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Recrudescence et gestion endogène des inondations dans le 9e arrondissement de N'Djamena: contribution à  l'anthropologie écologique


par Adoum Oumar MOUKHTAR
Université Yaoundé 1 - Master 2 en anthropologie 2021
  

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3.1.1- Origines culturelles des inondations

Nous entendons par origine culturelle dans le contexte de notre recherche, toutes les pratiques culturelles qui provoquent les inondations dans le 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena. Sur ce, nous avons plusieurs. Nous pouvons citer :

3.1.1.1- Colère des génies

Les mythes de catastrophes sont extrêmement répandus et font partie de la mémoire collective de l'humanité. On y trouve généralement l'histoire d'un monde ancien anéanti et d'une société humaine renaissant de ses cendres grâce à quelques survivants. Les mythes donnent une dimension cosmique à des cataclysmes bien réels : tremblements de terre, éruptions volcaniques, épidémies, inondations... L'immersion des terres par les eaux ou leur destruction par le feu s'expliquent par une faute des hommes qui a provoqué la colère des dieux. Le mythe du Déluge met en scène la fondation d'un monde nouveau et une forme de « régénération » de l'humanité.

Jamais auparavant, le 9eme arrondissement de N'Djamena, on avait été sujet à autant de catastrophes comme de nos jours. Des inondations par-ci, des incendies par-là, sans compter les accidents de voitures. Face à tous ces malencontreux événements, certaines personnes prétendent que cela découle de la colère des « génies » présents dans les eaux, les terres et les forêts dans le 9eme arrondissement. Ces génies sont les symboles protecteurs du Tchad tout entier. Ils inspirent crainte et respect aux habitants, surtout lorsque ces derniers traversent les cours d'eau. Seulement, il semble que les génies protecteurs soient rentrés dans une colère noire. Car pour les anciens, les esprits des eaux, de la terre, de la forêt, ne sont pas contents et le font savoir. Ce qui est surement à l'origine des fortes montées des eaux de Chari et Logone

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pour le compte du 9eme arrondissement de la ville de N'Djamena. Certains riverains disent avoir vu le débit du cours d'eau augmenter alors qu'il n'y a pas de pluie ce qui est une preuve palpable de l'intervention des dieux qui réclament leur espace ; c'est dans cette perceptive que notre informateur Doung, soutient ces propos en ce sens : « c'était vraiment étrange pour moi ce jour-là de voir la montée des eaux alors qu'on n'était même pas à la saison de pluie. Âpres de longue réflexion avec les grands parents, nous avons concluent que c'était les dieux de l'eau qui veulent occuper leur espace ». La persistance des inondations dans la commune du 9eme arrondissement, montre que la nature, après avoir longuement subi les attaques et les humiliations de l'homme, mettant en colère les génies de l'eau, ces derniers ont décidé de sortir de leur silence pour réagir violemment. Cette guerre écologique et mystique qui a toujours opposé l'homme et la nature tourne maintenant en faveur de cette dernière. La preuve de cette « guerre/colère » est que les inondations n'ont épargné ni les lieux de cultes, ni les maisons des pauvres, ni les vivres, ni les bébés et ni les personnes âgées.

Dans la cosmogonie Massa, l'eau, fondatrice du mythe, est à la fois semence divine et force vitale. En effet, Le gouvina, génie de l'eau, dont l'apparence habituelle est le serpent-python, peuplent tous les points d'eau. Selon la croyance, s'ils « quittent le puits ou la mare, l'eau ne va pas tarder à tarir ». C'est dans cet angle d'idée que notre informateur affirme ainsi :

Le gouvina n'apparait pas n'importe où et surtout pas pour rien, quand il apparait c'est surement un malheur qui va s'abattre sur nous. Dans les années dernières, je ne me souviens pas exactement, il s'est apparu sur un ancien arbre (Baobab) du quartier et seulement au lendemain de son apparition, un petit vent qui n'était même pas violent a démonté cet arbre et causé des à 3 enfants, une voiture saccagé et une partie de concession écroulé. En 2012, nous avons aperçu cette fois 2 gouvina quelque part dans le fleuve Chari, cette même année, la commune a connu des inondations dramatiques qui a causé des pertes en vies humaines par écroulement des maisons. Dans ce fleuve, l'année 2020, pendant la saison pluvieuse, 6 enfants dont 2 filles ont été noyé dans ce fleuve, 2 jeunes garçons qui sont porté disparus. Après deux jours des longs rites, les 2 jeunes ont été retrouvés sans vie à Bakara18 là-bas. (Entretien avec Doung, délégué de Walia, à Walia le 23 septembre 2021).

D'après les propos de notre informateur, l'apparition ou la présence du dieu de l'eau (gouvina) dans un lieu quelconque, est signe de malheur qui s'abattra dans ce lieu où environnant dans les brefs délais. Les esprits ou dieux de l'eau manifestent leur colère à travers

18 Un petit village situé à la sortie de Sud-Est de la ville de N'Djamena

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la noyade, débordement d'eau provoquant les inondations. Cette colère des génies suscite la colère des ancêtres.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld