UN RENOUVEAU DE LA PARTICIPATION ASSOCIATIVE ? L'engagement et le militantisme au sein du comité Attac Isèrepar Eric Farges Université Pierre Mendès France - IEP Grenoble - 2002 |
Une étude comparativeL'acte d'adhésion à Attac marque l'inscription dans une communauté nationale (et même internationale). Comme le remarque Jacques Ion, l'appartenance à une association passe toujours par le rattachement à une « sociabilité de base ». Le modèle en fédérations associatives qui s'est développé sous la IIIéme République articulait un « pôle sociétaire » national et un « pôle communautaire » local20(*). Au sein d'Attac, l'acte militant semble s'inscrire de façon privilégiée à l'échelle locale. En effet, les comités locaux sont chargés de « porter » les revendications sur le territoire. La compréhension des militants est donc indissociable du milieu dans lequel ils s'inscrivent. C'est pourquoi le terrain d'enquête le plus approprié à notre recherche doit être suffisamment restreint et circonscrit pour prendre en compte la spécificité des militants. De plus, ce terrain doit présenter suffisamment de points communs avec l'association nationale pour qu'une filiation puisse être faite entre les deux. L'étude du comité Attac Isère répond à ces critères. Le comité Attac Isère est, tout d'abord, apparu en novembre 1998, quelques mois après la création de l'association nationale. C'est également sur l'initiative d'un ensemble d'organisations, qui sont pour la plupart membres fondateurs d'Attac, que le comité isérois a été mis en place. Il a connu une progression, en termes d'effectifs, similaire à celle qui a eu lieu sur le plan national. Attac Isère comptait 200 adhérents en janvier 1999, puis 590 adhérents en 2000 et 820 en février 2001. Une recherche ne peut pas porter uniquement sur le comité isérois. L'interdépendance du local et du national implique d'articuler dans une même réflexion les deux dimensions de l'association. L'étude du comité doit permettre de dégager certains éléments qui seront pertinents au regard de l'organisation nationale. Il s'agit de chercher autant les ressemblances que les divergences entre Attac Isère et Attac national. Il apparaît donc nécessaire de prendre en compte les particularités du local. Le comité Attac Isère dispose par exemple d'un mode d'organisation spécifique. Les statuts qui ont été adoptés ne sont pas ceux de l'association ou des autres comités locaux. De plus, certaines de ses prises de position vont à l'encontre de celles de la direction nationale. Ces dissemblances témoignent, bien sûr, des spécificités du comité local, mais elles permettent également de prendre la mesure de l'effectivité de la nouveauté que Attac prétend représenter. Elles ne constituent donc pas une limite à la compréhension de l'engagement au sein d'Attac mais sa condition de possibilité. C'est par une approche comparative entre le local et le national qu'il est possible d'interroger la prétendue nouveauté du mouvement. * 20 Ion (Jacques), La fin des militants ?, Paris, Ed ouvrières, 1997, p. 28. |
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