IV- REVUE DE LA LITTERATURE
La revue de la littérature permet de consigner le
condensé des lectures sur les travaux qui traitent notre thème ou
des sujets similaires. Elle permet d'avoir une vision plus large et
intellectuellement consistante sur le thème de l'étude ainsi que
des thèmes connexes. Selon Olivier LAWRENCE, « la revue de la
littérature consiste à identifier les auteurs, les ouvrages et
les articles scientifiques qui ont façonné la connaissance dans
la discipline donnée sur ce
13 Convention de Genève du 24 juillet 1951 relative au
statut des réfugiés et son protocole additionnel de 1967.
8
sujet précis »14. La revue de la
littérature consiste à saisir l'état des connaissances sur
un sujet dans un espace cognitif donné, (la science politique,
l'histoire, la psychologie, la sociologie, le travail social, etc.). Il faut
évidemment connaître les fondements théoriques des
problèmes qui ont déjà fait l'objet de recherche et ceux
qui restent à résoudre.
De ce fait, un certain nombre de travaux traitent d'une
manière ou d'une autre notre thème. Compte tenu du champ vaste et
varié de la notion d'ONG ainsi que leurs actions, nous aborderons les
travaux précédemment effectués par différents
auteurs et qui traitent de la littérature relative à l'action
humanitaire des ONG.
? Littérature relative aux ONG en
général.
Bon nombre de chercheurs ont abordé les pistes de
réflexion sur les ONG. Parmi eux, nous avons François RUBIO dans
son ouvrage Les ONG acteurs de la mondialisation15,
souligne l'existence officielle et la consécration universelle des ONG
par la Charte des Nations Unies. Il mentionne l'intérêt
porté par les Nations-Unies (UNHCR, UNICEF, PNUD), et d'autres
institutions internationales (Conseil de l'Europe, Organisation des Etats
américains, Union Africaine) pour les ONG. Les ONG vont devenir des
acteurs ou des partenaires incontournables du paysage politique contemporain
dans le domaine du développement, de l'humanitaire, de la défense
des droits de l'homme. Elles sont devenues des interlocuteurs des institutions
internationales et des gouvernements, des populations et territoires en guerre,
drainant à leur compte un portefeuille financier colossal. Cet ouvrage
aborde la consécration et le rôle des ONG sur les terrains
d'intervention ainsi que leur contribution en tant que partenaires des Etats
dans le processus de développement, mais l'on mentionne que l'auteur ne
touche que l'aspect lissant des ONG tout en omettant leurs dérives qui
souvent font couler beaucoup d'encre notamment sur la question des
détournements des fonds et des vivres destinés aux
réfugiés sans oublier l'enrichissement abusif des dirigeants de
ces ONG. Mais plus précisément en ce qui concerne ce travail,
l'auteur n'a pas abordé succinctement la question des
réfugiés. Ainsi, le travail se veut un complément à
ces manquements énumérés plus particulièrement sur
l'aspect de leurs actions dans les camps des réfugiés.
