Exploitation des especes lignieuses dans les mangroves du bois des singes (Douala - Cameroun) enjeux et impacts environnementauxpar Yannick Patient Chuitcheu Nitcheu Université de Douala - Master 2 2020 |
ConclusionIl était question ici d'effectuer une analyse sur les facteurs explicatifs de l'exploitation des espèces ligneuses de la mangrove au Bois Des Singes à travers, l'étude de la spécificité physique et humaine du milieu d'une part, les principales motivations qui ont amenées les populations à exploitée les espaces ligneuses et les usages de celle-ci d'autre part. Pour y parvenir, nous avons eu recours aux données issues des enquêtes, observations de terrain et des données cartographiques. La zone humide du Bois Des Singes présente les aspects d'un écosystème de mangrove de part sa spécificité physique. Nous avons aussi pu constater que la conquête humaine de cet espace est en grande partie le fait des populations immigrantes de la ville de Douala. A cet effet, les motivations pour ce qui est de l'exploitation de ce milieu hostile, sont pour la majorité d'ordre économique. Car plus de la moitié de la population s'est installée dans ce marrais à cause de la rentabilité de la commercialisation des espèces ligneuses et du coût de parcelle relativement bas par rapport à ceux pratiqué sur les plateaux. Il s'agit dans ce cas d'une situation qui tire son origine du caractère marécageux de la mangrove. L'exploitation de ses espèces ligneuses a plus d'un usage que ce soit dans le domaine artisanal, pharmacologique, domestique et commercial. Cependant, l'exploitation des espèces ligneuses dans le marais à mangrove du Bois Des Singes se fait par des acteurs aux logiques et perceptions divers. CHAPITRE III : LOGIQUE DES ACTEURS ET MISE EN VALEUR DE L'EXPLOITATION DES ESPECES LIGNEUSES DE LA MANGROVE AUBOIS DES SINGESINTRODUCTIONLa mangrove correspond aux écosystèmes tropicaux spécifiques colonisant les zones côtières de transition entre les milieux terrestres et marins et sont dont équivalents aux marais maritimes et intertidaux des régions tempérées (BLASCO, F 1991)8(*).La spécificité de la mangrove réside dans l'existence d'une végétation forestière remarquable adaptée aux conditions sélectives de l'environnement. Jadis considérée comme un milieu répulsif et sans aucune importance, la mangrove s'illustre de plus en plus comme un réservoir de ressources tel les espèces ligneuses. Maisau Bois Des Singes, les espèces ligneuses de la mangrove font l'objet des perceptions diverses, eu égard de la mosaïque ethnique qui peuple ce quartier de Douala. De plus, de nombreux enjeux que soulèvent la mise en valeur et le développement de cet espace estuarien le place au centre de toutes les attentions. Dans le but de mener à bien cette partie de notre étude, nous insisterons sur les nombreux acteurs intégrer dans l'exploitation des espèces ligneuses au Bois Des Singes avant de présenter les perceptions et les logiques de ceux-ci. Pour ce faire, nous avons eu recours aux résultats du questionnaire d'enquête et à l'observation sur le terrain. I -IDENTIFICATION DES DIFFERENTS ACTEURSINTEGRER DANS L'EXPLOITATION DES ESPESES LIGNEUSES DE LA MANGROVE AU BOIS DESSINGES :
L'exploitation des espaces ligneuses de la mangrove auBois Des Singes fait intervenir deux catégories d'acteurs à savoir les acteurs institutionnels et les acteurs non institutionnels. I-1-Les acteurs institutionnelsIls sont définis comme ceux disposant d'une autorité légitime et /ou d'un pouvoir accordé dans un cadre institutionnel reconnu. Les acteurs institutionnels intervenants dans l'exploitation des espèces ligneuses de la mangrove auBois Des Singes sont les suivants : -Services étatiques : le poste mobile des eaux et forêts, -Les collectivités locales : la communauté urbaine de Douala, la mairie de Douala II, les institutions coutumières, association pour la protection des écosystèmes marins (APEMC),association des exploitants de bois au Bois Des Singes (AEBS). Compte tenu de l'hétérogénéité de la population au Bois Des Singes, l'autorité traditionnelle est loin d'incarnée le pouvoir culturel qui rassemble tous les habitants de la localité. Cette situation de fait dans laquelle l'autorité traditionnelle n'est pas à la base du pouvoir qui tient tous les individus en respect explique en partie la gestion calamiteuse des ressources de la mangrove au Bois Des Singes. Bien plus, la localité du Bois Des Singes au regard de son statut est un territoire éclaté. Par conséquent les populations qui y vivent ou qui y exploitent les ressources ne sont en aucun cas attachées ou enracinées idéologiquement à cette localité. Les populations duala (autochtones) qui pourraient être considérés comme les propriétaires naturels de l'espace à mangrove auBois Des Singes et ses environs ne présentent pas eux non plus des signes d'attachement et d'appropriation. La raison en est simple. Elle est liée à la politique foncière qui remonte depuis la période coloniale. Car en effet l'administration coloniale n'a su apporter aucune forme de légalité foncière pour l'acquisition d'un terrain dans la périphérie de la ville. La majorité des terrains périphériques (non immatriculés) sont un bien collectif et inaliénable. Le législateur interdit leur vente. Mais dès qu'il s'agit d'accueillir des étrangers où groupes, la vente n'étant pas permise, la transaction donne lieu à un permis d'occuper précaire et révocable (Guy Mainet). Nous comprenons aisément que les `'Duala'' d'après l'administration coloniale, n'avaient pas le droit de spéculer sur les terrains périphériques non immatriculés. Cela les a amenés à se désintéresser totalement de la gestion de ces espaces et de leurs nombreuses ressources au grand bonheur des étrangers qui malheureusement ont mis sur pied un mode d'exploitation sauvage des ressources (terres, flore, faune, sable, poisson...), parce que n'étant pas `'chez eux''. Aujourd'hui la mise sur pied d'un mode de gestion concertée des espèces ligneuses de la mangrove auBois Des Singes s'avère très difficile car les populations sont financièrement instables ; deuxièmement l'autorité traditionnelle manque de réel pouvoir. Elle ne constitue pas un véritable `'béton'' politico-culturel qui rassemble les populations autour d'un même idéal de la gestion participative des ressources de la mangrove. Troisièmement les différents acteurs ont des intérêts divergents. En appliquant la matrice CAPE de Vincent PIVETEAU sur notre zone d'étude nous relevons quatre profils d'acteurs. Nous identifions à cet effet des acteurs collectifs à savoir les pêcheurs qui acceptent volontiers des propositions relatives aux techniques moins consommatrices en bois de mangrove pour le fumage de poisson ainsi que les techniques rationnelles de pêche. En plus nous avons identifié des acteurs arbitres dans la gestion des ressources de mangrove. Il s'agit des associations comme (APEMC) et que l'on retrouve aussi à Youpwe. Par ailleurs nous avons relevé des acteurs privatifs c'est -à-dire réfractaires à tout compromis. Ce sont les coupeurs de bois et quelques personnes bénéficiant des titres fonciers au Bois Des Singes. En fin il nous a été donné de mettre en évidence l'existence des acteurs externes. Il s'agit des groupements qui se déploient sans relâche sur plusieurs fronts à la recherche du profit et du gain. Parmi ces groupements, nous notons des expatriés ouest - africains et centrafricains ajouter aux déplacés interne du Nord-Ouest et du Sud-ouest. En somme l'espace à mangrove duBois Des Singes, reste un territoire à géométrie variable où la théorie de la Formation Socio-Spatiale (FSS) de Guy DIMEO permet de comprendre la cause profonde de la dégradation accélérée des ressources dans la localité et la difficulté de la mise sur pied d'un projet concerté des espèces ligneuses de la mangrove. Tableau VI: profil des acteurs impliqués dans la gestion des ressources auBois Des Singes : Matrice CAPE
Source : Enquêtes de terrains, 2018 Ces différents acteurs (régulateurs et non régulateurs) exercent à travers les pratiques et les modes de penser une influence sur la société et cherchent avidement chacun de son côté à faire triompher sa perception de l'espace à mangrove. Cette influence sociale ou pression est le fondement même de l'exploitation des espèces ligneuses de la mangrove auBois Des Singes. * 8Auteur cité par Clara Arson J.A. (2007). Etude écologique pour la gestion des mangroves à Madagascar : Comparaison d'une mangrove littorale et d'estuaire à l'aide de la télédétection |
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