Variabilite pluviométrique et strategies d’approvisionnement en eau de consommation dans l’arrondissement d’allahe, commune de zakpota (republique du benin)par Mahuna Socrate HOLONOU Université d'Abomey Calavi - Maîtrise 2016 |
CHAPITRE IIISTRATEGIES D'APPROVISIONNEMENT EN EAU FACE A LA VARIABILITE CLIMATIQUE DANS L'ARRONDISSEMENT D'ALLAHE Ce chapitre présente les stratégies liées à l'approvisionnement en eau potable et dans l'arrondissement d'Allahé, leurs atouts et leurs faiblesses. 3-1 Stratégies d'approvisionnement en eau dans l'arrondissement d'Allahé Pour satisfaire leurs besoins en eau, les ménages développent diverses stratégies qui leur permettent de s'approvisionner en eau à partir des différentes ressources en eau disponibles dans l'arrondissement. 3-1-1 Approvisionnement en eaux de surface L'arrondissement d'Allahé est arrosé par plusieurs cours d'eau dominés par la rivière zou. Celui-ci sert de limite avec l'arrondissement de Lainta (Covè). Il reçoit, directement ou indirectement, les eaux de plusieurs rivières comme Hla, Za-gbo. Les populations ont recours aux cours d'eau parce qu'ils sont gratuit et le puisage est sans grandes difficultés. La figure 10 présente le réseau hydrographique de l'arrondissement d'Allahé. Figure 10 : Réseau hydrographique de l'arrondissement d'Allahé La figure 10 présente les différents cours d'eau dont regorge l'arrondissement d'Allahé. Le plus grand cours d'eau est la rivière zou. Il ne tarit pas quel que soit la saison. Par contre les autres cours d'eau tarissent ce qui soumet la population à d'énormes difficultés d'approvisionnement en eau pendant la saison sèche. Cinq virgule huit pour cent des populations du village d'Allahé s'approvisionnent en eau de boisson à ces cours d'eau dont 81,9 % en raison, du manque de moyens financiers et 19,1 % en raison de l'affluence autour des FPMH. Quand le niveau de l'eau baisse, elle se trouble. celà pousse les populations qui s'y approvisionnent à se référer à une infrastructure traditionnelle. 3-1-2-Approvisionnement en eau souterraine Dans l'arrondissement d'Allahé, les eaux souterraines constituent un gisement que les ménages exploitent au moyen de diverses stratégies. 3-1-2-1 Approvisionnement à travers les puits traditionnels Les puits traditionnels sont des ouvrages peu profonds, de petit diamètre (1à 1,2 m) destinés au captage des eaux infiltrées. Ils sont réalisés par les populations avec les moyens dont-elles disposent ( http://www.oieau.fr) 05-04-2014 à 18h 23 '). Ce type de puits permet d'une part, aux plus pauvres d'accéder à l'eau en tout temps et à moindre coût. D'autre part, face aux difficultés pour l'obtention des pièces de rechanges des différents équipements des FPMH, le puits traditionnel garantit la disponibilité de l'eau au village. En outre, il permet un puisage collectif discontinu, mais il ne garantit pas toujours la qualité de l'eau surtout en période de pluie où l'eau de ruissellement le salie. Dans l'arrondissement d'Allahé, tous les villages en disposent mais les puits sont caractérisés par une vétusté excessive. L'arrondissement dispose de 18 répartis dans les différents villages. Les photos suivantes présentent un puits traditionnel et l'eau qui en sort. Photo 1: Puits traditionnel dans le village de Dogbanlin Prise de vue : Holonou, Fevrier 2014 Photo 2 : L'eau issue d'un puits traditionnel à Dogbanlin Prise de vue : Holonou, février 2014 La photo 01 montre un puits traditionnel et les conditions d'utilisation avec les alentours sales. La photo 02 montre l'eau qui sort du puits de la photo 1 puisée dans une bassine qui est l'instrument privilégié par les populations d'Allahé pour le transport de l'eau. Elle est caractérisée par une couleur rougeâtre ce qui prouve qu'elle n'est pas propre à la consommation. Outre ces sources d'eau endogènes, des infrastructures modernes desservent aussi les populations. 3-1-2-2 Infrastructures modernes d'approvisionnement en eau dans l'arrondissement d'Allahé Plusieurs infrastructures modernes desservent les populations d'Allahé. Il s'agit des forages munis de pompe à motricité humaine, et les puits modernes. 