III- LA PROBLEMATIQUE
Dans le cadre de notre étude, nous ferons d'abord une
revue de la littérature des ouvrages qui abordent la
problématique de l'électrification rurale. Par la suite, nous
présenterons la problématique qui est la nôtre.
1- La revue de la littérature
M.W POKAM KAMDEM, (2016), dans ses recherches, tente de faire
une sociohistoire de l'électrification en milieu rural camerounais. Dans
son ouvrage, il essaie d'apporter une réponse à la question :
Comment s'est faite l'électrification rurale au
Cameroun ? De Cette
question, en découle d'autres : quelle
périodisation affecter à cette initiative
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? Qui en sont les acteurs et quelles sont les interactions
entre eux ? Comment cette initiative est-elle financée ? Quels choix
technologiques sont-ils opérés pour la mettre en oeuvre ?
Ses recherches permettent de déterminer les acteurs du
processus d'électrification, les
étapes du processus d'électrification rurale au
Cameroun et d'établir un bilan. De ces travaux, il en ressort que le
niveau de l'électrification rurale au Cameroun est encore faible
malgré que le processus semble avoir été relancé
depuis le milieu des années 2000. En outre, M.W POKAM KAMDEM, pose trois
problèmes qui sont aujourd'hui discutés, à savoir : le
problème du financement, les choix techniques appropriés et celui
des options décentralisées qui tardent à s'imposer.
L'auteur soutient que tous ces changements pourraient permettre une
augmentation du taux d'accès à l'électricité en
milieu rural à condition de s'inscrire dans la durée.
Par ailleurs, C. KAPSEU et al, (2012), abordent une
réflexion sur les énergies renouvelables en Afrique
subsaharienne. Ils soutiennent que le développement et l'appropriation
des énergies renouvelables constituent une préoccupation majeure
de notre époque et ce domaine suscite actuellement de nombreux
intérêts du fait de la hausse du prix de l'énergie et de
l'impérieuse nécessité de trouver de nouvelles sources
d'énergie. Ces travaux présentent l'ensemble des énergies
renouvelables à savoir : les énergies éoliennes, terrestre
ou offshore, les énergies solaires thermiques ou photovoltaïques,
les énergies hydrauliques, la biomasse. Ces auteurs répondent
à toutes les questions que pourraient se poser les spécialistes
et les chercheurs en la matière des énergies solaires mais
également les étudiants et le grand public en quête de
connaissances. C'est dans ce sens qu'ils soulignent :
Les obstacles au développement du secteur des
énergies renouvelables sont d'ordres politique, technique,
institutionnel et financier. Pour dynamiser le développement du secteur
des énergies renouvelables. Il s'agit notamment d'établir une
coopération étroite entre les partenaires financiers,
institutionnels et gouvernementaux pour soutenir les projets d'énergie
renouvelable; d'intensifier la coopération internationale; une attention
particulière devrait également être portée au
renforcement des capacités techniques qui permettront de produire
localement les équipements nécessaires pour assurer un
approvisionnement énergétique durable; d'encourager les cadres
politiques, juridiques et institutionnels consacrés aux énergies
renouvelables; de mettre en place des politiques et programmes à long
terme sur les énergies renouvelables, y compris le secteur privé;
de réorganiser et créer des structures financières
spéciales pour les agences de contrôle des énergies
renouvelables.(2012 : 132)
Pour YAO ASSOGBA, (2000 :36), les africains ne peuvent
réaliser un développement durable véritable en qu'en
tirant des enseignements de la pensée de l'histoire économique de
Braudel. Il faut qu'ils prennent en compte les réalités du
continent, les politiques et les programmes de développement doivent
assurer d'abord, le passage de l'économie de subsistance
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à l'économie locale. Ensuite, ils doivent
consolider celle-ci et progressivement l'inscrire dans des économies
plus vastes aux niveaux régional, national et international. Sur le plan
idéologique, YAO ASSOGBA propose aux africains de mettre de
côté les idées de rattrapage des pays
développés. L'essentiel pour l'Afrique est de se rattraper par
rapport à elle-même d'abord en matière de
développement durable avant de chercher à rattraper l'Occident.
