REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail -
patrie ***** UNIVERSITE DE
DOUALA ***** ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES HUMAINES
ET SOCIALES ***** UNITE DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES ECONOMIQUES ET MANAGEMENT
APPLIQUE ***** FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION APPLIQUEE
REPUBLIC OF
CAMEROON Peace-Work-Fatherland ***** UNIVERSITY OF
DOUALA ***** POSTGRADUATE SCHOOL FOR SOCIAL AND HUMAN
SCIENCES ***** UNIT OF DOCTORAL TRAINING IN ECONOMICS AND APPLIED
MANAGEMENT ***** FACULTY OF ECONOMICS AND
APPLIED MANAGEMENT
Mémoire en vue de l'obtention du Master II
Recherche en Sciences de
: 4032
Gestion option : Marketing et
Stratégie
THEME :
LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES MEDICAMENTS : CAS DE LA VILLE DE DOUALA-CAMEROUN
Rédigé par :
KWUYAH TATDJA Eric Charli
DESS en Marketing Commerce et Vente
Maîtrise en Sciences de Gestion option : Marketing,
Stratégie
Sous la Direction de :
Pr. Claude BEKOLO
Agrégé et titulaire en Sciences de Gestion
Directeur de l'ENSET
Année académique 2016-2017
Tiens maman Tatdja
née Tchoumi
Julienne voici le fruit
de tes efforts
II
REMERCIEMENTS
III
La rédaction de ce mémoire n'aurait pas
été possible sans l'aide précieuse de plusieurs personnes.
De ce fait mon ingratitude sera à nul autre pareil si je ne remercie pas
les personnes suivantes :
+ Le Pr. BEKOLO Claude, de m'avoir
encadré et orienté avant et pendant la rédaction de ce
mémoire. Merci professeur pour tous ce que vous faites pour la jeunesse.
Merci mille fois.
+ Le Dr. BILGUISSOU Abbas pour son assistance
sans cesse, les encouragements qu'elle ne cesse de me procurer et la
documentation qu'elle a mise à ma disposition.
+ M FAMBEU Ariel pour les conseils, les lectures
répétées de ce travail et la documentation qu'il m'a
fournie.
+ Un grand merci également à tous
le corps Professoral de l'unité de formation Doctorale des Sciences
Economiques et de Gestion de l'Université de Douala.
+ Tous mes remerciements aux interviewés
(Roger, Christian, Emmanuel, Bertine, Jule ...) d'avoir donné de leur
temps pour répondre aux entrevues.
+ Nous tenons également à dire
à tous ceux qui n'ont pas été cités qu'il ne s'agit
pas d'oubli, mais plutôt une décision douloureuse faute
d'espace.
+ Merci également à tous ceux qui
de près ou de loin m'ont encouragée par leurs actes à
approfondir cette recherche et ont porté de l'intérêt sur
les résultats présentés dans ce mémoire.
LISTE DES ABREVIATIONS
AFRISTAT
|
:
|
AMOAPI
|
:
|
BIT
|
:
|
ECAM
|
:
|
FCFA
|
:
|
GICAM
|
:
|
INS
|
:
|
OAPI
|
:
|
OMS
|
:
|
OTVP
|
:
|
SYNAME
|
:
|
SMIG
|
:
|
Institut Africain de la Statistique
iv
Association des Mandataires auprès de l'Organisation
Africaine de la Propriété Intellectuelle
Bureau International du Travail
Enquête Camerounaise Auprès des Ménages
Franc des Colonies Françaises d'Afrique
Groupement Inter patronal du Cameroun
Institut National de la Statistique
Organisation Africaine de la Propriété
Intellectuelle
Organisation Mondiale de la Santé
Occupation Temporaire de la Voie Publique
Syndicat National du Médicament
Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
AVANT-PROPOS
V
Il est de tradition dans de nombreuses unités de
formation Doctoral des Sciences Economiques et de Gestion que chaque
étudiant en Master II recherche ou DEA rédige, présente et
soutienne un mémoire en vue de l'obtention de son diplôme de fin
de formation.
La filière Sciences de Gestion comporte plusieurs
options de formation parmi lesquelles « Marketing Stratégie et
Organisation » où nous nous sommes inscrits ; Le but premier
étant la recherche. Par conséquent, nous devons explorer notre
environnement économique, social, culturel et ceux qui y
interviennent.
Ainsi, au cours de notre formation et de nos
différentes lectures, nous avons remarqué que la distribution
informelle des médicaments est très préoccupante et doit
faire l'objet de beaucoup d'attention : celui des distributeurs car cette
activité leur est lucrative, les malades qui parfois n'ont pas d'autres
choix pour avoir accès aux médicaments et aux soins, l'industrie
pharmaceutique qui perd des parts de marchés, et les gouvernements en
général. Ce qui justifie le choix de notre thème de
recherche : « LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES MEDICAMENTS : CAS DE LA VILLE DE DOUALA-CAMEROUN ».
Il s'agit d'un sujet digne d'intérêt, compte tenu
du nombre d'intervenant sur le marché informel des médicaments et
les risques de santé que présente cette activité.
Le travail de recherche a fourni des éléments de
réponse au problème abordé. Cependant il présente
quelques limites à la fois d'ordre théorique et
méthodologique. Dès lors, nous sommes disposés à
prendre acte des critiques et des suggestions constructives qui pourront nous
permettre d'améliorer la qualité du travail de recherche.
RESUME
vi
L'objectif de cette recherche est de mettre en évidence
l'ensemble d'éléments propres ou non au circuit informel des
médicaments responsables de l'adoption de ce dernier par certains
consommateurs. Cette recherche exploratoire s'appuie sur une étude
qualitative croisant plusieurs méthodes de récolte de
données. Les observations flottantes, la recherche documentaire et les
entrevues réalisées sur 20 cas de consommateurs. Les
résultats mettent en évidence quatre principaux
éléments responsables de l'adoption de la distribution informelle
des médicaments : Une réelle proximité des distributeurs
et leur efficacité, la proximité des points de distributions, les
croyances des consommateurs et le contexte socio-politico-économique.
Ces éléments ou ces facteurs agissent sur le comportement du
consommateur en facilitant l'adoption de la distribution informelle des
médicaments chez certains.
Mots clés : distribution informelle,
circuit, médicaments de la rue, effets induits, adoption.
ABSTRACT
The objective of this research is to detect factors or
elements witch belong or not to informal distribution of drug, and who are
responsible of its adoption. This exploration research is based on qualitative
methods with case study. 20 consumers are used like studies cases. Data are
collected with triangulation using tree methods: interviews, documents
exploration and many observations. The results show that 4 main elements are
responsible of informal drug distribution and adoption: the real proximity of
drugs sellers, the proximity of drugstores, the believes of consumer and in
last the social, political, and economic context. These factors act on consumer
behavior and contribute for the adoption of informal drug distribution.
Key words: informal distribution, street drug,
circuit, adoption, factors responsible.
LISTE DES SCHEMAS, GRAPHIQUES ET
TABLEAUX
vii
LISTE DES SCHEMAS
Schéma 1 : Pyramide représentant
le circuit du médicament dans le marché parallèle. 17
Schéma 2 : Aperçu
général de la circulation informelle des médicaments 20
Schéma 3 : Modèle conceptuel 42
Schéma 4 : Nouveau modèle du
comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments 77
Liste des graphiques
Graphique 1 : Répartition des
interviewés suivant le sexe 67
Graphique 2 : Répartition des
interviewés suivant l'âge 68
Graphiques 3 : Répartition des
interviewés suivant la profession 68
Graphique 4 : Répartition des
interviewés suivant le groupe ethnique 69
VIII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Récapitulatif de quelques
définitions du secteur informel 9
Tableau 2 : Synthèse de quelques
recherches antérieures 23
Tableau 3 : Modalités d'achat des
médicaments dans les lieux « classiques » de la
distribution pharmaceutique au Bénin 29
Tableau 4 : Comparaison des coûts (en
francs CFA), triés par catégories, rattachés à
chacun des itinéraires thérapeutiques d'après une
étude réalisée au Cameroun en 2002) ...30
Tableau 5 : Comparaison des prix de quelques
médicaments vendus à Douala dans la rue et
en pharmacie 31
Tableau 6 : Quelques clés de comparaison
des systèmes d'échanges 36
Tableau 7 : Caractéristiques des
études de cas. 50
Tableau 8 : Présentations des cas de
l'étude 51
Tableau 9 : Critères de choix d'une
technique de collecte des données 59
Tableau 10 : Analyse des entretiens
semi-directifs 64
Tableau 11 : Rapprochement entre résultat
des discours et la théorie 76
SOMMAIRE
ix
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
LISTE DES ABREVIATIONS IV
AVANT-PROPOS .V
RESUME ET ABSTRACT ...VI
LISTE DES SCHEMAS, GRAPHIQUESET TABLEAUX
VII
INTRODUCTION GENERALE 1
PARTIE I : DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS ET
COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS 6
CHAPITRE I : DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS
7
Section I: Genèse du marché informel des
médicaments 7
Section II : Organisation de la distribution informelle des
médicaments au Cameroun. 15
CHAPITRE II : COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS SUR LE
MARCHE DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : ESSAI
DE CONCEPTUALISATION D'UNE REALITE 25 Section
I : Une alternative économique et sociale « adéquate »
pour les consommateurs25 Section II : Consommateur face aux « avantages
» offerts par le système de distribution
informel des médicaments 33
PARTIE II : ETUDE EXPLORATOIRE DU COMPORTEMENT DES
HABITANTS DE DOUALA FACE AUX EFFETS INDUITS PAR LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS 45
CHAPITRE III : SPECIFICITES DU MARCHE INFORMEL DE
MEDICAMENTS
ET METHODOLOGIE D'ETUDE 46
Section I : Spécificités du marché informel
des médicaments 46
Section II : Démarché méthodologique
exploratoire 52
CHAPITRE IV : INCIDENCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION
INFORMEL DES MEDICAMENTS SUR LE COMPORTEMENT DES
CONSOMMATEURS 66
Section I : Analyse des données recueillies aux
près des consommateurs de Douala 66
Section II : Adoption ou rejet de la distribution informelle des
médicaments à Douala 79
CONCLUSION GENERALE 87
BIBLIOGRAPHIE 90
LISTE DES ANNEXES 97
TABLE DE MATIERES 100
INTRODUCTION GENERALE
1
Les journées du 27 au 29 Mars 2012, près de 160
tonnes de médicaments ont été confisquées et
incinérées dans 3 villes ; à savoir Yaoundé, Douala
et Bafoussam. Les télévisions et radios nationales et même
internationales diffusent cette action durant environ deux semaines. Au
même moment, au grand marché de Douala et partout ailleurs sont
étalées des tonnes de médicaments d'origine inconnue dans
des locaux mis à disposition du grand public pour consommation. Cette
activité du secteur informel est tenue par des camerounais qui
règlent les taxes aux communes comme tous les autres commerçants
(Tchamdja, 2010 ; Mba et al. 2014).
Fassin (1986) écrit dans l'un de ses articles : «
partout en Afrique se développent des réseaux de vente des
médicaments en dehors des circuits officiels ». La qualité
des médicaments issus de ce circuit reste toujours douteuse.
Après une enquête sur 20 pays réalisée de janvier
1999 à octobre 2000, l'OMS estime que 60% des cas de contrefaçon
concernent les pays pauvres et 40% les pays industrialisés (Barbereau,
2006). Notons que la quasi-totalité des produits contrefaits passent par
les circuits informels de distribution.
Le secteur informel est devenu le principal employeur face au
chômage galopant. « En effet, 328 millions de personnes viendront
grossir les rangs de la force de travail urbaine entre 1990 et 2000 »
(Maldonado, et al. 2004). Le secteur de distribution informelle des
médicaments a également hérité de ce flux
migratoire ou de cet exode rural.
Selon Hamel (2006) ; des perturbations économiques
importantes ont déstabilisée l'ensemble des pays en
développement à partir des années 1980. Les origines de
cet effondrement sont entre autres la baisse des coûts des
matières premières et l'instauration des mesures
d'austérité. La détérioration des termes de
l'échange entre les pays exportateurs de technologies (pays du Nord,
développés) et les pays exportateurs de matières
premières (pays du Sud, en développement) a participé (et
participe toujours) au déficit de la balance des paiements des grands
exportateurs de richesses naturelles (pétrole, minerais, coton, sucre,
caoutchouc, cacao, café, ...). En parallèle, les recommandations
prodiguées par le Fond Monétaire International en termes de
politique d'ajustement structurel pendant les années 1985 se sont
traduites par une réduction brutale des dépenses
budgétaires surtout dans le domaine sanitaire.
2
Dans de nombreux pays africains comme au Cameroun, on observe
des soins médicaux de qualité médiocre ; les
professionnels de santé ont fui des postes pourvus de salaires trop bas
et se sont expatriés. Les dysfonctionnements dans les
établissements de santé se sont accumulés. «3
médecins sur 5 formés au Cameroun s'expatrient les 10
années qui suivent leur sortie de l'école » (Commeyras,
2006).
Le développement du chômage urbain,
conséquence de la crise économique, s'est accompagné de
l'émergence et de l'essor du secteur informel. « Le manque de
confiance des populations envers les formations de santé publique qui
découlent de la crise constitue un véritable tremplin pour les
activités de vente informelle de médicaments » (Mba et al.
2014). La baisse sans cesse du pouvoir d'achat entraine certains travailleurs
du secteur formel à investir dans le secteur informel.
Le Cameroun, pays d'Afrique n'a pas échappé
à cette réalité ; la ville de Douala en particulier.
Suivant les travaux de Mba et al. (2014) les distributeurs, les malades,
l'industrie pharmaceutique et les gouvernements sont tous affectés par
ce fléau. « Le rapport de l'Association des Mandataires
agréés auprès de l'OAPI (Organisation Africaine de la
Propriété Intellectuelle) AMOAPI en 2005 souligne quelques-unes
de ces conséquences : 15 entreprises membres du Groupement
Inter-patronal du Cameroun (GICAM) ont connu des pertes au niveau de leurs
chiffres d'affaires de l'ordre de 62,008 milliards de francs CFA. Par ailleurs,
850 personnes ont perdu leurs emplois, les recettes fiscales et
douanières avaient connus une perte d'environ 5,058 milliards de francs
CFA » (Mba et al. 2014). C'est dans ce contexte que la distribution
informelle des médicaments avance à grand pas.
Plusieurs auteurs ont travaillé sur la distribution
informelle des médicaments dans les pays en voie de développement
(Van Der Geest, 1982, 1983,1987 ; Fassin, 1985 ; Hamel, 2006 ; Ouattara, 2009 ;
Socpa 2011, Mba et al 2014, Sogbossi 2016 etc.). Cependant peu d'entre eux
à notre connaissance se sont intéressés aux effets induits
par ce type de distribution pouvant séduire les consommateurs ; pouvant
justifier l'adoption de ce mode de distribution et les produits qui y sont
issus.
Afin de mieux cerner ou comprendre l'adoption de la
distribution informelle de médicaments à Douala, nous nous sommes
posé la question suivante : les effets induits par le mode
de distribution informel des médicaments expliquent-ils son adoption par
les consommateurs de la ville de Douala ?
Pour répondre à notre question centrale, des
questions secondaires nous seront d'une aide précieuse. Ainsi les
questions qui dérivent de notre question centrale sont les suivantes
:
Ø
3
Quels types d'avantages et de satisfaction offerts par le
circuit de distribution informel des médicaments expliquent
l'adhésion des consommateurs aux médicaments de la rue ?
Ø Les croyances des consommateurs et leurs
comportements de consommation irresponsable expliquent-ils l'adoption de la
distribution informelle des médicaments ?
Ø Les contextes socioéconomiques et
politiques expliquent l'adoption du circuit informel de distribution des
médicaments ?
L'environnement social, politique et culturel (fortes
inégalités de revenus, organisation de la « profession
», fonctionnement aléatoire du secteur public, corruption
importante de l'appareil d'Etat, ...) doivent être pris en compte si l'on
veut comprendre le comportement d'adoption des produits issus du circuit
informel. Ainsi nos efforts auront pour objectifs :
Ø D'étudier l'organisation de la
distribution informelle des médicaments et les « avantages »
qu'elle offre aux consommateurs.
Ø De comprendre le contexte
socio-économiques et culturel qui ont générés et
facilité le développement de la distribution informelle des
médicaments.
Ø De mettre en évidence l'ensemble de
facteurs qui concourent ou qui expliques l'adoption de la distribution
informelle des médicaments dans la ville de Douala. Le
problème important aujourd'hui concerne le contrôle de la
distribution informelle des médicaments et la préservation de
l'intérêt de l'ensemble des parties prenantes (consommateur,
distributeur et les communes qui y prélèvent des taxes).
D'où une étude consacrée sur ce thème semble
être nécessaire et l'intérêt que présente une
telle étude est double :
Ø Sur le plan théorique ou scientifique,
nous espérons mettre en évidence les spécificités
du mode de distribution informel qui ont favorisés l'adoption de ce mode
de distribution ainsi que les médicaments de la rue.
Ø Sur le plan pratique, les résultats de
cette étude pourront susciter la réflexion des consommateurs et
des pouvoirs publics sur l'organisation néo-institutionnel en question
et les offrir des pistes de solutions pérennes face au succès de
cette activité qui semble nocive pour les consommateurs.
Selon Avenier (2012) la question
épistémologique en sciences de gestion s'articule autour de six
paradigmes épistémologiques : le positivisme logique, le post
positivisme incluant le réalisme scientifique et le réalisme
critique, puis le constructivisme radical, l'interprétativisme, et le
constructivisme conceptualisé par Guba et Lincoln. L'objectif de
4
notre étude n'est pas d'expliquer ou vérifier,
ce qui serait une attitude positiviste mais plutôt cherche à
comprendre la réalité, c'est bien une attitude
constructiviste.
« Les méthodes et techniques retenues dans une
recherche donnée doivent être les plus aptes à rendre
compte du sujet étudié et doit amener le chercheur vers les buts
qu'il s'est fixés en termes d'aboutissement de son travail »
(Aktouf, 1987). De ce fait notre travail de recherche s'appuie sur une
démarche qualitative avec étude de cas.
Compte tenu de l'objectif de la recherche qui est de
comprendre un fait social, une pratique, un comportement à la limite
irrationnel1 (comportement ayant des emprunts à la fois,
socioéconomiques et culturels) ; cela justifie l'usage d'une
démarche qualitative (Wogaing, 2010). On doit faire comprendre comment
est née cette pratique, clarifier et déterminer pourquoi ou dans
quelles conditions la distribution informelle des médicaments se
développe au Cameroun en générale et dans la ville de
Douala en particulier.
Egalement la spécificité du terrain
d'étude à savoir la spécificité de secteur informel
au Cameroun en général et à Douala en particulier ; une
étude exploratoire basée sur des cas semble plus
appropriée pour cette recherche. (Miles et Huberman, 2003 ; Badiang et
al. 2013) La capacité pour cette approche de saisir les perceptions, de
comprendre en profondeur une situation sociale, comprendre les systèmes
de valeurs et l'avantage de s'ancrer dans la réalité du
phénomène étudié (Glasser et Strauss, 1967) fait
d'elle la méthode la plus appropriée pour cette étude.
Egalement, « une étude de cas est une investigation empirique qui
examine un phénomène contemporain au sein de son contexte
réel, quand les frontières entre phénomène et
contexte ne sont pas clairement délimités ; et dans laquelle de
multiples sources de données sont utilisées » (Yin, 1994 ;
cité par Etoudi 2004, P.94)
Nous allons nous référer à un cadre qui
recommande trois angles d'analyses concomitants : l'objet de recherche, le
contexte et le processus en oeuvre (Pettigrew, 1990 ; Badiang et al. 2013). Le
cadre contextuel apparaît ici approprié pour comprendre les
pratiques et comportements dans le secteur informel de la distribution des
médicaments et son adoption par le consommateur. Cadre où les
populations ont eu un héritage colossal (pauvreté, traditions,
modernité et culture).
Enfin nous pouvons dire que les méthodes qualitatives
et l'étude de cas présentent des qualités
indéniables : en effectuant des entrevues semi-directives sur des cas
particuliers, on peut "découvrir" et mieux approfondir des
phénomènes insoupçonnés ou difficiles à
mesurer (Gauthier, 2003).
1 Qui n'est pas conforme à la raison
5
Un recueil d'informations auprès des membres d'un
échantillon préalablement sélectionné, Hommes et
femmes, âges compris entre 25 et 60 ans ; appartenant à
différentes catégories socioprofessionnelles, différents
groupes ethniques, différents niveaux d'étude. Les observations
flottantes (Camelis et al. 2013) ; des entretiens semi-structurés
(Capelli et Sabadie, 2013 ; Badiang et al. 2013) nous permettront de recueillir
des données. Ces données ainsi collectées feront l'objet
d'un traitement, d'une analyse et d'une interprétation.
Ce travail a pour mission d'analyser l'organisation de la
distribution informelle des médicaments, le comportement des
consommateurs de produits issus de ce circuit et comprendre quelles sont les
raisons qui conduisent les consommateurs à adopter ce circuit de
distribution et ses produits qui semblent pourtant dangereux. Pour
répondre à cette préoccupation, nous avons choisi un plan
linéaire constitué de deux parties.
La première partie (partie I) aura une perspective
analytique et doit également aborder des aspects théoriques.
Dans la deuxième partie (partie II), nous nous
intéresserons aux pratiques sur le terrain des comportements de
différents intervenants, les spécificités de la
distribution informelle des médicaments.
6
PARTIE I :
DISTRIBUTION INFORMELLE DE
MEDICAMENTS ET COMPORTEMENTS DES
INTERVENANTS
Daprès une étude menée La Food and Drug
Administration, les Etats Unis estiment que les contrefaçons
représentent plus de 10% du marché mondial des médicaments
et que le phénomène touche à la fois les pays
industrialisés et les pays en voies de développements (Barbereau,
2006). Ce développement de la contrefaçon est facilité par
les circuits de distribution informelle des médicaments. Car ce moyen de
distribution non contrôlé par les autorités sanitaires
devient celui qui permet aisément aux intervenants (distributeurs) de
développer toutes formes de contrebande.
Les pays d'Afrique constituants la plaque tournante de ces
médicaments qui empruntent le circuit informel son le Nigeria, le Ghana
et la Gambie (Pouillot et al. 2007). Le Cameroun qui partage ses
frontières avec ce vaste pays de l'Afrique de l'ouest (Nigeria) est
suffisamment menacé par ce fléau.
Dans cette première partie de notre recherche, le
problème sera abordé d'abord par une analyse du fondement, du
contexte et l'organisation de la distribution informelle des médicaments
(chapitre I), ensuite il sera question d'un essai de conceptualisation des
comportements de différents intervenants sur ce marché informel
(chapitre II).
CHAPITRE I :
LA DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS
7
Plusieurs auteurs ont mené des études sur les
fondements, l'organisation et le développement du marché informel
des médicaments dans les pays en voies de développement. Dans
notre étude qui s'intéresse spécifiquement au cas de la
ville de Douala, il sera question dans ce chapitre de définir les
différents concepts à utiliser, donner les fondements de la
distribution informelle des médicaments (section I), et une
présentation de l'organisation de cette activité (section II).
SECTION I : GENESE DU MARCHE INFORMEL DES
MEDICAMENTS
Après avoir défini clairement les concepts qui
seront abordés durant l'étude, nous allons présenter
également les origines et le développement du problème
à étudier.
1-DEFINITIONS DES CONCEPTS
Un concept est une « idée qu'on se fait d'une
chose en la détachant de son objet réel » (
http://wiktionary.org). Nous
allons définir les concepts médicament, consommateur et
distribution informelle.
A-Le médicament
Le médicament n'est pas un produit anodin. Il
répond à une définition précise, obéit
à une réglementation très stricte, et s'inscrit dans un
circuit hautement qualifié et surveillé. « C'est un produit
de consommation dont l'utilisation a pour objectif de traiter ou de
prévenir une maladie, dans les conditions parfaitement définies
par un spécialiste » (Tchamdja, 2010). Cette définition ne
précise pas l'importance des conditions de conservation. Car un
médicament mal conservé perd ses propriétés. Face
à ces limites d'autres définitions ont été
proposées.
Pour Kachi, et al. (2011) Un médicament peut
être défini comme une substance possédant des
propriétés curatives et préventives à
l'égard de la maladie, un potentiel poison
8
quand les règles de stockage et de conservation le
concernant ne sont pas respectées. C'est le cas des médicaments
vendus dans les marchés illicites ou parallèles et
communément appelés en Afrique, « médicaments de la
rue ». Cette autre définition présente aussi des limites
dans la mesure où elle ne prend pas en compte les médicaments
donc la mission est de renforcer certaines fonctions de l'organisme. Elle
ignore la catégorie de médicaments qui agissent sur l'organisme
pour changer sa structure ou certaines propriétés du corps. Tous
les médicaments ne jouent pas un rôle curatif ou
préventif.
B-Le consommateur
Le consommateur peut être défini comme une
personne qui achète et consomme un ou plusieurs produits ou services
auprès d'un producteur ou d'un distributeur (Demeure 2008, p. 45). Ainsi
le consommateur est caractérisé par un besoin, une motivation et
un comportement. Ces différentes caractéristiques sont
généralement à l'origine de l'acte d'achat.
Selon Bernhar (2005) le consommateur est un individu qui
satisfait un besoin en utilisant un produit, (un bien ou un service). Ainsi
tout acte de destruction d'un bien ou d'un service est un acte de consommation.
Celui qui est à l'origine de cette destruction est le consommateur.
C-La distribution informelle
L'ensemble des écrits réalisés sur le
secteur informel s'accordent sur l'origine de ce terme. Le mot « informel
» a été utilisé pour la première fois par Hart
lors d'une étude sur le Ghana présenté initialement en
1971 et publié en 1973. (Charmes, 1989, 2002,). Il met ainsi un terme
à l'idéologie du dualisme (secteur formel, secteur traditionnel),
il a introduit un nouveau clivage entre un secteur informel qu'on
considérait comme une extension du secteur traditionnel et un secteur
formel plus ou moins analogue au secteur moderne (Barthelemy, 1998).
Le secteur informel apparaît alors comme une notion
intangible. Chaque auteur utilise des critères de définition en
fonction de l'angle d'analyse qu'il adopte et de sa formation initiale.
Certains affirment que le secteur informel n'est qu'un concept
idéologique, une construction théorique qui n'existe pas en
réalité (Lautier, 1994). Nous donnerons quelques
définitions.
9
Tableau 1 : récapitulatif de quelques
définitions du secteur informel
Hugon, 1980
|
Le secteur informel est formé par des activités
à petites échelles où le salariat est très
limité, où le capital avancé est faible, mais ou
néanmoins il y'a circulation monétaire, vente des biens ou
services onéreux. Le secteur informel est une armée de
réserve destinée à abaisser les salaires dans le secteur
capitaliste formel
|
De Soto, 1989
|
Ensemble d'entreprises qui fonctionnent à la limite de
la légalité dans le but d'échapper aux impôts et
à la règlementation.
|
BIT (Bureau International du Travail), 1991
|
Secteur non structuré : très petites
unités de production et de distribution de biens et services
implantées en zone urbaine dans des pays en développement. Ces
unités appartiennent à des travailleurs indépendants,
emploient parfois une main d'oeuvre familiale, et /ou quelques salariés
apprentis.
|
(AFRISTAT,
1999)
|
Le secteur informel désigne l'ensemble de Micro
unités de production, des entreprises individuelles ayant un faible
niveau d'organisation.
|
INS (Institut National de Statistique du Cameroun)
|
Le secteur informel désigne l'ensemble d'entreprises
individuelles ne possédants pas de numéro d'identification
fiscale et /ou n'élaborant pas de comptabilité formelle
|
|
Source : construit par l'auteur
Toutes les définitions évoquées plus
haut abordent le secteur informel en termes de production et qualité de
travail. Jae, et al. (2002) admettent qu'il est possible d'offrir une
définition de l'économie informelle conforme à la
perspective d'échange. Ainsi l'économie informelle est
définie comme étant une portion de l'économie dans
laquelle deux ou plusieurs parties s'entendent sur un échange dans un
canal informel, qui est soit non-contrôlé et flou, non
réglementé, soit explicitement proscrit par une autorité
gouvernante légitime. Cette définition semble être plus
appropriée pour la distribution informelle des médicaments.
2- INQUIETUDES SUR LA DISTRIBUTION DES MEDICAMENTS
Cette partie sera essentiellement réservée
à la genèse du développement de la distribution informelle
des médicaments, suivit du rôle catalyseur qu'a joué la
crise des années 1980.
10
A-Marché informel des médicaments : des
origines profondes
D'après les travaux de Barbereau (2006), Les
inquiétudes sur la qualité des médicaments dans le
commerce international ont pris une dimension mondiale en 1948, après la
création de l'OMS. En 1951, le Conseil exécutif de l'Organisation
a adopté la résolution ayant pour objectif d'examiner les
avantages que présenteraient, dans l'intérêt de la
santé et du commerce international, l'application, par divers pays de
méthodes plus uniformes pour le contrôle des médicaments.
Cependant, c'est à la conférence d'experts de Nairobi sur l'usage
rationnel des médicaments en 1985 que l'on s'est occupé, pour la
première fois au niveau international, du problème des
médicaments issus du circuit informel.
En 1988, l'Assemblée mondiale de la santé a
adopté des programmes pour prévenir et détecter
l'exportation, l'importation et la contrebande de préparations
pharmaceutiques faussement étiquetées, falsifiées,
contrefaites ou ne répondant pas aux normes.
Les principaux producteurs mondiaux de médicaments
trouvés sur les circuits informels sont la Chine et l'Inde. Mais, la
mauvaise qualité peut se rencontrer dans le monde entier (Fassin, 1992 ;
Hamel, 2006).
Au Cameroun, le phénomène est bien ancien comme
partout dans le monde. Cette activité suscite de plus en plus une
attention sinon une curiosité profonde et soutenue. Comprendre les
raisons du développement de ce marché « parallèle
» au Cameroun nécessite une analyse du rôle de la crise des
années 1980.
B-Le rôle de la crise économique des
années 1980
Des perturbations économiques importantes ont
déstabilisées l'ensemble des pays en développement
à partir des années 1980. Ces troubles ont plongé la
plupart des pays d'Afrique et surtout ceux de la zone FRANC (Hamel, 2006). La
détérioration des termes de l'échange et la
dévaluation du FCFA ont largement contribué à cette
catastrophe.
a-La détérioration des termes de
l'échange
La détérioration des termes de l'échange
entre les pays exportateurs de technologies (pays du Nord,
développés) et les pays exportateurs de matières
premières (pays du Sud, en voie de développement) a
participé (et participe toujours) au déficit de la balance des
paiements des grands exportateurs de richesses naturelles (pétrole,
minerais, coton, sucre, caoutchouc, cacao, café, ...). En
parallèle, les recommandations prodiguées par le Fond
11
Monétaire International en termes de politique
d'ajustement structurel pendant les années 1985 se sont traduites par
une réduction brutale des dépenses budgétaires surtout
dans le domaine sanitaire. Les dépenses compressibles (santé,
éducation, salaire des fonctionnaires, ...) ont été revues
à la baisse pendant que le service de la dette exerçait une
pression encore plus forte sur le budget (Hamel, 2006).
La première conséquence de cette crise
économique est la détérioration progressive des services
fournis par les établissements de santé surtout publics. «
En 1985, le budget public affecté aux médicaments et aux
fournitures a baissé à Madagascar, passant à 20% du niveau
de 1977 et le pays n'a pu importer que 10% des fournitures et produits
médicaux prévus » (Mattern, 2015).
Dans ce contexte de pénurie, les commerçants du
secteur informel ont commencé à vendre des médicaments,
exerçant ainsi une pression concurrentielle sur les pharmacies
officielles. Les prix sont devenus rapidement plus intéressants sur le
marché « noir » que dans les pharmacies et les
hôpitaux. La débrouillardise des acteurs informels a rendu les
médicaments issus du circuit informel plus disponibles que les
médicaments du secteur formel. « En 1990, plus de 60% de la main
d'oeuvre Camerounaise est employée dans le secteur informel »
(Hernandez, 1995).
Le marché illicite du médicament a
trouvé dans la crise économique des années 80 un contexte
propice à son émergence et/ou à son expansion. « Du
point de vue du consommateur, la vente de médicaments dans la rue par le
biais d'une multitude de vendeurs offre une alternative de choix face à
un secteur public en déclin » (Hamel, 2006). De ce fait une
attention plus précise semble être nécessaire pour
l'évolution de notre travail.
b-Dévaluation du franc CFA : « effet Massu
»
Le 12 janvier 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA
concerne 14 pays d'Afrique subsaharienne y compris le Cameroun. La
dévaluation du taux de change a permis aux Etats qui utilisent le franc
CFA, toutes choses égales par ailleurs, de disposer davantage de
ressources fiscales puisque les taxes sur les biens exportés rapportent
deux fois plus en monnaie locale (Hamel, 2006). Son corolaire pour les
ménages, sera la multiplication par deux des prix de produits de
consommations en général y compris les médicaments. Or la
grande majorité des médicaments présents sur les
marchés de Douala sont des produits importés. Il en fut de
même pour le prix des médicaments fabriqués localement,
étant donné qu'une partie voire même la totalité des
intrants sont importés.
12
Les médicaments ne sont plus disponibles en
quantité suffisante dans les centres de santé. Cette
incapacité de la part du secteur officiel ouvre les portes au commerce
de contrebande pour l'introduction à grande échelle dans le
secteur informel des médicaments de qualité
généralement douteuse. Il est à remarquer que la politique
sanitaire et la fragilité du système social et culturel ont
joué et continu de jouer un rôle important.
3- UN CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET CULTUREL FAVORABLE
POUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES
MEDICAMENTS
Il est question ici de décrire l'environnement qui a
favorisé ou catalysé le développement de la distribution
informelle des médicaments. Ainsi nous présenterons tour à
tour le contexte social, politique et culturel.
A-Les raisons d'ordres sociales
L'économie informelle montre une dépendance
encore plus forte vis-à-vis de l'économie formelle. Elle n'arrive
pas à créer des emplois compensant la perte d'emplois formels.
Les emplois crées dans ce secteur sont de plus en plus précaires
et offrent des revenus très inférieurs au seuil de
pauvreté (Hugon, 1996). Le constat est clair que le revenu issu du
circuit informel reste suffisant pour subsister voire vivoter. Il devient dans
ce contexte difficile pour de millions d'habitants de la ville de Douala
travaillant presque tous dans le secteur informel d'avoir accès aux
médicaments des pharmacies modernes qui pratiquent des prix pas du tout
accessibles pour ces derniers (Ouatarra, 2009)
Dans une perspective fonctionnaliste, l'acceptation de la
distribution informelle des médicaments peut apparaître comme une
réponse à l'impossibilité qu'ont les populations
d'accéder à un emploi décent ; à des
médicaments au prix bas. Les conditions et possibilités du
développement du commerce informel des médicaments sont
indissociables de la situation des circuits officiels de distribution (Hamel,
2006). Quand le salaire minimum garanti est de 36000F CFA environ (environ
55€) ; relevant également que le secteur informel en
général offre des revenus largement inférieurs au SMIG ;
il devient aisé de comprendre pourquoi les populations de Douala
majoritairement employées dans le secteur informel font recourt aux
médicaments issus du marché informel.
Dans la plupart des pays africains, comme au Cameroun et
à Douala les textes juridiques déclarent illicite et condamnent
la vente de médicaments en dehors des pharmacies
13
et hôpitaux. Cependant, une tolérance officielle
est facilement observable et ce commerce se déroule comme si la vente de
médicaments de la rue était autorisée par les pouvoirs
publics (Ouattara, 2009). La vente de médicaments illicites est
organisée sans qu'un contrôle véritable et des mesures de
répressions fortes soient mises en oeuvre à l'encontre des
différents acteurs.
En fait, les vendeurs informels de médicaments doivent
s'acquitter quotidiennement d'un droit à la municipalité et d'une
taxe de marché, comme si ce marché parallèle était
parfaitement légal. En cas de problèmes, les mesures de
répressions portent sur la confiscation des produits vendu et se
terminent par la libération des vendeurs moyennant des amendes
dérisoires (Fassin, 1985). A Douala au Cameroun, comme dans beaucoup de
pays africain au sud du Sahara la distribution des médicaments
prohibés représente environ 60% du chiffre d'affaires du commerce
pharmaceutique (Ouattara, 2009).
En dehors de ces tracasseries, la corruption propre à
notre environnement politico-social sévie également dans ce
secteur. La distribution informelle ne constitue pas un marché assez
lucratif. Les sommes obtenues dans cette activité servent en effet
à acheter d`autres médicaments, à faire vivre la famille
restée au village ou amenée en ville (Fassin, 1985). La
distribution informelle des médicaments apparaît donc comme
résultant de faits historiques, de contraintes économiques, de
mécanismes sociaux, et politiques.
B- Le politique face au comportement opportuniste des
distributeurs informels
Plusieurs observations laissent à croire que les
distributeurs informels exploitent juste les failles ou les faiblesses du
réseau formel de distribution. Face à cette situation, on a
l'impression que les pouvoirs publics restent totalement muets ou du moins ne
posent pas d'actes concrets qui pourront éradiquer le
phénomène.
a-L'Etat et la distribution informelle des
médicaments: situation énigmatique Face à
l'hétérogénéité des formes
d'activités que recouvre ce secteur, quelle politique définir ?
Faut-il intervenir ou laisser faire ? Faut-il adopter des politiques globales,
sectorielles ou non, ou se contenter d'actions ponctuelles,
éventuellement sélectives et pas obligatoirement
coordonnées entre elles ?
Peu d'actions de répressions importantes sont
relaté au cours des années 1980 et 1990 (Fassin, 1997 et Hamel,
2006). Il semble qu'en premier lieu l'apparition du secteur informel a rendue
service aux Etats qui n'étaient plus à mesure d'importer des
médicaments en quantité suffisante. Plus tard, le marché
informel est devenu trop important et le discours a changé
14
(Fassin, 1997). A partir de la fin des années 1990, les
pouvoirs publics camerounais ont commencé timidement une guerre contre
les médicaments issus du secteur informel. Au Cameroun plusieurs
descentes très médiatisées des autorités en charges
dans les marchés ont permis de saisir et incinérer des stocks
impressionnants de médicaments ces dernières années.
Les injonctions de la Banque Mondiale en faveur d'une «
bonne gouvernance » ont incités les dirigeants politiques à
manifester des signes symboliques d'intervention. Le manque d'engagement
politique est grave. Peut-être il est plus approprié de parler de
tolérance étatique. Les hommes politiques camerounais auront bien
du mal à se passer de la dépendance générée
par la situation illégale de tous les acteurs du commerce informel qui
perpétue des formes clientélistes et patrimoniales du pouvoir
(Socpa, 2011).
Les importations frauduleuses de médicaments ne
peuvent se faire sans le consentement plus ou moins coûteux (en argent ou
en médicaments) des douaniers et de leurs supérieurs. La vente
des médicaments dans la rue ou sur les marchés nécessite
parfois de partager son salaire avec les forces de l'ordre, ou de
négocier continuellement sa place auprès de la
municipalité.
En retour les dirigeants politiques achètent la
stabilité de leur pouvoir par des stratégies
clientélistes. C'est là que se prononce réciproquement le
pouvoir du secteur informel. De plus les distributeurs en profitent pour
s'implanter et organiser une distribution à grande échelle
couvrant tout le territoire national.
b-Comportements opportunistes des « trafiquants
»
Suivant Van Der Geest(1983) et Hamel (2006), nous pouvons
dire que le contexte économique des années 1980 a affaiblit
l'offre de médicaments. Les importations n'étaient plus à
mesure de satisfaire les besoins des populations. Dans ce contexte de
pénurie, les commerçants du secteur informel ont commencé
à vendre des médicaments à des prix plus bas, a suivi une
organisation efficace dans la mesure où la distribution se faisait
partout. Dans la rue, au bureau, au marché, dans les véhicules de
transports...
Les fortes contraintes économiques des années
1980 qui s'accompagnèrent d'une diminution importante des emplois, ce
qui fera apparaître l'émergence simultanée d'une
économie informelle devenue prédominante au début des
années 1990 (en nombre de salariés) et de nos jours ce secteur
recrute plus 60% de la main d'oeuvre formée au Cameroun (rapport BIT,
2010). L'appropriation des médicaments par les acteurs du marché
informel semble alors avoir séduit une partie des consommateurs.
Intéressons-nous à présent à l'organisation de
cette activité.
15
SECTION II : ORGANISATION DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS AU CAMEROUN
Après avoir fixé le cadre dans lequel s'est
construit la distribution informelle des médicaments, planter les jalons
qui permettent de comprendre son insertion dans la société, nous
allons nous attarder à présent sur l'organisation de ce
marché illicite : étudier les réseaux d'approvisionnement,
décrire les méthodes et les stratégies de vente ainsi que
les catégories de produits pharmaceutiques qui y sont
généralement distribués.
1-TYPOLOGIE DES OFFREURS ET RESEAUX
D'APPROVISIONNEMENT
La question ici est celle de savoir où et de quelles
manières arrivent ces différentes catégories de
médicaments sur le marché informel. Dans les années 1980,
Fassin citait deux provenances principales : il s'agissait d'une part des
importations frauduleuses et d'autre part des achats sur le marché
national. L'approvisionnement venant des dons est également d'une
importance non négligeable. Cette triple source d'approvisionnement du
marché pharmaceutique parallèle, semble commune à
l'ensemble des pays d'Afrique subsaharienne et encore valide aujourd'hui pour
le cas de la ville de Douala.
A- Réseaux internes d'approvisionnements des
médicaments du circuit informel
Le mot « interne » désigne les
réseaux intérieurs au pays. Les réseaux internes
d'approvisionnement se greffent directement sur les stocks du circuit
officiel2 : que ce soit auprès des grossistes, des
producteurs locaux ou des pharmacies, dans le secteur privé ou public.
On constate constamment de simples achats, de vols ou de détournements ;
on peut supposer que les « transactions informelles » soient
privilégiées dans le but d'effacer toutes traces de ventes. Les
pillages aux frontières, sur les aéroports ou dans les zones
portuaires sont très fréquents. Les hôpitaux, laboratoires,
dispensaires et grossistes constatent des détournements plus ou moins
importants, perpétrés par des salariés peu scrupuleux mais
soucieux d'arrondir leurs fins de mois.
Dans de nombreux pays d'Afrique noire, les médicaments
présents sur le circuit pharmaceutique national représentent la
source principale de réapprovisionnement du marché illicite :
« elle est estimée (en pourcentage du réapprovisionnement
total du secteur
2 Les stocks de médicaments provenant du
circuit formel
16
pharmaceutique informel) à 48% en Côte d'Ivoire,
40% au Niger et 57% au Bénin. Ces produits étant issus du circuit
légal possèdent généralement une autorisation de
mise sur le marché » (Hamel, 2006). Ainsi, un fabricant local peut
écouler des stocks non conformes qui ne correspondent pas aux standards
nationaux
B- Les réseaux externes d'approvisionnements
des médicaments du circuit informel
Ces réseaux se rapprochent manifestement de la
contrebande avec des structures d'organisations qui se mêlent au commerce
des trafiquants (ou commerce non déclaré) de tout genre : il
n'est pas rare par exemple, que des stocks soient saisies et détruites
par les autorités. La grande majorité des médicaments
importés de la sorte ne possèdent pas d'autorisation de mise sur
le marché. (Fassin ,1985 ; Hamel, 2006 et Mattern, 2015). Le gros de la
provenance de ces marchandises est attribué à quelques pays
africains (le Nigeria, le Ghana, la Gambie) et au continent asiatique (Inde,
Chine). Le Nigeria est reconnu comme une plaque tournante du trafic de
médicament dans la zone Afrique, développant des liens
commerciaux avec des fabricants indiens ou chinois. Nous pouvons citer quelques
chiffres : au Bénin une étude réalisée par le
syndicat des pharmaciens sur 351 produits du marché montre que 24,23%
proviennent du Nigeria (Hamel, 2006).
Pour ce qui est du cas du Cameroun, plus de 40% des
médicaments issus du circuit informel viennent du Nigéria. Et le
reste des approvisionnements venant de l'Inde, la Chine, des Dons et de
quelques producteurs locaux (SYNAME, 2014). Cependant ces chiffres peuvent
être très peu significatifs puisque les fabricants mettent parfois
le nom d'un autre fabricant avec la mention « made in England » ou
« made in China » afin de lever les soupçons. Les dons de
médicaments alimentent également ce réseau.
C-Destination des dons de médicaments
Même si les dons de médicaments doivent suivre
le circuit normal pour se retrouver chez les consommateurs, le non-respect des
règles d'acheminement de ces dons en médicaments ; auquel
s'ajoute une insuffisance des contrôles effectués par les
organismes donateurs permettent d'écouler aisément ces produits
sur le marché informel (Darmon, 2006)
Il semble que ce phénomène s'inscrive plus
largement dans un ensemble d'expériences décevantes de la part de
la communauté internationale en matière de dons de
médicaments.
Des comportements pareils ont été
observés un peu partout en Afrique. Pour ce qui est du cas de la ville
de Douala-Cameroun il est récurrent de rencontrer de médicaments
issus de ces voies sur le marché informel.
Schéma 1 : Pyramide représentant le
circuit du médicament dans le marché parallèle
17
Source : Hamel Vincent (2006) ; La vente illicite de
médicaments dans les pays en développement : analyse de
l'émergence d'un itinéraire thérapeutique à part
entière, situé en parallèle du recours classique aux
structures officielles de santé. Thèse doctorat en pharmacie
Le haut de la pyramide représente les réseaux
d'approvisionnement du marché illicite. Puis en se dirigeant vers le bas
de la pyramide on se rapproche progressivement des consommateurs en passant
tout d'abord par les gros vendeurs puis par les petits vendeurs. Ce sont ces
petits vendeurs qui représentent la partie la plus conséquente de
l`offre du marché illicite, symbolisée par la large base de la
pyramide, où s'effectue la plus grande partie des interactions avec la
demande.
2-HETEROGENEITE DES DISTRIBUTEURS ET CONSOMMATEURS
INTERVENANTS SUR LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS
Nombreuses sont les études qui portent sur
l'organisation de la distribution des médicaments via le marché
informel en Afrique. (Sjaack, 1982, 1983, 1987a 1987b) pour le Cameroun ;
(Hamel, 2006) pour les pays en voie de développement en
générale ; (Ouattara, 2009) sur le Sénégal et le
Cameroun ; (Chiarella, 2015) pour Madagascar. (Sogbossi, 2016) sur le Benin.
18
A-Les distributeurs
Les unités de vente de médicament du secteur
informel incluent une diversité impressionnante d'acteurs dont les lieux
et les méthodes de vente sont propres à chacun. Leur nombre ne
peut être évalué (sauf si la région
étudiée est très réduite) tant le médicament
est vulgarisé. Essayons d'aborder la vente illicite de
médicaments du point de vue du circuit de Distribution. On
s'aperçoit que la structure hiérarchique de l'organisation de la
distribution Favorise la répartition à large échelle des
médicaments.
a- La distribution mobile des médicaments du
« marché noir »
La vente ambulante est une pratique très courante au
Cameroun. Les médicaments sont ainsi vendus de manière informelle
par des commerçants réguliers ou irréguliers. De la
même façon que pour la vente fixe, la vente ambulante de
médicament présente différents degrés de
spécialisation qui évoluera en fonction de l'expérience du
vendeur, de la demande à laquelle il sera confronté ainsi que
d'autres mécanismes relationnels complexes reliant les acteurs du
commerce informel.
En milieu urbain comme rural les « vendeurs de
médicaments sur la tête » déambulent dans les
marchés et les quartiers, Ils suivent des circuits plus ou moins
précis leur permettant de se rendre dans un maximum de
localités.
On se rend bien compte ici que l'offre en médicament
du marché informel est considérablement amplifiée par la
pratique de la vente ambulante. « Une enquête réalisée
par la Direction des Pharmacies et du Médicament du Bénin avec le
partenariat de la fondation Pierre Fabre en mars 2003 rapporte que 65% des 600
ménages interrogés recevaient la visite d'un vendeur plus de
trois fois par mois. En Côte d'Ivoire la vente illicite des produits
médicaux atteint un tel stade d'organisation qu'elle s'effectue dans les
véhicules de transports en commun qui rallient Abidjan aux
différentes villes du pays » (Hamel, 2006). Cette observation est
presque identique au Cameroun, puisque des ventes sont faites également
dans les véhicules de transport commun inter et intra urbain. Des
villageois de localités les plus reculés ont également
accès aux médicaments issus de la vente illicite au moins 2 fois
par semaines. Il est à faire la remarque selon laquelle ce segment de
marché néo-institutionnel n'est pas exploité seulement par
les vendeurs ambulants. Même les vendeurs sédentaires y trouvent
leurs comptes.
19
b-La distribution immobile des médicaments sur
le « marché noir »
Les distributeurs du circuit informel sont majoritairement
des hommes. Les niveaux d'instruction des vendeurs sont aussi très
variables ; certaines déclarent que beaucoup d'entre eux
possèdent le niveau secondaire alors que d'autres annoncent un taux
élevé d'analphabètes. L'apprentissage du métier se
fait sur le terrain ou avec les conseils des anciens du métier. Les
grossistes et détaillants rencontrés ici sont installés
dans des boutiques du marché plus aménagées avec un ou
deux ventilateurs, certains vendent seuls, mais d'autres ayants des
employés. Nous avons découvert des structures ayant
jusqu'à 6 employés. A propos du mode de
rémunération de ces employés, aucune bonne information n'a
été dévoilée. Ils disent recevoir en moyenne 1500
FCFA par jour de travail
Nous ne décrivons pas l'ensemble des acteurs de la
distribution informelle mais seulement les grossistes rencontrés au
principal marché d'approvisionnement (marché centrale de Douala).
Les informations ne sont pas disponibles sur les trafiquants importateurs
illégaux de médicaments ou sur les acteurs qui détournent
les stocks.
Il est difficile de donner un profil type des distributeurs
de médicaments sur le circuit informel. On y trouve un brassage culturel
et des populations appartenant à toutes les régions du Cameroun.
On y trouve ceux ayant une formation de niveau supérieure, secondaire,
et primaire.
20
Schéma 2 : Aperçu
général de la circulation informelle des
médicaments
1
Aide internationale
Hôpitaux publics
14
8 9
Secteur public Secteur privé
Niveau international
Niveau national et local
Polycliniques privées
2
15
Vendeurs sur la place et ambulants
10
Individus
11
Acheteurs sur place
18
3
12
13
Pharmacies
5
Marché international
16
Producteurs locaux
6
Grossistes
17
7
4
Source : Kizito Nsarhaza (1997). Au-delà de la
régulation étatique. La gouvernance du marché informel de
la santé : Cas des médicaments au Zaïre
La contrebande (flèches 3 et 4) représente
l'importation clandestine des médicaments sans payer les taxes requises
et subir les control prévus par la loi. Le vente non autorisée
(flèches 8, 10, 12, 13, 14, 15, 17 et18) est le fait des
dépôts pharmaceutiques qui vendent au détail et à
des individus des médicaments. Toutes ventes de médicaments hors
des officines et
21
pharmacies tombent dans cette catégorie.
L'approvisionnement du secteur informel par le biais de la vente normale ou
autorisée (6 et 16). Le vol et le détournement (1, 2, 9 et 11)
des produits de santé des pharmacies d'hôpitaux et des stocks
prévenants de l'aide internationale. La production et la vente de faux
médicaments (5,6 et 7).
B-Une clientèle essentiellement
hétérogène
La consommation des médicaments de la rue est une
fonction croissante ou décroissante de l'âge ? Suivant certains
chercheurs, les consommateurs des médicaments de la rue sont en
majorité des sujets jeunes (Kachi et al. 2011). De plus, Il a
été prouvé que les consommateurs du marché informel
ayant le plus grand niveau de revenu et d'éducation étaient aussi
les plus jeunes. Des résultats ont aussi démontré que les
consommateurs qui ont le plus faible niveau de participation dans les
marchés informels étaient les plus âgés et avaient
le plus faible niveau de revenu et d'éducation (Bastia, 2010, p. 8).
Qu'en est-il du rôle du sexe ?
A ce niveau, les recherches ne font point l'unanimité.
Certains chercheurs sont pour la prédominance des hommes dans la
consommation des médicaments de la rue. « Les consommateurs des
médicaments de la rue sont en majorité des sujets jeunes ;
à prédominance de sexe masculin », (Kachi et al. 2011).
Cependant, d'autres affirment la nette supériorité du pourcentage
de femme dans la consommation de tous types de médicaments confondus.
« Les femmes, peu importe l'année ou la classe de
médicaments, sont de plus grandes consommatrices que les hommes »
(Latrémouille, 2007, p. 39). Ainsi il devient difficile de cerner le
rôle du sexe et le classer comme facteur qui participe ou non à la
formation de l'attitude favorable à la distribution informelle des
médicaments. Également, « les gens les plus fortunés
peuvent bénéficier de l'existence de ces activités
économiques non-taxées et non mesurées » (McCrohan et
Sugrue, 2001).
Plus le consommateur subit des contraintes financières
importantes, plus il a tendance à être influencé par la
consommation des produits bas de gamme ou moins chers et vice versa. En effet,
le consommateur qui a un revenu élevé ne cherche pas les prix bas
lors de la consommation des produits délicats tels que les
médicaments. Les recherches de (kalika, 1982) prouvent ce constat et
montrent que les individus qui cherchent les promotions (les prix bas) sont
généralement des consommateurs à revenu modeste. De
même suivant certaines recherches « La principale raison
évoquée par les utilisateurs des médicaments de la rue
était le faible coût de ces produits (69% des
enquêtés) » (Kachi et al. 2011). De plus ces
22
consommateurs avaient un revenu mensuel de moins de 50 000
FCFA, (environ 77 euros) et n'avaient pas d'assurance maladie (Kachi et al.
2011).
Ces résultats cumulés nous permettent de
déduire que le revenu est en partie responsable de l'adoption de la
distribution informelle chez plusieurs consommateurs.
Dans le cadre de cette analyse les fondements lointains et
contextuels du développement de la distribution illicite des
médicaments ont fait « tache d'huile » a parti de 1948
après la création de l'OMS (Barbereau, 2006). Le
phénomène a été catalysé par la crise des
années 1980, l'opportunisme des commerçants en a joué un
rôle prépondérant pour la fécondité de ce
marché. Il ne faut non plus négliger l'organisation du
système de distribution qui a intégré avec la plus belle
des astuces le système social. L'organisation et plus globalement le
renforcement de l'informel sont donc les conséquences de
l'intégration plutôt réussie de la distribution informelle
dans le marché pharmaceutique. Si certaines ventes illicites plus
visibles sont ouvertement condamnées d'autres moins flagrantes
deviennent tolérées et rentrent dans la « norme ».
23
Tableau 2 : Synthèse de quelques recherches
antérieures
Auteurs
|
Objectifs
|
Méthodologie utilisée
|
Résultats
|
Matern
2015
|
Identifier les circuits de distribution des
médicaments
|
1)Etude qualitative avec des observations participantes, des
entretiens semi -directif 2) cas : marché informel « d'Ambohipo
»
|
1)Existence de lien familiaux fort et jouent un rôle
important dans le mécanisme d'approvisionnement 2)Le rôle
incontournable des dépôts de médicaments dans la
distribution informelle
3)Les vendeurs de médicaments informels sont presque
tous les « Betsi »
|
Wogain g,2010
|
Identifier les liens existants entre l'attitude des individus
à l'égard de l'ordonnance médicale et le lieu
d'acquisition des médicaments
|
1)Etude qualitative avec des observations directes sur site,
entretient avec les vendeurs, acheteurs, et focus- group
2)Cas : marché informel de « gazon »
|
1)Les ruptures régulières de stock en officine,
les prix bas sur le » marché noir », l'étendu du
réseau de distribution justifient le choix de plusieurs consommateurs
2)Il existe des inconditionnels du marché informel 3)Les
professionnels de santé et les délégués
médicaux s'approvisionnent sur le marché informel
|
Soura et al.
(2013)
|
Comparer l'effet du niveau d'instruction et celui du niveau de
vie sur l'utilisation des médicaments de la rue
|
1)Etude quantitative avec de questionnaires pour la
récolte des données 2)Sites Ouagadougou
|
1)L'influence du niveau d'éducation est
supérieure à celle du niveau de vie.
2)Même les non instruits qui sont entourés
d'instruits rejettent les médicaments de la rue.
|
Mba et al.
(2014)
|
Apprécier le niveau de perception du risque des
médicaments contrefaits chez le consommateur
|
1)Etudes quantitative avec 250 questionnaires pour la
récolte de données
2)sites Dschang 3)échantillon de 250 individus
|
1)les usagers des médicaments contrefaits ne
perçoivent pas significativement les dangers pendant l'achat et
après consommation des médicaments de rue
|
Kachi et al.
(2011)
|
Appréhender les facteurs favorisants la consommation des
médicaments de la rue
|
1)Etude quantitative avec de questionnaires pour la
récolte de données
2)Sites commune d'Adjamé (Abidjan)
3)Echantillon de 300 individus
|
1)la pauvrette est un facteur responsable de la consommation des
médicaments de la rue (72 %.). Les consommateurs avaient un revenu
mensuel moyen de 75000 FCFA
2)L'efficacité du réseau de distribution informel
3)L'âge des consommateurs joue un rôle important (les jeunes sont
les plus gros consommateurs du marché informel)
4)Les hommes consomment plus les produits issus du marché
informel que les femmes
|
Ouattar a (2009)
|
Expliquer un fait apparemment contradictoire : le succès
des médicaments de la rue alors que les risques pour la sante sont
très important
|
Analyse hybride : 1)Qualitatif, 25 entretient
semi directifs et des observations flottante. 2)quantitatif avec récolte
des données à travers 255 questionnaires
3)sites Douala et Dakar
|
1)Les consommateurs de médicaments de la rue ne sont
pas satisfaits en générale
2)Ils perçoivent en grande majorité le risque
encouru dans la consommation des médicaments de la rue 3)Les avantages
liés au pris, la disponibilité, la praticité semblent
être des éléments déterminants le choix des
consommateurs.
|
Van Der Geest
(1983)
|
1)Décrire le système de distribution informel des
médicaments au Cameroun
2)Montrer la nature des relations existantes entre commerce
illicite et licite
|
1)Etude qualitative avec des observations
participantes ; des entrevues
2)Etude de cas sur un échantillon de 24 cas
3)Site Ebolowa
|
1)La distribution formelle et informelle des médicaments
sont liées.
2)La consommation des médicaments issus du circuit
informel entraine souvent des déceptions graves, voire des
intoxications.
3)Les avantages liés au prix, la disponibilité, la
praticité semblent être des éléments
déterminants le choix des consommateurs.
|
|
Source : construit par l'auteur
24
Au terme de ce chapitre, il est clair que le
développement du marché informel des médicaments n'est en
rien marginal : aujourd'hui son poids économique est imposant et les
atouts qui le caractérisent (flexibilité externe) renforcent son
emprise. La question essentielle est de savoir pourquoi l'Etat n'intervient pas
afin de faire appliquer la réglementation. La thèse de la
capacité insuffisante de contrôle de l'Etat ne fait que
déplacer le débat puisque celui-ci a bien le droit et les moyens
de réprimer lorsque cela est nécessaire ou de réorganiser
; il s'agit donc bien d'une tolérance étatique faisant intervenir
corruption et clientélisme.
En fin ce premier chapitre nous a permis de recadrer les
fondements à la fois lointains et contextuels de la distribution
informelle des médicaments, son organisation dans un cadre où
interviennent les difficultés économiques, la tolérance
étatique et l'existence de liens très complexes entre le secteur
formel et le secteur informel. Cette pratique a trouvé sa place dans la
société ; elle y est intégrée, subit le pouvoir
politique, et exerce simultanément le sien sur les intervenants dans ce
nouveau marché.
CHAPITRE II :
COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS SUR LE MARCHE DE LA
DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : ESSAI DE
CONCEPTUALISATION D'UNE REALITE
25
La distribution informelle des médicaments au Cameroun
en général et à Douala en particularité est
arrivée à un niveau d'organisation qui cherche
systématiquement à se substituer au secteur officiel en
approvisionnement et en distribution. L'appropriation de la médecine
moderne par des civilisations très inégalitaires sur les revenus
et très disparates sur le plan des conceptions sociales de la maladie
exigent une adaptation minutieuse de l'offre pour laquelle le circuit informel
pourrait avoir trouvé une part de réponse. Pour mieux
appréhender cet aspect, nous présenterons d'abord la distribution
informelle des médicaments comme alternative économique
adéquate pour le consommateur suivi de la théorie de la justice
(section I), ensuite nous analyserons les effets de ces « avantages »
sur le comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments et la théorie néo-institutionnelle (section
II).
SECTION I : UNE ALTERNATIVE ECONOMIQUE ET
SOCIALE « ADEQUATE » POUR LES CONSOMMATEURS
Il est question dans cette section d'étudier le
comportement du consommateur et les déterminants du recours au
marché informel afin de mieux comprendre le succès de celui-ci
auprès du grand public. Pour le faire, nous analyserons dès lors
la perception et l'attitude du consommateur ; et les raisons de l'adoption de
cette activité (problème de justice économique).
1-COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ET ATTITUDE ENVERS LE
MARCHE INFORMEL
Cette sous-section sera consacrée à la
présentation de la notion d'attitude et du comportement d'adoption des
produits ou des objets par le consommateur.
26
A-Notion d'attitude
Les fonctions remplies par les attitudes nous permettent de
comprendre les raisons de leur formation dans l'esprit du consommateur
(D'astous et al. 2006).
Katz (1960) a mis au point une approche fonctionnelle
permettant de justifier 1'utilité des attitudes. Selon cette approche,
il existe quatre fonctions principales des attitudes :
Ø La fonction utilitaire : Les attitudes aident les
gens à fonctionner dans leur environnement.
Ø La fonction d'expression des valeurs : L'attitude
permet à l'individu d'exprimer, aux autres ainsi qu'à
lui-même, les valeurs et les principes qu'il juge primordiaux.
Ø La fonction de protection de l'ego : Les attitudes
peuvent être adoptées afin de protéger l'image que la
personne souhaite projeter. Ainsi, certaines personnes forment des attitudes
positives envers des objets, des personnes ou même envers des
comportements cohérents avec son ego.
Ø La fonction d'organisation des connaissances : Une
attitude correspond à une façon de percevoir le monde, c'est une
sorte de schéma de synthèse de la perception de l'individu sur
différents sujets. C'est une sorte de filtre à travers lequel
l'individu organise sa pensée. Les attitudes permettent ainsi de filtrer
et organiser toutes l'information stockée dans la mémoire de
l'individu et ceci dans le but de la simplifier. Ce qui sera à l'origine
de son comportement.
B-Comportement du consommateur
Plusieurs chercheurs ont travaillé sur la notion de
comportement et les différentes attitudes observés chez les
consommateurs. Suivant Dussart « le comportement du consommateur
représente l'expression des efforts des individus pour satisfaire leurs
besoins et leurs désir centrées sur la consommation ». Des
études ont également été réalisées
sur le comportement du consommateur face à l'achat et l'utilisation de
différents types de biens (Engel, Kollat et Blackwell, 1978 ; Kammoun et
Turki, 2010 ; Basti, 2010).
Dans ce contexte, on trouve selon Basti (2010) trois
modèles explicatifs à la base du comportement du consommateur
face à un bien ou un objet.
Le premier qui traite principalement de la formation
d'attitude chez l'individu. Selon cette vision tridimensionnelle, pour
connaitre l'attitude d'une personne envers un objet, il faut examiner en
même temps les croyances ou connaissances de cette personne à
l'égard de l'objet
27
(la dimension cognitive), ses sentiments envers celui-ci (la
dimension affective) ainsi que les intentions ou comportement s'y rattachant
(la dimension conative). Un second qui traite l'ensemble des actes des
individus directement reliés à l'achat et à l'utilisation
des biens. Ce modèle s'appuie sur les différentes étapes
de l'achat d'un bien. La phase préachat (recherche, collecte et analyse
d'informations) ; l'achat proprement dit (décision et acte d'achat) ; la
phase post-achat (évaluation du bien acheté et de la satisfaction
qu'il procure). Le dernier qui fait une analyse complète du comportement
de l'acheteur. Celui-ci non seulement passe au peigne fin les
différentes étapes d'un achat, il ressort également cinq
différents rôles principaux que peuvent jouer les individus au
cours d'un achat (initiateur, prescripteur, décideur, acheteur, et
consommateur).
Il est à noter que le sentiment, ne se forme jamais,
sans la disposition d'informations en avance, c'est à dire des croyances
concernant l'objet en question et même parfois d'une intention d'achat.
De ce fait, une exploration de l'achat et l'adoption du circuit informel semble
plus important dans notre conteste de travail.
C-Comportement du consommateur et adoption de la
distribution informelle des médicaments
Le comportement du consommateur comme « le processus par
lequel l'individu élabore une réponse à un besoin. Ce
processus combinera des phases surtout cognitives et des phases d'action qui
sont l'achat et la consommation proprement dite » (Kotler, 2006). Le
comportement du consommateur se trouve au coeur de l'étude de la
demande, notamment dès lors que sont considérés les
produits de grande consommation ou de premier nécessité.
De nombreuses études consacrées au comportement
du consommateur cherchent à répertorier les principales variables
qui expliquent les différences observées entre les comportements
individuels. Cette recherche des principales variables qui déterminent
les comportements des consommateurs s'est traduite par l'élaboration
progressive de modèles de comportements de consommateurs.
D'après Chikhi et Benhabib (2007), de nombreuses
variables ont été identifiées comme responsable de
l'adoption des produits ou des objets, certains sont propres au consommateur et
d'autres non. Ceux qui relèvent du consommateur sont de nature socio
démographique comme l'âge, le genre, le niveau d'éducation
et de revenu (Nia et al. 1995) ou de nature psycho-graphique, comme l'estime de
soi (Bloch et al. 1993), le matérialisme (Wee et al., 1995), l'aversion
à l'égard du risque (Wee et al. 1995). D'autres
déterminants
28
concernent directement les attributs du produit, qu'ils soient
intrinsèques comme la qualité perçue (Nia et Zaichkowsky,
2000 ; Wee et al. 1995) ou extrinsèques comme le prix ou la marque (Nia
et Zaichkowsky, 2000). « Les chercheurs se sont
également intéressés au milieu de l'achat et à son
impact sur la propension à acheter des produits au travers de variables
telles que l'implication à l'égard de la catégorie de
produit (Bloch et al. 1993 ; D'Astous et Gargouri, 2001), de la satisfaction
retirée d'achats antérieurs de contrefaçons (Tom et al.,
1998), du lieu d'achat - magasin vs marché - (Bloch et al. 1993 ;
Cordell et al. 1996 ; Tom et al. 1998) et du risque perçu associé
à la catégorie de produit (Cordell et al. 1996) » (Chikhi et
Benhabib,2007).
En effet, comme nous l'avons vu plus haut, le comportement de
consommation peut être différent ou spécifique sur le
circuit informel, ainsi l'attitude du consommateur envers les biens et services
vendus sur les marchés informels pourrait changer ou pas.
2-LES MEDICAMENTS ISSUS DU CIRCUIT INFORMEL : UNE
OFFRE
ECONOMIQUEMENT ALLECHANTE POUR LES MENAGES
Pour certains usagers, il est clair que les
médicaments de la rue sont moins chers et les avantages
économiques associés sont considérables. Mais le
médicament est-il vraiment moins cher dans la rue ?
A- L'automédication : pratique dominante de la
distribution informelle des médicaments
Des études ont mis en évidence qu'en cas de
paludisme, les personnes recourent au secteur privé et informel de
distribution du médicament, ce dernier étant bien souvent
assimilé au privé, situé à proximité de
leurs déplacements quotidiens (Nyato, 2010 ; Djralah et al. 2015).
Cette situation est bien observable dans la plupart des pays
en voie de développement et surtout dans les pays francophones au sud du
Sahara. L'automédication est largement pratiquée dans ces pays et
se produit dans des proportions tout à fait significatives comme le
montre la figure ci-dessous.
29
Tableau 3: modalités d'achat des
médicaments dans les lieux « classiques » de la distribution
pharmaceutique au Bénin
Modes d'achat
|
Pharmacie urbaine
|
Pharmacie rurale
|
Vendeur informel
|
Demande spontanée
|
73%
|
65%
|
70%
|
Ordonnance
|
20%
|
30%
|
10%
|
Demande de conseils
|
7%
|
5%
|
20%
|
|
Source : Baxerres et al. (2016) :
l'automédication en question : un bricolage socialement et
territorialement situé. Colloque internationales et pluridisciplinaire
de Nantes.
On observe que l'automédication est largement
pratiquée quelques soit le lieu de l'achat. Environ 73% des achats en
pharmacie de ville renvoient à l'automédication ; 65% des achats
dans les pharmacies en milieu rural sont également des pratiques
d'automédication ; et enfin 70% des achats du secteur informel ne
passent pas par une prescription médicale (Baxerres, 2016). Nous pouvons
conclure sans risque de nous tromper que l'automédication est une
pratique largement observée en consommation des médicaments ; que
cet achat soit réalisé en milieu formel ou informel. A
présent la question la plus pertinente semble être la raison
principale de cette ruée vers une pratique apparemment irrationnelle.
Pour répondre à cette interrogation, nous
étudierons les dépenses liées à chaque stade du
traitement d'une maladie. De la consultation à l'achat des
médicaments. Cette analyse nous permettra d'apprécier les
coûts liés à chaque étape du processus.
Illustration : Supposons un malade
atteint de fièvre qui se rend dans un centre de santé ou un
hôpital de district. Ce dernier dans la plupart de cas, son processus de
recherche de santé comprend 5 étapes chacune ayant un coût
: à savoir le déplacement, la consultation, l'examen,
hospitalisation et achat des médicaments.
Il faut également noter que les itinéraires
thérapeutiques possibles sont nombreux : le patient peut consulter (un
tradipraticien3, un médecin) ou avoir recours à
l'automédication, le patient peut acheter son médicament dans une
structure autorisée (hôpital, dispensaire, ...) ou non. Une
étude réalisée au Cameroun en 2002 permet d'apporter des
chiffres comparatifs qui sont présentés dans le tableau
suivant.
3 Pratiquant de la médecine traditionnelle
Africaine
30
Tableau 4 : Comparaison des coûts (en
francs CFA), triés par catégories, rattachés à
chacun des itinéraires thérapeutiques d'après une
étude réalisée au Cameroun en 2002)
Types de recours
|
Catégories de coûts
|
Coûts totaux
|
|
Déplacement
|
Hospitali- sation
|
Examen
|
Médicame nts
|
|
896
|
464
|
2154
|
3162
|
9427
|
17060
|
Consultation traditionnelle
|
1675
|
369
|
313
|
469
|
3386
|
6637
|
Automédication moderne
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1079
|
1079
|
Automédication traditionnelle
|
-
|
-
|
-
|
-
|
443
|
443
|
Cout moyen en FCFA
|
312
|
147
|
673
|
961
|
3411
|
5326
|
|
Source : Hamel (2006, p. 23) ; vente illicite des
médicaments de la rue dans les pays en développement.
Thèse doctorat en pharmacie.
Les chiffres présentés sont à titre
purement indicatif. Ils permettent d'apporter un ordre d'idée et des
points de comparaison. Le tableau met en évidence les coûts
liés aux différents itinéraires thérapeutiques en
cas de maladie (de la consultation jusqu'à l'achat des
médicaments).
Une observation plus poussée mérite être
faite sur les coûts épargnés lors du recours au
marché illicite des médicaments. Il apparait que le coût
total du traitement est énorme et cela fait que les ménages
à faibles revenu ont recourt au circuit informel.
Le coût d'opportunité défini ici est
direct. Il découle du temps perdu par le malade lorsqu'il se rend
à l'hôpital. Ou lorsqu'il ira faire le tour des pharmacies
à la recherche des médicaments. Parfois il faut faire le tour de
la ville plusieurs jour s'il y'a rupture de stock. Dans ce contexte se procurer
des médicaments sur le marché informel ne présentera pas
d'inconvénients et reste le moyen répondant efficacement au
besoin du client.
B- L'adaptabilité des prix pour toutes les couches
sociales
D'après Rey (1994) la diversité des prix
observés laisse augurer d'un mode de formation des prix particulier.
L'hypothèse est qu'il incorpore des composantes qui relèvent
d'une rationalité différente de la logique marchande et qu'il ne
résulte pas de la confrontation d'une
31
offre et d'une demande qui reflètent seulement
l'utilité ou la rareté. Cette pluralité des prix
pratiqués est l'une des grandes caractéristiques du secteur
informel en générale.
Au marché central de Douala au lieu-dit « gazon
», certains médicaments vendus étaient 2 à 10 fois
moins chères que ceux rencontrés dans les pharmacies d'officines.
Les consommateurs africains qui ne disposent pas d'un pouvoir d'achat
élevé sont évidemment tentés d'acheter des
médicaments dans la rue qui ont également l'avantage additionnel
d'être vendus au micro détail (Ouattara, 2009).
Tableau 5 : Comparaison des prix de quelques
médicaments vendus à Douala dans la rue et en
pharmacie
Noms du médicament
|
Prix dans la rue en FCFA
|
Base de comparaison
|
Prix dans les pharmacies en FCFA
|
Aspirine
|
200
|
Une plaquette de 6comprimés
|
600
|
Vitamine B complexe
|
5
|
1 comprimé
|
75
|
Paludax
|
400
|
1 plaquette de 6comprimés
|
1200
|
Bactrim
|
15
|
1 comprimé
|
90
|
Multivitamines
|
5
|
1 comprimé
|
91
|
Vermox
|
100
|
1 plaquette de 6 comprimés
|
1225
|
Paracetamol
|
100
|
1 plaquette de 6 comprimés
|
500
|
Maloxine
|
600
|
1 plaquette de 6 comprimés
|
1100
|
|
Source : construit par l'auteur
Le tableau ci-après donne des prix moyens que nous
avions observés durant notre enquête. Ces prix sont variables d'un
vendeur à l'autre sur le marché illicite. Le prix pouvant varier
de plus ou moins 25% par rapport au prix moyen (écart type de 52 pour un
prix moyen de 400).
3-DEVELOPPEMENT DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS : UN PROBLEME DE JUSTICE
L'ensemble des résultats aussi intéressants
soient-il sur la théorie de la justice n'épuise pas le sujet.
S'ils offrent des lignes d'actions pertinentes, ils disent peu de la
manière dont les sujets vivent cette l'expérience. L'objet de
cette recherche est de rendre compte d'une mauvaise opérationnalisation
de la théorie de la justice qui favorise la distribution informelle des
médicaments.
32
A-La théorie de la justice économique
Suivant la pensée de Van Parijs cité par
Harribey (1996) il existe cinq théories de la justice : celles de
Steiner, de Baker, de Marx, de Dworkin et de Rawls. C'est celle de Rawls qui,
se révèle être la plus adaptée à notre
travaille parce qu'elle vise à porter l'allocation universelle au
maximum de ce qui est économiquement possible. « Van Parijs a
essayé d'intégrer la notion d'allocation universelle et
inconditionnelle comme dispositif propre à renforcer le caractère
juste de la société » (Harribey, 1996). Plusieurs auteurs
prônent pour la compensation des inconvénients d'une
inégalité de l'accès aux droits fondamentaux pour
atténuer les inégalités.
Il devient ainsi nécessaire suivant Rawls d'assurer
l'équité entre les individus. Dans notre contexte cette
équité devrait être matérialisée par
l'accès aux médicaments pour tous. L'Etat de providence devrait
entrainer une subvention des médicaments pour que cela soit accessible
à toutes les couches sociales. Nous pouvons dire sans grand risque de
nous tromper que c'est cette absence de justice économique qui favorise
une ruée vers le marché informelle des médicaments.
B-Succès de la distribution informelle des
médicaments : résultat de l'injustice
Même s'il n'existe pas de réel consensus
à ce sujet, l'ensemble des travaux s'accorde à dire que le
marché informel des médicaments représente une alternative
de choix pour les plus pauvres puisque, nous l'avons vu
précédemment ; les médicaments y sont
économiquement plus accessibles. Mais ne nous trompons pas de
débat : aucun résultat d'enquête à notre
connaissance ne signale que le marché illicite soit
réservé aux pauvres.
Plusieurs enquêtes rapportent qu'il existe un processus
hiérarchique entre les différentes alternatives d'accès
aux soins. Au cours de l'épisode morbide, les malades auraient
généralement recours en premier lieu au secteur informel avant de
s'adresser aux structures formelles (Hamel, 2006 ; Sossou, 2012). La
capacité des gens à se rendre ultérieurement dans une
structure formelle dépend des facilités que ces derniers auront
à mobiliser des sommes plus importantes. Les ménages
bénéficiant d'un revenu suffisant ou alors de fonds
communautaires de solidarité pourront plus facilement mobiliser cet
argent. Cette approche conceptuelle du recours au marché
parallèle et de la pauvreté revient à décrire un
lien de dépendance entre ces deux entités.
33
Tout le monde sollicite le marché illicite mais les
plus pauvres représentent la catégorie sociale la plus «
dépendante ». En termes de justice dans l'accessibilité aux
soins et aux médicaments, deux pistes de réflexion s'offrent
à nous : l'accessibilité financière du marché
parallèle permet l'accès aux médicaments (dans la mesure
où les plus pauvres peuvent accéder plus facilement aux
médicaments), ou au contraire, l'acceptation d'un système de
santé à deux vitesses qui réduit les chances pour les plus
pauvres d'accéder à des soins de qualité et aux
médicaments. (Théories développées par les travaux
de Sen, cité par Hamel, 2006).
En somme mettre en évidence la parfaite
adéquation offre-demande sur le secteur de la distribution informelle
des médicaments a été faite à travers la mise en
place par les distributeurs d'une offre alléchante pour les
ménages, suivi d'une excellente intégration sociale de cette
forme de distribution. Dans la suite, nous essaierons de comprendre comment le
consommateur perçoit ces avantages qu'offre le secteur informel de la
distribution des médicaments.
SECTIONII : LE CONSOMMATEUR FACE AUX «
AVANTAGES » OFFERTS PAR LE SYSTEME DE DISTRIBUTION INFORMEL DES
MEDICAMENTS
Cette deuxième partie sera consacrée au
processus d'intégration de la distribution informelle. Ainsi dans cette
partie, nous allons présenter les facteurs induits par le marché
informel des médicaments susceptibles d'influencer le comportement des
consommateurs envers ce dernier et le model conceptuel verra également
le jour.
1-DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS : UNE
INTEGRATION
SOCIALE PARTICULIERE
La vente informelle des médicaments a lieu dans la
rue, au marché, au bureau, et dans les véhicules de transport.
Ces lieux constituent des environnements familiers pour les consommateurs
africains. De plus ces lieux sont parfaitement intégrés dans leur
mode de vie quotidien. L'achat de ces produits est donc facilité par
l'environnement les méthodes de distributions et le lieu de
distribution. La vente des médicaments illicites parait donc bien
adaptée au contexte social des consommateurs africains et sans doute
bien plus que la vente en officines (Jaffre, 1999 ; Ouattara, 2009 ; Mbaho,
2015).
34
A- Une méthode de distribution spécifique :
la vente à l'unité
Il est important de s'intéresser aux modalités
de vente qui agissent directement sur le coût d'achat du
médicament, à savoir la vente à l'unité. Les
vendeurs de rue déconditionnent les blisters de comprimés en
fonction de la quantité exacte que désire acheter le client.
Cette facilité d'achat est un atout de poids ; elle a un effet direct
sur les volumes financiers mobilisés par les ménages. L'achat
correspond exactement aux besoins estimés : le client achètera le
nombre de comprimés qui lui semble nécessaire, les
quantités pouvant être réajustées par la suite. Au
contraire dans les pharmacies et officines les médicaments sont vendus
dans leur emballage d'origine qui contient un nombre déterminé
d'unité de prise. « Le secteur informel, par la faiblesse des
coûts fixes, permet un morcellement des achats ; il répond
à la faiblesse des capacités de paiement ou à une
contrainte de territorialisation des achats dans les situations d'enclavement
spatial » (Rey, 1994).
B-Une stratégie de distribution push
Une stratégie de distribution est dite push lorsque
l'offre pousse le produit vers les consommateurs en se rapprochant de ce
dernier le plus possible. Selon Van Der Geest (1985) le secteur informel de la
distribution des médicaments au Cameroun s'appuie sur 5
catégories de vendeur.
Le groupe le plus important est constitué de
l'ensemble de détenteurs de « magasins traditionnels »
(boutiquier du quartier) qui vendent plusieurs produits utilisés au
quotidien par les ménagères y compris des médicaments. Le
second est constitué des commerçants occupants un espace
commercial dans un marché de la ville pour distribuer des
médicaments et autres variétés de produits. Le
troisième groupe est constitués des vendeurs ambulants qui font
le porte à porte, vont de quartier à quartier et de village
à village pour vendre les médicaments. La quatrième
catégorie est constituée des vendeurs spécialisés
dans la distribution des médicaments. Ils peuvent s'approvisionner
à l'étranger ou sur les réseaux locaux. Il est à
noter que dans cette quatrième catégorie, la vente n'est pas
dénudée de conseils. Ils prodiguent des conseils aux patients et
administrent des injections parfois. La dernière catégorie est
constituée du personnel des institutions légales de santé
donc les uns sont en services et d'autre à la retraite. Ces derniers
généralement ouvrent des points de ventes pour exercer leur
activité.
35
Ainsi l'ensemble de distributeur couvrent tous les lieux de
vente cités plus haut (dans la rue, au marché, au bureau, dans
les véhicules de transports, etc.). Ce mode de distribution parait plus
efficace et permet au client d'acheter les médicaments sans se
déplacer. Il peut se procurer les médicaments à la maison,
au bureau, sur le chemin pour le travail ou sur le chemin de l'école.
C-Distribution informel des médicaments : un
système d'échange reposant sur le social et la
confiance
La solidarité est un élément fondamental
dans les relations interpersonnelles au quotidien en conteste africain. Ainsi
certains distributeurs informels par solidarité viennent au secourt des
nécessiteux. Cela est possible dans la mesure où ils sont
généralement propriétaires gérant de leur
activité.
a-Les possibilités d'offre gratuite de
médicaments aux nécessiteux
« L'hypothèse est alors que ce mode d'allocation
offre plus de souplesse dans les transactions sans perte d'efficacité
économique, cela du fait de son intégration dans des
réseaux familiaux et coutumiers et de l'importante d'adaptabilité
de ses pratiques » (Rey, 1994). L'absence d'une comptabilité
formelle permet aisément des flexibilités de ce genre.
Ces actes sont des initiatives qui trouvent bien leur place
en contexte africain. Contrairement à la distribution formelle ou tout
est formalisé et aucune flexibilité de ce genre n'est permise.
b-Une vente à paiement différé
sans intérêt et sans garantie
Les relations personnalisées qui relèvent de
rapports familiaux ou claniques laissent apparaitre la notion de logique
informelle. Cette logique de distribution peut se définir comme un
principe d'organisation des échanges en plus grande symbiose avec les
usagés. Si toute procédure de coordination et de décision
hors marché relève d'une organisation au sens des «
institutionnalistes » (Menard, 1989), la vente informelle des
médicaments n'échappe pas à cette logique.
Suite à une exploration, une découverte a
été faite sur le phénomène de vente à
crédit des médicaments. Plusieurs clients s'approvisionnaient
auprès du « docta4 » en médicaments
4 Distributeur des médicaments de la rue
36
et réglaient les factures ultérieurement,
certains effectuaient même des règlements mensuels pour le
paiement de leur dette auprès du « docta » lorsque celle-ci
est volumineuse. « Outre la souplesse et la rapidité des
procédures, le morcellement des achats répond à la
faiblesse et à la variabilité des revenus » (Rey, 1994)
Parfois certains malades après des consultations dans
de institutions sanitaires agréés se rendent chez les
distributeurs informels des médicaments à cause de la
flexibilité de paiement, mais également par ce que ce dernier
leur vient en aide lorsqu'ils ont des difficultés financières.
Il ressort des rapports personnalisés qui
caractérisent les échanges informels que la confiance mutuelle
est souvent à la base de la relation dans l'échange informel
(Rey, 1994) outre la réduction des coûts, la solidarité,
évoquées la confiance est au coeur du fonctionnement des
activités informelle en générale et en particulier de la
distribution informelle des médicaments. Cette observation a
été également faite par Charreaux (1990) pour lui, les
transactions informelles reposent sur la confiance qui joue le rôle de la
loi pour garantir le fonctionnement des réseaux dans lesquels
s'organisent les transactions informelles.
Tableau 6 : Quelques clés de comparaison
des systèmes d'échanges
Système d'échange
|
Informel
|
Néo-classique
|
Règle d'organisation
|
Organisation dans la confiance dans le cadre de la relation non
anonyme
|
Organisation par la concurrence dans le cadre de relations
anonymes ou contractualisées
|
Finalité de l'échange
|
Sociale et ou économique
|
Logique univoque de profit
|
Propriété des moyens de production
|
Capital souvent peu important voire inexistant et pouvant
relever des moyens de production d'une
appropriation « circulaire »
|
Appropriation personnalisée de production
|
|
Source : Rey (1994) : Secteur informel et marché :
le cas de la filière halieutique dans le Delta centra du Niger.
2-LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS : UN MODELE
NEO-INSTITUTIONNEL
L'activité de vente ambulante des médicaments
est connue aujourd'hui sous les
appellations pharmacie du poteau, de la rue, du trottoir,
à la sauvette, du panier, illégale,
37
clandestine, (Socpa, 2011, p.288). En effet toutes ces
appellations désignent le marché informel de la distribution des
médicaments. Une activité qui échappe au contrôle de
l'Etat.
A-La théorie néo-institutionnelle
Issue du model structuro fonctionnaliste, des travaux de
Selnick, Commons et Haurions (Rojot, 2004) ; c'est une théorie qui
reconnait que les institutions opèrent dans un environnement contenant
des autres institutions. Toute institution est influencée par un
environnement plus large dont l'objectif principal pour les organisations est
la survie. Pour ce faire, les organisations doivent faire plus que
réussir, elles doivent établir la légitimité au
sein du monde des institutions. Cette perspective complète qu'au lieu
d'agir uniquement selon les règles ou les obligations, les individus
agissent aussi selon leur conviction et leurs expériences
personnelles.
En effet, un modèle d'organisation est un cadre, aussi
implicite qu'explicite, à l'intérieur duquel des choix
organisationnels sont réalisés (Pesqueux, 2011). Le modèle
de la représentation institutionnelle de l'organisation tend à
montrer en quoi les organisations importent une pratique et des
procédures qui deviennent socialement acceptables. La pratique de la
vente informelle de médicaments n'est pas rationnelle mais peut relever
de la culture et du cognitif. Cette pratique est faite sans se poser de
question et finalement devient de plus en plus accepter par la population donc
légitime pour elle.
B-Une dynamique d'institutionnalisation à
l'intérieur de l'organisation
Cette pratique fait ressortir une émergence d'un
réseau complexe de relations entre les acteurs, des actions collectives
liées à l'environnement. La légitimité de cette
pratique fait passer son efficacité au second rang.
Partant d'une construction sociale de la
réalité (Berger et Luckmann, 1992), nous voyons que la vente
informelle de médicament devient une pratique courante, ce qui fait
qu'elle devient « normale » pour le consommateur.
Cette pratique suit un processus d'objectivation d'où
une action sociale au-dessus des individus et de son champ spécifique
d'action. Les questionnements sur son illégalité tendent à
être minorés. Cette pratique est transmise d'une personne à
une autre sans se poser de question. La vente informelle de médicaments
devient une évidence et s'impose de plus en
38
plus comme une règle. Donc la vente informelle de
médicaments acquière de plus en plus une légitimité
sociale et une certaine efficacité rationnelle (Tchamdja, 2011).
En somme le comportement d'adoption de la distribution
informelle des médicaments est influencé par l'organisation
néo-institutionnelle qui a su répondre efficacement aux besoins
des consommateurs.
3-PROPOSITIONS DE RECHERCHE
Comme indiqué par le titre, cette partie aura pour
mission de proposer des réponses provisoires à notre
problème de recherche. De ce fait nous présenterons les
principales propositions de notre recherche et le model conceptuel qui
découlera de ces propositions.
A-Proximité des distributeurs et
capacité à répondre efficacement aux besoins des
consommateurs
Pour appréhender la relation plus
générale qui existe entre les intervenants de l'économie
parallèle (distributeurs et consommateurs), il peut être pertinent
d'explorer le degré de cohésion social existant entre ces deux
parties.
Comme nous l'avons décrit plus haut, les paysans
savent qu'ils pourront acheter des médicaments lors de la visite du
marchand ambulant, les populations rurales et urbaines peuvent effectuer des
achats groupés (médicaments et autres biens de consommation
courants) sur un même lieu. La multitude de points de vente facilite la
distribution et donc l'achat (Van Der Geest, 1982 ; Hamel, 2006).
En outre Les pharmacies formelles qui représentent des
lieux étrangers imposent des démarches complexes méconnues
ou répugnées du grand public dans des lieux de vente peu
familiers. Au contraire le marché parallèle satisfait les clients
dans des espaces que ceux-ci maîtrisent culturellement : la rue, les
marchés, les boutiques sont autant de lieux de vie familiers
fréquentés quotidiennement. « Sur les marchés
illicites, les médicaments sont vendus à bas prix et au
détail, en fonction des besoins immédiats des consommateurs. La
vente a lieu dans la rue qui constitue un environnement familier pour les
consommateurs africains et qui est parfaitement intégré dans leur
vie quotidienne. L'achat de ces produits est donc facilité par
l'environnement et le lieu d'achat » (Outtara, 2009).
Enfin la disponibilité des produits est
également un facteur déterminant pour le choix du consommateur.
Il semble que la fréquence de rupture de stock est plus grande en
pharmacie
39
que sur le marché informel « Mon fils fait des
crises d'épilepsie. Son pédiatre vient de lui prescrire
Rivotril23. J'ai fait le tour des pharmacies en vain. C'est une dame que je ne
connais même pas qui m'a conseillé de venir voir ici. Elle m'a dit
qu'en France ça coûte moins de 3 euros, je ne sais pas à
combien je pourrais l'avoir ». (Adéline, 35 ans,
salariée, Eton)
Nous pouvons penser qu'une proximité des distributeurs
et leur capacité à répondre efficacement aux besoins des
populations contribuent à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Les trois facteurs évoqués
précédemment (l'organisation de la profession,
l'intégration du réseau de distribution au système
sociale, la disponibilité des produits et les prix pratiqués)
peuvent concomitamment jouer un rôle important dans ce processus.
D'où la formulation de notre première proposition de
recherche.
Proposition 1: la proximité des
distributeurs et leur capacité à répondre efficacement aux
besoins des consommateurs justifient l'adoption de la distribution informelle
des médicaments dans la ville de Douala.
Proposition 1a : l'intégration du
réseau de distribution informel des médicaments au système
social justifie son adoption par le consommateur.
Proposition 1b : la disponibilité des
produits et les prix bas pratiqués influencent positivement le
comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments.
Proposition1c : l'organisation de la «
profession » explique l'adoption de la distribution informelle des
médicaments dans la ville de Douala.
B-Croyances des consommateurs
Dans la plupart des cas le vendeur est un proche du
consommateur (le boutiquier du quartier, un commerçant à qui on
achète régulièrement des articles de différentes
natures, ...). Contrairement aux pharmacies formelles qui représentent
des lieux étrangers imposant des démarches complexes et des
règles sociales souvent pas appréciées par plusieurs
consommateurs. Ceux-ci maitrisent et se sentent plus à l'aise dans les
boutiques et marché où ils font régulièrement les
achats « Les vendeurs de rue parlent la même langue que les
villageois et adhèrent aux mêmes représentations de la
santé et des maladies » (Hamel, 2006. p. 39). Les
médicaments de la rue profitent alors de modes de distribution qui
épousent les habitudes et la culture des populations.
Les distributeurs vont à la rencontre du public dans
les espaces ouverts (rues, marchés, carrefours à grande
fréquentation, bus, trains). En plus des rencontres en face à
face avec le
40
public, certains vendeurs du secteur informel au Cameroun
offrent aussi leurs services à travers des consultations par
téléphone (Drescher 2014 et Mbaho 2015).
« Le comportement du consommateur des médicaments
de la rue peut aussi s'expliquer par le fait que certaines populations estiment
que ces médicaments vendus illicitement sont d'une grande
efficacité » (Ouattara, 2009). Il est impossible d'exclure la
notion d'efficacité du débat. Les médicaments de la rue
n'auraient pas de clients si les produits distribués n'avaient aucune
efficacité. Le débat qui peut avoir lieu ici est celui
d'efficacité seulement immédiate ? Ou pérenne ? Il existe
de ce fait une confiance envers ces médicaments issus du marché
informel. En effet les consommateurs croient à l'efficacité et la
performance de ces produits.
Face aux pratiques douteuses et politiques menées par
certaines entreprises, ou certains distributeurs les consommateurs dans leurs
soucis de préserver leur vie boycottent le produit et développent
ainsi des comportements de consommation responsables. Car ces actions peuvent
obliger le producteur ou distributeur en question à améliorer la
qualité de son produit.
Bian et Moutinho (2008), cité par Sogbossi (2016)
souligne que les perceptions des attributs du produits par le consommateur
influencent sa considération ou non envers le produit en question.
D'autres consommateurs pour diverses raisons préfèrent des
produits suspects (Roux et al. 2006, cité par Sogbossi, 2016). Ainsi si
l'individu perçoit le risque faible, il aura tendance à aller
vers les produits douteux.
Pour ce fait il est juste de penser que des comportements
propres aux consommateurs (sa culture, son comportement de consommation)
peuvent être responsable de l'adoption et la consommation des
médicaments issus du circuit informel. D'où la seconde
proposition de notre étude :
Proposition 2 : les facteurs responsables de
l'adoption du mode de distribution informel des médicaments sont propres
aux consommateurs.
Proposition 2a : les comportements de
consommation non responsables favorisent l'adoption et le développement
de la distribution informelle des médicaments.
Proposition 2b : l'adoption de la
distribution informelle des médicaments à un fond culturel.
C-Contexte socio-politico-économiques
« L'économie informelle est une création
de l'État, même si c'est par défaut. Ce sont des choix
politiques qui l'ont engendré, et non une tradition séculaire
pervertie par le développement. Qu'il s'agisse du petit forgeron
sénégalais ou du cacique de la drogue
41
mexicaine, leur informalité est connue, voulue,
instrumentalisée. Ce n'est que dans de très rares cas que
l'argument « technique » (policier, militaire et judiciaire) est
pertinent pour faire valoir la permanence de l'informalité (d'ailleurs,
quand on enjoint aux municipalités de se financer elles-mêmes,
elles trouvent brusquement, de Niamey à Calcutta, le moyen de percevoir
taxes de place et patentes) » (Lautier, 2003). En d'autres termes, les
choix politiques, économiques et le système social sont
responsable de la naissance et du développement du secteur informel.
Parallèlement, la distribution informelle des médicaments peut
être considérer comme une alternative à la mauvaise
politique sanitaire. En effet les choix politiques des autorités en
charge de ce secteur ont créé, alimenté et
développé la distribution informelle des médicaments.
Egalement, Van Der Geest (1982) démontrait, à
la suite d'une recherche menée dans la ville d'Ebolowa au Sud du
Cameroun, le rôle important joué par le secteur informel dans
l'accès aux médicaments. Pour lui, sans l'existence et l'apport
du secteur informel, le système de santé publique ne serait
à mesure de subvenir aux besoins de la population, la demande
étant largement supérieure à l'offre.
Plusieurs autres auteurs ont aussi démontré
comment le développement du secteur informel était la
conséquence inéluctable du mauvais fonctionnement du
système de soins en santé publique dans l'ensemble du Cameroun
(Van Der Geest, 1987a, 1987b ; Hours, 1986 ; Socpa, 1995 ; Wogaing, 2010). Vue
tout ce qui précèdent, nous pouvons dire que la vente illicite
des médicaments est une conséquence des dysfonctionnements du
système de santé et de la politique de distribution camerounaise
en général, et celui de la ville de Douala en particulier.
D'où notre troisième proposition de recherche :
Proposition 3 : l'adoption de la
distribution informelle des médicaments a pour origine le contexte
socio-politico-économique.
Proposition 3a : la fragilité du
tissu économique justifie l'adoption de la distribution informelle des
médicaments.
Proposition 3b : l'adoption de la
distribution informelle des médicaments est une alternative à
l'échec de la politique sanitaire.
Proposition 3c : le niveau d'instruction a
une influence sur l'adoption de la distribution informelle des
médicaments et sa consommation.
D- Mécanismes d'influence des effets induits
par la distribution informelle des médicaments sur le comportement du
consommateur
Le second objectif de cette partie est de mettre en relation
les différents éléments ou facteurs recensé dans la
littérature et sur le terrain qui sont responsable de l'adoption ou non
de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala.
Nos différentes investigations montrent que plusieurs facteurs ont
été identifiés comme responsables de l'adoption de la
distribution informelle des médicaments et sa consommation : la
fragilité du tissu social et économique, l'intégration du
réseau de distribution au système social, l'échec de la
politique sanitaire, les comportements de consommation socialement
irresponsable, le niveau d'instruction, la qualité, disponibilité
des produits, la culture et les prix pratiqués.
À ce groupe de facteurs nous ajoutons un autre
élément susceptible d'influencer l'attitude du consommateur
envers la distribution informelle des médicaments, à savoir :
l'organisation de la « profession ». Il est intéressant
d'introduire ce facteur susceptible d'influencer le comportement des
consommateurs envers la distribution informelle des médicaments. Le
modèle conceptuel sera illustré par la figure ci-dessous
Organisation de la « profession »
Intégration du réseau de distribution au
système social
Proximité des distributeurs et
capacité à répondre efficacement aux besoins
Disponibilité et prix
Comportement de consommation irresponsable
Facteurs culturels
Croyances des consommateurs
Adoption de la
distribution informelle des médicaments et
consommation
Fragilité du tissu économique et social
Contexte socio-politico-économique
Echec de la politique sanitaire
Niveau d'instruction
42
Schéma 3 : Modèle
conceptuel
43
Organisation néo-institutionnelle
Source : construit par l'auteur
En somme, de nombreuses études décrivent le
marché de la distribution informelle comme un marché attractif,
adapté à une demande conséquente. Son succès est
lié à la levée de barrières à l'achat
(consultation, prescription). Elle est également une alternative
économiquement et sociale intéressante pour les ménages :
en effet pour les usagers la vente informelle offre des médicaments
moins chers (Tchitchoua, 2006). Cette croissance de l'activité peut
également s'expliquer par la perception des « avantages »
offerts par ce système de distribution. Des facteurs tels que
l'automédication, la proximité des points de vente, la vente
à l'unité, le pouvoir d'achat du consommateur, l'adaptation
culturelle et sociale de cette activité jouent en faveur du
développement et de la pérennité de la distribution
informelle des médicaments.
44
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Au terme de cette première partie de notre travail, le
marché informel des médicaments apparaît comme une
réalité sociale d'une importance majeure. Vue le nombre
d'intervenant (distributeurs et consommateurs). Une étude de ce fait a
été réalisée à travers la
présentation de la distribution informelle des médicaments, son
origine, et son organisation. Un essai de conceptualisation du comportement des
intervenants sur ce marché a fait également l'objet d'une
curiosité profonde au cours de notre analyse. Ceci à cause de la
place et l'importance de cette pratique qui se déroule dans un
système social en proie à la précarité et
également le rôle de la culture et du niveau d'instruction, ...
Selon d'autres auteurs, la vente informelle est dangereuse
car n'obéit pas à l'usage rationnelle du médicament, cette
vente a plus une logique commerciale ; dénuder de conseils pertinents.
Cette vente favorise l'apparition de résistance au traitement, elle est
source de complications liées aux intoxications médicamenteuses
provoquées par l'abus de consommation de médicaments. C'est une
activité illégale et va à l'encontre de la
réglementation en vigueur.
Certains pensent que ces médicaments sont
incontrôlés, mal conservés et ne sont donc pas de bonne
qualité. Notons le fait que les positions sont nuancées entre les
intérêts de santé publique et les intérêts
économiques ; ces derniers reconnaissent que le système informel
comble le vide laissé par un secteur formel mal organisé dans un
contexte de crise économique.
ETUDE EXPLORATOIRE DU COMPORTEMENT DES HABITANTS DE
DOUALA FACE AUX EFFETS INDUITS PAR LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES MEDICAMENTS
PARTIE II :
45
Le premier traité systématique et complet de
méthode que l'on connaisse est celui de René Descartes, Le
discours de la méthode, paru en 1632. Dans son ouvrage, l'auteur nous
invite à respecter un certain nombre de règles pour s'assurer du
caractère objectif de ce qu'on étudie et surtout, de ce qu'on
élabore à partir de cette étude. Notamment la
défiance des préjugés et des idées «
adventices » (à l'avance, non prouvées) et la non
acceptation d'une idée avant qu'elle ne s'impose avec clarté et
évidence à la raison (Aktouf, 1987). Cette opération est
nécessaire pour la réalisation d'une bonne étude de
terrain. C'est dans cette optique que nous organiserons cette partie du travail
en deux chapitres. L'un portera sur la spécificité du
marché informel des médicaments et méthodologie
d'étude (chapitre III), et le second portera sur l'incidence du
réseau de distribution informel des médicaments sur le
comportement d'adoption des consommateurs de Douala (chapitre IV)
SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DE MEDICAMENTS ET
METHODOLOGIE D'ETUDE
CHAPITRE III :
46
La méthodologie consiste à un bon usage des
méthodes et techniques de recherche. La méthode est
constituée d'un ensemble de règles qui dans le cadre d'une
science donnée sont relativement indépendantes des contenus et
des faits particuliers étudiés en tant que tels. Elle se traduit
sur le terrain par des pratiques concrètes dans la préparation,
l'organisation et la conduite d'une recherche. La méthodologie ressort
toutes les étapes empruntées par le chercheur pour parvenir aux
résultats présentés. Pour montrer comment les effets
induits par le mode de distribution informelle contribuent à l'adoption
des médicaments de la rue et son circuit. Pour le faire, nous
présenterons ce chapitre en deux parties. La première (section I)
présentera la spécificité du marché informel des
médicaments à Douala et la seconde (section II) doit couvrir la
méthodologie de l'étude.
SECTION I : SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DES
MEDICAMENTS
Cette partie sera dédiée à la
présentation des caractéristiques de notre cas d'étude la
ville de Douala et son marché parallèle des médicaments.
Pour le faire, nous présenterons
d'abord les moyens, pratiques de la distribution informelle
des médicaments et la justification de l'étude.
1-MOYENS, PRATIQUES ET PRESENTATION DE LA VILLE DE
DOUALA
Un moyen peut être défini comme une voie qui
permet de résoudre un problème. Ainsi la distribution informelle
pour se rapprochée des consommateurs utilise plusieurs astuces que nous
présenterons.
A- Des moyens de distributions spécifiques.
Des observations faites dans la ville de Douala laissent
apparaitre environ 7 catégories de vendeur avec des méthodes de
ventes différentes. Tout comme Baxerres, (2013) nous avons
découvert : les « vendeurs sur étalage », « les
vendeurs en boutique », « les marchands
47
ambulants », « les vendeuses de bord de voie »,
« les vendeuses à domicile » et enfin les « vendeuses
dans les marchés de quartier ». Des « infirmiers informels de
quartier » participent aussi à la distribution informelle des
médicaments, même s'ils pratiquent également des soins. En
dehors de ces multiples espaces de vente chacune liée à un type
de vendeur précis, nous pouvons également mettre en exergue des
pratiques marketings qu'on y observe.
B- pratiques marketing de la distribution informelle des
médicaments
Il s'agit dans cette partie de mettre en évidence les
pratiques marketings généralement observés sur le circuit
informel des médicaments. Tout comme Hernandez (2013), Badian (2013,
Bilguisou (2014) notre étude montre que le secteur informel sous l'angle
marketing fait ressortir 3 principaux éléments :
Ø L'adaptation des diverses composantes du marketing-mix
à la demande locale.
Ø La parfaite rationalité d'attitude, de
décisions, qui a priori parait illogique voir même surprenant.
Ø La proximité existante entre les pratiques
locales et occidentale qui paraissent pourtant éloignés lorsqu'on
réalise une observation superficielle.
C'est caractéristique de la distribution informelle
des médicaments sont greffée des actions commerciales bien
précises et liées aux différents éléments du
mix. Découverte faite également par Bénas (2010) ;
Bilgissou(2014).
a- La politique de produit
Les médicaments présents sur les marchés
informels sont de diverse qualité. Comme nous l'avons vu
précédemment tout au long de la revue de littérature, les
variétés de produits y sont nombreuses. Certains consommateurs
lorsqu'ils ne trouvent pas les produits recherchés en officine se
ravitaillent sur le marché informel.
Les aspects les plus significatifs de la politique produit
sont : la diversité des produits et des marques de médicaments,
coûts fixes de distribution minimes, bon rapport qualité / prix,
produit d'origine locale et importés. La garantie est souvent
inexistante du fait des caractéristiques des commerçants mobiles,
ou des produits qui peuvent être contrefaits. Les vendeurs accordent des
garanties orales, mais ne sont pas fiables. Ce point représente le point
faible de la distribution informelle des médicaments.
48
b-politique de distribution
Les médicaments ont toujours été
présents sur le marché informel. La vente à
l'étalage, la vente ambulante, la vente en « kioske5
» et autres formes de commerce permettent de mettre le produit à la
disposition des consommateurs. Les médicaments proposés sont
généralement d'origine diverse, la contrefaçon
côtoyant les originaux. La distribution des médicaments sur le
circuit informel se fait à travers plusieurs stratégies : la
recherche d'un lieu de vente adéquat, la faiblesse des investissements
dans les locaux, la minimisation du nombre d'intermédiaire, et la
recherche des clients de façon active.
c-la politique de prix
Les distributeurs informels, de par l'absence de taxes, vont
disposer de prix défiant toute concurrence. Le prix est en effet le
principal avantage des distributeurs informel de médicaments. Il est
difficile, voire impossible pour des pharmacies soumises à toutes les
législations et taxes en vigueur, de concurrencer les prix
pratiqués par les distributeurs informels. Les différents
politiques de prix rencontré ici sont : la fixation des prix
d'après le jeu de l'offre et de la demande ; la fixation des prix par la
négociation entre client et vendeurs, l'utilisation des prix
psychologiques ; les prix de pénétration.
d-La politique de communication
La communication sur le marché informel des
médicaments se fait également de façon
particulière. Le bouche-à-oreille (principal outil de
communication), les recommandations sont des phénomènes
intéressants et extrêmement puissants car crédible selon
les
consommateurs.il y'a
également les interpellations directes des clients potentiel qui
permettent le plus souvent au vendeur d'incliner son offre.
C-Présentation du champ d'étude : la ville
de Douala
Ville portuaire et capital économique du Cameroun, il
s'agit d'un exemple parfait du lieu de développement de la vente
informelle des médicaments. Avec une population d'environ 3,5 million
d'habitants (représentant 11% de la population nationale et 20% de la
population urbaine) et un taux de croissance de 4% environ. Chef-lieu de la
région du littoral et du département du Wouri (Ambara, 2011).
5 Petit local qui permet la vente immobile et
informelle des médicaments
49
La ville est partagée en six arrondissements : Douala 1
(Bonandjo), Douala 2 (Newbell), Douala 3 (Logbaba), Douala 4 (Bonassama),
Douala 5 (Kotto), Douala 6 (Manoka). Douala est l'un des principaux centres
industriels avec l'un des grands ports du pays. L'accès des enfants
à l'école primaire est universel. L'automédication et la
distribution informelle des médicaments s'y développent. La
quasi-totalité des groupes ethniques présents au Cameroun sont
rencontré dans la ville de Douala.
D'après les travaux de Libite et Jazet(2012) elle est
située au fond du Golfe de Guinée entre les 2e et
13e degrés de latitude Nord et les 9e et
16e degrés de longitude Est ; la température moyenne
est de 30 degré et les précipitations y sont abondantes entre
mars et octobre.
Cependant, le Cameroun reste un pays pauvre : selon la
deuxième Enquête Camerounaise auprès des ménages
(ECAM) en 2011. La ville de Douala n'échappe pas à cette
réalité.
En 2011, deux personnes sur cinq (40 %) vivaient en dessous
du seuil de pauvreté. Le taux d'activité de la population
âgée de 15-64 ans était de 66 %. Selon l'ECAM, le taux
d'activité (au sens du BIT) était estimé à 72 %.
D'autre part, le taux de scolarisation (personnes de 6-14 ans) était de
73 % 2011.
Les langues officielles sont le français et l'anglais.
Cependant plusieurs langues locales se courtois sur le territoire. Selon la
carte sanitaire réalisée en 2004, la ville compte actuellement 1
lit pour 442 habitants et 1 médecin pour 5 673 habitants.
En effet toutes les caractéristiques de cette ville
font d'elle un échantillon qui parait plus adapté à notre
travail. Une description ou une présentation des cas d'étude est
nécessaire pour la suite de notre travail.
2-DESCRIPTION DES CAS D'ETUDE ET DIFFICULTES DE
TERRAIN
Nous allons procéder à l'étude de cas
multiples, afin de consolider ou d'infirmer nos propositions de recherche. De
plus, les résultats obtenus (quoique difficiles à mesurer) sont
élaborés à partir de plusieurs variables (en
référence au cadre spécifique de recherche). Il est
à noter que cette étude de cas ne se déroule aucunement
sans difficultés
A-Description des cas d'étude
L'étude de cas permet de formuler une explication.
C'est par l'entremise de l'étude de cas que notre stratégie de
recherche est mise à contribution. Cette stratégie de
recherche
50
permet d'utiliser moins de sujets, mais en cherchant le plus
de données ou d'informations possibles (Deslauriers, 1991).
Avant de passer à une description des cas
d'études, il est important de donner les caractéristiques des
études de cas et parcourir les critères de choix de ces
échantillons.
a-Quelques caractéristiques des études de
cas
Il s'agit dans cette partie de mettre en évidence des
aspects propre à la méthode d'étude de cas. Une bonne
présentation de ces caractéristiques passera par un tableau.
Tableau 7: caractéristiques des
études de cas
Caractéristiques
|
Etudes de cas
|
Nombres de sujets
|
Limité
|
Nombre de variables
|
Etendues
|
Approche
|
Plutôt inductive et constructiviste
|
Force méthodologique
|
Exploratoire, proximité de chercheur, méthodes
plurielles et intégration de facteurs difficiles à mesurer
|
|
Source : Gautier, 2004, p. 172
On constate que l'étude de cas parait être une
méthode plus adaptée à l'étude des
phénomènes complexes. Elle vise les études en profondeurs
et la construction d'une réalité sociale en mobilisant plusieurs
techniques de collecte de données.
b-Critères de choix des cas
d'étude
Dans l'optique d'avoir un échantillon
représentatif de la population de la ville de Douala, plusieurs
critères ont étés retenus pour le choix de
échantillons : le sexe, l'âge, l'ethnie, le niveau d'instruction
et la profession. Ces critères paraissent assez pertinents.
c-Description des différents cas de
l'échantillon
Les cas qui seront présenté sont ceux ayant
permis d'étudier les mécanismes à travers lesquels la
distribution informelle favorise l'adoption du circuit informel
médicaments dans la ville de Douala.
51
Tableau 8 : présentation des cas de
l'étude
Profils des enquêtés Critères de
sélection
|
Consommateurs
|
|
Nombres (20)
|
Pourcentages (%)
|
I-sexe de l'enquêté
|
|
Féminin
|
6
|
|
30
|
Masculin
|
14
|
|
70
|
II-Age de l'enquêté
|
|
22-25
|
4
|
|
20
|
26-29
|
4
|
|
20
|
30-33
|
2
|
|
10
|
34-37
|
3
|
|
15
|
38-40
|
2
|
|
10
|
40-50
|
5
|
|
25
|
III-Activité exercée ou activité
professionnelle de l'enquêté
|
|
Employés Salariés
|
7
|
|
35
|
Etudiants/sans emploi
|
3
|
|
15
|
Employés du secteur informel
|
10
|
|
50
|
IV- ethnies de
l'enquêté
|
|
Bamiléké/Bamoun
|
8
|
|
40
|
Bassa /Sawa
|
5
|
|
25
|
Boulou/Eton/Béti
|
3
|
|
15
|
Soudanais /Peul (Grand nord)
|
4
|
|
20
|
|
Source : construit par l'auteur
Les caractéristiques sociographiques de notre
échantillon sont indiquées au tableau 8 ci-dessous. La variable
genre montre qu'il est constitué de 70% d'hommes et de 30% de femmes.
Les âges des personnes interviewées se situent entre 22 et 50 ans
avec une forte concentration pour les tranches de 22-25 ans et 26-29 ans pour
respectivement 20 et 20%. Les clients appartiennent à plusieurs
catégories socioprofessionnelles (fonctionnaires, attacher de recherche,
cadre du secteur privé, employés du secteur informel, sans
emplois, étudiants, etc.). Ils s'approvisionnent sur les secteurs
informels.
Les consommateurs sont aussi originaires des
différentes régions du pays et sont constitués de
Bamilikés et Bamoun (40%) ; de Bassa et Sawa (25%) ; de Boulou, Eton et
Beti (15%) et des Soudanais et Peuls (20%).
B- Difficultés de terrain liées à
l'étude
La phase exploratoire de notre travail de recherche ne s'est
pas déroulée sans obstacles. C'est ainsi que nous avons fait face
à de nombreuses difficultés sur le terrain pendant la
52
collecte d'information. La difficulté majeure
était la disponibilité des enquêtés et le cadre dans
lequel s'est déroulé les entretiens.
Il est important de noter qu'une première
enquête a été réalisée à travers des
observations régulières. Plusieurs heures par semaine (environ 9
heures) étaient consacrées à l'observation des
intervenants sur le marché informel des médicaments. Ceci durant
plus d'un an. De ce fait les entretiens viennent compléter les
observations réalisées.
La difficulté majeure rencontrée à ce
niveau est celui de la disponibilité des consommateurs. Car plusieurs
trouvaient l'interview longue et généralement abandonnaient
l'interview avant la fin. Il est à noter que les interviews non
achevés n'ont pas été utilisé. Contourner toute ces
difficultés à nécessiter un investissement personnel
important. Ce qui devient plus éprouvant lorsqu'on devient
soi-même un instrument de collecte des données. Cela demande
d'être impliquer émotionnellement et de rester objectif.
D'autres difficultés étaient liées
à l'environnement de travail car les entretiens ont été
interrompus plusieurs fois par : des coups de fils et parfois autres
sollicitations diverses. Toutes ces difficultés ont rendu les entretiens
ou la récolte d'information épuisante puisque nous avions
procédé personnellement à la collecte de
données.
Le choix de la méthode n'a pas été un
exercice facile durant l'étude. A cause de la nature de notre sujet de
recherche ; l'étude d'un fait ayant des emprunts à la fois
économiques, culturelle, politique et social n'est pas du tout
aisé. Il faut mobiliser plusieurs méthodes de récoltes de
données parmi la multitude qui existent. Choisir la méthode
appropriée et les outils de collectes de données adéquates
reste également une tâche compliquée. D'où la
nécessite d'être plus subtil pour répondre de façon
correcte à la question de recherche.
SECTION II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE EXPLORATOIRE
La démarche intellectuelle est une manière de
penser, de raisonner, de progresser vers un but ; et le design de la recherche
est la trame qui permet d'articuler les différents
éléments d'une recherche : problématique,
littérature, données, analyse et résultats (Thietart, 2000
; cité par Etoundi, 2004). De ce fait il devient nécessaire
d'apporter un éclaircissement sur le choix méthodologique de la
recherche.
53
1- JUSTIFICATIF DU CHOIX DE LA METHODOLOGIE QUALITATIVE
ET
DEROULEMENT DE LA RECHERCHE
Cette sous partie aura deux principales missions : donner les
raisons de l'utilisation de l'approche qualitative et décrire le
déroulement de la recherche.
A- Choix de la méthode exploratoire
Suivant Aktouf (1987) il existe plusieurs
méthodologies en sciences sociale marquées par des
différentes approches épistémologiques. C'est ainsi qu'il
distingue : le rationalisme, le matérialisme, l'empirisme et le
fonctionnalisme. Cette approche épistémologique semble
présenter quelques manquements. C'est dans ce sens que Gavard-Perret et
al. (2012) vont distinguer six paradigmes épistémologiques :
à savoir le « positivisme logique, les post positivistes
incluant le réalisme scientifique et le réalisme critique, puis
le constructivisme radical, l'interprétativisme, et le constructivisme
conceptualisé par Guba et Lincoln ». Le chercheur suivant les
spécificités de son sujet de recherche doit choisir la
méthode qui lui semble la plus appropriée. Ainsi selon l'approche
qualitative, le chercheur peut choisir une approche qualitative inductive ou
une approche qualitative déductive. Nous allons dans la suite
présenter l'approche qualitative déductive retenue pour notre
étude ainsi que les limites de cette approche.
a-Présentation de l'approche qualitative
inductive
Un travail de recherche doit pouvoir répondre à
trois questions fondamentales : Quoi ? Pourquoi ? Et comment ? La
première interrogation a déjà trouvé des
éléments de réponse dans la première partie de
notre travail. Il s'agit d'identifier les pratiques, les
caractéristiques et les moyens de la distribution informelle qui
favorisent l'adoption de ce circuit et des médicaments qui y sont issus.
Pour les deux autres questions il s'agit respectivement de
l'intérêt de la recherche et de la méthodologie à
suivre durant l'investigation.
Cette méthode consiste à tenter des
généralisations à partir de cas particuliers. On observe
des caractéristiques précises sur un ou plusieurs individus
(objets) d'une classe et on essaie de démontrer la possibilité de
généraliser ces caractéristiques à l'ensemble de la
classe considérée. C'est la succession observation, analyse,
interprétation, généralisation (Aktouf, 1987).
54
Dans notre étude ; nous souhaitons vérifier si
seulement les effets induits par le mode de distribution informel ont
facilité ou sont à l'origine de l'adoption de la distribution
informelle des médicaments dans la ville de Douala.
L'approche qualitative inductive semble la mieux
indiquée pour apporter des éléments de réponses
à notre question de recherche car elle offre plusieurs avantages : elle
tient compte de la spécificité des phénomènes
étudiés, permet l'obtention de données dans des domaines
où il n'existe pas d'écrits sur le sujet du problème
abordé ; elle étudie aussi les processus et permet une
contextualisation. Elle est également d'une grande flexibilité et
permet une adaptation aux théories nouvelles et innovantes. De plus,
« plusieurs méthodes de collecte du matériau empiriques sont
disponibles au chercheur qualitatif : les entretiens ; l'observation directe ;
l'analyse d'artefacts, de documents et d'autres productions culturelles ;
l'utilisation de matériel visuel ; et l'utilisation de son
expérience personnelle (auto ethnographie). Pour analyser ces
matériaux, il fera aussi appel à différentes
méthodes qui pourront par la suite permettre leur interprétation
» (Royer, 2007).
Pour les partisans de l'approche qualitative, le monde est le
produit d'une construction sociale à laquelle les gens attribuent un
sens. Il est question ici de définir un domaine de recherche et
l'approcher avec une démarche qualitative inductive. L'approche
qualitative vise la construction des théories en créant des
concepts à partir des faits observés.
b-Faiblesses de l'approche qualitative
Malgré les avantages et les vertus de l'approche
qualitative, il est important de remarquer qu'elle présente quelques
limites. La maitrise de ces faiblesses par le chercheur est nécessaire
car elle permettra un meilleur usage de l'approche. Reposant essentiellement
sur les interviews avec les acteurs du phénomène
étudié, la collecte des données peut nécessiter
beaucoup de temps et de ressources. L'interprétation des données
peut être également difficile et discutable. Les méthodes
qualitatives peuvent être sujettes à des biais
d'interprétation et être parfois considéré comme
diffuse car il est difficile de contrôler leurs rythmes, leurs
progrès et leurs points d'aboutissements. L'approche qualitative est
plus difficile et plus longue à mettre en oeuvre à cause des
difficultés d'accès au terrain et des problèmes
diachroniques de l'observation.
Parlant de la recherche qualitative, Glaser et Strauss
expliquent que ses opérations doivent être faites « ensemble
», qu'il faut estomper les frontières habituelles entre la collecte
et l'analyse des données en « fusionnant » ces
opérations du début à la fin de la réalisation
de
55
la recherche. Il faut au-delà préciser que dans
la recherche qualitative, le cadre de la recherche émerge
progressivement des informations recueillies sur le terrain ; cette
démarche permet l'étude des processus, des causalités
récursives et autorise la contextualisation. Le chercheur qui utilise
cette méthode se donne comme mission de repérer les similitudes
et des différences entre les contextes pour donner un sens à
cette situation (Etoudi, 2004).
B-Le déroulement de la recherche : une aventure
spécifique et pleine d'exigences
Tout travail de recherche dans sa réalisation et
précisément une recherche de type qualitative nécessite
l'adoption d'un cadre de recherche rigoureux à travers un mode de
collecte des informations rigoureusement régi par des règles
précises ainsi qu'une méthode d'analyse de données tout
à fait appropriée.
Partant de cette prescription de rigueur nous avons
adopté une attitude de confrontation permanente des données de
terrain à la théorie pour en déceler la
réalité dans la situation faisant l'objet d'étude. La
collecte des données sur les cas d'étude a été
nécessaire pour la réalisation de ce travail.
a-Objectifs de la recherche
Comme nous l'avions dit à l'entame de notre travail,
l'objectif de la recherche est de comprendre un fait social, une pratique, un
comportement à la limite irrationnel (comportement ayant des emprunts
à la fois, socio-politico-économiques et culturels). Ainsi notre
travail s'est fixé trois objectifs durant l'aventure donc il est
important de rappeler :
Ø Etudier l'organisation de la distribution
informelle des médicaments et les « avantages » qu'elle offre
aux consommateurs de Douala.
Ø Comprendre le contexte socio-économiques et
culturels qui ont générés et facilité le
développement de la distribution informelle des médicaments
à Douala.
Ø Mettre en évidence l'ensemble de facteurs
qui concourent ou qui expliques l'adoption de la distribution informelle des
médicaments dans la ville de Douala.
b-Techniques d'échantillonnage
L'élaboration du plan d'échantillonnage
consiste à définir la population cible, sélectionner le
cadre d'échantillonnage et choisir le type et la taille de
l'échantillon.
Plusieurs études statistiques montrent qu'il existe
fondamentalement deux méthodes d'échantillonnages :
l'échantillonnage probabiliste. Cette technique implique un tirage au
sort
56
donnant à chaque élément de la population
étudiée une chance connue et non nulle d'être retenue
(Beaud, 1993, p. 213). Notons également qu'il existe la technique
d'échantillonnage non probabiliste qui présente plusieurs
variantes.
L'échantillonnage non probabiliste qu'en a elle
désigné l'ensemble de techniques selon lesquelles l'ensemble des
éléments d'une population donnée n'ont pas une
probabilité connue d'être sélectionner dans
l'échantillon. Dans ce cas le chercheur se contente de constituer un
échantillon de convenance.
L'échantillonnage non probabiliste ou empirique est un
« échantillon résultant d'un choix raisonné »
(Pires, 1997). Cette sélection des constituants de la population se fait
suivant certaines règles ou critères de choix en fonction des
objectifs et du champ de la recherche. Nous avons retenu cette méthode
pour sélectionner les cas relatifs à notre terrain
d'investigation, à savoir la distribution informelle des
médicaments.
2- L'ENTREVUE COMME TECHNIQUE DE COLLECTE DE DONNEES
ADEQUATE POUR LA STRATEGIE D'ETUDE DE CAS
Les recherches qualitatives en sciences de gestion peuvent
s'organiser autour de quatre stratégies de recherches :
l'expérimentation, l'enquête, l'étude en laboratoire,
l'étude historique et l'étude de cas (Etoudi, 2004). L'entrevue
est une technique de collecte de données qui trouve sa place dans la
méthode de recherche qualitative. Avant de présenter l'entrevue,
nous parlerons en premier lieu de la stratégie de l'étude de
cas.
A- L'étude de cas comme stratégie de
recherche
Pour atteindre un objectif, il faut utiliser une logique
précise. Il s'agit ici de présenter essentiellement la pertinence
et les faiblesses de la technique de recherche utilisée.
a-Pertinence de l'étude cas
La méthode de recherche peut être définie
comme « la procédure logique d'une science, c'est-à-dire
l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le
cheminement de ses démonstrations soit clair, évident et
irréfutable » (Aktouf, 1987). L'étude de cas est ainsi
une enquête empirique qui étudie un phénomène
contemporain dans son contexte de vie réelle, ou les limites entre le
phénomène et le contexte ne sont pas nettement évidentes,
et dans laquelle les sources d'information multiples sont utilisées
(Yin,
57
1994). Toutefois l'étude de cas est une méthode
de recherche ; une méthode largement répandue et utilisée
en sciences sociale et en gestion.
Nous constatons que l'étude de cas s'intéresse
à l'analyse, d'une décision, d'un plan d'action : tels sont les
trois aspects dont nous avons besoin pour intervenir face au problème de
la distribution informelle des médicaments. La méthode de
l'étude de cas permet « une analyse spatiale et temporelle d'un
phénomène complexe par la condition, les évènements
les acteurs et les implications » (Wacheux, 1996) cité par
Socpa, 2011).
L'objectif d'une telle méthode se résume
généralement d'aborder des champs nouveaux, complexes où
des développements théoriques sont faibles, d'analyser un
processus et d'émettre des propositions sur le comment, de mettre en
évidence des causalités récursives de la recherche.
L'objet de l'étude peut être également de fournir une
description, de tester une théorie ou de générer une
théorie.
Une autre participation de définition importante de
l'étude de cas peut être présenter : il s'agit d'une «
description obtenue directement d'une situation managériale à
partir d'interviews, d'archives, d'observations naturelle et autres sources
d'informations construites pour rendre compte du contexte et des contraintes
temporelles dans lesquelles le comportement managérial se déroule
» (Bonoma, 1985). Le cas choisi facilite l'étude et la
compréhension du phénomène étudier. Les cas
sélectionnés permettent des observations, des découvertes
et le suivi à la trace des processus particuliers en étant un
accessoire. Il s'agit-là d'une occasion, un moyen susceptible d'enrichir
l'univers des connaissances.
Ces vertus de l'étude de cas nous permettrons
d'identifier les mécanismes et les moyens utilisés par la
distribution informelle pour faciliter l'adoption de la distribution informelle
des médicaments et les produits issus de ce circuit.
b-Méthode de l'étude de cas : une
technique loin d'être parfaite
Il est à mettre au passif de cette techniques un
certain nombre d'aspects. Nous allons juste aborder les reproches les plus en
vues. Il s'agit du manque d'objectivité et de rigueur, une difficile
généralisation des résultats, une longueur de recueil des
données, une lourdeur des documentations qui en résultent.
A propos du reproche de manque de rigueur et
d'objectivité, on remarque que toute « pensée emporte avec
elle le mensonge ». Il existe des possibilités de biais ou
d'erreurs dans toute étude ou toute expérimentation.
58
« Les critiques sur le manque de rigueur et
l'impossibilité de généraliser sont acceptable. Mais la
rigueur est plus le fait du chercheur que de la méthode et la
généralisation statistique n'est pas l'objectif à
atteindre » (Yin et Wacheux, 1996). On peut également remarquer que
les études de cas sont généralisables aux propositions
théoriques, et non aux populations.
Concernant la longueur du recueil de données qui
mène fréquemment à la construction d'une théorie,
qui en cherchant à capturer la complexité du
phénomène étudier perd ainsi toute perspectives globales
conduisant à une lourdeur des documents qui en résultent. Il faut
savoir qu'il existe plusieurs moyens de réaliser une étude de cas
donc les unes peuvent réduire considérablement cette lourdeur des
documents.
Certains auteurs trouvent que la méthode
d'étude de cas non seulement ne conduit pas à la
généralisation, mais aussi ne privilégie pas le
développement des lois universelles. Elle s'intéresse plus aux
spécificités des phénomènes ce qui est
scientifiquement acceptable. Ainsi son essence est de mettre en doute
l'existence d'une méthode, d'une théorie, d'un discourt ou d'une
tradition pouvant se réclamer d'un droit universel de
vérité ou celle d'une forme privilégiée de
connaissance autoritaire (Richarson, 1994).
Vu tout ce qui précèdent, nous pouvons dire sans
risque de nous tromper que la triangulation de récolte des
données, et autres qualités à son actif font de
l'étude de cas une méthode aux limites largement
réduites.
B-Choix de l'entrevue comme technique de collecte de
données
Le chercheur dans sa quête doit sélectionner les
techniques qui lui permettront de récolter les données donc il a
besoin.
Dans le cadre de notre recherche, la méthode de
l'entrevue en face à face a été l'un des outils à
considérer dans le choix d'une étude de cas. L'entrevue est la
méthode où il est possible, pour l'enquêteur, d'observer
les actes spontanés des répondants, ainsi que leur enthousiasme
(Gauthier, 2004). Elle est structurée et guidée à l'aide
d'un guide d'entretien conçu à cet effet.
Lors du choix d'une technique de collecte des données,
plusieurs critères sont à prendre en considération (le
coût, la précision, le taux de réponse, la souplesse des
réponses, etc.). Toutefois, pour la présente recherche, la
quasi-totalité des critères nous concernent. Un tableau nous
présentera les critères de choix d'une technique de
récolte des données.
59
Tableau 9 : Critères de choix d'une
technique de collecte des données
|
Techniques
|
Critères
|
Entrevue personnelle
|
Entrevue téléphonique
|
Sondage postal
|
Sondage interactif informatisé
|
Coût
|
--
|
+-
|
++
|
+-
|
Rapidité
|
--
|
++
|
+-
|
+
|
Précision
|
++
|
+-
|
--
|
++
|
Quantité de données
produites
|
++
|
|
|
|
Taux de réponse
|
++
|
--
|
+-
|
+
|
Souplesse
|
++
|
+-
|
--
|
+
|
Contrôle de l'échantillon
|
+-
|
--
|
++
|
-
|
Contrôle de l'entrevue
|
++
|
+-
|
--
|
-
|
Contrôle administratif
|
--
|
+-
|
++
|
++
|
Légende: -- : ne s'applique pas + : s'applique
- :s'applique peu ++ : s'applique tout à fait
|
|
Source : Darmon et al. (1996)
Ainsi, afin de collecter les informations nécessaires
et tester les propositions de recherche, il a été
préférable de choisir en dehors de la recherche documentaire et
les observations flottantes la méthode de l'entrevue appuyé par
un guide d'entretien.
Ces entrevues seront effectuées par les entretiens en
face à face avec les répondants faisant partie de
l'échantillon choisis pour l'étude (représentant de toute
la population qui peuple la ville de Douala). Il est à noter que cette
méthode de collecte de données à l'avantage d'être
à la fois souple structurée et capte beaucoup d'informations.
C-Le guide d'entretien comme instrument de collecte des
données.
Les données sont l'ensemble des informations, des
mesures, des observations brutes que le chercheur recueille afin de les traiter
et donner une interpréter. Cette action est celle qui fournira des
éléments de réponses à sa question centrale. Pour
le faire, la technique d'entrevue semi-directif ou entretient centrer a
été retenu dans le cadre de notre travail.
L'entrevue semi directif à cette particularité
de réduire le degré de liberté de l'enquêté.
L'interrogé doit répondre à des questions précises
mais qui resterons tout à fait assez large. Il
60
ne doit pas dévier du cadre de chaque thème
aborder car le rôle de l'enquêteur sera de relancer ou d'orienter
l'enquêter pour que les sujets abordés soient en rapport avec le
thème de discussion ou d'étude. L'objectif ici est de
récolter le plus de données, mais en restant avec l'aide du
questionnaire proche de point évoqué par les propositions de
recherche. Naturellement cet exercice était précédé
d'un guide d'entretien.
D-Construction du guide d'entretien
Le guide d'entretien est constitué de questions
simples à comprendre. Il s'agit d'un des instruments qui permettra de
répondre à la problématique. Ainsi il fait ressortir
l'ensemble des composantes du phénomène ou du thème
étudié. Notons que les thèmes essentiels de la recherche
doivent être abordés avec beaucoup de précision et de
détail. Pour ce fait le guide d'entretien doit s'organiser autour de 3
parties : la partie introductive, le Protocol d'entretien qui regroupe
l'ensemble des thèmes abordés lors de l'entrevue et enfin la
partie consacrée aux éléments de description et
d'identification de l'interviewé.
Pour ce qui est du cas de notre recherche, nous avions
élaboré un guide d'entretien qui s'articulait autour de 4
thèmes. Le choix de ces thèmes vise à repérer les
moyens et les mécanismes à travers lesquels le circuit informel
facilite l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Le
guide d'entretient présenté à l'annexe comprend 4
thèmes de discutions accompagné d'un protocole d'entretien.
Thèmes :
Ø Thème 1 : avis
général sur la distribution informelle des médicaments.
Ø Thème 2 : proximité des
distributeurs et efficacité du circuit informel.
Ø Thème 3 : croyances et
familiarité avec la distribution informelle des médicaments.
Ø Thème 4 : politique sanitaire
vs distribution informelle des médicaments à Douala
Durant les entretiens, un téléphone portable
ayant un enregistreur a été utilisé pour l'enregistrement
de l'intégralité de la discussion. Ceci dans l'objectif
d'éviter des pertes de données. Une entrevue durait en moyenne 30
minutes. Également un bloc note et un crayon ont été
utilisé pour prendre d'autres notes et remarques importantes.
61
3-JUSTIFICATIFS DU TERRAIN D'ETUDE ET ANALYSE
PRELIMINAIRES
Il sera question ici de justifier le choix du terrain
d'étude du comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments et de réaliser une préanalyse qui facilitera
l'analyse des données proprement dite.
A-Terrain d'étude : distribution informelle de
médicaments
Le constat d'une pratique qui trouve sa place sur le plan
social et la prospection documentaire sont à l'origine du choix de notre
terrain de recherche. En effet, les journées du 27 au 29 Mars 2012,
près de 160 tonnes de médicaments ont été
confisquées et incinéré dans 3 villes à savoir
Yaoundé, Douala et Bafoussam. Les télévisions et radios
nationales et même internationales diffusent cette action durant environ
deux semaines. Au même moment au grand marché de Douala et partout
ailleurs sont étalées des tonnes de médicaments d'origine
inconnue dans des locaux mis à disposition du grand public pour
consommation.
L'OMS estime que 60% des cas de contrefaçon concernent
les pays pauvres et 40% les pays industrialisés » (Barbereau,
2006). 15 entreprises membres du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM)
ont connu des pertes au niveau de leurs chiffres d'affaires de l'ordre de
62,008 milliards de francs CFA. Par ailleurs, 850 personnes ont perdu leur
emploi, les recettes fiscales et douanières avaient connu une perte
d'environ 5,058 milliards de francs CFA » (Mba et al. 2014).
Enfin plusieurs auteurs ont travaillés sur la
distribution informelle des médicaments dans les pays en voie de
développement (Van Der Geest, 1982, 1983 ; Fassin, 1985 ; Hamel, 2006;
Ouattara, 2009; Socpa, 2011 ; etc.). Cependant peu d'entre eux à notre
connaissance ce sont intéressés aux mécanismes qu'utilise
ce circuit de distribution pour séduire les consommateurs et facilite
ainsi l'adoption des médicaments de la rue.
B-Première analyse : l'analyse thématique de
contenu
L'analyse de contenu est un ensemble d'instruments
méthodologiques de plus en plus raffinés et en constante
amélioration s'appliquant à des « discours »
extrêmement diversifiés et fondé sur la déduction
ainsi que l'inférence. Il s'agit d'un effort d'interprétation qui
balance entre deux pôles, d'une part, la rigueur de l'objectivité,
et d'autre part, la fécondité de la subjectivité (Bardin,
1977).
62
Une fois les données collectées, il faut les
exploiter dans l'optique de résoudre le problème de recherche.
Suivant les prescriptions de l'approche qualitative, le chercheur doit
s'inscrire dans une rigueur afin d'espérer des résultats de
bonnes qualités. La crédibilité d'un travail de recherche
qualitatif dépend d'ailleurs de la faculté du chercheur à
générer des analyses qui s'appuient sur un formalisme rigoureux,
cohérent et exempt de superficialités (Assoumou, 1999).
Au terme des différents entrevues, nous avons
collecté un grand nombre de données qui demande des traitements
multiples afin d'être plus utiles. Les données éparses
recueillies doivent être retranscrites, organisées et analyser
pour production de meilleurs résultats.
Après la phase de retranscription, nous avons retenu
la technique d'analyse thématique de contenu. Il s'agissait pour ce qui
concerne l'analyse de contenu, de relever dans les discours de chaque
répondant les mots qui revenaient et qui permettaient de renseigner
chaque thématique. (Miles et Huberman, 2003 ; Badian et al, 2013).
L'objectif étant la mise en ordre systématique, objective,
descriptive et quantitatif des données récoltées (les
discours). Ceci afin de faire une interprétation. Ainsi, Aktouf, (1987)
soutient que l'analyse de contenu s'organise autour de 7 principales
étapes :
Ø La lecture répétée des discours
Ø Dégager les catégories ou thèmes
d'après le contenu du discours, l'unité d'information
Ø Classer les avis, les jugements des enquêtes par
thème ou par catégorie
Ø Définir l'unité d'enregistrement (phrase
complète ou tout passage correspondant à un
thème)
Ø Détermination de l'unité de
numérisation
Ø Attribution des coefficients aux avis, jugement, et aux
propos des enquêtés.
Ø Le décompte et la fréquence d'apparition
des propositions des enquêtés
a- La lecture répétée de
différents discours
Dans cette étape de l'analyse, chaque interview a
été lue et relu plusieurs fois (plus de cinq fois) afin de
repérer toutes informations que contient ce dernier. Ceci afin de
ressortir les facteurs propres à la distribution informelle ou non qui
favorisent l'adoption de ce circuit de distribution et des médicaments
de la rue à Douala.
63
b-Le dégagement des thèmes ou des
catégories
En utilisant les crayons de couleurs, nous avons
souligné en même couleurs tous les avis, jugements, propositions,
et déclarations qui renvoyaient au même thème ou à
une même catégorie. Ce travail nous a permis de recenser les
thèmes suivants : la proximité des distributeurs, la
proximité des points de distributions, la disponibilité des
produits recherchés, l'accueil, les prix, attitude et croyance,
satisfaction, mauvaise politique sanitaire et niveau
d'instruction.
c-Unité d'information
Toute phrase, tout passage, ou tout comportement concernant
un thème ou une catégorie a été retenu comme source
d'information.
d-Unité d'enregistrement
Ici, tout passages du texte ou du discourt concernant chaque
thème a été considéré.
e-Unité de numérisation
L'ensemble des discours recueillis auprès des
interviewés constituent l'unité de numérisation.
f-Quantification
Il s'agit dans cette partie de l'analyse d'attribuer des
coefficients aux avis, au jugement
ou au propos des enquêtés. De ce fait, nous avons
retenu comme coefficient :
- Avis/jugement /propos très positifs : coefficient 2
- Avis/jugements/propos moyennement positifs : coefficient 1
- Avis/jugement/propos neutre : coefficient 0
NB : il n'y a pas de propos
négatifs, car il s'agit des points de vue, des opinions sur les
pratiques qui favorisent l'adoption de la distribution
informelle des médicaments (éléments,
pratiques et moyens « positifs » qui justifient le
choix du consommateur).
g-Décompte et fréquence
Il s'agit dans cette partie de classer dans un tableau a
double-entrée thèmes/enquêtés les scores de chaque
enquêté par rapport à chaque thème et de faire la
somme des chiffres ainsi obtenu pour chaque thème. Tous les
thèmes ayant obtenus un score total supérieur à 20 seront
retenus comme éléments ou pratiques qui favorisent l'adoption de
ce circuit de distribution.
64
Tableau 10 : Analyse des entretiens
semi-directifs
Thèmes Enquêtés
|
Proximité des points
de ventes
|
Proximité des vendeurs
|
Disponibilité des
produits recherchés
|
L'accueil
|
Prix
|
Attitude et croyance
|
Niveau d'instruction
|
Satisfaction
|
Mauvaise Politique sanitaire
|
Cas1
|
2
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
0
|
2
|
|
0
|
Cas2
|
0
|
2
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
2
|
|
2
|
Cas3
|
2
|
1
|
0
|
1
|
2
|
1
|
0
|
2
|
|
0
|
Cas4
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
|
2
|
Cas5
|
2
|
1
|
0
|
2
|
2
|
1
|
0
|
2
|
|
2
|
Cas6
|
2
|
0
|
2
|
2
|
0
|
2
|
0
|
2
|
|
2
|
Cas7
|
2
|
2
|
0
|
1
|
2
|
1
|
0
|
2
|
|
2
|
Cas8
|
1
|
0
|
1
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
2
|
Cas9
|
1
|
1
|
2
|
1
|
1
|
2
|
0
|
1
|
|
2
|
Cas10
|
0
|
0
|
2
|
2
|
2
|
0
|
2
|
2
|
|
0
|
Cas11
|
2
|
1
|
0
|
2
|
0
|
2
|
0
|
0
|
|
2
|
Cas12
|
0
|
0
|
2
|
0
|
2
|
2
|
0
|
2
|
|
2
|
Cas13
|
2
|
2
|
2
|
1
|
0
|
1
|
0
|
2
|
|
1
|
Cas14
|
0
|
2
|
0
|
0
|
2
|
0
|
2
|
2
|
|
0
|
Cas15
|
2
|
0
|
1
|
2
|
0
|
1
|
0
|
2
|
|
2
|
Cas16
|
2
|
2
|
2
|
1
|
2
|
0
|
0
|
1
|
|
0
|
Cas17
|
0
|
2
|
0
|
2
|
1
|
2
|
0
|
0
|
|
2
|
Cas18
|
0
|
2
|
2
|
1
|
1
|
0
|
2
|
2
|
|
2
|
Cas19
|
2
|
1
|
0
|
2
|
1
|
1
|
0
|
0
|
|
0
|
Cas20
|
0
|
1
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
|
2
|
Total
|
22
|
20
|
21
|
25
|
21
|
23
|
8
|
30
|
|
28
|
Rang
|
5eme
|
8eme
|
6eme
|
3eme
|
6eme
|
4eme
|
9eme
|
1er
|
|
2eme
|
Nombres d'avis
|
10(++)
|
2(+)
|
7(++)
|
6(+)
|
9(++)
|
3(+)
|
9(++)
|
7(+)
|
8(++)
|
5(+)
|
8(++
)
|
7(+)
|
4(++ )
|
0
|
13(+
+)
|
|
2(+)
|
13(+
+)
|
1(+)
|
% d'avis
|
50
|
10
|
35
|
30
|
45
|
15
|
45
|
35
|
40
|
25
|
40
|
35
|
25
|
0
|
65
|
|
10
|
65
|
5
|
|
65
Légende : ++ : avis/propos/attitude
très positifs ; + : avis/propos/attitude moyennement
positifs
Source : construit par l'auteur
L'analyse de contenu est un excellent instrument pour la
recherche des causes (variables inférées) parti des effets
(indicateurs repérés dans les discours). A la suite du travail
précédemment réalisé, l'interprétation
proprement dite permettant de vérifier et construire un nouveau model en
établissant une adéquation entre la question de recherche et
l'analyse issue de l'exploration du matériaux collectés et
structurée suivant différents thèmes.
Ce chapitre nous a permis d'élaborer une
méthode pour accéder aux données grâce à un
guide d'entretien et des analyses pour répondre aisément à
la question de recherche et ses objectifs. En termes plus simple, nous avons
utilisé une démarche qualitative inductive basée sur
l'analyse de contenue. Les résultats de cette analyse seront
présentés au chapitre qui suit.
INCIDENCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION INFORMEL DES
MEDICAMENTS SUR LE COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS
CHAPITRE IV :
66
Malgré de multiples péripéties
traversées au long de notre aventure, des données ont
été suffisamment récoltées grâce au
dispositif méthodologique. Ce chapitre constitue la phase de sortie de
notre travail de recherche. Ainsi elle doit permettre d'analyser et
d'interpréter les résultats de l'analyse de contenu afin de faire
émerger les effets réellement responsables de l'adoption de la
distribution informelle des médicaments (section I). Ensuite suivront
les implications théoriques et pratiques qui représenteront la
contribution de notre travail de recherche (section II). A cela, nous pourrons
augmenter les limites de notre travail de recherche.
SECTIONI : ANALYSE PROPREMENT DITE DES DONNEES
RECEUILLIES
AUX PRES DES CONSOMMATEURS DE DOUALA
Les consommateurs de la ville de Douala jugent les offres de
médicaments du circuit formel et du circuit informel. Également
ils définissent les priorités dans le processus d'acquisition des
médicaments. Il est question ici de déterminer à partir
d'une analyse de discours les effets responsables de l'adoption de la
distribution informelle des médicaments et de mettre sur pied un
modèle plus adapté à la réalité.
1- EFFETS RESPONSABLES DE L'ADOPTION DE LA
DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS
Plusieurs consommateurs s'approvisionnent en
médicaments sur le circuit informel. Notre enquête portant sur un
échantillon de 20 cas a permis de découvrir 8
éléments qui favorisent l'adoption de la distribution informelle
des médicaments. Par ordre le tableau 10 nous donne : la satisfaction
des consommateurs (1er) ; la mauvaise politique sanitaire
(2eme) ; l'accueil (3eme) ; attitude et croyance des
consommateurs (4eme) ; proximité des points de vente
(5eme) ; les prix compétitifs (6eme) ; la
disponibilité des médicaments recherchés (6eme ex co) et
enfin une réelle proximité des vendeurs (8eme).
67
A-Description de l'échantillon
La description de l'échantillon se fera par le biais de
quatre variables qui sont : le sexe, l'âge, l'activité
professionnelle et le groupe ethnique d'appartenance.
a-Le sexe
Comme déclaré plus haut, nous avons mené
notre enquête sur un échantillon constitué de 20 cas (20
interviewés). Selon leur sexe ils ont été divisés
en deux groupe : les interviewés de sexe masculin et ceux de sexe
féminin.
Le graphique ci-dessous indique le nombre de répondants
par sexe ainsi que le pourcentage représenté par chaque sexe dans
l'échantillon global.
Graphique 1 : Répartition des
interviewés suivant le sexe
repartition des cas d'etude suivant le sexe
homme femme
30%
70%
Source : construit par l'auteur à partir du tableur
EXCEL version 2010
b-L'âge
Lorsque nous prenons les interviews dans leur
globalité, nous remarquons que leur âge moyen est de 35,95 ans
avec un écart type de 7,26. Le plus jeune répondant est
âgé de 23 ans et le plus vieux est âgé de 48 ans. Le
graphique ci-dessous indique le nombre d'interviewés dans chaque groupe
d'âges ainsi que le pourcentage représenté par chaque
groupe dans l'échantillon global.
68
Graphique 2 : Répartition des
interviewés suivant l'âge
repartition des intervivews suivant l'ages
22 25 26 29 39 33 34 37 38 40 41-50
10%
25%
15%
10%
20%
20%
Source : construit par l'auteur à partir d'EXCEL
version 2010
c-Activité professionnelle
Dans un souci de plus de clarté et de simplification,
nous avons regroupé les activités professionnelles en trois : les
employés salariés, les étudiants/sans emploi et en fin les
employés du secteur informel. Le graphique ci-dessous indique le nombre
de répondants dans chaque profession ainsi que le pourcentage
représenté par chaque groupe dans l'échantillon global.
Graphiques 3 : Répartition des
interviewés suivant la profession
repartition des interviwés suivant la
profession
salairié etudiant/sans emploi informel
50%
35%
15%
Source : construit par l'auteur à partir d'EXCEL
version 2010
69
d- Groupe ethnique d'appartenance
Comme il a été indiqué dans le
précédent chapitre, notre échantillon, est composé
de 20 interviewés qui, selon leurs identifications ethniques, ont
été organisés en 4 groupes représentant les
principaux groupes ethniques présents dans la ville de Douala à
savoir : le Bamilékés/Bamoun, les Bassa/Sawa, les
Béti/Boulu/Eton, les Soudanais/Peuls.
Le graphique ci-dessous indique le nombre de
répondants dans chaque groupe ainsi que le pourcentage
représenté par chaque groupe dans l'échantillon global.
Graphique 4 : Répartition des
interviewés suivant le groupe ethnique
repartition des interviwés suivant le groupe
ethnique
Bamiliké/Bamoun Bassa/Sawa Boulou/Beti/Eton
Soudanais/Peul
20%
40%
15%
25%
Source : construit par l'auteur à partir d'EXCEL
version 2010.
En somme une bonne description de l'échantillon
était nécessaire pour la suite de notre travail. Car une telle
activité permettra de mieux comprendre l'interprétation
proprement dite des données.
B-Proximité et efficacité du circuit
informel
Les éléments qui illustrent la présence
de cet aspect sur le marché informel sont : la satisfaction des
consommateurs, l'accueil, la proximité des vendeurs et la
proximité des points de vente.
a-La satisfaction
Cet aspect est représenté dans l'analyse par la
satisfaction des consommateurs. En effet 65% des enquêtés disent
être largement satisfait des approvisionnements réalisés
sur le circuit informel. Et 10% disent être moyennement satisfait de
leurs activités d'achat sur le circuit
70
informel des médicaments. Au total nous avons 75% des
interrogés qui disent être globalement satisfait lors des achats
de médicaments sur le circuit informel. Cet aspect a une moyenne de 1,4
et un écart type de 0,88. L'analyse des discours montre qu'elle est le
1er élément justifiant la distribution informelle des
médicaments. Egalement plusieurs propos permettent d'appuyer les
résultats issus de l'analyse :
« Question qualité, ce sont les mêmes
produits qu'on trouve en pharmacie, moi je suis ce qu'on appelle un
inconditionnel du gazon. Sans ces gars nous serons tous mort je crois. Quel que
soit ce qu'on me prescrit, je viens d'abord les voir, j'oublie même que
les pharmacies existent. J'en suis vraiment satisfait toute fois que je viens
ici, j'y achète tout en dehors des vaccins qui nécessite d'aller
à l'hôpital » (Cas 17, Bamiliké, 40
salariés).
Cet aspect du marché informel des médicaments
n'est pas unique.
b- L'accueil
Il est sans oublier que la qualité de l'accueil est
déterminante pour la satisfaction d'un consommateur. Cet accueil impacte
également sur la suite de la transaction. 45% des interviewés
trouvent que l'accueil est un facteur très important dans la
distribution informel. 35% pensent que l'accueil est moyennement responsable de
l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au total 60%
des enquêtés ont décliné la qualité de
l'accueil comme un des effets propres à la distribution informel qui
justifie l'adoption de ce circuit par les consommateurs. Avec une moyenne de
1,25 et un écart type de 0,78 et le mode est 2 (influence fortement). Il
est suivant l'analyse des discours le 3eme facteur justifiant
l'adoption de la distribution informelle des médicaments.
« Vous remarquez par vous-même qu'ici, le
client est bien traité. Dès que tu arrives, tu ne perds pas ton
temps. Tu es tout de suite servi. Même si tu n'as pas tout l'argent
nécessaire, il te donne pour que tu paies après. À la
pharmacie, qui peut te faire une telle faveur ? Avec ces filles qui font comme
si c'étaient-elles le pharmacien, il y en a même qui te toisent
quand tu leur poses une question » (Cas 6, Bamiléké, 41
ans, salarié).
c-Proximité des vendeurs
Ce point fait allusion à deux aspects importants de la
distribution informelle des médicaments : la proximité culturelle
et sociale des distributeurs.
Suivant l'analyse des données, il s'agit du
8eme élément justificatif de l'adoption de la
distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala. 35% des
interviewés
71
trouvent que la proximité (vendeurs et acheteurs
parlent la même langue et ont la même perception des
réalités sociales) contribue fortement à l'adoption de la
distribution informelle des médicaments. Avec une moyenne de 1 et un
écart type de 0,85 et le mode est zéro (influence neutre).
Également 30% pensent que la proximité des vendeurs contribue
moyennement à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Au total nous constatons que 65% des interviewés
penchent pour la proximité sociale et culturelle des vendeurs comme
facteur propre au circuit informel qui justifie l'adoption de la distribution
informelle des médicaments.
« Avec nos docta du quartier on cause comme des
amis, ils comprennent parfois qu'on a des problèmes financiers et peut
nous accorder du crédit, ce qui est impossible en pharmacie »
(Cas 18, Bakoko 45ans employé de l'informel).
C- Proximité des points de ventes
Il s'agit du 5eme élément
justificatif de l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. C'est l'aspect organisationnel qui est mis en avant ici.
60% des interviewés pensent que la proximité des points de ventes
informels justifie fortement l'abonnement des consommateurs à ce
circuit. 10% pensent que la proximité contribue moyennement ; avec une
moyenne de 1,2 et un écart type de 0,96 il s'agit d'un facteur pouvant
qui contribue à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Au total 70% des interviewés trouvent que la
proximité des points de distribution facilite l'adoption de ce
circuit
« Le docta du quartier n'est pas loin, pas besoin
d'empreinte un taxi, de plus j'ai accès a lui à tout moment
» (Cas13, Bassa, 37ans, salarié).
Il émerge de notre analyse qu'une réelle
proximité à la fois sociale, culturelle et physique de la
distribution informelle des médicaments contribue largement à son
adoption par les consommateurs. Au total 66,66% des enquêtés
révèlent qu'une réelle proximité (social et
physique) et la capacité à répondre efficacement au besoin
des consommateurs font du circuit informelle un moyen
préféré par les consommateurs. A cela vient se greffer les
croyances des consommateurs.
72
D-Attitude et croyance
La sensibilité étant considérée
comme une variable psychologique qui affecte d'abord l'attitude et ensuite le
comportement vis-à-vis de l'adoption de la distribution informelle et la
consommation des médicaments de la rue. Le matériau
récolté sur le terrain et son analyse nous permet de classer
l'attitude et les croyances des consommateurs vis-à-vis de la
distribution informelle comme 4eme éléments
contribuant à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Elle est caractérisée par une moyenne de 1,15
et un écart type de 0,81. Le mode de cette classe est 2 (influence
fortement l'adoption de la distribution informelle des médicaments).
Ces derniers ne trouvent pas dans leur acte d'achat des
comportements de consommation irresponsable, mais plutôt pensent que ce
circuit est mieux adapté à leurs besoins (le circuit formel doit
intégrer beaucoup de pratiques observées exclusivement sur le
circuit informel).
Suivant l'analyse thématique de contenu, 40% des
interviewés ont des prédispositions ou des attitudes fortement
liés à la distribution des médicaments de la rue.
D'où une facile adoption de ce circuit de distribution. Il se trouve que
35% entre eux ont une culture, des pratiques et des modes de vie qui favorisent
moyennement à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Ainsi nous avons au total 85% des enquêtés qui
présentent des critères facilitant l'adoption de la distribution
informelle des médicaments.
« Les médicaments qu'on me conseil ici sont
adaptés à mes besoins, de plus j'ai la possibilité
d'échanger avec les vendeurs sur différentes questions de
santé ; ils me comprennent mieux » (cas 1, Ewondo, 35 ans
salarié).
« Quand je suis malade, je m'assure que j'ai pris
quelque chose. Même si ce sont les paras (parlant des
paracétamols), je me sens beaucoup mieux après. Je ne peux pas
l'expliquer mais c'est comme ça. Ce n'est que si c'est vraiment grave
que j'aille voir le médecin. Il m'arrive de prendre les restes de mes
anciens produits en attendant acheter quelque chose. Surtout lorsque je sens
les mêmes douleurs » cas 16 (Bamilékés, 30 ans,
sans emploi).
E-Le contexte socio-politico-économique
Cette rubrique regroupe l'ensemble de facteurs liés
à l'environnement révéler par les discours et responsables
de la rué vers la distribution informelle des médicaments. Il
s'agit du
73
manque d'emploi, l'absence d'une couverture sociale ; la
mauvaise politique sanitaire et en fin le niveau d'instruction.
a-Fragilité du tissu
économique
Comme nous l'avions démontré plus haut, le
secteur informel est côtoyé majoritairement par les consommateurs
à faible revenu. De ce fait les prix compétitifs proposés
par le secteur informel justifient l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Suivant l'analyse de contenue, 40% des habitants de Douala
déclarent que les prix bas pratiqués par le circuit informel sont
fortement responsables de l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Les habitants ayant un niveau de vie bas sont
obligés de s'approvisionner sur le circuit informel. Il existe une autre
catégorie (25%) qui trouvent que l'aspect prix est moyennement
responsable de l'adoption de la distribution informelle des médicaments.
Le mode est 2 (influence fortement). Cet élément occupe le 6eme
rang dans le classement des effets responsables de l'adoption de la
distribution informelle des médicaments. Au total 65% justifient
l'adoption de la distribution informelle des médicaments par la pratique
des prix concurrentiels.
« Acheter au poteau c'est prendre des risques quand
on ne connaît pas le vendeur. Moi, j'achète chez le même
gars depuis 6 ans. De plus, il vend moins cher qu'en pharmacie. Jusqu'ici
ça va. Mais on ne sait jamais. A la pharmacie on me vend la
Rocéphine 24 à 7400 FCFA alors qu'ici, mon gars me laisse le
même produit à 4500 FCFA » (cas 5,
Bamilékés, 35 ans, employé de l'informel).
« J'ai eu la chance d'avoir un bon boulot qui me
garantit une certaine sécurité pour le moment. Sinon je serais
plus ou moins contraint de faire comme les autres à savoir aller au
poteau. J'ai mes anciens potes de fac qui se cherchent de ce côté.
Avant d'avoir mon job actuel, ce sont eux qui m'aidaient lorsque j'avais un
ordo sous la main » (Cas 2, Bamiléké, 29 ans,
salarié).
En plus du manque d'emploi et des couvertures sociales,
l'analyse des discours a mis en évidence d'autres aspects liés
à notre environnement qui facilite l'adoption de la distribution
informelle des médicaments.
74
b-L'échec de la politique sanitaire
C'est à la lumière de l'analyse du discours que
la politique sanitaire émerge également comme l'un des plus
grands facteurs justifiant l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Il s'agit du 2eme effet qui favorise l'adoption
de la distribution informelle des médicaments. Sur l'ensemble des
personnes enquêtées, 65% déclarent qu'une mauvaise
politique sanitaire a une contribution très forte dans le comportement
d'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au sein du
même échantillon, 5%trouvent que la désorganisation du
secteur sanitaire a une contribution moyennement importante. Le mode est 2
(influence fortement). Ainsi on se trouve au total avec une forte proportion de
70% des habitants de la ville de Douala qui pointe du doigt la mauvaise
politique sanitaire comme responsable de l'adoption de la distribution
informelle des médicaments.
En effet le secteur de sante en général et
celui de l'offre de médicaments en particulier connaissent une mauvaise
organisation qui entraine des pénuries, des prix élevés et
beaucoup d'autres maux qui poussent les consommateurs à fuir le circuit
formel de distribution au profit du circuit informel.
« Mon fils fait des crises d'épilepsie. Son
pédiatre vient de lui prescrire Rivotril 23. J'ai fait le tour des
pharmacies en vain. C'est une dame que je ne connais même pas qui m'a
conseillé de venir voir ici. Elle m'a dit qu'en France ça
coûte moins de 3 euros, je ne sais pas à combien je pourrais
l'avoir » (Cas 4, Eton, 35 ans, salaire).
Suivant notre analyse théorique, le niveau
d'instruction était considéré comme un facteur favorisant
l'adoption de la distribution informelle des médicaments.
c-Le niveau d'instruction
Considéré dans la littérature comme
facteurs contribuant à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments, l'analyse du discours des enquêtés infirme le
rôle attribué à cet élément. En effet
seulement 25% des enquêtés déclarent que le niveau
d'instruction influence le comportement d'adoption de la distribution
informelle des médicaments. Cet élément est sans influence
importante sur le comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Le mode ici est zéro (neutre) c'est dire que ce
facteur n'influence pas le comportement d'adoption de la distribution
informelle des médicaments.
Ainsi la quasi-totalité des éléments
découverts dans la littérature se sont
révélés être effectivement à l'origine de
l'adoption de la distribution informelle des médicaments.
75
2-ILLUSTRATION DU PROCESSUS D'ADOPTION DE LA
DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS
L'analyse des discours nous a permis de mettre en
évidence un certain nombre d'éléments responsables de
l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Dans cette
sous-section, nous allons procéder à une illustration qui
permettra une appréhension plus poussée des résultats
issus du matériau de terrain.
A-Comparaison des résultats théoriques et
empiriques
Le tableau ci-dessous montre bien que l'analyse du discours
relève des éléments annoncés par la
littérature. Cette observation sera faite en réalisant une
comparaison avec la partie théorique développée
précédemment.
76
Tableau 11: Rapprochement entre résultat
des discours et la théorie
Résultat de l'analyse de discours
|
Facteurs correspondants dans la littérature
qui favorisent l'adoption de la distribution informelle
des médicaments
|
« On cause avec le docta du quartier comme des amis
», « pas besoin d'efforts pour le voir, il me comprend facilement
», « ils vendent en fonction de nos besoins », «
c'était mon premier contact avec ces gars de vrais c'était
formidable »
|
-proximité des distributeurs et efficacité
|
« Pas besoin de prendre un taxi pour les achats »,
« ils sont présent partout », ils proposent des
médicaments même à la maison »
|
-proximité des points de ventes
|
« Ils vendent presque tout », « même en
pharmacie vous ne trouverez certains produits vendus ici ». « Ce
produit je les chercher en pharmacie pendant deux jours »
|
-disponibilité des produits recherchés
|
« Les pharmacies vendent cher pour rien » ; «
ici les prix sont accessibles pour tout le monde », « je suis
contraint à cause des prix », « ils proposent des prix
incroyables »
|
-prix compétitifs
|
« Ils sont accueillant », « le client est bien
traiter » ; « ça ne traine pas ici », « regardez
vous-même ils sont rapides »
|
-organisation de la profession
|
« Je les consomme depuis le village », « il me
comprend facilement »(même perception des maladies, des
réalités locales)
|
-problème de culture
|
« Quand je les prends, je me sens à l'aise »,
« je pense que tous ce qu'ils vendent est bien », « sans ces
gars nous serons tous mort », « des conséquences
négative, cela peut arriver même si vous aller en pharmacie
»
|
-irresponsabilité des consommateurs
|
« Le niveau scolaire a quoi à voir avec les
médicaments ? ont trouvent satisfaction ici c'est tout » ; 35% des
interviewés était des salariés qui ont tous bouclé
des études secondaires. 15% des étudiants et
élèves.
|
-niveau d'instruction
|
« Quand j'étais sans emploi je les consommais
», « chacun y trouve son compte », « je n'ai pas beaucoup
de moyens pour aller en
pharmacie », « les prix ici sont à la
portée de tous »
|
-fragilité du tissu social (chômage, absence
d'assurance santé)
|
« Voici deux jours que je fais le tour des pharmacies en
vain », « ces filles des pharmacies qui te toisent », «
elles refusent de répondre même aux questions »
|
-mauvaise politiques sanitaire
|
|
Source : construit par l'auteur
L'étude à la fois théorique et empirique
a permis de mettre en exergue les effets induits par le mode de distribution
informel des médicaments qui contribuent ou qui facilites l'adoption de
ce mode de distribution par les consommateurs de la ville de Douala. Nous
77
constatons que l'élément niveau d'instruction
évoquée dans la littérature n'apparait pas sur le terrain.
Partant de cet aspect nous réaliserons un nouveau modèle plus
proche de la réalité.
Schéma 4 : Nouveau modèle du
comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments
Fragilité du tissu
socio-économique
Mauvaise politique sanitaire
Organisation de la « profession »
Facteurs culturels
Disponibilité et prix
Irresponsabilité des
consommateurs
Organisatin de la
Intégration du réseau de distribution
au système social
Proximités des points de ventes et accueil
Réelle proximité des distributeurs et
leur efficacité
Contexte socio- politico- économique
Croyances des consommateurs
Adoption de la distribution informelle
des médicaments
Source : construit par l'auteur
78
B-Conclusion de l'étude de terrain
Cette partie a pour mission de mettre à la disposition
du lecteur potentiel les résultats issus de l'étude de terrain.
Nous présenterons les effets liés ou non à la distribution
informelle qui facilite son adoption par le consommateur.
L'étude exploratoire de l'adoption de la distribution
informelle des médicaments a permis de relever de nombreux aspects. Il
se trouve que le circuit de distribution informelle à trouver la plus
belle des méthodes pour répondre à une demande
grandissante et non satisfaite par le circuit formel.
En effet l'étude exploratoire montre qu'une
réelle proximité des distributeurs et leur efficacité, la
proximité des points de vente, la disponibilité des produits
recherchés, les attitudes et croyances des consommateurs envers le
marché informel et le contexte socio-politico-économique sont des
éléments ou des facteurs qui favorisent l'adoption de la
distribution informelle des médicaments.
Tout ceci a été mis en exergue à travers
la révélation par les interviewés d'une meilleure
organisation de la distribution informelle des médicaments, une
intégration au tissus social réussie, la disponibilité des
produits et la pratiques des prix hautement concurrentiels.
Le facteur culturel joue un rôle non négligeable
; l'irresponsabilité des consommateurs envers les possibilités de
risques que présentent ce circuit, le chômage, l'absence de
couverture sociale de sante et l'échec des politiques sanitaires sont
entre autres l'ensemble de facteurs qui de près ou de loin facilitent
l'adoption de la distribution informelle des médicaments.
La distribution informelle des médicaments a
trouvé la plus belle des méthodes pour pallier au manque de la
distribution formelle. Cela lui permet de se pérenniser dans le temps et
dans l'espace.
Il est important de mentionner que tous les résultats
ont été obtenus a parti d'un échantillon ou d'un groupe
d'individu. D'où la nécessité d'étendre ces
résultats à l'ensemble des habitants de la ville de Douala.
79
SECTIONII : ADOPTION OU REJET DE LA DISTRIBUTION
INFORMELLE DES
MEDICAMENTS A DOUALA
Cette sous-section aura pour mission de viser la
généralisation des résultats issus de l'étude
empirique. Nous proposons dans cette partie deux aspects fondamentaux :
discuter les résultats obtenus sur le terrain et les contributions du
travail de recherche.
1- DISCUSSION DES RESULTATS DE L'EXPLORATION
Comme il a été souligné
précédemment, peu d'études ont traité le
problème d'adoption de la distribution informelle des médicaments
du point de vue du consommateur. En effet, la revue de littérature et
les études empiriques nous ont permis de trouver à partir d'un
échantillon quelques facteurs qui contribuent à l'adoption de la
distribution informelle des médicaments. Il s'agit de : une
réelle proximité des distributeurs et leurs capacités
à répondre efficacement aux besoins, la proximité des
points de ventes et l'accueil ; les croyances des consommateurs et le contexte
socio-politico-économique.
A-Réelle proximité des distributeurs et
réponse efficace aux besoins
Comme nous l'avions dit plus haut la discussion des
résultats issus du terrain est nécessaire pour dégager la
contribution de la recherche. Cette partie discutera des résultats de
terrain portant sur l'organisation de la « profession »,
l'intégration au système social, la disponibilité des
médicaments sur le circuit informel et les prix pratiqués.
a-Organisation de la distribution informelle des
médicaments
Les résultats concernant l'organisation de la «
profession » ou organisation de la distribution informelle des
médicaments est une nouveauté. Selon ces résultats, une
excellente organisation de la distribution informelle des médicaments
contribue à l'adoption de cette activité. Ce résultat
s'explique par le fait que les marchés informels des médicaments
disposent d'un réseau de distribution fortement implanté
même dans les villages les plus reculés, l'accueil et la
rapidité lors des transactions est également un aspect
apprécié par les consommateurs. Cela pousse certains
consommateurs à adopter ce circuit de distribution. Cette organisation
est également palliative des ruptures de stock
généralement rencontrés sur le circuit formel. En effet,
la disponibilité des produits, la proximité des points de
80
distributions, la rapidité du service et la
qualité de l'accueil sont importants pour le consommateur lors du choix
et l'adoption d'un circuit d'approvisionnement.
b-Intégration du réseau de distribution
au système social
L'aspect concernant l'intégration du réseau de
distribution informelle des médicaments au système sociale
concorde avec les résultats de Mbaho (2015). Selon ce résultat,
l'adoption de la distribution informelle des médicaments a
été facilitée par l'insertion du système de
distribution au système d'organisation sociale. Ce résultat
s'explique par le fait que les distributeurs informels tiennent compte du
brassage linguistique, des comportements sociaux et des situations de
communication. Ce qui pousse certains consommateurs, à adopter ce
circuit pour les différents approvisionnements en médicaments. En
effet, l'adaptation du circuit de distribution aux réalités
locales est une véritable source d'adoption du circuit de distribution
informel.
c-Disponibilité et prix
Parlant de la disponibilité des médicaments et
des prix compétitifs, le résultat concernant l'influence de ces
deux aspects sur le comportement d'adoption du circuit de distribution informel
a été mis en exergue par plusieurs chercheurs. Nos
résultats pour ce qui est du prix vont dans le même sens avec ceux
de Fassin (1992), Ouattara (2009), Wogain (2010), Soura (2013). La
disponibilité des produits ou la faible fréquence de rupture de
stocks que nous avions mis en évidence a été
révélée également dans le passé par Van Der
Gesst (1983), Mahamé (2015). Selon ce résultat, le choix du
circuit informel est facilité par la pratique des prix
compétitifs, et la disponibilité des médicaments. Ce
résultat s'explique par le fait que les marchés informels
proposent des médicaments moins chers que les marchés
légaux, ce qui pousse certains consommateurs, sensibles au prix,
à acheter ce genre de produits. La disponibilité des
variétés recherchées de médicaments encourage
également les consommateurs de s'y orienter en cas de besoin. En effet,
la différence de prix et la disponibilité des produits sont des
facteurs important incitants à l'achat et l'adoption du circuit informel
des médicaments.
B- Proximité des points de ventes
Il s'agit du 5eme élément justificatif de
l'adoption de la distribution informelle des médicaments. C'est l'aspect
organisationnel qui est mis en avant ici. 60% des interviewés
81
pensent que la proximité des points de ventes informels
justifie fortement l'abonnement des consommateurs à ce circuit. 10%
pensent que la proximité contribue moyennement (pas besoin d'emprunter
un taxi pour acheter ses médicaments, car on les trouve partout). Avec
une moyenne de 1,2 et un écart type de 0,96 il s'agit d'un facteur
pouvant également contribuer à l'adoption de la distribution
informelle des médicaments. Au total 70% des interviewés trouvent
que la proximité des points de distribution facilite l'adoption de ce
circuit « le docta du quartier n'est pas loin, pas besoin d'emprunter un
taxi, de plus j'ai accès à lui à tout moment »
(cas13, Bassa, 37 ans, salarié)
Il émerge de notre analyse qu'une réelle
proximité à la fois sociale, culturelle et physique de la
distribution informelle des médicaments contribue largement à son
adoption par les consommateurs. Au total 66,66% des enquêtés
révèlent qu'une réelle proximité (social et
physique) et la capacité à répondre efficacement au besoin
des consommateurs font du circuit informelle un moyen
préféré par les consommateurs. A cela vient se greffer les
croyances des consommateurs.
C-Les croyances des consommateurs
Les croyances renvoient à certaines opinions,
pensées ayant un caractère de conviction chez un individu. Dans
le cadre de ce travail deux aspects des croyances nous permettront de discuter
les résultats de terrain : le facteur culturel et la
responsabilité des consommateurs.
a-Le facteur culturel
Le résultat concernant le rôle de la culture
dans le comportement d'adoption de la distribution informelle des
médicaments est en droite ligne avec ceux de Ouattara (2009) et Mbaho
(2015). Ce résultat montre que l'adoption de la distribution informelle
a un fond culturel. Ce résultat s'explique par le fait que les
marchés informels intègrent plusieurs aspects ignorés par
le circuit formel. Les langues locales, les perceptions des
réalités locales, les spécificités locales sont
prises en compte par le circuit informel. Cela pousse certains consommateurs
à s'abonner au circuit informel pour l'achat et la consommation des
médicaments. En effet, l'intégration des
spécificités locales dans le circuit de distribution est un
facteur important incitant à l'adoption du circuit de distribution.
82
b-L' irresponsabilité des
consommateurs
Acceptant l'irresponsabilité des consommateurs comme
facteur d'adoption de la distribution informelle des médicaments, cela
constitue une nouveauté apportée par cette étude. Selon ce
résultat, l'adoption de la distribution informelle des
médicaments peut dépendre de l'irresponsabilité du
consommateur. En effet les consommateurs socialement responsables boycottent
les achats ou abandonnent les circuits d'approvisionnement à haut
risque.
L'étude mais en évidence des individus qui
refusent de s'intéresser aux conséquences liées à
leur décision de s'approvisionner sur le marché informel. Selon
eux le circuit informel présente des risques également
présents sur le circuit formel. Pas besoin de s'intéresser aux
conséquences néfastes du fonctionnement du marché
informel.
D-Contexte socio-politico-économique
En plaçant la ville de Douala au coeur de ses
caractéristiques, la fragilité du tissu économique et la
mauvaise politique sanitaire permettent de discuter du résultat de
recherche
a-Fragilité du tissu économique et
social
Pour ce qui est de la fragilité du tissu social et
économique, cet aspect a une influence grande sur le comportement
d'adoption du circuit informel de distribution des médicaments. Les
résultats de plusieurs recherches dans le passé ont prouvé
cela : Commeyras et al. (2006), Kachi et al. (2011). Selon ce résultat,
l'adoption de la distribution informelle des médicaments est le
résultat du chômage, d'une absence d'assurance santé, voire
de la détérioration du pouvoir d'achats.
Ce résultat s'explique par le fait que les
distributeurs informels proposent des médicaments sans consultation
payante, le coût d'acquisition des médicaments sur le circuit
informel est relativement faible ce qui pousse certains consommateurs, a niveau
de vie faible, sans pouvoir d'achat à s'abonner sur ces circuits qui
restent pour eux l'unique moyen d'avoir accès aux médicaments. En
effet, la fragilité du tissu économique est un facteur obligeant
les plus pauvres à adopter le circuit informel comme seule moyen
d'acquisition des médicaments.
b- L'échec des politiques sanitaires
Cette mise en évidence du rôle
déterminant d'une mauvaise politique sanitaire comme facteur responsable
de l'adoption de la distribution informelle des médicaments a
longtemps
83
été martelé par plusieurs
résultats de recherche. Nos résultats concordent avec ceux de Van
Der Geest (1983), Fassin (1986), Barberreau (2006) et Wogaing (2010). Selon ces
résultats, l'adoption de la distribution informelle des
médicaments est une conséquence de l'absence d'une politique
sanitaire efficace.
Ce résultat s'explique par le fait que les
distributeurs informels proposent des médicaments qui sont souvent
absent sur le circuit formel, la fréquence de rupture de stock est
faible sur le circuit informel comparativement à celle observée
dans les pharmacies et officines. Ce qui pousse certains consommateurs,
à se retourner vers le circuit informel pour les différents
approvisionnements. En effet, le manque d'efficacité du circuit formel,
son incapacité à répondre au besoin, à une demande
de plus en plus grandissante (Van Der Geest, 1983) a poussé certains
consommateurs à prospecter le marché informel à la
recherche des médicaments. La satisfaction trouvée sur le circuit
informel à entrainer son adoption par ces consommateurs.
2- CONTRIBUTION ET LIMITES DE RECHERCHE
Il est question dans cette partie de présenter tel
qu'il ressort de nos entretiens et son analyse les éléments
responsables de l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Ainsi cette étude présente des vertus et en
même temps des limites.
A-Implications de l'étude
Il s'agit dans cette partie de présenter la relation
logique existant entre l'étude et les avancées dans le domaine.
De ce fait, les implications peuvent être d'ordre théoriques et
pratiques.
a-Implications théoriques
Tout d'abord, rappelons que cette étude traite le
problème de l'adoption de la distribution informelle des
médicaments du point de vue des consommateurs. En effet, contrairement
aux autres études qui se sont intéressées à la
contrefaçon, comportement de consommation des médicaments, aux
facteurs explicatifs de la consommation de médicaments de la rue ; cette
étude permet de mettre en évidence les effets induits par le mode
de distribution informel, les éléments propres au consommateur et
à son environnement
84
qui favorisent l'adoption de la distribution informelle des
médicaments par certains consommateurs.
Ainsi mis à part, « l'intégration de la
distribution au système social », « disponibilité des
produits et pris bas », « la culture », « le tissus
économique et social », et la « mauvaise politique sanitaire
» qui ont été déjà décelé par
plusieurs auteurs (Van Der Geest, 1983 et 1986 ; Fassin 1987 ; Ouattara, 2009 ;
Mattern, 2015 ; Mahamé, 2015 ; Mbaho, 2015) comme étant des
facteurs ou éléments justifiants le choix et l'adoption du
circuit informel par certains consommateurs. L'élément «
irresponsabilité des consommateurs » est un nouvel
élément justificatif du choix ou de l'adoption de la distribution
informelle des médicaments. Il est à noter que ce facteur est
propre aux consommateurs.
Une autre implication théorique de la présente
étude, est « l'organisation de la distribution informelle des
médicaments » cette organisation de la « profession » est
à l'origine de la proximité des points de ventes et influence
positivement le comportement d'adoption du circuit informel des
médicaments. Ainsi, cette étude nous a permis de trouver un
nouvel élément induit par le mode de distribution informelle qui
favorise l'adoption de ce circuit.
b-Implications d'ordre pratiques
Il est important de rappeler que cette étude explore
un domaine qui une fois bien organisé et mieux structuré
entrainera une amélioration du bien-être des consommateurs de la
classe la plus l'aisée de la société. Ainsi pour
améliorer ou favoriser l'accessibilité des médicaments de
qualités pour toute les couches sociales, plusieurs possibilités
existent à la fois aux consommateurs et aux pouvoirs publics :
Ø Mise sur pied des mouvements consuméristes :
ces mouvements auront pour vocation de faire respecter certains droits des
consommateurs ou des citoyens. Dans ce cas, l'accès aux
médicaments de bonne qualité est un droit pour tout citoyens de
la ville de Douala.
Ø Une réduction importante des frais de
consultation peut jouer en faveur des consommateurs qui s'abonnent au circuit
informel. Car plusieurs trouvent que les frais de consultations sont
énormes et les médecins ne sont généralement pas
disposés à les écouter.
Ø D'autres mesures peuvent consister à
accroitre les points de ventes formelles des médicaments et
réduire les prix appliqués sur le circuit formel.
Ø
85
Une formation des distributeurs informels, une veille
systématique de l'application effective des mesures de sanctions
relatives aux ventes des médicaments par les « aventuriers »
pourrait améliorer le quotidien des habitants de Douala en
qualité d'accès aux médicaments.
Le circuit informel est d'une importance qui rend sa
disparition difficile voire même utopique. D'où la
nécessité pour les pouvoirs publiques de plutôt encadrer ce
secteur et l'intégrer dans le circuit formel de distribution.
B-Limites de recherche
Durant la réalisation de cette étude, nous
avons rencontré deux principaux types de limites : les limites d'ordre
théorique et ceux d'ordres méthodologiques.
a-Limites d'ordre théoriques
Tout d'abord, il convient de rappeler ici que nous n'avions
pas accès à toute la littérature existante sur le domaine
d'étude. De ce fait, les variables de notre cadre conceptuel
abordées au niveau de la revue de littérature se sont
limitées à la documentation que nous disposons. Ainsi, il est
possible que d'autres variables pouvant contribués à l'adoption
de la distribution informelle des médicaments aient été
négligées.
b-Limites d'ordre méthodologique
Une deuxième limite, d'ordre méthodologique,
nous avions adopté une approche qualitative de recherche. Cette approche
étant caractérisée par la production des modèles et
des résultats contextuels, la nécessité de la
compléter avec une étude quantitative s'impose. En effet la
validation de notre model nécessite l'intervention de l'approche
quantitative dans le but de mesurer les variables retenues qui ont permis la
mise sur pied du model
Au regard de tout ce qui précède l'adoption de
la distribution informelle des médicaments par certains consommateurs de
la ville de Douala a été facilitée à la fois par
les effets induits par le mode de distribution informel, des facteurs propres
au consommateur et un ensemble d'effets liés à
l'environnement.
86
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Au cours de cette deuxième partie de notre recherche,
nous nous sommes intéressés à l'étude pratique du
comportement des habitants de Douala face aux effets induits par la
distribution informelle des médicaments. Ce travail a été
fait à travers l'étude de la spécificité du
marché informel de médicaments et une présentation de la
méthodologie qualitative mobilisée pour la recherche. Cela nous a
permis de présenter l'exploration faite sur les particularités du
marché informel des médicaments et la démarche
méthodologique.
L'étude de l'incidence du réseau de
distribution informel des médicaments sur le comportement des
consommateurs a bénéficié également d'une
curiosité profonde. Ceci à travers l'étude de l'analyse
thématique proprement dite des données recueillies aux
près des consommateurs de Douala suivi de l'analyse de l'adoption ou du
rejet de la distribution informelle des médicaments à Douala.
Selon les résultats de l'étude de terrain
l'adoption de la distribution informelle des médicaments résulte
des effets à la fois induit par le circuit de distribution informel,
propres aux consommateurs et également des facteurs appartenant à
l'environnement social, politique et économique.
Certains consommateurs pensent que les médicaments
issus du circuit informel sont identiques à ceux vendus sur le circuit
formel. Nous pouvons dire que les prix appliqués par le circuit informel
sont concurrentiels. En effet le circuit de distribution informelle semble
avoir trouvé une solution aux difficultés rencontrées par
la distribution formelle.
CONCLUSION GENERALE
87
Notre travail de recherche avait pour objectif de
vérifier si seule « Les effets induits par le mode de distribution
informelle des médicaments expliquent son adoption par les consommateurs
de la ville de Douala ? ». Ainsi durant nos investigations, l'objectif
était de répondre à cette question centrale. Pour le
faire, cette question centrale a été décomposée en
trois questions secondaires. Ces questions nous ont permis de poursuivre notre
quête. Notons que chacune de ces questions a eu des
éléments de réponse.
La première question subsidiaire porte sur « les
types d'avantages et de satisfaction offert par le circuit de distribution
informel des médicaments qui expliquent l'adhésion des
consommateurs ». Pour répondre à cette préoccupation,
une étude de la distribution informelle à travers plusieurs
angles d'analyses a été faite (Economie, Sociologie, BIT,
AFRISTAT, INS, ...). Ce secteur regroupe un certain nombre d'opérateurs
qui évoluent en marge de la règlementation mais donc leurs
actions au sein de la société est d'une importance non
négligeable. Les études menées à la fois sur le
plan théorique et pratiques ont révélées plusieurs
avantages liés au secteur informel pouvant séduire les
consommateurs. Il s'agit en premier lieu de l'organisation de la «
profession ». Le secteur informel connait une structuration qui lui permet
d'être proche physiquement et socialement des consommateurs. Les vendeurs
parlent la même langue avec les consommateurs, ont les mêmes
appréhensions des réalités locales. Les points de ventes
sont présents dans la quasi-totalité des rues. La seconde est
l'intégration du réseau de distribution informel au
système sociale. En effet le circuit informel de distribution des
médicaments a sus s'adapter aux réalités locales ;
d'où une parfaite adéquation du système aux besoins des
consommateurs. La disponibilité des médicaments recherchés
et les prix compétitifs sont aussi à mettre à l'actif du
circuit informel. Tel sont l'ensemble d'avantages offert par la distribution
informelle des médicaments qui ont facilité l'adoption de ce
circuit par le consommateur.
La seconde question subsidiaire : « les croyances des
consommateurs et comportement de consommation irresponsable expliquent-ils
l'adoption du circuit de distribution informel ? ». Comme
éléments de réponse à cette question, notre travail
de recherche a trouvé que le facteur culturel avait une grande part de
responsabilité dans l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Les moeurs, les coutumes des vendeurs du secteur informel
sont largement acceptées et partagé par les clients
consommateurs. En effet les
88
croyances des consommateurs, les pratiques, les habitudes de
consommations expliquent et contribues à l'adoption de la distribution
informelle des médicaments. L'étude a également
montrée que l'irresponsabilité des consommateurs était
à l'origine de l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Certains consommateurs n'évaluent pas le risque
lié à la consommation des médicaments issus du circuit
informel. De ce fait cette négligence de la part du consommateur le rend
irresponsable dans le processus de consommation des médicaments. On note
ainsi une parfaite adéquation entre croyance des distributeurs informel
et celles des consommateurs.
« Le contexte socioéconomique et politique
expliquent l'adoption des médicaments issus du circuit informel ?
». Telle est la troisième question subsidiaire de notre travail de
recherche. Il s'agit ici de vérifier s'il existe des effets propres
à l'environnement de la ville de Douala pouvant favorisés
l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Face à
cette ouverture la prospection documentaire et du terrain nous ont permis de
mettre en exergue quelques facteurs propres à l'environnement capable de
faciliter l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Il
s'agit de la fragilité du tissu économique et social. En effet
les maux tel que le chômage, l'absence d'un bon système
d'assurance santé, le faible pouvoir d'achat des habitants de Douala
sont des éléments qui ont catalysé le processus d'adoption
de la distribution informelle des médicaments. Une population soumise
à ce genre de conditions a pour seule source d'approvisionnement en
médicament le circuit informel. Car seul ce moyen leur permet d'y avoir
accès.
Il faut noter également qu'une préoccupation a
existée au début de notre recherche sur la méthodologie a
adoptée afin de fournir des éléments de réponses
à notre question centrale. Le choix des distributeurs informels des
médicaments est justifié par l'importance numérique des
intervenants (vendeurs et consommateurs), la délicatesse de cette
activité et le fort développement qu'elle connait. Pour
étudier le comportement du consommateur face à la distribution
informelle des médicaments, l'approche qualitative de recherche a
été retenue. Car cette méthode en science de gestion
permet de comprendre des phénomènes ou des comportements. La
distribution informelle est bien sûr un phénomène ayant des
emprunts socio-politico-économique et psychologique. L'analyse
qualitative peut être définie comme une démarche discursive
de reformulation, d'explication ou de théorisation d'un
témoignage, d'une expérience ou d'un phénomène.
C'est un travail complexe qui consiste à l'aide des seules ressources de
la langue, à apporter un matériau qualitatif dense et plus ou
moins
89
explicite à un niveau de compréhension ou de
théorisation satisfaisant (Paillan, cité par Bilguissou,
2014).
Les données ont été recueillies à
travers l'étude documentaire, les observations flottantes et les
entretiens semi-directifs. Les entretiens ont été faites sur fond
d'un guide préalablement conçut pour cela. Cette triangulation
était nécessaire vu la complexité du
phénomène de distribution informelle des médicaments.
Une analyse de contenu, des données brutes (discours)
a été réalisée dans le but de faire ressortir les
différents thèmes qui émergent du terrain. Cette analyse a
été faite suivant les différentes étapes tel que
prescrit par Aktouf (1987). Il préconise 7 phases importantes et
nécessaires pour la réalisation de l'analyse thématique de
contenu. Il s'agit de : « la lecture des documents », « la
définition de catégories », « la détermination
de l'unité d'information », « la détermination de
l'unité d'enregistrement », « la détermination de
l'unité de numérisation » et la « quantification
». Ce travail a mis en évidence 4 aspects majeurs qui favorisent
l'adoption de la distribution informelle des médicaments :
une réelle proximité des vendeurs et leur
efficacité, une proximité des points de ventes, les croyances de
consommateurs, le contexte socio-politico-économique.
Apres avoir réalisé l'analyse de contenue, nous
sommes passé à l'analyse proprement dite des thèmes issus
de l'analyse de contenu. Ce qui nous a permis de produire des résultats
de recherche.
Dans le même ordre d'idées, nous allons proposer
des perspectives de recherches futures. Il est naturel de dire que les limites
citées ci-dessus peuvent servir de nouvelles pistes de recherche :
ainsi, il serait intéressant de :
Ø D'adopter une approche quantitative qui permettra de
rentre plus fiable les résultats trouvés car le modèle de
recherche est généré suite à un travail qualitatif
et une revue de la littérature, de ce fait il est important de
l'améliorer ou de le renforcer par une étude de confirmation et
un test statistique approprié (test de corrélation).
Ø Détecter d'autres facteurs susceptibles de
contribuer à l'adoption de la distribution informelle des
médicaments. Le revenu du répondant, par exemple, pourrait
être une variable importante qui expliquerait l'adoption ou non de la
distribution informelle des médicaments.
Ø Il serait aussi judicieux de mener des études
analogues en prenant en considération le processus de socialisation de
la consommation des médicaments comme facteurs pouvant favoriser
l'adoption de la distribution informelle des médicaments.
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edition) Newbury park, CA: sage publication.
LISTE DES ANNEXES
97
ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN
ANNEXE 2 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN
98
ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN
Titre : LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMEL
DES
MEDICAMENTS : CAS DE LA VILLE DE
DOUALA-CAMEROUN
Monsieur, Madame, bonjour
Etudiant en MASTER II à l'université de Douala,
notre travail de recherche s'effectue sur le thème « LE
CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : CAS DE LA
VILLE DE DOUALA-CAMEROUN ».
De ce fait nous vous prions dans ce cadre d'accepter de
répondre à quelques questions suivantes. Nous vous garantissons
que les réponses récoltées feront l'objet d'une grande
discrétion et d'une confidentialité. Les usages sont d'ordre
purement académique.
Merci de nous accorder un peu de votre temps.
THEME 1 : AVIS GENERAL SUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS.
THEME 2 : PROXIMITE DES DISTRIBUTEURS ET EFFICACITE DU
CIRCUIT
INFORMEL
THEME 3 : CROYANCE ET FAMILIARITES AVEC LA
DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS
THEME 4 : CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE VS MARCHE
INFORMEL DES MEDICAMENTS A DOUALA.
99
ANNEXE 2 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN
Il s'agit des questions qui doivent soutenir nos entretiens
à travers le guide élaboré à cet
effet.
THEME 1 : AVIS GENERAL SUR LA DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS
- Quelle appréhension avez-vous de la distribution
informelle des médicaments ? - Votre attitude envers la distribution
informelle des médicaments ?
THEME 2 : PROXIMITE ET EFFICACITE DU CIRCUIT
INFORMEL
- Comment trouvez-vous l'organisation de l'activité de
distribution informelle des médicaments à Douala ?
- Qu'en est-il de l'adaptation du circuit informelle des
médicaments aux spécificités locales ?
- Que pensez-vous de la disponibilité des produits
recherchés et prix pratiqués ? - Qualifiez l'accueil et les
relations avec les vendeurs informels.
THEME 3 : CROYANCE ET FAMILIARITES AVEC LA
DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS
- Parler nous de votre processus de socialisation d'achat et
de consommation des médicaments.
- Que pensez-vous de la responsabilité des consommateurs
face à l'adoption du circuit informelle des médicaments ?
THEME 4 : CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE VS MARCHE
INFORMEL DES MEDICAMENTS A DOUALA
- Comment qualifier le pouvoir d'achat des consommateurs du
circuit informel ? - Comment appréciez-vous les politiques sanitaires au
Cameroun ?
- Qu'el est l'impact du niveau d'étude des consommateurs
sur l'adoption du circuit informel ?
THEME5 : FICHE D'IDENTIFICATION
a-Sexe b-Profession
c-Ethnie d'origine d-Niveau d'études
e-Tranche d'âges -Nom(s) ou prénom (s)
Merci pour votre collaboration !!!
TABLE DE MATIERES
100
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
LISTE DES ABREVIATIONS IV
AVANT-PROPOS V
RESUME ET ABSTRACT VI
LISTE DES SCHEMAS, GRAPHIQUESET TABLEAUX VII
SOMMAIRE IX
INTRODUCTION GENERALE 1
PARTIE I : DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS
ET
COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS 6
CHAPITRE I : LA DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS
7
SECTION I : GENESE DU MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS
7
1- DEFINITIONS DES CONCEPTS 7
A-Le médicament 7
B-Le consommateur 8
C-La distribution informelle 8
2- INQUIETUDES SUR LA DISTRIBUTION DES MEDICAMENTS
9
A-Marché informel des médicaments : des origines
profondes 10
B- Le rôle de la crise économique des années
1980 10
a- La détérioration des termes de l'échange
10
b- Dévaluation du franc CFA : « effet Massu »
11
101
3- UN CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET CULTUREL
FAVORABLE
POUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS
12
A- Les raisons d'ordres sociales 12
B- Le politique face au comportement opportuniste des
distributeurs informels 13
a- L'Etat et la distribution informelle des médicaments:
situation énigmatique 13
b- Comportements opportunistes des « trafiquants »
14
SECTION II: ORGANISATION DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS AU CAMEROUN 15
1- TYPOLOGIE DES OFFREURS ET RESEAUX D'APPROVISIONNEMENT
15
A- Réseaux internes d'approvisionnements des
médicaments du circuit informel 15
B- Les réseaux externes d'approvisionnements des
médicaments du circuit informel 16
C- Destination des dons de médicaments 16
2- HETEROGENEITE DES DISTRIBUTEURS ET CONSOMMATEURS
INTERVENANTS SUR LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS 17
A- Les distributeurs 18
a- La distribution mobile des médicaments du «
marché noir » 18
b- La distribution immobile des médicaments sur le «
marché noir » 19
B- Une clientèle essentiellement
hétérogène 21
CHAPITRE II : COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS SUR LE
MARCHE DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS :
ESSAI DE CONCEPTUALISATION
D'UNE REALITE 25
SECTION I : UNE ALTERNATIVE ECONOMIQUE ET SOCIALE
« ADEQUATE »
POUR LES CONSOMMATEURS 25
1- COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ET ATTITUDE ENVERS
LE
MARCHE INFORMEL 25
A- Notion d'attitude 26
B-
102
Comportement du consommateur 26
C- Comportement du consommateur et adoption de la
distribution informelle des
médicaments 27
2- LES MEDICAMENTS ISSUS DU CIRCUIT INFORMEL : UNE
OFFRE
ECONOMIQUEMENT ALLECHANTE POUR LES MENAGES 28
A- L'automédication : pratique dominante de la
distribution informelle des
médicaments 28
B- L'adaptabilité des prix pour toutes les couches
sociales 30
3- DEVELOPPEMENT DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS : UN PROBLEME DE JUSTICE 31
A- La théorie de la justice économique 32
B- Succès de la distribution informelle des
médicaments : résultat de l'injustice 32
SECTION II : LE CONSOMMATEUR FACE AUX « AVANTAGES
» OFFERTS PAR LE SYSTEME DE DISTRIBUTION INFORMEL DES
MEDICAMENTS 33
1- DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS : UNE
INTEGRATION
SOCIALE PARTICULIERE 33
A- Une méthode de distribution spécifique : la
vente à l'unité 34
B-Une stratégie de distribution push 34
C- Distribution informel des médicaments : un
système d'échange reposant sur le social
et la confiance 35
a- Les possibilités d'offre gratuite de
médicaments aux nécessiteux 35
b-Une vente à paiement différé sans
intérêt et sans garantie 35
2- LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS : UN MODEL
NEO-
INSTITUTIONNEL 36
A- La théorie néo-institutionnelle 37
B- Une dynamique d'institutionnalisation à
l'intérieur de l'organisation 37
3- PROPOSITIONS DE RECHERCHE 38
A-
103
Proximité des distributeurs et capacité à
répondre efficacement aux besoins des
consommateurs 38
B- Croyances des consommateurs 39
C- Contexte socio-politico-économiques 40
D- Mécanismes d'influence des effets induits par la
distribution informelle des
médicaments sur le comportement du consommateur 41
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 44
PARTIE II : ETUDE EXPLORATOIRE DU COMPORTEMENT DES
HABITANTS DE DOUALA FACE AUX EFFETS INDUITS PAR LA DISTRIBUTION INFORMELLE
DES
MEDICAMENTS 45
CHAPITRE III : SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DE
MEDICAMENTS ET METHODOLOGIE D'ETUDE 46
SECTION I : SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DES
MEDICAMENTS 46
1- MOYENS, PRATIQUES ET PRESENTATION DE LA VILLE DE
DOUALA...46
A- Des moyens de distribution spécifiques
|
46
|
B- pratiques marketing de la distribution informelle des
médicaments
|
47
|
a- la politique de produit
|
..47
|
b- la politique de distribution
|
48
|
c- la politique de prix
|
.48
|
d- la politique de communication
|
.48
|
|
C--Présentation du champ d'étude : la ville de
Douala
|
48
|
2- DESCRIPTION DES CAS D'ETUDE ET DIFFICULTES DE
TERRAIN
|
49
|
A- Description des cas d'étude
|
49
|
a-Quelques caractéristiques des études de cas
|
50
|
b- Critères de choix des cas d'étude
|
50
|
104
c- Description des différents cas de l'échantillon
50
B- Difficultés de terrain liées à
l'étude 51
SECTION II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE EXPLORATOIRE
52
1- JUSTIFICATIF DU CHOIX DE LA METHODOLOGIE QUALITATIVE
ET
DEROULEMENT DE LA RECHERCHE 53
A- Choix de la méthode exploratoire 53
a-Présentation de l'approche qualitative inductive 53
b- Faiblesses de l'approche qualitative 54
B- Le déroulement de la recherche : une aventure
spécifique et pleine d'exigences 55
a- Objectifs de la recherche 55
b- Techniques d'échantillonnage 55
2- L'ENTREVUE COMME TECHNIQUE DE COLLECTE DE DONNEES
ADEQUATE POUR LA STRATEGIE D'ETUDE DE CAS EN RECHERCHE.56
A- L'étude de cas comme stratégie de recherche
56
a- Pertinence de l'étude cas 56
b- Méthode de l'étude de cas : une technique loin
d'être parfaite 57
B- Choix de l'entrevue comme technique de collecte de
données 58
C- Le guide d'entretien : instrument de collecte des
données 59
D- Construction du guide d'entretien 60
3- JUSTIFICATIFS DU TERRAIN D'ETUDE ET ANALYSE PRELIMINAIRES
61
A- Terrain d'étude : distribution informelle de
médicaments 61
B- Première analyse : l'analyse thématique de
contenu 61
a- La lecture répétée de différents
discours 62
b- Le dégagement des thèmes ou des
catégories 63
c- Unité d'information 63
d- Unité d'enregistrement 63
e- Unité de numérisation 63
f- Quantification 63
g- Décompte et fréquence 63
105
CHAPITRE IV : INCIDENCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION
INFORMEL DES MEDICAMENTS SUR LE COMPORTEMENT DES
CONSOMMATEURS 66
SECTION I : ANALYSE PROPREMENT DITE DES DONNEES
RECEUILLIES AUX
PRES DES CONSOMMATEURS DE DOUALA 66
1- EFFETS RESPONSABLES DE L'ADOPTION DE LA
DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS 66
A- Description de l'échantillon 67
a- Le sexe 67
b- L'âge 67
c- Activité professionnelle 68
d- Groupe ethnique d'appartenance 69
B- Proximité et efficacité du circuit informel
69
a- La satisfaction 69
b- L'accueil 70
c- Proximité des vendeurs 70
C- Proximité des points de ventes 71
D- Attitude et croyance 72
E- Le contexte socio-politico-économique 72
a- Fragilité du tissu économique 73
b- L'échec de la politique sanitaire 74
c- Le niveau d'instruction 74
2- ILLUSTRATION DU PROCESSUS D'ADOPTION DE LA
DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS 75
A- Comparaison des résultats théoriques et
pratiques 75
B- Conclusion de l'étude de terrain 78
SECTION II : ADOPTION OU REJET DE LA DISTRIBUTION
INFORMELLE DES
MEDICAMENTS A DOUALA 79
106
1- DISCUSSION DES RESULTATS DE L'EXPLORATION
79
A- Réelle proximité des distributeurs et
réponse efficace aux besoins 79
a- Organisation de la distribution informelle des
médicaments 79
b- Intégration du réseau de distribution au
système social 80
c- Disponibilité et prix 80
B- Proximité des points de ventes 80
C- Les croyances des consommateurs 81
a- Le facteur culturel 81
b- L'irresponsabilité des consommateurs 82
D- Contexte socio-politico-économique 82
a- Fragilité du tissu économique et social 82
b- L'échec des politiques sanitaires 82
2- CONTRIBUTION ET LIMITES DE RECHERCHE 83
A- Implications de l'étude 83
a- Implications théoriques 83
b- Implications d'ordre pratiques 84
B- Limites de recherche 85
a- Limites d'ordre théoriques 85
b- Limites d'ordre méthodologique 85
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 86
CONCLUSION GENERALE 87
BIBLIOGRAPHIE 90
LISTE DES ANNEXES 97
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