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Pression fiscale et optimisation des recettes budgétaires: contraintes et améliorations


par Aminou Yacouba Amadou
Ecole Nationale de l'Administration et de la Magistrature ENAM Niger - Maitrise en Fiscalité et Domaine 2018
  

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3.2.4 Les taux de prélèvements nets de transferts

Pour leur obtention, on prend en compte le fait qu'une partie des prélèvements est directement redistribuée aux ménages sous forme de bourses et allocations et aux entreprises sous forme de subventions. En éliminant ces flux on obtient donc le montant des prélèvements qui est investi dans le fonctionnement propre des administrations publiques.

Ce type de taux a le mérite de montrer que l'Etat redistribue directement une large part des sommes qu'il a prélevé. Mais il peut présenter le risque de faire croire que l'autre partie est tout simplement retirée du circuit économique alors qu'elle y retourne sous forme de rémunération de fonctionnaires, dépenses d'investissements et autres achats de biens et services.

3.2.5 Les taux de prélèvements élargis

Ils résultent de la prise en compte de certaines sources de financements des dépenses publiques, autres que les prélèvements obligatoires tels qu'ils sont habituellement définis. Ainsi peut-on inclure au numérateur du rapport l'ensemble des cotisations fictives, ou meme des cotisations sociales obligatoires, fictives et effectives, qui ne sont pas perçues par les administrations publiques.

Dans une conception dépassant plus largement le cadre des prélèvements obligatoires, on peut être amené à prendre en compte le besoins de financement des administrations publiques, c'est-à-dire les sommes qu'elles peuvent être amenées à emprunter pour exercer leurs fonctions. On obtient ainsi, en considérant que les emprunts sont des recettes fiscales « différées », le niveau de prélèvements obligatoires qui assurerait l'équilibre des finances publiques.

De ce qui précède, il en découle qu'il n'existe pas un seul indicateurs de la pression fiscale reconnu à l'échelle internationale. Cela ne veut toutefois pas dire qu'il faille pour autant laisser tomber les indicateurs existants. Ça veut juste dire qu'il est impératif de prendre leur interprétation avec modération.

3.3 Les obstacles à l'augmentation de la pression fiscale

Outre les difficultés d'élaboration d'un seul indice reconnu au plan international pour exprimer la pression fiscale, l'augmentation de cette dernière est confrontée à plusieurs obstacles qui sont souvent à la base de plusieurs analyses dont la fameuse théorie de la courbe de Laffer qui a été l'un des fers de lance des thèses néo-libérales aux Etats Unis.

3.3.1 La courbe de Laffer

L'économiste américain A. B. Laffer s'est rendu célèbre en cherchant à démontrer, en 1980, à l'aide d'un graphique qui porte désormais son nom, une vieille idée déjà exprimée par d'autres économistes comme Adam Smith en 1776 « L'impôt peut entraver l'industrie du peuple et le détourner de s'adonner à certaines branches de commerce ou de travail » (Adam Smith, 1776, P. 106), Jean Baptiste Say «Un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte» (Jean Baptiste Say, p. 320), et qui veut montrer qu'à partir d'un certain montant, les prélèvements obligatoires incitent les contribuables, soit à réduire leur activité, soit à frauder, à tel point qu'ils aboutissent à des montants de prélèvements plus faibles que ceux qui pourraient être obtenus avec des taux plus modérés. C'est ce qu'il traduit par la célèbre citation « trop d'impôt tue l'impôt ».

3.3.1.1 « Trop d'impôt tue l'impôt »

Selon la courbe de Laffer, le montant des recettes fiscales est d'abord une fonction croissante du taux de pression fiscale, mais seulement jusqu'à un certain seuil maximal M, correspondant au sommet de la courbe, au-delà duquel le montant des recettes fiscales devient une fonction décroissante du taux de pression fiscale. C'est dire que les recettes fiscales vont croitre avec le taux de pression fiscale jusqu'à atteindre un seuil M au-delà duquel tout accroissement du taux de pression fiscale aura pour conséquence directe de réduire le montants des recettes fiscales, il irait meme jusqu'à s'annuler pour le niveau hypothétique du taux de pression de 100%, toute activité économique disparaissant dans ce cas limite.

Deux effets contradictoires rentrent en jeu: un effet de substitution qui incite un agent à diminuer son temps de travail, et un effet de revenu qui incite les agents à travailler plus afin de retrouver le niveau de salaire qu'il disposait avant l'augmentation des impôts. Selon Laffer, pour des taux d'impositions élevés l'effet de substitution l'emporte sur l'effet de revenu.

Par ailleurs les effets de la taxation élevée pénalisent l'épargne car les prélèvements sur les revenus du travail et du capital sont croissants alors que les taxes sur la consommation sont fixes. Substitution de la consommation à l'épargne et même consommation ostentatoire.

Ceci s'explique, selon A. B. Laffer, par le fait qu'une pression fiscale excessive exerce une influence négative sur les incitations au travail, à l'épargne et à l'investissement ; elle peut donc avoir pour effet de réduire l'activité économique dans des proportions telles que le produit des prélèvements fiscaux s'en trouve diminué.

La courbe de Laffer se subdivise en deux zones : la zone de gauche dite zone admissible et la zone de droite dite zone inadmissible. Dans la zone normale, tout accroissement du taux de pression fiscale a pour conséquences une augmentation des recettes fiscales, et dans la zone inadmissible toute augmentation du taux de la pression fiscale entraine une baisse des recettes fiscales. En outre, un meme montant N des recettes fiscales peut être obtenu avec un taux t1 situé dans la zone admissible et un taux t2 situé dans la zone inadmissible, d'où l'inutilité qu'il y'a d'adopter des taux d'imposition trop élevés.

Graphique1: représentation graphique de la courbe de Laffer

Recettes

Fiscales

Taux

Normaux

Taux

Dissuasifs

Optimum

100

3.3.1.2 Les critiques adressées au modèle de Laffer

La courbe de Laffer constitue une représentation formelle ne permettant pas de déterminer le seuil d'imposition M au-delà duquel la pression fiscale peut être considérée comme excessive. De plus, elle se fonde sur l'hypothèse non vérifiée que tout alourdissement du taux de pression fiscale portant sur les revenus du travail ou du capital réduit l'offre de ces facteurs de production. D'autre part, il n'envisage les prélèvements fiscaux que sous un aspect négatif, négligeant ainsi leur contrepartie, c'est-à-dire les dépenses publiques qu'ils servent à financer.

En outre, Selon des théoriciens non libéraux comme Peter Lindert, les exemples des pays scandinaves, dont l'imposition a pu dépasser les 70% du PIB à une certaine époque, sans entraîner les conséquences que prévoyait Laffer, montrerait que si la courbe de Laffer s'y appliquait, le niveau d'imposition pour l'atteindre serait très élevé et jamais atteint à ce jour par un quelconque pays.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld