WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Couverture sanitaire universelle au Togo: une analyse simplifiée de l'accessibilité aux soins de sante


par Kokou Michel KOUWODO
Université de Kara (Togo) - Master 2 en planification de développement (Suivi-évaluation de projets et programmes de développement) 2022
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Titre 2. Discussion des résultats et recommandations

Cette partie est consacrée au résumé des principaux résultats de l'étude, à leurs comparaisons puis discussions mais aussi à la formulation des recommandations. Concrètement, il s'agira de donner le sens des différents résultats obtenus conformément aux hypothèses de recherche ; puis statuer sur la validation ou non de ces dernières.

50

2.1. Discussion des résultats

Deux hypothèses ont été émises à l'entame de ce travail : le premier était formulé dans le sens où « plus de la moitié de la population togolaise a accès aux soins de santé relativement à l'état de base de l'offre de soins » alors que le second stipulait que « les résultats des projections sur la demande et l'offre de soins au Togo ne permettent pas au pays d'atteindre une couverture sanitaire totale à horizon 2030 ».

Partant de ces hypothèses, les résultats issus des différents traitements de la base de données ont été présenté en analysant l'offre et la demande de soins en deux temps : l'analyse à la base c'est-à-dire en 2015 puis l'analyse prévisionnelle sur 2030.

2.1.1. Discussion des résultats de la situation de base de 2015

A la base, le Togo dispose de 1273 FS reparties de manière inégale à travers l'ensemble des régions sanitaires. Ces FS sont de types publics, privées et/ou communautaires ou confessionnelles. Toutefois, il est à remarquer que l'offre de soins au Togo, est fournie en majeure partie par le secteur public (58,9%). Les FS privées sont en majeure partie localisées dans le grand Lomé ou réside la plus grande portion de la population togolaise disposant d'un pouvoir d'achat plus élevé pouvant permettre aux FS privées de se faire des bénéfices. En dehors de ce premier aspect lié à l'offre de soins, on constate également que la répartition des FS au départ était faite en tenant compte des critères liés à la superficie et à la taille de la population. Mais en évoluant en années, ces critères sont devenus obsolètes entrainant des disparités, d'où la naissance d'une inadéquation entre l'emplacement des FS et les populations couvertes (cf. figure 4, annexe 1).

Avec les données de 2015, les calculs sur la population couverte des FS ont été faits en divisant le nombre de FS par la population de chaque région sur une base de 10.000 habitants. Ainsi, les résultats ont montré qu'en 2015, le Togo compte en moyenne 1,83 établissements de soins pour 10 000 habitants (cf. figure 5) (contre la valeur cible de 2 FS pour 10 000 habitants selon les normes sanitaires nationales). Cependant, deux régions, la région maritime et particulièrement la région des Savanes ont des taux de couverture moins élevés comparés aux autres régions. En se basant sur la valeur cible, on pourrait admettre qu'en 2015, le Togo était à 91,5 % de réalisation de ce norme sanitaire. Ainsi, l'offre couvre au-délà de la moitié de la population tel émis dans notre première hypothèse spécifique. La carte en annexe 2 établie par la DivPCIS de 2015 donne plus de détails sur la couverture en établissement de santé selon les pôles démographiques du pays. En prenant en compte la dimension « demande de soins » évaluée à

travers le nombre de consultations issues de la population, les analyses ont révélé qu'environ 3 568 613 consultations ont été comptabilisées en 2015 avec la plus grande partie recensée dans les régions Lomé-commune, Maritime et plateaux. Le constat qui se pose est que lorsqu'on quitte la capitale vers les zones septentrionales du pays, le nombre de consultations décline. Ceci se justifie par le manque de FS de référence et de personnel qualifié dans ces régions, obligeant ses populations à se déplacer vers la capitale pour avoir accès à des soins adéquats. Un exemple, celui de la Thailande nous montre que seule la présence de personnel qualifié dans les zones défavorisés permet d'atteindre la CSU : « Le développement de l'ensemble du système de santé, en particulier un effectif de santé élargi, a abouti à un système de soins de santé primaires qui fonctionne ».15

En combinant les résultats de l'analyse de base de l'offre à celle de la demande, L'hypothèse spécifique 1 se trouve validée.

2.1.2. Discussion des résultats de projection sur 2030

Les tests de corrélation ont révélé une forte liaison entre les différentes variables de l'étude à savoir la taille de la population, le nombre de consultation, et le nombre de FS. Ainsi, l'augmentation du nombre de la population dans les conditions normales sur les prochaines années entraine une augmentation du nombre de consultations et par conséquent une augmentation du nombre de FS. Cette condition étant posée, le passage de la population de 6,9 millions d'habitants en 2015 à 9,4 millions d'habitants en 2030 (cf. Figure 10), a entrainé une augmentation rationnelle du nombre de consultations, par conséquent. Ce dernier par projection est estimé évoluer à 4 426 204 en 2030 (cf. Figure 9), soit par effet d'une augmentation de 0,013% sur la base de la progression captée sur les années antérieures (traduit par calcul de CAGR). Utilisant les mêmes techniques de projections, le nombre de FS est censé évolué en théorie, pour atteindre les 1365 FS selon un premier scénario. Un deuxième scénario qui prend en compte l'actuel projet du Gouvernement à vocation d'implémentation de 200 FS, estime à 1515, le nombre total de FS dont disposera le Togo en 2030. Ces chiffres étant considérés, les calculs de prévisions fixent à 1,425 ? (scénario 1) ou à 1,582 ? (scénario 2), le taux de couverture en FS contre une norme de 2 ?. En conclusion, malgré les scénarios posés, le pays n'arrivera pas à trouver une adéquation entre l'offre de soins qu'il fournit et la demande croissante en soins de santé. De ce fait, le Togo n'atteindra pas la couverture optimale en soins de santé, vu le nombre insuffisant de FS dont il disposerait en 2030 contre une population en continuelle croissance. Par ailleurs, ces FS selon la configuration actuelle resteront mal répartis

51

15 https :// doi.org/10.2471/BLT.13.120774

sur l'ensemble du territoire avec une concentration plus accrue dans les zones urbaines au détriment des populations rurales, si des mesures d'optimisation de leurs emplacements ne sont pas prises en compte. Tout ceci vient donc confirmer notre seconde hypothèse spécifique selon laquelle l'évolution de la demande de soins au Togo comparé à l'offre ne permet pas au pays d'atteindre une totale16 couverture sanitaire à horizon 2030.

Ainsi, pour atteindre une couverture sanitaire plus optimale en lien avec les normes retenus, il serait judicieux de prévoir dans l'immédiat un ou des programmes d'urgence qui consisterait à mobiliser des ressources exceptionnelles pour construire des établissements sanitaires publics dans les régions surtout Maritime et Savanes, puis faciliter et inciter l'installation des FS privées dans le Grand-Lomé et autres régions. Le renforcement des ressources humaines de qualité devrait être également prévu en amont. Toutefois, la construction de nouveaux FS passe par une mobilisation de ressources financières et le vrai défi pour les ressources humaines est celle de les motiver à aller travailler dans les lieux défavorisés et de retenir la main d'oeuvre compétente dans ces milieux défavorisés. Ceci étant, des stratégies de mobilisation des ressources humaines sur exemple des best-pratices d'autres pays (Rwanda, Ghana, Sénégal par exemple) peuvent être élaborées puis mises en oeuvre de façon parallèle aux éléments avancés plus haut.

Un dernier aspect pouvant oeuvrer pour une meilleure couverture sanitaire est l'augmentation du niveau d'intégration du secteur privé dans la mise en oeuvre des actions sanitaires. En effet, au Togo, le secteur privé administre une part non négligeable des prestations médicales si l'on se base sur les chiffres contenus dans le tableau 8. Toutefois, en optimisant l'intervention du secteur privé dans les prestations sanitaires au niveau national, une couverture sanitaire plus élargie serait obtenu. Ainsi, les instances publiques de gouvernance doivent prioriser le secteur privé dans la prise des décisions touchant le secteur sanitaire en particulier. En effet, la contribution du secteur privé soutient mieux de bons résultats dans les domaines où les utilisateurs sont riches et en bonne santé informés, en particulier dans les villes, où les patients peuvent exiger des services de meilleure qualité et choisir de n'utiliser que les services qu'ils jugent de haute qualité. En conséquence, les services sont plus susceptibles d'être fournis par qualification les fournisseurs privés qui passent plus de temps avec chaque patient, avec une amélioration de la qualité, de l'équité et de l'efficacité, en particulier pour les maladies plus complexes (Morgan, R. et al, 2016). Dans les zones développées, les instances de gouvernance

52

16 « totale couverture sanitaire » : est compris comme étant le nombre de FS nécessaires pour couvrir la population théorique estimée en 2030 par l'INSEED sur une base de 5000 habitants pour 1 FS.

53

du Togo, devraient faciliter l'installation de ces structures privées et prioriser leurs ressources vers les milieux défavorisés. Car, bien que le secteur privé soit un fournisseur en partie marginalisé de soins de santé dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, son rôle dans la progression vers la couverture sanitaire universelle est indéniable (McPake B & Hanson K., 2016).

2.2. Recommandations

Au regard des discussions portées sur les résultats, nous formulons des recommandations à l'endroit du MDAUS et du MSHPAUS essentiellement sur deux (02) plans à savoir stratégique et opérationnel.

