1 - Analyse macroéconomique
Anjouan est une petite île, de l'Union des Comores,
à faible revenu dont les ressources agricoles et les liens avec le reste
du monde sont limités. La situation actuelle de développement du
l'île est marquée par des faibles performances économiques,
dues à des perturbations de la fourniture d'électricité et
de la mise en oeuvre plus lente que prévu du programme d'investissement
public au niveau national7. Durant ces trois dernières
années, le taux d'exécution du programme d'investissements
publics financé sur ressources extérieures n'était que de
67 %. L'ampleur des investissements financés sur ressources
intérieures est inadéquate, dans la mesure où les
dépenses obligatoires au titre des salaires et des traitements ainsi que
du service de la dette absorbent l'essentiel des recettes intérieures.
Par contre l'aide publique au développement qui finance la presque
totalité de l'investissement public est passée entre 2015
à 2020 de 64 millions de dollars à 16 millions, une diminution
beaucoup plus marquée et qui a contribué particulièrement
à la contraction de l'activité économique de l'île
d'Anjouan.
Le PIB/ habitant au niveau de l'île
s'élève à 837 dollars avant 2018. Le PNB/habitant est
estimé à 450 dollars à Anjouan. Cette faible croissance a
entraîné longuement une dégradation du niveau de vie. Mais
entre 2015 et 2018, l'île d'Anjouan a connu en moyenne une croissance
annuelle de 2% due à la relance de la demande intérieure
(consommation privée financée en partie par le transfert des
fonds privés et les investissements publics). Toutefois, des
défis considérables subsistent, notamment le niveau
élevé de la pauvreté, l'insuffisance des infrastructures
et les vulnérabilités caractéristiques des petites
économies insulaires. Par ailleurs, l'inflation s'est établie
à environ 14 % en moyenne entre 2018 et 2021. Sur le plan structurel,
l'économie anjouanaise se caractérise par un dualisme entre :
- un secteur agricole essentiellement de subsistance et peu
productif, représentant 40 à 44 % du PIB en moyenne bien qu'il
occupe près des deux tiers des emplois - et un secteur tertiaire
très développé, représentant 46 à 52% du PIB
en moyenne, et désormais hypertrophié par le commerce
d'importation.
Bien que les finances publiques soient
caractérisées par un déficit budgétaire chronique,
les importations anjouanaises continuent à augmenter aggravant une
balance commerciale structurellement déficitaire. La faiblesse des
ressources internes dans les trois îles est comblée principalement
par le recours à l'aide public au développement d'une part et
d'autre part aux transferts privés en provenance de la diaspora
comorienne estimés entre 50 à 90 milliards
7 Rapport de la Banque Mondiale, 2020
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KMF par an. Cette situation de déséquilibre
économique et financier persistant aux Comores place l'île
d'Anjouan dans une position de dépendance vis-à-vis de
l'extérieur. Le secteur secondaire reste marginal en termes de
contribution au PIB avec seulement 8 à 12 % en moyenne. La presque
totalité des exportations de l'île repose sur des produits
agricoles limités essentiellement à trois cultures de rente
(Vanille, Clous de girofle et Ylang-ylang) fortement tributaire des variations
de leur cours sur le marché international et des avancées
technologiques en matière de produit synthétique de substitution.
L'économie anjouanaise souffre alors d'un manque de
compétitivité, à cause notamment du coût
élevé des facteurs de production, d'un manque de politique
énergétique et de l'étroitesse du marché
intérieur. Par ailleurs, l'île est très vulnérable
aux catastrophes naturelles, notamment les éruptions volcaniques (en
grande Comores présentant des répercussions néfastes
à l'économie anjouanaise).
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