INTRODUCTION
Contexte et justification
La pomme de terre est le quatrième produit nutritif par
ordre d'importance après le riz, le blé et le maïs, et est
vitale pour des millions de personnes en tant que source de nutrition et de
revenu (Milbourne et al., 2007; AIP, 2008). La pomme de terre est
cultivée à travers le monde pour sa valeur nutritive. Elle est
riche en amidon, en vitamine C et en potassium (Gagnon et al., 2007).
La pomme de terre a été ramenée des Andes en Europe au
16ème siècle par les conquérants espagnols.
Dès lors, elle fait le tour du globe passant par l'Asie au
17ème siècle et l'Afrique au 19ème
siècle (AIP, 2008). La pomme de terre à l'instar de l'igname
(Dioscorea spp.) est une plante à tubercules. Son nom
scientifique est Solanum tuberosum L. et elle appartient à la
famille des Solanaceae. Sa culture avait été introduite au
Bénin dans les années 50 par les européens ayant
séjourné dans la région de Malanville (Dossou et Worou
Séko, 2010). Depuis ce temps, plusieurs tentatives d'organisation de la
filière pomme de terre ont vu le jour dans la région.
La production mondiale en pomme de terre dépasse 300
millions de tonne par an. Les pays en développement produisent environ
4,7% de cette production mondiale. Au Bénin, cette production demeure
très faible et a évolué en dents de scie soit 504 tonnes
en 1998 ; 183 tonnes en 2006 et 305 tonnes en 2009. Cette situation est
liée à la non disponibilité des semences certaines
années. Les producteurs ont aussi d'énormes difficultés
à commercialiser leur produit. Cependant, il faut noter que les besoins
du Bénin en pomme de terre de consommation sont largement
supérieurs à la production nationale qui ne dure pas plus de deux
mois sur le marché dans l'année. En effet, les semences de pomme
de terre sont importées et ainsi non seulement la commande peut prendre
du temps à parvenir aux agriculteurs mais aussi il y a des années
où les semences n'arrivent point (Dossou et Worou Séko, 2010).
La culture de la pomme de terre a été introduite
en 2002 dans la Commune de Ouassa-Péhunco (Dossou et Worou Séko,
2010).
La culture de la pomme de terre est considérée
être très rentable. Selon le degré de suivi des pratiques
culturales, il est estimé entre 900 000 et 2 000 000 FCFA de rendement
financier par hectare en trois mois (Dossou et Worou Séko, 2010).
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Ceci suggère que la culture de la pomme de terre dans
la Commune de Ouassa-Péhunco pourra contribuer à la
réduction de la pauvreté dans la région et à la
réduction de la malnutrition surtout au niveau des enfants en bas
âge.
Cependant, la culture de la pomme de terre au Bénin
rencontre beaucoup d'obstacles au nombre desquels:
· Le coût élevé des semences qui
doivent être importées chaque année. Aucune structure ni
privée ni publique nationale ne s'est engagée dans l'importation
des semences de pomme de terre contrairement à la situation au Mali et
au Burkina Faso où la filière est bien organisée.
· Les grands centres de consommation tels que Cotonou,
Porto-Novo, Parakou, etc. sont très éloignés des
régions de production.
· La pourriture des tubercules à la
récolte et au cours de la conservation peuvent causer d'énormes
pertes allant jusqu'à 60% de la production.
· La non-maîtrise des techniques culturales et la
mauvaise conduite de l'irrigation peuvent être à l'origine des
faibles rendements et de pourriture des tubercules (Dossou et Worou
Séko, 2010).
· La forte sensibilité de la culture aux insectes
et maladies du semis à la récolte.
L'action combinée des insectes et des maladies entraine
une importante baisse du rendement en tubercules et une grave incidence sur
leur qualité. Il est de ce fait impérieux, dans une région
qui entreprend de développer la culture de la pomme de terre, de mieux
connaître les contraintes phytosanitaires à sa production.
C'est ce qui justifie la conduite de cette étude
intitulée: « Inventaire phytosanitaire de cinq
variétés de pomme de terre cultivées dans la commune de
Ouassa-Péhunco au Bénin ».
Questions de recherche
Cette étude a été initiée suite
à plusieurs questionnements à savoir :
4 Quels sont les insectes inféodés à la
culture de la pomme de terre dans la Commune de Ouassa-Péhunco au
Nord-ouest du Bénin ?
4 Quels sont les symptômes de maladies ou maladies
retrouvés dans les champs de production de pomme de terre à
Ouassa-Péhunco ?
4 Quelles sont les variétés sensibles à la
fois aux insectes et aux maladies ?
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Objectifs de la recherche Objectif
général
L'objectif général de cette étude est de
dresser un tableau synoptique des principaux insectes, symptômes de
maladies et maladies de la pomme de terre dans la Commune de
Ouassa-Péhunco au Nord-ouest du Bénin.
Objectifs spécifiques
Les objectifs spécifiques sont:
+ Faire la collecte et déterminer les insectes
collectés dans la zone d'étude ;
+ Identifier les symptômes de maladies et les maladies
retrouvées dans les champs de
pomme de terre de la zone d'étude ;
+ Déterminer les pathogènes responsables de la
pourriture des tubercules de pomme de
terre cultivées à Ouassa-Péhunco ;
+ Etablir la dynamique des populations d'insectes dans la zone
d'étude ;
+ Comparer la sensibilité des variétés
testées à l'invasion des insectes et au développement
des symptômes de maladies dans les champs.
Hypothèses de la recherche
Pour pouvoir atteindre ces objectifs, les hypothèses
ci- après ont été formulées :
+ Il existe plusieurs familles d'insectes et de
catégories de maladies et symptômes de maladies rencontrés
sur la pomme de terre à Ouassa-Péhunco;
+ Il existe plusieurs pathogènes responsables de la
pourriture des tubercules de pomme de terre cultivées à
Ouassa-Péhunco ;
+ Les populations d'insectes varient suivant les stades
phénologiques de la pomme de terre ;
+ Toutes les variétés testées sont
sensibles aux ravageurs et aux symptômes de maladie et aux maladies.
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REVUE DE LITTERATURE
1 Généralités sur la pomme de
terre
La pomme de terre est la plante alimentaire et
économique la plus importante de la famille des Solanaceae et la
quatrième culture alimentaire mondiale après le riz, le
blé et le maïs. Elle est cultivée dans plus de 150 pays et
est placée en tête des plantes à racine et tubercule
à l'échelle mondiale. En 2007, la production totale mondiale
était de 325 millions de tonnes sur une surface totale cultivée
de 19,3 millions d'hectares avec un rendement mondial moyen de 16,8 tonnes par
hectare. Elle s'élève actuellement à 330 millions de
tonnes par an (FAOSTAT, 2007) dont 18 % pour l'Union européenne.
Depuis le début des années 90, la production et
la demande ont augmenté en Afrique, en Asie et en Amérique latine
et pour la première fois, en 2005, les pays en développement ont
dépassé les pays développés en termes de
production. La Chine s'est hissée au rang de premier producteur mondial
et produit avec l'Inde près du tiers de la récolte mondiale (FAO,
2008a).
Lors de la 55ème Assemblée
Générale des Nations Unies, huit objectifs du Millénaire
pour le Développement à atteindre d'ici l'année 2015 ont
été adoptés. Ces objectifs prennent en compte entre autre
la réduction de la faim et la lutte contre l'extrême
pauvreté (UN, 2000). Il est estimé selon la même source que
40% des Africains vivent de moins d'un dollar par jour (UN, 2000). Du fait que
la grande partie de la population vit dans les zones rurales, il est
impérieux que la lutte contre la pauvreté commence
particulièrement dans ces régions rurales. Il s'agit donc
d'appuyer les producteurs afin qu'ils se départissent totalement de la
production de subsistance et arrivent à produire des excédents
qu'ils peuvent vendre sur des marchés régionaux. Ainsi, ils
contribueraient non seulement à stabiliser l'économie rurale mais
aussi l'économie nationale et continentale.
De nos jours, la demande en pomme de terre est largement
supérieure à la production nationale. Chaque année,
plusieurs tonnes de pommes de terre sont importées de la France et de
l'Afrique du sud. En outre, des pommes de terre en provenance des pays
limitrophes, surtout du Nigeria, sont vendues sur les marchés.
Contrairement aux pays voisins tels que le Burkina Faso, le Niger et le
Nigeria, où les superficies emblavées en pomme de terre sont
respectivement de 3240 ha, 1290 ha et 120 000 ha, le Bénin n'a pu
qu'emblaver en 2009 que 11 ha de pommes de terre (FAO, 2011).
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1.1 Origine et taxonomie
La pomme de terre Solanum tuberosum L. serait
originaire des hauts plateaux de la Cordillère des Andes, près du
Lac Titicaca, à environ 3800 m au-dessus du niveau de la mer, à
la frontière entre la Bolivie et le Pérou. Elle y était
déjà cultivée il y a 9000 ans. (Rousselle et al.,
1996).
L'espèce a été décrite par
Linné en 1753. Elle appartient au Règne « Plantae » ;
au sous-règne « Tracheobionta » ; à la Division «
Magnoliophyta » ; à la Classe « Magnoliopsida » ;
à la Sous-classe « Asteridae » ; à l'Ordre «
Solanales » ; à la Famille des Solanaceae à la
Sous-famille « Solanoideae » et partage le genre Solanum
avec au moins 1000 autres espèces, dont la tomate. Ce genre ne
compte qu'un petit dixième de Solanacées tubéreuses,
réparties en 200 espèces, entre autres, Solanum brevicaule
Bitter, Solanum juzepczukii Buk., Solanum stenotum Juz.
et Buk., Solanum curtilobum Juz. et Buk.. On retrouve la plus
grande variabilité de ces espèces au coeur des Andes
(Pérou, Bolivie) où ont été
répertoriés plus de 100 espèces sauvages et 400 cultivars
de pommes de terre indigènes. Le genre Solanum est
divisé en sous-genres, sections, sous-sections, super-séries et
séries. Solanum tuberosum L. appartient au sous-genre
Potatoe (G. Don) D'Arcy, à la section Petota Dumort,
à la sous-section Potatoe G. Don, à la
super-série Rotata et la série Tuberosa
(cultivées). L'espèce est divisée en deux
sous-espèces : tuberosum subsp. tuberosum et tuberosum
subsp. andigena Hawkes (Rousselle et al., 1996 ; Milbourne et
al, 2007).
La sous-espèce Solanum tuberosum andigena
(Juz. et Buk.) est adaptée aux jours courts de 9 à 12 heures
et est principalement cultivée dans la région andine
d'Amérique du Sud entre 2500 m et 4000 m (zones montagneuses du Nord-est
de l'Argentine, « Puna et Pré-Puna de Bolivie, centre et sud du
Pérou, plateaux équatoriens, Colombie et Venezuela). Par contre,
Solanum tuberosum tuberosum est plantée dans le monde entier et
provient sans doute d'une introduction de andigena qui s'est
adaptée à des durées de jour plus longues (Ochoa, 2001 ;
FAO, 2008b).
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