CHAPITRE II
DETERMINANTS BIOPHYSIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES INFLUANT
SUR L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE DANS L'ARRONDISSEMENT
D'ALLAHE
Ce chapitre présente les facteurs biophysiques et
socio-économiques qui déterminent l'accès à l'eau
dans l'arrondissement d'Allahé.
2-1 Déterminants biophysiques de
l'approvisionnement en eau potable dans l'arrondissement
d'Allahé
Les déterminants biophysiques de l'accès
à l'eau sont liés à l'aspect physique, au contexte
hydrogéologique et aux variabilités thermométrique et
pluviométrique
2-1-1 Aspects physiques
L'arrondissement d'Allahé est situé au sud de
la commune de Za-Kpota (l'une des neuf communes du département du Zou)
au sud du Bénin. Il est plus précisément entre
7°07'26'' et 7°11'29''de latitude nord et 2°11' et 2°19'
longitude Est. Il est limitée au nord par l'arrondissement de Za-Kpota,
au nord-ouest par l'arrondissement de Houngomè, à l'ouest par
l'arrondissement de Sodohomey (Bohicon) au sud par l'arrondissement de
Koussoukpa Zogbodomey) et à l'est par la commune de Covè (figure
2)
Figure 2 : Situations géographique
et administrative de l'arrondissement d'Allahé dans la commune de
Za-Kpota
Sur le plan administratif, l'arrondissement d'Allahé
est dirigé par un chef d'arrondissement sous l'autorité duquel
exercent cinq (5) chefs de villages. Ces villages polarisent plusieurs
localités.
L'arrondissement d'Allahé se situe dans la zone
subéquatoriale du Bénin influencée par un climat
comportant deux saisons sèches et et deux pluvieuses. Le régime
moyen des pluies se présente comme suit :
2-1-2 Régime moyen des pluies
Le régime moyen des pluies présente un
déficit hydrique en janvier, février, mars, aout, septembre,
novembre et décembre dans l'année. La figure 5 que voici le
montre plus clairement.
Figure 3 : Régime pluviométrique
moyen inter-mensuel d'Allahé de
(1984 à 2013)
Source : Données
pluviométriques de la station de Bohicon/ASECNA, 2014
La figure 3 montre un régime pluviométrique avec
un maximum de 133,9 mm en juillet et 126 mm en septembre. Il est
caractérisé par l'alternance de deux saisons pluvieuses et
deux saisons sèches. Les saisons sèches sont
marquées par de faibles précipitations de novembre à
février ainsi qu'en août avec une moyenne de 24,17mm. Ces 5 mois
sont ceux où la recharge du sol est nulle en raison de leurs
caractères secs. Ce régime pluviométrique impacte
la disponibilité des ressources en eau qui varie d'une année
à une autre. Outre cela, la variabilité thermométrique et
pluviométrique sera abordée.
2-1-3 Variabilité thermométrique et
pluviométrique dans l'arrondissement d'Allahé
Elle prend en compte la hausse des températures et les
fluctuations pluviométriques qui prévalent dans le secteur
d'étude depuis des décennies.
2-1-3-1 Variabilité thermométrique dans
l'arrondissement d'Allahé
L'arrondissement d'Allahé a ces dernières
années, enregistré une variabilité ascendante et
irrégulière des
températures. Dans cette étude la
variabilité
thermométrique concerne essentiellement
les températures maximales, minimales et moyennes sur la
période de 1984-2013. La figure 4 présente l'évolution des
températures sur la période 1984-2013.
Figure 4 : Evolution des températures
maximales, moyennes et minimales dans l'arrondissement d'Allahé sur la
période 1984-2013
Source : Données
thermométriques de la station synoptique de Bohicon/ASECNA, 2013
La figure 4 montre l'évolution interannuelle des
températures maximales, moyennes et minimales. Ces températures
ont connu une tendance à la hausse dans l'arrondissement d'Allahé
sur la période 1984-2013. En effet, sur la période 1984-2013 les
températures maximales ont varié de 32 ,18 °C à
33,78 °C, soit une hausse de 1,6 °C. Quant aux minima, elles sont
passées de 21,76 °C à 23,8 °C, soit une augmentation de
2,04 °C.
De façon générale, la température
moyenne annuelle est passée de 26,99 °C à
28,79 °C soit une augmentation de 1,8 °C. Ces tendances
observées montrent un réchauffement dans l'arrondissement
d'Allahé.
La variabilité thermométrique dont il est
question évoque pour Boko et al, 2012 l'augmentation de la
température au Bénin en général. C'est pareil sur
le plateau d'Allada (Totin, 2003 et 2010). Déjà, Houghton,
(1990) ; Parry, (1990) cité par Ahoutounmè, (2011)
évoquaient qu'une variation de 1,5 à 3 °C entraîne une
diminution de 15 % à 18 % des hauteurs de pluies. Cet état de
chose détermine la question de l'approvisionnement en eau potable dans
l'arrondissement d'Allahé car influant considérablement sur la
pluviométrie.
2-1-3-2 Variabilité pluviométrique dans
l'arrondissement d'Allahé
Il s'agit de l'évolution interannuelle des hauteurs de
pluie, du régime moyen des pluies et du bilan climatique de
l'arrondissement d'Allahé
2-1-3-3 Evolution interannuelle des hauteurs de pluie
sur la période (1984-2013) dans l'arrondissement
d'Allahé
l'arrondissement d'Allahé enregistre une moyenne
pluviométrique de 980 mm sur l'année avec de fortes fluctuations
inter-annelles au cours des 5 dernières décennies. Le
régime pluviométrique que voici a été
déterminé à partir des moyennes mensuelles sur la
période 1984-2013.
Figure 5 : Evolution des hauteurs de
pluie sur la période (1984-2013)
Source: Données
pluviométriques de la station de Bohicon/ASECNA, 2014
La figure 5 met en exergue une inégale
répartition des hauteurs de pluie traduisant une alternance des
années sèche (1985, 1992, 2001, 2013) avec les années
humides (1988, 1995, 1999, 2002) sur la période 1984-2013. La hauteur
maximale de pluie a été enregistrée en 1999 (1540,2 mm).
La minimale quant à elle, a été enregistrée en 1983
(551,6 mm). La récente année 2013 enregistre une
pluviométrie de 807,8 mm. Cet état de chose justifie, les
fluctuations pluviométriques dans l'arrondissement d'Allahé de
1984 à 2013. Cette variation des hauteurs de pluie n'est pas sans
incidences sur la disponibilité des ressources en eau et son
approvisionnement. Le Bilan climatique montre la répartition des
fluctuations pluviométriques tout au long des années sur la
période.
2-1-3-4 Bilan climatique de l'arrondissement
d'Allahé
Le bilan climatique de l'arrondissement d'Allahé montre
les mois de déficit et de d'abondance. La figure 6 présente
l'évolution du bilan climatique de l'arrondissement d'Allahé.
Source :Données de l'ETP
et de la pluviométrie de la station de Bohicon/ASECNA, 2013
Figure 6 : Bilan climatique de
l'arrondissement d'Allahé de 1984 à 2013
La figure 6 montre l'évolution mensuelle du bilan
climatique sur 1984-2013 dans l'arrondissement d'Allahé; Elle permet
d'identifier deux périodes à savoir :
- la période humide allant du mois de mai à
septembre avec un maximum en juillet. Ces mois fournissent d'importants surplus
d'eau dans les mares, marigots, les ruisseaux, les rivières et la
rivière zou dont le niveau augmente ;
- la période sèche allant du mois de octobre
jusqu'au mois d' avril. ce sont les mois secs où la demande
évaporatoire de l'atmosphère est très importante, avec un
fort amenuisement et même l'assèchement des réserves d'eau
du sol.
En somme, l'arrondissement d'Allahé a connu sur la
période 1984-2013,
une forte variabilité thermométrique et pluviométrique. En effet,
en ce qui concerne la variabilité thermométrique il y a eu
une tendance à la hausse ce qui a
entrainé un amenuisement des ressources hydriques dans
l'arrondissement d'Allahé.
Cet amenuisement de la ressource complique
l'approvisionnement en eau des populations.
Outre la variabilité climatique, le contexte
hydrogéologique de sera abordée.
2-1-4 Contexte hydrogéologique de
l'arrondissement d'Allahé
L'arrondissement d'Allahé est sur un grand plateau
incliné vers l'est où se trouve la rivière zou avec des
dénivellations relativement importantes. Il est
caractérisé sur le plan pédologique par trois types de
sols dominés par les sols ferralitiques qui recouvrent près des
trois-quarts du territoire de l'arrondissement. Ces sols sont engendrés
par une altération très poussée des minéraux
primaires (PIC-SARL, 2012). Il y a aussi les sols ferrugineux et les sols
hydromorphes à l'est aux abords du fleuve Zou et de ses importants
méandres.
Sur le plan géologique, Allahé est
caractérisé par des formations sablo- quartzeux avec gravier et
argile kaolinique subordonnés et/ou à du grès ferrugineux
(PIC-SARL, 2012). Les formations de l'époque Maestrichtien couvrent le
tiers de l'arrondissement et sont composées de sable, argile, marne et
calcaire avec niveaux charbonneux à la base (PIC-SARL, 2012). De plus,
les dépôts alluviaux récents constitués de sable,
argile avec gravier subordonné. Le gneiss, le granite et la migmatite
sont observés à l'est de l'arrondissement en longeant le lit du
fleuve Zou. Le sud-ouest de l'arrondissement repose sur du grès
ferrugineux couvert par endroits par le sable. Le caractère
fissuré des roches favorise l'infiltration des eaux de pluie qui vont
recharger la nappe souterraine. Le reste de ces eaux de pluie sont
drainées vers les plus basses altitudes situées à l'est
(dans la vallée du fleuve Zou). Les caractéristiques
géologiques du milieu sont présentées par le tableau IV
Formation aquifère
|
Position stratigraphique
|
Type de perméabilité
|
Transmissivité en
M2/seconde
|
Epaisseur (M)
|
Nature
|
Degré de Recharge
|
Gneiss, Granite, Migmatite
|
Précambrien
|
Légèrement Fissuré
|
10-5/10-4
|
25-40
|
Latérite, Sable argileux, Altérites
|
Infiltration lente à travers les fissures
|
Tableau III : Caractéristiques
des aquifères
Source : DG-Eau, Mai
2010
Le tableau III présente les caractéristiques des
aquifères en place dans l'arrondissement d'Allahé. Ces couches
rocheuses sont de l'ère précambrienne. Leur épaisseur
varie entre 25 et 40. Leur caractère fissuré permet une
infiltration lente à travers les fissures.
