5.3
Gestion durable du Milicia excelsa
La gestion du Milicia excelsa dans la plaine du
Litimé est très limitée. Aucune stratégie
adéquate n'est mise en place par la population locale, ni par les ONG
chargées de la protection de l'environnement ainsi que des organes
étatiques. Au Benin, les stratégies locales de conservation de
l'Iroko sont basées sur son caractère sacré. Le statut
sacré de l'iroko amène les populations locales à
protéger les jeunes semis de cette espèce rencontrée dans
la nature. De même certaines ethnies d'Afrique de l'Ouest et de l'Est
comme en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Nigéria et en Ouganda
considèrent l'iroko comme un arbre qui abrite des génies ou des
sorciers (Mollet et al. 2000 ; Azonkponon 2001 ; Tabuti 2007). Ces croyances
autour de l'iroko ont contribué à sa conservation dans la mesure
où elles engendrent la sacralisation de nombreux arbres (Mollet et al.
2000). Au Benin le caractère sacré duMilicia excelsa est
très répandu. Sokpon et al ont recensé un total
de 38,5 % des pieds d'irokosacrés. Dans la plaine du Litimé seul
7,94 % de la population reconnaissent le caractère sacré
duMilicia excelsa. Les perceptions locales et les croyances
déterminent ce caractère sacré ou non de l'iroko. La
plaine du Litimé dont les habitants sont en majorité des
chrétiens se sont débarrassés de certaines pratiques
traditionnelles qui existaient par le passé. Contrairement au Benin
où des pratiques traditionnelles comme le vodou sont encore
présentes. Ce caractère inhabituel dans la plaine du
Litimé renforce une exploitation anarchique et abusive de l'iroko.
Malgré l'absence des stratégies de gestion duMilicia
excelsa, l'Etat togolais à travers les agents forestiers essaient
de limiter les dégâts à travers des dispositions et
sanctions qu'ils prennent vis à vis des exploitants qui n'ont pas de
permis de coupe. Cependant l'application parfaite de ces sanctions reste
limitée et il va falloir les renforcer comme en Gambie où il est
légalement protégé (Ofori, 2007). Un permis spécial
est exigé pour son exploitation au Ghana, en Tanzanie, en Côte
d'Ivoire et en Mozambique (WCMC 1998 ; Ofori 2007). L'exploitation de l'iroko a
été récemment interdite officiellement en Ouganda, bien
qu'il continue de faire l'objet d'un commerce illégal entre ce pays et
le Kenya (Ebert ; 2004). Les bois indigènes, dont fait partie
l'iroko, sont interdits d'exploitation au Kenya par un décret
présidentiel (WCMC 1998). L'Etat d'Oyo au Nigéria a
instauré un moratoire de 10 ans sur l'exploitation de l'iroko (WCMC
1998).
Les conservations des essences passent par la vulgarisation
des pépinières.Aucune pépinière ni plantation
deMilicia excelsa n'a été identifiée dans la
plaine du Litimé ; ceci à cause de la rareté et de la
non maîtrise de la population sur la production des graines. Les
résultats de cette étude rejoignent les études de (Nyong'o
et al. 1994). Pour eux la production de graines peut être
très abondante, même si elle varie fortement d'un arbre à
l'autre mais les paramètres influençant les variations de cette
production ne sont pas connus. A ce facteur il faut ajouter la capacité
de dispersion de l'espèce sur une grande distance. Si la théorie
d'une explosion des graines est très répandue par les populations
de la plaine de Litimé, (Okon ,1975 ; Taylor et al. 1999) et en Ouganda
(Osmaston, 1965) ont montré le principal rôle joué par la
chauve-souris (Eidolonhelvum ;1792) dans la dispersion des graines.
Aubréville (1959) et Nyong'o et al. (1994) désignent
plutôt des oiseaux comme principaux disperseurs de l'iroko en Afrique de
l'Ouest. White et Abernethy (1996) désignent les primates et les oiseaux
comme principaux disperseurs au Gabon. Tondeur (1939) signalait l'implication
d'antilopes et rongeurs enRépublique Démocratique du Congo. Le
manque de concordance entre ces récits découle des observations
limitées aussi bien dans le temps que dans l'espace. Il doit être
également mis en relation avec la faune localement présente.
L'identification des disperseurs demeure un élément
écologique fondamental à déterminer dans la mesure
où l'efficacité de la régénération naturelle
et la structure génétique des populations de plantes sont
influencées localement par la nature même des disperseurs (Howe et
Smallwood 1982).
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