3.3. Accueil et localisation des réfugiés
dans la ville d'Ayorou
Cette section présente les conditions dans lesquels les
réfugiés ont été accueillis dans la ville et les
acteurs ayant intervenu dans cet accueil.
3.3.1. Choix d'Ayorou comme destination
Dans l'analyse de la migration forcée, le choix de la
destination est très important. Ce choix laisse voir les facteurs ayant
poussé les migrants vers la localité d'accueil.
Plusieurs raisons ont été avancées par
les réfugiés pour avoir choisi Ayorou comme lieu d'accueil
(Figure 4). En effet, 72% de nos enquêtés ont avancé la
connaissance de la localité et le lien de parenté et 28% de
réfugiés, ont avancé la proximité
géographique qui serait le motif du choix de la ville d'Ayorou. A ces
facteurs déterminants dans le choix, notons également le
rôle de la route nationale et du fleuve qui relient facilement les deux
pays. Elle est d'une importance dans les échanges entre les populations
de deux pays. C'est pourquoi, il y'a des fortes interactions entre les communes
frontalières du Mali et du Niger notamment Ansongo, Labzanga,
Ouattagouna, Ayorou,Inates et Abala.
proximité géographique
; 28%
lien de parente; 30%
connaissance de la localite;
42%
31
Figure 4: Raisons du choix d'Ayorou comme lieu d'accueil
Source : Enquête terrain, 2021
3.3.2. Accueil des réfugiés dans la ville
d'Ayorou et les acteurs
Plusieurs acteurs ont participé à l'accueil des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou. En effet, il ressort de
nos résultats que les réfugiés sont accueillis par l'Etat,
les acteurs humanitaires, les chefs coutumiers, les autorités
municipales et les associations de jeunes. L'Etat du Niger fut le premier
à réagir face à l'arrivée des
réfugiés maliens dans la ville d'Ayorou à travers le
renforcement de la sécurité dans la zone pour la population et
les réfugiés. L'accueil et surtout la gestion des
réfugiés imposent à tout Etat une organisation et un
aménagement particulier. De ce fait l'accueil des réfugiés
au Niger est soumis à la commission nationale
d'éligibilité au statut de réfugiés(CNE). Cette
commission avait pour rôle de recenser les réfugiés et de
leur distribuer des tickets (token) qui leur serviront des cartes de ration
lors des distributions alimentaires avant qu'ils aient l'attestation de
réfugié.
Comme les réfugiés nigérians dans la
ville de Diffa (BELLO AMADOU M, idem) accueillis dès leur arrivée
par le gouvernement nigérien, il en est de même pour les
réfugiés maliens qui depuis leur arrivée dans la ville
d'Ayorou sont accompagnés par la CNE. Elle accompagne les
réfugiés de l'enregistrement jusqu'à l'attribution du
statut de réfugié. Ce statut est attribué de façon
collective (« prima faciès ») c'est-à-dire sans passer
par une procédure individuelle en vertu de l'arrêté pris
par l'Etat nigérien. Ce statut leur donne droit à l'aide
humanitaire et à la protection. Il faut préciser que ces
réfugiés ont majoritairement obtenu le statut avant même
d'arriver dans la ville d'Ayorou. Les autorités coutumières ont
aussi participé à l'accueil des réfugiés. En effet
dès l'arrivée des réfugiés dans les villes les
chefs de quartiers se sont mobilisés pour solliciter la population
à héberger les réfugiés chez eux, dans les champs
ou dans des parcelles non loties. Par contre d'autres réfugiés
ont été par leurs parents ou leurs connaissances dans la ville.
Ensuite les associations des jeunes aussi ont mené des campagnes de
sensibilisations auprès de la population pour qu'elle autorise les
réfugiés à s'installer chez elle. Ces sensibilisations
sont organisées dans tous les quartiers par les structures de jeunes.
Quant à la mairie, avec l'arrivée massive des
réfugiés dans la ville, elle a cherché des partenaires
pour renforcer les services sociaux afin d'alléger la pression. Ces
propos du maire d'Ayorou confirment cela « Quand les
réfugiés étaient venus dans la ville d'Ayorou,
nous
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avons renforcé les services sociaux (service d'eau,
écoles, services sanitaires), et d'autres partenaires comme le HCR, la
CICR et le MSF nous assistent dans ce domaine »(Entretien
15/O8/2021)
La mairie a aussi fait des ventes à prix
modérés des produits alimentaires aux réfugiés et
à la population hôte. Il faut noter que c'est surtout les
solidarités parentales qui ont favorisé l'accueil de ces
réfugiés dans la ville. Car la population hôte et les
réfugiés sont liés par plusieurs facteurs notamment la
langue, le mariage...etc.
En effet les Touaregs, les Peuls et les Sonraïs d'Ayorou
parlant la même langue et partagent les mêmes traditions et
coutumes que ceux de la région de Gao. C'est le même peuple
séparé par les frontières héritées de la
colonisation (SIDIBE M (2019).La plupart de nos enquêtés
sont accueillis par leurs parents (46%) et par des connaissances (26%), cela
témoigne de la solidarité parentale et locale qu'a fait preuve la
population hôte vis-à-vis des réfugiés.
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