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Exploitation des especes lignieuses dans les mangroves du bois des singes (Douala - Cameroun) enjeux et impacts environnementaux


par Yannick Patient Chuitcheu Nitcheu
Université de Douala - Master 2 2020
  

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Conclusion :

Au terme de ce chapitre qui portait sur lesimpacts environnementaux de l'exploitation des espèces ligneuses de la mangroveau bois des singes, force est de constaté que la mangrove au Bois Des Singes subit une dégradation sans précédent liée à l'action anthropique et qui se situe à des niveaux différents. Les principaux impacts de cette dégradation sont entre autres les impacts socioculturels et économiques d'une part et d'autre part les impacts environnementaux et écologiques.

Ainsi, au regard de ce diagnostic et face à la dégradation avancée de la mangrove au Bois Des Singes, il est urgent que l'on commence à préserver le milieu de mangrove. Seulementcette préservation, ne nécessite-t-elle pas un mode de gestion durable des espèces ligneuses de la mangrove au Bois Des Singes ?

CHAPITRE V : VERS UNE GESTION DURABLE DES ESPECES

LIGNEUSES AU BOIS DES SINGES.

INTRODUCTION

La pression exercée sur l'écosystème de mangrove auBois Des Singes s'est intensifiée avec la surexploitation des espèces ligneuses auBois Des Singes. Il est ainsi indispensable de soumettre cet écosystème à une gestion appropriée pour un souci de préservation et d'exploitation de ses avantages écologiques, et aussi pour garantir un approvisionnement durable des produits nécessaires à la satisfaction des besoins quotidiens des populations, à l'instar des différentes espèces ligneuses. Pour y parvenir il faudrait l'intervention de plusieurs acteurs à différents niveaux de compétences. Il est donc question dans ce chapitre d'identifier les acteurs intervenant de prêt ou de loin dans la gestion des mangroves et d'évaluer les actions entreprises au Cameroun, pour la gestion durable des écosystèmes de mangroves ; ceci dans le but d'établir une stratégie d'action pour le cas des mangroves Bois Des Singes.

I- LES BASES D'UNE GESTION DES MANGROVES : IDENTIFICATIONDESACTEURS ET LEURS COMPETENCES.

Les acteurs de la gestion des mangroves sont éparpillés et multiples. A cet effet, il est de plus en plus évident que la gestion des écosystèmes de mangrove n'est pas l'affaire d'une personne, mais de tous les membres de la communauté sans exception. D'où la nécessité de définir les rôles et les responsabilités de chaque tranche de la communauté, pour une gestion des plus harmonieuses. Il s'agit des acteurs du pouvoir public, des collectivités territoriales décentralisées, des organisations non gouvernementales (ONG) et des communautés riveraines villageoises ou urbaines.

Ainsi pour une meilleur compréhension des rôles et responsabilités que jouent ces acteurs, une nécessité s'impose à nous de les définir de prime abord sous un angle tel que proposé par les textes, avant de revenir sur leurs actions pour la gestion rationnelle de la mangrove.

1) les acteurs de l'administration publique

L'Etat à travers le gouvernement et les différents départements ministériels, joue un rôle de premier plan dans le processus de gestion des mangroves à l'échelle nationale. A cet effet la gestion de la mangrove est régie par les dispositions de la Loi forestière et a connu son essor avec la mouvance de la conférence des Nations Unis sur le Changement Climatique, tenue en 1992 à Rio de Janeiro. Parmi les accords internationaux issus de cette conférence, et qui intéressent particulièrement les mangroves, on peut citer :

- La convention sur la biodiversité

- La convention cadre sur les Changements Climatiques (CCNUCC)

- Le Traité de Kyoto

- La Convention sur les zones humides et les espèces migratoires (RAMSAR)

C'est à la suite de ses accords internationaux que le Gouvernement

Camerounais s'est doté d'une structure ministérielle à compétence générale en matière de gestion des ressources naturelles, dont les mangroves.

