5.1.1- Représentation culturelle de l'inondation
Représenter vient du latin « repraesentare »
qui signifie rendre présent. C'est la perception, une image mentale dont
le contenu se rapporte à une situation, à un objet du monde dans
lequel il vit. Cette définition contient des mots clefs comme image,
perception, symbole. Il faut comprendre la perception comme étant le
fait de saisir un objet par les sens. Elle a toujours un caractère
imageant. L'image ne signifie pas la simple reproduction de la
réalité mais renvoie à l'imaginaire social et individuel.
Pour Abric (1994), est une vision fonctionnelle du monde qui permet aux
individus ou aux groupes de donner un sens ou une signification à ses
conduites à tenir et de comprendre le réel par son système
référentiel, à s'adapter à ce réel et de
définir la place de celui-ci. C'est-à-dire la
représentation renvoie à un système de valeurs, des
idées et des pratiques dont les fonctions sont multiformes. Elle n'est
autre chose que la compréhension de ce que les gens pensent et comment
ils réagissent. Dans le cadre de notre recherche, la population du
9eme arrondissement de N'Djamena a ses représentations
socioculturelles de l'inondation.
5.1.1.1- Inondation comme bénédiction
Pour paraphraser l'anthropologue É, Nolet (2019),
L'inondation est considérée comme une catastrophe naturelle la
plus dévastatrice que puissent subir certaines populations. Pourtant,
certains peuples les considèrent comme une bénédiction.
C'est le cas de certaines communautés des îles Fidji. Certaines
populations du 9eme arrondissement ont une perception positive de
l'inondation comme certaines communautés des îles Fidji. En effet,
pour certains habitants riverains dudit arrondissement, l'inondation est une
bénédiction divine, sa fertilise le sol, dont sa permet à
faire l'agriculture par excellant, spirituellement la présence de la
pluie purifie la terre et les péchés de la population. La
période des inondations renforce le lien social et permet de mettre les
conflits de côté. L'arrivée des inondations est un moment
de partage et de renforcement de la solidarité entre les populations du
9eme arrondissement voire de N'Djamena.
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Plusieurs familles d'accueil n'hésitent pas à
recevoir les enfants des sinistrés, parents et amis chez elles pendant
les inondations. Un accueil est réservé d'une manière ou
d'une autre aux sinistrés. Parfois les ménages sans moyens
acceptent de recevoir des parents ou des amis sinistrés qui se
retrouvent ensemble dans la précarité. Tel est l'action qui
définit l'inondation comme source de bénédiction. Ce qui
laisse affirme Emma ainsi :
Les inondations sont temporelles et en plus, ce n'est pas
chaque année. Elles nous permettent à bien fait les
récoltes. La présence des eaux dans un espace purifies et
emportes les malchances avec elles. (Entretien avec Emma. 58 ans, chef de
quartier, à Ngoumna : 17 septembre 2021).
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