2.2.1. Sur le plan stratégique :

La carte sanitaire utilisée dans le cadre de cette recherche est une base de données contenant des informations collectées, consultables et actualisables pouvant donner de nombreux détails sur la situation sanitaire au Togo. Vu son importance, il est nécessaire de procéder fréquemment à sa mise à jour, tout en y intégrant des variables supplémentaires permettant d'apprécier les aspects de la CSU (avec une possibilité de simulation de projections).

Aussi est-il important :

- d'élaborer une politique sectorielle définissant clairement les objectifs ainsi que les résultats attendus dans la mise en oeuvre de la CSU au Togo pour l'horizon 2030 ;

- d'impliquer les autres ministères notamment celui de l'action sociale dans son élaboration ; puis

- de vulgariser cette politique auprès du personnel de santé pour des actions conjointes orientés dans l'atteinte de la CSU à court terme ;

- de veiller à ce que les plans nationaux de développement sanitaire prennent en compte les orientations opérationnelles de la CSU, en particulier les liens doivent être établis entre les objectifs de la santé et la carte sanitaire afin d'atteindre les objectifs d'amélioration de l'état de santé et de réduction des iniquités dans l'accès aux services de santé ;

- d'améliorer le cadre de suivi-évaluation des actions sanitaires en y prenant en compte les objectifs visés par la CSU.

2.2.2. Sur le plan opérationnel : A ce niveau, il est impératif :

54

- d'optimiser le processus d'implémentation des prochaines FS afin de pouvoir couvrir la quasi-totalité des populations. Ainsi, les données de la carte sanitaire doivent être prises en compte à priori, notamment les aspects concernant la densité de la population, le bassin démographique, les scores d'ISL, le personnel de santé etc. A titre d'exemple, les hôpitaux de spécialisation peuvent être construit proche des zones à haut risque de prolifération, plutôt qu'en tenant du critère urbain ou rural ;

- de conduire des études sociologiques afin de déterminer les principaux facteurs inhérents à la demande de soins auprès de l'ensemble des populations ;

- d'établir des politiques d'incitation et de mobilisation du personnel médical à opérer dans les zones à faible couverture de soins ou déclaré comme non couverte ;

- d'accroitre le degré d'intégration des structures privées dans les prestations de soins publiques : la collaboration entre le privé et l'Etat dans le cadre du PNAFE en est un exemple.

2.3. Limites de l'étude et perspectives

Le présent travail aussi modeste qu'il soit présente quelques limites qu'il convient de relever selon les principes scientifiques.

En effet dans cette étude, seuls les indicateurs portant sur le « nombre de FS » et le « nombre de personnel de santé » ont été prises en compte pour évaluer l'offre de soins pendant que la demande de soins a été approché par « le nombre de consultations » et « la taille de la population ». Or, en matière de CSU plusieurs autres indicateurs qualifiés de « traceurs » par l'OMS interviennent dont entre autres le taux de mortalité mère-enfant, le taux de couverture vaccinal, le taux d'accès à l'hôpital, le taux de sécurité sanitaire, et les dépenses sanitaires (OMS, 2018).

Toutefois, ne disposant que de ressources limitées en temps et en moyens (financier, logistique), le présent travail s'est focalisé sur les indicateurs précités pour produire une analyse pertinente. De ce fait, il est important de signaler que ce travail est un précurseur de travaux complémentaires nécessaires pour tirer une conclusion définitive sur la capacité du Togo à atteindre ou non la CSU à l'horizon 2030. Il a quand même le mérite de préciser que cet objectif ne saurait être atteint sans des plans d'urgence pour renforcer les structures hospitalières et les ressources humaines existantes.

Dans les prochaines études, il est souhaitable de disposer d'une base de données actualisée et de les croiser avec différents outils statistiques. L'indicateur nombre de FS par exemple est un

55

chiffre brut qui ne rend pas compte de la capacité d'hospitalisation ; la conformité de l'implantation des infrastructures de santé au regard du bassin démographique ; la fonctionnalité des infrastructures sanitaires existantes (adéquation des locaux et équipements essentiels, adéquation des ressources humaines) et l'accès aux paquets essentiels des services. La taille évolutive de la population pour sa part, a été estimé depuis 2015, date à laquelle aucune autre étude de projection n'a été produite par l'INSEED. Pourtant, il serait intéressant d'avoir des données actualisées en ce sens tenant compte des divers phénomènes démographiques (taux d'accroissement, flux migratoire...) survenues au cours de ces dernières années. Ces différents aspects pour ne citer que ceux-là doivent être explorés dans les travaux futurs.

Aussi, avons-nous en perspective de mener plus loin dans nos études notamment en thèse, une recherche plus exhaustive couvrant tous les aspects de la thématique, le présent travail n'étant qu'une première avancée dans l'atteinte de cet objectif.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci