1.3.2. Les hypothèses de recherche
L'hypothèse principale est que les coûts
liés aux accidents de la route constituent un lourd fardeau pour les
victimes et la société. De façon spécifique, nous
avançons les hypothèses secondaires suivantes :
1. les victimes sont plus vulnérables par leur
situation sociodémographique et économique ;
2. les plus pauvres, qui ne bénéficient pas
d'un soutien social, sont incapables de payer leurs soins hospitaliers ;
3. l'accident de la route constitue un facteur de
dégradation des conditions de vie des victimes et de leur entourage.
1.4. La clarification et la précision des
concepts
La clarification de certains termes tient une place
prépondérante dans la compréhension et l'analyse du
thème choisi. En effet, étudier les conséquences des
accidents de la route nécessite la définition des concepts
clés.
? Accidentologie
L'accidentologie est la discipline scientifique qui
étudie les accidents. Le terme a été créé en
France en 1968 par des chercheurs de l'Organisme National de
Sécurité Routière (ONSER). Il ne doit pas être
confondu avec l'accidentalité qui s'applique à des
quantités ou à des types d'accidents.
? Accident de la route
Un accident de la route (AR) est considéré comme
un événement malheureux ou dommageable survenu sur une route, un
chemin ouvert à la circulation et appartenant au domaine public. Souvent
désigné sous le terme accident de la voie publique (AVP),
l'accident de la route doit impliquer au moins un véhicule ou un animal
et provoquer un traumatisme corporel nécessitant un traitement
médical avec ou sans hospitalisation (JORYS et OUADAR, 2009). Les
mêmes auteurs précisent que l'accident arrive lorsqu'il se
crée un déséquilibre entre le potentiel de l'organisme et
les exigences de l'environnement. Ils estiment que l'accident est un choc qui a
lieu sur le réseau routier entre un engin roulant (automobile, moto,
vélo, etc.) et tout autre chose ou personne et qui engendre des
blessures humaines et/ou des dégâts matériels, que ces
dégâts soient occasionnés par des véhicules, par un
élément de la route (chaussée, panneaux, barrières
de protection, etc.) ou un élément extérieur à
celle-ci.
20
Ce potentiel peut être insuffisant par rapport à
l'environnement normal ou exceptionnel ou une situation inhabituelle. Pour
l'OMS (2004) il s'agit d'une collision impliquant au moins un véhicule
roulant sur une voie publique ou privée, et dans laquelle une personne
au moins est blessée ou tuée.
Ces définitions se complètent. Néanmoins
pour notre étude, nous retenons la définition de DJIEPMO (2008)
selon laquelle « un accident de la voie publique est un choc survenu de
façon inopinée entre les différents usagers de la route ou
entre les usagers et les riverains au trafic routier, pouvant entraîner
des dégâts matériel, corporel ou la mort ».
? Accident du travail
Dans le cadre de la présente étude, nous
retenons la définition donnée par l'article 51 de la loi n°
15-2006 portant code de sécurité sociale et l'article 4 de la loi
n°022-2006/AN portant régime de prévention et de
réparation des risques professionnels applicable aux agents de la
fonction publique, aux militaires et aux magistrats. Ces articles stipulent
qu'un accident de travail est tout accident survenu à un travailleur par
le fait ou à l'occasion de son travail, quelle qu'en soit la cause. Ces
articles précisent que l'accident du travail désigne l'accident
survenu à un travailleur pendant le trajet d'aller et de retour, entre
sa résidence ou le lieu où il prend ordinairement ses repas et le
lieu où il effectue son travail ou perçoit sa
rémunération, dans la mesure où le parcours n'a pas
été interrompu ou détourné par un motif
dicté par l'intérêt personnel ou indépendant de
l'emploi. Il s'agit également d'un accident survenu pendant les voyages
et missions autorisés par l'employeur.
? Accident mortel
Un accident est dit mortel lorsqu'il fait au moins un
tué.
