1.1.3 I-2/ JUSTIFICATION DU SUJET
Dans un contexte où la demande en soins de santé
n'est pas satisfaite par l'offre de soins publique et officielle, la
communauté et les acteurs privés, caritatifs, et plus
particulièrement la société civile ont tendance à
mettre en place des stratégies visant la satisfaction des besoins de la
population mais qui ont aussi une logique commerciale. Ils tentent ainsi de
répondre aux besoins individuels immédiats.
Dès lors, l'analyse de l'offre et du recours des soins
de santé à une échelle plus fine pour mieux comprendre le
fonctionnement nous a mené dans la commune de Diofior.
La commune de Diofior qui est en pleine expansion spatiale et
démographique avec une urbanisation croissante n'échappe pas
à cette donne.
En effet, ses mutations démographiques et spatiales
sont caractéristiques d'une population qui aspire au
développement et consciente de l'essor économique et social de la
ville et de la multiplication des infrastructures attirant des populations qui
s'y installent. Ce fait est significatif d'autant plus que la commune est l'une
des localités les plus florissantes du département de Fatick avec
sa position de transition entre le domaine continental et les îles du
Saloum.
Cependant, la salinisation de l'eau du forage ces
dernières années fait qu'elle n'est plus consommable. Les
populations rencontrent un véritable problème d'eau potable suite
à une forte présence de sel et de fluor à des taux
élevés et supérieurs aux normes de l'OMS. Cette situation
les oblige à s'approvisionner à partir des puits traditionnels
forés à la périphérie de la commune au
détriment de l'eau du forage utilisée pour d'autres besoins
domestiques.
A cela s'ajoute le problème d'assainissement. La
commune rencontre d'énormes problèmes d'évacuation de ses
eaux de pluies, des ordures ménagères et des eaux
usées.
Diofior est dotée d'un centre de santé moderne
construit dans le quartier de Darou en 1993 avec le concours de l'ONG EEDS
(Eclaireurs et Eclaireuses Du Sénégal) et de son homologue
basée en Finlande. Il s'agit d'une infrastructure extrêmement
importante du fait qu'elle est la seule du genre existant dans la zone et
constitue avec le centre de santé de Fatick, les plus grandes structures
sanitaires du département. Sous ce rapport elle exerce une polarisation
totale de l'ensemble de l'hinterland pour l'offre de soins de santé en
termes de traitement, de suivi et d'hospitalisation.
Son personnel est en deçà de la norme
de l'OMS qui est de un médecin pour 10 000 habitants si l'on
considère le potentiel humain de l'ensemble de l'Arrondissement de
Fimelaqui est susceptible de fréquenter cette structure.
Malgrél'importance stratégique du Centre de
Santé, sa position trop excentrée rend l'accès quelque
fois difficile pour les populations de la commune notamment pour les cas
d'urgence à certaines heures de la nuit.
En outre, l'urbanisation fait apparaître des eaux
stagnantes dans certains quartiers de la ville. Ces eaux
mélangées au manque d'eau potable, à la
précarité et à l'ignorance créent des
problèmes de santé à la population. La croissance
démographique caractérisée par une population jeune,
l'urbanisation accélérée avec comme corollaire la
destruction du couvert végétal et l'empiètement sur les
surfaces cultivables, les lotissements sur des zones inondables et ses
conséquences, le problème d'approvisionnement en eau potable, la
pollution des nappes ont aussi causé ou aggravé les
problèmes de santé des populations. Les maladies dites
parasitaires trouvent en ces milieux des espaces favorables à leur
épanouissement. Leur transmission devient de plus en plus importante
grâce à l'ignorance. Les maladies hydriques s'y développent
et s'y propagent rapidement. Le paludisme y est devenu une maladie
endémique et sévit plus en saison des pluies. La consommation
d'eau devient alors un danger. Ces déterminants de la santé
cumulés aux facteurs étiologiques dans cet espace en
perpétuel expansion, contribuent à accentuer les problèmes
de santé des populations de Diofior alors que la ville ne dispose que
d'une seule structure de santé.
Ainsi, l'étude géographique de notre
thème de recherche vise à analyser tous les facteurs qu'ils
soient physiques, sociaux ou financiers de l'accès des populations aux
soins de santé.
Il s'agit à cet effet de voir si les populations
accèdent facilement aux soins de santé selon les normes
définies par l'OMS. Il s'agit aussi d'étudier les politiques de
santé publiques de l'Etat du Sénégal vis-à-vis des
couches vulnérables.
Ainsi, l'étude de l'offre et du recours aux soins de
santé primaires à Diofior pose-t-elle la problématique de
la conformité des couples qualité/prix ou
coût/efficacité et qualité/quantité ? Quelle
est l'influence de l'accessibilité physique, socioéconomique,
culturelle, de la mortalité, du besoin de soins et des
différences d'accès aux soins sur l'offre et le recours aux soins
de santé primaires des populations ?
Pour ce faire, il s'agira de voir par analyse si le Centre de
Santé est en mesure de satisfaire l'essentiel des besoins de
santé des populations desservies face à la concurrence d'autres
structures de santé confessionnelles et non lucratives telles celles de
Djilass et de Thiadiaye.
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