1. La politique d'intervention allemande au
Cameroun
Sans qu'on ait pu en fixer le démarrage exact, la
coopération entre l'Allemagne et le Cameroun a connu assez tôt des
interventions dans le domaine de l'environnement, notamment dès 1982
avec le projet S.O.S. (Stratégie d'occupation des sols de la
région du Louti-Nord) dans l'Extrême-Nord (gestion des terres,
conservation de l'eau, bois de feu et reboisement). Projet inscrit dans le
cadre de la lutte contre la désertification. Ce projet était
conduit conjointement avec la coopération canadienne (ACDI) et l'ONG
CARE-Cameroun. Les résultats mitigés obtenus ont
été attribués en particulier aux insuffisances dans le
diagnostic préalable et dans la connaissance du contexte sociologique,
témoignant de la démarche peu participative du projet.
Ce type de constat, qui a été assez
général lors de la Conférence de Rio en 1992, ainsi que
celui de la nécessité d'une meilleure prise en compte du
rôle des populations locales dans la gestion des ressources naturelles
(GRN) ont été actés par la communauté
internationale, avec de surcroit une grande importance donnée à
la participation de l'ensemble des parties prenantes, auront été
un tournant décisif pour le Gouvernement du Cameroun avec la
création d'un « Ministère de l'Environnement et des
forêts (MINEF)» ; initiative suivie par la révision de la
politique sectorielle (1993) et celle des textes relatifs aux forêts
(1994 et 1995) et à l'environnement (1996).
Conduit au départ à travers de simples projets,
l'engagement de l'Allemagne en appui au gouvernement du Cameroun a
été progressivement structuré par le Ministère
fédéral pour la Coopération économique et le
développement (BMZ) qui s'est fixé en 1998 quatre pôles
d'intervention prioritaire :
- La santé publique,
- Le transport,
- La décentralisation, le développement
communautaire et la gouvernance,
143 Sarriette Batibonak, « Introduction : réveil
réflexif et (re)prise de conscience pour la libération finale
», in P., Batibonak, (dir.), indépendances
inachevées en Afrique, Yaoundé, Monange, 2020, p. 18.
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- l'Environnement (concrètement la gestion durable des
ressources naturelles GDRN).
Le pôle environnement intitulé «Gestion
durable des ressources naturelles (GDRN)» se traduit par une
coopération bilatérale conduite au travers des outils propres au
BMZ : la GTZ (Agence allemande de coopération technique), le DED
(Service d'assistance technique), InWEnt (Agence pour la formation) et la KfW
(Institut de coopération financière, engagé depuis 2004
dans le secteur forêts environnement). S'y ajoutent, la Fondation
Friedrich Ebert (appui aux processus de démocratisation), des ONG et des
Eglises.
En 2010, GTZ, DED et InWEnt ont été
regroupés en une seule nouvelle agence : la GIZ. À ce jour, la
coopération allemande au Cameroun et dans la sous régions est
profondément ancrée sur les questions de politique climatique et
d'appui à la recherche dans au travers d'organismes comme la Konrad
Adenauer Stifung (KAS).
L'Agence allemande de coopération internationale
(GIZ), parallèlement aux autres initiatives bilatérales entre
l'Allemagne et le Cameroun notamment dans le cadre des échanges
étudiants, a favorisé l'intérêt politique d'autres
partenaires techniques comme les États Unis d'Amérique qui vont
développer des interventions dans le secteur tout comme les
coopérations britannique, canadienne, française,
néerlandaise, ainsi que des institutions et organisations
internationales (PNUD, Union européenne (UE), Banque mondiale (BM),
GEF/FEM, UICN, WWF, WCS, OIBT, SNV, Tropenbos ).
Simultanément à ce développement
d'actions pour la GRN et selon les orientations propres à chaque
coopération, un processus de concertation permanente s'est
développé entre les partenaires extérieurs, ainsi qu'entre
ces partenaires et les gouvernements, afin d'en améliorer la
complémentarité et l'efficacité. Ce processus a conduit
à une revue institutionnelle, lancée pour poser un diagnostic sur
le fonctionnement du secteur et les obstacles aux progrès
souhaités, puis à l'élaboration d'un véritable
programme gouvernemental basé sur les principes de
planification/budgétisation, action et évaluation
périodique de résultats. Construit dans une démarche
participative et itérative, le programme sectoriel
Forêts-Environnement (PSFE) est devenu en 2004 le cadre de l'action du
gouvernement et de ses partenaires, dont la GTZ/GIZ qui a poursuivi les efforts
déjà entrepris.