A ces facteurs biophysiques, s'ajoutent ceux
socio-économiques.
2-2 Déterminants socio-économiques de
l'approvisionnement en eau potable dans l'arrondissement
d'Allahé
Il s'agit ici des facteurs sociaux qui influent sur
l'approvisionnement en eau potable dans l'arrondissement d'Allahé
à savoir le coût de l'eau et l'accroissement de la population.
2-2-1 Evolution de la population
Le RGPH 3 réalisé par l'INSAE en 2002 a
révélé une population de 6 903 habitants pour
l'arrondissement d'Allahé avec un taux d'accroissement naturel de 2,17
%. La population a atteint 12 233 habitants en 2013 (INSAE,2014). Les
projections réalisées par le même institut pour 2024 sont
de 21 679 habitants. Tout ceci est mis en exergue par la figure 7
Figure 7 : Evolution de la population
Source : INSAE
(2003,2014)
L'analyse de la figure 7 montre que la population
d'Allahé s'est accrue considérablement au fil des années.
De 6903 en 2002, la population a atteint en 2013, 12233 (INSAE, 2015), Ce
qui fait une augmentation de 77,2 % en 11 ans. Les projections sur la base du
taux d'accroissement naturel de la population vers l'horizon de l'année
2025 est de 22537. Mais les infrastructures n'ont pas accompagné
l'évolution de la population. De 2002 à 2014, 11 FPMH ont
été implantés dans tout l'arrondissement (Mairie,2014).
Il devient alors important de voir le rapport entre les
infrastructures et la population.
2-2-2 Rapport entre la population et les
infrastructures
Selon la direction de l'hydraulique, on devrait avoir un
ouvrage hydraulique du genre des FPMH pour environ 200 habitants. Actuellement,
vu l'évolution de la population, les infrastructures sont en manque ce
qui oblige les populations à aller s'approvisionner aux sources
traditionnels contre tenu de l'affluence. En 2016 où la population
devrait atteindre 14933 habitants selon l'INSAE (2003). l'arrondissement
d'Allahé ne compte que 39 FPMH fonctionnels. Le rapport nous donne
382,89 habitants pour un point d'eau comme le montre la figure 8
Figure 8:Normes en
matière d'accès aux FPMH et réalités actuelles
Source : DG-Eau, INSAE (2003)
La figure 8 révèle une augmentation de 91,4 %
par rapport à la norme en vigueur en la matière. Ce qui veut dire
qu'il y a une place à la pompe pour près de deux personnes. Cet
état de chose complique l'approvisionnement en eau dans l'arrondissement
d'Allahé.
A ces deux facteurs sociaux, s'ajoute un autre.
2-2-3 Coût de l'eau dans l'arrondissement
d'Allahé
Les enquêtes de terrain ont révélé
que la question du coût de l'eau dans l'arrondissement d'Allahé
est ambiguë. D'une part, les villages où l'accès au FPMH est
gratuit à savoir : Dogbanlin et Hè-hounli et d'autre part,
un village où l'accès à ce même type
d'infrastructure est subordonné au payement de la somme de 200 FCFA
mensuellement. Il s'agit du village de Ganhoua. Dans les deux autres à
savoir : Allahé et Za-hla, la bassine d'eau de 36 litres est vendue
à 10 F CFA. La gestion à Allahé, Za-hla et Ganhoua est
confiée au comité de trois membres qui est mis sur pied dans le
cadre de l'amélioration de la gestion des points d'eau. Les
résultats des enquêtes ont révélé les
données mentionnées dans la figure 9
Figure 9 : Modes d'accès aux FPMH
Source : Enquête de
terrain, Holonou (2014)
La figure 9 présente les modes d'accès aux FPMH.
Elle montre que 53 % des ménages payent la bassine d'eau à
10f, 13 % un taux forfaitaire de 200 FCFA par mois et par ménage et 34 %
ont gratuitement accès aux forages. Ce qui fait 66 % de ménages
qui souscrivent pour la restauration des FPMH et 34 % ne le font pas.
Ce chapitre a permis de prendre connaissance des
paramètres naturels et socio-économiques qui déterminent
la question de l'accès à l'eau dans l'arrondissement
d'Allahé dans un contexte marqué par la variabilité
pluviométrique.
Après l'identification des facteurs biophysiques et
socio-économiques, il importe d'analyser les stratégies
d'approvisionnement en eau des ménages face à la
variabilité climatique dans l'arrondissement d'Allahé et de
déterminer les atouts et les faiblesses de ces stratégies.
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