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Les enjeux de la conservation de la biodiversité pour les pays du bassin du Congo: cas du parc national de Lobéké au Cameroun


par Jean Marie Bakeleki Bohin
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master en Relations Internationales 2023
  

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2. Le bassin du Congo comme bien multifonctionnel

L'une des particularités de la forêt par rapport à d'autres ressources, est en effet son caractère multifonctionnel. Dépositaire de culture, de symboles, d'émotions esthétiques ; réservoir de la diversité des espèces ; réserve foncière ; régulatrice de l'écologie ; productrice

88Idem.

89Les savoirs traditionnels des pygmées autre fois secrets sont aujourd'hui exploités en laboratoire par des

grandes firmes internationales sous le couvert d'ONG sensées les protégés.

90Ibid., p. 5.

91Ibid., p. 6.

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de bois (matériau, combustible), de gibier, de fourrage, de fruits et autres produits. La forêt est ressource et milieu, produit de base et abri.

Comment hiérarchiser au niveau mondial l'utilité respective de ces fonctions ? Et comment définir le groupe des usagers ? Au simple niveau local, ces questions soulèvent déjà des problèmes redoutables92. Rien n'est donné, tout est à construire pour les pays du bassin du Congo. Par exemple, le périmètre de forêt gérée en commun est à délimiter. Le groupe de ses usagers est à définir. Les intérêts sont divers, les droits se chevauchent et sont en compétition. Lorsqu'on parle de forêt communautaire au Cameroun par exemple, on a beaucoup de mal à expliquer de quelle communauté il s'agit. Le village ? Combien de villages ? Les familles ? Combien de familles ? Et que fait-on des Églises, qui s'en mêlent un peu partout en Afrique subsaharienne ? Des municipalités et autres collectivités territoriales décentralisées? La gestion d'une forêt est donc d'abord la gestion de conflits sociaux, conflits d'intérêt, conflit de légitimité.

Sur un point au moins, un consensus se fait. Associations d'exploitants, écologistes, organisations internationales, se rejoignent pour estimer que l'abattage illégal, la production et le transport illicites des produits forestiers sont l'un des grands fléaux de la forêt tropical du bassin du Congo. Certaines ressources fauniques en particulier sont aujourd'hui menacées d'extinction par des réseaux clandestins de chasse et le braconnage. C'est le cas des grands singes comme le chimpanzé ; notre plus proche cousin d'après la théorie de l'évolution humaine.

PARAGRAPHE II: LES CONFLITS HOMME/HOMME (HH) ET HOMME/ GRANDS SINGE (HGS)

D'après le professeur Yves Paul Mandjem93, « La sécurité est une valeur essentielle et suprême de toute société »94.

La sécurité humaine est aujourd'hui au centre des préoccupations mondiales en raison des effets de la COVID-19. Cette assertion du professeur spécialiste de la résolution pacifique des conflits et des questions de sécurité en Afrique trouve tout son sens en périphérie de la grande majorité des aires protégées du bassin du Congo.

Dans ce paragraphe nous observerons l'état actuel des conflits homme/homme (A) et celui des conflits homme/grands singes (B) en périphérie de certaines aires protégées au Cameroun.

A. Les conflits homme/homme (CHH) 1. C'est quoi un conflit ?

92Christophe Gauchon, « Conclusion - Des causes du conflit aux conditions de l'acceptation. » In: Collection EDYTEM. Cahiers de géographie, numéro 10, Espaces protégés, acceptation sociale et conflits environnementaux, 2010, p. 8.

93Le Pr. Yves Paul Mandjem, notre encadreur est major CAMES et directeur de la coopération à l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

94 Yves Paul Mandjem, /KAS, « Les offres et espaces alternatifs de production de la sécurité en Afrique de l'ouest et centrale : Étude des marginalités, informalités et complémentarités locales à l'action des forces de défense et sécurité (FDS) », ABESS, no 1 (03), 2021, p. 1.

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Alors qu'appelle-t-on précisément un conflit? On peut définir un conflit comme un désaccord qui se traduit par un antagonisme suffisamment conflictogène et durable pour qu'il en vienne à structurer la position et le jeu des acteurs. Cette définition ne ferme pas sur un type de conflit en particulier ni sur ses modalités, ne préjuge pas de sa cause (ou de ses causes) ni de son issue(ou de l'impossibilité d'une issue). Mais la durée et le caractère structurant du conflit apparaissent comme deux éléments centraux du conflit, et ils expliquent que sa résolution parfois difficile puisse nécessiter l'intercession ou la médiation d'un tiers.

J. Freud, dans sa Sociologie du conflit (1983), n'envisageait pas le cas des conflits environnementaux, mais il était très clair sur le fait que le conflit incorpore nécessairement une composante de violence : « Le recours à la violence, même s'il n'a pas lieu et qu'il reste à l'état de menace, est inséparable de la substance même du conflit ».

Parfois le conflit nait réellement des enjeux de l'espace à protéger, mais il arrive aussi que l'hostilité vienne d'une sorte de transfert politique incompatible depuis un autre système. Les causes de ces conflits sont assurément multiples, et dépendent tout autant du contexte que des outils de protection mis en oeuvre et des enjeux identifiés. Par exemple, Au Cameroun, les revendications pour l'implication des populations Baka (en périphérie du parc national de Lobéké) dans les prises de décision et la gestion communautaire du parc ont été à l'origine des premiers accords signés entre le service de la conservation nationale et une organisation de la société civile (OSC) typiquement autochtone.

ASBABUK (Association Sanguia Baka Buma'a Kpode) est née de cette dynamique. Cependant, dans de nombreux parcs nationaux du bassin du Congo, la gestion des conflits homme/homme exige encore une mise à niveau des stratégies de gestion des enjeux coutumiers, juridiques et socio-anthropologiques qui gravitent autour de ces conflits.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway