III-3-La technique :
Maurice Angers considère la technique comme :
« La technique représente un ensemble de
procédés et d'instruments d'investigation utilisés
méthodologiquement »25
Les techniques de recherche sont les outils qui permettent de
recueillir des informations dans la réalité. Elles indiquent
comment accéder aux informations de l'objet d'étude. Ces
techniques représentent les principaux moyens d'investigation de la
réalité sociale auprès de la population visée.
Dans la mesure où ma recherche s'articule autour de la
discrimination religieuse et pour mieux déterminer les données
des personnes questionnées ainsi que leurs attitudes et opinions, j'ai
opté pour la technique de l'entretien.
Cette approche qualitative offre une liberté et
facilite aux interlocuteurs de mieux s'exprimer afin de nous fournir plus
d'informations, ce que le questionnaire et la méthode qualitative ne
peuvent offrir.
Cet outil m'a permis d'accéder à un maximum
d'authenticité des discours, selon Raymond Quivy : « L'entretien
est une technique de collecte d'information orale, un événement
de parole qui se produit dans une situation d'interaction sociale entre un
enquêteur et un enquêté (sauf l'entretien collectif).
24 Raphael DESANTI, Phillipe CARDON, L'enquête qualitative
en sociologie, Edition ASH, Paris 2007, p.p.46-47.
25 Angers Maurice, Initiation pratique à la
méthodologie des sciences humaines, Edition Casbah, Alger, page 66.
28
C'est la raison pour laquelle il ne saurait être
réduit à une simple démarche de prélèvement
d'informations : le discours de l'acteur interrogé est prononcé
in situ. Et de ce fait, la situation d'enquête conditionne à la
fois la réalisation de l'entretien et l'interprétation du
matériau recueilli »26. Ces raisons m'amènent
à utiliser la technique d'entretien dans ma recherche afin de cerner et
connaitre au mieux mon objet d'étude.
III-4-Le Guide d'entretien :
Le guide d'entretien est défini selon Alain Blanchet
comme : « Un ensemble organisé de fonctions, d'opérateurs et
d'indicateurs qui structurent l'activité d'écoute et
d'intervention de l'interviewer. Le degré de formalisation du guide est
fonction de l'objet d'étude (multi dimensionnalité), de l'usage
de l'enquête (exploratoire) et du type d'analyse que l'on projette de
faire
».27
L'approche qualitative s'est imposée comme étant
la plus à même de nous aider à répondre à
notre problématique. Car cette approche utilise une forme de recherche
qui utilise des techniques spécialisées pour obtenir des
réponses approfondies.
Elle s'appuie généralement sur des entretiens
peu nombreux auprès des personnes généralement choisies
pour leurs particularités.
Par ailleurs l'étude de ce programme d'action qu'est la
discrimination religieuse et du vécue quotidien de ces personnes femmes
ou hommes qui ne peut être visible à l'aide de questionnaires.
Nous avons dans un premier temps jugé utile de rencontrer un
échantillon de ces personnes en vue de recueillir leurs propos, les
entendre dire leurs histoires personnelles, au-delà de la simple mesure
de quelques critères, qui comme le souligne Jean-Claude Kaufmann, «
fixe le cadre mais n'explique pas, alors que l'histoire des individus
l'explique ». Mais d'une manière rapide à cause du temps
l'un il doit travailler l'autre n'a pas le temps.
L'entretien est donc la principale méthode
d'enquête que nous avions utilisée. Toutes fois il paraît
très important de souligner les conditions de réalisation de ces
entretiens. Très rapidement, nous avons été
intéressés par le thème de discrimination religieuse
(musulmane) tous secteurs confondus.
26 Raymon, Quivy et al, Manuel de recherche en
sciences sociales, Edition Dunod, paris, 1995, p.184.
27 Alain Blanchet et al, (sous la direction de
François de singly), l'enquête et ses méthodes
d'entretiens, NATHAN, paris, 1992, p.61
29
Il a fallu s'adapter à la disponibilité des
enquêtés et les rencontrer pour pouvoir obtenir des informations
susceptibles de nous aider à élaborer ou à rédiger
un travail scientifique. Ce fut difficile d'obtenir la confiance des individus
et de les rencontrer à la fois à cause de l'emploi du temps de
notre côté et du coté de l'enquêté.
Ci-dessus le tableau qui indique les personnes
questionnées, leurs positions, ainsi que les lieux et la durée de
l'entretien :
Tableau N° 01 :
caractéristiques principales des enquêté(e)s :
N°
|
Durée
|
Détails sur l'entretien
|
Infos sur l'interviewé
|
01
|
45 min
|
Lieu : Algrange
|
A1, femme au foyer,33 ans
|
02
|
48 min
|
Lieu : Thionville
|
A2, taxieur, 28 ans.
|
03
|
40 min
|
Lieu : Borny
|
A3 (Couples musulman)
|
04
|
42 min
|
Lieu : Metz
|
A4, 29 ans, études comptable
|
05
|
40 min
|
Lieu : Nancy
|
A5 42 ans, marié ADS
|
06
|
43 min
|
Lieu : Metz
|
A6, 28 ans, célibataire, salarié
|
Aperçu des entretiens réalisés
:
La première personne interviewée est une femme
sous le pseudonyme A1 qui après sa reconversion a changé de
prénom, âgée de 33 ans, avec 03 enfants à sa charge
seule.
Elle n'est pas mariée mais a été avant sa
reconversion vivait en couple avec un homme dans les environs d'Algrange il
y'avait 02 ans mais se sont séparées maintenant ; elle n'a jamais
été assujettis à un problème discriminatoire avant
qu'elle ne se reconvertisse, mais d'autres éléments seront
rapportés durant notre entretien avec elle.
Ensuite nous avons interviewé A2 originaire de l'ile de
la réunion, âgé de 28 ans et vit maintenant à
Thionville, il travaille comme taxieur séparé de sa compagne avec
02 enfants à charge ; de confession musulmane depuis sa naissance.
30
Après nous avons rencontré un couple à
Borny A3 la femme âgée de 34 ans et le marie de 41 ans, à
la recherche de l'emploi avec un enfant à leurs charges, des
éléments à propos de leur recherche de travail au
quotidien seront rapportées durant notre conversation.
On a aussi rencontré une libanaise âgé de
29 ans qui a fait des études de comptable, elle est à la
recherche d'un emploi et elle n'arrête pas de passer des entretiens
d'embauche A4.
L'autre bénévole A5 est interviewé dans
un café à Nancy un père de de deux enfants,
français d'origine de Congo et il travaille dans la
sécurité privée.
Et enfin, une autre connaissance A6 en congé venu
passer quelques jours en France et vient de passage à Metz, de
confession chrétienne du Maghreb, célibataire et salarié
il va nous confier comment il pratique sa religion au quotidien et comment son
entourage le prennent et acceptent-ils sa reconversion.
31
Deuxième Partie :
Analyse et interprétations des
résultats
-Chapitre IV : La persistance de la discrimination entre
ls individus basé sur la confession religieuse.
-Chapitre V : Domaines de la discrimination
religieuse.
-Chapitre VI : Discrimination religieuse et effets sur
les discriminés.
Chapitre IV : La persistance de la
discrimination entre individus basé sur la confession religieuse.
32
Nous consacrons ce chapitre à l'analyse des
données collectées, nous nous appuyons sur les résultats
des entretiens dédiés aux. Nous allons donc, dans cette partie de
notre travail, coordonner personnes de confessions religieuses musulmane et un
cas chrétien et organiser les différentes informations
récoltées par le biais des entretiens qu'on a pu réaliser
avec un nombre de six (06) interviewés.
Durant la vie quotidienne, les personnes ayant des convictions
religieuses peuvent être soumis à des cas de comportements
d'exclusion vis-à-vis de la population avec une confession
différente, personne n'est à l'abri de cette situation surtout
dans ce monde actuel ou la politique a pu entrer dans la vie intime religieuse
des gens.
Nos enquêtées nous ont apportés quelques
réponses sur leurs vies de tous les jours comment l'entourage agis quand
ils savent qu'une personne a une religion donnée, c'est le cas d'une
certaine femme A1, mère célibataire, sans emploi reconvertie
à la religion musulmane récemment, elle nous a
révélé que les voisins n'ont pas toujours compris pourquoi
elle a pu se reconvertir à une religion et ça se ressens par
leurs discours et par leurs comportements :
« Euh...avant ma reconversion dans ma nouvelle
religion découverte avec une amie, j'avais aucun problèmes avec
mes voisins, notamment avec ma voisine d'en face une mamie qui était
sympas avec
moi (un bref moment de silence) ; mais après
qu'elle avait su que je m'étais mise à la religion musulmane
et que leur père était de même origine, ses
réflexions avaient changés vis-à-vis de moi et de mes
enfants... ils ou vous mangez du porc ?...comment vont les petits AKBAR »
et franchement ces petites phrases me plaisent pas du tout....mais du
tout.
Elle nous a dit aussi que les attitudes ont changées et
qu'il y'a une certaine gêne :
« Euh ben, peut-être parce que j'avais plus les
mêmes habitudes que j'avais avec elle avant et les mêmes sujets de
conversation et le fait que quelques de mes habitudes ont changés comme
la nourriture par exemple... cela la gênait »
(A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)
33
Le deuxième enquêté qui porte un nom
musulman A2 avec des enfants, taxieur, nous rapporté qu'après que
la police l'arrête à plusieurs reprises et lui demandent ses
papiers, ils l'embarquent et le laissent en garde à vue après ils
le relâchent sans vraiment lui dire les raisons valables :
« Mon histoire est que je me suis fait suivis et
embarqué par la police plusieurs fois et le motif est bidon, et pourtant
je suis clean je n'aime pas les embrouilles tout ça parce que je suis
peut-être noir et mon nom est Karim et automatiquement musulman «
nuisant » ?
Je ne sais pas, en tout cas c'est mon impression quand je
suis embarqué, quand je leur dis pourquoi cette habitude à
m'arrêter, ils me disent fouille de routine !» ;
Il ajoute : « Je ne sais pas exactement,
peut-être qu'ils me confondent avec un autre mais ce n'est pas une seule
fois c'est presque à chaque occasion, et ils vérifient mes
papiers à chaque fois me garde quelques heures et me relâchent, je
ne comprends pas ! » (A2 taxieur, 28 ans, Thionville).
Le troisième interviewé qui est une femme de 34
ans à la recherche d'emploi, mariée, avec des enfants
(voilée), pour elle il est difficile de décrocher un emploi et le
voile est mal vu par les employeurs :
« Je ne peux savoir car c'est une impression qui est
enfouie à l'intérieure des personnes, mais ce que j'ai comme
impression c'est le fait que dans la recherche d'un emploi c'est un peu
gênant d'être voilée surtout dans une société
ou les femmes sont civilisées, dans un entretien d'embauche pour
intégrer un atelier de couture le gérant m'avait demandé
carrément d'enlever le voile il y'a de ça trois mois environs
».
Elle nous a confiée aussi quelquefois elle se sentait
différente à cause de regard de certaines personnes :
« En général rien de particuliers
surtout quand c'est des personnes que je connais, peut être des fois je
remarque des regards un peu ...comment dire ...euh...fuyants, un petit peu
interrogatif je ne sais pas quel mot exact utiliser comme si je suis un peu je
dis bien un peu différente ».
(A3, (Couple musulman), Borny)
34
A4, âgée de 29 ans, comptable à la
recherche d'un emploi, d'origine libanaise, pour elle a l'impression de ne pas
être à la hauteur de ces collègues de confession
différente, car elle a remarqué que ces collègues
décrochent dans pas longtemps du travail, tandis qu'elle n'arrive pas
encore et pourtant elle affirme que l'entretien s'est bien
déroulé :
« Intimidante non ce que je trouve curieux cet dans
ma recherche de l'emploi ça fait 08 mois que je cherche du travail sur
le net et directement avec entretien d'embauche que sur le coup j'ai
l'impression d'avoir bien répondu aux questionnements mais des
réponses y'en a pas, alors que j'ai des amies non musulmanes ils ont
bien commencé le travail deux semaines après leurs
entretiens...je ne sais pas peut être que le problème vient de moi
! (Avec un air interrogatif) ».
Elle ajoute aussi qu'elle ressent du louche dans le processus
de sélection quelque part « Avec mes relations tout est OK mais
je sens un peu du louche pour décrocher un poste ». (A4, 29
ans, études comptable, Metz)
L'autre enquêté A5 marié deux avec enfants
âgés de 42 ans mon origine est de Congo, travaille comme agent de
sécurité privée.
L'enquêté nous a confié que son employeur
ne veut pas le laisser se reposer le dimanche et laisser faire sa prière
le vendredi et ne comprenait pas les raisons et pourtant c'est une
liberté d'exercer sa religion :
« ...Mais je demande à mon employeur de ne pas
travailler le dimanche mais de le faire le samedi et toute la semaine en raison
de ma et je pars prier à la mosquée les Vendredis, mais il me
donne du travail même ce jour toute la journée ce qui fait je suis
obligé d'assurer mon gardiennage et laisser la prière pour la
nuit ».
A cause de son travail qui lui prends tout son temps il n'a plus
le temps de faire ses prières :
« Eh ben non, je m'habille à
l'européenne et mes pratiques religieuses je ne les exprime pas face
à l'autre, mes prières je les fais que chez moi ou les vendredis
à la mosquée ».
(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)
35
La dernière personne à être interviewé
sur la question de discrimination est de confession chrétienne de 28 ans
du Maghreb de passage en France,
Il nous a dit que contrairement aux pays laïcs les pays ou
la religion est prioritaire ou intégrée dans la constitution il
est très difficile d'exercer ses rituels religieux car la population le
prend mal vu comme un mécréant :
« Vous savez ici la question de différence
religieuse est pas la même car c'est un pays laïc, au Maghreb
être d'une confession autre que musulmane est un peu vu d'une
manière particulière ils me posent pourquoi ta choisie
d'être chrétien si quelqu'un le découvre par exemple
».
Il affirme aussi que la liberté religieuse est absente
dans l'environnement maghrébin, il faut s'intégrer au groupe et
suivre la collectivité :
« Non, je ne les exprime difficilement pas comme mon
séjour ici, déjà au Maghreb il y'a plus de mosquées
que d'église, et franchement pratiquer ma religion est mal vu par mon
entourage comme mes amis surtout s'ils sont différés de moi
religieusement ».
L'absence des églises dans le village contrairement
à la présence des mosquées et quelquefois il cache
même son orientation religieuse pour certains :
« Il y'a pas d'église dans mon village par
exemple et je pratique mes prières chez moi à l'abri des regards
des autres certains de mes connaissances ne savent même pas que je suis
chrétien ». Aussi il nous confie qu'il est gêné
d'afficher son orientation dans une majorité musulmane :
« Contrairement à l'Europe être autre que
musulman est très difficile, on vous voit
comme ...comment dire comme un mécréant comme
quelqu'un qui ne suis pas le groupe qui n'est pas dans les normes et les
mêmes valeurs, je suis très gêné de parler de ma
religion chez moi soit au travail ou avec mes amis ». (A6, 28 ans,
célibataire, salarié, Metz)
Il parait donc que notre hypothèse d'où la
minorité musulmane est confronté quotidiennement à la
discrimination à cause de leurs appartenance religieuse.
(Souvent indirect) dans tous les secteurs surtout au travail ou
à l'embauche est vérifiée et confirme qu'il y'a encore la
présence de discriminations basé sur l'orientation religieuse.
Chapitre V : Domaines de discriminations
religieuse.
Les endroits ou peut surgir les discriminations sont
nombreuses, personne n'est à labri de tels pratiques surtout quand il
s'agit de minorités ou de libertés religieuses, pour notre
première enquêtée A1 a évoqué que son
voisinage tient des propos diffèrent et gênant depuis qu'ils ont
su qu'elle a changée de religion elle affirme que la voisine qui est une
grande mère qui l'agace :
« Ben ...non je suis mère au foyer je ne peux
pas travailler je consacre la plupart de mon temps pour eux, à part mon
voisinage qui parfois... », elle nous a dit aussi que son entourage a
développé certains clichés énervant sur sa nouvelle
confession, comme des commentaires sur la nourriture, elle l'affirme ainsi :
« Je n'ai pas subi de discrimination vis-à-vis
de ma reconversion dans les lieux publics, hormis mon voisinage qui me lance
des clichés parfois énervants à propos de la nourriture ou
du ramadhan j'espère que tu n'y laisseras pas ta vie par exemple c'est
tout et je n'apprécie pas ». (A1, femme au foyer, 33 ans,
Algrange)
Le deuxième interviewé nous a confié
qu'en général elle ne subit pas de discrimination sauf par les
forces de l'ordre durant son trajet avec son véhicule, il ne sait pas
pourquoi à chaque fois ils lui demandent ses papiers à chaque
fois alors qu'il est en règle :
« J'étais en train de conduire tranquillement
quant d'une seconde à l'autre j'ai vu une voiture de police avec ses
trucks là de lumières bleues j'allais juste arriver chez ma
belle-soeur ils m'ont embarqué devant sa maison et les deux autres fois
aussi une fois dans un parc avec ma copine et l'autre seul et à chaque
fois ils me demandent ma carte d'identité et après deux à
trois heures en garde à vue ils me relâchent comme ça...
