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Les représentations médiatiques des femmes intersectionnelles dans les séries Netflixpar Judy Meri Université Cote D'Azur - Master 2022 |
PARTIE II : LES REPRESENTATIONSMEDIATIQUES DES FEMMES 51 Chapitre 1 : Les représentations médiatiques des femmes dans les médias 2.1.1 Section 1 : Les catégories des femmes dans les médiasLes femmes sont souvent représentées dans des catégories stéréotypées qui les rangent dans des cases pour permettre à la société de les identifier plus facilement comme « bonnes » ou « mauvaises » femmes, par exemple, les femmes qui expriment librement leur sexualité, qui montrent davantage leur corps, qui expriment elles-mêmes et leurs personnalités plus et ne sont pas timides se font traiter de "garce", "salopes", "trop" et sont souvent sous-estimées dans la société. D'un autre côté, les femmes qui sont timides et qui présentent des aspects maternels tels que prendre soin des émotions des autres, prendre soin de leur famille et donner la priorité à leurs enfants par rapport à leur travail sont souvent considérées comme de « bonnes femmes ». On attend des femmes jusqu'à ce jour, qu'elles aient des identités de genre et qu'elles se comportent d'une certaine manière, on pense souvent qu'elles ont besoin d'avoir des enfants et de faire l'expérience de la maternité pour souligner leur féminité à un certain âge où "l'horloge biologique" commence à tourner pour annoncent que le temps est presque écoulé pour leur capacité à donner naissance et c'est alors que la société et les gens autour d'eux commencent à faire pression sur eux et commencent à remettre en question leurs choix de vie s'ils choisissent de ne pas avoir d'enfants. Une étude très importante a été réalisée par le professeur Marie-Joseph Bertini, qui est également ma directrice de thèse et qui m'a permis d'acquérir de nombreux aspects et points de vue importants en matière de féminisme et de représentations des femmes dans les médias. Le professeur Bertini soutient que le discours des représentations médiatiques constitue une pratique cartésienne qui est un aspect influencé par Michel Foucault qui indique que ce discours est une action sur le réel, cette action est basée sur des règles qui peuvent modifier et altérer la réalité des femmes dans la société, ce discours affecte également la façon dont les femmes sont perçues et traitées dans la société et peut influencer leur comportement et les décisions qu'elles prennent. « Le discours des médias sur les femmes constitue une pratique discursive, au sens où l'entendait Michel Foucault, c'est- à-dire une action sur le réel - organisée selon des règles - qui oriente celui-ci et le modifie ; un discours théorique articulé à une pratique sociale. » Selon le professeur Bertini, il existe cinq catégories distinctes de représentations des femmes dans les médias, l'égérie, la muse, la mère, la madone, et la pasionaria. Ces cinq catégories mettent les femmes dans des catégories et les stéréotypent dans certaines cases auxquelles elles 52 appartiennent. Même si ces cinq catégories peuvent être intersectionnelles et échangeables, cependant, une fois qu'une femme est représentée comme par exemple "a madone» elle resterait une "madone" et c'est ainsi que la société la verrait longtemps. Selon la professeure Bertini L'égérie est une femme qui est toujours là pour avoir le dos de son mari, elle en est le principal soutien, elle se tient à ses côtés, elle est naturelle, aime la nature, elle conseille son homme, elle aime l'art et elle tire hommes à elle en raison de sa personnalité douce et artistique. «L'Égérie : Emprunté via l'étrusque au latin Égérie, il désigne d'abord le nom d'une nymphe auprès de laquelle un roi légendaire de la Rome antique, Numa Pompilius, prenait conseil avant toute décision importante, notamment avant de promulguer ses lois. Précisons que les nymphes désignent dans la mythologie grecque, puis romaine, les déesses d'un rang inférieur qui peuplent la nature : fleuves, bois, rivières, mer... Comme on peut le voir, l'attelage qu'ils forment tous deux sont fort hétéroclite. Ils sont en toutes choses l'exact opposé l'un de l'autre. Lui est humain, elle est divine (de rang inférieur tout de même) ; lui est du côté de la culture et du droit, elle, de la nature ; lui agit directement sur les hommes et l'organisation de leurs rapports, elle est toute entière suggestion et souffle. Lui est bien visible, elle à peine. Elle disparaît derrière ce et celui qu'elle anime. C'est la Figure avenante de la femme-conseillère, qui seconde et supplée. Celle qui se retire sur la pointe des pieds, laissant celui qu'elle guide récolter les fruits de ses efforts patients. Trait d'union entre deux rives, pratiquant l'entremise comme l'un des beaux-arts, l'Égérie est une femme-passerelle. En présentant les hommes les uns aux autres, en les lançant dans la conversation et bientôt dans le monde, depuis l'espace en retrait de son salon, l'Égérie est pur processus, mécanisme sophistiqué dans lequel la Femme s'abolit comme fin et se revendique comme moyen. Présence-absence perpétuelle, elle pousse les hommes devant elle comme pour mieux marquer que le salon n'est pas --ne doit pas être-un instrument de promotion sociale des femmes, mais celui de la promotion sociale, politique et artistique des hommes par les femmes. » La muse par contre est proche de l'égérie mais elle est dépeinte pour inspirer l'homme avec qui elle est et influencer ses actions de manière plus profonde, elle rend l'homme émotif où son amour et son admiration pour elle influencent ses comportements et ses actions politiques, artistiques ou sociales. « Proche de l'Égérie mais suffisamment distincte pour qu'on ne puisse pas les confondre, la Muse désigne à l'origine dans la mythologie grecque, chacune des neuf filles issues de l'union de Zeus et de la Mémoire (Mnémosyne). D'abord déesses des montagnes et des champs, elles choisirent d'inspirer aux hommes les arts et la connaissance. Réunies en choeur sous la houlette d'Apollon musagète (protecteur des Muses), elles président à des domaines aussi divers que l'astronomie et la géométrie (Uranie), la tragédie et le chant 53 (Melpomène), la danse (Terpsichore), l'éloquence et la poésie épique (Calliope), les hymnes et la mémoire (Polymnie), la musique (Euterpe), la poésie lyrique et érotique (Erato), la comédie (Thalie), ou l'histoire (Clio). Autant dire que leur rayon d'action est large, et couvre une grande partie des champs épistémiques de l'Antiquité grecque. La différence entre la Figure de l'Égérie et celle de la Muse est cependant très subtile. Si l'Égérie est inspiratrice, la Muse elle, est inspiration. En d'autres termes si l'Égérie manifeste une volonté ambitieuse par procuration comme nous avons pu le voir, si elle s'inscrit dans ce que Spinoza appelait une dimension conative - une tension vers quelque chose - la Muse n'exprime rien de tout cela. La Figure de la Muse à la différence de l'Égérie implique un renoncement plus marqué, une dimension sacrificielle inhérente à l'interdiction faite aux femmes de se penser, non plus seulement comme actrices mais encore comme créatrices. » La troisième catégorie de représentations des femmes dans les médias est la mère, la mère est un rôle et une identité de genre très stéréotypés que les femmes sont souvent représentées. La mère est une femme attentionnée, gentille et généreuse qui place les gens autour d'elle en premier, elle place les besoins et les désirs de son mari et la santé et les désirs de ses enfants comme sa principale priorité dans la vie et son centre du monde. « L'application soigneuse avec laquelle les médias renvoient les femmes à leur fonction reproductrice et maternante, est-elle aussi édifiante pour le chercheur. Certes, les hommes sont souvent qualifiés de pères de tels ou tels phénomènes, mais le reste de l'offre sémantique en ce qui les concerne est médiatiquement si riche, que la mention de ce terme ne présente dans leur cas aucune pertinence. En revanche, la Figure de la Mère participe de l'intense réductionnisme à l'intérieur duquel les médias sont chargés de veiller à maintenir les évolutions des registres d'action des femmes. Ainsi la récurrence de la Figure de la Mère renvoie-t-elle moins les femmes à leurs devoirs de mère qu'à leurs devoirs d'épouse, assumant par la maternité la survivance d'une distribution contraignante et stéréotypée des rôles. Alors qu'une femme sur trois est citée par les médias sans sa profession, contre seulement un homme sur vingt une femme sur quatre et un homme sur dix au niveau mondial - les femmes sont beaucoup plus souvent citées avec un lien de parenté que les hommes. La forte disparité de ces chiffres permet de comprendre le fonctionnement du mode de représentation des femmes dans les médias : c'est bien en tant qu'elle est rattachée à quelque chose d'autre qu'elle- même - donc par son hétéronomie - qui possède la faculté de la signifier toute entière que la femme est donnée à voir. Fille de, mère de, soeur de, femme de... » La madone est la quatrième catégorie selon professeure Bertini, cette catégorie est très intéressante à analyser car elle implique deux catégories, une mère et une salope. Ce 54 personnage est dépeint comme "le rêve de tout homme" une femme attentionnée qui peut être la mère de ses enfants qui est aussi hyper sexuelle avec lui, «La Figure de la Madone est éminemment ambivalente, comme le montre le premier exemple surtout, à propos de Martine Aubry. La Madone jouit d'une considération diffuse, due à la reconnaissance implicite de son statut d'exception. Par delà son caractère ironique (mais il faut noter alors que toutes les Figures emblématiques que nous analysons possèdent une connotation ironique) elle tire en effet son origine d'une double filiation sémantique. La Figure de la Madone représente admirablement cette tension essentielle entre la Maman et la Putain, double polarité indissociable de l'imaginaire masculin comme le montre si bien, plus près de nous, le film de Jean Eustache. Partie de l'innocence et de la pureté absolue que personnifie la Sainte-Vierge, la Madone se fait aussi femme fatale et voyageuse, dangereuse par son aptitude même à circuler librement, hors les bornes sensibles de la respectabilité des femmes immobiles. » La pasionaria, la dernière catégorie est une femme passionnée par une cause et qui se bat sans cesse pour elle, ce terme est usuellement utilisé en politique et est vue comme une femme « en colère » ou « militante », explique la Professeure Bertini : «S'il est une formule médiatique clef pour désigner les femmes c'est bien celle de la Pasionaria. C'est la raison pour laquelle celle-ci est emblématique à elle seule, de la manière dont les médias contraignent les femmes à se représenter elles-mêmes. La très grande fréquence de ce mot - c'est de loin le plus utilisé des cinq termes répertoriés - et son vaste rayon d'action, en font un angle privilégié d'étude à partir duquel il devient possible d'appréhender certains ressorts essentiels de la sémiosis globale qui commande la production, la réception des mots et les interprétations dont ils sont l'objet. À lui seul en effet, ce mot offre une radiographie de la socioculture française contemporaine, mais aussi de la philosophie du pouvoir en vigueur et de ses modes d'exercice. » Plus peut-être que de la langue comme pouvoir, c'est du pouvoir comme langue que nous entretient la problématique de la Pasionaria. Le pouvoir, comme l'inconscient selon Lacan, apparaît structuré comme un langage. L'ordre du discours est symptomatique en effet, de l'ordre symbolique auquel s'articulent les différentes instances d'organisation et de régulation de notre société. Par discours, il faut entendre ici, comme le suggérait Michel Foucault, une construction 30» Gaye Tuchman's studies have also played a big part in acknowledging how women were being «symbolically annihiliated» into certain traditional ideas and concepts that were imposed to 30 Bertini Marie-Joseph. Langage et pouvoir : la femme dans les médias (1995-2002). In: Communication et langages, n°152, 2007. Usages médiatiques du portrait. pp. 3-22. 55 them by the society : «Gaye Tuchman fut l'une des premières à constater que « la recherche sur les femmes et les médias [était] au point mort d'un point de vue théorique »15. Concédant l'efficacité politique de la « répudiation courroucée » des contenus médiatiques, elle lui reproche son « argumentaire embourbé dans une littéralité naïve, qui expose une théorie de la mimesis à la fois étrange et commune »16. La sociologue s'inquiète de l'écart entre l'inscription grandissante des femmes dans la sphère professionnelle américaine et une représentation médiatique concentrée sur le modèle de la femme au foyer. Elle craint que cette monstration stéréotypée ne limite les horizons des jeunes téléspectatrices alors que la force de travail féminine est fondamentale à l'économie américaine. Gaye Tuchman dénonce la condamnation médiatique des femmes actives et le confinement des femmes au foyer, qu'elle qualifie d'« anéantissement symbolique »17. Son analyse s'inscrit dans le paradigme fonctionnaliste des médias. S'appuyant sur les travaux d'Harold Laswell, elle postule une omnipuissance des médias dont le public est une cible amorphe qui absorbe passivement les contenus. Ces représentations médiatiques aliénantes pour les femmes ont une influence sur les audiences féminines qui se limitent en conséquence à désirer un bon mariage où elles entretiendront le foyer. Le schéma laswellien Qui dit quoi par quel canal à qui et avec quel effet ? structure son raisonnement. Cette vision instrumentale implique que le message médiatique ne peut être décodé que d'une seule façon, et qu'il produit un unique effet. Les premiers travaux sur l'image des femmes dans les médias se caractérisent par leur ancrage militant et leur faible cadrage théorique. Ces études doivent néanmoins être replacées dans leur contexte. Des observations empiriques aux premières conceptualisations, elles ont développé une expertise sur les stéréotypes féminins qui « a permis une prise de conscience des communicants ainsi qu'un moyen de pression sur les médias pour qu'ils améliorent l'image des femmes 31» 2.1.2 Histoire des représentations des femmes dans les médias L'histoire des femmes dans le cinéma et les médias a toujours été déformée par les hommes qui dirigent les agences de cinéma. Les femmes ont été considérées comme inférieures, mises en archétypes, ont été stéréotypées et dépeintes comme inférieures et moins intelligentes par rapport à leurs partenaires masculins. Le rôle des femmes dans les films est passé de montrer des personnages féminins comme obéissants, à attentionnés, au méchant qui est un briseur de 31 Biscarrat, Laetitia. « L'analyse des médias au prisme du genre: formation d'une épistémè ». Revue française des sciences de l'information et de la communication, no 3 (30 juillet 2013). https://doi.org/10.4000/rfsic.619. 56 ménage. «La problématique de la représentation des femmes dans les médias n'est pas uniquement fondée sur l'écart quantitatif entre les individus masculins et féminins. Non contentes d'être minoritaires, les femmes sont également assignées à des représentations de genre souvent réductrices. Militantes féministes et universitaires n'ont d'ailleurs pas manqué de mettre l'accent sur les stéréotypes féminins présents dans les médias. Les stéréotypes désignent des représentations réduites et figées dans la répétition qui « permettent de rapporter ce que nous voyons à des modèles préexistants pour pouvoir comprendre le monde, faire des prévisions et régler nos conduites 32» Les fausses déclarations des femmes ont amené les universitaires dans les années 1970 à se demander et à chercher comment et pourquoi les femmes sont soumises aux yeux des hommes et sont constamment déformées afin de correspondre à la norme virile dans laquelle elles sont classées. L'universitaire Laura Mulvey a étudié la théorie du film féministe et a théorisé le concept derrière le regard masculin où les femmes dans les films sont représentés uniquement afin de plaire au public masculin. Par conséquent, ils sont représentés comme sexy, et attrayant, avec l'accent sur leur corps, au mépris de leur personnalité et de l'intelligence. « Le livre de Laura Mulvey intitulé « Unmasking the Gaze : Feminist Film Theory, History, and Film Studies » illustre cette approche (17-31), en reformulant et en critiquant son propre essai historique, « Visual Pleasure and Narrative Cinema », qui était fondé sur l'analyse textuelle. La méthodologie en vigueur à la fin des années 1970. » Mme Mulvey a utilisé la psychanalyse pour analyser la façon dont les femmes et les hommes sont représentés dans le cinéma, explique-t-elle : « Les femmes sont passives, les hommes sont actifs. Les hommes portent l'action narrative en avant ; les femmes sont la substance du spectacle oculaire, là pour servir de lieu du désir du mâle de les savourer visuellement. En effet, Mulvey soutient, à l'écran, que les femmes