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Le consommateur face a la distribution informelle des medicaments : cas de la ville de Douala-Cameroun


par Eric Charli KWUYAH TATDJA
Université de Douala - Master 2 recherche 2016
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN
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ECONOMIQUES ET MANAGEMENT APPLIQUE
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ECONOMIQUES ET DE GESTION APPLIQUEE

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UNIVERSITY OF DOUALA
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HUMAN SCIENCES
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UNIT OF DOCTORAL TRAINING IN ECONOMICS
AND APPLIED MANAGEMENT
*****
FACULTY OF ECONOMICS AND APPLIED
MANAGEMENT

Mémoire en vue de l'obtention du Master II Recherche en Sciences de

: 4032

Gestion option : Marketing et Stratégie

THEME :

LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION
INFORMELLE DES MEDICAMENTS : CAS DE LA
VILLE DE DOUALA-CAMEROUN

Rédigé par :

KWUYAH TATDJA Eric Charli

DESS en Marketing Commerce et Vente

Maîtrise en Sciences de Gestion option : Marketing, Stratégie

Sous la Direction de :

Pr. Claude BEKOLO

Agrégé et titulaire en Sciences de Gestion Directeur de l'ENSET

Année académique 2016-2017

Tiens maman Tatdja

née Tchoumi

Julienne voici le fruit

de tes efforts

II

REMERCIEMENTS

III

La rédaction de ce mémoire n'aurait pas été possible sans l'aide précieuse de plusieurs personnes. De ce fait mon ingratitude sera à nul autre pareil si je ne remercie pas les personnes suivantes :

+ Le Pr. BEKOLO Claude, de m'avoir encadré et orienté avant et pendant la rédaction de ce mémoire. Merci professeur pour tous ce que vous faites pour la jeunesse. Merci mille fois.

+ Le Dr. BILGUISSOU Abbas pour son assistance sans cesse, les encouragements qu'elle ne cesse de me procurer et la documentation qu'elle a mise à ma disposition.

+ M FAMBEU Ariel pour les conseils, les lectures répétées de ce travail et la documentation qu'il m'a fournie.

+ Un grand merci également à tous le corps Professoral de l'unité de formation Doctorale des Sciences Economiques et de Gestion de l'Université de Douala.

+ Tous mes remerciements aux interviewés (Roger, Christian, Emmanuel, Bertine, Jule ...) d'avoir donné de leur temps pour répondre aux entrevues.

+ Nous tenons également à dire à tous ceux qui n'ont pas été cités qu'il ne s'agit pas d'oubli, mais plutôt une décision douloureuse faute d'espace.

+ Merci également à tous ceux qui de près ou de loin m'ont encouragée par leurs actes à approfondir cette recherche et ont porté de l'intérêt sur les résultats présentés dans ce mémoire.

LISTE DES ABREVIATIONS

AFRISTAT

:

AMOAPI

:

BIT

:

ECAM

:

FCFA

:

GICAM

:

INS

:

OAPI

:

OMS

:

OTVP

:

SYNAME

:

SMIG

:

Institut Africain de la Statistique

iv

Association des Mandataires auprès de l'Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle

Bureau International du Travail

Enquête Camerounaise Auprès des Ménages

Franc des Colonies Françaises d'Afrique

Groupement Inter patronal du Cameroun

Institut National de la Statistique

Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle

Organisation Mondiale de la Santé

Occupation Temporaire de la Voie Publique

Syndicat National du Médicament

Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti

AVANT-PROPOS

V

Il est de tradition dans de nombreuses unités de formation Doctoral des Sciences Economiques et de Gestion que chaque étudiant en Master II recherche ou DEA rédige, présente et soutienne un mémoire en vue de l'obtention de son diplôme de fin de formation.

La filière Sciences de Gestion comporte plusieurs options de formation parmi lesquelles « Marketing Stratégie et Organisation » où nous nous sommes inscrits ; Le but premier étant la recherche. Par conséquent, nous devons explorer notre environnement économique, social, culturel et ceux qui y interviennent.

Ainsi, au cours de notre formation et de nos différentes lectures, nous avons remarqué que la distribution informelle des médicaments est très préoccupante et doit faire l'objet de beaucoup d'attention : celui des distributeurs car cette activité leur est lucrative, les malades qui parfois n'ont pas d'autres choix pour avoir accès aux médicaments et aux soins, l'industrie pharmaceutique qui perd des parts de marchés, et les gouvernements en général. Ce qui justifie le choix de notre thème de recherche : « LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : CAS DE LA VILLE DE DOUALA-CAMEROUN ».

Il s'agit d'un sujet digne d'intérêt, compte tenu du nombre d'intervenant sur le marché informel des médicaments et les risques de santé que présente cette activité.

Le travail de recherche a fourni des éléments de réponse au problème abordé. Cependant il présente quelques limites à la fois d'ordre théorique et méthodologique. Dès lors, nous sommes disposés à prendre acte des critiques et des suggestions constructives qui pourront nous permettre d'améliorer la qualité du travail de recherche.

RESUME

vi

L'objectif de cette recherche est de mettre en évidence l'ensemble d'éléments propres ou non au circuit informel des médicaments responsables de l'adoption de ce dernier par certains consommateurs. Cette recherche exploratoire s'appuie sur une étude qualitative croisant plusieurs méthodes de récolte de données. Les observations flottantes, la recherche documentaire et les entrevues réalisées sur 20 cas de consommateurs. Les résultats mettent en évidence quatre principaux éléments responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments : Une réelle proximité des distributeurs et leur efficacité, la proximité des points de distributions, les croyances des consommateurs et le contexte socio-politico-économique. Ces éléments ou ces facteurs agissent sur le comportement du consommateur en facilitant l'adoption de la distribution informelle des médicaments chez certains.

Mots clés : distribution informelle, circuit, médicaments de la rue, effets induits, adoption.

ABSTRACT

The objective of this research is to detect factors or elements witch belong or not to informal distribution of drug, and who are responsible of its adoption. This exploration research is based on qualitative methods with case study. 20 consumers are used like studies cases. Data are collected with triangulation using tree methods: interviews, documents exploration and many observations. The results show that 4 main elements are responsible of informal drug distribution and adoption: the real proximity of drugs sellers, the proximity of drugstores, the believes of consumer and in last the social, political, and economic context. These factors act on consumer behavior and contribute for the adoption of informal drug distribution.

Key words: informal distribution, street drug, circuit, adoption, factors responsible.

LISTE DES SCHEMAS,
GRAPHIQUES ET TABLEAUX

vii

LISTE DES SCHEMAS

Schéma 1 : Pyramide représentant le circuit du médicament dans le marché parallèle. 17

Schéma 2 : Aperçu général de la circulation informelle des médicaments 20

Schéma 3 : Modèle conceptuel 42

Schéma 4 : Nouveau modèle du comportement d'adoption de la distribution informelle des

médicaments 77

Liste des graphiques

Graphique 1 : Répartition des interviewés suivant le sexe 67

Graphique 2 : Répartition des interviewés suivant l'âge 68

Graphiques 3 : Répartition des interviewés suivant la profession 68

Graphique 4 : Répartition des interviewés suivant le groupe ethnique 69

VIII

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Récapitulatif de quelques définitions du secteur informel 9

Tableau 2 : Synthèse de quelques recherches antérieures 23

Tableau 3 : Modalités d'achat des médicaments dans les lieux « classiques » de la

distribution pharmaceutique au Bénin 29

Tableau 4 : Comparaison des coûts (en francs CFA), triés par catégories, rattachés à chacun des itinéraires thérapeutiques d'après une étude réalisée au Cameroun en 2002) ...30

Tableau 5 : Comparaison des prix de quelques médicaments vendus à Douala dans la rue et

en pharmacie 31

Tableau 6 : Quelques clés de comparaison des systèmes d'échanges 36

Tableau 7 : Caractéristiques des études de cas. 50

Tableau 8 : Présentations des cas de l'étude 51

Tableau 9 : Critères de choix d'une technique de collecte des données 59

Tableau 10 : Analyse des entretiens semi-directifs 64

Tableau 11 : Rapprochement entre résultat des discours et la théorie 76

SOMMAIRE

ix

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

LISTE DES ABREVIATIONS IV

AVANT-PROPOS .V

RESUME ET ABSTRACT ...VI

LISTE DES SCHEMAS, GRAPHIQUESET TABLEAUX VII

INTRODUCTION GENERALE 1

PARTIE I : DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS ET

COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS 6

CHAPITRE I : DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS 7

Section I: Genèse du marché informel des médicaments 7

Section II : Organisation de la distribution informelle des médicaments au Cameroun. 15

CHAPITRE II : COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS SUR LE MARCHE DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : ESSAI

DE CONCEPTUALISATION D'UNE REALITE 25
Section I : Une alternative économique et sociale « adéquate » pour les consommateurs25 Section II : Consommateur face aux « avantages » offerts par le système de distribution

informel des médicaments 33

PARTIE II : ETUDE EXPLORATOIRE DU COMPORTEMENT DES HABITANTS DE DOUALA FACE AUX EFFETS INDUITS PAR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS 45

CHAPITRE III : SPECIFICITES DU MARCHE INFORMEL DE MEDICAMENTS

ET METHODOLOGIE D'ETUDE 46

Section I : Spécificités du marché informel des médicaments 46

Section II : Démarché méthodologique exploratoire 52

CHAPITRE IV : INCIDENCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS SUR LE COMPORTEMENT DES

CONSOMMATEURS 66

Section I : Analyse des données recueillies aux près des consommateurs de Douala 66

Section II : Adoption ou rejet de la distribution informelle des médicaments à Douala 79

CONCLUSION GENERALE 87

BIBLIOGRAPHIE 90

LISTE DES ANNEXES 97

TABLE DE MATIERES 100

INTRODUCTION GENERALE

1

Les journées du 27 au 29 Mars 2012, près de 160 tonnes de médicaments ont été confisquées et incinérées dans 3 villes ; à savoir Yaoundé, Douala et Bafoussam. Les télévisions et radios nationales et même internationales diffusent cette action durant environ deux semaines. Au même moment, au grand marché de Douala et partout ailleurs sont étalées des tonnes de médicaments d'origine inconnue dans des locaux mis à disposition du grand public pour consommation. Cette activité du secteur informel est tenue par des camerounais qui règlent les taxes aux communes comme tous les autres commerçants (Tchamdja, 2010 ; Mba et al. 2014).

Fassin (1986) écrit dans l'un de ses articles : « partout en Afrique se développent des réseaux de vente des médicaments en dehors des circuits officiels ». La qualité des médicaments issus de ce circuit reste toujours douteuse. Après une enquête sur 20 pays réalisée de janvier 1999 à octobre 2000, l'OMS estime que 60% des cas de contrefaçon concernent les pays pauvres et 40% les pays industrialisés (Barbereau, 2006). Notons que la quasi-totalité des produits contrefaits passent par les circuits informels de distribution.

Le secteur informel est devenu le principal employeur face au chômage galopant. « En effet, 328 millions de personnes viendront grossir les rangs de la force de travail urbaine entre 1990 et 2000 » (Maldonado, et al. 2004). Le secteur de distribution informelle des médicaments a également hérité de ce flux migratoire ou de cet exode rural.

Selon Hamel (2006) ; des perturbations économiques importantes ont déstabilisée l'ensemble des pays en développement à partir des années 1980. Les origines de cet effondrement sont entre autres la baisse des coûts des matières premières et l'instauration des mesures d'austérité. La détérioration des termes de l'échange entre les pays exportateurs de technologies (pays du Nord, développés) et les pays exportateurs de matières premières (pays du Sud, en développement) a participé (et participe toujours) au déficit de la balance des paiements des grands exportateurs de richesses naturelles (pétrole, minerais, coton, sucre, caoutchouc, cacao, café, ...). En parallèle, les recommandations prodiguées par le Fond Monétaire International en termes de politique d'ajustement structurel pendant les années 1985 se sont traduites par une réduction brutale des dépenses budgétaires surtout dans le domaine sanitaire.

2

Dans de nombreux pays africains comme au Cameroun, on observe des soins médicaux de qualité médiocre ; les professionnels de santé ont fui des postes pourvus de salaires trop bas et se sont expatriés. Les dysfonctionnements dans les établissements de santé se sont accumulés. «3 médecins sur 5 formés au Cameroun s'expatrient les 10 années qui suivent leur sortie de l'école » (Commeyras, 2006).

Le développement du chômage urbain, conséquence de la crise économique, s'est accompagné de l'émergence et de l'essor du secteur informel. « Le manque de confiance des populations envers les formations de santé publique qui découlent de la crise constitue un véritable tremplin pour les activités de vente informelle de médicaments » (Mba et al. 2014). La baisse sans cesse du pouvoir d'achat entraine certains travailleurs du secteur formel à investir dans le secteur informel.

Le Cameroun, pays d'Afrique n'a pas échappé à cette réalité ; la ville de Douala en particulier. Suivant les travaux de Mba et al. (2014) les distributeurs, les malades, l'industrie pharmaceutique et les gouvernements sont tous affectés par ce fléau. « Le rapport de l'Association des Mandataires agréés auprès de l'OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle) AMOAPI en 2005 souligne quelques-unes de ces conséquences : 15 entreprises membres du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) ont connu des pertes au niveau de leurs chiffres d'affaires de l'ordre de 62,008 milliards de francs CFA. Par ailleurs, 850 personnes ont perdu leurs emplois, les recettes fiscales et douanières avaient connus une perte d'environ 5,058 milliards de francs CFA » (Mba et al. 2014). C'est dans ce contexte que la distribution informelle des médicaments avance à grand pas.

Plusieurs auteurs ont travaillé sur la distribution informelle des médicaments dans les pays en voie de développement (Van Der Geest, 1982, 1983,1987 ; Fassin, 1985 ; Hamel, 2006 ; Ouattara, 2009 ; Socpa 2011, Mba et al 2014, Sogbossi 2016 etc.). Cependant peu d'entre eux à notre connaissance se sont intéressés aux effets induits par ce type de distribution pouvant séduire les consommateurs ; pouvant justifier l'adoption de ce mode de distribution et les produits qui y sont issus.

Afin de mieux cerner ou comprendre l'adoption de la distribution informelle de médicaments à Douala, nous nous sommes posé la question suivante : les effets induits par le mode de distribution informel des médicaments expliquent-ils son adoption par les consommateurs de la ville de Douala ?

Pour répondre à notre question centrale, des questions secondaires nous seront d'une aide précieuse. Ainsi les questions qui dérivent de notre question centrale sont les suivantes :

Ø

3

Quels types d'avantages et de satisfaction offerts par le circuit de distribution informel des médicaments expliquent l'adhésion des consommateurs aux médicaments de la rue ?

Ø Les croyances des consommateurs et leurs comportements de consommation irresponsable expliquent-ils l'adoption de la distribution informelle des médicaments ?

Ø Les contextes socioéconomiques et politiques expliquent l'adoption du circuit informel de distribution des médicaments ?

L'environnement social, politique et culturel (fortes inégalités de revenus, organisation de la « profession », fonctionnement aléatoire du secteur public, corruption importante de l'appareil d'Etat, ...) doivent être pris en compte si l'on veut comprendre le comportement d'adoption des produits issus du circuit informel. Ainsi nos efforts auront pour objectifs :

Ø D'étudier l'organisation de la distribution informelle des médicaments et les « avantages » qu'elle offre aux consommateurs.

Ø De comprendre le contexte socio-économiques et culturel qui ont générés et facilité le développement de la distribution informelle des médicaments.

Ø De mettre en évidence l'ensemble de facteurs qui concourent ou qui expliques l'adoption de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala. Le problème important aujourd'hui concerne le contrôle de la distribution informelle des médicaments et la préservation de l'intérêt de l'ensemble des parties prenantes (consommateur, distributeur et les communes qui y prélèvent des taxes). D'où une étude consacrée sur ce thème semble être nécessaire et l'intérêt que présente une telle étude est double :

Ø Sur le plan théorique ou scientifique, nous espérons mettre en évidence les spécificités du mode de distribution informel qui ont favorisés l'adoption de ce mode de distribution ainsi que les médicaments de la rue.

Ø Sur le plan pratique, les résultats de cette étude pourront susciter la réflexion des consommateurs et des pouvoirs publics sur l'organisation néo-institutionnel en question et les offrir des pistes de solutions pérennes face au succès de cette activité qui semble nocive pour les consommateurs.

Selon Avenier (2012) la question épistémologique en sciences de gestion s'articule autour de six paradigmes épistémologiques : le positivisme logique, le post positivisme incluant le réalisme scientifique et le réalisme critique, puis le constructivisme radical, l'interprétativisme, et le constructivisme conceptualisé par Guba et Lincoln. L'objectif de

4

notre étude n'est pas d'expliquer ou vérifier, ce qui serait une attitude positiviste mais plutôt cherche à comprendre la réalité, c'est bien une attitude constructiviste.

« Les méthodes et techniques retenues dans une recherche donnée doivent être les plus aptes à rendre compte du sujet étudié et doit amener le chercheur vers les buts qu'il s'est fixés en termes d'aboutissement de son travail » (Aktouf, 1987). De ce fait notre travail de recherche s'appuie sur une démarche qualitative avec étude de cas.

Compte tenu de l'objectif de la recherche qui est de comprendre un fait social, une pratique, un comportement à la limite irrationnel1 (comportement ayant des emprunts à la fois, socioéconomiques et culturels) ; cela justifie l'usage d'une démarche qualitative (Wogaing, 2010). On doit faire comprendre comment est née cette pratique, clarifier et déterminer pourquoi ou dans quelles conditions la distribution informelle des médicaments se développe au Cameroun en générale et dans la ville de Douala en particulier.

Egalement la spécificité du terrain d'étude à savoir la spécificité de secteur informel au Cameroun en général et à Douala en particulier ; une étude exploratoire basée sur des cas semble plus appropriée pour cette recherche. (Miles et Huberman, 2003 ; Badiang et al. 2013) La capacité pour cette approche de saisir les perceptions, de comprendre en profondeur une situation sociale, comprendre les systèmes de valeurs et l'avantage de s'ancrer dans la réalité du phénomène étudié (Glasser et Strauss, 1967) fait d'elle la méthode la plus appropriée pour cette étude. Egalement, « une étude de cas est une investigation empirique qui examine un phénomène contemporain au sein de son contexte réel, quand les frontières entre phénomène et contexte ne sont pas clairement délimités ; et dans laquelle de multiples sources de données sont utilisées » (Yin, 1994 ; cité par Etoudi 2004, P.94)

Nous allons nous référer à un cadre qui recommande trois angles d'analyses concomitants : l'objet de recherche, le contexte et le processus en oeuvre (Pettigrew, 1990 ; Badiang et al. 2013). Le cadre contextuel apparaît ici approprié pour comprendre les pratiques et comportements dans le secteur informel de la distribution des médicaments et son adoption par le consommateur. Cadre où les populations ont eu un héritage colossal (pauvreté, traditions, modernité et culture).

Enfin nous pouvons dire que les méthodes qualitatives et l'étude de cas présentent des qualités indéniables : en effectuant des entrevues semi-directives sur des cas particuliers, on peut "découvrir" et mieux approfondir des phénomènes insoupçonnés ou difficiles à mesurer (Gauthier, 2003).

1 Qui n'est pas conforme à la raison

5

Un recueil d'informations auprès des membres d'un échantillon préalablement sélectionné, Hommes et femmes, âges compris entre 25 et 60 ans ; appartenant à différentes catégories socioprofessionnelles, différents groupes ethniques, différents niveaux d'étude. Les observations flottantes (Camelis et al. 2013) ; des entretiens semi-structurés (Capelli et Sabadie, 2013 ; Badiang et al. 2013) nous permettront de recueillir des données. Ces données ainsi collectées feront l'objet d'un traitement, d'une analyse et d'une interprétation.

Ce travail a pour mission d'analyser l'organisation de la distribution informelle des médicaments, le comportement des consommateurs de produits issus de ce circuit et comprendre quelles sont les raisons qui conduisent les consommateurs à adopter ce circuit de distribution et ses produits qui semblent pourtant dangereux. Pour répondre à cette préoccupation, nous avons choisi un plan linéaire constitué de deux parties.

La première partie (partie I) aura une perspective analytique et doit également aborder des aspects théoriques.

Dans la deuxième partie (partie II), nous nous intéresserons aux pratiques sur le terrain des comportements de différents intervenants, les spécificités de la distribution informelle des médicaments.

6

PARTIE I :

DISTRIBUTION INFORMELLE DE

MEDICAMENTS ET COMPORTEMENTS
DES INTERVENANTS

Daprès une étude menée La Food and Drug Administration, les Etats Unis estiment que les contrefaçons représentent plus de 10% du marché mondial des médicaments et que le phénomène touche à la fois les pays industrialisés et les pays en voies de développements (Barbereau, 2006). Ce développement de la contrefaçon est facilité par les circuits de distribution informelle des médicaments. Car ce moyen de distribution non contrôlé par les autorités sanitaires devient celui qui permet aisément aux intervenants (distributeurs) de développer toutes formes de contrebande.

Les pays d'Afrique constituants la plaque tournante de ces médicaments qui empruntent le circuit informel son le Nigeria, le Ghana et la Gambie (Pouillot et al. 2007). Le Cameroun qui partage ses frontières avec ce vaste pays de l'Afrique de l'ouest (Nigeria) est suffisamment menacé par ce fléau.

Dans cette première partie de notre recherche, le problème sera abordé d'abord par une analyse du fondement, du contexte et l'organisation de la distribution informelle des médicaments (chapitre I), ensuite il sera question d'un essai de conceptualisation des comportements de différents intervenants sur ce marché informel (chapitre II).

CHAPITRE I :

LA DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS

7

Plusieurs auteurs ont mené des études sur les fondements, l'organisation et le développement du marché informel des médicaments dans les pays en voies de développement. Dans notre étude qui s'intéresse spécifiquement au cas de la ville de Douala, il sera question dans ce chapitre de définir les différents concepts à utiliser, donner les fondements de la distribution informelle des médicaments (section I), et une présentation de l'organisation de cette activité (section II).

SECTION I : GENESE DU MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS

Après avoir défini clairement les concepts qui seront abordés durant l'étude, nous allons présenter également les origines et le développement du problème à étudier.

1-DEFINITIONS DES CONCEPTS

Un concept est une « idée qu'on se fait d'une chose en la détachant de son objet réel » ( http://wiktionary.org). Nous allons définir les concepts médicament, consommateur et distribution informelle.

A-Le médicament

Le médicament n'est pas un produit anodin. Il répond à une définition précise, obéit à une réglementation très stricte, et s'inscrit dans un circuit hautement qualifié et surveillé. « C'est un produit de consommation dont l'utilisation a pour objectif de traiter ou de prévenir une maladie, dans les conditions parfaitement définies par un spécialiste » (Tchamdja, 2010). Cette définition ne précise pas l'importance des conditions de conservation. Car un médicament mal conservé perd ses propriétés. Face à ces limites d'autres définitions ont été proposées.

Pour Kachi, et al. (2011) Un médicament peut être défini comme une substance
possédant des propriétés curatives et préventives à l'égard de la maladie, un potentiel poison

8

quand les règles de stockage et de conservation le concernant ne sont pas respectées. C'est le cas des médicaments vendus dans les marchés illicites ou parallèles et communément appelés en Afrique, « médicaments de la rue ». Cette autre définition présente aussi des limites dans la mesure où elle ne prend pas en compte les médicaments donc la mission est de renforcer certaines fonctions de l'organisme. Elle ignore la catégorie de médicaments qui agissent sur l'organisme pour changer sa structure ou certaines propriétés du corps. Tous les médicaments ne jouent pas un rôle curatif ou préventif.

B-Le consommateur

Le consommateur peut être défini comme une personne qui achète et consomme un ou plusieurs produits ou services auprès d'un producteur ou d'un distributeur (Demeure 2008, p. 45). Ainsi le consommateur est caractérisé par un besoin, une motivation et un comportement. Ces différentes caractéristiques sont généralement à l'origine de l'acte d'achat.

Selon Bernhar (2005) le consommateur est un individu qui satisfait un besoin en utilisant un produit, (un bien ou un service). Ainsi tout acte de destruction d'un bien ou d'un service est un acte de consommation. Celui qui est à l'origine de cette destruction est le consommateur.

C-La distribution informelle

L'ensemble des écrits réalisés sur le secteur informel s'accordent sur l'origine de ce terme. Le mot « informel » a été utilisé pour la première fois par Hart lors d'une étude sur le Ghana présenté initialement en 1971 et publié en 1973. (Charmes, 1989, 2002,). Il met ainsi un terme à l'idéologie du dualisme (secteur formel, secteur traditionnel), il a introduit un nouveau clivage entre un secteur informel qu'on considérait comme une extension du secteur traditionnel et un secteur formel plus ou moins analogue au secteur moderne (Barthelemy, 1998).

Le secteur informel apparaît alors comme une notion intangible. Chaque auteur utilise des critères de définition en fonction de l'angle d'analyse qu'il adopte et de sa formation initiale. Certains affirment que le secteur informel n'est qu'un concept idéologique, une construction théorique qui n'existe pas en réalité (Lautier, 1994). Nous donnerons quelques définitions.

9

Tableau 1 : récapitulatif de quelques définitions du secteur informel

Hugon, 1980

Le secteur informel est formé par des activités à petites échelles où le salariat est très limité, où le capital avancé est faible, mais ou néanmoins il y'a circulation monétaire, vente des biens ou services onéreux. Le secteur informel est une armée de réserve destinée à abaisser les salaires dans le secteur capitaliste formel

De Soto, 1989

Ensemble d'entreprises qui fonctionnent à la limite de la légalité dans le but d'échapper aux impôts et à la règlementation.

BIT (Bureau
International du
Travail), 1991

Secteur non structuré : très petites unités de production et de distribution de biens et services implantées en zone urbaine dans des pays en développement. Ces unités appartiennent à des travailleurs indépendants, emploient parfois une main d'oeuvre familiale, et /ou quelques salariés apprentis.

(AFRISTAT,

1999)

Le secteur informel désigne l'ensemble de Micro unités de production, des entreprises individuelles ayant un faible niveau d'organisation.

INS (Institut National de Statistique du Cameroun)

Le secteur informel désigne l'ensemble d'entreprises individuelles ne possédants pas de numéro d'identification fiscale et /ou n'élaborant pas de comptabilité formelle

 

Source : construit par l'auteur

Toutes les définitions évoquées plus haut abordent le secteur informel en termes de production et qualité de travail. Jae, et al. (2002) admettent qu'il est possible d'offrir une définition de l'économie informelle conforme à la perspective d'échange. Ainsi l'économie informelle est définie comme étant une portion de l'économie dans laquelle deux ou plusieurs parties s'entendent sur un échange dans un canal informel, qui est soit non-contrôlé et flou, non réglementé, soit explicitement proscrit par une autorité gouvernante légitime. Cette définition semble être plus appropriée pour la distribution informelle des médicaments.

2- INQUIETUDES SUR LA DISTRIBUTION DES MEDICAMENTS

Cette partie sera essentiellement réservée à la genèse du développement de la distribution informelle des médicaments, suivit du rôle catalyseur qu'a joué la crise des années 1980.

10

A-Marché informel des médicaments : des origines profondes

D'après les travaux de Barbereau (2006), Les inquiétudes sur la qualité des médicaments dans le commerce international ont pris une dimension mondiale en 1948, après la création de l'OMS. En 1951, le Conseil exécutif de l'Organisation a adopté la résolution ayant pour objectif d'examiner les avantages que présenteraient, dans l'intérêt de la santé et du commerce international, l'application, par divers pays de méthodes plus uniformes pour le contrôle des médicaments. Cependant, c'est à la conférence d'experts de Nairobi sur l'usage rationnel des médicaments en 1985 que l'on s'est occupé, pour la première fois au niveau international, du problème des médicaments issus du circuit informel.

En 1988, l'Assemblée mondiale de la santé a adopté des programmes pour prévenir et détecter l'exportation, l'importation et la contrebande de préparations pharmaceutiques faussement étiquetées, falsifiées, contrefaites ou ne répondant pas aux normes.

Les principaux producteurs mondiaux de médicaments trouvés sur les circuits informels sont la Chine et l'Inde. Mais, la mauvaise qualité peut se rencontrer dans le monde entier (Fassin, 1992 ; Hamel, 2006).

Au Cameroun, le phénomène est bien ancien comme partout dans le monde. Cette activité suscite de plus en plus une attention sinon une curiosité profonde et soutenue. Comprendre les raisons du développement de ce marché « parallèle » au Cameroun nécessite une analyse du rôle de la crise des années 1980.

B-Le rôle de la crise économique des années 1980

Des perturbations économiques importantes ont déstabilisées l'ensemble des pays en développement à partir des années 1980. Ces troubles ont plongé la plupart des pays d'Afrique et surtout ceux de la zone FRANC (Hamel, 2006). La détérioration des termes de l'échange et la dévaluation du FCFA ont largement contribué à cette catastrophe.

a-La détérioration des termes de l'échange

La détérioration des termes de l'échange entre les pays exportateurs de technologies (pays du Nord, développés) et les pays exportateurs de matières premières (pays du Sud, en voie de développement) a participé (et participe toujours) au déficit de la balance des paiements des grands exportateurs de richesses naturelles (pétrole, minerais, coton, sucre, caoutchouc, cacao, café, ...). En parallèle, les recommandations prodiguées par le Fond

11

Monétaire International en termes de politique d'ajustement structurel pendant les années 1985 se sont traduites par une réduction brutale des dépenses budgétaires surtout dans le domaine sanitaire. Les dépenses compressibles (santé, éducation, salaire des fonctionnaires, ...) ont été revues à la baisse pendant que le service de la dette exerçait une pression encore plus forte sur le budget (Hamel, 2006).

La première conséquence de cette crise économique est la détérioration progressive des services fournis par les établissements de santé surtout publics. « En 1985, le budget public affecté aux médicaments et aux fournitures a baissé à Madagascar, passant à 20% du niveau de 1977 et le pays n'a pu importer que 10% des fournitures et produits médicaux prévus » (Mattern, 2015).

Dans ce contexte de pénurie, les commerçants du secteur informel ont commencé à vendre des médicaments, exerçant ainsi une pression concurrentielle sur les pharmacies officielles. Les prix sont devenus rapidement plus intéressants sur le marché « noir » que dans les pharmacies et les hôpitaux. La débrouillardise des acteurs informels a rendu les médicaments issus du circuit informel plus disponibles que les médicaments du secteur formel. « En 1990, plus de 60% de la main d'oeuvre Camerounaise est employée dans le secteur informel » (Hernandez, 1995).

Le marché illicite du médicament a trouvé dans la crise économique des années 80 un contexte propice à son émergence et/ou à son expansion. « Du point de vue du consommateur, la vente de médicaments dans la rue par le biais d'une multitude de vendeurs offre une alternative de choix face à un secteur public en déclin » (Hamel, 2006). De ce fait une attention plus précise semble être nécessaire pour l'évolution de notre travail.

b-Dévaluation du franc CFA : « effet Massu »

Le 12 janvier 1994, la dévaluation de 50% du franc CFA concerne 14 pays d'Afrique subsaharienne y compris le Cameroun. La dévaluation du taux de change a permis aux Etats qui utilisent le franc CFA, toutes choses égales par ailleurs, de disposer davantage de ressources fiscales puisque les taxes sur les biens exportés rapportent deux fois plus en monnaie locale (Hamel, 2006). Son corolaire pour les ménages, sera la multiplication par deux des prix de produits de consommations en général y compris les médicaments. Or la grande majorité des médicaments présents sur les marchés de Douala sont des produits importés. Il en fut de même pour le prix des médicaments fabriqués localement, étant donné qu'une partie voire même la totalité des intrants sont importés.

12

Les médicaments ne sont plus disponibles en quantité suffisante dans les centres de santé. Cette incapacité de la part du secteur officiel ouvre les portes au commerce de contrebande pour l'introduction à grande échelle dans le secteur informel des médicaments de qualité généralement douteuse. Il est à remarquer que la politique sanitaire et la fragilité du système social et culturel ont joué et continu de jouer un rôle important.

3- UN CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET CULTUREL FAVORABLE

POUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS

Il est question ici de décrire l'environnement qui a favorisé ou catalysé le développement de la distribution informelle des médicaments. Ainsi nous présenterons tour à tour le contexte social, politique et culturel.

A-Les raisons d'ordres sociales

L'économie informelle montre une dépendance encore plus forte vis-à-vis de l'économie formelle. Elle n'arrive pas à créer des emplois compensant la perte d'emplois formels. Les emplois crées dans ce secteur sont de plus en plus précaires et offrent des revenus très inférieurs au seuil de pauvreté (Hugon, 1996). Le constat est clair que le revenu issu du circuit informel reste suffisant pour subsister voire vivoter. Il devient dans ce contexte difficile pour de millions d'habitants de la ville de Douala travaillant presque tous dans le secteur informel d'avoir accès aux médicaments des pharmacies modernes qui pratiquent des prix pas du tout accessibles pour ces derniers (Ouatarra, 2009)

Dans une perspective fonctionnaliste, l'acceptation de la distribution informelle des médicaments peut apparaître comme une réponse à l'impossibilité qu'ont les populations d'accéder à un emploi décent ; à des médicaments au prix bas. Les conditions et possibilités du développement du commerce informel des médicaments sont indissociables de la situation des circuits officiels de distribution (Hamel, 2006). Quand le salaire minimum garanti est de 36000F CFA environ (environ 55€) ; relevant également que le secteur informel en général offre des revenus largement inférieurs au SMIG ; il devient aisé de comprendre pourquoi les populations de Douala majoritairement employées dans le secteur informel font recourt aux médicaments issus du marché informel.

Dans la plupart des pays africains, comme au Cameroun et à Douala les textes juridiques déclarent illicite et condamnent la vente de médicaments en dehors des pharmacies

13

et hôpitaux. Cependant, une tolérance officielle est facilement observable et ce commerce se déroule comme si la vente de médicaments de la rue était autorisée par les pouvoirs publics (Ouattara, 2009). La vente de médicaments illicites est organisée sans qu'un contrôle véritable et des mesures de répressions fortes soient mises en oeuvre à l'encontre des différents acteurs.

En fait, les vendeurs informels de médicaments doivent s'acquitter quotidiennement d'un droit à la municipalité et d'une taxe de marché, comme si ce marché parallèle était parfaitement légal. En cas de problèmes, les mesures de répressions portent sur la confiscation des produits vendu et se terminent par la libération des vendeurs moyennant des amendes dérisoires (Fassin, 1985). A Douala au Cameroun, comme dans beaucoup de pays africain au sud du Sahara la distribution des médicaments prohibés représente environ 60% du chiffre d'affaires du commerce pharmaceutique (Ouattara, 2009).

En dehors de ces tracasseries, la corruption propre à notre environnement politico-social sévie également dans ce secteur. La distribution informelle ne constitue pas un marché assez lucratif. Les sommes obtenues dans cette activité servent en effet à acheter d`autres médicaments, à faire vivre la famille restée au village ou amenée en ville (Fassin, 1985). La distribution informelle des médicaments apparaît donc comme résultant de faits historiques, de contraintes économiques, de mécanismes sociaux, et politiques.

B- Le politique face au comportement opportuniste des distributeurs informels

Plusieurs observations laissent à croire que les distributeurs informels exploitent juste les failles ou les faiblesses du réseau formel de distribution. Face à cette situation, on a l'impression que les pouvoirs publics restent totalement muets ou du moins ne posent pas d'actes concrets qui pourront éradiquer le phénomène.

a-L'Etat et la distribution informelle des médicaments: situation énigmatique Face à l'hétérogénéité des formes d'activités que recouvre ce secteur, quelle politique définir ? Faut-il intervenir ou laisser faire ? Faut-il adopter des politiques globales, sectorielles ou non, ou se contenter d'actions ponctuelles, éventuellement sélectives et pas obligatoirement coordonnées entre elles ?

Peu d'actions de répressions importantes sont relaté au cours des années 1980 et 1990 (Fassin, 1997 et Hamel, 2006). Il semble qu'en premier lieu l'apparition du secteur informel a rendue service aux Etats qui n'étaient plus à mesure d'importer des médicaments en quantité suffisante. Plus tard, le marché informel est devenu trop important et le discours a changé

14

(Fassin, 1997). A partir de la fin des années 1990, les pouvoirs publics camerounais ont commencé timidement une guerre contre les médicaments issus du secteur informel. Au Cameroun plusieurs descentes très médiatisées des autorités en charges dans les marchés ont permis de saisir et incinérer des stocks impressionnants de médicaments ces dernières années.

Les injonctions de la Banque Mondiale en faveur d'une « bonne gouvernance » ont incités les dirigeants politiques à manifester des signes symboliques d'intervention. Le manque d'engagement politique est grave. Peut-être il est plus approprié de parler de tolérance étatique. Les hommes politiques camerounais auront bien du mal à se passer de la dépendance générée par la situation illégale de tous les acteurs du commerce informel qui perpétue des formes clientélistes et patrimoniales du pouvoir (Socpa, 2011).

Les importations frauduleuses de médicaments ne peuvent se faire sans le consentement plus ou moins coûteux (en argent ou en médicaments) des douaniers et de leurs supérieurs. La vente des médicaments dans la rue ou sur les marchés nécessite parfois de partager son salaire avec les forces de l'ordre, ou de négocier continuellement sa place auprès de la municipalité.

En retour les dirigeants politiques achètent la stabilité de leur pouvoir par des stratégies clientélistes. C'est là que se prononce réciproquement le pouvoir du secteur informel. De plus les distributeurs en profitent pour s'implanter et organiser une distribution à grande échelle couvrant tout le territoire national.

b-Comportements opportunistes des « trafiquants »

Suivant Van Der Geest(1983) et Hamel (2006), nous pouvons dire que le contexte économique des années 1980 a affaiblit l'offre de médicaments. Les importations n'étaient plus à mesure de satisfaire les besoins des populations. Dans ce contexte de pénurie, les commerçants du secteur informel ont commencé à vendre des médicaments à des prix plus bas, a suivi une organisation efficace dans la mesure où la distribution se faisait partout. Dans la rue, au bureau, au marché, dans les véhicules de transports...

Les fortes contraintes économiques des années 1980 qui s'accompagnèrent d'une diminution importante des emplois, ce qui fera apparaître l'émergence simultanée d'une économie informelle devenue prédominante au début des années 1990 (en nombre de salariés) et de nos jours ce secteur recrute plus 60% de la main d'oeuvre formée au Cameroun (rapport BIT, 2010). L'appropriation des médicaments par les acteurs du marché informel semble alors avoir séduit une partie des consommateurs. Intéressons-nous à présent à l'organisation de cette activité.

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SECTION II : ORGANISATION DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS AU CAMEROUN

Après avoir fixé le cadre dans lequel s'est construit la distribution informelle des médicaments, planter les jalons qui permettent de comprendre son insertion dans la société, nous allons nous attarder à présent sur l'organisation de ce marché illicite : étudier les réseaux d'approvisionnement, décrire les méthodes et les stratégies de vente ainsi que les catégories de produits pharmaceutiques qui y sont généralement distribués.

1-TYPOLOGIE DES OFFREURS ET RESEAUX D'APPROVISIONNEMENT

La question ici est celle de savoir où et de quelles manières arrivent ces différentes catégories de médicaments sur le marché informel. Dans les années 1980, Fassin citait deux provenances principales : il s'agissait d'une part des importations frauduleuses et d'autre part des achats sur le marché national. L'approvisionnement venant des dons est également d'une importance non négligeable. Cette triple source d'approvisionnement du marché pharmaceutique parallèle, semble commune à l'ensemble des pays d'Afrique subsaharienne et encore valide aujourd'hui pour le cas de la ville de Douala.

A- Réseaux internes d'approvisionnements des médicaments du circuit informel

Le mot « interne » désigne les réseaux intérieurs au pays. Les réseaux internes d'approvisionnement se greffent directement sur les stocks du circuit officiel2 : que ce soit auprès des grossistes, des producteurs locaux ou des pharmacies, dans le secteur privé ou public. On constate constamment de simples achats, de vols ou de détournements ; on peut supposer que les « transactions informelles » soient privilégiées dans le but d'effacer toutes traces de ventes. Les pillages aux frontières, sur les aéroports ou dans les zones portuaires sont très fréquents. Les hôpitaux, laboratoires, dispensaires et grossistes constatent des détournements plus ou moins importants, perpétrés par des salariés peu scrupuleux mais soucieux d'arrondir leurs fins de mois.

Dans de nombreux pays d'Afrique noire, les médicaments présents sur le circuit pharmaceutique national représentent la source principale de réapprovisionnement du marché illicite : « elle est estimée (en pourcentage du réapprovisionnement total du secteur

2 Les stocks de médicaments provenant du circuit formel

16

pharmaceutique informel) à 48% en Côte d'Ivoire, 40% au Niger et 57% au Bénin. Ces produits étant issus du circuit légal possèdent généralement une autorisation de mise sur le marché » (Hamel, 2006). Ainsi, un fabricant local peut écouler des stocks non conformes qui ne correspondent pas aux standards nationaux

B- Les réseaux externes d'approvisionnements des médicaments du circuit informel

Ces réseaux se rapprochent manifestement de la contrebande avec des structures d'organisations qui se mêlent au commerce des trafiquants (ou commerce non déclaré) de tout genre : il n'est pas rare par exemple, que des stocks soient saisies et détruites par les autorités. La grande majorité des médicaments importés de la sorte ne possèdent pas d'autorisation de mise sur le marché. (Fassin ,1985 ; Hamel, 2006 et Mattern, 2015). Le gros de la provenance de ces marchandises est attribué à quelques pays africains (le Nigeria, le Ghana, la Gambie) et au continent asiatique (Inde, Chine). Le Nigeria est reconnu comme une plaque tournante du trafic de médicament dans la zone Afrique, développant des liens commerciaux avec des fabricants indiens ou chinois. Nous pouvons citer quelques chiffres : au Bénin une étude réalisée par le syndicat des pharmaciens sur 351 produits du marché montre que 24,23% proviennent du Nigeria (Hamel, 2006).

Pour ce qui est du cas du Cameroun, plus de 40% des médicaments issus du circuit informel viennent du Nigéria. Et le reste des approvisionnements venant de l'Inde, la Chine, des Dons et de quelques producteurs locaux (SYNAME, 2014). Cependant ces chiffres peuvent être très peu significatifs puisque les fabricants mettent parfois le nom d'un autre fabricant avec la mention « made in England » ou « made in China » afin de lever les soupçons. Les dons de médicaments alimentent également ce réseau.

C-Destination des dons de médicaments

Même si les dons de médicaments doivent suivre le circuit normal pour se retrouver chez les consommateurs, le non-respect des règles d'acheminement de ces dons en médicaments ; auquel s'ajoute une insuffisance des contrôles effectués par les organismes donateurs permettent d'écouler aisément ces produits sur le marché informel (Darmon, 2006)

Il semble que ce phénomène s'inscrive plus largement dans un ensemble d'expériences décevantes de la part de la communauté internationale en matière de dons de médicaments.

Des comportements pareils ont été observés un peu partout en Afrique. Pour ce qui est du cas de la ville de Douala-Cameroun il est récurrent de rencontrer de médicaments issus de ces voies sur le marché informel.

Schéma 1 : Pyramide représentant le circuit du médicament dans le marché parallèle

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Source : Hamel Vincent (2006) ; La vente illicite de médicaments dans les pays en développement : analyse de l'émergence d'un itinéraire thérapeutique à part entière, situé en parallèle du recours classique aux structures officielles de santé. Thèse doctorat en pharmacie

Le haut de la pyramide représente les réseaux d'approvisionnement du marché illicite. Puis en se dirigeant vers le bas de la pyramide on se rapproche progressivement des consommateurs en passant tout d'abord par les gros vendeurs puis par les petits vendeurs. Ce sont ces petits vendeurs qui représentent la partie la plus conséquente de l`offre du marché illicite, symbolisée par la large base de la pyramide, où s'effectue la plus grande partie des interactions avec la demande.

2-HETEROGENEITE DES DISTRIBUTEURS ET CONSOMMATEURS INTERVENANTS SUR LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS

Nombreuses sont les études qui portent sur l'organisation de la distribution des médicaments via le marché informel en Afrique. (Sjaack, 1982, 1983, 1987a 1987b) pour le Cameroun ; (Hamel, 2006) pour les pays en voie de développement en générale ; (Ouattara, 2009) sur le Sénégal et le Cameroun ; (Chiarella, 2015) pour Madagascar. (Sogbossi, 2016) sur le Benin.

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A-Les distributeurs

Les unités de vente de médicament du secteur informel incluent une diversité impressionnante d'acteurs dont les lieux et les méthodes de vente sont propres à chacun. Leur nombre ne peut être évalué (sauf si la région étudiée est très réduite) tant le médicament est vulgarisé. Essayons d'aborder la vente illicite de médicaments du point de vue du circuit de Distribution. On s'aperçoit que la structure hiérarchique de l'organisation de la distribution Favorise la répartition à large échelle des médicaments.

a- La distribution mobile des médicaments du « marché noir »

La vente ambulante est une pratique très courante au Cameroun. Les médicaments sont ainsi vendus de manière informelle par des commerçants réguliers ou irréguliers. De la même façon que pour la vente fixe, la vente ambulante de médicament présente différents degrés de spécialisation qui évoluera en fonction de l'expérience du vendeur, de la demande à laquelle il sera confronté ainsi que d'autres mécanismes relationnels complexes reliant les acteurs du commerce informel.

En milieu urbain comme rural les « vendeurs de médicaments sur la tête » déambulent dans les marchés et les quartiers, Ils suivent des circuits plus ou moins précis leur permettant de se rendre dans un maximum de localités.

On se rend bien compte ici que l'offre en médicament du marché informel est considérablement amplifiée par la pratique de la vente ambulante. « Une enquête réalisée par la Direction des Pharmacies et du Médicament du Bénin avec le partenariat de la fondation Pierre Fabre en mars 2003 rapporte que 65% des 600 ménages interrogés recevaient la visite d'un vendeur plus de trois fois par mois. En Côte d'Ivoire la vente illicite des produits médicaux atteint un tel stade d'organisation qu'elle s'effectue dans les véhicules de transports en commun qui rallient Abidjan aux différentes villes du pays » (Hamel, 2006). Cette observation est presque identique au Cameroun, puisque des ventes sont faites également dans les véhicules de transport commun inter et intra urbain. Des villageois de localités les plus reculés ont également accès aux médicaments issus de la vente illicite au moins 2 fois par semaines. Il est à faire la remarque selon laquelle ce segment de marché néo-institutionnel n'est pas exploité seulement par les vendeurs ambulants. Même les vendeurs sédentaires y trouvent leurs comptes.

19

b-La distribution immobile des médicaments sur le « marché noir »

Les distributeurs du circuit informel sont majoritairement des hommes. Les niveaux d'instruction des vendeurs sont aussi très variables ; certaines déclarent que beaucoup d'entre eux possèdent le niveau secondaire alors que d'autres annoncent un taux élevé d'analphabètes. L'apprentissage du métier se fait sur le terrain ou avec les conseils des anciens du métier. Les grossistes et détaillants rencontrés ici sont installés dans des boutiques du marché plus aménagées avec un ou deux ventilateurs, certains vendent seuls, mais d'autres ayants des employés. Nous avons découvert des structures ayant jusqu'à 6 employés. A propos du mode de rémunération de ces employés, aucune bonne information n'a été dévoilée. Ils disent recevoir en moyenne 1500 FCFA par jour de travail

Nous ne décrivons pas l'ensemble des acteurs de la distribution informelle mais seulement les grossistes rencontrés au principal marché d'approvisionnement (marché centrale de Douala). Les informations ne sont pas disponibles sur les trafiquants importateurs illégaux de médicaments ou sur les acteurs qui détournent les stocks.

