1.15. 1.5.6-Cameroun
La volonté du gouvernement camerounais de promouvoir
le biogaz s'est manifestée en 2005 par l'élaboration d'un plan
d'action national d'énergie pour la réduction de la
pauvreté, le PANERP (Douard, 2012). Ce plan, élaboré par
le Ministère de l'énergie et de l'eau, le MINEE, projette
à l'horizon 2016 que 30 % des populations pauvres des zones rurales et
60 % de celles des zones périurbaines pourront avoir accès aux
services énergétiques pour les usages domestiques, et qu'au moins
40 % des systèmes d'approvisionnement en services
énergétiques le seront à partir des sources locales et
renouvelables (Douard, 2012).
La mise en oeuvre de ce plan s'est concrétisée
en 2009 par la mise en place d'un projet visant l'étude de
faisabilité pour la promotion et le développement du biogaz au
Cameroun. Ce projet à permit la construction de 23 bio-digesteurs
pilotes dans des ménages situés dans les régions du Nord
(6), de l'Extrême Nord (4) et du Nord-Ouest (13). À l'heure
actuelle, 80 % de ces bio digesteurs fonctionnent (Douard, 2012). Aujourd'hui,
ce projet connaît sa phase de développement et prévoit la
construction de 105 autres bio digesteurs à répartir dans
l'ensemble du territoire national. L'annonce a été faite le 2
février 2012, lors d'un atelier de restitution et de validation du
document de mise en oeuvre du Programme de promotion et de développement
du biogaz. Ce projet a été réalisé grâce
à l'appui financier, matériel et technique de la SNV, une
organisation néerlandaise de développement (Douard, 2012).
Dans la même lancée, le Ministère de
l'Agriculture (MINAGRI) a également entrepris, grâce à
l'appui de l'organisation Heifer Internationnal et de la SNV, de vulgariser le
biogaz auprès des communautés villageoises (Douard, 2012). Le
projet a établi des centres de démonstration de production de
biogaz dans trois villages du Nord-Ouest du Cameroun, marqués par la
présence de nombreux agriculteurs produisant du fumier nécessaire
à la production du biogaz ; toujours dans la même perspective le
centre de recherche ACREST a développé dans le village Bangang un
type de bio digesteur moins artisanal, enfouie dans le sol et qui permet de
récupérer les déchets des latrines via une canalisation
enfouie et d'introduire les déchets végétaux et animaux
à partir du cou du système. Cette solution semble beaucoup plus
onéreuse et pas à la portée des villageois ; ceci se
traduit par la figure 7 qui traduit la vulgarisation du biogaz auprès
des communautés villageoises (Douard, 2012).
Figure 7: Brassage manuel
quotidien d'un digesteur à Bangang
Source :Douard, (2012)
a)Faible implication du secteur privé et de la
société civile
Très peu d'initiatives du secteur privé et de la
société civile sont visibles au Cameroun en matière de
promotion du biogaz. L'entreprise HYSACAM, chargée de
l'enlèvement des ordures ménagères au Cameroun, est
actuellement la seule à avoir mis en place un système de
récupération du biogaz produit dans les décharges des
ordures ménagères (Douard, 2012). Elle a inauguré en juin
2010 la centrale de captage et de traitement de biogaz de Nkolfoulou, toute
première en Afrique centrale et troisième projet relatif au
Mécanisme de développement propre (MDP). La centrale permet de
réduire le méthane en gaz carbonique, afin de réduire
l'impact du réchauffement climatique. Malheureusement, cette
installation ne valorise par l'énergie produite (Douard, 2012).
La société civile quant à elle est plus
impliquée dans la vulgarisation du biogaz auprès des
ménages mais les actions à l'heure actuelle sont très
faibles. L'ONG COPRES-SA a pu ainsi mettre en place en 2010 une quarantaine de
bio-digesteurs dans trois villages de l'Extrême-Nord du Cameroun (Maroua,
Gazawa, Ndoukoula) et son projet est en cours et envisage d'ici 2013 de
construire au moins 600 bio digesteurs (Douard, 2012). Quelques hôpitaux
de la région de l'Ouest et du Nord-Ouest ont été les
premiers à faire du biogaz leur principale source d'énergie, car
bon marché (Douard, 2012). Il s'agit de l'hôpital baptiste de
Banso au Nord-Ouest et de l'hôpital Ad Lucem de Mbouda à l'Ouest,
projets réalisés grâce à l'appui technique de
spécialistes d'ONG (Douard, 2012).
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