Philippe RYFMAN dans son ouvrage intitulé Les ONG
16 nous fait comprendre que les ONG font quotidiennement
l'objet d'une certaine médiatisation en fonction des diverses causes
14 Olivier LAWRENCE, Ferron JULIE, Bedard GUY,
L'élaboration d'une problématique de recherche, sources,
outils et méthodes, Paris, L'Harmattan, 2005, p.10
15 François RUBIOT, Les ONG, acteurs de la
mondialisation, Paris, Scientifique, 2002, p.135
16 Philippe RYFMAN, Les ONG, Paris, La
Découverte, 2009, p.128
9
qui sont par exemple le domaine humanitaire, le
développement, les droits humains, l'environnement, la santé, le
commerce équitable, ainsi que l'éducation. Malgré cette
médiatisation et cet activisme quotidien suscitant une large
littérature, les ONG restent mal connues. Cet ouvrage met
préalablement en exergue l'ancrage historique de ces dernières
avant de traiter de l'amalgame que peut causer ce terme pour son
appréhension en dépit d'une présence continuelle dans des
champs divers et nouveaux. Cependant, il s'efforce à apporter des
éléments de réponse à quelques questions
primordiales et récurrentes à savoir leur définition, les
domaines de compétence, leur financement, la sociologie, leur gestion,
leur gouvernance, la concurrence à leur égard, la
professionnalisation, les ressources humaines, leur légitimité,
la transparence, leur place dans la « société civile »,
la transnationalisation et les réseaux internationaux. Enfin, il
martèle que, si la croissance exponentielle des ONG des pays du (sud) et
des pays émergents redessine le paysage non gouvernemental, ces
organisations sont désormais en butte à l'hostilité d'un
nombre significatif d'Etats, tout en étant plus que jamais partenaires
d'autres Etats, d'organisations internationales, de l'Union européenne,
de fondations ou d`entreprises17. L'auteur traite des ONG sous tous
les angles néanmoins, il souffre d'un regard critique sur ces
dernières car il n'aborde pas de l'influence qu'elles peuvent avoir sur
le fonctionnement d'un Etat étant donné leur rôle
incontesté dans le processus de développement des Etats notamment
ceux du sud. S'inscrivant sur la même lancée que l'auteur ce
travail a pour but de contextualiser cet ouvrage tout en l'adaptant à la
question de recherche qui est la nôtre et concerne
particulièrement les camps de réfugié de Goré. Dans
un contexte plus restreint le présent travail traitera de la question
des ONG allant de leur historique à la délimitation de leur champ
d'action tout en énumérant leurs limites et faire des suggestions
pour une amélioration de leur assistance aux réfugiés.
Michel DOUCIN dans son ouvrage intitulé, Les ONG :
le contre-pouvoir ?18 propose une réflexion approfondie
en ce qui concerne leur rôle dans le jeu des acteurs multiples, qu'il
s'agisse du rôle qu'elles jouent dans la construction des Etats, de leur
légitimité face aux droits de l'homme, ou de bien d'autres
aspects de leurs relations avec les autres acteurs de la vie internationale
comme dans la vie intérieure des Etats. L'essentiel des
témoignages et réflexions porte ainsi sur leur
légitimité, notamment en rapport avec les droits de l'homme, et
sur leur place dans un jeu à plusieurs acteurs. En ce qui concerne les
Etats en développement, l'auteur retient par exemple que la gestion des
politiques de développement est souvent devenue un
17
Www.amozon.fr
18 Michel DOUCIN, Les ONG : Le contre-pouvoir ?, Paris,
Toogezer, 2007, p360
10
ménage à quatre : Etats, donateurs,
multinationaux et bilatéraux, société civile locale et ONG
internationale. La masse foisonnante de faits et de réflexions
puisée à la source d'une expérience assez unique,
confère de fait à l'ouvrage un caractère et une
qualité de somme qui le rendent pratiquement incontournable pour celui
qui s'intéresse de près aux ONG, et pour le militant, qui entend
porter chaque jour un peu plus loin son action. Si cet ouvrage peut être
un guide pour quelqu'un qui s'intéresse aux ONG, l'on peut
déplorer cependant un manque de concision et de précision qui
peut engendrer tout une confusion notamment dans le domaine de leurs actions.
Même si l'ouvrage évoque le rôle des ONG dans le
développement des pays, il l'évoque d'une manière
générale alors le souci de ce travail est de l'aborder dans un
cadre succinct à savoir le cas du Tchad très
particulièrement.
Henri ROUILLE D'ORFEUIL, dans son ouvrage La Diplomatie
Non Gouvernementale, les ONG peuvent-elles changer le monde
?19, s'interroge sur les questions relatives à la survie
de la planète et une vie habitable pour tous en son sein. Ensuite
prolonge cette interrogation comme suit : Comment atteindre les objectifs du
millénaire pour le développement qui visent à
réduire de moitié la pauvreté et la malnutrition qui
minent les sociétés ? Dans cet ouvrage, il évoque un bon
nombre de points allant des questions environnementales aux guerres, il touche
du doigt les problèmes qui mettent à mal le bon fonctionnement de
notre planète notamment la pauvreté. S'il recouvre un
intérêt particulier pour nous en ce qui concerne la
réflexion sur le bon fonctionnement de notre monde par l'entremise des
ONG, ce livre ne se penche pas véritablement sur la question des
réfugiés qui constitue la mamelle nourricière de notre
étude ainsi nous nous servirons des quelques réponses
apportées aux questions énumérées par R. O. HENRI
pour les adapter à notre étude qui concerne les camps de
réfugiés, et ceci constituerait une complémentarité
entre ces travaux.