3-1-2-3 Approvisionnement à travers les forages munis de pompe à motricité humaine La pompe à motricité humaine est l'équipement le plus utilisé en hydraulique villageoise pour valoriser les forages. Le débit d'une pompe à motricité humaine est de l'ordre du m3/h pour une hauteur manométrique de 25 à 30 mètres. Cependant, il est à rappeler que le débit de la pompe est fonction de l'énergie humaine fournie. Ces ouvrages hydrauliques sont les plus nombreux (48) et les plus utilisés dans l'arrondissement soit par 83,1 % des populations d'Allahé. Elle fournit de l'eau en quantité suffisante avec une qualité acceptable sur toute l'année. Sur les quarante-huit (48) infrastructures existantes, trente-huit (38) sont fonctionnels donc dix (10) sont en panne soit un pourcentage de 20,8 %. Les soixante pour cent de ses (10) à savoir six (6) le sont depuis plus de deux (2) ans. Les autorités estiment tout de même que ces infrastructures ne sont pas abandonnées et que seuls les moyens pour leur restauration font défaut. Les photos 03 et 04 présentent deux FPMH de l'arrondissement. Photo 03 : FPMH dans le village de Za-hla Prise de vue : Dovonou, Aout 2014 Photo 04 : FPMH en panne à dogbanlin Prise de vue : Holonou, Aout 2014 La photo 03 montre les conditions d'utilisation d'un FPMH par les enfants. Ces conditions d'utilisation favorisent la détérioration précoce des ouvrages. La photo 04 montre un FPMH en panne depuis deux ans. Elle n'est pas réparée parce que les populations ne disposent pas de moyens pour renouveler la pièce endommagée. Cet état de chose met à mal la question de l'accès à l'eau potable. 3-1-2-4 Approvisionnement à travers les puits modernes Les puits modernes sont des ouvrages peu profonds à grand diamètre destinés au captage des eaux de la nappe phréatique. Ils demeurent l'ouvrage hydraulique le plus demandé par les villageois. Sa qualité est meilleure par rapport à celle des puits traditionnels qui, bien qu'étant dotés de margelle, favorisent l'infiltration des eaux de ruissellement et autres. Dans l'arrondissement d'Allahé, nous en avons deux (celui du CEG Allahé et celui de ganhoua) parmi lesquels seul celui de ganhoua fournit de l'eau de consommation aux populations. les 02 puits modernes de l'arrondissement sont présentés par les photos 05 et 06. Photo 06 : PM dans le village de Ganhoua Prise de vue : Dovonou, Aout 2014 Photo 05 : PM au EPP Allahé centre Prise de vue : Holonou, Aout 2014
Les photos 5 et 6 présentent les PM de l'arrondissement. La photo 5 montre le PM du CEG Allahé qui est abandonné et ne fournissant plus d'eau pour l'utilisation domestique. Il est utilisé pour la construction des maisons, l'arrosage des cultures, la consommation des animaux. Ceci empêche les premiers bénéficiaires que sont les élèves et écoliers d'avoir accès à l'eau à proximité. La photo 6 montre le seul PM qui fournit de l'eau de boisson aux populations de l'arrondissement. Ce PM est bien utilisé par les populations. La répartition des ouvrages hydrauliques est mise en exergue par la figure 11
Figure 11 : Répartition des ouvrages hydrauliques modernes dans l'arrondissement d'Allahé La figure 11 montre la mauvaise répartition des ouvrages sur le territoire de l'arrondissement. Rappelons que l'AEV construite et présente sur la carte ne dessert pas encore les populations. Pour s'approvisionner en eau de consommation, les populations ont développé des stratégies. 3-2 Mode de transport de l'eau potable dans l'arrondissement d'Allahé Dans l'arrondissement d'Allahé, il s'utilise deux moyens d'approvisionnement en eau à savoir : Le transport par bassine et le transport par bidons. Le transport par bassine consiste pour les femmes de se rendre au forage, au puits ou aux bords des cours d'eaux avec une bassine pour chercher l'eau et se rendre ensuite à la maison. Le transport par bidons consiste pour les hommes, les femmes et les enfants de s'y rendent avec des bidons de 25 litres qu'ils attachent soit à leurs motos ou qu'ils mettent sur la tête. Les photos 07 et 08 illustrent ces modes de transport d'eau dans l'arrondissement d'Allahé. Photo 08 : Bidons mal entretenus servant à transporter l'eau potable dans le village de Hè-hounli Photo 07 : Bassines pour transporter l'eau dans le village d'Allahé Prise de vue : Holonou, Aout 2014 Prise de vue : Holonou, Aout 2014 Les photos 07 et 08 présentent les 02 modes de transport de l'eau à savoir : transport par bassine et par bidons. Deux raisons expliquent cette diversité de contenants. Il y a le choix du transporteur et la distance du point d'eau du domicile. Généralement, les enfants filles et/ou garçons qui vont chercher de l'eau pour le ménage choisissent d'utiliser les bidons. Certaines femmes choisissent les bidons à cause de la distance. Les bassines s'utilisent la plupart du temps par les femmes. La photo 08 présente le manque d'hygiène qui caractérise le transport de l'eau dans l'arrondissement d'Allahé. On assiste à cet état de chose en raison du manque de sensibilisation des populations d'Allahé sur les mesures d'hygiène. Après tout ceci, il importe de voir les taux d'utilisation de ces différents points d'eau (figure 12) Figure 12 : Taux d'accès aux points d'eau dans l'arrondissement d'Allahé Source : résultats d'enquête Holonou, (2014) La figure 12 montre le taux d'accès aux points d'eau dans l'arrondissement d'Allahé. Son analyse permet de constater que 83,1 % de ménages utilisent les FPMH, 11,1 % les puits modernes et 5,8 % les cours d'eau. Ceci veut dire que seuls les 59,2 % de la population consomment de l'eau d'une qualité acceptable. Cet état de chose a pour cause le manque de moyens financiers pour soit construire une infrastructure privée ou pour s'approvisionner à une source d'eau de qualité acceptable. Les différentes stratégies d'approvisionnement en eau potable présentent des atouts et des faiblesses. 3-3 Atouts et faiblesses des stratégies d'approvisionnement de l'eau face à la variabilité climatique dans l'arrondissement d'Allahé Les stratégies d'approvisionnement en eau potable dans un contexte de variabilité climatique présentent des atouts et des faiblesses consignés dans le tableau 5. Tableau IV : Stratégie d'approvisionnement et mode de transport : Atouts et faiblesses
Source : Enquête de terrain, (Holonou 2016) Le tableau IV présente dans un premier temps les atouts et les faiblesses des stratégies développées par les populations face aux effets de la variabilité climatique. Ensuite il présente les atouts et faiblesses du mode de transport des ressources hydriques. L'analyse des informations de ce tableau révèle que certaines stratégies d'accès à l'eau rendent la denrée facilement accessible. Ces sources d'eau à savoir les cours d'eau, les puits et les jarres de stockage d'eau de pluie fournissent une eau de qualité douteuse. Les sources d'eau qui fournissent une eau de qualité acceptable présentent pour les populations, d'énormes difficultés d'approvisionnement (longues distances, longues files d'attentes à la fontaine payement de l'eau à la bassine, etc.). Le transport par bassines sans protection favorise la présence de souillures dans l'eau. Le transport par bidons de 25 litres règle ce problème car les bidons sont souvent fermés au cours du transport. Face à ces difficultés, les populations ont exprimé aux autorités locales et communales, des besoins en infrastructures de types FPMH, AEV et SONEB. En réponse à ces besoins, les autorités ont réagi. 3-4 Rôle des structures décentralisées Lamairie de Za-Kpota, dansl'optiquedefaciliterl'accèséquilibréà l'eaupotableenquantitéeten qualité à lagrandemajorité de lapopulation, a réalisé une planification concernant la miseà dispositiondespointsd'eaudanslesdifférenteslocalitésdelacommuneàcourt terme.Cetteplanificationestétablieen tenant compte desbesoinsexpriméspar la population puis des moyens logistiques et financiers disponibles.Letableau6 montrelaplanificationde la priorisation de localités pour l'installationdesouvrageshydrauliques de type FPMH dans l'arrondissement d'Allahé.
