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Recrudescence et gestion endogène des inondations dans le 9e arrondissement de N'Djamena: contribution à  l'anthropologie écologique


par Adoum Oumar MOUKHTAR
Université Yaoundé 1 - Master 2 en anthropologie 2021
  

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4.2.6- Destruction de cimetière de Walia Ngonba

Le cimetière de Ngonba, dans le 9eme arrondissement à N'Djamena, est au pied du fleuve Chari. Après les inondations des quartiers Digangali, Gardolé, Toukra, et Walia Hadjaraï, ce cimetière est également envahi par les eaux. Pendant que les résidents des quartiers Gardolé, Digangali, Walia Hadjaraï et une partie de Toukra décrient les conditions dans lesquelles ils se trouvent, notamment à cause des inondations, les défunts inhumés au cimetière de Ngonba, n'ont pas non plus un repos paisible. A 500 mètres environ après la descente de la route nationale menant au sud du pays, une partie du cimetière est couverte de verdure. La terre est humide, des herbes poussent sur des tombes, des stèles mises sur des tombes en terre deviennent de moins en moins visibles. L'eau a envahi une partie du cimetière. Des sépultures (tombes) construites en terre s'écroulent, créant ainsi des trous. Cette situation empêche les habitants dudit quartier de vaquer normalement à leurs occupations.

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Au sud de la ville nous avons qu'un seul cimetière qui est celui de Walia Ngonba autre que ça, c'est seulement à Farcha (1er arrondissement) qui est à 10 kilomètre d'ici, nous on ne peut laisser le cimetière qui est juste à côté pour aller très loin. Pendant la saison pluvieuse, non seulement les habitants du quartier qui ont les difficultés de traverser mais aussi et surtout quasi impossible d'enterrer pendant la période de crue dans ce cimetière. Pendant les inondations, il serait complétement dans l'eau même les stèles on le voit pas et par de là, les herbes qui poussent et créent les agressions dans ce quartier. (Entretien avec Lamb, ancien chef de terre, à Walia Ngonba, 20 août 2021).

Ce que nous pouvons retenir dans ces propos, est que les habitants qui vivent dans les environnants du cimetière courent de grand risque de morsure des serpents et autres insectes ainsi que le risque d'agression. Notons que les habitants dans cette commune ont une grande difficulté à déplacer le corps sans vie d'un cimetière qui se trouve dans leur arrondissement vers un autre cimetière qui est à 10 kilomètre.

Photos 12 : Submersion de cimetière de Ngonba par l'inondation

Source : MOUKHTAR Adoum Août 2021

Sur l'image ci-haute nous pouvons observer certains caveaux sont complétement dans l'eau et d'autres juste les pieds. Cette submersion est due au débordement des eaux du Chari causant l'inondation. Il faut aussi noter qu'Il y a quelques années, le gouvernement a interdit d'enterrer les morts dans ce cimetière pour de raison d'agrandissement de la ville mais les habitants qui ont de difficulté financière ne peuvent pas se déplacer du 9eme jusqu'au cimetière de Farcha qui est à la sortie Ouest de la ville.

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4.2.7- Impacts des inondations sur les habitations

Des centaines de concessions sont inondées, forçant ainsi des familles à quitter leurs maisons pour aller louer dans d'autres quartiers épargnés par les dégâts. Les personnes ayant moins de chances voient leurs maisons s'écroulées sous leurs yeux sans pouvoir rien faire. Au-delà du silence du gouvernement, des propriétaires de maisons augmentent les tarifs de location pour les sinistrés déjà dans une position de faiblesse. Les dégâts dans ces espaces sont en fonction des eaux accumulées pendant la saison de pluie. Dans la commune, des cas réguliers d'abandon des concessions, des maisons écroulées ou inondées sont remarquables comme à l'exemple de celle de l'année dernière (2020). C'est dans ce contexte que, Allim dira : « Les chambres même sont mouillées donc on a rempli les sacs avec les sables pour mettre matelas et dormir dessus, je ne peux même pas aller au marché pour m'approvisionner à cause de l'eau. Mes enfants souffrent tout le temps de la diarrhée et du paludisme ». Allim, 42 ans, commerçante, à Ngoumna, 26 août 2021). Les familles sinistrées, passent des jours dans l'eau posant leur lit sur des briques ou transformant leurs tables en lieux de couchage. C'est d'ailleurs ce que reconnait Elis :

C'est pour la troisième fois que j'ai vécu l'inondation. C'était en 2010, 2012 et 2020. Je n'avais pas où aller mettre ma famille, je suis un père de 13 enfants. Deuxièmement, j'avais des bétails je les ai perdu, des canards, des poules que je ne le retrouve même pas parce qu'au moment de l'inondation. Ma famille je les ais déplacé au lycée de Walia en attendant le coup de mains de l'Etat. Le riz que j'ai labouré-là, tout est parti dans l'eau donc, c'était vraiment un grand choc pour moi. (Entretien avec Elis, 62 ans, ancien délégué et responsable de sinistré de Toukra, à Toukra, 27 août 2021).

Dans les propos de notre informateur, nous pouvons retenir qu'il a été victime pour la troisième fois de suite des inondations dans cette commune. Ces inondations ont eu pour conséquences des pertes des animaux et volailles, la destruction de champs et le déplacement des sinistrés.

Suites à des inondations survenues depuis la fin du mois de Juillet 2020 à N'Djamena, la plupart des ménages a été contraint de quitter leurs résidences. Par ailleurs, à la fin du mois d'Octobre 2020, la rupture d'une digue dans les quartiers Gardolé Djedit, Walia et Digangali a également entrainé le déplacement de plusieurs milliers de personnes. La majorité des personnes déplacées a été accueillie sur le site Tradex, Le centre collectif Grillage, situé dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena.

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Le centre collectif Grillage, situé dans le même arrondissement, fait partie des autres lieux d'accueil de ces personnes : 698 ménages (3.534 individus) sont installés28.

Durant notre enquête sur le terrain, la mairie du 9e arrondissement nous a servi avec des documents d'ordre statistique qui nous ont permis à enrichir notre cherche scientifique. En moyenne, les ménages présents dans le centre de Grillage sont composés de Cinq personnes. Plus de la moitié 53% des personnes sont des femmes. La majorité 61% sont des mineur(e)s dont 31% de garçons et 30% des filles. Il est à noter que les enfants âgés de 0 à 5 ans représentent à eux seuls plus d'un quart (26%) au total des individus déplacés. Par ailleurs, pour la majorité des ménages (74%), seul un parent est présent dans le centre. En effet, dans de nombreux cas, le père est resté dans le lieu de provenance afin de veiller aux biens des ménages, pendant que la mère est dans le centre avec les enfants.

Les habitations construites en poto-poto (matériaux non durables), soit 80% de l'habitat de l'arrondissement, ont été presque détruites dès les premières heures de l'inondation. Des sources paroissiales estimes à 2 30 4 maisons ont été ainsi détruites. Les maisons construites en matériaux-durs résistent, mais celles en semi en dur risquent de s'écrouler à cause de la stagnation de l'eau. Les inondations, surtout par débordement causent d'importants dégâts matériels et humains dans la ville de N'Djamena en général et dans la commune du 9eme arrondissement en particulier. Elles ont fait plus de 70 % de salles de classes inondées, 3 % de salles de classe endommagées, environ 14 % de cases en terre battue, 9 % de personnes sans-abris et 2 % de pertes en vies humaines. Ces dégâts ne sont pas restés sans impacts socioéconomiques dans ladite commune.

Il est à noter que pendant les inondations, on assiste à des pertes des documents importants tels que les diplômes, les actes de naissance ou de mariage, titre foncier etc. si la vitesse de ruissèlement de ces eaux est assez considérable, elles emportent ces documents et certains bien légers avec elles. Notons que le phénomène d'abandon de domicile est aussi très récurrent dans le 9eme arrondissement. Cet abandon est surtout observé dans les secteurs très humides. Alors plusieurs maisons ont été abandonnées après les inondations dans la commune.

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