En outre, il oeuvre pour une économie verte propre au milieu rural
africain. Pour lui, le développement durable est un processus qui est
lié de façon intrinsèque à la capacité de
consolider les liens sociaux dans des collectivités d'un territoire bien
défini. Il est également lié à la capacité
des populations de gérer leur environnement naturel d'une manière
viable, à travers l'élaboration d'un cadre institutionnel
approprié et d'une identité culturelle qui a sa base
matérielle dans la construction même du territoire.
Quant aux travaux de G. DESARNAUD (2016), il en ressort que
l'enjeu des investissements ne porte pas fondamentalement sur les montants
envisagés, mais plutôt sur le type d'investissement à
réaliser. Privilégier l'extension des réseaux dans les
zones reculées et faibles en densité de population et où
les habitants ont des capacités de financement très faibles,
rendent les projets d'électrification difficilement rentables. Les
enjeux de gouvernance et le manque de structures compétentes sur place
font peser un risque supplémentaire sur les investisseurs potentiels,
malgré des perspectives économiques encourageantes, notamment
dans le secteur naissant des énergies décentralisées
renouvelables. Pour l'auteur, les obstacles ne semblent pas liés au
montant des financements à engager. Il soutient que les énergies
renouvelables sont peut-être l'occasion de maximiser les
bénéfices de l'électrification en milieu rural à
travers la création des systèmes hors réseau et les
mini-réseaux ; cela permet d'agir en faveur d'un développement
sain et durable sur du long terme. L'auteur pense par ailleurs que cela permet
de contourner les dérives institutionnelles de certains pays, qui minent
les projets d'électrification par la corruption et une volonté
politique qui ne sert pas toujours les plus vulnérables.
En outre, l'éco-sociologue Samuel-Beni ELLA ELLA
(2016), dans ses travaux pose le problème de l'implémentation
d'un véritable développement durable dans la boucle du Dja.
D'après l'auteur, le milieu rural camerounais notamment la boucle du Dja
dispose de nombreux atouts pour le développement durable ceci à
travers l'éco-agriculture et l'éco-tourisme. En effet, il s'agit
de démontrer que le milieu rural camerounais notamment la boucle du Dja
dispose de nombreux atouts pour l'implémentation d'une véritable
économie verte mais ce potentiel reste encore sous exploité.
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MÜLLER-PLANTENBERG (2005 :230), auteur de la
théorie de l'économie solidaire montre que celle-ci « se
présente comme une réponse sociale à une globalisation
néo-libérale ».
P. JURGENSEN (2009), dans ses travaux embrasse un vaste
domaine à savoir: l'écologie, la survie de la planète, le
développement durable, le respect de l'environnement, la pollution,
toutes ces questions qui sont d'actualité aujourd'hui. Dans ses travaux,
plusieurs questions sont au centre de sa recherche : « Est-ce possible
? Et comment ? Faut-il casser la croissance ou la réinventer ? Faut-il
taxer les pollueurs ? La protection de l'environnement développe-t-elle
des marchés ? Les entreprises deviennent-elles socialement responsables
? ». Il dresse par ailleurs un bilan de la situation actuelle de la
planète, et montre que l'on peut et l'on doit «
réconcilier économie et environnement » lesquels
doivent être mis au service de la nature et de la planète. En
plus, il présente les moyens de résoudre certains grands
problèmes, notamment : combattre l'effet de serre, changer de
stratégie énergétique, protéger les ressources
naturelles, dépolluer ce qui coûte plus cher que polluer et
d'autres encore.
J-M CHEVALIER, (2013), dans ses analyses, présente la
problématique de la croissance verte en termes de contradiction
énergie-climat. Pour elle, la diminution des émissions de gaz
à effet de serre doit progressivement s'imposer comme une
nécessité pour sauver la planète : ceci par de nouvelles
formes de croissance, plus vertes, plus responsables, plus
décentralisées. Elle prend pour exemple certains pays, comme
l'Allemagne qui illustre son développement économique à
travers les énergies renouvelables, l'agriculture biologique,
l'écotourisme etc. Ses travaux tournent autour de la question suivante :
« De quels outils de politique économique disposons-nous pour
accélérer une transition qui est à la fois
énergétique, écologique, économique et
financière ? ». Par ailleurs, l'auteure dresse un bilan sur
les avantages des énergies renouvelables en Allemagne, et estime que la
croissance verte est l'un des piliers de son économie.
