Chapitre1 : Cadre théorique et
méthodologique
Ce chapitre aborde l'état de la connaissance sur les
déplacements forcés et la question de l'intégration
socioéconomique des réfugiés dans le milieu d'accueil
notamment les réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. Il propose
ensuite des définitions des différents concepts et expose la
problématique, les questions, les hypothèses ainsi que les
objectifs de recherche. La méthodologie utilisée pour mener cette
étude sera le dernier aspect traité dans ce chapitre.
1.1. Revue de la littérature
La revue de la littérature s'articule autour de
thèmes clés du sujet notamment les déplacements
forcés, l'insécurité comme facteur de migration, la
protection des réfugiés et enfin l'intégration
socioéconomique des réfugiés.
1.1.1. Déplacements forcés
Il est important d'abord de faire une typologie des
déplacés forcés. Il y'a une différence entre un
migrant économique qui opère rationnellement et librement son
choix de départ et de retour, et un migrant forcé qui agit dans
un contexte contraignant lui empêchant ou lui réduisant la
possibilité d'un choix rationnel (LASSAILLY JACOB V,idem). La migration
forcée qui fait l'objet de ce travail s'explique par un contexte de
crise aiguë, de multiples ruptures et d'exils collectifs. Toutefois, ces
crises font référence à des divers types de mouvements.
Les termes de « réfugiés », «
déplacés », « dispersés », «
évacués », «expulsés », «
refoulés », «chassés », « regroupés
», « sinistrés » ou « victimes »
s'appliquent aux individus ou aux groupes qui, tous, quittent leur lieu de
résidence sous une contrainte externe impérative (LASSAILLY JACOB
V, ibid.).
Ainsi pour cet auteur, il existe quatre catégories de
migrations forcées. La première catégorie est induite par
la violence, la persécution et la répression. La deuxième
regroupe les mouvements survenus à la suite d'une catastrophe naturelle,
la troisième catégorie concerne les déplacements
liés aux travaux d'aménagement de territoire. La dernière
catégorie concerne les populations déplacées pour des
considérations politiques et stratégiques.
En effet, c'est dans la première catégorie que
sont inscrits les réfugiés et les déplacés. Mais ce
qui différencie les deux est que les réfugiés
contrairement aux déplacés franchissent les frontières de
leur pays de résidence. Ils ont en commun le caractère
contraignant des déplacements. Cependant, les migrations contraintes ont
des origines multiples. (LASSAILLY JACOB V, ibid.). À travers le monde,
plusieurs personnes sont persécutées à cause de leur race,
leur religion, leur nationalité, leur opinion politique et/ou leur
appartenance à un groupe social. Ces personnes se retrouvent dans une
situation où la fuite de leurs foyers et le refuge ailleurs restent la
seule solution (LAMBERT E, 2014).
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Depuis les années 1900, le monde anglo-saxon s'y
intéresse. Ainsi deux centres de recherches se sont
spécialisés sur la thématique. C'est le cas d'Oxford, en
1982, les «Refugee Studies1 », et le Centre « for
Refugee Studies » en 1988, à Toronto.
Selon SIDIBE M(2020), les réfugiés sont
scindés en deux parties: d'abord les réfugiés statutaires
notamment ceux vivant dans des camps ou sur des sites urbanisés
(urbains), et qui sont sous la responsabilité du HCR et d'un pays
hôte. Ensuite, les « réfugiés de fait »,
c'est-à-dire ceux qui vivent une situation de réfugiés
sans être reconnus comme tels par le droit international. Ils
franchissent une frontière et se fondent dans le milieu rural ou urbain,
vivant de manière clandestine dans le pays d'accueil. En ce qui concerne
la première sous-catégorie (qui constitue la population cible
dans le cadre de ce travail) l'appellation « réfugiés
urbains » tient au fait que, ce sont des réfugiés
installés en milieu urbain parmi les autochtones. Mais cette notion ne
fait pas l'unanimité car d'autres chercheurs comme BAUJARD J (2009) les
appellent « réfugié vivant en milieu urbain ».Dans
cette catégorisation non exhaustive, cette étude s'appuie sur la
catégorie des réfugiés vivant en ville qui constituent la
population cible dans le cadre de notre recherche.
Des nombreuses études montrent une omniprésence
de la question de mobilité forcée tout au long de l'histoire du
continent africain. C'est pourquoi HAMIT KESSELY B(idem) montre que depuis les
temps immémoriaux des hommes et des femmes ont été
contraintes de fuir leur pays à cause des conflits armés et des
violations de droit de l'homme. Par ailleurs tous les déplacements
forcés s'expliquent par des crises sécuritaires. La question des
réfugiés est aujourd'hui au coeur des préoccupations des
chercheurs et des acteurs institutionnels car elle continue de s'amplifier.
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