A ce titre, le ministère de tutelle de la gestion des mangroves est le Ministère des Forêts et de la Faune. Ce dernier travaille en étroite collaboration avec le Ministère de l'Environnementet de la Protection de la Nature ainsi qu'avec plusieurs autres départements ministériels intervenant directement ou indirectement sur la gestion des écosystèmes de mangrove.

Le MINEFOF et le MINEP, crées en Décembre 2004 à la suite de la dissolution de l'ancien Ministère de l'Environnement et des Forets, mis en place à l'époque par le décret N° 92/069 du 09/04/1992, pour illustrer la prise de conscience des autorités camerounaises quant aux débats menés à l'époque au sein des Nations Unies.

Le MINFOF est chargé de l'élaboration, de la mise en oeuvre, et de l'évolution de la politique nationale en matière forestière et faunique. Il est également responsable de la mise au point et du contrôle de l'exécution des programmes de reboisement, de régénération, d'inventaire et d'aménagement des forêts, ainsi que du contrôle du respect de la réglementation dans le domaine de l'exploitation forestière et des ressources y affectées, par tous les auteurs.

Le MINEP quant à lui est chargé de la coordination et du suivi de l'exécution de la politique nationale de l'environnement. A ce titre il est également responsable :

- De la définition des normes de gestion rationnelle des ressources naturelles en liaison avec les ministères concernés ;

- De l'information du public en vue de susciter sa participation à la gestion, à la protection et à la restauration de son environnement de proximité ;

- De l'élaboration des plans directeurs sectoriels de protection des ressources naturelles en liaison avec les départements ministériels intéressés, et de la négociation des accords internationaux relatifs à la protection de l'environnement et à leur mise en place.

- Plusieurs autres départements ministériels, à travers les missions qui leur sont assignées, interviennent dans les secteurs précis de la protection de la nature, complétant ainsi les activités menées par le MINFOF et le MINEP. C'est ainsi que :

- Le MINATD assure l'élaboration et la mise en oeuvre de la réglementation et des normes en matière de prévention, de gestion des risques, et des calamités naturelles ainsi que la coordination des actions nationales et internationales en cas de catastrophe naturelle.

- LeMinistère de l'agriculture s'occupe entre autres de la protection phytosanitaire des

Végétaux.

- Le Ministère de la culture quant à lui est responsable de la préservation des sites et monuments historiques, et de la protection du patrimoine culturel.

- Le MINDUH est en charge de la définition des normes en matière d'assainissement et de drainage ; de la définition des normes en matière d'hygiène et de salubrité ; de l'élaboration et du suivi des stratégies d'aménagement et de restauration des villes.

- Le MINDAF assure la gestion du domaine public et privé de l'Etat, du domaine national. Il est aussi chargé de l'élaboration et de la tenue des plans cadastraux.

- Le Ministère de l'Elevage s'occupe de la salubrité des denrées alimentaires d'origine animale, de la protection des ressources maritimes et fluviales.

- Le MINTP effectue toute étude nécessaire à l'adaptation aux écosystèmes locaux, des infrastructures en relation avec le Ministère de la Recherche scientifique.

2)les compétences et responsabilités des collectivités territoriales décentralisées

La décentralisation consiste en un transfert par l'Etat aux collectivités territoriales décentralisées, des compétences particulières et des moyens appropriés. Les collectivités territoriales sont des personnes morales, ayant pour mission de promouvoir le développement économique, social, éducatif, culturel et sportif de leur localité. A ce titre, elles jouent un rôle dans la protection de l'environnement, et par ricochet des écosystèmes de mangroves, dans l'étendue de leurs différentes circonscriptions.

La Loi n° 2004/018 du 22/07/2004 fixant les règles applicables aux communes, et la Loi n° 2004/019 fixant les règles applicables aux régions, déterminent les compétences respectives des communes, des communautés urbaines et des Régions en matière de protection de l'environnement.