N. GIROUARD et B. LABUHN, (2013), dans leurs réflexions
évoquent le cas de l'Allemagne qui a fait de la croissance verte un
objectif majeur de sa politique économique et sociale, notamment dans le
secteur des industries des énergies renouvelables. En
réalité, l'Allemagne fait d'importants efforts en matière
de réduction des émissions de carbone et d'intensité
d'utilisation de ses ressources. Pour ces auteurs, l'énergie est un
secteur de première importance pour l'économie.
Avec le développement des énergies renouvelables, on
observe ces dernières années une nette augmentation des emplois
dans ce domaine notamment en Allemagne.
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Ces auteurs présentent par ailleurs le bilan de la
croissance verte pour les pays de l'OCDE7. Elles soutiennent que le
modèle de croissance qu'ont historiquement porté les pays
développés est trop risqué et est à l'origine de
l'épuisement des ressources naturelles et d'une pollution
environnementale. Par ailleurs, le réchauffement climatique et la
réduction de la biodiversité nécessitent de
réfléchir à une croissance plus inclusive. La
stratégie pour une croissance verte lancée par l'OCDE en 2011, a
ainsi décrit un certain nombre de leviers sur lesquels les politiques
publiques pourraient agir pour concilier la croissance et le respect de
l'environnement. L'idée centrale est que la stratégie de
croissance verte doit s'insérer dans le cadre global de la politique
économique et de la planification du développement, mais
s'adapter au contexte institutionnel de chaque pays. Un premier bilan de l'OCDE
montre que les pays utilisent de manière diversifiée l'action sur
les règles de la concurrence, les mesures incitatives en matière
d'innovation, les systèmes de permis négociables pour
réduire les émissions de GES, les taxes et les subventions. Sur
la base de groupe d'indicateurs qui restent à perfectionner comme la
productivité de l'environnement et des ressources, la base d'actifs
naturels, la dimension environnementale de la qualité de la vie, et les
opportunités économiques des technologies vertes, l'OCDE constate
que la productivité de l'environnement et des ressources augmentent,
mais sans baisse absolue des pressions environnementales ou avec une
utilisation plus durable de certains actifs naturels.
C. STOFFAËS (2013), quant à lui aborde la question
de l'électrification durable au sein des pays pauvres et principalement
l'engagement personnel de l'ancien secrétaire général de
l'ONU BAN-KI-MOON, qui soutenait une économie verte en faveur des pays
sous-développés. Pour lui, l'économie verte constitue un
facteur de développement durable pour les pays pauvres qui n'ont pas de
moyens technologiques et d'investissements coûteux contrairement aux pays
développés. Il soutient la thèse selon laquelle,
l'électrification durable des zones rurales de l'Afrique subsaharienne
pourrait permettre d'avancer dans l'éradication de l'extrême
pauvreté en milieu rural et promouvoir un développement
énergétique durable qui permettra l'accès à
l'éclairage, les moyens de communication électroniques, la
recharge des téléphones portables, l'eau potable par forage, la
modernisation agricole, etc. Selon cet auteur, c'est le continent africain qui
doit être ciblé dans l'effort de solidarité internationale,
notamment en comblant l'écart en matière de financements et de
compétences techniques et entrepreneuriales.
En outre, M. DJUIKOM (2008), attire
l'attention sur un certain nombre de constats du champ de développement,
notamment en milieu rural africain. D'une part, elle s'interroge dans
7 Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE). En 1961, succédé
à l'organisation européenne de coopération
économique (OECE), fondé en 1948 pour gérer l'aide
américaine d'après-guerre.
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quelle mesure et avec quel type d'organisation la promotion
des énergies nouvelles et renouvelables pourraient contribuer à
améliorer le bien-être et les conditions de vie des populations en
milieu rural. Son travail se veut interpellateur sur les schémas de
développement qui ont conduit à la pauvreté et la
misère en milieu rural, particulièrement en Afrique
subsaharienne. Pour l'auteur, parler de développement durable
intègre logiquement les dimensions tant économiques que
techniques, sociales, écologiques et environnementales. Le
développement des énergies renouvelables en milieu rural pourrait
générer de nombreux changements, des atouts économiques et
le développement local.
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