Dans son analyse, l'auteur suggère d'inclure l'action
des citoyens dans la gestion gouvernementale pour la rendre plus efficace, et
l'intervention des ONG dans l'espace publique mondial. L'auteur jette les bases
d'une participation plus active des citoyens aux gouvernements du monde, et
décrit l'étonnant pouvoir d'influence des ONG au regard de leurs
modestes moyens. Cependant, il est vrai qu'il serait envisageable d'inclure les
populations dans la gestion gouvernementale mais l'auteur n'a pas
élucidé comment faire participer plus précisément
un réfugié dans ce processus. Cet ouvrage met en exergue une
participation plus
19Henri ROUILLE-D'ORFEUIL, La Diplomatie Non
Gouvernementale, Les ONG peuvent-elles changer le monde, Paris,
édition de l'atelier, 2006. p. 38
11
globale or, contextuellement l'on doit prendre en compte les
réfugiés qui généralement font l'objet de la
principale préoccupation des ONG. L'objectif visé par ce travail
est de trouver les réponses adéquates à une participation
active des réfugiés dans le processus de développement par
le biais des ONG internationales.
Laetitia ATLANI-DUAULT et Vidal LAURENT dans le livre
Anthropologie de l'aide humanitaire et du développement. Des
pratiques aux savoirs, des savoirs aux pratiques20, placent au
centre de leurs préoccupations, les hommes et les femmes en action qui
font au quotidien leurs sociétés, culture et
développement. Ces auteurs relèvent le défi de mettre en
relation, les mondes souvent divergents, conflictuels et leur donner un sens,
une forme sur lesquels il est possible d'agir. Ainsi, en s'appuyant sur les
anthropologues de nationalités diverses penchés, chacun sur un
domaine d'intervention : les réfugiés, le monde rural,
l'environnement, l'assainissement urbain, la santé, l'alimentation ou le
genre, les auteurs nous aident à découvrir comment se
déploie l'aide humanitaire et les interventions de développement
sur le terrain. L'on déplore dans ce livre l'aspect lissant des ONG sans
invoquer une fois encore les dérives de ces ONG qui prennent aujourd'hui
de plus en plus de l'ampleur dans les territoires en état de guerre
faisant de ces territoires des points stratégiques dans le jeu des
puissances.
Laetitia ATLANI-DUAULT dans son ouvrage Les ONG à
l'heure de la bonne gouvernance 21a bien démontré
cet aspect peu glorieux des ONG dans les Etats où elles interviennent et
servant de tremplin aux grandes puissances comme moyen de pression sur les pays
pauvres. L'auteure soutient qu'au nom de la « Gouvernance », les pays
du Nord et les ONG internationales maintiennent les pays du sud dans un
état de dépendance par le canal de l'Aide Publique au
Développement (APD). Pour mieux comprendre ce phénomène,
elle procède par un ensemble d'interrogations. La première
interrogation est de savoir « dans quel sens le terme gouvernance
est-il porteur dans les politiques d'Aide Publique au Développement
? »22. Pour mieux satisfaire cette préoccupation,
l'auteure procède par l'historique de la notion de «
Gouvernance », après l'historique L. ATLANI-DUAULT passe
au décryptage du concept avant de le contextualiser dans le domaine des
APD. Mais, pour finir, elle pose une question très importante qui
constitue le point focal de notre recherche à savoir, la
20 Laetitia ATLANI-DUAULT et Vidal LAURENT, Anthropologie
de l'aide humanitaire et du développement, des pratiques aux savoirs,
des savoirs aux pratiques. Paris, Armand colin, 2009, p.311.
21 Laetitia ATLANI-DUAULT, Les ONG à l'heure de la
bonne gouvernance, Paris, Presses de Sciences Po , 2005, p.3-17
22Ibid, p.04
12
« gouvernance constitue-t-elle une réelle
opportunité de changement des pratiques et de la culture politique, ou
se réduit-elle à une simple légitimation d'un
système mondial voué à la préservation des
intérêts du secteur privé des pays du Nord ? ». Cette
interrogation, comme susmentionnée porte un intérêt capital
pour ce travail. Ainsi, l'on ne se contentera pas de s'interroger mais aussi de
proposer des éléments de réponses tout en proposant des
pistes de solution.
Jean-Daniel MULLER, dans son livre Les ONG ambiguës,
aide aux Etats, aides aux populations,23 mentionne le
caractère hétérogène de l'aide non gouvernementale
qui suscite bien des déconvenues sur le terrain, à partir des
recherches effectuées au Mali et en Mauritanie. Il propose comme
solution à l'aide des ONG, des actions coordonnées. Pour lui, la
coordination est bon révélateur de la nature paradoxale des
relations entre les ONG du Nord et les sociétés du Sud. Cet
ouvrage, contrairement aux autres aborde les dérives des ONG mais ne
fait pas mention explicitement du cas du Tchad. Pour ce faire notre travail ne
consistera pas à aborder les ONG sur leurs aspects pervers mais
plutôt de parler de leurs réalisations dans les camps de
réfugiés, d'en déceler leurs limites et proposer des
idées nouvelles en vue du peaufinage de leurs taches.
Alain PIVETEAU dans son livre Evaluer les ONG
24démontre qu'à partir des années 1980, il
y'a eu un déclin institutionnel et économique des Etats, cette
situation a renforcé la mise en place de politiques d'inspirations
libérales, qui ont mis en lumière une série de projets
alternatifs portés par les nombreuses ONG. Mais, étonnamment, la
question de l'évaluation reste surprenante en comparaison de la
réputation que les ONG ont par ailleurs acquise, tant auprès d'un
large public que des acteurs traditionnels de la coopération. Pourquoi
procèderait-on à leur évaluation et comment ? Sous quelles
conditions les petites opérations de développement des ONG
peuvent-elles se prêter à cet exercice critique ? Sont-elles
justiciables d'une approche économique, même si elles y sont
irréductibles et appellent une pluralité de regards
disciplinaires ? En définitive, est-ce qu'une évaluation
économique peut contribuer à améliorer les projets des ONG
? L'Ouvrage traite des enjeux d'une évaluation organisationnelle.
L'évaluation peut difficilement se réduire à un calcul
économique dès lors qu'est reconnu le caractère
conflictuel et les effets de cette décision restent soumis à
l'incertitude. L'ouvrage conclut aux liens étroits qui existent au sein
des organisations, telles
23 Jean-Daniel MULLER, Les ONG ambiguës, aide aux
Etats, aides aux populations, Paris, l'Harmattan, 1989. p.250
24 Alain PIVETEAU, Evaluer les ONG, Paris, Kartala,
2004, p.384
13
que les ONG et leurs projets, entre l'évaluation, les
dynamiques d'apprentissage et la performance socio-économique. Si
l'ouvrage soulève quelques interrogations qui se résument
à comment procéder à l'évaluation des ONG pour que
leurs actions soient adaptées aux besoins des
bénéficiaires, ce travail quant à lui se veut un
complément car il envisage proposer des solutions pour un agencement de
l'action des ONG plus précisément dans les camps de
réfugiés de Goré. Cela pourrait être un parangon
pour les actions des ONG en général et dans d'autres camps de
réfugiés en particulier.
? Littérature sur l'action des ONG dans les
Etats.
Richard BATLEY et Pauline ROSE25, évoquent
la collaboration entre les Etats et les prestataires non publics de services de
base à savoir les ONG qui retiennent l'attention croissante des agences
internationales et des décideurs nationaux. Elle vise à soutenir
des objectifs communs pour parvenir à une prestation de service
universelle. En se basant sur des recherches menées au Bangladesh, en
Inde et au Pakistan. Cet article montre que la collaboration peut porter ses
fruits lorsque les ONG ne dépendent pas des sources limitées pour
leur financement, et investissement du temps dans la construction d'une
relation informelle avec les gouvernements. Non seulement la collaboration peut
renforcer la prestation de service par les ONG, mais elle donne
également l'occasion à celles-ci de s'engager dans des
activités de plaidoyer plus large. L'article donne l'impression que les
auteurs parlent des entreprises privées à buts lucratifs, or il
serait judicieux de préciser le caractère onéreux de ces
prestations notamment en fonction des nécessités des domaines
d'intervention de ces ONG. Dans notre contexte, les ONG internationales qui
s'installent au Tchad ont pour mission de l'accompagner étroitement dans
le processus de développement. Pour ce faire, l'assistance aux
réfugiés faisant partie de ce processus et que le Tchad ne
disposant pas de moyens nécessaires pour assister les
réfugiés de manière efficace compte tenu de sa
pauvreté, le concours des ONG est incontournable pour une assistance
adéquate. Le présent travail s'inscrit dans le cadre de
réflexion sur la question de l'intervention des ONG internationales dans
les camps de Goré afin de servir d'exemple sur tout le territoire
national et dans divers domaines.
Dans l'ouvrage d'Inger ULLEBERG26, l'auteur scrute
le cas des ONG qui sont devenues l'un des principaux prestataires de service
public dans les pays où l'Etat n'est pas en mesure de fournir les
services nécessaires. Désormais le discours international de
25 Richard BATLEY et Pauline ROSE, « Collaboration in
delivering education : relations between governements and NGOs in South Asia
», Birmingham, Developpement and practice, p. 579-585
26
www.iiep.unesco.org
14
développement est dirigé de plus en plus vers
l'amélioration de compétence et de moyen pour renforcer la
société, de ce fait les ONG sont contraintes de s'adapter
à cette nouvelle donne. Ce travail fait un examen sur le rôle des
ONG dans le développement international à travers
l'amélioration des capacités, domaine où les ONG sont de
plus en plus impliquées. Les activités de développement
des capacités complètent les fonctions principales des ONG. La
nouvelle interprétation du développement des capacités
peut affaiblir l'Etat central, mais peut également le renforcer sur le
long terme. Les ONG pouvant apporter des changements s'adaptent plus
aisément que les Etats ; elles peuvent parfois faire obstacle aux
efforts de l'Etat. Si les ONG ont un impact non négligeable sur le
processus de développement des capacités, elles continuent de
souffrir du manque de ressources et de l'éloignement de l'Etat. Dans
tous les cas, les activités des ONG sont de plus en plus diverses. Dans
ce travail, l'on constate que les ONG se substituent à l'Etat, ce qui
leur accorde plus de force qui leur permettra de le maintenir dans une
situation de dépendance et si l'auteur évoque les avantages de
l'Etat à long terme dans cette situation, il ne faut pas oublier que
cela peut être un couteau à double tranchants et donc la
dépendance risquerait d'être pérenne.
? Littérature relative à l'action des ONG
en Afrique.
Mikako NISHIMUKO dans son article intitulé « The
role of non-governemental organisations in achieving education for all : the
case of Sierra Leone »27, aborde le cas de la Sierra Leone qui
est l'un des pays les plus pauvres du monde, qui a connu la guerre civile de
1991 à 2002. Les efforts de ce gouvernement à améliorer le
secteur de l'éducation restent faibles et 30% des enfants n'ont pas
accès à l'enseignement primaire. Ce document traite du rôle
des ONG et des organisations confessionnelles dans ce secteur et notamment de
leur appui au gouvernement. L'auteur conclut que le travail mené en
collaboration entre le gouvernement, les ONG et les organisations
confessionnelles a permis des progrès vers la réalisation de
l'éducation pour tous. Dans un premier temps, ce document n'est que
descriptif comme si c'était un rapport d'activité, l'auteur n'a
pas lui-même préconisé des pistes de solutions ou
proposé des idées afin d'améliorer davantage ce travail
conjoint entre l'Etat et les ONG. Et dans un second temps, il n'a
malheureusement évoqué que le domaine éducatif pourtant
après la guerre, il y'a eu l'intervention des ONG dans plusieurs
secteurs que l'auteur pourrait aborder, surtout les besoins fondamentaux des
réfugiés qui sont entre autre la question de
27Mikako NISHIMUKO, « The role of
non-governemental organisations in achieving education for all : the case of
Sierra Leone », journal de comparaison et de l'éducation
internationale, 2009, p.281-285
15
l'alimentation, d'abris, de sécurité. Alors, ces
manquements recouvrant un intérêt particulier, feront l'objet de
notre étude.
Brehima TOUNKARA dans son travail intitulé, « le
rôle des ONG dans l'éducation de base au Mali »28,
indique qu'au Mali, souvent cité en exemple pour l'implication des ONG
dans le développement de l'éducation, le rôle des ONG est
apprécié de diverses manières. La nature des relations
entre les bailleurs de fonds, les représentants de l'Etat et les ONG
fluctue selon l'envergure nationale ou internationale de ces dernières.
La problématique de l'intervention des ONG dans le secteur de
l'éducation, essentiellement axée sur le développement des
écoles communautaires, aboutit à un certain nombre de constats
souvent controversés. Les ONG sont en mesure de s'implanter dans le
secteur quand une politique de tolérance est mise en oeuvre tôt.
L'auteur préconise de légiférer et de définir les
cadres et les modalités d'intervention dans le développement de
l'éducation. Ce travail nous permet effectivement de comprendre l'un des
secteurs d'intervention des ONG en Afrique mais l'on déplore son
caractère restreint car le secteur de l'éducation n'est qu'une
infime partie d'intervention et d'action des ONG internationales en Afrique.
? Littérature relative à l'action des ONG
au Tchad
Dans son article, « Darfour : Des réfugiés
indésirables au Sud comme au Nord ? »29,
Marc-André LAGRANGE explique qu'en 2003 le conflit du Darfour a
regagné en intensité et en retentissement sur la scène
internationale. Ce regain de violence a provoqué l'exode de 200 000
Soudanais, principalement issus des ethnies Massalite et For, dans l'Est du
Tchad. Ces réfugiés sont accueillis dans 12 camps où ils
sont sous la protection des Nations unies. Cette opération humanitaire
sous l'égide du Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) et
financée par la communauté internationale est mise en oeuvre par
des ONG nationales et internationales. Dans un premier temps, les
autorités administratives locales firent face à une intrusion
d'acteurs étrangers (le HCR et les ONG internationales, qui
interviennent dans son sillage) dans leur espace de pouvoir, avec bienveillance
malgré la perte de contrôle (théoriquement temporaire) que
cette intrusion induisait. À cette restriction officielle
d'autorité s'ajoute l'apport dans la région d'une population
allogène qui, malgré sa nationalité tchadienne, ne fut pas
forcément la bienvenue. Les ONG internationales amenèrent, en
effet, du
28Brehima TOUNKARA, « Le rôle des ONG
dans l'éducation de base au Mali », USAID, ROCARE, Bamako, 2001,
p.40
29Marc-André LAGRANGE, « Darfour : Des
réfugiés indésirables au Sud comme au Nord ? »,
Paris, Afrique contemporaine, 2006, P.151 à 161.
16
personnel tchadien et en partie originaire du sud, donc non
musulman. Ne pouvant trouver du personnel qualifié sur le lieu
d'intervention, les ONG internationales font appel à du personnel
recruté dans les capitales, sur la base de leurs compétences et
ce sans tenir compte des particularismes locaux. Or au Tchad le clivage
Nord/Sud étant très affirmé, ce personnel fit souvent
figure d'« étrangers de l'intérieur » pour les
autorités locales
L'arrivée massive de réfugiés a bien
évidemment déséquilibré l'économie
précaire des populations hôtes en accroissant la concurrence pour
l'accès à la terre et à l'eau. Dans cet environnement de
pauvreté, les tensions entre hôtes et réfugiés ne
tardèrent pas à se manifester en dépit des liens
ethniques. Cette cohabitation tendue et forcée engendre une
interrogation à savoir le retour ou le rejet des réfugiés
? Mais dans son plan d'action pour 2006, le HCR prévoit le retour d'au
moins 20 000 réfugiés soudanais au Darfour. Pour l'administration
tchadienne, au-delà des considérations de sécurité,
l'objectif est le même.
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