UN RENOUVEAU DE LA PARTICIPATION ASSOCIATIVE ? L'engagement et le militantisme au sein du comité Attac Isèrepar Eric Farges Université Pierre Mendès France - IEP Grenoble - 2002 |
1.2.1.2 La constitution d'un réseau anti-mondialisteDepuis, les mobilisations internationales se sont multipliées299(*). Le FMI et la Banque mondiale furent contestés dans leur politique à l'occasion du contre-sommet de Washington et celui de Prague en septembre 2000. Les conférences de l'ONU (Organisation des nations unies) donnèrent lieu à des mobilisations comme par exemple à l'occasion du « Sommet social » qui s'est tenu à Genève300(*) du 28 au 30 juin 2000. Enfin, les sommets européens ont également été le lieu de mobilisations. Ce fut le cas en décembre 2000 à Nice ou à Götegorg (Suède) en juin 2001. Au cours de ces manifestations, on peut observer parmi les organisations présentes une grande diversité. Toutefois, il s'agit d'un nombre restreint de groupements ; ils se retrouvent le plus souvent à chaque nouveau contre-sommet et prennent l'habitude de militer ensemble. Il est possible de regrouper l'ensemble de ces organisations sous le terme de « mouvement antimondialiste ». La contestation anti-mondialiste s'effectue sur un mode particulier. La mobilisation des militants, lors des contre-sommets, s'opère à travers un ensemble d'associations, de syndicats ou de partis politique. Il s'agit d'individus qui s'inscrivent dans un réseau (le mouvement anti-mondialiste) par le biais de l'organisation à laquelle ils appartiennent. De plus, il n'est pas rare que les individus cumulent les adhésions à des associations, syndicats et partis politiques variées et se situent en position de « multi-appartenance ». Cette structure de mobilisation n'est pas nouvelle. En revanche, au sein d'une organisation comme Attac, la diversité des organisations qui sont représentées est très vaste. Par exemple, parmi les membres fondateurs d'Attac, figurent des organisations de défense des chômeurs (le Mouvement national des chômeurs et précaires, MNCP), d'aide au logement (le DAL), d'écologie (Amis de la terre), de professionnels (le SNUIPP, Syndicat national unifié des instituteurs et professeurs des écoles) ou culturelles (la Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la Culture, FFMJC). Il existe également une grande diversité d'appartenances politiques des participants. Cette diversité est vérifiée, par exemple, au sein du comité isérois où des militants du PS côtoient des militants d'extrême gauche, voire même des anarchistes. Il en est de même pour les mobilisations des contre-sommets où des cortèges de gauche modéré et des groupuscules anarchistes se retrouvent dans la même manifestation. Comment expliquer que des individus qui n'ont pas, à priori, d'affinités idéologiques puissent se retrouver au sein d'un même réseau de mobilisation ? Afin de pouvoir comprendre ce mode d'organisation, il est nécessaire d'analyser les configurations de la participation associative, entendue dans le sens large de forme organisée d'intervention dans la sphère publique301(*). * 299Cf., « De Seattle à Gênes», annexe n°7, p. 11. * 300 Le sommet de Genève devait servir à faire le bilan des progrès sociaux accomplis dans le monde depuis le sommet de Copenhague en 1995. Lors de celui ci la communauté internationale s'était fixé des objectifs à atteindre en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités dans le monde. Après cinq années, les objectifs affichés n'étaient pas atteints et la conférence de Copenhague a été considérée par le président de l'assemblée générale de l'ONU (Théo Ben Gurirab) et par son secrétaire général (Kofi Annan) comme un échec. * 301« Concept à géométrie variable, la participation associative est définie ici comme un processus volontaire de mobilisation des individus dans un groupe constitué plus ou moins durable et intervenant dans la sphère publique ». Bathélémy (Martine), op.cit, p. 12. |
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