Pour ce qui est des communes d'arrondissement et des communautés urbaines, les compétences suivantes leur sont transférées :

- La lutte contre l'insalubrité, les pollutions et les nuisances ;

- La protection des ressources en eaux souterraines et superficielles ;

- La création, l'entretien et la gestion des espèces verts et des jardins ;

- Les opérations de reboisement et de la création des bois communaux et communautaires ;

- La gestion, des lacs, des rivières d'intérêt communautaire.

Les compétences et les responsabilités suivantes sont transférées aux Régions :

- La gestion des fleuves d'intérêt général ;

- La gestion, la protection et l'entretien des zones protégées et des sites naturels appartenant à la Région ;

- La création des bois, des forêts et des zones protégées d'intérêt régional suivant un plan dument approuvé par les représentants de l'Etat ;

- L'élaboration et la mise en oeuvre des plans régionaux d'action pour l'environnement ;

- L'élaboration du schéma régional d'aménagement du territoire en se conformant au plan national.

3) le rôle stratégique des ONG.

Les organisations non gouvernementales sont, non seulement le lieu où s'expriment les solidarités multiples, mais aussi un espace où peuvent survenir la concurrence et les conflits entre les acteurs. Aussi, reconnaitre et entretenir les potentialités des ONG tout en faisant preuve de sélectivité parmi celles-ci, constitue un défi majeur auquel sont confrontées les organisations de coopération qui interviennent dans la gestion des écosystèmes à mangrove.

Le rôle des ONG consiste toutefois à contrôler l'action publique, à exercer une influence sur l'action des autorités locales, et à améliorer l'offre de service aux citoyens entre eux. Par ailleurs, les ONG oeuvrent pour la plupart du temps à former et informer les populations locales sur la nécessité de s'impliquer dans la gestion durable des mangroves, à travers de bonscanaux d'informations sur le rôle des mangroves par exemple. Elle amène ainsi les populations à s'interroger sur leurs rapports avec les mangroves. A cet effet, elles suscitent la participation populaire aux activités de préservation des mangroves aux cotés des collectivités territoriales ; et à ce titre, elles font à la fois des populations et des autorités, des partenaires privilégiés chaque fois qu'il s'agit de promouvoir les actions menés dans le sens de la gestion rationnelle des écosystèmes de mangroves.

Les ONG intervenant dans la gestion des mangroves au Cameroun sont pour la plupart membre du Réseau Camerounais pour la conservation des Mangroves (RCM). Il s'agit d'un Réseau national crée en janvier 2005 et qui regroupe un peu plus de trente sept (37) ONG actives dans la conservation et la gestion des mangroves et de la zone côtière du Cameroun.

Le RCM dont le siège se trouve à Mouanko dans la Région du Littoral, abrite en même temps le projet de l'ONG CameroonWildlife Conservation Society (CWCS). Il est à noter que les activités du RCM s'inscrivent dans le cadre du Réseau Africain pour la conservation de la mangrove(RAM), dont le siège se trouve à Dakar au Sénégal.

Pour assurer le relais des missions du « Bureau national », dans les différentes mangroves de la côte camerounaise, le RCM travaille en collaboration avec les différents points focaux que le Réseaux à dénommés « Groupes de contact zonaux ». A cet effet, le Réseau compte quatorze (14) groupes de contact zonaux, dont cinq (05) au Sud-ouest pour les mangroves du Rio Del Rey, sept (07) au littoral pour les mangroves de l'estuaire du Cameroun, et deux (02) dans la Région du Sud pour la mangrove du Rio Ntem². La coordination du Réseau est assurée par l'ONG CWCS. Dans le but d'atteindre les objectifs du RCM, des plans d'actions sont élaborés à cet effet chaque année et sont suivis à les Réunions du Comité Exécutif (RCE) composé du bureau national et des coordinateurs des différents Groupes de Contact Zonaux tenues de manière rotative dans les différentes zones, et à travers les visites d'échanges.

Les ONG membres du RCM travaillent en collaboration avec les populations dans leurs différentes actions de conservation et de restauration des écosystèmes de mangroves. Les actions les plus fréquentes dans ce sens, sont le reboisement et la valorisation des ressources locales. C'est dans ce sens que le wastershedTack Group (WTG) a oeuvré pour la restauration avec l'aide des populations de Bonendalè d'une grande proportion des mangroves dans cette partie de la berge du Wouri.

II- DES ACTIONS POUR LA GESTION DURABLE DES MANGROVES AU

CAMEROUN.

La réalité du terrain et l'exploitation abusive des mangroves montrent qu'il est urgent d'agir de manière concertée dans le cadre légal et institutionnel adapté. Cependant, en raison du peu d'intérêt en matière de gestion durable et intégrée accordé jusqu'ici aux mangroves du Bois Des Singes, la capacité des acteurs devant s'impliquer dans la gestion de cet écosystème est faible surtout lorsqu'on sait qu'une gestion durable des mangroves se base sur la planification et la mise en oeuvre des programmes de conservations et d'utilisation rationnelle. Les actions en faveur de la gestion durable des mangroves camerounaise sont l'oeuvre du gouvernement camerounais, de la société civile ainsi que des organismes internationaux.

1) L'action de l'administration publique et des collectivités territoriales

Très peu d'études sur les aménagements écologiques des zones côtières au niveau de l'estuaire du Cameroun, ont été effectuées, pour cette raison, les pouvoirs publics ne disposent pas de données fiables et palpables, afin d'évaluer de façon systématique, l'impact des différents causes de dégradation des écosystèmes de mangrove, et d'assurer le suivie de leur évolution

Toutefois, dans un sens général, le Gouvernement camerounais à travers la signature de plusieurs textes liés aux mangroves parmi lesquels : la Convention sur le Changement Climatique, la Convention sur la diversité biologique, la Convention du commerce des espèces en voie de disparition, la convention sur la couche d'ozone et la Convention de RAMSAR sur convention des zones humides qui es un traité intergouvernemental offrant un cadre d'action nationale et de coopération internationale pour la conservation et l'utilisation durable des terres humides, y compris les habitants de mangroves ; ratifiée par le président l'Etat du Cameroun le janvier de plus, des plans d'action nationaux ont été élaborés pour la mise en oeuvre effective de ces conventions à savoir : le plan national sur la biodiversité, la législation sur la forêt, faune et la pêche et la législation portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement cette dernière reconnaît les mangroves comme zone écologique fragile donc qui doit être protégée elle stipule d'ailleurs que «  la mangrove est une ressource protégée dont l'exploitation reste interdite »

C''est ainsi que le Ministère de l'environnement et de la Protection de la nature a initié un projet de gestion intégrée des écosystèmes de mangrove au Cameroun, avec la collaboration de la FAO ; l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ; et la CameroonWildlife Conservation Society (CWCS). Ce projet a été soumis au financement du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM). Et qui l'a approuvé en 2009, donnant ainsi lieu à une subvention pour la préparation de la proposition complète du projet.

Ce projet a été au préalable précédé par lui sur la « Gestion participative et conservation de la biologie des mangroves » élaboré dans le but de préciser les orientations de la politique, des stratégies et des mesures prioritaires à mettre en oeuvre pour gérer de manière durable les ressources biologiques et non biologiques dont regorgent les écosystèmes de mangrove. A l'issue de ce projet, un document intitulé « Politique et stratégie pour la gestion durable des écosystèmes de mangrove au Cameroun » a été développé conjointement par le MINFOF et la FAO dans le cadre d'un processus participatif.

Pour ce qui est de la mangrove du Bois Des Singes l'action de l'administration publique conjointement avec les collectivités territoriales, est pour le moment centrée sur la prévision et de la protection de l'environnement dans cet environnement en proie aux multiples dégradations.Même si, rien n'est fait de façon concrète pour ce qui est du sort des mangroves au Bois Des Singes. Dans les documents que nous avons pu consulté il est juste question des « sensibilisations » inclus dans le processus de sauvegarde d'un milieu aussi fragile comme celui du Bois Des Singes.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo