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La performance des entreprises artisanales au Nigerpar Abdoulaye Salé Centre Ouest Africain de Formation et d'Etudes Bancaires (COFEB) - Master 2017 |
1.2. L'artisanatIl existe plusieurs définitions de l'artisanat. Mais dans le cadre de ce travail, nous allons retenir celles données par le règlement N°01/2014/CM/UEMOA portant code communautaire de l'artisanat de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)4(*). - Activité artisanale : est considérée comme activité artisanale, toute activité d'extraction, de production ou de transformation de biens et/ou de prestations de services à l'exclusion de toute activité agricole, de pêche, de transport, d'achat et de revente ou spécifiquement intellectuelle : exercée à titre principal par une personne physique, dont la maîtrise technique et le savoir-faire requièrent un apprentissage ou une formation assortie d'une pratique du métier, dont le travail et l'habileté manuelle occupent une place prépondérante, où le mode de production peut inclure des machines et outillages actionnés directement par l'artisan, sans déboucher sur une production en série et figure dans le registre des métiers établis par l'autorité compétente de chaque Etat membre de l'UEMOA. Toutefois, les petites activités de transport opérées par un engin de 2 à 4 roues, par pirogues, à dos ou à traction animale ou humaine sont considérées comme des activités artisanales. - Métiers de l'artisanat : est l'exercice par une personne physique d'une activité artisanale. - Corps de métiers : ensemble des métiers connexes. - Artisan : toute personne physique qui exerce une activité artisanale. L'artisan possède une qualification professionnelle reconnue par son milieu professionnel ou un diplôme de l'enseignement technique et professionnel. - Entreprise artisanale : est entreprise artisanale, toute activité de nature artisanale exercée par un ou plusieurs artisans structurés. Elle doit satisfaire à l'ensemble des critères suivants : avoir au plus vingt cinq (25) compagnons artisans, en dehors des aides familiaux, avoir un chiffre d'affaires hors taxe annuel inférieur ou égal à trente (30) millions de francs CFA et un investissement inférieur ou égal à vingt (20) millions de francs CFA, tenir une comptabilité conforme aux dispositions du Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA), sauf option pour le système normal dans les conditions fixées par le SYSCOA. Ces entreprises évoluent dans trois (3) domaines d'activités à savoir : ü l'artisanat de production ou de transformation qui concerne les activités de fabrication de produits semi-finis ou finis (exemple : menuiserie bois et métallique, couture); ü l'artisanat de service qui concerne l'ensemble des activités de réparation, d'entretien ou de maintenance, de restauration d'une oeuvre d'art et de toute autre activité de prestation de nature artisanale (exemple : mécanique auto et moto, électromécanique); ü l'artisanat d'art qui se distingue par son caractère artistique et impliquant la créativité de l'auteur et, qui a une forte connotation culturelle (exemple : bijouterie, décoration). Ainsi, on peut constater aisément la transversalité du secteur de l'artisanat qui appartient à la fois aux trois (3) secteurs de l'économie, à savoir les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Selon le décret N°2008/100/PRN/MT/A du 10 avril 2008 fixant la nomenclature des métiers artisanaux au Niger (Cf. Annexe I), le secteur est composé de seize (16) branches d'activités subdivisées en quarante six (46) corps de métiers qui totalisent deux cent six (206) métiers artisanaux. Mais le code communautaire de l'artisanat de l'UEMOA quant à lui, fait cas de huit (8) branches qui incluent les seize (16) branches citées par le décret tantôt évoqué5(*). Ces huit (8) branches sont : - Agroalimentaire, alimentation, restauration ; - Mines et carrières, construction et bâtiment ; - Métaux et constructions métalliques, mécanique, électromécanique, électronique, électricité et petites activités de transport ; - Bois et assimilés, mobilier et ameublement ; - Textile, habillement, cuirs et peaux ; - Audiovisuel et communication ; - Hygiène et soins corporels ; - Artisanat d'art et de décoration. Section 2 : Revue de la littératureLa revue de la littérature poursuit deux (2) objectifs principaux, la recension des ouvrages généraux sur la problématique à traiter et la présentation des articles scientifiques des auteurs qui ont fait des investigations relativement à ladite problématique. A ce titre, cette section est consacrée dans un premier temps à la revue de littérature théorique sur la performance des entreprises de manière générale et dans un deuxième temps à celle empirique sur la performance des entreprises artisanales. 2.1. Revue de littérature théoriquePlusieurs théories ont été développées sur la performance des entreprises, telles la théorie classique avec l'OST6(*), la théorie des besoins et des motivations avec l'école des relations humaines, la théorie systémique avec l'école systémique. Les auteurs de l'école classique de la théorie des organisations, appelée l'école scientifique du travail ou OST se sont intéressés à la performance organisationnelle et économique des entreprises. Frederick Winslow Taylor (1911) pense qu'une entreprise n'est performante que si et seulement si, elle s'aligne sur les quatre (4) principes fondamentaux de l'OST que sont : la division horizontale du travail (la parcellisation du travail, la spécialisation des tâches et l'étude des temps d'exécution), la division verticale du travail (distinction stricte entre exécutants et concepteurs du travail), un système de salaire au rendement fondé sur des primes de productivité au travail et un système de contrôle du travail. Henri Fayol (1916) sans remettre en cause la division du travail et la rémunération des employés, pense par ailleurs de la nécessité dans laquelle se trouvent les responsables d'organisation d'acquérir une formation administrative. Ce qui agira sur la performance organisationnelle. Max Weber (1920) pense qu'au-delà des ateliers de travail, le fonctionnement bureaucratique est aussi d'une importance capitale. Ainsi, selon lui ce fonctionnement doit se reposer sur plusieurs principes dont : la répartition hiérarchique des emplois clairement définie, tout comme la sphère des compétences pour chaque emploi, le contrat entre l'individu et l'organisation bureaucratique, la rémunération fixe, la possibilité de faire carrière, etc. Pour Henry Ford (1922), un modèle de production doit obéir à trois (3) principes : la division du travail en séparant la conception de la réalisation à travers un travail à la chaîne, la production en grandes séries et l'augmentation de salaire des ouvriers pour éviter les démissions de ces derniers. Quant aux penseurs de l'école des relations humaines7(*), ils considéraient que la performance n'est pas seulement d'ordre économique, elle doit aussi être sociale. Cette conception sociale de la performance met en valeur le facteur humain, et privilégie non seulement l'atteinte des objectifs mais aussi et surtout la satisfaction des besoins du personnel. Elton Mayo (1933) a souligné l'importance du climat psychologique sur le comportement et la performance des travailleurs. Ces derniers deviennent alors le coeur du système de performance des organisations. Selon Abraham Maslow (1943), un certain nombre de besoins doivent être satisfaits pour plus motiver les employés. C'est à cet effet, qu'il propose une explication de la motivation par la théorie des besoins. Selon lui, il existe des besoins physiologiques (manger, boire, dormir, respirer), des besoins de sécurité (du corps, de l'emploi, de la santé), des besoins d'appartenance et d'amour (affectation des autres), des besoins d'estime (confiance et respect de soi, reconnaissance et appréciation des autres) et le besoin d'accomplissement de soi dont la prise en compte est impérative pour motiver le personnel. Dans cette même lancée, Douglass Mac Gregor (1960) s'est intéressé au style de management fondé sur les équipes et une meilleure prise en compte des capacités des individus. De ce fait, l'engagement personnel dans le travail est récompensé par la satisfaction de ses besoins. Pour les auteurs de la pensée systémique de l'organisation tels Ludwig Von Bertalanfly (1968), l'organisation est définie comme un système dont la finalité est la survie. Dans ce cas, la performance est évaluée à travers le processus de l'organisation plutôt que sur les objectifs à atteindre. * 4 Adopté le 27 mars 2014 à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire, par le Conseil des Ministres et entré en vigueur le 1er juillet 2014. * 5 Un projet de décret est en cours de préparation en vue de se conformer aux dispositions du code communautaire. * 6 Il s'agit d'une méthode de gestion et d'organisation du travail également appelée le taylorisme. Elle a été créée au cours de la seconde révolution industrielle par Frederick Winslow Taylor. * 7 L'école des relations humaines (abrégée en « école des RH ») est un mouvement intellectuel né dans le cadre de la crise économique de 1929, rattaché à l'étude des organisations. Il prend place après le développement et l'application à grande échelle du taylorisme, et cherche à redonner à l'homme au travail une place centrale. |
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