L'étude de l'entomofaune dans certains champs de pomme
de terre de la Commune de Ouassa-Péhunco durant six semaines
consécutives a permis de répertorier au total 1805 insectes. Ils
appartiennent à 60 genres et espèces, 33 familles et neuf ordres.
Ce chiffre est déjà élevé si l'on considère,
à juste titre, cet inventaire encore incomplet. En effet, il est
évident qu'un certain nombre d'espèces ont échappé
à nos observations. Il convient donc de considérer cette
étude comme un inventaire préliminaire. Par ailleurs, il est
à noter que parmi ces espèces d'insectes beaucoup ne constituent
pas de ravageurs redoutables de la pomme de terre. La plante sert probablement
d'hôte secondaire à ces ravageurs du fait que la production a lieu
en pleine saison sèche. Ainsi les champs irrigués étaient
les habitats propices aux insectes. Aussi, faut-il remarquer la présence
d'insectes auxiliaires parmi les arthropodes capturés. En
général, il a été constaté que l'ordre des
Coléoptères est quantitativement le mieux
représenté en nombre d'espèces (25) et de neuf familles.
D'après Dajoz (2002) et Chatenet (1990), les Coléoptères
sont parmi les insectes les plus abondants et les plus riches en
espèces. Il est également, important de signaler la
diversité de leurs formes et leurs riches coloris Aubert (1999) ; Kromp
(1999) et Floate et al. (1990). Ils sont faciles à
récolter et à conserver (Barney et al., 1986).
En France, Ponel (1983) s'est intéressé
à connaître sur une solanaceae, la communauté des
arthropodes des dunes méditerranéennes Françaises. Il a
trouvé, que parmi les insectes, les Coléoptères
représentent plus des deux tiers des espèces. Par contre, une
étude d'inventaire de l'entomofaune des champs de tomate dans la commune
de Djakotomey au Bénin a révélé que ce sont les
Lépidoptères qui ont été très abondants avec
les coléoptères au cinquième rang (Chougourou et al.,
2012). Des études similaires sur de la grande morelle au Sud du
Bénin par Adanhounme (2012), a révélé que les
Coléoptères sont au deuxième rang après les
Orthoptères.
Parmi, les neuf familles inventoriées constituant cet
ordre, celle des Chrysomelidae domine largement notre inventaire avec neuf
espèces, par contre, Ponel (1983) a noté une dominance pour la
famille des Tenebrionidae. Guettala (2009) a noté quant à lui,
une abondance des Curculionidae avec 16 espèces sur le total des
Coléoptères.
Dans notre étude, l'ordre des
Coléoptères est suivi respectivement par celui des
Orthoptères (11 espèces) et des Hémiptères (09
espèces). Les Lépidoptères, les Diptères et les
ix
Hyménoptères occupent respectivement le
quatrième, le cinquième et le sixième rang alors que les
autres ordres sont faiblement représentés dans cette
étude.
Cette diversité du peuplement entomologique
recensé au niveau de la Commune de Ouassa-Péhunco peut
s'expliquer d'une part, par le type de milieu jouxtant les sites de production
de la pomme de terre et d''autre part, par la diversité
végétale de type arboré, arbustif (haies) et
herbacée qu'on y retrouve aux alentours de ces sites de production. En
effet, ces derniers se trouvent très proches des zones de bas fonds
donc, ils ont plus de chance d'abriter une entomofaune plus diversifiée
que s'ils se trouvent en zone périurbaine.
L'augmentation de la diversité végétale
entraîne une augmentation de la diversité des phytophages et en
conséquence de leurs prédateurs et parasitoïdes
(Southwood et al., 1979; Tilman et al., 1997 ; Bank,
2003).
Cette étude a, une fois de plus, permis de
connaître l'abondance des insectes capturés dans le temps et en
fonction du développement des différentes variétés
de la pomme de terre.
L'évolution des insectes et l'abondance des
espèces au cours du temps durant la période d'étude
varient fortement suivant les variétés et les sites. La
fenêtre temporelle de l'activité des insectes est relativement
maximale entre le 38ième et le 46ième JAS.
Ceci coïncide avec la belle saison, où la végétation
est abondante et les températures sont favorables au
développement de la plupart des insectes. Ceci a été
également montré par plusieurs auteurs Kingston (1977);
Ridsdill-Smith et Hall (1984) et Francisco et al. (2004) qui ont tous
noté que l'activité et le développement des insectes
atteignent leur optimum en printemps et en été en d'autre terme
lorsque la température oscille entre 20°C et 30°C.
L'abondance des insectes commence à régresser
dès le 46ième JAS pour la majorité des
variétés. Ce phénomène pourrait s'expliquer par la
variabilité de la qualité des ressources alimentaires qui
d'après Hughes et Walker (1970) détermine le développement
des insectes. La présence des différents groupes d'insectes dans
certains champs de pomme de terre se justifie par le type de régime
alimentaire et est fonction de l'organe attaqué.
Les Coccinellidae, prédateurs aphidiphages, furent
très peu représentés dans les champs de pomme de terre, ce
qui voudrait dire que la population d'aphides dans les champs de
Ouassa-Péhunco, n'est pas encore importante. Leur rôle dans la
régulation des effectifs de populations d'aphides a été
souvent démontré par plusieurs auteurs tels Luon (1983) et
Colignon et al. (2001). L'absence d'aphididae dans nos collectes
entomofauniques montre que la culture de la pomme de terre à
Ouassa-Péhunco serait encore à l'abri des fréquentes
attaques virales car les aphides sont des vecteurs des maladies virales
(Lopes et al., 2012). Il serait bien de prendre
ix
toutes les mesures utiles et adéquates pour
prévenir d'éventuelles infestations de pucerons afin de
réduire les risques de maladies virales à
Ouassa-Péhunco.
Ces résultats concordent avec ceux de Lopes et al.
(2012) qui ont remarqué lors d'une étude d'évaluation
des pucerons et de leurs ennemis naturels à l'Est de la Chine que les
prédateurs aphidiphages représentent en effet une faible partie
des insectes collectés sur la pomme de terre.
Parmi les prédateurs polyphages; nous notons surtout
la faible présence en nombre d'espèces de la famille Forficulidae
(Dermaptères); représentée par Forficula auricularia
qui est d'après Solomon et al. (2000) un actif
prédateur omnivore dans les vergers de fruits à pépins.
Lichou et al. (2001) a noté que l'espèce Forficula
auricularia serait un prédateur de pucerons mais qui pourrait
cependant provoquer des dégâts parfois importants sur fruits
à noyaux.
Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata), principal
insecte ravageur de la pomme de terre qui peut détruire la
totalité du feuillage et réduire considérablement le
rendement en cas de fortes infestations Deumier et al. (2004) n'a pas
été rencontré lors de cette étude.