1.8. 1.4- Digestat
Une fois le processus de Méthanisation terminé,
le digestat obtenu est transféré dans un réservoir
d'entreposage, généralement dans une fosse à lisier
standard à béton. Le digestat conserve tous les nutriments du
lisier utilisé comme source d'intrant, mais sous forme plus assimilable
biologiquement (Bio-Terre Systems inc., 2010). Le digestat est utilisé
entre autre comme fertilisant et peut être séparé en phase
solide ou liquide et subir des traitements dépendamment des objectifs
fixés par l'agriculteur (Aile et al., 2006). Le digestat est un produit
stable, désodorisé et éventuellement sans pathogène
; il peut être utilisé comme fertilisant outraité (Burton
et Turner, 2003). Chantigny et al., (2004) ont démontré que le
lisier digéré a une valeur comparable ou supérieure
à celle du lisier brut. De plus, le lisier digéré est un
engrais organique qui a une efficacité comparable à l'engrais
minéral (Chantigny et al., 2004). Le digestat a une consistance plus
liquide que le lisier brut et est donc plus facile à mélanger et
à épandre avec les rampes (blocage moins fréquent dans les
rampes (Perrault, 2007).
Après la digestion, l'azote se retrouve principalement
sous forme ammoniacale qui est très volatile (Ortenblad, 2000). Une
toiture sur la fosse d'entreposage du digestat permet de conserver en partie
l'azote pour la fertilisation des champs et de diminuer les émissions
atmosphériques déammoniac (Aile et al., 2006). Ainsi,
l'enfouissement du fertilisant est recommandé immédiatement
après l'épandage. De plus, le digestat peut etre manipulé
sans odeurs par rapport à un lisier non traité (Solagro, 2005) et
sa valeur fertilisante n'est pas dégradée (Aile et al., 2006). La
composition du lisier digéré dépend du type de lisier dans
le digesteur et aussi des différents substrats utilisés en
codigestion (fumiers, végétaux., Ortenblad, 2000). La
méthanisation n'est donc pas un moyen d'éliminer l'azote mais
plutôt un procédé conservatif de cet élément
et doit être considéré comme un outil d'amélioration
de la gestion de l'azote.
1.9. 1.5- Biogaz dans le monde, en Afrique
En 1960, est installée en Allemagne la première
station de traitement anaérobie des eaux usées. En Chine en 1920,
une entreprise d'éclairage au biogaz est créée et une
usine de biogaz agricole à petite échelle dans laquelle les
toilettes ainsi que les porcheries étaient connectés au
même digesteur enterré. La technologie connait unessor
intéressant à la finde la seconde guerre mondiale suite à
la faible disponibilité du pétrole. Mais la diminution des couts
des produits pétroliers a mené à un ralentissement du
développement de la méthanisation. Les crises
pétrolières et le développement de la technologie biogaz
permet qu'en 1978, la ville chinoise de Qingdao lance la première
installation d'un biodigesteur à grande échelle pour le
traitement des boues de vidange et le programme chinois « Purifying
Domestic Sewage Biogas Tank » est développé en 1984 par le
centre de Développement et Recherche de Biogas Chengdu.
La technologie biogaz connait un essor important notamment en
Asie ou l'on compte des millions d'installations principalement domestiques. En
effet, en 2014 selon le REN21-18), les cinq pays qui ont le plus
d'installations dans le monde sont la Chine (avec près de 43 millions de
réservoirs installés), l'Inde (4 750 000), le Népal (300
000), le Vietnam (180 000) et le Bangladesh (37 000). L'Amérique Latine
(Colombie, Mexique, Pérou, Bolivie) diffusent des unités de
biogaz dans la moindre mesure par l'intermédiaire de programmes
menés en grande partie par les deux principales organisations
internationales qui développent la technologie biogaz que sont la SNV
(Organisation de développement des Pays-Bas) et la GIZ (Agence Allemande
de CoopérationInternationale). (SNV biogaz by SNV).
En 2014 en Europe, EurObserv'ERa dénombré
près de 14 000 installations de méthanisation dont plus de 75 %
utilisent des cultures énergétiques (essentiellement du
maïs, des plantes crucifères comme le colza). Les autres utilisent
les bouses, lisiers ou matières fécales humaines (pour le
traitement des eaux usées), les déchets organiques divers (par
récupération du méthane produit dans les décharges
par exemple) ou les résidus agricoles. Les installations sont
principalement de tailles « industrielles ». La croissance de ce
secteur diffère selon les politiques menées par les pays bien que
des initiatives européennes comme EBA (European Biogas Association),
Biogaz-Europe (un forum annuel sur le biogaz en Europe) ou BioEnergyFarm
tentent de promouvoir le biogaz aussi bien industriel que domestique en Europe.
(Maud 2018).
La majorité des pays africains n'ont pas de source
d'énergie suffisante à part le bois énergie mais
l'exploitation de celui-ci à des fins énergétiques
engendre divers impacts non seulement d'ordre environnemental mais aussi
d'ordre socio-économique (Randriambololona, 2004). Plusieurs projets de
biogaz ont été effectués sur le continent africain, mais
chaque projet à sa propre spécificité (Razanamparany,
1982). Dans ce cas, nous allons voir ceux réalisés dans quelques
pays africains dont celui du Cameroun.
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