CONCLUSION
GÉNÉRALE
Au terme de notre étude sur « La
parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah n'est
pas obligé de Ahmadou KOUROUMA », il sied de
préciser que notre finalité était de scruter les
manifestations de la parenthèse en tant que stratégie
d'écriture qui participe de la création littéraire de
cette oeuvre. Cet objectif découle des questions de la
problématique suivantes : Comment la parenthèse comme
stratégie d'écriture se présente-t-elle dans Allah
n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA ? Comment s'articulent les
composantes de cette stratégie d'écriture dans l'oeuvre en
étude ? Quelles sont les manifestations des esthétiques
littéraires engendrées par la parenthèse comme
stratégie d'écriture dans Allah n'est pas obligé
de Ahmadou KOUROUMA ?
Les réponses provisoires formulées aux questions
suggérées par la problématique sont les suivantes :
la parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah
n'est pas obligé se présenterait comme les manifestations
énonciatives et typographiques par lesquelles l'instance
d'énonciation procède à l'insertion, à la
rectification et au commentaire de ses propos. Les composantes de cette
stratégie d'écriture dans l'oeuvre en étude
s'articuleraient comme une métatextualité ou une
métadiscursivité, dont les effets seraient la rupture de la
linéarité discursive et la connivence énonciative. Les
manifestations des esthétiques littéraires engendrées par
la parenthèse comme stratégie d'écriture dans Allah
n'est pas obligé de Ahmadou KOUROUMA seraient le scriptible, la
transgénéricité et le fragmentaire.
Cette tâche a conduit à opter pour une
chapitration en trois moments. Le premier intitulé « cadre
conceptuel et méthodologique» a permis d'inscrire cette recherche
au croisement du champ de l'énonciation, de la stylistique et de la
poétique. Il a montré que la parenthèse désigne une
des stratégies énonciatives, typographiques, stylistiques,
permettant plusieurs facettes d'insertions énonciatives. Ces derniers
jouent sur la composante formelle et sur la texturalité, en engendrant
des ruptures énonciatives complexes et puissantes. Ce chapitre a, en
outre, présenté la méthodologie assignée à
cette étude. Les méthodes ont examiné en commun les
propriétés textuelles, matérielles, énonciatives
engendrées par les parenthèses comme éléments
d'élaboration singulière du discours littéraire qu'est
Allah n'est pas obligé de Kourouma. Cette singularité du
texte narratif de Kourouma se remarque dans les deuxième et
troisième chapitres.
Le deuxième moment de ce travail a montré que la
parenthèse crée un décrochage syntaxique et
énonciatif dans la structure organisationnelle du texte. Cette
procédure scripturaire assoit ainsi la subjectivité du narrateur
dans les énoncés et le changement de niveaux énonciatifs
chez lui. Il se dote en même temps du rôle narratif et
métanarratif. C'est ainsi que la parenthèse s'analyse comme l'un
des matériaux de construction du discours narratif kouroumien avec comme
facettes plusieurs ingrédients formels. Lesdits ingrédients
prennent la facture de métadiscours, de rectification,
d'épanorthose, d'incidente, d'incise, et beaucoup d'autres insertions
textuelles provoquant le jeu sur la matérialité du texte.
Le troisième moment, quant à lui, a porté
sur les facettes de la parenthèse considérée come
stratégie d'écriture, c'est-à-dire comme participant
à l'esthétisation du texte. Il a été question
de montrer qu'en tant que telle, la parenthèse participe de la
création littéraire dans Allah n'est pas obligé
à travers les différentes esthétiques
littéraires. C'est notamment le scriptible, le fragmentaire, le
transgénérique et l'intertextualité. Ces
esthétiques permettent de classer Allah n'est pas obligé
dans les productions littéraires postmodernes. Loin de
paraître comme un signe de ponctuation secondaire, la parenthèse,
à travers les traits esthétiques qu'elle engendre, permet
à l'oeuvre analysée ici, de postuler la participation du lecteur
à son engendrement. L'oeuvre se dédouble : en effet,
grâce à la parenthèse, les sens du lecteur sont
mobilisés à l'égard du morcellement narratif et de la
rupture énonciative que la parenthèse imprime à Allah
n'est pas obligé.
À la suite de ce qui vient d'être dit, il est
temps de dire que nos hypothèses sont confirmées. Car la
structuration de ce roman repose sur les insertions des parenthèses qui,
le long du fil narratif, installent la rupture syntaxico-énonciative
dès qu'elles sont patronnées par l'instance énonciative.
Elles appellent les effets divers dont l'insistance née de leur
caractère répétitif et la résonance du texte sur
lui-même. Cette double incidence des parenthèses sur le texte
fait de celui-ci un réservoir de métatextes, de
métalangages, des commentaires explicatifs, référentiels
ou correctifs qui le segmentent à tous les niveaux, du syntagme au texte
en entier en passant par les énoncés considérés
comme tels. Cela permet d'enregistrer Allah n'est pas obligé
dans les textes scriptible, fragmentaire, intertextualisé et
transgénérique qui font écho de l'esthétique
postmoderne dont le fondement majeur est le rejet de la structure
linéaire du texte et surtout le rejet de la lecture oisive par le
lecteur. De la sorte, l'objectif assigné à cette recherche est
atteint. Car les analyses ont prouvé que la parenthèse constitue
l'une des stratégies d'écriture dans Allah n'est pas
obligé de Kourouma. Pareilles stratégies classent cette
oeuvre comme figurant parmi les textes littéraires postmodernes.
Sans prétendre que nous avons épuisé
toutes les manifestations de la parenthèse comme stratégie
d'écriture dans Allah n'est pas obligé de Ahmadou
Kourouma, nous nous contentons d'inviter les recherches ultérieures
à s'intéresser à la question énumérative ou
arithmétique.
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