Police nationale congolaise et sécurité publique dans la ville de lubumbashipar Samuel Kabunda kalenga Université de Lubumbashi - Graduat 2022 |
§3. La théorie des études critiques de la sécuritéPour comprendre la sécurité dans un sens plus large, il faut considérer comment les objets à sécuriser, comment les perceptions de la menace et comment les différents moyens disponibles pour contrer les menaces se sont transformés (dans le sens intellectuel et matériel) dans le temps. Au fil de l'histoire, différentes menaces ont émergé, différents ennemis ont été créés, les individus en tant que citoyen d'un État sont devenus objets de haine et de violence de la part du peuple d'un autre État, alors que maintenant ils peuvent faire partie de la même communauté. Les théoriciens critiques de l'éthique globale semblent viser deux objectifs : démontrer que les menaces n'ont jamais été objectives, c'est-à-dire qu'elles sont des constructions sociales et discursives répondant à une identité spécifique, et présenter les limites de l'État, ou du système national. Les théoriciens de l'éthique globale s'insurgent contre l'idée que la citoyenneté des individus soit conditionnelle à la sécurité. Des milliers d'individus comme les Kurdes ou les Palestiniens n'ont pas d'État propre à eux, pour ne pas parler du colonialisme, ce qui confronte radicalement l'analyse de la sécurité à travers la notion du pacte social, mais en outre, cette logique rationaliste évalue mal la position du citoyen par rapport aux différentes menaces à la sécurité à l'intérieur même du pacte social. Autrement dit, l'individu, même citoyen, peut être confronté à diverses menaces, la sécurité des individus peut être étudiée sur trois plans différents : En tant que personne, citoyen ou membre d'une société et membre d'une communauté globale (l'humanité). Les trois dimensions confrontent l'État et sa capacité d'assurer la sécurité à sa population, conformément au pacte social. Premièrement, en ce qui concerne la sécurité de la personne, l'État semble souvent incapable de respecter les droits fondamentaux de la personne ou d'assurer les ressources alimentaires de base, les soins de santé adéquats ou la liberté individuelle. Deuxièmement, pour ce qui est de la sécurité du citoyen, l'État et ses institutions peuvent souvent constituer la menace fondamentale à la sécurité de l'individu. Et troisièmement, quant à l'individu en tant que membre de l'humanité, l'État paraît souvent impuissant à assurer la sécurité de celui-ci devant les forces globales, telles que les dégradations économiques ou environnementales, quand l'État ne constitue pas lui-même une menace globale pour l'environnement avec ses armes nucléaires, chimiques ou biologique et par sa mauvaise gestion des ressources naturelles. Toutes ses menaces à la sécurité de l'individu, du citoyen ou de l'humanité sont occultées par le méta-paradigme rationaliste, puisque ces menaces relèvent de la sphère de la politique interne. Ne faisant pas partie de la sphère de la stratégie ou de la sécurité étatique, les champs de ces menaces ne sont pas sécurisés. Quelques retenues s'imposent malgré tout vis-à-vis la théorie critique. Autant les théoriciens rationalistes définissent de façon réductionniste la notion de sécurité, autant la notion de sécurité semble assez difficile à définir dans le cadre de la théorie critique. Cette difficulté découle surtout de l'imprécision des unités ontologiques utilisées par les théoriciens critiques. Ceux-ci se réfèrent à plusieurs unités assez diverses. Les théoriciens critiques semblent donc incapables de définir clairement et précisément l'objet à sécuriser. Ils font référence indifféremment aux concepts de « structures sociales », de « forces sociales », d'« agents sociaux », d'« individus», de « personnes », d'« humains», ou encore d'«humanité »! Il y a un flou ontologique patent, jamais relevé et encore moins redéfini, au sein de la théorie critique de l'éthique globale30(*). En outre, conformément à leur vision de la représentation du monde, les théoriciens critiques de la sécurité de l'éthique globale font référence aux structures sociales en tant qu'unité ontologique de base. * 30 J. Rousseau, op. Cit. p.43 |
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