3.1.1. Les déchets courants
Ce sont les déchets biomédicaux sans risques
produits au sein de l'hôpital du district de Bogodogo et qui sont
assimilables aux ordures ménagères ou municipales courantes. Ils
peuvent être traités par les services municipaux de nettoyage.
Nous pouvons distinguer dans cette catégorie :
? les déchets recyclables qui comprennent les papiers, les
caisses en carton, les plastiques ou métaux non contaminés, les
canettes ou verres recyclables ;
? les déchets biodégradables (les restes
alimentaires, les déchets de jardin pouvant être
compostés).
3.1.2. Les déchets à risque potentiel
infectieux Cette catégorie de déchets biomédicaux comprend
:
? les déchets anatomiques humains (organes et tissus
des patients amputés, poches et caillots de sang, placentas, cheveux,
salive, crachats, pus, sucs gastriques, liquide amniotique, liquide
péritonéal, vomissements, selles et urines);
? les déchets tranchants et piquants (tous les types
d'aiguilles, de seringues, de verres cassés, d'ampoules, de lames, les
flacons cassés des sérums) ;
? les déchets pharmaceutiques (les médicaments
périmés, les restes de médicaments non utilisables, les
résidus liquides de concentrés cytotoxiques, les produits
pharmaceutiques et matériaux cytotoxiques) ;
40
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
? les déchets sanguins et les fluides corporels
(bandes, compresses, cotons, sparadraps et gants souillés, seringues
sans aiguilles, bavettes et bonnets à usage unique, perfuseurs,
sondes).
3.1.3. Les déchets radioactifs
Les déchets radioactifs comprennent les liquides, les
gaz et les solides contaminés par des radionucléides4
dont les radiations ionisantes ont des effets
génotoxiques5. Le type de substances radioactives
utilisées dans l'hôpital du district de Bogodogo
génère des déchets à faible radioactivité.
Il concerne principalement les activités d'imagerie médicale. Il
s'agit des déchets solides, liquides et gazeux contaminés par des
radionucléides générées à partir d'analyses
de tissus et fluides corporels in vitro, d'imagerie d'organes corporels in vivo
et de dépistage de tumeurs.
3.2. La production des DBM
En règle générale, la production de
déchets sanitaires dépend de plusieurs facteurs, notamment les
méthodes de gestion, le type de formation sanitaire, le nombre de lits
et le taux d'occupation, le nombre de patients traités quotidiennement,
le degré de spécialisation des soins pratiqués. Le
district de Bogodogo ne dispose pas de données concernant la
quantité de déchets biomédicaux produits; la
société de collecte ne dispose pas davantage d'informations sur
les quantités collectées. Quelques rapports ou travaux
fournissent des données éparses sur le sujet. Ainsi,
l'hôpital étant le siège du district, il se charge de doter
les autres formations sanitaires en boîtes de sécurité, de
recevoir et d'incinérer les déchets de ces dernières. Dans
un rapport de 2012, les autorités de l'hôpital estimaient à
3184 le nombre de boîtes de sécurité utilisées par
l'ensemble du district au cours de l'année 2011, tandis que
l'hôpital, à lui seul, totalise 555 boîtes de
sécurité pour la même période (Enquête de
terrain, septembre 2011). Pour calculer la production journalière des
DBM générés par lit dans l'hôpital du district de
Bogodogo, il existe essentiellement deux méthodes.
La première consiste à peser toutes les
poubelles avant qu'elles ne soient vidées. Cette méthode est la
plus précise mais nous n'avons pas eu d'instruments de pesée
adéquats. C'est la raison pour laquelle nous avons utilisé un
pèse-personne pour peser la masse des poubelles de
4Ce sont des noyaux atomiques radioactifs,
caractérisés par le nombre de protons et de neutrons qu'ils
renferment.
5Étymologiquement formé des mots
grecques genos qui veut dire race et toxikon qui signifie toxique. Ce sont des
substances nocives pour les organismes humains.
41
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
quelques services. Ensuite nous avons fait la moyenne de ces
masses que nous avons multipliées par le nombre total de
récipients de l'ensemble de l'hôpital. La masse d'un
récipient de collecte contenant des déchets s'obtient en faisant
la différence entre sa masse lorsqu'il est vide et sa masse
journalière quand il est rempli. Pour obtenir la masse moyenne d'un
récipient, nous avons pesé cinq (05) récipients de
collecte : deux (2) pour le service d'urgences , deux (2) pour la
médecine générale ; et une (1) pour le bloc
opératoire (qui ne dispose d'ailleurs que d'un seul récipient de
collecte) ensuite, nous avons fait la somme de la masse des déchets
qu'ils contiennent et divisé le tout par cinq (5).
? La pesée des DBM
Masse du récipient vide (mv) = 0,10 kg
m1 = 0, 51 kg
m2 = 0, 37 kg
m3 = 0, 72 kg
m4 = 0, 43 kg
m5 = 0, 55 kg
? Le calcul de la masse des déchets contenus dans
chaque récipient
La masse des déchets s'obtient en soustrayant la masse
du récipient vide de la masse de l'ensemble.
M1 = 0,
|
51
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 41 kg
|
M2 = 0,
|
37
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 27 kg
|
M3 = 0,
|
72
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 62 kg
|
M4 = 0,
|
43
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 33 kg
|
M5 = 0,
|
55
|
- 0,
|
10
|
=
|
0, 45 kg
|
? Le calcul de la masse moyenne journalière de
DBM
La masse moyenne journalière de DBM contenus dans un
récipient est égale à la somme des masses de
déchets précédemment calculées divisée par
le nombre total de récipients considérés.
M = (0,41 + 0,27 + 0,62 + 0,33 + 0,45) / 5 = 0, 416 kg
Ainsi, on obtient la masse de déchets produits dans
chaque service en multipliant la masse moyenne des déchets contenus dans
un récipient par le nombre de récipients que l'on trouve dans le
service.
42
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
Tableau 2 : La quantification de DBM par jour et par
service
Unités (services) de soins
|
Nombre de récipients
|
Production journalière en kg
|
Urgences
|
3
|
1,248
|
Pédiatrie
|
5
|
2,08
|
Maternité
|
8
|
3,328
|
Radiologie
|
1
|
0,416
|
Laboratoire
|
2
|
0,832
|
Médecine et Chirurgie
|
7
|
2,912
|
Bloc opératoire
|
1
|
0,416
|
Pharmacie
|
2
|
0,83
|
Centre de Dépistage
|
1
|
0,416
|
Cardiologie
|
1
|
0,416
|
ORL
|
1
|
0,416
|
Cuisine
|
1
|
0,416
|
Centre Jeunes
|
2
|
0,832
|
Direction administrative
|
2
|
0,832
|
Caisse
|
1
|
0,416
|
Poste de contrôle (guérite)
|
2
|
0,83
|
Dépôt répartiteur
|
1
|
0,416
|
Total
|
41
|
17,05
|
Source : Enquête de terrain, septembre 2011.
La production journalière des DBM dans l'hôpital
du district est estimée à 17,05 kg, soit une production annuelle
Q1 égale à la production journalière
multipliée par 365 jours :
Q1=17,05 kg x 365j Q1 = 6223,25 kg
Cette méthode de calcul a l'avantage de fournir des
valeurs approximatives sur la quantité des déchets
biomédicaux qui est produite. Cependant, les valeurs obtenues ne
reflètent pas toujours la réalité car non seulement la
taille des poubelles diffère d'un service à l'autre mais aussi le
nombre de poubelles est inégalement réparti dans les
différents services de l'hôpital ; les déchets du bloc
opératoire qui sont emballés dans les sachets plastiques sont
le
43
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
plus souvent entassés soit à l'intérieur
du service, soit à côté de la poubelle de collecte. En
outre, la quantité de DBM produite est plus importante durant les jours
ouvrables (du lundi au vendredi) que le week-end (samedi et dimanche). De plus,
certaines poubelles sont fixées au sol et il est difficile de peser les
déchets qu'elles contiennent.
Pour la deuxième méthode, nous nous sommes
inspirés du travail du ministère de la santé du
Maroc6 qui estime la quantité de déchets produits par
lit occupé et par jour à 3kg. Ainsi, nous pouvons estimer la
quantité annuelle de DBM produite en 2011 à l'hôpital de
district de Bogodogo, en nous appuyant sur les données de l'occupation
fournies par le service statistique de l'hôpital, soit une
capacité litière de 72 lits et un taux annuel d'occupation de
75%. La quantité de DBM produite Q2 s'obtient en
faisant le produit du taux d'occupation et de la masse moyenne de DBM par lit
par le nombre de lit et la période (mois ou année). Ainsi, en
2011, avec une capacité litière de 72 lits et un taux annuel
d'occupation de 75%, nous avons :
Q2 = 0,776 X 3 Kg X 72 lits X 365 j Q2
= 167,616 Kg X 365 j
Q2 = 61179,84 Kg
La production annuelle des déchets biomédicaux
au sein de l'hôpital du district est estimée à 61179,84 kg,
soit 61,18 tonnes. L'inconvénient de cette méthode de calcul est
qu'elle ne permet pas d'estimer la production de façon exhaustive, car
les déchets produits lors des soins des patients ambulatoires ne sont
pas pris en compte. En outre, la généralisation ne reflète
pas la réalité car la quantité de déchets produits
est plus importante dans certains services que dans d'autres.
A partir de ces deux valeurs, nous pouvons estimer la
production moyenne annuelle des DBM dans l'hôpital du district Q.
Q = (Q1 + Q2) /
2.
Q = (6 138 kg + 61179,84 kg) / 2 Q = 33 658,92
33 659 kg
D'une manière générale, l'hôpital
du district produit chaque année environ 33 659 kg de DBM. A cette
production, il faudrait ajouter la quantité de seringues usagées
chaque année.
6 Ministère de la Santé, République du
Maroc, décembre 2004.Gestion des déchets des
établissements de soin, Direction des Hôpitaux et des Soins
Ambulatoires
44
LA GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LE DISTRICT
SANITAIRE DE BOGODOGO : CAS DE L'HÔPITAL DU DISTRICT
En tenant compte de la dotation de l'hôpital, nous
pouvons estimer à 555 le nombre de boîtes de
sécurité utilisés durant l'année 2011, soit 178,5
kg en raison de 0,70 kg par boîte se sécurité.
(Enquête de terrain, septembre 2011).
Chacune des deux méthodes comporte ainsi des limites
car les outils utilisés ne sont pas efficaces. Tout compte fait, la
première méthode nous semble la plus appropriée mais il
faudrait peser toutes les poubelles successivement chaque jour durant toute une
semaine afin d'obtenir une valeur acceptable au regard du nombre de poubelles
que dispose l'hôpital du district.
L'intérêt de quantifier la production des DBM
dans chaque établissement de soins réside dans la connaissance du
poids et des différents types de déchets. Ceci permettra de :
? prévoir les besoins en matériel de collecte,
de conditionnement et de traitement des déchets (sacs, conteneurs,
poubelles, équipement de traitement, etc.) ;
? surveiller la qualité du tri des déchets et
plus particulièrement sa sélectivité qui doit tendre vers
la diminution de la quantité des déchets de soins à
risque, sans nuire à l'efficacité du tri.
? Disposer des équipements adéquats pour
l'élimination et de prévoir les périodes d'entretien du
matériel
|