Au lendemain de l'expulsion de la population de
Nguéli-sud le 21 juin 2013, un comité de gestion de crise a
été aussitôt mis en en place pour agir afin de
défendre les intérêts de tous les expropriés et ce,
d'un commun accord avec toutes les victimes et le collectif d'avocats
constitué à cet effet. C'est grâce aux efforts consentis
par ce comité, qu'après d'âpres négociations, un
règlement amiable a été trouvé. En date du 12
Août 2015, un arrêté
38 Le progrès, n° 4487 du lundi, 05
décembre 2016, p. 01.
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est pris par le Ministre de l'Aménagement du
Territoire, de l'Urbanisme et de l'Habitat à cet effet. Il s'agit de
l'arrêté n° 062/PR/PM/MATUH/SG/2015 portant attribution
spéciale des terrains aux déguerpis de NGUELI, KARWEÏ,
BODOR, MBAYAM, GUELMASS, CHARI ET TOULOUSE dans la commune du
9ème Arrondissement de la ville de
N'Djaména39. Cet arrêté prend en compte les
victimes de Nguéli-sud et celles de Nguéli-nord.
Les expropriés de Nguéli-sud ont
bénéficié de 1642 parcelles de terres à Toukra,
section 4. C'est au cours d'une cérémonie officielle que le
Secrétaire Général du MATUH,
M. Abel KOULAMNODJI WALENDOM a remis au président du
comité de crise ALHADJ DJINA, les procès-verbaux de la Commission
d'Attribution de Terrain en Zone Urbaine (CATZU), le 30 novembre
201640. La lecture des différentes dates nous permet de
remarquer que l'administration a fait preuve d'une lenteur absolue dans la
procédure du recasement des victimes. Durant la période allant du
21 juin 2013, date d'expulsion des victimes, jusqu'au 30 novembre 2016, soit 3
ans et cinq mois, celles-ci étaient abandonnées à leur
triste sort. A l'occasion de cette remise de parcelles, le rapporteur du
comité de crise, M. Faustin DJIMOUDJIEL a déclaré
qu'à ce jour, les documents officiels attestent que les terrains leur
appartiennent effectivement, parce qu'ayant assisté aux implantations
des bornes avec les agents du cadastre, et que l'arrêté
d'attribution ainsi que le plan cadastral du nouveau site leur ont
été remis.
Les attributaires ont lancé « un cri de coeur
au Président de la république afin de leur garantir et
protéger les deux sites qu'il leur a lui-même gracieusement offert
et de s'investir personnellement pour le dédommagement de toutes les
victimes, pour leur permettre de construire ne serait-ce que des habitations de
fortune pour caser leurs rejetons et épouses »41.
Un tel raisonnement de la part des victimes laisse croire que celles-ci
méconnaissent leur droit au logement. Elles estiment que leur droit
à être recasées et indemnisées proviennent
plutôt d'une faveur que l'Etat leur accorde selon son bon vouloir.
Selon le président du comité de crise, 102
personnes n'auraient pas jusqu'à ce jour bénéficié
de terrains pour leur recasement.
39 Arrêté n°
062/PR/PM/MATUH/SG/2015 du 12 Août 2015.
40 Le progrès, n° 4487 du lundi, 05
décembre 2016, p. 01.
41 Le Progrès, Quotidien d'informations
générales n° 5258 du 03 mars 2020, p. 5.