(avec un air surpris) ». (A2, taxieur, 28 ans, Thionville).
Le vêtement et la façon de se vêtir
peut-être un moyen de discrimination pour les hommes comme pour les
femmes surtout le voile, qui souvent on demande à celles qui le porte de
l'enlever, surtout pour un entretien d'embauche,
36
A3 nous a révélé qu'on lui a demandé
à ôter son voile pour le travail :
37
« À part les employeurs qui me demandent que
ce soit préférable d'enlever le voile pour des raisons de
travaille et pourtant je ne vois pas en quoi c'est dérangeant mais
bon...y'a aucune discrimination notable ».
(A3, (Couple musulman), Borny)
Quant à A4 à la recherche d'emploi, nous a
confié que là où elle a l'impression qu'il y'a une sorte
de « sélectivité » l'expression qu'elle a
utilisée c'est dans le milieu de travail et plus exactement à
l'entretien d'embauche, selon elle il y'a comme une incompréhension car
il y avait longtemps qu'elle a pu passer son entretien en même temps que
ses collègues , mais jusqu'à présent y'a pas de
réponse et certains on eu un avis favorable dès les
premières semaines, c'est comme si il y'a une liste de personnes
à sélectionner selon l'origine établie d'avance :
« Euh..., victime de discrimination je n'irai pas
à dire cela mais je trouve qu'en domaine professionnelle j'ai
l'impression d'une cératine sélectivité est quand
même présente, c'est comme s'il y'a une liste à respecter
en fonction d'origine ou de couleur ou même de prénom, quand on
s'appelle FATIMA évoque un peu l'orientation religieuse par rapport
à quelqu'un qui s'appelle CHRISTINE par exemple, à mon avis c'a
joué un peu ».
(A4, 29 ans, études comptable, Metz)
Un autre enquêté A5 salarié dans une
société privée de sécurité nous a dit que
dans son lieu de travail manque de compréhension vis-à-vis de ses
pratiques religieuses car pour lui il est impossible de faire ses
prières quotidiennes surtout les deux heures de vendredi et à ne
pas travailler le dimanche et le remplacer par le samedi, car le patron ne lui
accorde aucun accord :
« Ce que je trouve un peu étrange c'est que je
demande à ne pas travailler le dimanche et le récupérer
par exemple le samedi et aller prier à la mosquée le vendredi
(ça ne dure même pas Cinque minutes) puis reprendre il y'a pas de
réponse jusqu'à maintenant malgré plusieurs tentatives
».
Selon lui, les responsables de travail ne considèrent
pas sa liberté de culte et sont pas compréhensifs car c'est
difficile de tout cumuler dès son entrée à la maison :
« Non, c'est un peu dur avec mon boulot je dois tout
cumuler pour rattraper la nuit quand je finis le travail, et je suis
très fatigué quelquefois je laisse même tomber pour le
lendemain, mon patron ne me comprends pas sur ce côté-là
».
(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)
38
Le dernier interviewé qui est de confession
Chrétienne maghrébin, A6 âgé de 28 ans, de passage
en France pour un court séjour, pour lui que ce soit dans les lieux
publiques ou au travail la question de manifester sa religion et sa confession
est presque un tabou car la majorité étant musulmans et quitter
cette dernière pour se reconvertir dans une autre est très mal vu
et évoquer sa conversion durant les conversations c'est quasi impossible
:
« Oui, je travaille comme en enseignant en sciences
humaines, en générale elles sont bonnes car ce sont des amis mais
quand le sujet de religion fait surface ou quand j'essaie de manifester ma
confession chrétienne je sens un certain gène et pourtant il y'a
une communauté chrétienne mais qui n'ose pas montrer et exprimer
en liberté en termes de religion tout ça par ce que l'islam est
majoritaire au Maghreb... ».A6 ne peut pas dire à n'importe
qui qu'il a embrassé la religion chrétienne il y'a que ses amis
les plus intimes qui ont pu accepter et voient sa reconversion comme normal, et
les autres peuvent le considérer comme non croyant :
« Je n'affiche pas mon orientation religieuse, il y'a
que des amis les plus intimes qui sont en courant ils sont en nombre de 5
environs, ce n'est pas facile de pratiquer sa religion dans une
société ou les autres religions sont considérées
comme non croyants tu es directement mal vu ». Il nous a dit qu'un
maghrébin d'une autre confession que musulmane est mal vue, surtout les
anciennes générations :
« ...les gens prennent du mauvais côté le
fait d'être d'une autre religion que la leurs et d'autant plus un
maghrébin chrétien c'est mal vu, ils commencent à
commenter : ta vue le monsieur ou ta vue le mec il est chrétien ! comme
si être comme tel est un crime ! »
Aussi, de peur de subir une discrimination le jeune homme
préfère pratiquer ses rituels quotidiens chez lui par ce que y'a
pas d'églises comme le sont les mosquées : « Mes rituels
quotidiens je les pratique chez moi à l'abri des regards caché,
en plus il y'a presque pas d'église et je préfère faire
ça en cachette c'est une société un peu pas encore ouverte
pour les autres religions, mais les jeunes générations sont
très compréhensives ils s'en foutent eux ».
(A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)
39
De ces réponses, nous estimons que la présence
de discrimination religieuse est présente surtout dans les lieux de
travail et à l'embauche en se basant sur la confession religieuse avec
des degrés plus au moins différents, l'hypothèse selon
laquelle la discrimination religieuse est présente dans presque tous
les secteurs de la société.
Est vérifiée.
Partie VI : discrimination religieuse et effets
sur les discriminées.
40
Être la cible de discrimination n'est toujours pas
agréable cela provoque des émotions et des uns sentiments
difficiles ou qu'elle soit exercée, au milieu professionnel, lieux
publics ou même entre amis, cela donne un sentiment de différence
et de ne pas être accepté et rejeté, pour A1
française reconvertie à l'islam ressent un sentiment
énervant et pas agréable à cause de son entourage qui
parfois elle a l'impression qu'elle fait l'objet de moqueries de la part de ces
derniers ; elle dit :
« Vous savez...Boff...avoir à subir des
réflexions clichées et des comportements presque moqueurs quand
on sait que on est un peu diffèrent de son entourage (du moins
religieusement) c'est pas toujours agréable, ça me met en
colère et m'énerve normalement chacun est libre de ce qu'il fait
de sa vie et de ses opinions tant que se na touche pas aux libertés des
autres » ; elle nous raconte aussi que ses voisins ont changé
de comportement car ils venaient et ne discutaient plus comme ils le faisaient
avant, c'est comme si avant sa reconversion elle était une personne et
après, c'est plus la même :
« Pour être franche .... Pas tellement, j'ai
remarqué que mes voisins ne venaient pas aussi
régulièrement qu'avant chez moi, peut être que c'est moi
qui m'imagine des choses mais au moins j'ai remarqué un peu ça
depuis que je me suis reconvertie, quand on se croisait avant on discutaient
beaucoup plus près de la maison maintenant rien qu'un bonjour avec un
geste de la main...c'est hallucinant quand même hein... ?! » ;
quand elle sort elle évite le maximum d'évoquer les sujets
en relation avec la religion car elle sent une sorte de changement
d'atmosphère de discussion qui devient un peu gênante :
« ...j'évite d'aborder des sujets sur la
religion car j'ai comme l'impression que l'atmosphère change un peu,
quand je sors et avec des amies j'aime m'interagir avec les autres mais sans
évoquer la religion ou la politique ».
Et en dernier lieu, l'enquêtée A1 nous a fait
savoir que même si les gens n'aiment pas ses préférences et
sa liberté elle reste libre et elle fera ce que sa tête lui dicte
:
41
« Alors là jamais je fais ce que mon libre
arbitre me dit de faire je sors quand je veux et je vais à la rencontre
des autres quand je veux et celui ou celle qui est gênée ...ben.
Qu'il/elle reste à carreau, je suis libre et ma foi est individuelle
».
(A1, femme au foyer, 33 ans, Algrange)
Notre deuxième enquêté A2 nous a
affirmé qu'il se sent humilié à chaque fois que la police
l'interpelle à bord de sa voiture, malgré qu'il n'ait pas
d'antécédents judiciaires :
« Quand j'ai été embarqué par la
police je me suis senti comme humilié parce qu'ils ne m'ont pas
donné de raisons valables juste une vérification de routine et
pourtant je ne suis pas un dileur ou un truck comme ça ».
Il nous a dit aussi malgré qu'il soit accepté et
entretien de bonnes relations avec ses amies et les gens mais il ne peut pas
parler librement de sa religion il se sent gêné :
« Bien sûr m'sieur, je suis français
d'origine de confession musulmane, je suis parfaitement intègre dans mes
relations avec mes potes et même ceux que je ne connais pas, je me sens
accepté mais il faut savoir que je n'affiche jamais mes convictions ou
ma foi publiquement ».
(A2, taxieur, 28 ans, Thionville).
Une autre enquêté A3, 34 ans, mariée,
partage avec nous qu'elle sent une sorte d'incompréhension quand ils lui
demandent qu'il soit préférable d'ôter son voile dans la
plupart des entretiens d'embauche ou des ateliers de travail, elle ressent une
sorte de rejet :
« Je n'aime pas quand on mélange la
façon de se vêtir avec le domaine professionnel si par exemple je
mets des tissus qui dissimule mon corps et mon visage là j'aurai compris
pour des questions de sécurité, mais mon voile couvre uniquement
mes cheveux...donc je ne comprends pas pourquoi ils me demandaient de l'enlever
de préférence, je me sens un peu presque rejetée à
cause de mon voile ».
Mais en général, les relations qu'elle
entretiens avec son entourage est assez bien, les mentalités ont
changées quand même selon elle :
« Non y'a pas d'intimidations à mon
égard jusqu'à maintenant je m'entends avec tout le monde quand
j'y vais à Action par exemple j'entretiens de très bons rapports
avec les caissières et les vendeuses pourtant d'une culture totalement
opposée ;
42
La société occidentale est une
société qui n'est plus celle des années 70 ou 80, à
mon avis la France a fini par accepter les différentes cultures »
; elle a ajoutée aussi :
« Non je me sens très à l'aise et n'a
nullement besoin de rester chez moi à cause de ma différence au
contraire je devrais essayer de montrer le meilleur de ma culture afin de nouer
des liens de fraternité bien que la société soit un peu
difficile et a un peu peur ». (A3 (Couple Musulman), Borny)
Pour A4, 29 ans à la recherche d'emploi se confie
à nous qu'elle sent comme incomplète et différente des
autres collègues, pour elle plusieurs tentatives d'entretiens d'embauche
sont effectuées et avec sucées mais y'a pas de suite et pourtant
un nombre de ces collègues ont pu décrocher un poste :
« Si je prends le cas de l'entretien d'embauche (qui
se déroule en général bien) mais après il y'a rien,
j'ai comme l'impression d'être pas comme les autres ou comme il y'a
quelque chose qui me manque ou pas complète par rapport à mes
collègues Français...mais bref faut pas perdre espoir il faut
positiver ».
En ce qui concerne ses relations et son vécu avec son
entourage elle nous a affirmée qu'elle n'a aucun problème de ce
côté-là, car elle entretien d'excellents rapports avec les
gens et n'est pas la cible de discrimination direct :
« Non je ne trouve aucune difficulté à
lier des liens avec les autres, bien sûr il y'a des personnes avec qui le
courant ça ne passe pas comme on dis : on ne peut pas plaire à
tout le monde mais les relations sont bonnes » ; elle dit aussi :
« Je suis satisfaite de ma vie et mes liens avec les
autres sont vraiment bien mon vécu n'est pas difficile » ;
Et ajoute :
« Vous savez j'ai beaucoup d'amis de
différentes origines, donc le fait d'aller à la rencontre vers
les étrangers ou les autres me cause aucun problème malgré
ma différence et j'ai beaucoup d'amis de même confession aussi je
tiens à le préciser ». (A4, 29 ans, études
comptable, Metz)
Un autre enquêté nous a rapporté aussi que
durant son travail il sent une sorte de rejet de sa religion cela en lui
refusant d'avoir le vendredi comme jour de repos et de le
récupérer un autre jour et aussi pratiquer ses rites quotidiens
parce que son employeur ne répond pas à sa demande, pour lui
c'est comme si on lui dit tu te débrouille avec tes pratiques
religieuses :
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« J'ai une drôle impression dans mon travail
c'est comme si mes pratiques religieuses sont pas les bienvenues ou quelque
chose comme ça...c'est comme si on me dit indirectement
`débrouille toi avec ta religion' » ; cependant notre
enquêté ne comprends pas pourquoi la police l'interpelle à
chaque fois et le relâche après sans lui donner de raisons
valables.
En ce qui concerne ses relations avec son entourage, elle
parait assez bien comme il l'a mentionné :
« J'ai aucune difficulté à lier des
relations avec les autres et mon entourage, mes voisins et mes amis même
athées je m'entends bien avec eux » ; il affirme que la vie a
changée maintenant, les gens ne se préoccupe pas trop des gens
les mentalités ont changées :
« Vous voulez dire fuir les autres c'est ça ?
non, je fais comme bon me semble malgré ma différence, et cette
question je crois que ça ne pose même pas car la question d'islam
ou religion tout est accepté maintenant c'est connu maintenant ou
presque les gens sont préoccupés par autres chose comment faire
entrer de l'argent et tout ça en général ...à mon
avis », il dit aussi :
« Oui, je suis totalement en très bonne
relation avec les autres, les gens sont bien avec moi et m'acceptent
malgré la différence religieuse, il faut aussi savoir être
ouvert et montrer le meilleur de soi-même ».
(A5, 42 ans, marié ADS, Nancy)
Tandis que le dernier interviewé chrétien
maghrébin A6, 28 ans, célibataire, nous a apporté que la
vie d'un non musulman dans une société islamique est difficile et
ne peut pas pratiquer librement ses pratiques religieuses sereinement :
« La communauté chrétienne même
les autres confessions ont une vie religieuse difficile et n'ont pas l'avantage
d'exercer leurs rituels quotidiens d'une façon libre, je ne me sens pas
très à l'aise quand il s'agit de religion dans mon pays
».
Quand il s'agit de parler ou d'évoquer la religion
entre amis ou voisins il y'a un certain malaise dans le groupe comme si
évoquer sa confession relève du tabou :
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« Euh...comment dire...quand on est dans une
sphère festive ou entre amis loin de sujets religieux je me sens
très bien, on discute, parle, papote, mais dès qu'il s'agit de
préférence religieuse là, je sens un certain malaise dans
le groupe, c'est comme si je suis quelqu'un de diffèrent ou un alien, ou
je ne sais pas... ».
Mais ce qui est de ses relations quotidiennes avec les autres
sont aussi bonnes et n'a aucun incident a signalé :
« Non je ne trouve pas de difficultés à
lier des liens avec mon entourage je ne parle pas sur ma
préférence religieuse c'est personnel et en plus les gens ne sont
pas prêts à ça » ; il ajoute aussi :
« Non je ne suis pas victime d'intimidations et mon
vécu quotidien est tout à fait normal il y'a aucun
problème mais je veux insister sur le fait que ce sont les
générations anciennes (vieux) qui ne sont pas
compréhensifs mais la nouvelle génération est plus
ouverte, vous savez les réseaux sociaux et compagnie... » et
aussi : « Pour pratiquer mes rituels je reste chez moi, pour aller
rencontrer autrui ou des choses comme ça, je ne trouve aucun
problème mes relations sont bonnes ».
(A6, 28 ans, célibataire, salarié, Metz)
Après avoir écouté ces réponses,
il parait que la vie quotidienne des religieux se passe plus au moins sans
problèmes et ne sont pas sujets à des discriminations direct qui
peut rendre leurs vécue difficiles, l'hypothèse selon laquelle
la discrimination a un impact négatif sur la vie quotidienne des
discriminés est vérifiée.
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