Tableau V : Programmation des ouvrages hydrauliques dans l'arrondissement d'Allahé à l'horizon 2017 Source : Programmation Communale des Ouvrages d'Approvisionnement en Eau Potable, Décembre 2012 Le tableau V montre que tous les villages ne seront pas convenablement desservis en FPMH d'ici 2017 et qu'aucun village ne sera doté d'AEV. Aussi constatons que dans les programmations communales la couverture du réseau de la SONEB n'est pas prévue. Il est souhaitable que la programmation communale des ouvrages d'approvisionnement en eau potable d'à partir de 2018 prévoie cela. Pour surmonter ces difficultés, des propositions ont été faites à certains acteurs. 3-5 Propositions pour un accès durable des ressources en eau - Aux autorités : Le plus grand objectif des autorités locales est de renforcer la couverture des ouvrages hydrauliques de façon équitable. Pour y parvenir, il faut : Mettre sur pied une politique d'installation des ouvrages hydrauliques dans toutes les agglomérations afin de réduire au mieux la distance aux femmes. Harmoniser le coût de l'eau afin que tous les villages puissent avoir les mêmes chances d'assurer la maintenance en cas de besoin. IL faut aussi Organiser régulièrement des séances de recyclage au profit des délégués communautaires auprès des ouvrages de l'arrondissement pour favoriser une meilleur gestion de ces ouvrages, veiller à la meilleure gestion des ouvrages hydrauliques en faisant des contrôles réguliers sur les sites des ouvrages pour non seulement voir l'état de salubrité des lieux mais aussi contrôler la gestion financière. Sensibiliser les populations sur l'importance du traitement de l'eau issu des puits et cours d'eau pour leur donner l'habitude de consommer de l'eau potable. Ensuite, Faciliter les actions des ONG pour les sensibilisations dans le cadre de la gestion efficiente des ressources hydriques et enfin, favoriser l'extension du réseau de la SONEB afin qu'il atteigne l'Arrondissement d'Allahé. - Aux populations En ce qui concerne les populations, elles doivent s'approvisionner à des sources jouissant d'une qualité d'eau acceptable telle que les FPMH non seulement pour la boisson mais aussi pour le ménage ; construire des citernes pour la conservation des eaux de pluie en vue d'un usage ultérieur ; traiter tous types d'eau avec Aquatabs avant de la consommer ; participer à faciliter le travail aux structures d'encadrement des populations en matière de prévention sanitaire et de gestion des ressources en eau ; protéger les points et sources d'eau par la construction de superstructure (margelle, couvercle de protection). Le modèle FPEIR a permis L'analyse des données. (figure 13) FORCES Climat subéquatorial offrant deux saisons de pluie ; Modification des paramètres climatiques ; Accroissement de la population. PRESSIONS Affluences autour des FPMH ; Infrastructures en panne ; Consommation d'eau issue de sources non potables ; Gaspillage Stratégies d'approvisionnement et de gestion des infrastructures présentant des insuffisances. ETAT Dégradation de la qualité de vie des populations ; Stratégie d'approvisionnement en eau présentant des faiblesses. IMPACTS Mise sur pieds de comités de gestion des infrastructures dans chaque village avec délégué auprès de chaque infrastructure ; Instauration d'un système de vente de l'eau afin de pouvoir assurer la maintenance en cas de panne Implantation d'infrastructures en rapport avec les besoins des populations REPONSES Figure 13 : Modèle d'analyse des résultats à l'aide de FPEIR. Source : Holonou, Septembre 2016. La figure 13 fait la synthèse des résultats obtenus dans le cadre de l'étude de variabilité climatique et stratégie d'approvisionnement en eau potable dans l'arrondissement d'Allahé. Il ressort que les populations restent confrontées à diverses difficultés telles que : - le manque de moyens financiers pour la réalisation des ouvrages hydrauliques et le renouvellement de la pièce d'exhaure - Le manque de suivi de la gestion des ouvrages - la mauvaise gestion des ressources en eau disponible dans l'arrondissement |
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