Il est difficile de donner un profil type des distributeurs de médicaments sur le circuit informel. On y trouve un brassage culturel et des populations appartenant à toutes les régions du Cameroun. On y trouve ceux ayant une formation de niveau supérieure, secondaire, et primaire.

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Schéma 2 : Aperçu général de la circulation informelle des médicaments

1

Aide internationale

Hôpitaux publics

14

8 9

Secteur public Secteur privé

Niveau international

Niveau national et local

Polycliniques privées

2

15

Vendeurs sur la place et ambulants

10

Individus

11

Acheteurs sur place

18

3

12

13

Pharmacies

5

Marché international

16

Producteurs locaux

6

Grossistes

17

7

4

Source : Kizito Nsarhaza (1997). Au-delà de la régulation étatique. La gouvernance du marché informel de la santé : Cas des médicaments au Zaïre

La contrebande (flèches 3 et 4) représente l'importation clandestine des médicaments sans payer les taxes requises et subir les control prévus par la loi. Le vente non autorisée (flèches 8, 10, 12, 13, 14, 15, 17 et18) est le fait des dépôts pharmaceutiques qui vendent au détail et à des individus des médicaments. Toutes ventes de médicaments hors des officines et

21

pharmacies tombent dans cette catégorie. L'approvisionnement du secteur informel par le biais de la vente normale ou autorisée (6 et 16). Le vol et le détournement (1, 2, 9 et 11) des produits de santé des pharmacies d'hôpitaux et des stocks prévenants de l'aide internationale. La production et la vente de faux médicaments (5,6 et 7).

B-Une clientèle essentiellement hétérogène

La consommation des médicaments de la rue est une fonction croissante ou décroissante de l'âge ? Suivant certains chercheurs, les consommateurs des médicaments de la rue sont en majorité des sujets jeunes (Kachi et al. 2011). De plus, Il a été prouvé que les consommateurs du marché informel ayant le plus grand niveau de revenu et d'éducation étaient aussi les plus jeunes. Des résultats ont aussi démontré que les consommateurs qui ont le plus faible niveau de participation dans les marchés informels étaient les plus âgés et avaient le plus faible niveau de revenu et d'éducation (Bastia, 2010, p. 8). Qu'en est-il du rôle du sexe ?

A ce niveau, les recherches ne font point l'unanimité. Certains chercheurs sont pour la prédominance des hommes dans la consommation des médicaments de la rue. « Les consommateurs des médicaments de la rue sont en majorité des sujets jeunes ; à prédominance de sexe masculin », (Kachi et al. 2011). Cependant, d'autres affirment la nette supériorité du pourcentage de femme dans la consommation de tous types de médicaments confondus. « Les femmes, peu importe l'année ou la classe de médicaments, sont de plus grandes consommatrices que les hommes » (Latrémouille, 2007, p. 39). Ainsi il devient difficile de cerner le rôle du sexe et le classer comme facteur qui participe ou non à la formation de l'attitude favorable à la distribution informelle des médicaments. Également, « les gens les plus fortunés peuvent bénéficier de l'existence de ces activités économiques non-taxées et non mesurées » (McCrohan et Sugrue, 2001).

Plus le consommateur subit des contraintes financières importantes, plus il a tendance à être influencé par la consommation des produits bas de gamme ou moins chers et vice versa. En effet, le consommateur qui a un revenu élevé ne cherche pas les prix bas lors de la consommation des produits délicats tels que les médicaments. Les recherches de (kalika, 1982) prouvent ce constat et montrent que les individus qui cherchent les promotions (les prix bas) sont généralement des consommateurs à revenu modeste. De même suivant certaines recherches « La principale raison évoquée par les utilisateurs des médicaments de la rue était le faible coût de ces produits (69% des enquêtés) » (Kachi et al. 2011). De plus ces

22

consommateurs avaient un revenu mensuel de moins de 50 000 FCFA, (environ 77 euros) et n'avaient pas d'assurance maladie (Kachi et al. 2011).

Ces résultats cumulés nous permettent de déduire que le revenu est en partie responsable de l'adoption de la distribution informelle chez plusieurs consommateurs.

Dans le cadre de cette analyse les fondements lointains et contextuels du développement de la distribution illicite des médicaments ont fait « tache d'huile » a parti de 1948 après la création de l'OMS (Barbereau, 2006). Le phénomène a été catalysé par la crise des années 1980, l'opportunisme des commerçants en a joué un rôle prépondérant pour la fécondité de ce marché. Il ne faut non plus négliger l'organisation du système de distribution qui a intégré avec la plus belle des astuces le système social. L'organisation et plus globalement le renforcement de l'informel sont donc les conséquences de l'intégration plutôt réussie de la distribution informelle dans le marché pharmaceutique. Si certaines ventes illicites plus visibles sont ouvertement condamnées d'autres moins flagrantes deviennent tolérées et rentrent dans la « norme ».

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Tableau 2 : Synthèse de quelques recherches antérieures

Auteurs

Objectifs

Méthodologie utilisée

Résultats

Matern

2015

Identifier les circuits de distribution des médicaments

1)Etude qualitative avec des observations participantes, des entretiens semi -directif 2) cas : marché informel « d'Ambohipo »

1)Existence de lien familiaux fort et jouent un rôle important dans le mécanisme d'approvisionnement 2)Le rôle incontournable des dépôts de médicaments dans la distribution informelle

3)Les vendeurs de médicaments informels sont presque tous les « Betsi »

Wogain
g,2010

Identifier les liens existants entre l'attitude des individus à l'égard de l'ordonnance médicale et le lieu d'acquisition des médicaments

1)Etude qualitative avec des observations directes sur site, entretient avec les vendeurs, acheteurs, et focus- group

2)Cas : marché informel de « gazon »

1)Les ruptures régulières de stock en officine, les prix bas sur le » marché noir », l'étendu du réseau de distribution justifient le choix de plusieurs consommateurs

2)Il existe des inconditionnels du marché informel 3)Les professionnels de santé et les délégués médicaux s'approvisionnent sur le marché informel

Soura et al.

(2013)

Comparer l'effet du niveau d'instruction et celui du niveau de vie sur l'utilisation des médicaments de la rue

1)Etude quantitative avec de questionnaires pour la récolte des données 2)Sites Ouagadougou

1)L'influence du niveau d'éducation est supérieure à celle du niveau de vie.

2)Même les non instruits qui sont entourés d'instruits rejettent les médicaments de la rue.

Mba et
al.

(2014)

Apprécier le niveau de perception du risque des médicaments contrefaits chez le consommateur

1)Etudes quantitative avec 250 questionnaires pour la récolte de données

2)sites Dschang 3)échantillon de 250 individus

1)les usagers des médicaments contrefaits ne perçoivent pas significativement les dangers pendant l'achat et après consommation des médicaments de rue

Kachi et al.

(2011)

Appréhender les facteurs favorisants la consommation des médicaments de la rue

1)Etude quantitative avec de questionnaires pour la récolte de données

2)Sites commune d'Adjamé (Abidjan)

3)Echantillon de 300 individus

1)la pauvrette est un facteur responsable de la consommation des médicaments de la rue (72 %.). Les consommateurs avaient un revenu mensuel moyen de 75000 FCFA

2)L'efficacité du réseau de distribution informel 3)L'âge des consommateurs joue un rôle important (les jeunes sont les plus gros consommateurs du marché informel)

4)Les hommes consomment plus les produits issus du marché informel que les femmes

Ouattar
a (2009)

Expliquer un fait apparemment contradictoire : le succès des médicaments de la rue alors que les risques pour la sante sont très important

Analyse hybride : 1)Qualitatif, 25 entretient semi directifs et des observations flottante. 2)quantitatif avec récolte des données à travers 255 questionnaires

3)sites Douala et Dakar

1)Les consommateurs de médicaments de la rue ne sont pas satisfaits en générale

2)Ils perçoivent en grande majorité le risque encouru dans la consommation des médicaments de la rue 3)Les avantages liés au pris, la disponibilité, la praticité semblent être des éléments déterminants le choix des consommateurs.

Van Der Geest

(1983)

1)Décrire le système de distribution informel des médicaments au Cameroun

2)Montrer la nature des relations existantes entre commerce illicite et licite

1)Etude qualitative avec des observations participantes ; des entrevues

2)Etude de cas sur un échantillon de 24 cas

3)Site Ebolowa

1)La distribution formelle et informelle des médicaments sont liées.

2)La consommation des médicaments issus du circuit informel entraine souvent des déceptions graves, voire des intoxications.

3)Les avantages liés au prix, la disponibilité, la praticité semblent être des éléments déterminants le choix des consommateurs.

 

Source : construit par l'auteur

24

Au terme de ce chapitre, il est clair que le développement du marché informel des médicaments n'est en rien marginal : aujourd'hui son poids économique est imposant et les atouts qui le caractérisent (flexibilité externe) renforcent son emprise. La question essentielle est de savoir pourquoi l'Etat n'intervient pas afin de faire appliquer la réglementation. La thèse de la capacité insuffisante de contrôle de l'Etat ne fait que déplacer le débat puisque celui-ci a bien le droit et les moyens de réprimer lorsque cela est nécessaire ou de réorganiser ; il s'agit donc bien d'une tolérance étatique faisant intervenir corruption et clientélisme.

En fin ce premier chapitre nous a permis de recadrer les fondements à la fois lointains et contextuels de la distribution informelle des médicaments, son organisation dans un cadre où interviennent les difficultés économiques, la tolérance étatique et l'existence de liens très complexes entre le secteur formel et le secteur informel. Cette pratique a trouvé sa place dans la société ; elle y est intégrée, subit le pouvoir politique, et exerce simultanément le sien sur les intervenants dans ce nouveau marché.

CHAPITRE II :

COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS SUR LE
MARCHE DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES
MEDICAMENTS : ESSAI DE CONCEPTUALISATION
D'UNE REALITE

25

La distribution informelle des médicaments au Cameroun en général et à Douala en particularité est arrivée à un niveau d'organisation qui cherche systématiquement à se substituer au secteur officiel en approvisionnement et en distribution. L'appropriation de la médecine moderne par des civilisations très inégalitaires sur les revenus et très disparates sur le plan des conceptions sociales de la maladie exigent une adaptation minutieuse de l'offre pour laquelle le circuit informel pourrait avoir trouvé une part de réponse. Pour mieux appréhender cet aspect, nous présenterons d'abord la distribution informelle des médicaments comme alternative économique adéquate pour le consommateur suivi de la théorie de la justice (section I), ensuite nous analyserons les effets de ces « avantages » sur le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments et la théorie néo-institutionnelle (section II).

SECTION I : UNE ALTERNATIVE ECONOMIQUE ET SOCIALE « ADEQUATE » POUR LES CONSOMMATEURS

Il est question dans cette section d'étudier le comportement du consommateur et les déterminants du recours au marché informel afin de mieux comprendre le succès de celui-ci auprès du grand public. Pour le faire, nous analyserons dès lors la perception et l'attitude du consommateur ; et les raisons de l'adoption de cette activité (problème de justice économique).

1-COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ET ATTITUDE ENVERS LE MARCHE INFORMEL

Cette sous-section sera consacrée à la présentation de la notion d'attitude et du comportement d'adoption des produits ou des objets par le consommateur.

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A-Notion d'attitude

Les fonctions remplies par les attitudes nous permettent de comprendre les raisons de leur formation dans l'esprit du consommateur (D'astous et al. 2006).

Katz (1960) a mis au point une approche fonctionnelle permettant de justifier 1'utilité des attitudes. Selon cette approche, il existe quatre fonctions principales des attitudes :

Ø La fonction utilitaire : Les attitudes aident les gens à fonctionner dans leur environnement.

Ø La fonction d'expression des valeurs : L'attitude permet à l'individu d'exprimer, aux autres ainsi qu'à lui-même, les valeurs et les principes qu'il juge primordiaux.

Ø La fonction de protection de l'ego : Les attitudes peuvent être adoptées afin de protéger l'image que la personne souhaite projeter. Ainsi, certaines personnes forment des attitudes positives envers des objets, des personnes ou même envers des comportements cohérents avec son ego.

Ø La fonction d'organisation des connaissances : Une attitude correspond à une façon de percevoir le monde, c'est une sorte de schéma de synthèse de la perception de l'individu sur différents sujets. C'est une sorte de filtre à travers lequel l'individu organise sa pensée. Les attitudes permettent ainsi de filtrer et organiser toutes l'information stockée dans la mémoire de l'individu et ceci dans le but de la simplifier. Ce qui sera à l'origine de son comportement.

B-Comportement du consommateur

Plusieurs chercheurs ont travaillé sur la notion de comportement et les différentes attitudes observés chez les consommateurs. Suivant Dussart « le comportement du consommateur représente l'expression des efforts des individus pour satisfaire leurs besoins et leurs désir centrées sur la consommation ». Des études ont également été réalisées sur le comportement du consommateur face à l'achat et l'utilisation de différents types de biens (Engel, Kollat et Blackwell, 1978 ; Kammoun et Turki, 2010 ; Basti, 2010).

Dans ce contexte, on trouve selon Basti (2010) trois modèles explicatifs à la base du comportement du consommateur face à un bien ou un objet.

Le premier qui traite principalement de la formation d'attitude chez l'individu. Selon cette vision tridimensionnelle, pour connaitre l'attitude d'une personne envers un objet, il faut examiner en même temps les croyances ou connaissances de cette personne à l'égard de l'objet

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(la dimension cognitive), ses sentiments envers celui-ci (la dimension affective) ainsi que les intentions ou comportement s'y rattachant (la dimension conative). Un second qui traite l'ensemble des actes des individus directement reliés à l'achat et à l'utilisation des biens. Ce modèle s'appuie sur les différentes étapes de l'achat d'un bien. La phase préachat (recherche, collecte et analyse d'informations) ; l'achat proprement dit (décision et acte d'achat) ; la phase post-achat (évaluation du bien acheté et de la satisfaction qu'il procure). Le dernier qui fait une analyse complète du comportement de l'acheteur. Celui-ci non seulement passe au peigne fin les différentes étapes d'un achat, il ressort également cinq différents rôles principaux que peuvent jouer les individus au cours d'un achat (initiateur, prescripteur, décideur, acheteur, et consommateur).

Il est à noter que le sentiment, ne se forme jamais, sans la disposition d'informations en avance, c'est à dire des croyances concernant l'objet en question et même parfois d'une intention d'achat. De ce fait, une exploration de l'achat et l'adoption du circuit informel semble plus important dans notre conteste de travail.

C-Comportement du consommateur et adoption de la distribution informelle des médicaments

Le comportement du consommateur comme « le processus par lequel l'individu élabore une réponse à un besoin. Ce processus combinera des phases surtout cognitives et des phases d'action qui sont l'achat et la consommation proprement dite » (Kotler, 2006). Le comportement du consommateur se trouve au coeur de l'étude de la demande, notamment dès lors que sont considérés les produits de grande consommation ou de premier nécessité.

De nombreuses études consacrées au comportement du consommateur cherchent à répertorier les principales variables qui expliquent les différences observées entre les comportements individuels. Cette recherche des principales variables qui déterminent les comportements des consommateurs s'est traduite par l'élaboration progressive de modèles de comportements de consommateurs.

D'après Chikhi et Benhabib (2007), de nombreuses variables ont été identifiées comme responsable de l'adoption des produits ou des objets, certains sont propres au consommateur et d'autres non. Ceux qui relèvent du consommateur sont de nature socio démographique comme l'âge, le genre, le niveau d'éducation et de revenu (Nia et al. 1995) ou de nature psycho-graphique, comme l'estime de soi (Bloch et al. 1993), le matérialisme (Wee et al., 1995), l'aversion à l'égard du risque (Wee et al. 1995). D'autres déterminants

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concernent directement les attributs du produit, qu'ils soient intrinsèques comme la qualité perçue (Nia et Zaichkowsky, 2000 ; Wee et al. 1995) ou extrinsèques comme le prix ou la marque (Nia et Zaichkowsky, 2000). « Les chercheurs se sont également intéressés au milieu de l'achat et à son impact sur la propension à acheter des produits au travers de variables telles que l'implication à l'égard de la catégorie de produit (Bloch et al. 1993 ; D'Astous et Gargouri, 2001), de la satisfaction retirée d'achats antérieurs de contrefaçons (Tom et al., 1998), du lieu d'achat - magasin vs marché - (Bloch et al. 1993 ; Cordell et al. 1996 ; Tom et al. 1998) et du risque perçu associé à la catégorie de produit (Cordell et al. 1996) » (Chikhi et Benhabib,2007).

En effet, comme nous l'avons vu plus haut, le comportement de consommation peut être différent ou spécifique sur le circuit informel, ainsi l'attitude du consommateur envers les biens et services vendus sur les marchés informels pourrait changer ou pas.

2-LES MEDICAMENTS ISSUS DU CIRCUIT INFORMEL : UNE OFFRE

ECONOMIQUEMENT ALLECHANTE POUR LES MENAGES

Pour certains usagers, il est clair que les médicaments de la rue sont moins chers et les avantages économiques associés sont considérables. Mais le médicament est-il vraiment moins cher dans la rue ?

A- L'automédication : pratique dominante de la distribution informelle des médicaments

Des études ont mis en évidence qu'en cas de paludisme, les personnes recourent au secteur privé et informel de distribution du médicament, ce dernier étant bien souvent assimilé au privé, situé à proximité de leurs déplacements quotidiens (Nyato, 2010 ; Djralah et al. 2015).

Cette situation est bien observable dans la plupart des pays en voie de développement et surtout dans les pays francophones au sud du Sahara. L'automédication est largement pratiquée dans ces pays et se produit dans des proportions tout à fait significatives comme le montre la figure ci-dessous.

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Tableau 3: modalités d'achat des médicaments dans les lieux « classiques » de la distribution pharmaceutique au Bénin

Modes d'achat

Pharmacie urbaine

Pharmacie rurale

Vendeur informel

Demande spontanée

73%

65%

70%

Ordonnance

20%

30%

10%

Demande de conseils

7%

5%

20%

 

Source : Baxerres et al. (2016) : l'automédication en question : un bricolage socialement et territorialement situé. Colloque internationales et pluridisciplinaire de Nantes.

On observe que l'automédication est largement pratiquée quelques soit le lieu de l'achat. Environ 73% des achats en pharmacie de ville renvoient à l'automédication ; 65% des achats dans les pharmacies en milieu rural sont également des pratiques d'automédication ; et enfin 70% des achats du secteur informel ne passent pas par une prescription médicale (Baxerres, 2016). Nous pouvons conclure sans risque de nous tromper que l'automédication est une pratique largement observée en consommation des médicaments ; que cet achat soit réalisé en milieu formel ou informel. A présent la question la plus pertinente semble être la raison principale de cette ruée vers une pratique apparemment irrationnelle.

Pour répondre à cette interrogation, nous étudierons les dépenses liées à chaque stade du traitement d'une maladie. De la consultation à l'achat des médicaments. Cette analyse nous permettra d'apprécier les coûts liés à chaque étape du processus.

Illustration : Supposons un malade atteint de fièvre qui se rend dans un centre de santé ou un hôpital de district. Ce dernier dans la plupart de cas, son processus de recherche de santé comprend 5 étapes chacune ayant un coût : à savoir le déplacement, la consultation, l'examen, hospitalisation et achat des médicaments.

Il faut également noter que les itinéraires thérapeutiques possibles sont nombreux : le patient peut consulter (un tradipraticien3, un médecin) ou avoir recours à l'automédication, le patient peut acheter son médicament dans une structure autorisée (hôpital, dispensaire, ...) ou non. Une étude réalisée au Cameroun en 2002 permet d'apporter des chiffres comparatifs qui sont présentés dans le tableau suivant.

3 Pratiquant de la médecine traditionnelle Africaine

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Tableau 4 : Comparaison des coûts (en francs CFA), triés par catégories, rattachés à chacun des itinéraires thérapeutiques d'après une étude réalisée au Cameroun en 2002)

Types de
recours

Catégories de coûts

Coûts
totaux

 

Déplacement

Hospitali-
sation

Examen

Médicame
nts

 

896

464

2154

3162

9427

17060

Consultation traditionnelle

1675

369

313

469

3386

6637

Automédication moderne

-

-

-

-

1079

1079

Automédication traditionnelle

-

-

-

-

443

443

Cout moyen en FCFA

312

147

673

961

3411

5326

 

Source : Hamel (2006, p. 23) ; vente illicite des médicaments de la rue dans les pays en développement. Thèse doctorat en pharmacie.

Les chiffres présentés sont à titre purement indicatif. Ils permettent d'apporter un ordre d'idée et des points de comparaison. Le tableau met en évidence les coûts liés aux différents itinéraires thérapeutiques en cas de maladie (de la consultation jusqu'à l'achat des médicaments).

Une observation plus poussée mérite être faite sur les coûts épargnés lors du recours au marché illicite des médicaments. Il apparait que le coût total du traitement est énorme et cela fait que les ménages à faibles revenu ont recourt au circuit informel.

Le coût d'opportunité défini ici est direct. Il découle du temps perdu par le malade lorsqu'il se rend à l'hôpital. Ou lorsqu'il ira faire le tour des pharmacies à la recherche des médicaments. Parfois il faut faire le tour de la ville plusieurs jour s'il y'a rupture de stock. Dans ce contexte se procurer des médicaments sur le marché informel ne présentera pas d'inconvénients et reste le moyen répondant efficacement au besoin du client.

B- L'adaptabilité des prix pour toutes les couches sociales

D'après Rey (1994) la diversité des prix observés laisse augurer d'un mode de formation des prix particulier. L'hypothèse est qu'il incorpore des composantes qui relèvent d'une rationalité différente de la logique marchande et qu'il ne résulte pas de la confrontation d'une

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offre et d'une demande qui reflètent seulement l'utilité ou la rareté. Cette pluralité des prix pratiqués est l'une des grandes caractéristiques du secteur informel en générale.

Au marché central de Douala au lieu-dit « gazon », certains médicaments vendus étaient 2 à 10 fois moins chères que ceux rencontrés dans les pharmacies d'officines. Les consommateurs africains qui ne disposent pas d'un pouvoir d'achat élevé sont évidemment tentés d'acheter des médicaments dans la rue qui ont également l'avantage additionnel d'être vendus au micro détail (Ouattara, 2009).

Tableau 5 : Comparaison des prix de quelques médicaments vendus à Douala dans la rue et en pharmacie

Noms du médicament

Prix dans la rue en FCFA

Base de comparaison

Prix dans les
pharmacies en FCFA

Aspirine

200

Une plaquette de 6comprimés

600

Vitamine B complexe

5

1 comprimé

75

Paludax

400

1 plaquette de 6comprimés

1200

Bactrim

15

1 comprimé

90

Multivitamines

5

1 comprimé

91

Vermox

100

1 plaquette de 6 comprimés

1225

Paracetamol

100

1 plaquette de 6 comprimés

500

Maloxine

600

1 plaquette de 6 comprimés

1100

 

Source : construit par l'auteur

Le tableau ci-après donne des prix moyens que nous avions observés durant notre enquête. Ces prix sont variables d'un vendeur à l'autre sur le marché illicite. Le prix pouvant varier de plus ou moins 25% par rapport au prix moyen (écart type de 52 pour un prix moyen de 400).

3-DEVELOPPEMENT DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS : UN PROBLEME DE JUSTICE

L'ensemble des résultats aussi intéressants soient-il sur la théorie de la justice n'épuise pas le sujet. S'ils offrent des lignes d'actions pertinentes, ils disent peu de la manière dont les sujets vivent cette l'expérience. L'objet de cette recherche est de rendre compte d'une mauvaise opérationnalisation de la théorie de la justice qui favorise la distribution informelle des médicaments.

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A-La théorie de la justice économique

Suivant la pensée de Van Parijs cité par Harribey (1996) il existe cinq théories de la justice : celles de Steiner, de Baker, de Marx, de Dworkin et de Rawls. C'est celle de Rawls qui, se révèle être la plus adaptée à notre travaille parce qu'elle vise à porter l'allocation universelle au maximum de ce qui est économiquement possible. « Van Parijs a essayé d'intégrer la notion d'allocation universelle et inconditionnelle comme dispositif propre à renforcer le caractère juste de la société » (Harribey, 1996). Plusieurs auteurs prônent pour la compensation des inconvénients d'une inégalité de l'accès aux droits fondamentaux pour atténuer les inégalités.

Il devient ainsi nécessaire suivant Rawls d'assurer l'équité entre les individus. Dans notre contexte cette équité devrait être matérialisée par l'accès aux médicaments pour tous. L'Etat de providence devrait entrainer une subvention des médicaments pour que cela soit accessible à toutes les couches sociales. Nous pouvons dire sans grand risque de nous tromper que c'est cette absence de justice économique qui favorise une ruée vers le marché informelle des médicaments.

B-Succès de la distribution informelle des médicaments : résultat de l'injustice

Même s'il n'existe pas de réel consensus à ce sujet, l'ensemble des travaux s'accorde à dire que le marché informel des médicaments représente une alternative de choix pour les plus pauvres puisque, nous l'avons vu précédemment ; les médicaments y sont économiquement plus accessibles. Mais ne nous trompons pas de débat : aucun résultat d'enquête à notre connaissance ne signale que le marché illicite soit réservé aux pauvres.

Plusieurs enquêtes rapportent qu'il existe un processus hiérarchique entre les différentes alternatives d'accès aux soins. Au cours de l'épisode morbide, les malades auraient généralement recours en premier lieu au secteur informel avant de s'adresser aux structures formelles (Hamel, 2006 ; Sossou, 2012). La capacité des gens à se rendre ultérieurement dans une structure formelle dépend des facilités que ces derniers auront à mobiliser des sommes plus importantes. Les ménages bénéficiant d'un revenu suffisant ou alors de fonds communautaires de solidarité pourront plus facilement mobiliser cet argent. Cette approche conceptuelle du recours au marché parallèle et de la pauvreté revient à décrire un lien de dépendance entre ces deux entités.

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Tout le monde sollicite le marché illicite mais les plus pauvres représentent la catégorie sociale la plus « dépendante ». En termes de justice dans l'accessibilité aux soins et aux médicaments, deux pistes de réflexion s'offrent à nous : l'accessibilité financière du marché parallèle permet l'accès aux médicaments (dans la mesure où les plus pauvres peuvent accéder plus facilement aux médicaments), ou au contraire, l'acceptation d'un système de santé à deux vitesses qui réduit les chances pour les plus pauvres d'accéder à des soins de qualité et aux médicaments. (Théories développées par les travaux de Sen, cité par Hamel, 2006).

En somme mettre en évidence la parfaite adéquation offre-demande sur le secteur de la distribution informelle des médicaments a été faite à travers la mise en place par les distributeurs d'une offre alléchante pour les ménages, suivi d'une excellente intégration sociale de cette forme de distribution. Dans la suite, nous essaierons de comprendre comment le consommateur perçoit ces avantages qu'offre le secteur informel de la distribution des médicaments.

SECTIONII : LE CONSOMMATEUR FACE AUX « AVANTAGES » OFFERTS PAR LE SYSTEME DE DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS

Cette deuxième partie sera consacrée au processus d'intégration de la distribution informelle. Ainsi dans cette partie, nous allons présenter les facteurs induits par le marché informel des médicaments susceptibles d'influencer le comportement des consommateurs envers ce dernier et le model conceptuel verra également le jour.

1-DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS : UNE INTEGRATION

SOCIALE PARTICULIERE

La vente informelle des médicaments a lieu dans la rue, au marché, au bureau, et dans les véhicules de transport. Ces lieux constituent des environnements familiers pour les consommateurs africains. De plus ces lieux sont parfaitement intégrés dans leur mode de vie quotidien. L'achat de ces produits est donc facilité par l'environnement les méthodes de distributions et le lieu de distribution. La vente des médicaments illicites parait donc bien adaptée au contexte social des consommateurs africains et sans doute bien plus que la vente en officines (Jaffre, 1999 ; Ouattara, 2009 ; Mbaho, 2015).

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A- Une méthode de distribution spécifique : la vente à l'unité

Il est important de s'intéresser aux modalités de vente qui agissent directement sur le coût d'achat du médicament, à savoir la vente à l'unité. Les vendeurs de rue déconditionnent les blisters de comprimés en fonction de la quantité exacte que désire acheter le client. Cette facilité d'achat est un atout de poids ; elle a un effet direct sur les volumes financiers mobilisés par les ménages. L'achat correspond exactement aux besoins estimés : le client achètera le nombre de comprimés qui lui semble nécessaire, les quantités pouvant être réajustées par la suite. Au contraire dans les pharmacies et officines les médicaments sont vendus dans leur emballage d'origine qui contient un nombre déterminé d'unité de prise. « Le secteur informel, par la faiblesse des coûts fixes, permet un morcellement des achats ; il répond à la faiblesse des capacités de paiement ou à une contrainte de territorialisation des achats dans les situations d'enclavement spatial » (Rey, 1994).

B-Une stratégie de distribution push

Une stratégie de distribution est dite push lorsque l'offre pousse le produit vers les consommateurs en se rapprochant de ce dernier le plus possible. Selon Van Der Geest (1985) le secteur informel de la distribution des médicaments au Cameroun s'appuie sur 5 catégories de vendeur.

Le groupe le plus important est constitué de l'ensemble de détenteurs de « magasins traditionnels » (boutiquier du quartier) qui vendent plusieurs produits utilisés au quotidien par les ménagères y compris des médicaments. Le second est constitué des commerçants occupants un espace commercial dans un marché de la ville pour distribuer des médicaments et autres variétés de produits. Le troisième groupe est constitués des vendeurs ambulants qui font le porte à porte, vont de quartier à quartier et de village à village pour vendre les médicaments. La quatrième catégorie est constituée des vendeurs spécialisés dans la distribution des médicaments. Ils peuvent s'approvisionner à l'étranger ou sur les réseaux locaux. Il est à noter que dans cette quatrième catégorie, la vente n'est pas dénudée de conseils. Ils prodiguent des conseils aux patients et administrent des injections parfois. La dernière catégorie est constituée du personnel des institutions légales de santé donc les uns sont en services et d'autre à la retraite. Ces derniers généralement ouvrent des points de ventes pour exercer leur activité.

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Ainsi l'ensemble de distributeur couvrent tous les lieux de vente cités plus haut (dans la rue, au marché, au bureau, dans les véhicules de transports, etc.). Ce mode de distribution parait plus efficace et permet au client d'acheter les médicaments sans se déplacer. Il peut se procurer les médicaments à la maison, au bureau, sur le chemin pour le travail ou sur le chemin de l'école.

C-Distribution informel des médicaments : un système d'échange reposant sur le social et la confiance

La solidarité est un élément fondamental dans les relations interpersonnelles au quotidien en conteste africain. Ainsi certains distributeurs informels par solidarité viennent au secourt des nécessiteux. Cela est possible dans la mesure où ils sont généralement propriétaires gérant de leur activité.

a-Les possibilités d'offre gratuite de médicaments aux nécessiteux

« L'hypothèse est alors que ce mode d'allocation offre plus de souplesse dans les transactions sans perte d'efficacité économique, cela du fait de son intégration dans des réseaux familiaux et coutumiers et de l'importante d'adaptabilité de ses pratiques » (Rey, 1994). L'absence d'une comptabilité formelle permet aisément des flexibilités de ce genre.

Ces actes sont des initiatives qui trouvent bien leur place en contexte africain. Contrairement à la distribution formelle ou tout est formalisé et aucune flexibilité de ce genre n'est permise.

b-Une vente à paiement différé sans intérêt et sans garantie

Les relations personnalisées qui relèvent de rapports familiaux ou claniques laissent apparaitre la notion de logique informelle. Cette logique de distribution peut se définir comme un principe d'organisation des échanges en plus grande symbiose avec les usagés. Si toute procédure de coordination et de décision hors marché relève d'une organisation au sens des « institutionnalistes » (Menard, 1989), la vente informelle des médicaments n'échappe pas à cette logique.

Suite à une exploration, une découverte a été faite sur le phénomène de vente à crédit des médicaments. Plusieurs clients s'approvisionnaient auprès du « docta4 » en médicaments

4 Distributeur des médicaments de la rue

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et réglaient les factures ultérieurement, certains effectuaient même des règlements mensuels pour le paiement de leur dette auprès du « docta » lorsque celle-ci est volumineuse. « Outre la souplesse et la rapidité des procédures, le morcellement des achats répond à la faiblesse et à la variabilité des revenus » (Rey, 1994)

Parfois certains malades après des consultations dans de institutions sanitaires agréés se rendent chez les distributeurs informels des médicaments à cause de la flexibilité de paiement, mais également par ce que ce dernier leur vient en aide lorsqu'ils ont des difficultés financières.

Il ressort des rapports personnalisés qui caractérisent les échanges informels que la confiance mutuelle est souvent à la base de la relation dans l'échange informel (Rey, 1994) outre la réduction des coûts, la solidarité, évoquées la confiance est au coeur du fonctionnement des activités informelle en générale et en particulier de la distribution informelle des médicaments. Cette observation a été également faite par Charreaux (1990) pour lui, les transactions informelles reposent sur la confiance qui joue le rôle de la loi pour garantir le fonctionnement des réseaux dans lesquels s'organisent les transactions informelles.

Tableau 6 : Quelques clés de comparaison des systèmes d'échanges

Système d'échange

Informel

Néo-classique

Règle d'organisation

Organisation dans la confiance dans le cadre de la relation non anonyme

Organisation par la concurrence dans le cadre de relations anonymes ou contractualisées

Finalité de l'échange

Sociale et ou économique

Logique univoque de profit

Propriété des moyens de production

Capital souvent peu important voire inexistant et pouvant relever des moyens de production d'une

appropriation « circulaire »

Appropriation personnalisée de production

 

Source : Rey (1994) : Secteur informel et marché : le cas de la filière halieutique dans le Delta centra du Niger.

2-LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS : UN MODELE NEO-INSTITUTIONNEL

L'activité de vente ambulante des médicaments est connue aujourd'hui sous les

appellations pharmacie du poteau, de la rue, du trottoir, à la sauvette, du panier, illégale,

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clandestine, (Socpa, 2011, p.288). En effet toutes ces appellations désignent le marché informel de la distribution des médicaments. Une activité qui échappe au contrôle de l'Etat.

A-La théorie néo-institutionnelle

Issue du model structuro fonctionnaliste, des travaux de Selnick, Commons et Haurions (Rojot, 2004) ; c'est une théorie qui reconnait que les institutions opèrent dans un environnement contenant des autres institutions. Toute institution est influencée par un environnement plus large dont l'objectif principal pour les organisations est la survie. Pour ce faire, les organisations doivent faire plus que réussir, elles doivent établir la légitimité au sein du monde des institutions. Cette perspective complète qu'au lieu d'agir uniquement selon les règles ou les obligations, les individus agissent aussi selon leur conviction et leurs expériences personnelles.

En effet, un modèle d'organisation est un cadre, aussi implicite qu'explicite, à l'intérieur duquel des choix organisationnels sont réalisés (Pesqueux, 2011). Le modèle de la représentation institutionnelle de l'organisation tend à montrer en quoi les organisations importent une pratique et des procédures qui deviennent socialement acceptables. La pratique de la vente informelle de médicaments n'est pas rationnelle mais peut relever de la culture et du cognitif. Cette pratique est faite sans se poser de question et finalement devient de plus en plus accepter par la population donc légitime pour elle.

B-Une dynamique d'institutionnalisation à l'intérieur de l'organisation

Cette pratique fait ressortir une émergence d'un réseau complexe de relations entre les acteurs, des actions collectives liées à l'environnement. La légitimité de cette pratique fait passer son efficacité au second rang.

Partant d'une construction sociale de la réalité (Berger et Luckmann, 1992), nous voyons que la vente informelle de médicament devient une pratique courante, ce qui fait qu'elle devient « normale » pour le consommateur.

Cette pratique suit un processus d'objectivation d'où une action sociale au-dessus des individus et de son champ spécifique d'action. Les questionnements sur son illégalité tendent à être minorés. Cette pratique est transmise d'une personne à une autre sans se poser de question. La vente informelle de médicaments devient une évidence et s'impose de plus en

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plus comme une règle. Donc la vente informelle de médicaments acquière de plus en plus une légitimité sociale et une certaine efficacité rationnelle (Tchamdja, 2011).

En somme le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments est influencé par l'organisation néo-institutionnelle qui a su répondre efficacement aux besoins des consommateurs.

3-PROPOSITIONS DE RECHERCHE

Comme indiqué par le titre, cette partie aura pour mission de proposer des réponses provisoires à notre problème de recherche. De ce fait nous présenterons les principales propositions de notre recherche et le model conceptuel qui découlera de ces propositions.

A-Proximité des distributeurs et capacité à répondre efficacement aux besoins des consommateurs

Pour appréhender la relation plus générale qui existe entre les intervenants de l'économie parallèle (distributeurs et consommateurs), il peut être pertinent d'explorer le degré de cohésion social existant entre ces deux parties.

Comme nous l'avons décrit plus haut, les paysans savent qu'ils pourront acheter des médicaments lors de la visite du marchand ambulant, les populations rurales et urbaines peuvent effectuer des achats groupés (médicaments et autres biens de consommation courants) sur un même lieu. La multitude de points de vente facilite la distribution et donc l'achat (Van Der Geest, 1982 ; Hamel, 2006).

En outre Les pharmacies formelles qui représentent des lieux étrangers imposent des démarches complexes méconnues ou répugnées du grand public dans des lieux de vente peu familiers. Au contraire le marché parallèle satisfait les clients dans des espaces que ceux-ci maîtrisent culturellement : la rue, les marchés, les boutiques sont autant de lieux de vie familiers fréquentés quotidiennement. « Sur les marchés illicites, les médicaments sont vendus à bas prix et au détail, en fonction des besoins immédiats des consommateurs. La vente a lieu dans la rue qui constitue un environnement familier pour les consommateurs africains et qui est parfaitement intégré dans leur vie quotidienne. L'achat de ces produits est donc facilité par l'environnement et le lieu d'achat » (Outtara, 2009).

Enfin la disponibilité des produits est également un facteur déterminant pour le choix du consommateur. Il semble que la fréquence de rupture de stock est plus grande en pharmacie

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que sur le marché informel « Mon fils fait des crises d'épilepsie. Son pédiatre vient de lui prescrire Rivotril23. J'ai fait le tour des pharmacies en vain. C'est une dame que je ne connais même pas qui m'a conseillé de venir voir ici. Elle m'a dit qu'en France ça coûte moins de 3 euros, je ne sais pas à combien je pourrais l'avoir ». (Adéline, 35 ans, salariée, Eton)

Nous pouvons penser qu'une proximité des distributeurs et leur capacité à répondre efficacement aux besoins des populations contribuent à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Les trois facteurs évoqués précédemment (l'organisation de la profession, l'intégration du réseau de distribution au système sociale, la disponibilité des produits et les prix pratiqués) peuvent concomitamment jouer un rôle important dans ce processus. D'où la formulation de notre première proposition de recherche.

Proposition 1: la proximité des distributeurs et leur capacité à répondre efficacement aux besoins des consommateurs justifient l'adoption de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala.

Proposition 1a : l'intégration du réseau de distribution informel des médicaments au système social justifie son adoption par le consommateur.

Proposition 1b : la disponibilité des produits et les prix bas pratiqués influencent positivement le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments.

Proposition1c : l'organisation de la « profession » explique l'adoption de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala.

B-Croyances des consommateurs

Dans la plupart des cas le vendeur est un proche du consommateur (le boutiquier du quartier, un commerçant à qui on achète régulièrement des articles de différentes natures, ...). Contrairement aux pharmacies formelles qui représentent des lieux étrangers imposant des démarches complexes et des règles sociales souvent pas appréciées par plusieurs consommateurs. Ceux-ci maitrisent et se sentent plus à l'aise dans les boutiques et marché où ils font régulièrement les achats « Les vendeurs de rue parlent la même langue que les villageois et adhèrent aux mêmes représentations de la santé et des maladies » (Hamel, 2006. p. 39). Les médicaments de la rue profitent alors de modes de distribution qui épousent les habitudes et la culture des populations.

Les distributeurs vont à la rencontre du public dans les espaces ouverts (rues, marchés, carrefours à grande fréquentation, bus, trains). En plus des rencontres en face à face avec le

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public, certains vendeurs du secteur informel au Cameroun offrent aussi leurs services à travers des consultations par téléphone (Drescher 2014 et Mbaho 2015).

« Le comportement du consommateur des médicaments de la rue peut aussi s'expliquer par le fait que certaines populations estiment que ces médicaments vendus illicitement sont d'une grande efficacité » (Ouattara, 2009). Il est impossible d'exclure la notion d'efficacité du débat. Les médicaments de la rue n'auraient pas de clients si les produits distribués n'avaient aucune efficacité. Le débat qui peut avoir lieu ici est celui d'efficacité seulement immédiate ? Ou pérenne ? Il existe de ce fait une confiance envers ces médicaments issus du marché informel. En effet les consommateurs croient à l'efficacité et la performance de ces produits.

Face aux pratiques douteuses et politiques menées par certaines entreprises, ou certains distributeurs les consommateurs dans leurs soucis de préserver leur vie boycottent le produit et développent ainsi des comportements de consommation responsables. Car ces actions peuvent obliger le producteur ou distributeur en question à améliorer la qualité de son produit.

Bian et Moutinho (2008), cité par Sogbossi (2016) souligne que les perceptions des attributs du produits par le consommateur influencent sa considération ou non envers le produit en question. D'autres consommateurs pour diverses raisons préfèrent des produits suspects (Roux et al. 2006, cité par Sogbossi, 2016). Ainsi si l'individu perçoit le risque faible, il aura tendance à aller vers les produits douteux.

Pour ce fait il est juste de penser que des comportements propres aux consommateurs (sa culture, son comportement de consommation) peuvent être responsable de l'adoption et la consommation des médicaments issus du circuit informel. D'où la seconde proposition de notre étude :

Proposition 2 : les facteurs responsables de l'adoption du mode de distribution informel des médicaments sont propres aux consommateurs.

Proposition 2a : les comportements de consommation non responsables favorisent l'adoption et le développement de la distribution informelle des médicaments.

Proposition 2b : l'adoption de la distribution informelle des médicaments à un fond culturel.

C-Contexte socio-politico-économiques

« L'économie informelle est une création de l'État, même si c'est par défaut. Ce sont des choix politiques qui l'ont engendré, et non une tradition séculaire pervertie par le développement. Qu'il s'agisse du petit forgeron sénégalais ou du cacique de la drogue

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mexicaine, leur informalité est connue, voulue, instrumentalisée. Ce n'est que dans de très rares cas que l'argument « technique » (policier, militaire et judiciaire) est pertinent pour faire valoir la permanence de l'informalité (d'ailleurs, quand on enjoint aux municipalités de se financer elles-mêmes, elles trouvent brusquement, de Niamey à Calcutta, le moyen de percevoir taxes de place et patentes) » (Lautier, 2003). En d'autres termes, les choix politiques, économiques et le système social sont responsable de la naissance et du développement du secteur informel. Parallèlement, la distribution informelle des médicaments peut être considérer comme une alternative à la mauvaise politique sanitaire. En effet les choix politiques des autorités en charge de ce secteur ont créé, alimenté et développé la distribution informelle des médicaments.

Egalement, Van Der Geest (1982) démontrait, à la suite d'une recherche menée dans la ville d'Ebolowa au Sud du Cameroun, le rôle important joué par le secteur informel dans l'accès aux médicaments. Pour lui, sans l'existence et l'apport du secteur informel, le système de santé publique ne serait à mesure de subvenir aux besoins de la population, la demande étant largement supérieure à l'offre.

Plusieurs autres auteurs ont aussi démontré comment le développement du secteur informel était la conséquence inéluctable du mauvais fonctionnement du système de soins en santé publique dans l'ensemble du Cameroun (Van Der Geest, 1987a, 1987b ; Hours, 1986 ; Socpa, 1995 ; Wogaing, 2010). Vue tout ce qui précèdent, nous pouvons dire que la vente illicite des médicaments est une conséquence des dysfonctionnements du système de santé et de la politique de distribution camerounaise en général, et celui de la ville de Douala en particulier. D'où notre troisième proposition de recherche :

Proposition 3 : l'adoption de la distribution informelle des médicaments a pour origine le contexte socio-politico-économique.

Proposition 3a : la fragilité du tissu économique justifie l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

Proposition 3b : l'adoption de la distribution informelle des médicaments est une alternative à l'échec de la politique sanitaire.

Proposition 3c : le niveau d'instruction a une influence sur l'adoption de la distribution informelle des médicaments et sa consommation.

D- Mécanismes d'influence des effets induits par la distribution informelle des médicaments sur le comportement du consommateur

Le second objectif de cette partie est de mettre en relation les différents éléments ou facteurs recensé dans la littérature et sur le terrain qui sont responsable de l'adoption ou non de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala. Nos différentes investigations montrent que plusieurs facteurs ont été identifiés comme responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments et sa consommation : la fragilité du tissu social et économique, l'intégration du réseau de distribution au système social, l'échec de la politique sanitaire, les comportements de consommation socialement irresponsable, le niveau d'instruction, la qualité, disponibilité des produits, la culture et les prix pratiqués.

À ce groupe de facteurs nous ajoutons un autre élément susceptible d'influencer l'attitude du consommateur envers la distribution informelle des médicaments, à savoir : l'organisation de la « profession ». Il est intéressant d'introduire ce facteur susceptible d'influencer le comportement des consommateurs envers la distribution informelle des médicaments. Le modèle conceptuel sera illustré par la figure ci-dessous

Organisation de la « profession »

Intégration du réseau de
distribution au système
social

Proximité des
distributeurs et capacité
à répondre efficacement
aux besoins

Disponibilité et prix

Comportement de
consommation
irresponsable

Facteurs culturels

Croyances des consommateurs

Adoption de la

distribution informelle des médicaments et consommation

Fragilité du tissu
économique et social

Contexte socio-politico-économique

Echec de la politique sanitaire

Niveau d'instruction

42

Schéma 3 : Modèle conceptuel

43

Organisation néo-institutionnelle

Source : construit par l'auteur

En somme, de nombreuses études décrivent le marché de la distribution informelle comme un marché attractif, adapté à une demande conséquente. Son succès est lié à la levée de barrières à l'achat (consultation, prescription). Elle est également une alternative économiquement et sociale intéressante pour les ménages : en effet pour les usagers la vente informelle offre des médicaments moins chers (Tchitchoua, 2006). Cette croissance de l'activité peut également s'expliquer par la perception des « avantages » offerts par ce système de distribution. Des facteurs tels que l'automédication, la proximité des points de vente, la vente à l'unité, le pouvoir d'achat du consommateur, l'adaptation culturelle et sociale de cette activité jouent en faveur du développement et de la pérennité de la distribution informelle des médicaments.

44

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Au terme de cette première partie de notre travail, le marché informel des médicaments apparaît comme une réalité sociale d'une importance majeure. Vue le nombre d'intervenant (distributeurs et consommateurs). Une étude de ce fait a été réalisée à travers la présentation de la distribution informelle des médicaments, son origine, et son organisation. Un essai de conceptualisation du comportement des intervenants sur ce marché a fait également l'objet d'une curiosité profonde au cours de notre analyse. Ceci à cause de la place et l'importance de cette pratique qui se déroule dans un système social en proie à la précarité et également le rôle de la culture et du niveau d'instruction, ...

Selon d'autres auteurs, la vente informelle est dangereuse car n'obéit pas à l'usage rationnelle du médicament, cette vente a plus une logique commerciale ; dénuder de conseils pertinents. Cette vente favorise l'apparition de résistance au traitement, elle est source de complications liées aux intoxications médicamenteuses provoquées par l'abus de consommation de médicaments. C'est une activité illégale et va à l'encontre de la réglementation en vigueur.

Certains pensent que ces médicaments sont incontrôlés, mal conservés et ne sont donc pas de bonne qualité. Notons le fait que les positions sont nuancées entre les intérêts de santé publique et les intérêts économiques ; ces derniers reconnaissent que le système informel comble le vide laissé par un secteur formel mal organisé dans un contexte de crise économique.

ETUDE EXPLORATOIRE DU COMPORTEMENT DES
HABITANTS DE DOUALA FACE AUX EFFETS INDUITS
PAR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES
MEDICAMENTS

PARTIE II :

45

Le premier traité systématique et complet de méthode que l'on connaisse est celui de René Descartes, Le discours de la méthode, paru en 1632. Dans son ouvrage, l'auteur nous invite à respecter un certain nombre de règles pour s'assurer du caractère objectif de ce qu'on étudie et surtout, de ce qu'on élabore à partir de cette étude. Notamment la défiance des préjugés et des idées « adventices » (à l'avance, non prouvées) et la non acceptation d'une idée avant qu'elle ne s'impose avec clarté et évidence à la raison (Aktouf, 1987). Cette opération est nécessaire pour la réalisation d'une bonne étude de terrain. C'est dans cette optique que nous organiserons cette partie du travail en deux chapitres. L'un portera sur la spécificité du marché informel des médicaments et méthodologie d'étude (chapitre III), et le second portera sur l'incidence du réseau de distribution informel des médicaments sur le comportement d'adoption des consommateurs de Douala (chapitre IV)

SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DE MEDICAMENTS ET METHODOLOGIE D'ETUDE

CHAPITRE III :

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La méthodologie consiste à un bon usage des méthodes et techniques de recherche. La méthode est constituée d'un ensemble de règles qui dans le cadre d'une science donnée sont relativement indépendantes des contenus et des faits particuliers étudiés en tant que tels. Elle se traduit sur le terrain par des pratiques concrètes dans la préparation, l'organisation et la conduite d'une recherche. La méthodologie ressort toutes les étapes empruntées par le chercheur pour parvenir aux résultats présentés. Pour montrer comment les effets induits par le mode de distribution informelle contribuent à l'adoption des médicaments de la rue et son circuit. Pour le faire, nous présenterons ce chapitre en deux parties. La première (section I) présentera la spécificité du marché informel des médicaments à Douala et la seconde (section II) doit couvrir la méthodologie de l'étude.

SECTION I : SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS

Cette partie sera dédiée à la présentation des caractéristiques de notre cas d'étude la ville de Douala et son marché parallèle des médicaments. Pour le faire, nous présenterons

d'abord les moyens, pratiques de la distribution informelle des médicaments et la
justification de l'étude.

1-MOYENS, PRATIQUES ET PRESENTATION DE LA VILLE DE DOUALA

Un moyen peut être défini comme une voie qui permet de résoudre un problème. Ainsi la distribution informelle pour se rapprochée des consommateurs utilise plusieurs astuces que nous présenterons.

A- Des moyens de distributions spécifiques.

Des observations faites dans la ville de Douala laissent apparaitre environ 7 catégories de vendeur avec des méthodes de ventes différentes. Tout comme Baxerres, (2013) nous avons découvert : les « vendeurs sur étalage », « les vendeurs en boutique », « les marchands

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ambulants », « les vendeuses de bord de voie », « les vendeuses à domicile » et enfin les « vendeuses dans les marchés de quartier ». Des « infirmiers informels de quartier » participent aussi à la distribution informelle des médicaments, même s'ils pratiquent également des soins. En dehors de ces multiples espaces de vente chacune liée à un type de vendeur précis, nous pouvons également mettre en exergue des pratiques marketings qu'on y observe.

B- pratiques marketing de la distribution informelle des médicaments

Il s'agit dans cette partie de mettre en évidence les pratiques marketings généralement observés sur le circuit informel des médicaments. Tout comme Hernandez (2013), Badian (2013, Bilguisou (2014) notre étude montre que le secteur informel sous l'angle marketing fait ressortir 3 principaux éléments :

Ø L'adaptation des diverses composantes du marketing-mix à la demande locale.

Ø La parfaite rationalité d'attitude, de décisions, qui a priori parait illogique voir même surprenant.

Ø La proximité existante entre les pratiques locales et occidentale qui paraissent pourtant éloignés lorsqu'on réalise une observation superficielle.

C'est caractéristique de la distribution informelle des médicaments sont greffée des actions commerciales bien précises et liées aux différents éléments du mix. Découverte faite également par Bénas (2010) ; Bilgissou(2014).

a- La politique de produit

Les médicaments présents sur les marchés informels sont de diverse qualité. Comme nous l'avons vu précédemment tout au long de la revue de littérature, les variétés de produits y sont nombreuses. Certains consommateurs lorsqu'ils ne trouvent pas les produits recherchés en officine se ravitaillent sur le marché informel.

Les aspects les plus significatifs de la politique produit sont : la diversité des produits et des marques de médicaments, coûts fixes de distribution minimes, bon rapport qualité / prix, produit d'origine locale et importés. La garantie est souvent inexistante du fait des caractéristiques des commerçants mobiles, ou des produits qui peuvent être contrefaits. Les vendeurs accordent des garanties orales, mais ne sont pas fiables. Ce point représente le point faible de la distribution informelle des médicaments.

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b-politique de distribution

Les médicaments ont toujours été présents sur le marché informel. La vente à l'étalage, la vente ambulante, la vente en « kioske5 » et autres formes de commerce permettent de mettre le produit à la disposition des consommateurs. Les médicaments proposés sont généralement d'origine diverse, la contrefaçon côtoyant les originaux. La distribution des médicaments sur le circuit informel se fait à travers plusieurs stratégies : la recherche d'un lieu de vente adéquat, la faiblesse des investissements dans les locaux, la minimisation du nombre d'intermédiaire, et la recherche des clients de façon active.

c-la politique de prix

Les distributeurs informels, de par l'absence de taxes, vont disposer de prix défiant toute concurrence. Le prix est en effet le principal avantage des distributeurs informel de médicaments. Il est difficile, voire impossible pour des pharmacies soumises à toutes les législations et taxes en vigueur, de concurrencer les prix pratiqués par les distributeurs informels. Les différents politiques de prix rencontré ici sont : la fixation des prix d'après le jeu de l'offre et de la demande ; la fixation des prix par la négociation entre client et vendeurs, l'utilisation des prix psychologiques ; les prix de pénétration.

d-La politique de communication

La communication sur le marché informel des médicaments se fait également de façon particulière. Le bouche-à-oreille (principal outil de communication), les recommandations sont des phénomènes intéressants et extrêmement puissants car crédible selon les consommateurs.il y'a également les interpellations directes des clients potentiel qui permettent le plus souvent au vendeur d'incliner son offre.

C-Présentation du champ d'étude : la ville de Douala

Ville portuaire et capital économique du Cameroun, il s'agit d'un exemple parfait du lieu de développement de la vente informelle des médicaments. Avec une population d'environ 3,5 million d'habitants (représentant 11% de la population nationale et 20% de la population urbaine) et un taux de croissance de 4% environ. Chef-lieu de la région du littoral et du département du Wouri (Ambara, 2011).

5 Petit local qui permet la vente immobile et informelle des médicaments

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La ville est partagée en six arrondissements : Douala 1 (Bonandjo), Douala 2 (Newbell), Douala 3 (Logbaba), Douala 4 (Bonassama), Douala 5 (Kotto), Douala 6 (Manoka). Douala est l'un des principaux centres industriels avec l'un des grands ports du pays. L'accès des enfants à l'école primaire est universel. L'automédication et la distribution informelle des médicaments s'y développent. La quasi-totalité des groupes ethniques présents au Cameroun sont rencontré dans la ville de Douala.

D'après les travaux de Libite et Jazet(2012) elle est située au fond du Golfe de Guinée entre les 2e et 13e degrés de latitude Nord et les 9e et 16e degrés de longitude Est ; la température moyenne est de 30 degré et les précipitations y sont abondantes entre mars et octobre.

Cependant, le Cameroun reste un pays pauvre : selon la deuxième Enquête Camerounaise auprès des ménages (ECAM) en 2011. La ville de Douala n'échappe pas à cette réalité.

En 2011, deux personnes sur cinq (40 %) vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Le taux d'activité de la population âgée de 15-64 ans était de 66 %. Selon l'ECAM, le taux d'activité (au sens du BIT) était estimé à 72 %. D'autre part, le taux de scolarisation (personnes de 6-14 ans) était de 73 % 2011.

Les langues officielles sont le français et l'anglais. Cependant plusieurs langues locales se courtois sur le territoire. Selon la carte sanitaire réalisée en 2004, la ville compte actuellement 1 lit pour 442 habitants et 1 médecin pour 5 673 habitants.

En effet toutes les caractéristiques de cette ville font d'elle un échantillon qui parait plus adapté à notre travail. Une description ou une présentation des cas d'étude est nécessaire pour la suite de notre travail.

2-DESCRIPTION DES CAS D'ETUDE ET DIFFICULTES DE TERRAIN

Nous allons procéder à l'étude de cas multiples, afin de consolider ou d'infirmer nos propositions de recherche. De plus, les résultats obtenus (quoique difficiles à mesurer) sont élaborés à partir de plusieurs variables (en référence au cadre spécifique de recherche). Il est à noter que cette étude de cas ne se déroule aucunement sans difficultés

A-Description des cas d'étude

L'étude de cas permet de formuler une explication. C'est par l'entremise de l'étude de cas que notre stratégie de recherche est mise à contribution. Cette stratégie de recherche

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permet d'utiliser moins de sujets, mais en cherchant le plus de données ou d'informations possibles (Deslauriers, 1991).

Avant de passer à une description des cas d'études, il est important de donner les caractéristiques des études de cas et parcourir les critères de choix de ces échantillons.

a-Quelques caractéristiques des études de cas

Il s'agit dans cette partie de mettre en évidence des aspects propre à la méthode d'étude de cas. Une bonne présentation de ces caractéristiques passera par un tableau.

Tableau 7: caractéristiques des études de cas

Caractéristiques

Etudes de cas

Nombres de sujets

Limité

Nombre de variables

Etendues

Approche

Plutôt inductive et constructiviste

Force méthodologique

Exploratoire, proximité de chercheur, méthodes plurielles et intégration de facteurs difficiles à mesurer

 

Source : Gautier, 2004, p. 172

On constate que l'étude de cas parait être une méthode plus adaptée à l'étude des phénomènes complexes. Elle vise les études en profondeurs et la construction d'une réalité sociale en mobilisant plusieurs techniques de collecte de données.

b-Critères de choix des cas d'étude

Dans l'optique d'avoir un échantillon représentatif de la population de la ville de Douala, plusieurs critères ont étés retenus pour le choix de échantillons : le sexe, l'âge, l'ethnie, le niveau d'instruction et la profession. Ces critères paraissent assez pertinents.

c-Description des différents cas de l'échantillon

Les cas qui seront présenté sont ceux ayant permis d'étudier les mécanismes à travers lesquels la distribution informelle favorise l'adoption du circuit informel médicaments dans la ville de Douala.

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Tableau 8 : présentation des cas de l'étude

Profils des enquêtés Critères de sélection

Consommateurs

 

Nombres (20)

Pourcentages (%)

I-sexe de l'enquêté

 

Féminin

6

 

30

Masculin

14

 

70

II-Age de l'enquêté

 

22-25

4

 

20

26-29

4

 

20

30-33

2

 

10

34-37

3

 

15

38-40

2

 

10

40-50

5

 

25

III-Activité exercée ou activité professionnelle de l'enquêté

 

Employés Salariés

7

 

35

Etudiants/sans emploi

3

 

15

Employés du secteur informel

10

 

50

IV- ethnies de l'enquêté

 

Bamiléké/Bamoun

8

 

40

Bassa /Sawa

5

 

25

Boulou/Eton/Béti

3

 

15

Soudanais /Peul (Grand nord)

4

 

20

 

Source : construit par l'auteur

Les caractéristiques sociographiques de notre échantillon sont indiquées au tableau 8 ci-dessous. La variable genre montre qu'il est constitué de 70% d'hommes et de 30% de femmes. Les âges des personnes interviewées se situent entre 22 et 50 ans avec une forte concentration pour les tranches de 22-25 ans et 26-29 ans pour respectivement 20 et 20%. Les clients appartiennent à plusieurs catégories socioprofessionnelles (fonctionnaires, attacher de recherche, cadre du secteur privé, employés du secteur informel, sans emplois, étudiants, etc.). Ils s'approvisionnent sur les secteurs informels.

Les consommateurs sont aussi originaires des différentes régions du pays et sont constitués de Bamilikés et Bamoun (40%) ; de Bassa et Sawa (25%) ; de Boulou, Eton et Beti (15%) et des Soudanais et Peuls (20%).

B- Difficultés de terrain liées à l'étude

La phase exploratoire de notre travail de recherche ne s'est pas déroulée sans obstacles. C'est ainsi que nous avons fait face à de nombreuses difficultés sur le terrain pendant la

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collecte d'information. La difficulté majeure était la disponibilité des enquêtés et le cadre dans lequel s'est déroulé les entretiens.

Il est important de noter qu'une première enquête a été réalisée à travers des observations régulières. Plusieurs heures par semaine (environ 9 heures) étaient consacrées à l'observation des intervenants sur le marché informel des médicaments. Ceci durant plus d'un an. De ce fait les entretiens viennent compléter les observations réalisées.

La difficulté majeure rencontrée à ce niveau est celui de la disponibilité des consommateurs. Car plusieurs trouvaient l'interview longue et généralement abandonnaient l'interview avant la fin. Il est à noter que les interviews non achevés n'ont pas été utilisé. Contourner toute ces difficultés à nécessiter un investissement personnel important. Ce qui devient plus éprouvant lorsqu'on devient soi-même un instrument de collecte des données. Cela demande d'être impliquer émotionnellement et de rester objectif.

D'autres difficultés étaient liées à l'environnement de travail car les entretiens ont été interrompus plusieurs fois par : des coups de fils et parfois autres sollicitations diverses. Toutes ces difficultés ont rendu les entretiens ou la récolte d'information épuisante puisque nous avions procédé personnellement à la collecte de données.

Le choix de la méthode n'a pas été un exercice facile durant l'étude. A cause de la nature de notre sujet de recherche ; l'étude d'un fait ayant des emprunts à la fois économiques, culturelle, politique et social n'est pas du tout aisé. Il faut mobiliser plusieurs méthodes de récoltes de données parmi la multitude qui existent. Choisir la méthode appropriée et les outils de collectes de données adéquates reste également une tâche compliquée. D'où la nécessite d'être plus subtil pour répondre de façon correcte à la question de recherche.

SECTION II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE EXPLORATOIRE

La démarche intellectuelle est une manière de penser, de raisonner, de progresser vers un but ; et le design de la recherche est la trame qui permet d'articuler les différents éléments d'une recherche : problématique, littérature, données, analyse et résultats (Thietart, 2000 ; cité par Etoundi, 2004). De ce fait il devient nécessaire d'apporter un éclaircissement sur le choix méthodologique de la recherche.

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1- JUSTIFICATIF DU CHOIX DE LA METHODOLOGIE QUALITATIVE ET

DEROULEMENT DE LA RECHERCHE

Cette sous partie aura deux principales missions : donner les raisons de l'utilisation de l'approche qualitative et décrire le déroulement de la recherche.

A- Choix de la méthode exploratoire

Suivant Aktouf (1987) il existe plusieurs méthodologies en sciences sociale marquées par des différentes approches épistémologiques. C'est ainsi qu'il distingue : le rationalisme, le matérialisme, l'empirisme et le fonctionnalisme. Cette approche épistémologique semble présenter quelques manquements. C'est dans ce sens que Gavard-Perret et al. (2012) vont distinguer six paradigmes épistémologiques : à savoir le « positivisme logique, les post positivistes incluant le réalisme scientifique et le réalisme critique, puis le constructivisme radical, l'interprétativisme, et le constructivisme conceptualisé par Guba et Lincoln ». Le chercheur suivant les spécificités de son sujet de recherche doit choisir la méthode qui lui semble la plus appropriée. Ainsi selon l'approche qualitative, le chercheur peut choisir une approche qualitative inductive ou une approche qualitative déductive. Nous allons dans la suite présenter l'approche qualitative déductive retenue pour notre étude ainsi que les limites de cette approche.

a-Présentation de l'approche qualitative inductive

Un travail de recherche doit pouvoir répondre à trois questions fondamentales : Quoi ? Pourquoi ? Et comment ? La première interrogation a déjà trouvé des éléments de réponse dans la première partie de notre travail. Il s'agit d'identifier les pratiques, les caractéristiques et les moyens de la distribution informelle qui favorisent l'adoption de ce circuit et des médicaments qui y sont issus. Pour les deux autres questions il s'agit respectivement de l'intérêt de la recherche et de la méthodologie à suivre durant l'investigation.

Cette méthode consiste à tenter des généralisations à partir de cas particuliers. On observe des caractéristiques précises sur un ou plusieurs individus (objets) d'une classe et on essaie de démontrer la possibilité de généraliser ces caractéristiques à l'ensemble de la classe considérée. C'est la succession observation, analyse, interprétation, généralisation (Aktouf, 1987).

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Dans notre étude ; nous souhaitons vérifier si seulement les effets induits par le mode de distribution informel ont facilité ou sont à l'origine de l'adoption de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala.

L'approche qualitative inductive semble la mieux indiquée pour apporter des éléments de réponses à notre question de recherche car elle offre plusieurs avantages : elle tient compte de la spécificité des phénomènes étudiés, permet l'obtention de données dans des domaines où il n'existe pas d'écrits sur le sujet du problème abordé ; elle étudie aussi les processus et permet une contextualisation. Elle est également d'une grande flexibilité et permet une adaptation aux théories nouvelles et innovantes. De plus, « plusieurs méthodes de collecte du matériau empiriques sont disponibles au chercheur qualitatif : les entretiens ; l'observation directe ; l'analyse d'artefacts, de documents et d'autres productions culturelles ; l'utilisation de matériel visuel ; et l'utilisation de son expérience personnelle (auto ethnographie). Pour analyser ces matériaux, il fera aussi appel à différentes méthodes qui pourront par la suite permettre leur interprétation » (Royer, 2007).

Pour les partisans de l'approche qualitative, le monde est le produit d'une construction sociale à laquelle les gens attribuent un sens. Il est question ici de définir un domaine de recherche et l'approcher avec une démarche qualitative inductive. L'approche qualitative vise la construction des théories en créant des concepts à partir des faits observés.

b-Faiblesses de l'approche qualitative

Malgré les avantages et les vertus de l'approche qualitative, il est important de remarquer qu'elle présente quelques limites. La maitrise de ces faiblesses par le chercheur est nécessaire car elle permettra un meilleur usage de l'approche. Reposant essentiellement sur les interviews avec les acteurs du phénomène étudié, la collecte des données peut nécessiter beaucoup de temps et de ressources. L'interprétation des données peut être également difficile et discutable. Les méthodes qualitatives peuvent être sujettes à des biais d'interprétation et être parfois considéré comme diffuse car il est difficile de contrôler leurs rythmes, leurs progrès et leurs points d'aboutissements. L'approche qualitative est plus difficile et plus longue à mettre en oeuvre à cause des difficultés d'accès au terrain et des problèmes diachroniques de l'observation.

Parlant de la recherche qualitative, Glaser et Strauss expliquent que ses opérations doivent être faites « ensemble », qu'il faut estomper les frontières habituelles entre la collecte et l'analyse des données en « fusionnant » ces opérations du début à la fin de la réalisation de

55

la recherche. Il faut au-delà préciser que dans la recherche qualitative, le cadre de la recherche émerge progressivement des informations recueillies sur le terrain ; cette démarche permet l'étude des processus, des causalités récursives et autorise la contextualisation. Le chercheur qui utilise cette méthode se donne comme mission de repérer les similitudes et des différences entre les contextes pour donner un sens à cette situation (Etoudi, 2004).

B-Le déroulement de la recherche : une aventure spécifique et pleine d'exigences

Tout travail de recherche dans sa réalisation et précisément une recherche de type qualitative nécessite l'adoption d'un cadre de recherche rigoureux à travers un mode de collecte des informations rigoureusement régi par des règles précises ainsi qu'une méthode d'analyse de données tout à fait appropriée.

Partant de cette prescription de rigueur nous avons adopté une attitude de confrontation permanente des données de terrain à la théorie pour en déceler la réalité dans la situation faisant l'objet d'étude. La collecte des données sur les cas d'étude a été nécessaire pour la réalisation de ce travail.

a-Objectifs de la recherche

Comme nous l'avions dit à l'entame de notre travail, l'objectif de la recherche est de comprendre un fait social, une pratique, un comportement à la limite irrationnel (comportement ayant des emprunts à la fois, socio-politico-économiques et culturels). Ainsi notre travail s'est fixé trois objectifs durant l'aventure donc il est important de rappeler :

Ø Etudier l'organisation de la distribution informelle des médicaments et les « avantages » qu'elle offre aux consommateurs de Douala.

Ø Comprendre le contexte socio-économiques et culturels qui ont générés et facilité le développement de la distribution informelle des médicaments à Douala.

Ø Mettre en évidence l'ensemble de facteurs qui concourent ou qui expliques l'adoption de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala.

b-Techniques d'échantillonnage

L'élaboration du plan d'échantillonnage consiste à définir la population cible, sélectionner le cadre d'échantillonnage et choisir le type et la taille de l'échantillon.

Plusieurs études statistiques montrent qu'il existe fondamentalement deux méthodes d'échantillonnages : l'échantillonnage probabiliste. Cette technique implique un tirage au sort

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donnant à chaque élément de la population étudiée une chance connue et non nulle d'être retenue (Beaud, 1993, p. 213). Notons également qu'il existe la technique d'échantillonnage non probabiliste qui présente plusieurs variantes.

L'échantillonnage non probabiliste qu'en a elle désigné l'ensemble de techniques selon lesquelles l'ensemble des éléments d'une population donnée n'ont pas une probabilité connue d'être sélectionner dans l'échantillon. Dans ce cas le chercheur se contente de constituer un échantillon de convenance.

L'échantillonnage non probabiliste ou empirique est un « échantillon résultant d'un choix raisonné » (Pires, 1997). Cette sélection des constituants de la population se fait suivant certaines règles ou critères de choix en fonction des objectifs et du champ de la recherche. Nous avons retenu cette méthode pour sélectionner les cas relatifs à notre terrain d'investigation, à savoir la distribution informelle des médicaments.

2- L'ENTREVUE COMME TECHNIQUE DE COLLECTE DE DONNEES ADEQUATE POUR LA STRATEGIE D'ETUDE DE CAS

Les recherches qualitatives en sciences de gestion peuvent s'organiser autour de quatre stratégies de recherches : l'expérimentation, l'enquête, l'étude en laboratoire, l'étude historique et l'étude de cas (Etoudi, 2004). L'entrevue est une technique de collecte de données qui trouve sa place dans la méthode de recherche qualitative. Avant de présenter l'entrevue, nous parlerons en premier lieu de la stratégie de l'étude de cas.

A- L'étude de cas comme stratégie de recherche

Pour atteindre un objectif, il faut utiliser une logique précise. Il s'agit ici de présenter essentiellement la pertinence et les faiblesses de la technique de recherche utilisée.

a-Pertinence de l'étude cas

La méthode de recherche peut être définie comme « la procédure logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations soit clair, évident et irréfutable » (Aktouf, 1987). L'étude de cas est ainsi une enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain dans son contexte de vie réelle, ou les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas nettement évidentes, et dans laquelle les sources d'information multiples sont utilisées (Yin,

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1994). Toutefois l'étude de cas est une méthode de recherche ; une méthode largement répandue et utilisée en sciences sociale et en gestion.

Nous constatons que l'étude de cas s'intéresse à l'analyse, d'une décision, d'un plan d'action : tels sont les trois aspects dont nous avons besoin pour intervenir face au problème de la distribution informelle des médicaments. La méthode de l'étude de cas permet « une analyse spatiale et temporelle d'un phénomène complexe par la condition, les évènements les acteurs et les implications » (Wacheux, 1996) cité par Socpa, 2011).

L'objectif d'une telle méthode se résume généralement d'aborder des champs nouveaux, complexes où des développements théoriques sont faibles, d'analyser un processus et d'émettre des propositions sur le comment, de mettre en évidence des causalités récursives de la recherche. L'objet de l'étude peut être également de fournir une description, de tester une théorie ou de générer une théorie.

Une autre participation de définition importante de l'étude de cas peut être présenter : il s'agit d'une « description obtenue directement d'une situation managériale à partir d'interviews, d'archives, d'observations naturelle et autres sources d'informations construites pour rendre compte du contexte et des contraintes temporelles dans lesquelles le comportement managérial se déroule » (Bonoma, 1985). Le cas choisi facilite l'étude et la compréhension du phénomène étudier. Les cas sélectionnés permettent des observations, des découvertes et le suivi à la trace des processus particuliers en étant un accessoire. Il s'agit-là d'une occasion, un moyen susceptible d'enrichir l'univers des connaissances.

Ces vertus de l'étude de cas nous permettrons d'identifier les mécanismes et les moyens utilisés par la distribution informelle pour faciliter l'adoption de la distribution informelle des médicaments et les produits issus de ce circuit.

b-Méthode de l'étude de cas : une technique loin d'être parfaite

Il est à mettre au passif de cette techniques un certain nombre d'aspects. Nous allons juste aborder les reproches les plus en vues. Il s'agit du manque d'objectivité et de rigueur, une difficile généralisation des résultats, une longueur de recueil des données, une lourdeur des documentations qui en résultent.

A propos du reproche de manque de rigueur et d'objectivité, on remarque que toute « pensée emporte avec elle le mensonge ». Il existe des possibilités de biais ou d'erreurs dans toute étude ou toute expérimentation.

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« Les critiques sur le manque de rigueur et l'impossibilité de généraliser sont acceptable. Mais la rigueur est plus le fait du chercheur que de la méthode et la généralisation statistique n'est pas l'objectif à atteindre » (Yin et Wacheux, 1996). On peut également remarquer que les études de cas sont généralisables aux propositions théoriques, et non aux populations.

Concernant la longueur du recueil de données qui mène fréquemment à la construction d'une théorie, qui en cherchant à capturer la complexité du phénomène étudier perd ainsi toute perspectives globales conduisant à une lourdeur des documents qui en résultent. Il faut savoir qu'il existe plusieurs moyens de réaliser une étude de cas donc les unes peuvent réduire considérablement cette lourdeur des documents.

Certains auteurs trouvent que la méthode d'étude de cas non seulement ne conduit pas à la généralisation, mais aussi ne privilégie pas le développement des lois universelles. Elle s'intéresse plus aux spécificités des phénomènes ce qui est scientifiquement acceptable. Ainsi son essence est de mettre en doute l'existence d'une méthode, d'une théorie, d'un discourt ou d'une tradition pouvant se réclamer d'un droit universel de vérité ou celle d'une forme privilégiée de connaissance autoritaire (Richarson, 1994).

Vu tout ce qui précèdent, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que la triangulation de récolte des données, et autres qualités à son actif font de l'étude de cas une méthode aux limites largement réduites.

B-Choix de l'entrevue comme technique de collecte de données

Le chercheur dans sa quête doit sélectionner les techniques qui lui permettront de récolter les données donc il a besoin.

Dans le cadre de notre recherche, la méthode de l'entrevue en face à face a été l'un des outils à considérer dans le choix d'une étude de cas. L'entrevue est la méthode où il est possible, pour l'enquêteur, d'observer les actes spontanés des répondants, ainsi que leur enthousiasme (Gauthier, 2004). Elle est structurée et guidée à l'aide d'un guide d'entretien conçu à cet effet.

Lors du choix d'une technique de collecte des données, plusieurs critères sont à prendre en considération (le coût, la précision, le taux de réponse, la souplesse des réponses, etc.). Toutefois, pour la présente recherche, la quasi-totalité des critères nous concernent. Un tableau nous présentera les critères de choix d'une technique de récolte des données.

59

Tableau 9 : Critères de choix d'une technique de collecte des données

 

Techniques

Critères

Entrevue
personnelle

Entrevue
téléphonique

Sondage
postal

Sondage
interactif
informatisé

Coût

--

+-

++

+-

Rapidité

--

++

+-

+

Précision

++

+-

--

++

Quantité de données

produites

++

 
 
 

Taux de réponse

++

--

+-

+

Souplesse

++

+-

--

+

Contrôle de l'échantillon

+-

--

++

-

Contrôle de l'entrevue

++

+-

--

-

Contrôle administratif

--

+-

++

++

Légende: -- : ne s'applique pas + : s'applique

- :s'applique peu ++ : s'applique tout à fait

 

Source : Darmon et al. (1996)

Ainsi, afin de collecter les informations nécessaires et tester les propositions de recherche, il a été préférable de choisir en dehors de la recherche documentaire et les observations flottantes la méthode de l'entrevue appuyé par un guide d'entretien.

Ces entrevues seront effectuées par les entretiens en face à face avec les répondants faisant partie de l'échantillon choisis pour l'étude (représentant de toute la population qui peuple la ville de Douala). Il est à noter que cette méthode de collecte de données à l'avantage d'être à la fois souple structurée et capte beaucoup d'informations.

C-Le guide d'entretien comme instrument de collecte des données.

Les données sont l'ensemble des informations, des mesures, des observations brutes que le chercheur recueille afin de les traiter et donner une interpréter. Cette action est celle qui fournira des éléments de réponses à sa question centrale. Pour le faire, la technique d'entrevue semi-directif ou entretient centrer a été retenu dans le cadre de notre travail.

L'entrevue semi directif à cette particularité de réduire le degré de liberté de l'enquêté. L'interrogé doit répondre à des questions précises mais qui resterons tout à fait assez large. Il

60

ne doit pas dévier du cadre de chaque thème aborder car le rôle de l'enquêteur sera de relancer ou d'orienter l'enquêter pour que les sujets abordés soient en rapport avec le thème de discussion ou d'étude. L'objectif ici est de récolter le plus de données, mais en restant avec l'aide du questionnaire proche de point évoqué par les propositions de recherche. Naturellement cet exercice était précédé d'un guide d'entretien.

D-Construction du guide d'entretien

Le guide d'entretien est constitué de questions simples à comprendre. Il s'agit d'un des instruments qui permettra de répondre à la problématique. Ainsi il fait ressortir l'ensemble des composantes du phénomène ou du thème étudié. Notons que les thèmes essentiels de la recherche doivent être abordés avec beaucoup de précision et de détail. Pour ce fait le guide d'entretien doit s'organiser autour de 3 parties : la partie introductive, le Protocol d'entretien qui regroupe l'ensemble des thèmes abordés lors de l'entrevue et enfin la partie consacrée aux éléments de description et d'identification de l'interviewé.

Pour ce qui est du cas de notre recherche, nous avions élaboré un guide d'entretien qui s'articulait autour de 4 thèmes. Le choix de ces thèmes vise à repérer les moyens et les mécanismes à travers lesquels le circuit informel facilite l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Le guide d'entretient présenté à l'annexe comprend 4 thèmes de discutions accompagné d'un protocole d'entretien.

Thèmes :

Ø Thème 1 : avis général sur la distribution informelle des médicaments.

Ø Thème 2 : proximité des distributeurs et efficacité du circuit informel.

Ø Thème 3 : croyances et familiarité avec la distribution informelle des médicaments.

Ø Thème 4 : politique sanitaire vs distribution informelle des médicaments à Douala

Durant les entretiens, un téléphone portable ayant un enregistreur a été utilisé pour l'enregistrement de l'intégralité de la discussion. Ceci dans l'objectif d'éviter des pertes de données. Une entrevue durait en moyenne 30 minutes. Également un bloc note et un crayon ont été utilisé pour prendre d'autres notes et remarques importantes.

61

3-JUSTIFICATIFS DU TERRAIN D'ETUDE ET ANALYSE PRELIMINAIRES

Il sera question ici de justifier le choix du terrain d'étude du comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments et de réaliser une préanalyse qui facilitera l'analyse des données proprement dite.

A-Terrain d'étude : distribution informelle de médicaments

Le constat d'une pratique qui trouve sa place sur le plan social et la prospection documentaire sont à l'origine du choix de notre terrain de recherche. En effet, les journées du 27 au 29 Mars 2012, près de 160 tonnes de médicaments ont été confisquées et incinéré dans 3 villes à savoir Yaoundé, Douala et Bafoussam. Les télévisions et radios nationales et même internationales diffusent cette action durant environ deux semaines. Au même moment au grand marché de Douala et partout ailleurs sont étalées des tonnes de médicaments d'origine inconnue dans des locaux mis à disposition du grand public pour consommation.

L'OMS estime que 60% des cas de contrefaçon concernent les pays pauvres et 40% les pays industrialisés » (Barbereau, 2006). 15 entreprises membres du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM) ont connu des pertes au niveau de leurs chiffres d'affaires de l'ordre de 62,008 milliards de francs CFA. Par ailleurs, 850 personnes ont perdu leur emploi, les recettes fiscales et douanières avaient connu une perte d'environ 5,058 milliards de francs CFA » (Mba et al. 2014).

Enfin plusieurs auteurs ont travaillés sur la distribution informelle des médicaments dans les pays en voie de développement (Van Der Geest, 1982, 1983 ; Fassin, 1985 ; Hamel, 2006; Ouattara, 2009; Socpa, 2011 ; etc.). Cependant peu d'entre eux à notre connaissance ce sont intéressés aux mécanismes qu'utilise ce circuit de distribution pour séduire les consommateurs et facilite ainsi l'adoption des médicaments de la rue.

B-Première analyse : l'analyse thématique de contenu

L'analyse de contenu est un ensemble d'instruments méthodologiques de plus en plus raffinés et en constante amélioration s'appliquant à des « discours » extrêmement diversifiés et fondé sur la déduction ainsi que l'inférence. Il s'agit d'un effort d'interprétation qui balance entre deux pôles, d'une part, la rigueur de l'objectivité, et d'autre part, la fécondité de la subjectivité (Bardin, 1977).

62

Une fois les données collectées, il faut les exploiter dans l'optique de résoudre le problème de recherche. Suivant les prescriptions de l'approche qualitative, le chercheur doit s'inscrire dans une rigueur afin d'espérer des résultats de bonnes qualités. La crédibilité d'un travail de recherche qualitatif dépend d'ailleurs de la faculté du chercheur à générer des analyses qui s'appuient sur un formalisme rigoureux, cohérent et exempt de superficialités (Assoumou, 1999).

Au terme des différents entrevues, nous avons collecté un grand nombre de données qui demande des traitements multiples afin d'être plus utiles. Les données éparses recueillies doivent être retranscrites, organisées et analyser pour production de meilleurs résultats.

Après la phase de retranscription, nous avons retenu la technique d'analyse thématique de contenu. Il s'agissait pour ce qui concerne l'analyse de contenu, de relever dans les discours de chaque répondant les mots qui revenaient et qui permettaient de renseigner chaque thématique. (Miles et Huberman, 2003 ; Badian et al, 2013). L'objectif étant la mise en ordre systématique, objective, descriptive et quantitatif des données récoltées (les discours). Ceci afin de faire une interprétation. Ainsi, Aktouf, (1987) soutient que l'analyse de contenu s'organise autour de 7 principales étapes :

Ø La lecture répétée des discours

Ø Dégager les catégories ou thèmes d'après le contenu du discours, l'unité d'information

Ø Classer les avis, les jugements des enquêtes par thème ou par catégorie

Ø Définir l'unité d'enregistrement (phrase complète ou tout passage correspondant à un

thème)

Ø Détermination de l'unité de numérisation

Ø Attribution des coefficients aux avis, jugement, et aux propos des enquêtés.

Ø Le décompte et la fréquence d'apparition des propositions des enquêtés

a- La lecture répétée de différents discours

Dans cette étape de l'analyse, chaque interview a été lue et relu plusieurs fois (plus de cinq fois) afin de repérer toutes informations que contient ce dernier. Ceci afin de ressortir les facteurs propres à la distribution informelle ou non qui favorisent l'adoption de ce circuit de distribution et des médicaments de la rue à Douala.

63

b-Le dégagement des thèmes ou des catégories

En utilisant les crayons de couleurs, nous avons souligné en même couleurs tous les avis, jugements, propositions, et déclarations qui renvoyaient au même thème ou à une même catégorie. Ce travail nous a permis de recenser les thèmes suivants : la proximité des distributeurs, la proximité des points de distributions, la disponibilité des produits recherchés, l'accueil, les prix, attitude et croyance, satisfaction, mauvaise politique sanitaire et niveau d'instruction.

c-Unité d'information

Toute phrase, tout passage, ou tout comportement concernant un thème ou une catégorie a été retenu comme source d'information.

d-Unité d'enregistrement

Ici, tout passages du texte ou du discourt concernant chaque thème a été considéré.

e-Unité de numérisation

L'ensemble des discours recueillis auprès des interviewés constituent l'unité de numérisation.

f-Quantification

Il s'agit dans cette partie de l'analyse d'attribuer des coefficients aux avis, au jugement

ou au propos des enquêtés. De ce fait, nous avons retenu comme coefficient :

- Avis/jugement /propos très positifs : coefficient 2

- Avis/jugements/propos moyennement positifs : coefficient 1

- Avis/jugement/propos neutre : coefficient 0

NB : il n'y a pas de propos négatifs, car il s'agit des points de vue, des opinions sur les

pratiques qui favorisent l'adoption de la distribution informelle des médicaments (éléments,

pratiques et moyens « positifs » qui justifient le choix du consommateur).

g-Décompte et fréquence

Il s'agit dans cette partie de classer dans un tableau a double-entrée thèmes/enquêtés les scores de chaque enquêté par rapport à chaque thème et de faire la somme des chiffres ainsi obtenu pour chaque thème. Tous les thèmes ayant obtenus un score total supérieur à 20 seront retenus comme éléments ou pratiques qui favorisent l'adoption de ce circuit de distribution.

64

Tableau 10 : Analyse des entretiens semi-directifs

Thèmes Enquêtés

Proximité des
points de
ventes

Proximité des vendeurs

Disponibilité
des produits
recherchés

L'accueil

Prix

Attitude et
croyance

Niveau
d'instruction

Satisfaction

Mauvaise
Politique
sanitaire

Cas1

2

0

0

1

1

2

0

2

 

0

Cas2

0

2

1

0

0

1

0

2

 

2

Cas3

2

1

0

1

2

1

0

2

 

0

Cas4

0

0

2

0

0

2

0

0

 

2

Cas5

2

1

0

2

2

1

0

2

 

2

Cas6

2

0

2

2

0

2

0

2

 

2

Cas7

2

2

0

1

2

1

0

2

 

2

Cas8

1

0

1

2

0

0

0

0

 

2

Cas9

1

1

2

1

1

2

0

1

 

2

Cas10

0

0

2

2

2

0

2

2

 

0

Cas11

2

1

0

2

0

2

0

0

 

2

Cas12

0

0

2

0

2

2

0

2

 

2

Cas13

2

2

2

1

0

1

0

2

 

1

Cas14

0

2

0

0

2

0

2

2

 

0

Cas15

2

0

1

2

0

1

0

2

 

2

Cas16

2

2

2

1

2

0

0

1

 

0

Cas17

0

2

0

2

1

2

0

0

 

2

Cas18

0

2

2

1

1

0

2

2

 

2

Cas19

2

1

0

2

1

1

0

0

 

0

Cas20

0

1

2

2

2

2

2

2

 

2

Total

22

20

21

25

21

23

8

30

 

28

Rang

5eme

8eme

6eme

3eme

6eme

4eme

9eme

1er

 

2eme

Nombres
d'avis

10(++)

2(+)

7(++)

6(+)

9(++)

3(+)

9(++)

7(+)

8(++)

5(+)

8(++

)

7(+)

4(++ )

0

13(+

+)

 

2(+)

13(+

+)

1(+)

% d'avis

50

10

35

30

45

15

45

35

40

25

40

35

25

0

65

 

10

65

5

 

65

Légende : ++ : avis/propos/attitude très positifs ; + : avis/propos/attitude moyennement positifs

Source : construit par l'auteur

L'analyse de contenu est un excellent instrument pour la recherche des causes (variables inférées) parti des effets (indicateurs repérés dans les discours). A la suite du travail précédemment réalisé, l'interprétation proprement dite permettant de vérifier et construire un nouveau model en établissant une adéquation entre la question de recherche et l'analyse issue de l'exploration du matériaux collectés et structurée suivant différents thèmes.

Ce chapitre nous a permis d'élaborer une méthode pour accéder aux données grâce à un guide d'entretien et des analyses pour répondre aisément à la question de recherche et ses objectifs. En termes plus simple, nous avons utilisé une démarche qualitative inductive basée sur l'analyse de contenue. Les résultats de cette analyse seront présentés au chapitre qui suit.

INCIDENCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION INFORMEL
DES MEDICAMENTS SUR LE COMPORTEMENT DES
CONSOMMATEURS

CHAPITRE IV :

66

Malgré de multiples péripéties traversées au long de notre aventure, des données ont été suffisamment récoltées grâce au dispositif méthodologique. Ce chapitre constitue la phase de sortie de notre travail de recherche. Ainsi elle doit permettre d'analyser et d'interpréter les résultats de l'analyse de contenu afin de faire émerger les effets réellement responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments (section I). Ensuite suivront les implications théoriques et pratiques qui représenteront la contribution de notre travail de recherche (section II). A cela, nous pourrons augmenter les limites de notre travail de recherche.

SECTIONI : ANALYSE PROPREMENT DITE DES DONNEES RECEUILLIES

AUX PRES DES CONSOMMATEURS DE DOUALA

Les consommateurs de la ville de Douala jugent les offres de médicaments du circuit formel et du circuit informel. Également ils définissent les priorités dans le processus d'acquisition des médicaments. Il est question ici de déterminer à partir d'une analyse de discours les effets responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments et de mettre sur pied un modèle plus adapté à la réalité.

1- EFFETS RESPONSABLES DE L'ADOPTION DE LA DISTRIBUTION

INFORMELLE DES MEDICAMENTS

Plusieurs consommateurs s'approvisionnent en médicaments sur le circuit informel. Notre enquête portant sur un échantillon de 20 cas a permis de découvrir 8 éléments qui favorisent l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Par ordre le tableau 10 nous donne : la satisfaction des consommateurs (1er) ; la mauvaise politique sanitaire (2eme) ; l'accueil (3eme) ; attitude et croyance des consommateurs (4eme) ; proximité des points de vente (5eme) ; les prix compétitifs (6eme) ; la disponibilité des médicaments recherchés (6eme ex co) et enfin une réelle proximité des vendeurs (8eme).

67

A-Description de l'échantillon

La description de l'échantillon se fera par le biais de quatre variables qui sont : le sexe, l'âge, l'activité professionnelle et le groupe ethnique d'appartenance.

a-Le sexe

Comme déclaré plus haut, nous avons mené notre enquête sur un échantillon constitué de 20 cas (20 interviewés). Selon leur sexe ils ont été divisés en deux groupe : les interviewés de sexe masculin et ceux de sexe féminin.

Le graphique ci-dessous indique le nombre de répondants par sexe ainsi que le pourcentage représenté par chaque sexe dans l'échantillon global.

Graphique 1 : Répartition des interviewés suivant le sexe

repartition des cas d'etude suivant le sexe

homme femme

30%

70%

Source : construit par l'auteur à partir du tableur EXCEL version 2010

b-L'âge

Lorsque nous prenons les interviews dans leur globalité, nous remarquons que leur âge moyen est de 35,95 ans avec un écart type de 7,26. Le plus jeune répondant est âgé de 23 ans et le plus vieux est âgé de 48 ans. Le graphique ci-dessous indique le nombre d'interviewés dans chaque groupe d'âges ainsi que le pourcentage représenté par chaque groupe dans l'échantillon global.

68

Graphique 2 : Répartition des interviewés suivant l'âge

repartition des intervivews suivant l'ages

22 25 26 29 39 33 34 37 38 40 41-50

10%

25%

15%

10%

20%

20%

Source : construit par l'auteur à partir d'EXCEL version 2010

c-Activité professionnelle

Dans un souci de plus de clarté et de simplification, nous avons regroupé les activités professionnelles en trois : les employés salariés, les étudiants/sans emploi et en fin les employés du secteur informel. Le graphique ci-dessous indique le nombre de répondants dans chaque profession ainsi que le pourcentage représenté par chaque groupe dans l'échantillon global.

Graphiques 3 : Répartition des interviewés suivant la profession

repartition des interviwés suivant la profession

salairié etudiant/sans emploi informel

50%

35%

15%

Source : construit par l'auteur à partir d'EXCEL version 2010

69

d- Groupe ethnique d'appartenance

Comme il a été indiqué dans le précédent chapitre, notre échantillon, est composé de 20 interviewés qui, selon leurs identifications ethniques, ont été organisés en 4 groupes représentant les principaux groupes ethniques présents dans la ville de Douala à savoir : le Bamilékés/Bamoun, les Bassa/Sawa, les Béti/Boulu/Eton, les Soudanais/Peuls.

Le graphique ci-dessous indique le nombre de répondants dans chaque groupe ainsi que le pourcentage représenté par chaque groupe dans l'échantillon global.

Graphique 4 : Répartition des interviewés suivant le groupe ethnique

repartition des interviwés suivant le groupe ethnique

Bamiliké/Bamoun Bassa/Sawa Boulou/Beti/Eton Soudanais/Peul

20%

40%

15%

25%

Source : construit par l'auteur à partir d'EXCEL version 2010.

En somme une bonne description de l'échantillon était nécessaire pour la suite de notre travail. Car une telle activité permettra de mieux comprendre l'interprétation proprement dite des données.

B-Proximité et efficacité du circuit informel

Les éléments qui illustrent la présence de cet aspect sur le marché informel sont : la satisfaction des consommateurs, l'accueil, la proximité des vendeurs et la proximité des points de vente.

a-La satisfaction

Cet aspect est représenté dans l'analyse par la satisfaction des consommateurs. En effet 65% des enquêtés disent être largement satisfait des approvisionnements réalisés sur le circuit informel. Et 10% disent être moyennement satisfait de leurs activités d'achat sur le circuit

70

informel des médicaments. Au total nous avons 75% des interrogés qui disent être globalement satisfait lors des achats de médicaments sur le circuit informel. Cet aspect a une moyenne de 1,4 et un écart type de 0,88. L'analyse des discours montre qu'elle est le 1er élément justifiant la distribution informelle des médicaments. Egalement plusieurs propos permettent d'appuyer les résultats issus de l'analyse :

« Question qualité, ce sont les mêmes produits qu'on trouve en pharmacie, moi je suis ce qu'on appelle un inconditionnel du gazon. Sans ces gars nous serons tous mort je crois. Quel que soit ce qu'on me prescrit, je viens d'abord les voir, j'oublie même que les pharmacies existent. J'en suis vraiment satisfait toute fois que je viens ici, j'y achète tout en dehors des vaccins qui nécessite d'aller à l'hôpital » (Cas 17, Bamiliké, 40 salariés).

Cet aspect du marché informel des médicaments n'est pas unique.

b- L'accueil

Il est sans oublier que la qualité de l'accueil est déterminante pour la satisfaction d'un consommateur. Cet accueil impacte également sur la suite de la transaction. 45% des interviewés trouvent que l'accueil est un facteur très important dans la distribution informel. 35% pensent que l'accueil est moyennement responsable de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au total 60% des enquêtés ont décliné la qualité de l'accueil comme un des effets propres à la distribution informel qui justifie l'adoption de ce circuit par les consommateurs. Avec une moyenne de 1,25 et un écart type de 0,78 et le mode est 2 (influence fortement). Il est suivant l'analyse des discours le 3eme facteur justifiant l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

« Vous remarquez par vous-même qu'ici, le client est bien traité. Dès que tu arrives, tu ne perds pas ton temps. Tu es tout de suite servi. Même si tu n'as pas tout l'argent nécessaire, il te donne pour que tu paies après. À la pharmacie, qui peut te faire une telle faveur ? Avec ces filles qui font comme si c'étaient-elles le pharmacien, il y en a même qui te toisent quand tu leur poses une question » (Cas 6, Bamiléké, 41 ans, salarié).

c-Proximité des vendeurs

Ce point fait allusion à deux aspects importants de la distribution informelle des médicaments : la proximité culturelle et sociale des distributeurs.

Suivant l'analyse des données, il s'agit du 8eme élément justificatif de l'adoption de la distribution informelle des médicaments dans la ville de Douala. 35% des interviewés

71

trouvent que la proximité (vendeurs et acheteurs parlent la même langue et ont la même perception des réalités sociales) contribue fortement à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Avec une moyenne de 1 et un écart type de 0,85 et le mode est zéro (influence neutre). Également 30% pensent que la proximité des vendeurs contribue moyennement à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au total nous constatons que 65% des interviewés penchent pour la proximité sociale et culturelle des vendeurs comme facteur propre au circuit informel qui justifie l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

« Avec nos docta du quartier on cause comme des amis, ils comprennent parfois qu'on a des problèmes financiers et peut nous accorder du crédit, ce qui est impossible en pharmacie » (Cas 18, Bakoko 45ans employé de l'informel).

C- Proximité des points de ventes

Il s'agit du 5eme élément justificatif de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. C'est l'aspect organisationnel qui est mis en avant ici. 60% des interviewés pensent que la proximité des points de ventes informels justifie fortement l'abonnement des consommateurs à ce circuit. 10% pensent que la proximité contribue moyennement ; avec une moyenne de 1,2 et un écart type de 0,96 il s'agit d'un facteur pouvant qui contribue à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au total 70% des interviewés trouvent que la proximité des points de distribution facilite l'adoption de ce circuit

« Le docta du quartier n'est pas loin, pas besoin d'empreinte un taxi, de plus j'ai accès a lui à tout moment » (Cas13, Bassa, 37ans, salarié).

Il émerge de notre analyse qu'une réelle proximité à la fois sociale, culturelle et physique de la distribution informelle des médicaments contribue largement à son adoption par les consommateurs. Au total 66,66% des enquêtés révèlent qu'une réelle proximité (social et physique) et la capacité à répondre efficacement au besoin des consommateurs font du circuit informelle un moyen préféré par les consommateurs. A cela vient se greffer les croyances des consommateurs.

72

D-Attitude et croyance

La sensibilité étant considérée comme une variable psychologique qui affecte d'abord l'attitude et ensuite le comportement vis-à-vis de l'adoption de la distribution informelle et la consommation des médicaments de la rue. Le matériau récolté sur le terrain et son analyse nous permet de classer l'attitude et les croyances des consommateurs vis-à-vis de la distribution informelle comme 4eme éléments contribuant à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Elle est caractérisée par une moyenne de 1,15 et un écart type de 0,81. Le mode de cette classe est 2 (influence fortement l'adoption de la distribution informelle des médicaments).

Ces derniers ne trouvent pas dans leur acte d'achat des comportements de consommation irresponsable, mais plutôt pensent que ce circuit est mieux adapté à leurs besoins (le circuit formel doit intégrer beaucoup de pratiques observées exclusivement sur le circuit informel).

Suivant l'analyse thématique de contenu, 40% des interviewés ont des prédispositions ou des attitudes fortement liés à la distribution des médicaments de la rue. D'où une facile adoption de ce circuit de distribution. Il se trouve que 35% entre eux ont une culture, des pratiques et des modes de vie qui favorisent moyennement à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Ainsi nous avons au total 85% des enquêtés qui présentent des critères facilitant l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

« Les médicaments qu'on me conseil ici sont adaptés à mes besoins, de plus j'ai la possibilité d'échanger avec les vendeurs sur différentes questions de santé ; ils me comprennent mieux » (cas 1, Ewondo, 35 ans salarié).

« Quand je suis malade, je m'assure que j'ai pris quelque chose. Même si ce sont les paras (parlant des paracétamols), je me sens beaucoup mieux après. Je ne peux pas l'expliquer mais c'est comme ça. Ce n'est que si c'est vraiment grave que j'aille voir le médecin. Il m'arrive de prendre les restes de mes anciens produits en attendant acheter quelque chose. Surtout lorsque je sens les mêmes douleurs » cas 16 (Bamilékés, 30 ans, sans emploi).

E-Le contexte socio-politico-économique

Cette rubrique regroupe l'ensemble de facteurs liés à l'environnement révéler par les discours et responsables de la rué vers la distribution informelle des médicaments. Il s'agit du

73

manque d'emploi, l'absence d'une couverture sociale ; la mauvaise politique sanitaire et en fin le niveau d'instruction.

a-Fragilité du tissu économique

Comme nous l'avions démontré plus haut, le secteur informel est côtoyé majoritairement par les consommateurs à faible revenu. De ce fait les prix compétitifs proposés par le secteur informel justifient l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Suivant l'analyse de contenue, 40% des habitants de Douala déclarent que les prix bas pratiqués par le circuit informel sont fortement responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Les habitants ayant un niveau de vie bas sont obligés de s'approvisionner sur le circuit informel. Il existe une autre catégorie (25%) qui trouvent que l'aspect prix est moyennement responsable de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Le mode est 2 (influence fortement). Cet élément occupe le 6eme rang dans le classement des effets responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au total 65% justifient l'adoption de la distribution informelle des médicaments par la pratique des prix concurrentiels.

« Acheter au poteau c'est prendre des risques quand on ne connaît pas le vendeur. Moi, j'achète chez le même gars depuis 6 ans. De plus, il vend moins cher qu'en pharmacie. Jusqu'ici ça va. Mais on ne sait jamais. A la pharmacie on me vend la Rocéphine 24 à 7400 FCFA alors qu'ici, mon gars me laisse le même produit à 4500 FCFA » (cas 5, Bamilékés, 35 ans, employé de l'informel).

« J'ai eu la chance d'avoir un bon boulot qui me garantit une certaine sécurité pour le moment. Sinon je serais plus ou moins contraint de faire comme les autres à savoir aller au poteau. J'ai mes anciens potes de fac qui se cherchent de ce côté. Avant d'avoir mon job actuel, ce sont eux qui m'aidaient lorsque j'avais un ordo sous la main » (Cas 2, Bamiléké, 29 ans, salarié).

En plus du manque d'emploi et des couvertures sociales, l'analyse des discours a mis en évidence d'autres aspects liés à notre environnement qui facilite l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

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b-L'échec de la politique sanitaire

C'est à la lumière de l'analyse du discours que la politique sanitaire émerge également comme l'un des plus grands facteurs justifiant l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Il s'agit du 2eme effet qui favorise l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Sur l'ensemble des personnes enquêtées, 65% déclarent qu'une mauvaise politique sanitaire a une contribution très forte dans le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au sein du même échantillon, 5%trouvent que la désorganisation du secteur sanitaire a une contribution moyennement importante. Le mode est 2 (influence fortement). Ainsi on se trouve au total avec une forte proportion de 70% des habitants de la ville de Douala qui pointe du doigt la mauvaise politique sanitaire comme responsable de l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

En effet le secteur de sante en général et celui de l'offre de médicaments en particulier connaissent une mauvaise organisation qui entraine des pénuries, des prix élevés et beaucoup d'autres maux qui poussent les consommateurs à fuir le circuit formel de distribution au profit du circuit informel.

« Mon fils fait des crises d'épilepsie. Son pédiatre vient de lui prescrire Rivotril 23. J'ai fait le tour des pharmacies en vain. C'est une dame que je ne connais même pas qui m'a conseillé de venir voir ici. Elle m'a dit qu'en France ça coûte moins de 3 euros, je ne sais pas à combien je pourrais l'avoir » (Cas 4, Eton, 35 ans, salaire).

Suivant notre analyse théorique, le niveau d'instruction était considéré comme un facteur favorisant l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

c-Le niveau d'instruction

Considéré dans la littérature comme facteurs contribuant à l'adoption de la distribution informelle des médicaments, l'analyse du discours des enquêtés infirme le rôle attribué à cet élément. En effet seulement 25% des enquêtés déclarent que le niveau d'instruction influence le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments. Cet élément est sans influence importante sur le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments. Le mode ici est zéro (neutre) c'est dire que ce facteur n'influence pas le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments.

Ainsi la quasi-totalité des éléments découverts dans la littérature se sont révélés être effectivement à l'origine de l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

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2-ILLUSTRATION DU PROCESSUS D'ADOPTION DE LA DISTRIBUTION

INFORMELLE DES MEDICAMENTS

L'analyse des discours nous a permis de mettre en évidence un certain nombre d'éléments responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Dans cette sous-section, nous allons procéder à une illustration qui permettra une appréhension plus poussée des résultats issus du matériau de terrain.

A-Comparaison des résultats théoriques et empiriques

Le tableau ci-dessous montre bien que l'analyse du discours relève des éléments annoncés par la littérature. Cette observation sera faite en réalisant une comparaison avec la partie théorique développée précédemment.

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Tableau 11: Rapprochement entre résultat des discours et la théorie

Résultat de l'analyse de discours

Facteurs correspondants
dans la littérature qui
favorisent l'adoption de la
distribution informelle des
médicaments

« On cause avec le docta du quartier comme des amis », « pas besoin d'efforts pour le voir, il me comprend facilement », « ils vendent en fonction de nos besoins », « c'était mon premier contact avec ces gars de vrais c'était formidable »

-proximité des distributeurs et efficacité

« Pas besoin de prendre un taxi pour les achats », « ils sont présent partout », ils proposent des médicaments même à la maison »

-proximité des points de ventes

« Ils vendent presque tout », « même en pharmacie vous ne trouverez certains produits vendus ici ». « Ce produit je les chercher en pharmacie pendant deux jours »

-disponibilité des produits recherchés

« Les pharmacies vendent cher pour rien » ; « ici les prix sont accessibles pour tout le monde », « je suis contraint à cause des prix », « ils proposent des prix incroyables »

-prix compétitifs

« Ils sont accueillant », « le client est bien traiter » ; « ça ne traine pas ici », « regardez vous-même ils sont rapides »

-organisation de la profession

« Je les consomme depuis le village », « il me comprend facilement »(même perception des maladies, des réalités locales)

-problème de culture

« Quand je les prends, je me sens à l'aise », « je pense que tous ce qu'ils vendent est bien », « sans ces gars nous serons tous mort », « des conséquences négative, cela peut arriver même si vous aller en pharmacie »

-irresponsabilité des consommateurs

« Le niveau scolaire a quoi à voir avec les médicaments ? ont trouvent satisfaction ici c'est tout » ; 35% des interviewés était des salariés qui ont tous bouclé des études secondaires. 15% des étudiants et élèves.

-niveau d'instruction

« Quand j'étais sans emploi je les consommais », « chacun y trouve son compte », « je n'ai pas beaucoup de moyens pour aller en

pharmacie », « les prix ici sont à la portée de tous »

-fragilité du tissu social (chômage, absence d'assurance santé)

« Voici deux jours que je fais le tour des pharmacies en vain », « ces filles des pharmacies qui te toisent », « elles refusent de répondre même aux questions »

-mauvaise politiques sanitaire

 

Source : construit par l'auteur

L'étude à la fois théorique et empirique a permis de mettre en exergue les effets induits par le mode de distribution informel des médicaments qui contribuent ou qui facilites l'adoption de ce mode de distribution par les consommateurs de la ville de Douala. Nous

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constatons que l'élément niveau d'instruction évoquée dans la littérature n'apparait pas sur le terrain. Partant de cet aspect nous réaliserons un nouveau modèle plus proche de la réalité.

Schéma 4 : Nouveau modèle du comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments

Fragilité du tissu socio-économique

Mauvaise politique sanitaire

Organisation de la « profession »

Facteurs culturels

Disponibilité et prix

Irresponsabilité
des

consommateurs

Organisatin de la

Intégration du
réseau de
distribution au
système social

Proximités des points de ventes et accueil

Réelle proximité des
distributeurs et leur
efficacité

Contexte socio-
politico-
économique

Croyances des consommateurs

Adoption de la
distribution
informelle des
médicaments

Source : construit par l'auteur

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B-Conclusion de l'étude de terrain

Cette partie a pour mission de mettre à la disposition du lecteur potentiel les résultats issus de l'étude de terrain. Nous présenterons les effets liés ou non à la distribution informelle qui facilite son adoption par le consommateur.

L'étude exploratoire de l'adoption de la distribution informelle des médicaments a permis de relever de nombreux aspects. Il se trouve que le circuit de distribution informelle à trouver la plus belle des méthodes pour répondre à une demande grandissante et non satisfaite par le circuit formel.

En effet l'étude exploratoire montre qu'une réelle proximité des distributeurs et leur efficacité, la proximité des points de vente, la disponibilité des produits recherchés, les attitudes et croyances des consommateurs envers le marché informel et le contexte socio-politico-économique sont des éléments ou des facteurs qui favorisent l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

Tout ceci a été mis en exergue à travers la révélation par les interviewés d'une meilleure organisation de la distribution informelle des médicaments, une intégration au tissus social réussie, la disponibilité des produits et la pratiques des prix hautement concurrentiels.

Le facteur culturel joue un rôle non négligeable ; l'irresponsabilité des consommateurs envers les possibilités de risques que présentent ce circuit, le chômage, l'absence de couverture sociale de sante et l'échec des politiques sanitaires sont entre autres l'ensemble de facteurs qui de près ou de loin facilitent l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

La distribution informelle des médicaments a trouvé la plus belle des méthodes pour pallier au manque de la distribution formelle. Cela lui permet de se pérenniser dans le temps et dans l'espace.

Il est important de mentionner que tous les résultats ont été obtenus a parti d'un échantillon ou d'un groupe d'individu. D'où la nécessité d'étendre ces résultats à l'ensemble des habitants de la ville de Douala.

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SECTIONII : ADOPTION OU REJET DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS A DOUALA

Cette sous-section aura pour mission de viser la généralisation des résultats issus de l'étude empirique. Nous proposons dans cette partie deux aspects fondamentaux : discuter les résultats obtenus sur le terrain et les contributions du travail de recherche.

1- DISCUSSION DES RESULTATS DE L'EXPLORATION

Comme il a été souligné précédemment, peu d'études ont traité le problème d'adoption de la distribution informelle des médicaments du point de vue du consommateur. En effet, la revue de littérature et les études empiriques nous ont permis de trouver à partir d'un échantillon quelques facteurs qui contribuent à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Il s'agit de : une réelle proximité des distributeurs et leurs capacités à répondre efficacement aux besoins, la proximité des points de ventes et l'accueil ; les croyances des consommateurs et le contexte socio-politico-économique.

A-Réelle proximité des distributeurs et réponse efficace aux besoins

Comme nous l'avions dit plus haut la discussion des résultats issus du terrain est nécessaire pour dégager la contribution de la recherche. Cette partie discutera des résultats de terrain portant sur l'organisation de la « profession », l'intégration au système social, la disponibilité des médicaments sur le circuit informel et les prix pratiqués.

a-Organisation de la distribution informelle des médicaments

Les résultats concernant l'organisation de la « profession » ou organisation de la distribution informelle des médicaments est une nouveauté. Selon ces résultats, une excellente organisation de la distribution informelle des médicaments contribue à l'adoption de cette activité. Ce résultat s'explique par le fait que les marchés informels des médicaments disposent d'un réseau de distribution fortement implanté même dans les villages les plus reculés, l'accueil et la rapidité lors des transactions est également un aspect apprécié par les consommateurs. Cela pousse certains consommateurs à adopter ce circuit de distribution. Cette organisation est également palliative des ruptures de stock généralement rencontrés sur le circuit formel. En effet, la disponibilité des produits, la proximité des points de

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distributions, la rapidité du service et la qualité de l'accueil sont importants pour le consommateur lors du choix et l'adoption d'un circuit d'approvisionnement.

b-Intégration du réseau de distribution au système social

L'aspect concernant l'intégration du réseau de distribution informelle des médicaments au système sociale concorde avec les résultats de Mbaho (2015). Selon ce résultat, l'adoption de la distribution informelle des médicaments a été facilitée par l'insertion du système de distribution au système d'organisation sociale. Ce résultat s'explique par le fait que les distributeurs informels tiennent compte du brassage linguistique, des comportements sociaux et des situations de communication. Ce qui pousse certains consommateurs, à adopter ce circuit pour les différents approvisionnements en médicaments. En effet, l'adaptation du circuit de distribution aux réalités locales est une véritable source d'adoption du circuit de distribution informel.

c-Disponibilité et prix

Parlant de la disponibilité des médicaments et des prix compétitifs, le résultat concernant l'influence de ces deux aspects sur le comportement d'adoption du circuit de distribution informel a été mis en exergue par plusieurs chercheurs. Nos résultats pour ce qui est du prix vont dans le même sens avec ceux de Fassin (1992), Ouattara (2009), Wogain (2010), Soura (2013). La disponibilité des produits ou la faible fréquence de rupture de stocks que nous avions mis en évidence a été révélée également dans le passé par Van Der Gesst (1983), Mahamé (2015). Selon ce résultat, le choix du circuit informel est facilité par la pratique des prix compétitifs, et la disponibilité des médicaments. Ce résultat s'explique par le fait que les marchés informels proposent des médicaments moins chers que les marchés légaux, ce qui pousse certains consommateurs, sensibles au prix, à acheter ce genre de produits. La disponibilité des variétés recherchées de médicaments encourage également les consommateurs de s'y orienter en cas de besoin. En effet, la différence de prix et la disponibilité des produits sont des facteurs important incitants à l'achat et l'adoption du circuit informel des médicaments.

B- Proximité des points de ventes

Il s'agit du 5eme élément justificatif de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. C'est l'aspect organisationnel qui est mis en avant ici. 60% des interviewés

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pensent que la proximité des points de ventes informels justifie fortement l'abonnement des consommateurs à ce circuit. 10% pensent que la proximité contribue moyennement (pas besoin d'emprunter un taxi pour acheter ses médicaments, car on les trouve partout). Avec une moyenne de 1,2 et un écart type de 0,96 il s'agit d'un facteur pouvant également contribuer à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Au total 70% des interviewés trouvent que la proximité des points de distribution facilite l'adoption de ce circuit « le docta du quartier n'est pas loin, pas besoin d'emprunter un taxi, de plus j'ai accès à lui à tout moment » (cas13, Bassa, 37 ans, salarié)

Il émerge de notre analyse qu'une réelle proximité à la fois sociale, culturelle et physique de la distribution informelle des médicaments contribue largement à son adoption par les consommateurs. Au total 66,66% des enquêtés révèlent qu'une réelle proximité (social et physique) et la capacité à répondre efficacement au besoin des consommateurs font du circuit informelle un moyen préféré par les consommateurs. A cela vient se greffer les croyances des consommateurs.

C-Les croyances des consommateurs

Les croyances renvoient à certaines opinions, pensées ayant un caractère de conviction chez un individu. Dans le cadre de ce travail deux aspects des croyances nous permettront de discuter les résultats de terrain : le facteur culturel et la responsabilité des consommateurs.

a-Le facteur culturel

Le résultat concernant le rôle de la culture dans le comportement d'adoption de la distribution informelle des médicaments est en droite ligne avec ceux de Ouattara (2009) et Mbaho (2015). Ce résultat montre que l'adoption de la distribution informelle a un fond culturel. Ce résultat s'explique par le fait que les marchés informels intègrent plusieurs aspects ignorés par le circuit formel. Les langues locales, les perceptions des réalités locales, les spécificités locales sont prises en compte par le circuit informel. Cela pousse certains consommateurs à s'abonner au circuit informel pour l'achat et la consommation des médicaments. En effet, l'intégration des spécificités locales dans le circuit de distribution est un facteur important incitant à l'adoption du circuit de distribution.

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b-L' irresponsabilité des consommateurs

Acceptant l'irresponsabilité des consommateurs comme facteur d'adoption de la distribution informelle des médicaments, cela constitue une nouveauté apportée par cette étude. Selon ce résultat, l'adoption de la distribution informelle des médicaments peut dépendre de l'irresponsabilité du consommateur. En effet les consommateurs socialement responsables boycottent les achats ou abandonnent les circuits d'approvisionnement à haut risque.

L'étude mais en évidence des individus qui refusent de s'intéresser aux conséquences liées à leur décision de s'approvisionner sur le marché informel. Selon eux le circuit informel présente des risques également présents sur le circuit formel. Pas besoin de s'intéresser aux conséquences néfastes du fonctionnement du marché informel.

D-Contexte socio-politico-économique

En plaçant la ville de Douala au coeur de ses caractéristiques, la fragilité du tissu économique et la mauvaise politique sanitaire permettent de discuter du résultat de recherche

a-Fragilité du tissu économique et social

Pour ce qui est de la fragilité du tissu social et économique, cet aspect a une influence grande sur le comportement d'adoption du circuit informel de distribution des médicaments. Les résultats de plusieurs recherches dans le passé ont prouvé cela : Commeyras et al. (2006), Kachi et al. (2011). Selon ce résultat, l'adoption de la distribution informelle des médicaments est le résultat du chômage, d'une absence d'assurance santé, voire de la détérioration du pouvoir d'achats.

Ce résultat s'explique par le fait que les distributeurs informels proposent des médicaments sans consultation payante, le coût d'acquisition des médicaments sur le circuit informel est relativement faible ce qui pousse certains consommateurs, a niveau de vie faible, sans pouvoir d'achat à s'abonner sur ces circuits qui restent pour eux l'unique moyen d'avoir accès aux médicaments. En effet, la fragilité du tissu économique est un facteur obligeant les plus pauvres à adopter le circuit informel comme seule moyen d'acquisition des médicaments.

b- L'échec des politiques sanitaires

Cette mise en évidence du rôle déterminant d'une mauvaise politique sanitaire comme facteur responsable de l'adoption de la distribution informelle des médicaments a longtemps

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été martelé par plusieurs résultats de recherche. Nos résultats concordent avec ceux de Van Der Geest (1983), Fassin (1986), Barberreau (2006) et Wogaing (2010). Selon ces résultats, l'adoption de la distribution informelle des médicaments est une conséquence de l'absence d'une politique sanitaire efficace.

Ce résultat s'explique par le fait que les distributeurs informels proposent des médicaments qui sont souvent absent sur le circuit formel, la fréquence de rupture de stock est faible sur le circuit informel comparativement à celle observée dans les pharmacies et officines. Ce qui pousse certains consommateurs, à se retourner vers le circuit informel pour les différents approvisionnements. En effet, le manque d'efficacité du circuit formel, son incapacité à répondre au besoin, à une demande de plus en plus grandissante (Van Der Geest, 1983) a poussé certains consommateurs à prospecter le marché informel à la recherche des médicaments. La satisfaction trouvée sur le circuit informel à entrainer son adoption par ces consommateurs.

2- CONTRIBUTION ET LIMITES DE RECHERCHE

Il est question dans cette partie de présenter tel qu'il ressort de nos entretiens et son analyse les éléments responsables de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Ainsi cette étude présente des vertus et en même temps des limites.

A-Implications de l'étude

Il s'agit dans cette partie de présenter la relation logique existant entre l'étude et les avancées dans le domaine. De ce fait, les implications peuvent être d'ordre théoriques et pratiques.

a-Implications théoriques

Tout d'abord, rappelons que cette étude traite le problème de l'adoption de la distribution informelle des médicaments du point de vue des consommateurs. En effet, contrairement aux autres études qui se sont intéressées à la contrefaçon, comportement de consommation des médicaments, aux facteurs explicatifs de la consommation de médicaments de la rue ; cette étude permet de mettre en évidence les effets induits par le mode de distribution informel, les éléments propres au consommateur et à son environnement

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qui favorisent l'adoption de la distribution informelle des médicaments par certains consommateurs.

Ainsi mis à part, « l'intégration de la distribution au système social », « disponibilité des produits et pris bas », « la culture », « le tissus économique et social », et la « mauvaise politique sanitaire » qui ont été déjà décelé par plusieurs auteurs (Van Der Geest, 1983 et 1986 ; Fassin 1987 ; Ouattara, 2009 ; Mattern, 2015 ; Mahamé, 2015 ; Mbaho, 2015) comme étant des facteurs ou éléments justifiants le choix et l'adoption du circuit informel par certains consommateurs. L'élément « irresponsabilité des consommateurs » est un nouvel élément justificatif du choix ou de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Il est à noter que ce facteur est propre aux consommateurs.

Une autre implication théorique de la présente étude, est « l'organisation de la distribution informelle des médicaments » cette organisation de la « profession » est à l'origine de la proximité des points de ventes et influence positivement le comportement d'adoption du circuit informel des médicaments. Ainsi, cette étude nous a permis de trouver un nouvel élément induit par le mode de distribution informelle qui favorise l'adoption de ce circuit.

b-Implications d'ordre pratiques

Il est important de rappeler que cette étude explore un domaine qui une fois bien organisé et mieux structuré entrainera une amélioration du bien-être des consommateurs de la classe la plus l'aisée de la société. Ainsi pour améliorer ou favoriser l'accessibilité des médicaments de qualités pour toute les couches sociales, plusieurs possibilités existent à la fois aux consommateurs et aux pouvoirs publics :

Ø Mise sur pied des mouvements consuméristes : ces mouvements auront pour vocation de faire respecter certains droits des consommateurs ou des citoyens. Dans ce cas, l'accès aux médicaments de bonne qualité est un droit pour tout citoyens de la ville de Douala.

Ø Une réduction importante des frais de consultation peut jouer en faveur des consommateurs qui s'abonnent au circuit informel. Car plusieurs trouvent que les frais de consultations sont énormes et les médecins ne sont généralement pas disposés à les écouter.

Ø D'autres mesures peuvent consister à accroitre les points de ventes formelles des médicaments et réduire les prix appliqués sur le circuit formel.

Ø

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Une formation des distributeurs informels, une veille systématique de l'application effective des mesures de sanctions relatives aux ventes des médicaments par les « aventuriers » pourrait améliorer le quotidien des habitants de Douala en qualité d'accès aux médicaments.

Le circuit informel est d'une importance qui rend sa disparition difficile voire même utopique. D'où la nécessité pour les pouvoirs publiques de plutôt encadrer ce secteur et l'intégrer dans le circuit formel de distribution.

B-Limites de recherche

Durant la réalisation de cette étude, nous avons rencontré deux principaux types de limites : les limites d'ordre théorique et ceux d'ordres méthodologiques.

a-Limites d'ordre théoriques

Tout d'abord, il convient de rappeler ici que nous n'avions pas accès à toute la littérature existante sur le domaine d'étude. De ce fait, les variables de notre cadre conceptuel abordées au niveau de la revue de littérature se sont limitées à la documentation que nous disposons. Ainsi, il est possible que d'autres variables pouvant contribués à l'adoption de la distribution informelle des médicaments aient été négligées.

b-Limites d'ordre méthodologique

Une deuxième limite, d'ordre méthodologique, nous avions adopté une approche qualitative de recherche. Cette approche étant caractérisée par la production des modèles et des résultats contextuels, la nécessité de la compléter avec une étude quantitative s'impose. En effet la validation de notre model nécessite l'intervention de l'approche quantitative dans le but de mesurer les variables retenues qui ont permis la mise sur pied du model

Au regard de tout ce qui précède l'adoption de la distribution informelle des médicaments par certains consommateurs de la ville de Douala a été facilitée à la fois par les effets induits par le mode de distribution informel, des facteurs propres au consommateur et un ensemble d'effets liés à l'environnement.

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Au cours de cette deuxième partie de notre recherche, nous nous sommes intéressés à l'étude pratique du comportement des habitants de Douala face aux effets induits par la distribution informelle des médicaments. Ce travail a été fait à travers l'étude de la spécificité du marché informel de médicaments et une présentation de la méthodologie qualitative mobilisée pour la recherche. Cela nous a permis de présenter l'exploration faite sur les particularités du marché informel des médicaments et la démarche méthodologique.

L'étude de l'incidence du réseau de distribution informel des médicaments sur le comportement des consommateurs a bénéficié également d'une curiosité profonde. Ceci à travers l'étude de l'analyse thématique proprement dite des données recueillies aux près des consommateurs de Douala suivi de l'analyse de l'adoption ou du rejet de la distribution informelle des médicaments à Douala.

Selon les résultats de l'étude de terrain l'adoption de la distribution informelle des médicaments résulte des effets à la fois induit par le circuit de distribution informel, propres aux consommateurs et également des facteurs appartenant à l'environnement social, politique et économique.

Certains consommateurs pensent que les médicaments issus du circuit informel sont identiques à ceux vendus sur le circuit formel. Nous pouvons dire que les prix appliqués par le circuit informel sont concurrentiels. En effet le circuit de distribution informelle semble avoir trouvé une solution aux difficultés rencontrées par la distribution formelle.

CONCLUSION GENERALE

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Notre travail de recherche avait pour objectif de vérifier si seule « Les effets induits par le mode de distribution informelle des médicaments expliquent son adoption par les consommateurs de la ville de Douala ? ». Ainsi durant nos investigations, l'objectif était de répondre à cette question centrale. Pour le faire, cette question centrale a été décomposée en trois questions secondaires. Ces questions nous ont permis de poursuivre notre quête. Notons que chacune de ces questions a eu des éléments de réponse.

La première question subsidiaire porte sur « les types d'avantages et de satisfaction offert par le circuit de distribution informel des médicaments qui expliquent l'adhésion des consommateurs ». Pour répondre à cette préoccupation, une étude de la distribution informelle à travers plusieurs angles d'analyses a été faite (Economie, Sociologie, BIT, AFRISTAT, INS, ...). Ce secteur regroupe un certain nombre d'opérateurs qui évoluent en marge de la règlementation mais donc leurs actions au sein de la société est d'une importance non négligeable. Les études menées à la fois sur le plan théorique et pratiques ont révélées plusieurs avantages liés au secteur informel pouvant séduire les consommateurs. Il s'agit en premier lieu de l'organisation de la « profession ». Le secteur informel connait une structuration qui lui permet d'être proche physiquement et socialement des consommateurs. Les vendeurs parlent la même langue avec les consommateurs, ont les mêmes appréhensions des réalités locales. Les points de ventes sont présents dans la quasi-totalité des rues. La seconde est l'intégration du réseau de distribution informel au système sociale. En effet le circuit informel de distribution des médicaments a sus s'adapter aux réalités locales ; d'où une parfaite adéquation du système aux besoins des consommateurs. La disponibilité des médicaments recherchés et les prix compétitifs sont aussi à mettre à l'actif du circuit informel. Tel sont l'ensemble d'avantages offert par la distribution informelle des médicaments qui ont facilité l'adoption de ce circuit par le consommateur.

La seconde question subsidiaire : « les croyances des consommateurs et comportement de consommation irresponsable expliquent-ils l'adoption du circuit de distribution informel ? ». Comme éléments de réponse à cette question, notre travail de recherche a trouvé que le facteur culturel avait une grande part de responsabilité dans l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Les moeurs, les coutumes des vendeurs du secteur informel sont largement acceptées et partagé par les clients consommateurs. En effet les

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croyances des consommateurs, les pratiques, les habitudes de consommations expliquent et contribues à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. L'étude a également montrée que l'irresponsabilité des consommateurs était à l'origine de l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Certains consommateurs n'évaluent pas le risque lié à la consommation des médicaments issus du circuit informel. De ce fait cette négligence de la part du consommateur le rend irresponsable dans le processus de consommation des médicaments. On note ainsi une parfaite adéquation entre croyance des distributeurs informel et celles des consommateurs.

« Le contexte socioéconomique et politique expliquent l'adoption des médicaments issus du circuit informel ? ». Telle est la troisième question subsidiaire de notre travail de recherche. Il s'agit ici de vérifier s'il existe des effets propres à l'environnement de la ville de Douala pouvant favorisés l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Face à cette ouverture la prospection documentaire et du terrain nous ont permis de mettre en exergue quelques facteurs propres à l'environnement capable de faciliter l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Il s'agit de la fragilité du tissu économique et social. En effet les maux tel que le chômage, l'absence d'un bon système d'assurance santé, le faible pouvoir d'achat des habitants de Douala sont des éléments qui ont catalysé le processus d'adoption de la distribution informelle des médicaments. Une population soumise à ce genre de conditions a pour seule source d'approvisionnement en médicament le circuit informel. Car seul ce moyen leur permet d'y avoir accès.

Il faut noter également qu'une préoccupation a existée au début de notre recherche sur la méthodologie a adoptée afin de fournir des éléments de réponses à notre question centrale. Le choix des distributeurs informels des médicaments est justifié par l'importance numérique des intervenants (vendeurs et consommateurs), la délicatesse de cette activité et le fort développement qu'elle connait. Pour étudier le comportement du consommateur face à la distribution informelle des médicaments, l'approche qualitative de recherche a été retenue. Car cette méthode en science de gestion permet de comprendre des phénomènes ou des comportements. La distribution informelle est bien sûr un phénomène ayant des emprunts socio-politico-économique et psychologique. L'analyse qualitative peut être définie comme une démarche discursive de reformulation, d'explication ou de théorisation d'un témoignage, d'une expérience ou d'un phénomène. C'est un travail complexe qui consiste à l'aide des seules ressources de la langue, à apporter un matériau qualitatif dense et plus ou moins

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explicite à un niveau de compréhension ou de théorisation satisfaisant (Paillan, cité par Bilguissou, 2014).

Les données ont été recueillies à travers l'étude documentaire, les observations flottantes et les entretiens semi-directifs. Les entretiens ont été faites sur fond d'un guide préalablement conçut pour cela. Cette triangulation était nécessaire vu la complexité du phénomène de distribution informelle des médicaments.

Une analyse de contenu, des données brutes (discours) a été réalisée dans le but de faire ressortir les différents thèmes qui émergent du terrain. Cette analyse a été faite suivant les différentes étapes tel que prescrit par Aktouf (1987). Il préconise 7 phases importantes et nécessaires pour la réalisation de l'analyse thématique de contenu. Il s'agit de : « la lecture des documents », « la définition de catégories », « la détermination de l'unité d'information », « la détermination de l'unité d'enregistrement », « la détermination de l'unité de numérisation » et la « quantification ». Ce travail a mis en évidence 4 aspects majeurs qui favorisent l'adoption de la distribution informelle des médicaments : une réelle proximité des vendeurs et leur efficacité, une proximité des points de ventes, les croyances de consommateurs, le contexte socio-politico-économique.

Apres avoir réalisé l'analyse de contenue, nous sommes passé à l'analyse proprement dite des thèmes issus de l'analyse de contenu. Ce qui nous a permis de produire des résultats de recherche.

Dans le même ordre d'idées, nous allons proposer des perspectives de recherches futures. Il est naturel de dire que les limites citées ci-dessus peuvent servir de nouvelles pistes de recherche : ainsi, il serait intéressant de :

Ø D'adopter une approche quantitative qui permettra de rentre plus fiable les résultats trouvés car le modèle de recherche est généré suite à un travail qualitatif et une revue de la littérature, de ce fait il est important de l'améliorer ou de le renforcer par une étude de confirmation et un test statistique approprié (test de corrélation).

Ø Détecter d'autres facteurs susceptibles de contribuer à l'adoption de la distribution informelle des médicaments. Le revenu du répondant, par exemple, pourrait être une variable importante qui expliquerait l'adoption ou non de la distribution informelle des médicaments.

Ø Il serait aussi judicieux de mener des études analogues en prenant en considération le processus de socialisation de la consommation des médicaments comme facteurs pouvant favoriser l'adoption de la distribution informelle des médicaments.

BIBLIOGRAPHIE

90

+ AFRISTAT (1999), « Concepts et indicateurs du marché du travail et du secteur informel », série Méthodes N02 Décembre, Bamako.

+ Aktouf O. (1987), « Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations, une introduction à la démarche classique et une critique ». Montréal : les Presses de l'Université du Québec.

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LISTE DES ANNEXES

97

ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN

ANNEXE 2 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN

98

ANNEXE 1 : GUIDE D'ENTRETIEN

Titre : LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMEL DES

MEDICAMENTS : CAS DE LA VILLE DE DOUALA-CAMEROUN

Monsieur, Madame, bonjour

Etudiant en MASTER II à l'université de Douala, notre travail de recherche s'effectue sur le thème « LE CONSOMMATEUR FACE A LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : CAS DE LA VILLE DE DOUALA-CAMEROUN ».

De ce fait nous vous prions dans ce cadre d'accepter de répondre à quelques questions suivantes. Nous vous garantissons que les réponses récoltées feront l'objet d'une grande discrétion et d'une confidentialité. Les usages sont d'ordre purement académique.

Merci de nous accorder un peu de votre temps.

THEME 1 : AVIS GENERAL SUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS.

THEME 2 : PROXIMITE DES DISTRIBUTEURS ET EFFICACITE DU CIRCUIT

INFORMEL

THEME 3 : CROYANCE ET FAMILIARITES AVEC LA DISTRIBUTION

INFORMELLE DES MEDICAMENTS

THEME 4 : CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE VS MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS A DOUALA.

99

ANNEXE 2 : PROTOCOLE D'ENTRETIEN

Il s'agit des questions qui doivent soutenir nos entretiens à travers le guide élaboré à cet

effet.

THEME 1 : AVIS GENERAL SUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS

- Quelle appréhension avez-vous de la distribution informelle des médicaments ? - Votre attitude envers la distribution informelle des médicaments ?

THEME 2 : PROXIMITE ET EFFICACITE DU CIRCUIT INFORMEL

- Comment trouvez-vous l'organisation de l'activité de distribution informelle des médicaments à Douala ?

- Qu'en est-il de l'adaptation du circuit informelle des médicaments aux spécificités locales ?

- Que pensez-vous de la disponibilité des produits recherchés et prix pratiqués ? - Qualifiez l'accueil et les relations avec les vendeurs informels.

THEME 3 : CROYANCE ET FAMILIARITES AVEC LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS

- Parler nous de votre processus de socialisation d'achat et de consommation des médicaments.

- Que pensez-vous de la responsabilité des consommateurs face à l'adoption du circuit informelle des médicaments ?

THEME 4 : CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE VS MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS A DOUALA

- Comment qualifier le pouvoir d'achat des consommateurs du circuit informel ? - Comment appréciez-vous les politiques sanitaires au Cameroun ?

- Qu'el est l'impact du niveau d'étude des consommateurs sur l'adoption du circuit informel ?

THEME5 : FICHE D'IDENTIFICATION

a-Sexe b-Profession

c-Ethnie d'origine d-Niveau d'études

e-Tranche d'âges -Nom(s) ou prénom (s)

Merci pour votre collaboration !!!

TABLE DE MATIERES

100

DEDICACE I

REMERCIEMENTS II

LISTE DES ABREVIATIONS IV

AVANT-PROPOS V

RESUME ET ABSTRACT VI

LISTE DES SCHEMAS, GRAPHIQUESET TABLEAUX VII

SOMMAIRE IX

INTRODUCTION GENERALE 1

PARTIE I : DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS ET

COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS 6

CHAPITRE I : LA DISTRIBUTION INFORMELLE DE MEDICAMENTS 7

SECTION I : GENESE DU MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS 7

1- DEFINITIONS DES CONCEPTS 7

A-Le médicament 7

B-Le consommateur 8

C-La distribution informelle 8

2- INQUIETUDES SUR LA DISTRIBUTION DES MEDICAMENTS 9

A-Marché informel des médicaments : des origines profondes 10

B- Le rôle de la crise économique des années 1980 10

a- La détérioration des termes de l'échange 10

b- Dévaluation du franc CFA : « effet Massu » 11

101

3- UN CONTEXTE SOCIAL, POLITIQUE ET CULTUREL FAVORABLE

POUR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS 12

A- Les raisons d'ordres sociales 12

B- Le politique face au comportement opportuniste des distributeurs informels 13

a- L'Etat et la distribution informelle des médicaments: situation énigmatique 13

b- Comportements opportunistes des « trafiquants » 14

SECTION II: ORGANISATION DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS AU CAMEROUN 15

1- TYPOLOGIE DES OFFREURS ET RESEAUX D'APPROVISIONNEMENT 15

A- Réseaux internes d'approvisionnements des médicaments du circuit informel 15

B- Les réseaux externes d'approvisionnements des médicaments du circuit informel 16

C- Destination des dons de médicaments 16

2- HETEROGENEITE DES DISTRIBUTEURS ET CONSOMMATEURS INTERVENANTS SUR LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS 17

A- Les distributeurs 18

a- La distribution mobile des médicaments du « marché noir » 18

b- La distribution immobile des médicaments sur le « marché noir » 19

B- Une clientèle essentiellement hétérogène 21

CHAPITRE II : COMPORTEMENTS DES INTERVENANTS SUR LE

MARCHE DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES MEDICAMENTS : ESSAI DE CONCEPTUALISATION

D'UNE REALITE 25

SECTION I : UNE ALTERNATIVE ECONOMIQUE ET SOCIALE « ADEQUATE »

POUR LES CONSOMMATEURS 25

1- COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR ET ATTITUDE ENVERS LE

MARCHE INFORMEL 25

A- Notion d'attitude 26

B-

102

Comportement du consommateur 26

C- Comportement du consommateur et adoption de la distribution informelle des

médicaments 27

2- LES MEDICAMENTS ISSUS DU CIRCUIT INFORMEL : UNE OFFRE

ECONOMIQUEMENT ALLECHANTE POUR LES MENAGES 28

A- L'automédication : pratique dominante de la distribution informelle des

médicaments 28

B- L'adaptabilité des prix pour toutes les couches sociales 30

3- DEVELOPPEMENT DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS : UN PROBLEME DE JUSTICE 31

A- La théorie de la justice économique 32

B- Succès de la distribution informelle des médicaments : résultat de l'injustice 32

SECTION II : LE CONSOMMATEUR FACE AUX « AVANTAGES » OFFERTS PAR LE SYSTEME DE DISTRIBUTION INFORMEL DES

MEDICAMENTS 33

1- DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS : UNE INTEGRATION

SOCIALE PARTICULIERE 33

A- Une méthode de distribution spécifique : la vente à l'unité 34

B-Une stratégie de distribution push 34

C- Distribution informel des médicaments : un système d'échange reposant sur le social

et la confiance 35

a- Les possibilités d'offre gratuite de médicaments aux nécessiteux 35

b-Une vente à paiement différé sans intérêt et sans garantie 35

2- LE MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS : UN MODEL NEO-

INSTITUTIONNEL 36

A- La théorie néo-institutionnelle 37

B- Une dynamique d'institutionnalisation à l'intérieur de l'organisation 37

3- PROPOSITIONS DE RECHERCHE 38

A-

103

Proximité des distributeurs et capacité à répondre efficacement aux besoins des

consommateurs 38

B- Croyances des consommateurs 39

C- Contexte socio-politico-économiques 40

D- Mécanismes d'influence des effets induits par la distribution informelle des

médicaments sur le comportement du consommateur 41

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 44

PARTIE II : ETUDE EXPLORATOIRE DU COMPORTEMENT DES HABITANTS DE DOUALA FACE AUX EFFETS INDUITS PAR LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS 45

CHAPITRE III : SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DE

MEDICAMENTS ET METHODOLOGIE D'ETUDE 46

SECTION I : SPECIFICITE DU MARCHE INFORMEL DES MEDICAMENTS 46

1- MOYENS, PRATIQUES ET PRESENTATION DE LA VILLE DE DOUALA...46

A- Des moyens de distribution spécifiques

46

B- pratiques marketing de la distribution informelle des médicaments

47

a- la politique de produit

..47

b- la politique de distribution

48

c- la politique de prix

.48

d- la politique de communication

.48

 

C--Présentation du champ d'étude : la ville de Douala

48

2- DESCRIPTION DES CAS D'ETUDE ET DIFFICULTES DE TERRAIN

49

A- Description des cas d'étude

49

a-Quelques caractéristiques des études de cas

50

b- Critères de choix des cas d'étude

50

104

c- Description des différents cas de l'échantillon 50

B- Difficultés de terrain liées à l'étude 51

SECTION II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE EXPLORATOIRE 52

1- JUSTIFICATIF DU CHOIX DE LA METHODOLOGIE QUALITATIVE ET

DEROULEMENT DE LA RECHERCHE 53

A- Choix de la méthode exploratoire 53

a-Présentation de l'approche qualitative inductive 53

b- Faiblesses de l'approche qualitative 54

B- Le déroulement de la recherche : une aventure spécifique et pleine d'exigences 55

a- Objectifs de la recherche 55

b- Techniques d'échantillonnage 55

2- L'ENTREVUE COMME TECHNIQUE DE COLLECTE DE DONNEES ADEQUATE POUR LA STRATEGIE D'ETUDE DE CAS EN RECHERCHE.56

A- L'étude de cas comme stratégie de recherche 56

a- Pertinence de l'étude cas 56

b- Méthode de l'étude de cas : une technique loin d'être parfaite 57

B- Choix de l'entrevue comme technique de collecte de données 58

C- Le guide d'entretien : instrument de collecte des données 59

D- Construction du guide d'entretien 60

3- JUSTIFICATIFS DU TERRAIN D'ETUDE ET ANALYSE PRELIMINAIRES 61

A- Terrain d'étude : distribution informelle de médicaments 61

B- Première analyse : l'analyse thématique de contenu 61

a- La lecture répétée de différents discours 62

b- Le dégagement des thèmes ou des catégories 63

c- Unité d'information 63

d- Unité d'enregistrement 63

e- Unité de numérisation 63

f- Quantification 63

g- Décompte et fréquence 63

105

CHAPITRE IV : INCIDENCE DU RESEAU DE DISTRIBUTION INFORMEL DES MEDICAMENTS SUR LE COMPORTEMENT DES

CONSOMMATEURS 66

SECTION I : ANALYSE PROPREMENT DITE DES DONNEES RECEUILLIES AUX

PRES DES CONSOMMATEURS DE DOUALA 66

1- EFFETS RESPONSABLES DE L'ADOPTION DE LA DISTRIBUTION

INFORMELLE DES MEDICAMENTS 66

A- Description de l'échantillon 67

a- Le sexe 67

b- L'âge 67

c- Activité professionnelle 68

d- Groupe ethnique d'appartenance 69

B- Proximité et efficacité du circuit informel 69

a- La satisfaction 69

b- L'accueil 70

c- Proximité des vendeurs 70

C- Proximité des points de ventes 71

D- Attitude et croyance 72

E- Le contexte socio-politico-économique 72

a- Fragilité du tissu économique 73

b- L'échec de la politique sanitaire 74

c- Le niveau d'instruction 74

2- ILLUSTRATION DU PROCESSUS D'ADOPTION DE LA DISTRIBUTION

INFORMELLE DES MEDICAMENTS 75

A- Comparaison des résultats théoriques et pratiques 75

B- Conclusion de l'étude de terrain 78

SECTION II : ADOPTION OU REJET DE LA DISTRIBUTION INFORMELLE DES

MEDICAMENTS A DOUALA 79

106

1- DISCUSSION DES RESULTATS DE L'EXPLORATION 79

A- Réelle proximité des distributeurs et réponse efficace aux besoins 79

a- Organisation de la distribution informelle des médicaments 79

b- Intégration du réseau de distribution au système social 80

c- Disponibilité et prix 80

B- Proximité des points de ventes 80

C- Les croyances des consommateurs 81

a- Le facteur culturel 81

b- L'irresponsabilité des consommateurs 82

D- Contexte socio-politico-économique 82

a- Fragilité du tissu économique et social 82

b- L'échec des politiques sanitaires 82

2- CONTRIBUTION ET LIMITES DE RECHERCHE 83

A- Implications de l'étude 83

a- Implications théoriques 83

b- Implications d'ordre pratiques 84

B- Limites de recherche 85

a- Limites d'ordre théoriques 85

b- Limites d'ordre méthodologique 85

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE 86

CONCLUSION GENERALE 87

BIBLIOGRAPHIE 90

LISTE DES ANNEXES 97






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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci