1. INTRODUCTION
Dans un article paru dans une des revues «
Hygiènes » de 2012, Philippe BERTHELOT, alors Président de
la Société Française d'Hygiène Hospitalière
(SF2H), attirait l'attention sur « l'hyperactivité des
établissements de santé et leur difficulté à
maintenir des acquis en matière d'hygiène » (1). Bien
que cette observation date d'une décennie, elle n'en demeure pas moins
toujours d'actualité. Nous constatons malheureusement encore que de
nombreux freins empêchent les équipes opérationnelles
d'hygiène à développer et/ou maintenir les connaissances
et compétences des professionnels en matière de lutte contre les
infections nosocomiales.
L'Enquête Nationale de Prévalence
réalisée en mai-juin 2017 montrait pourtant que la
prévalence des patients infectés était de 4,98%
[4,62-5,36] et que celle des infections nosocomiales de 5,21% [4,82-5,61]. On
estime encore aujourd'hui le nombre de patients touchés par une
infection nosocomiale à 750 000 cas par an pour 15 millions
d'hospitalisations (2). Même si la survenue de ces infections
nosocomiales est souvent liée à des interventions invasives, il
ne faut pas omettre qu'une partie se veut aussi d'origine exogène par
transmission croisée directe ou indirecte. A cet effet, il apparait donc
primordial de continuer à promouvoir l'application des
précautions « standard » à travers l'hygiène des
mains, le port des équipements de protection individuelle, mais aussi la
lutte contre le réservoir secondaire de micro-organismes que constitue
l'environnement hospitalier.
Toutefois, sur ce dernier point, aucun texte ne
légifère ni ne préconise un ratio temps/m2 par
agent et les établissements sont seuls juges des budgets à
allouer pour le personnel et le temps dédiés au bio-nettoyage.
Or, il n'est pas rare de constater que certaines épidémies se
développent, entre autres, par défaut de personnel qui se
retrouve dans l'incapacité d'appliquer les bonnes pratiques en
matière d'hygiène. Parallèlement, les services,
travaillant déjà à flux tendu en termes de ressources
humaines, peuvent rarement dégager le temps nécessaire - pour ne
pas dire indispensable - à la formation des professionnels. De nombreux
agents sont mis en poste sans connaissances ni compétences
opérationnelles et les conséquences s'en ressentent rapidement.
La crise sanitaire liée à la pandémie de SARS-COV-2 n'a
fait qu'accentuer ce phénomène dans le domaine du bio-nettoyage
avec un turn-over important de personnel dans les services et l'embauche rapide
de personnes non qualifiées pour renforcer les équipes, sans
avoir les moyens en amont de prodiguer les bases de l'hygiène
hospitalière à ces nouveaux agents.
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