dans les films hollywoodiens ont tendance à ralentir le récit ou à arrêter l'action, car l'action doit souvent être gelée, par exemple, afin de poser des personnages féminins afin de permettre la possibilité de leur contemplation érotique. Par exemple, une icône féminine, comme Raquel Welch avant une terreur préhistorique, sera posée comme une statue pour que les spectateurs masculins puissent apprécier sa beauté Les numéros musicaux des coulisses sont des dispositifs utiles pour répondre à cette exigence narrative, puisqu'ils permettent à la narration de se poursuivre, dans la mesure où la narration consiste simplement à mettre en scène un spectacle, tout en prodiguant attention à la forme féminine. Pour Mulvey la forme 32 Biscarrat, Laetitia. « L'analyse des médias au prisme du genre: formation d'une épistémè ». Revue française des sciences de l'information et de la communication, no 3 (30 juillet 2013). https://doi.org/10.4000/rfsic.619. 57 féminine dans le film hollywoodien devient un spectacle passif dont la fonction est d'abord et avant tout à voir. Ici, le sujet perceptif pertinent peut être identifié comme le spectateur masculin, et/ou le personnage masculin, qui, à travers des dispositifs comme le montage de point de vue, sert de délégué, dans la fiction, pour le membre de l'auditoire masculin (qui pourrait s'identifier au personnage masculin dans l'édition du point de vue). Cette idée peut être exprimée en termes de dire que dans un film hollywoodien, les femmes sont l'objet du regard.33»« La monstration des femmes au cinéma s'articule selon elle autour de deux mouvements distincts. D'un côté, les femmes sont mises en scène comme des objets sexuels à la fois pour les personnages de l'histoire et pour les spectateurs du film. De l'autre, la représentation favorise l'identification des spectateurs. Mais cette identification est strictement masculine, puisque les protagonistes sont les hommes, les femmes n'occupant que le rôle d'objet. Le système de représentation des films hollywoodiens réduit les femmes au rôle passif d'objet sexuel alors qu'il inscrit les hommes dans l'action. L'analyse filmique de Laura Mulvey met en lien contenus et réception tout en distinguant les rôles masculins et féminins. Sa prise en compte du rapport au spectateur a eu d'importants échos dans l'étude des médias. Ainsi, se développe à partir des années 1980 un courant de recherche qui questionne les stratégies de réception des audiences féminines. 34» La montée du féminisme et le début de la deuxième vague de féminisme ont également conduit à une plus grande prise de conscience, en particulier après la théorie de Betty Freidan sur la femme mystique et la façon dont les femmes sont subordonnées à la représentation d'être des soignants. « Le féminisme des années 1960 et 1970 fut le berceau d'un mouvement de colère et de rejet de la part des féministes, notamment envers la presse magazine. L'ouvrage fondateur, La femme mystifiée, paru aux États-Unis en 1963, relança le débat sur le rôle des femmes dans la société américaine de l'après-guerre. Betty Friedan, fondatrice de la National Organization for Women (NOW), y dénonce la contribution des médias, tout particulièrement la presse magazine, à une « mystique » selon laquelle l'épanouissement des femmes passe exclusivement par le retour au foyer et la maternité. Partant de l'observation qu'il existe un mal-être commun à de nombreuses Américaines des années 1960, Betty Friedan cherche à identifier les raisons de cet « indéfinissable malaise » et les éléments de sa propagation. » 33 Stein, Minnah, 2019 | Minnah Stein | ARTS, et CULTURE. « The History and Future of Women in Film - Women's Media Center ». Consulté le 31 août 2022. https://womensmediacenter.com/fbomb/the-history-and-future-of-women-in-film. 34 Jaseuses, Les. «Laura Mulvey, Plaisir Visuel et Cinéma Narratif (1975).» Les Parleuses, July 2019, lesparleuses.hypotheses.org/532. 58 Cependant, la deuxième vague de féminisme a eu son succès dans les années 1970-1980 en déplaçant l'ère du cinéma féministe en Amérique et en Grande-Bretagne. "Cependant, ce mouvement a changé en raison des concepts radicaux du féminisme et en raison des opinions politiques problématiques qui étaient la montée dans les années 1980 « Ces collectifs de cinéastes féministes, distributeurs et festivals ont disparu à partir de la fin des années 1980, en raison des compressions et des changements dans le financement des organismes artistiques, des radiodiffuseurs et d'autres organismes publics mis en oeuvre par les gouvernements Thatcher et Reagan. Et encouragé par la réaction contre le féminisme dans la culture néoconservatrice croissante des années 1980, qui a entraîné le déclin des groupes de conscientisation des femmes, des programmes universitaires d'études des femmes et des centres communautaires des femmes, qui avaient été des composantes clés du mouvement du film féministe.35» «Les études médiatiques féministes et les Cultural Studies ont trouvé dans la problématisation de la représentation comme pratiques discursives de pouvoir constitutives de la réalité un point de convergence. En effet, la culture pour les chercheurs des Cultural Studies n'est plus envisagée dans une problématique de la domination, mais dans celle des rapports de pouvoir. Ce passage est opéré par Stuart Hall, lui-même inspiré de Gramsci. Il propose de considérer la culture comme un champ de luttes symboliques entre différents groupes sociaux. L'hégémonie s'exerce mais elle est sans garantie, en témoignent les pratiques diversifiées de réception. Ce tournant des études médiatiques a entériné une approche constructiviste des médias. Cette conflictualité est engrammée au sein des productions médiatiques, qu'il s'agisse des contenus, de leur production ou de la réception. Dans un même mouvement, les conceptualisations du genre des années 1990 et 2000 affirment que les identités de genre ne sont pas fondées en nature mais qu'elles procèdent d'identifications au sein de rapports sociaux hiérarchisés. Comme l'a montré Judith Butler, la subjectivation des individus opère de manière itérative au travers d'identifications à des normes de genre40. Analyser les contenus médiatiques permet dès lors d'accéder aux représentations collectives de ces normes, dont ils sont à la fois la scène et l'instance de reproduction. 36» Les femmes sont sous-représentées et annihilées symboliquement depuis le début de la montée des médias. Les femmes ont été confrontées à des stéréotypes, à certaines catégories, comme 35 Bell, Melanie, Shelley Cobb, Christine Gledhill, Debashree Mukherjee, Laraine Porter, Rashmi Sawhney, et Ulrike Sieglohr. « Researching Women's Film History », 2020. https://doi.org/10.7916/d8-as7q-5051. 36 Biscarrat, Laetitia. « L'analyse des médias au prisme du genre: formation d'une épistémè ». Revue française des sciences de l'information et de la communication, no 3 (30 juillet 2013). https://doi.org/10.4000/rfsic.619. 59 celles que nous avons vues ci-dessus écrites par la professeure Bertini, et ont également été soumises au regard masculin qui domine la façon dont elles sont représentées dans les médias. Gaye Tuchman soutient que les femmes ont été annihilées symboliquement pour être considérées comme des femmes au foyer et qu'elles sont banalisées en fonction de certains rôles de genre, comme les « mères, les épouses, les soignantes, etc. ». Il écrit : « annihilation symbolique » signifie que les femmes sont sous-représentées ou faussement représentées dans les médias : « Gaye Tuchman (1978) a développé le concept d'annihilation symbolique pour faire référence à la sous-représentation des femmes dans un éventail étroit de rôles sociaux, tandis que les hommes étaient représentés dans un éventail complet de rôles sociaux et professionnels. Tuchman a également fait valoir que les réalisations des femmes n'étaient souvent pas rapportées ou banalisées et souvent considérées comme moins importantes que des choses comme leur apparence Selon Tuchman, les femmes étaient souvent représentées dans des rôles liés aux stéréotypes de genre, en particulier en ce qui concerne les tâches ménagères et la maternité - un bon exemple de cela étant les publicités de poudre à laver dans lesquelles les mères et les petites filles travaillent ensemble, tandis que les hommes et les garçons sont ceux qui sont couverts de boue. 37» Les représentations des femmes dans les médias n'ont pas changé de l'année 1954 à l'année 1979, selon un article écrit par Tuchman, « « Depuis 1954, il y a eu relativement peu de changement dans la présentation des femmes selon les indicateurs statistiques disponibles13. À l'époque, seulement 45 % des personnes présentées à la télévision étaient des femmes. environ 20 pour cent de ceux montrés comme membres de la force de travail ont été des femmes. Les hommes sont présentés comme des agresseurs, les femmes comme des victimes. Symboliquement serviles, les policières qui ont été frappées au sol par un méchant sont tirées du sol par un bon gars; dans les deux cas, les femmes sont sur le sol par rapport aux hommes. Il y a 25 ans, comme aujourd'hui, les femmes à la télévision étaient concentrées dans le ghetto de la comédie de situation. Ils sont et étaient, comme l'a dit la Commission des droits civils des États-Unis, « de la poudre aux yeux sur le plateau ». Cette similitude entre le passé et le présent se retrouve ailleurs dans les médias. Dans les années 1950 comme aujourd'hui, la vie des femmes dans les magazines de fiction pour femmes a été définie en termes d'hommes-maris, amants, ou le gouffre de l'absence masculine. 37 Thompson, Author Karl. « Media Representations of Women ». ReviseSociology, 2 septembre 2019. https://revisesociology.com/2019/09/02/media-representations-women/. 60 Les annonces continuent de représenter les femmes à la maison et les hommes à l'extérieur, bien qu'il n'y ait pas de comparaison statistique systématique des annonces d'il y a 25 ans avec celles d'aujourd'hui. Les voix hors champ continuent d'être dominées par les hommes; moins de 10 % utilisent la voix des femmes pour annoncer les pauses dans les stations, les émissions à venir et l'endroit où acheter un produit. Bien sûr, il semble y avoir des différences entre les médias d'hier et d'aujourd'hui, particulièrement en ce qui concerne les minorités. Cependant, les femmes appartenant à des minorités, soit environ 2,9 % des gens à la télévision, sont concentrées dans des comédies de situation axées sur la famille17. Mais au moins, elles apparaissent maintenant à la télévision; au début des années 1960, la présence régulière d'une femme noire dans une émission aux heures de grande écoute a contribué à son annulation. Cependant, la simple présence ne suffit pas. Lemon souligne que sur certains spectacles les hommes ont dominé les femmes tellement que l'apparition régulière d'une co-star féminine semblait augmenter la domination masculine blanche. La présence permet également de réitérer les stéréotypes : Les modèles de dominance dans les interactions sur les heures de grande écoute contrastent la "matriarche noire" avec la position moins forte de la femme blanche au sein de sa famille. Et, les médias de masse supposent ainsi la supériorité masculine que les hommes donnent même plus de conseils sur les enchevêtrements personnels sur les feuilletons que les femmes. Cette constatation semble particulièrement significative, car les feuilletons se rapprochent davantage de la présentation d'un monde pseudo-égalitaire que les autres programmes de télévision et la plupart des autres médias. 38» Plus tard en 1980, les femmes étaient encore sous-représentées et symboliquement annihilées dans les rôles de femmes au foyer et de mères et de personnages passifs dont le seul rôle est d'écouter leurs partenaires masculins et d'obéir aux règles sexospécifiques qui leur sont imposées par les hommes société. Même en 2006, les femmes étaient encore banalisées et dévalorisées alors que Thompson partageait des informations de la Women's Sport and Fitness Foundation, Thompson écrit : «Ferguson (1980) a effectué une analyse du contenu des magazines féminins de la fin de la Seconde Guerre mondiale à 1980 et a constaté que les représentations étaient organisées autour de ce qu'elle a appelé le culte de la féminité, basé sur des rôles et des le mariage et le souci de paraître. 38 Tuchman, Gaye. « Women's Depiction by the Mass Media ». Signs: Journal of Women in Culture and Society 4, no 3 (avril 1979): 528-42. https://doi.org/10.1086/493636. 61 Ferguson a noté que les magazines destinés aux adolescentes offraient un plus large éventail de représentations féminines, mais il y avait encore un accent sur lui, à la maison, et en regardant bien pour lui. 39» |
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