? Personnes tuées par accident
La notion de personnes tuées par accident varie d'un
pays à l'autre. Certains pays font intervenir un laps de temps durant
lequel le décès survenu est considéré comme
dû à l'accident ; après ce délai, l'accident n'est
plus considéré par le médecin certificateur comme cause
initiale du décès mais un état morbide. Ce délai
varie de 3 à 30 jours selon les pays. Pour l'ONU et la Commission
Économique Européenne, il s'agit de« toute personne
tuée sur le coup ou mourant dans un délai de 30 jours des suites
d'un accident ». Au Belize (Guatemala), c'est la personne qui
décède sur le coup ou durant les 12 mois après l'accident
(OMS 2013). Au Burkina Faso, est
21
considérée comme tuée par suite
d'accident de la route, la victime qui décède sur le coup
après l'accident ou au cours de son évacuation vers
l'hôpital. Dans le contexte de notre étude, les personnes
tuées par accident sont les personnes qui meurent sur le coup ou dans un
délai de 30 jours à cause de l'accident.
· Le blessé grave
Est considérée comme blessé grave la
personne qui est hospitalisée pendant une durée excédant
six (06) jours, des suites d'un accident de la route.
· Le blessé léger
Une personne qui est hospitalisée pendant une
durée n'excédant pas six (06) jours, des suites d'un accident de
la route est considérée comme un blessé léger
· Traumatisme dû à un accident de la
circulation
Étymologiquement, le mot « traumatisme
» est issu du grec « traumatismo », qui signifie
« action de blesser ». Le terme traumatisme était
utilisé en chirurgie pour désigner les lésions physiques
provoquées par un agent extérieur mais de nos jours, il englobe
les aspects psychologiques (LOUCIF L., 2009).
Dans le contexte de notre étude, le traumatisme
dû à un accident de la route, comme le montre BAID K., (2010), est
un dommage de la structure, du fonctionnement du corps humain ou du psychisme,
provoqué par l'accident de la circulation.
· Usager de la route
L'usager de la route est toute personne utilisant une partie
du réseau routier, comme un usager des transports motorisé ou non
motorisé.
· Trafic routier
Cette expression désigne l'ensemble des transports de
marchandises ou de voyageurs, ou de circulations de véhicules, qui
s'effectuent pendant une durée définie (jour, mois, année)
sur une voie de communication (Grand Usuel Larousse, 1997).
· Infrastructure routière
Une infrastructure routière est un ensemble
d'installations et d'équipements routiers, y compris le réseau,
les places de stationnement, le système d'écoulement des eaux,
les ponts et les trottoirs (OMS, 2004).
22
? La sécurité routière
La sécurité routière est l'ensemble des
pratiques visant à réduire l'impact des accidents de la
circulation (OMS, 2004). La sécurité routière,
dans le sens de ce travail, représente l'ensemble des normes, des
mécanismes et des mesures prises par les différents acteurs en
charge de la construction des infrastructures routières et de la gestion
du trafic routier afin d'assurer la protection des usagers de la route, et
aussi de leurs biens (MUHLRAD, 2006).
? La sécurité publique
La sécurité publique est définie comme
étant une situation dans laquelle quelqu'un, quelque chose, n'est
exposé à aucun danger, aucun risque d'agression physique,
d'accident, de vol, de détérioration.
? Le handicap
La notion de handicap varie suivant les pays, les groupes
sociaux, les coutumes, le niveau de développement du pays et prête
parfois à confusion. Le handicap s'apparente aux concepts de «
déficience », d'« infirmité », d'«
incapacité » (OMS, 2008). ? La déficience est une anomalie
de la structure ou de l'apparence du corps humain et du fonctionnement d'un
organe quel que soit la cause. Elle représente une perturbation de type
organique.
? L'infirmité quant à elle est une perte ou
anomalie structurelle ou fonctionnelle permanente ou transitoire, de
caractère psychologique, physionomique ou anatomique. Prise sous cet
angle, l'infirmité est donc une déficience.
? L'incapacité concerne les conséquences de la
déficience au plan du rendement fonctionnel et de l'activité du
sujet.
Au Burkina Faso, le handicap est défini par l'article
2 de la loi N°012-2010/AN portant protection et promotion des droits des
personnes handicapées adoptée en juin 2010. Selon cette loi,
« une personne handicapée est toute personne qui présente
une ou des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou
sensorielles durables dont l'interaction avec diverses barrières peut
faire obstacle à sa pleine et effective participation à la vie de
la société sur la base de l'égalité avec les autres
».
Selon GILBERT P. (2008), le Code de l'action sociale et des
familles de la France définit le handicap comme « toute
limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par une personne en
23
raison d'une altération substantielle, durable ou
définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles,
mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de
santé invalidant » ( p. 23).
La définition de BAGBILA E. (1991) est celle retenue
dans le cadre de nos travaux. Pour l'auteur, le handicap est une
incapacité qui constitue un désavantage social pour un individu
dans la mesure où elle limite ou empêche l'individu en question de
remplir son rôle qui est normalement le sien compte tenu de son sexe, de
son âge, et des facteurs sociaux et culturels. Nous retenons de son
étude que les formes de handicap généralement
rencontrées sont physiques ou mentales selon le siège ou la cause
du handicap. Les différents types couramment rencontrés sont :
? les handicaps moteurs : membres inférieurs ou
supérieurs
? les handicaps sensoriels : aveugles, borgnes, malvoyant,
sourds, sourds-muets ? les handicaps mentaux : insuffisances mentales,
perturbations psychiques
? La solidarité
Selon le Nouveau Petit Robert, la solidarité est la
relation entre des personnes ayant conscience d'une communauté
d'intérêts, qui entraîne, pour les unes l'obligation morale
de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance. Elle est
également considérée comme l'ensemble des actes qui
traduisent le dévouement des individus les uns en faveur des autres. La
solidarité peut être appréhendée sous l'angle du
lien social qui est un ensemble de conventions sociales et de codes qui
permettent aux individus socialisés de vivre ensemble (AKINDÈS
F., 2003). Les indicateurs de solidarité sont les suivantes :
? l'assistance lors des évènements : lorsqu'un
évènement important survient dans la vie d'un individu, ce
dernier est naturellement assisté par ses voisins, voire le quartier.
Ceci est observé lors des mariages, des baptêmes, des
décès, des manifestations à l'origine d'importantes
concentrations humaines.
? l'aide matérielle : elle permet à des
individus de compter sur des parents, des amis et des connaissances en cas de
maladie, de décès ou dans l'organisation des mariages, des
baptêmes et toute autre manifestation qui drainent des foules immenses.
Elle permet la survie des individus les plus démunis.
? le soutien moral : Il a surtout lieu lors des
évènements douloureux tels que le décès ou une
maladie grave.
24
? les fréquentations quotidiennes : lorsqu'il y a la
solidarité au sein d'une
population d'une ville ou d'un quartier, les individus
n'attendent pas des circonstances particulières pour se rendre chez les
parents, les voisins les amis et connaissances. Les visites quotidiennes sont
permanentes et chacun y trouve son compte.
? Conséquences sociales
Le social désigne tout ce qui se rapporte à une
société, une collectivité humaine ou encore à un
groupe d'individus considéré comme une entité propre. Le
social concerne également les relations entre les membres de la
société, à l'organisation de ses membres en groupes ou en
classes. Ainsi, les conséquences sociales représentent les
dysfonctionnements de la société, engendrés par l'accident
de la route. Ces dysfonctionnements sont à l'origine d'un bouleversement
des conditions de vie et de travail des victimes et de leur entourage, des
rôles des individus dans la société. En effet, les
conséquences des accidents de la route ne sont pas identiques pour tous
ceux qu'ils frappent. Certains se retrouvent dans un cycle d'appauvrissement
difficilement réversible tandis que d'autres parviennent à
prendre le dessus. En outre, dans une situation de handicap du chef de famille,
c'est l'avenir de tous les membres de la famille qui se trouve
hypothéqué.
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