B- L'assistance dans le secteur de développement et
de l'environnement
Le Tchad présente déjà une situation
précaire au niveau environnemental. L'exploitation des ressources
naturelles a exacerbé par le durcissement des conditions climatiques,
qui ont dû accueillir une charge démographique
supplémentaire. Les réfugiés en situation de survie n'ont
eu d'autres alternatives que de puiser abondamment dans la nature les
ressources nécessaires à leur subsistance. Ces mécanismes
amplifient considérablement la destruction de l'environnement et peuvent
agir comme facteurs déclencheurs de tensions sociales dans la mesure
où l'accès aux ressources hydriques, agricoles pastorales et
ligneuses
devient concurrentiel avec les populations hôtes. Ainsi
pour pouvoir préserver l'environnement et le protéger, des
activités ont été menées par les
réfugiés sous le pilotage des ONG internationales. Ces
activités vont de la sensibilisation sur les avantages de
préservation de l'environnement à la plantation des arbres dans
les camps. Les ONG chargées de ce pilotage sont assistées par le
FAO. Quant aux ONG en question, il s'agit de ADES et CARE.
67
Figure 2 : Réalisations sectorielles
des ONG internationales dans les camps de Goré
68
Source: UNHCR/2018 Juin, Réponse humanitaire.
69
Paragraphe II : Les stratégies d'adaptation et les
modalités de distribution A- Les stratégies
d'adaptation
Lors des discussions, les réfugiés ont
déclaré être contraints de réduire la
quantité et la fréquence des repas ou d'avoir recours à
des emprunts chez les commerçants ou chez les grossistes, bien que
d'habitude un grand esprit de solidarité caractérise la
communauté, quand les ménages n'ont pas assez à manger.
Les stratégies d'adaptation changent selon le groupe
socio-économique et le genre :
? Chez les pauvres les femmes s'endettent pour se procurer la
nourriture ou demandent aux voisins et aux parents de l'aide, tandis que les
hommes recherchent du travail ;
? Chez les moyens les femmes se consacrent à la vente
de bois ou de fourrage, tandis que les hommes vont à la recherche de
travail ou ont recours à l'endettement. Pendant la soudure les
stratégies les plus utilisées sont l'exploitation des ressources
naturelles (bois de chauffe, paille, collecte d'igname sauvage et de
karité, etc.) ainsi que la pratique du maraîchage et le travail
journalier. Les enfants sont également mis à contribution pour
augmenter les revenus, notamment comme travailleurs domestiques chez les
autochtones. Les mécanismes mis en place par les ménages moyens
pour couvrir les besoins alimentaires et non alimentaires en période de
soudure sont l'intensification de la main d'oeuvre et le crédit en
nature remboursable avec un taux d'intérêt élevé.
Les ménages ont déclaré réduire le nombre de repas
à un par jour. Au niveau des ménages pauvres ces
mécanismes vont de l'emprunt auprès des commerçants,
à l'artisanat et la vente des services chez les hommes tandis que chez
les femmes les travaux journaliers agricoles et non agricoles, la recherche de
bois pour la vente, la vente de légumes sauvages (roquette) sont les
stratégies les plus usitées. Par ailleurs, les ménages
dirigés par les femmes sont plus vulnérables, faisant plus
recours aux stratégies de survie par rapport à ceux
dirigés par les hommes. Les stratégies qui concernent la
sphère alimentaire sont mesurées avec l'indice des
stratégies de survie simplifié (Coping Strategy Index -CSI), qui
apprécie la fréquence de cinq comportements du ménage : la
consommation d'aliments moins préférés car moins chers,
l'emprunt de la nourriture, la diminution des portions, la réduction de
la consommation au profit des enfants et la réduction du nombre de repas
par jours. Plus le score est élevé plus les ménages font
recours à ces stratégies d'adaptation. Au niveau de la population
hôte, les ménages en insécurité alimentaire ont vu
leur consommation alimentaire se détériorer malgré le
recours aux stratégies d'adaptation, qui ont des effets négatifs
sur leurs moyens d'existence à court, moyen et long terme.. La soudure
agricole a été plus longue que d'habitude
en raison de l'arrivée tardive des pluies et cela a
poussé les ménages à recourir à ces
stratégies même en début des récoltes. En effet, 37%
ont, au moins une fois, limité la portion des repas, indiquant un
accès limité de tous les membres à une nourriture
suffisante. Les ménages qui n'avaient pas encore récolté
ont dû réduire le nombre de repas et emprunter la nourriture.
L'adoption de stratégies de survie qui peuvent entraver sur le long
terme la capacité des ménages à accéder à
une alimentation adéquate est très courante dans les zones
fortement déficitaires. Il s'agit en particulier de la vente de
femelles, de la vente d'animaux plus que d'habitude et de la réduction
des dépenses de santé.
Tableau 2 : Revenu moyen en FCFA
générés au cours 10 derniers mois pour les ménages
par activité principale
Rang de l'activité
|
Source de revenus
|
Revenus moyen
|
1
|
Vente d'animaux
|
201.500
|
2
|
Vente de produits de pêche
|
82.500
|
3
|
Vente produits agricoles autoproduits
|
60.507
|
4
|
Salaire/pension
|
59.333
|
5
|
Commerce de produits alimentaires ou animaux
|
42.398
|
6
|
Vente produits maraichers
|
36.609
|
7
|
Petits commerces de produits non alimentaires
|
33.456
|
8
|
Travail journalier
|
32.456
|
9
|
Artisanat/petits métiers
|
29.520
|
10
|
Transport
|
17.318
|
11
|
Aide/don ou Transfert
|
14.260
|
12
|
Autres
|
12.196
|
70
Source : HCR décembre 2018
71
|