
Images of Class and Ethnicity in Catalan Politics, McDONOGH, G., W.,
Conflict in Catalonia, Images of an Urban Society, University Press of
Florida Press, Gainesville, 1981.
* 75 - La
légitimation procède d'une compétence sociale strictement
attachée aux modalités politiques des revendications identitaires
catalanes. Ce travail de légitimation s'appuie sur les ressources
mobilisées pour ce faire. LAGROYE, J., Sociologie Politique,
FNSP-DALLOZ, 1995, p.235 et suivantes.
* 76 - PUJOL, J., Que
representa la llengua en Catalua ?, Generalitat de Catalunya, 1995,
p.5.
* 77 - PUJOL, J., Ibid,
p.6.
* 78 - MERCADE, F.,
Ibid, p.153.
* 79 - MERCADE, F.,
Ibid, p.145.
* 80 - CONVERSI, D.,
"Language or Race ? : the choice of core values in the development of Catalan
and Basque nationalism", Ethnic and Racial Studies, 1990, Vol.13,
n°1, pp.50-70.
* 81 - AMIRALL, V., Lo
catalanisme, Ed.62, Barcelona, 1979, p.78. CAMBO, F., Per la
concordia, Llibreria Catalonia, Barcelona, 1930, p.26.
* 82 - CONVERSI, D.,
Ibid, p.51.
* 83 - CONVERSI, D.,
Ibid, p.52.
* 84 - BERGER, P. &
LUCKMANN, T., La construction sociale de la réalité,
Méridiens Klincksieck, 1994.
* 85 - Generalitat de
Catalunya, Drets Lingüistics dels ciutadans de Catalunya,
Barcelona, 1989.
* 86 - COLOMINES i PUIG,
J., La llengua nacional de Catalunya, Generalitat de Catalunya,
1992.
* 87 - WEBBER, J. &
STRUETA, M., The Catalan Language : progress towards Normalisation,
The Anglo-Catalan Society occasionnal Publications, 1991.
* 88 - VALLVERDU, F., "A
socio-linguistic history of catalan", International Journal of the
Sociologie of Language, 1984, n°47, p.13-28.
* 89 - VILAR, P.,
Catalua en la Espaa moderna, Critica, Barcelona, 1984.
* 90 - BACHOUD, A.,
"L'Espagne des autonomies", BURGI N., Fractures de l'Etat-nation,
Kimé, 1994, pp. 167-179.
* 91 - MERCADE, F.,
Ibid, p.27.
* 92 - Le processus de
contruction nationale peut être disjoint du processus construction
étatique. LINZ, J.J., "State-Building and nation-Building", European
Review, 1993, Vol.1, n°4, pp.355-359.
* 93 - VALLVERDU, F.,
Ibid, p.18.
* 94 - Le concept de
diglossie permet de penser la domination institutionnelle et sociale d'une
langue sur une autre au sein d'un territoire donné.
* 95 - MARTI i CASTEL, J.,
L'ùs social de la llengua catalana, Barcanova, Barcelona,
1992.
* 96 - MARTI i CASTEL,
Ibid, p.145.
* 97 - PUJOL, J., Que
representa la llengua a Catalunya ?, Generalitat de Catalunya, Barcelona,
1995, p.25.
* 98 - COLOMINES i PUIG, J.,
Ibid, p.18.
* 99 - Une carte des pays
catalans peut être consulté en annexe.
* 100 - "Nous pouvons
définir la politique linguistique comme un ensemble systématique
d'actions déstinées à atteindre une situation linguistique
que l'on souhaite acceptable [deseable]. Une politique linguistique peut
être au service d'une langue forte, assurant sa stabilité et
facilitant son expansion. Mais, une politique linguistique peut être
également au service d'une langue minoritaire afin de stimuler et de
soutenir son rétablissement." SIGUAN, M., Espaa
plurilingüe, Alianza Editorial, Madrid, 1992, p.97.
* 101 - D'après le
shéma "facettes de la Normalisation Linguistique", BANERES, J. &
ROMANI, J.M., "L'exhortation à la normalisation ou Ho volem tot en
català", Lengas, 1994, n°35, p.42.
* 102 - RENIU i TESSERAS,
M., "Aspects de la politique linguistique du gouvernement de la Catalogne",
Lengas, 1994, n°35, p.133.
* 103 - RENIU i
TESSERAS, Ibid, p.137.
* 104 - Pla General de
Normalitzaci Lingüistica, Generalitat de Catalunya, Departament de
Cultura, Barcelona, 1995.
* 105 - PADROS, X., El
desplegament autonomic a Catalunya, Generalitat de Catalunya, Barcelona,
1995.
* 106 - Nous ne
prétendons nullement fournir un travail approfondi sur la topographie et
l'importance comparée des institutions que nous allons évoquer.
L'étude de ce processus de bureaucratisation constituerait un excellent
sujet.
* 107 - VALLVERDU, F.,
El conflicto linguistico en Catalua : historia y presente, Peninsula,
Barcelona, 1981, p.91.
* 108 -
PETHERBRIDGE-HERNANDEZ, P. & LATINER RABY, R., "Twentieth-Century
Transformations in Catalonia and the Ukraine : Ethnic implications in
Education", Comparative Education Review, 1993, Vol.37, n°1,
p.37.
* 109 - MERCADE, F., "El
nacionalismo catalan", in HERNANDEZ, F. & MERCADE, F., Estructuras
sociales y cuestion nacional en Espaa, Ariel, Barcelona, 1986.
* 110 - VALLVERDU, F.,
Ibid, p.92 et suivantes.
* 111 -
PETHERBRIDGE-HERNANDEZ, P. & LATINER RABY, R., Ibid.
* 112 - ARENAS i SAMPERA,
J., Absencia i recuperacio de la llengua catalana a l'ensenyament a
Catalunya (1970-1983), La llar del libre, Barcelona, 1983, p.15 et
suivantes.
* 113 - STRUEBELL i TRUETA,
M., "Language and Identity in Catalonia", International Journal of the
Sociology of Language, 1984, Vol.47, pp.91-104. Andrée Bachoud est
plus précise : "entre 1960 et 1975, le nombre d'habitants est
passé d'environ 3,9 à 5,7 millions, à cause de
l'arrivée massive de migrants des zones rurales du sud de l'Espagne,
pour la plupart andalous". BACHOUD, A., "L'Espagne des autonomies", BURGI, N.,
Fractures de l'Etat-nation, Kimé, 1994, p.171. "En 1910,
seulement 5,4% de la population de Catalogne étaient des imigrants. En
1970, 47,7% de la population provenait des régions économiquement
défavorisées d'Andalousie, de Galice et d'Extremadure". LAITIN,
D. & SOLE, C., "Catalan elites and language normalisation",
International Journal of Sociology and International Policy, 1989,
Vol.9, n°4, p.6.
* 114 - VALLVERDU, F.,
Ibid, p.114.
* 115 - McDONOGH, G.W.,
Good families of Barcelona, A social history of social power in the
industrial era, Princeton University Press, Princeton, 1986, p.114 et
suivantes.
* 116 - McDONOGH, G.W.,
Ibid, p.119.
* 117 - DI GIACOMO, S.,
"Images of Class and Ethnicity in Catalan Politics", McDONOGH, G.W.,
Conflict in Catalonia, Images of an urban society, University Press of
Florida, University of Florida, Gainesville, 1981, p.79.
* 118 - DI GIACOMO, S.,
Ibid, p.86.
* 119 -
PETHERBRIDGE-HERNANDEZ, P. & LATINER RABY, R., Ibid, p.39.
* 120 - ARENAS i SAMPERA,
J., Absencia i recuperacio de la llengua catalana a l'ensenyament a
Catalunya (1970-1983), La llar del libre, Barcelona, 1983, p.22.
* 121 - FAULI, J.,
Omnium Cultural 1961-1981 : vint anys de cultura catalana dificil,
Universitat de Barcelona, Barcelona, 1982.
* 122 - MONES i
PUJOL-BUSQUETS, J., Els primer quinze anys de Rosa Sensat, Rosa Sensat
Edicions 62, Barcelona, 1983.
* 123 - ARENAS i SAMPERA,
J., Ibid, p.20.
* 124 - ARENAS i SAMPERA,
J., Ibid, p.32.
* 125 - ARENAS i SAMPERA,
J., Ibid, pp.42-43.
* 126 - ARENAS i SAMPERA,
J. & SABATER i SICHES, E., "Manifest per l'escola catalana", Del catala
a l'escola a l'escola catalana : la visi i la tasca de la DEC d'Omnium
Cultural, Magrana, Barcelona, 1981, pp.20-30.
* 127 - ARENAS i SAMPERA,
J. & SABATER i SICHES, E., Ibid.
* 128 - ARENAS i SAMPERA,
J. & SABATER i SICHES, E., Ibid.
* 129 - ARENAS i SAMPERA,
J. & SABATER i SICHES, E., Ibid.
* 130 - La définition
des politiques publiques a été réalisé à
partir du cours de M. Dammame, professé lors de l'année scolaire
1994/1995.
* 131 - ARENAS i SAMPERA,
J., Langue et Education dans la Catalogne d'aujourd'hui, Generalitat
de Catalunya, Departament d'Ensenyament, Barcelona, 1992, p.12.
* 132 - ARENAS i SAMPERA,
J., Ibid, p.20
* 133 - ARENAS i SAMPERA,
J., Ibid, p.21.
* 134 - ARENAS i SAMPERA,
J., Catalua, Escola i Llengua, Generalitat de Catalunya, La llar del
libre, Barcelona, 1987, p.72 et suivantes.
* 135 - HERNANDEZ-CARDONA,
F-X., "La historiade Catalunya a primaria i secundària", Escola
Catalana, DEC d'Omnium Cultural, mai 1995, n°320, pp.11-12.
* 136 - SIGUAN, M.,
"Langues et Education en Catalogne", Perspectives, 1984, Vol.14,
n°1, p.114.
* 137 - ARENAS i SAMPERA,
J., Langue et Education dans la Catalogne d'aujourd'hui, Generalitat
de Catalunya, Barcelona, 1992, p.30.
* 138 - SIGUAN, M. ; ZANON,
J. & REDO, M., El catalan como lengua de enseanza, Ministerio de
Educacin y de Ciencia, Madrid, 1992, p.31.
* 139 - ARTIGAL, J.M.,
The catalan immersion program : a european point of view, Ablex
publishing corporation, Norwood, New Jersey, 1991, p.9.
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