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Analyse de la mobilisation des ressources propres des collectivités territoriales du Bénin. Cas de la commune d'Abomey-Calavi.


par Dado Fabrice DEGBEDJI
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Licence Professionnelle en Economie et Gestion des Collectivités Locales 2016
  

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Section 2 : Revue de littérature et méthodologie de recherche

Paragraphe 1 : Revue de littérature

Le transfert de compétences et de ressources demeure l'un des chantiers inachevés de la décentralisation au Bénin, à cause de l'ineffectivité intégrale de ces transferts aux communes par l'Etat depuis 2003. Ce transfert est perçu par les acteurs locaux et certains autres acteurs (y compris étatiques) du processus de la décentralisation au Bénin comme une condition indispensable pour la réussite de ce système. Cette question a été plusieurs fois l'objet de situation conflictuelle entre l'Etat et certaines autorités locales (cas de la commune de Cotonou concernant la gestion des marchés). Précisons que cette situation explique d'une part, le faible niveau de mobilisation des ressources propres des communes aujourd'hui et d'autre part, l'état actuel du développement local au Bénin. Pour répondre aux objectifs de la présente étude, il importe d'une part, de passer en revue les différents concepts relatifs à la décentralisation et d'autre part, de faire le point, même synthétique, des études déjà réalisées sur ce sujet sans oublier les termes relatifs à la mobilisation des ressources.

En général, dans les communes béninoises, il se pose la problématique de la qualité des politiques de mobilisation des ressources propres. En effet, elles sont de plus en plus insuffisantes pour exécuter les projets de développement des autorités locales. C'est dans ce sens que, Tossou (2015) explique que, ce problème de faiblesse des ressources est relatif à certains facteurs liés à l'absence de transparence dans la gestion communale. Le budget est resté toujours un document inaccessible aux différents acteurs et principalement à la population. Les textes relatifs à la mobilisation des ressources ne sont pas connus des contribuables (paiement des acomptes provisionnels par exemple). Les programmes d'investissement et leurs sources de financement sont mal connus. Il règne autour de la gestion budgétaire une certaine opacité telle que : l'absence de compte rendu de l'utilisation des impôts et taxes payés. Dans le présent mémoire, il s'agira d'identifier les raisons qui expliquent le niveau actuel des ressources propres mobilisées dans la Commune d'Abomey-Calavi.

Selon Yatta(2000), « la faiblesse de ressources est également liée à la crise financière que connaissent les états et qui les met dans la quasi impossibilité de transférer aux collectivités locales des ressources qu'eux-mêmes ont du mal à réunir en raison du niveau général de pauvreté des populations. De même la pondération du secteur informel dans les économies Africaines n'est sans doute pas étrangère à cette situation ». Pour la présente recherche, il

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Commune d'Abomey-Calavi.

s'agira de déterminer l'impact que peuvent avoir les ressources de l'Etat sur les transferts opérés au profit des communes, surtout financiers et de compétences.

Selon un rapport de la SNV(2000) sur la capacité de financement des communes, la plupart des communes ont une très faible capacité d'investissement sur ressources propres. La plus grande source d'investissement des communes demeure les transferts financiers de l'Etat et les programmes des bailleurs de fonds. Malheureusement, ces transferts sont très faibles par rapport aux besoins réels de financement du développement des communes. De même, lesdits transferts de l'Etat accusent beaucoup de retard. Il s'agira ici de voir si la commune d'Abomey-Calavi prend des dispositions pour pallier les problèmes liés au transfert de ressources par l'Etat aux communes.

Toubala(2004)quant à lui, affirme que « les finances locales garantes de l'autonomie financière des collectivités locales apparaissent aussi comme la condition sine qua none de réussite de la décentralisation ». Cela voudra dire que la prospérité à la base sera une réalité si la commune arrive à mobiliser les ressources nécessaires pour couvrir ses charges. Dans ce sens, le moyen adéquat est le paiement des impôts et taxes par les contribuables. Dans le présent mémoire, il s'agira de mettre l'accent sur le niveau de mobilisation des ressources propres de la Commune d'Abomey-Calavi témoignant sa compétence d'autonomie financière.

Dembele(2009), les stratégies à adopter pour améliorer la mobilisation des ressources propres des communes des pays de l'Afrique se trouvent dans beaucoup de concepts de base. Mais pour lui, ces stratégies se résument par :

- l'élaboration et l'adoption d'un plan local et/ou de plan stratégique de développement (comprenant le plan d'action prioritaire d'investissement communal, rationnel, objectif, la stratégie de mise en oeuvre et d'évaluation) ;

- l'adoption de mesures spécifiques en conseil municipal ou communal.

En effet, dans sa vision de recherche de politique de mobilisation des ressources propres des communes, ressortent les outils d'aide de mobilisation des ressources qui existent déjà dans les pays de l'Afrique comme le cas au Bénin et au Ruanda, des Registres Fonciers Urbains (RFU). Comme d'autres outils d'aide de mobilisation des ressources propres, il y a : les applications fiscales, foncières et de gestion urbaine ; le logiciel de gestion des finances locales, et exécution de formation. Dans la présente recherche, il s'agira de proposer à la commune

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Commune d'Abomey-Calavi.

d'Abomey-Calavi de nouvelles stratégies et de nouveaux outils de mobilisation des ressources propres.

Au cours d'un séminaire sur « les finances locales, moteur de développement » tenu à l'université Senghor d'Alexandrine du 15 au 16 Septembre 2010 par l'Association Internationale des Maires Francophones(AIMF), il a été relevé que «les difficultés pour mobiliser les ressources propres ne sont pas de nature occasionnelle, mais au contraire de nature structurelle. Pour cette raison, les conditions globales de mobilisation des ressources locales propres découlent de :

- la relation directe de proximité de l'exécutif des collectivités locales avec les populations ;

- la promotion d'une démarche participative;

- la transparence et la bonne gouvernance qui incite au civisme fiscal;

- le développement d'une authentique démocratie locale. La présente étude notifiera à la Commune d'Abomey-Calavi que ces difficultés de mobilisation des ressources propres découlent du climat de confiance entre les populations et les élus locaux.

Sawadogo (2002) s'interroge sur « comment atteindre une souveraineté fiscale ? ».Selon lui, «Si les affaires sont socialement acceptées et correspondent aux aspirations fondamentales des populations et légitimées collectivement, on devrait assister logiquement à l'engagement d'une fiscalité qui ne serait plus une imposition de l'extérieur, mais une pratique intégrée dans les consciences collectives». Cela signifie qu'il faille que les populations elles-mêmes décident de leurs affaires et y voir claire. Ce sont les populations elles-mêmes qui savent ce qui leur convient le mieux et non forcément les élus locaux. La présente étude montrera à la Commune d'Abomey- Calavi qu'on ne peut atteindre la souveraineté fiscale s'il y a une forte implication des populations dans les affaires locales.

Selon un rapport de la SNV, « Par rapport aux affaires communales, elles sont encore aggravées par le système d'opacité dans la gestion des ressources financières par les responsables. Une vision erronée mais vérifiée dans la pratique des candidatures aux élections communales explique quelque peu ce comportement des élus communaux. C'est une vision selon laquelle il est prévu que les candidats élus à l'issue des élections communales et principalement les membres du bureau communal se fassent rembourser les sommes d'argent

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injectées dans leurs campagnes. Pour procéder à ce remboursement et s'enrichir, les organes dirigeants, avec la complicité de certains agents des services de la mairie, développent des modes de gestions qui ne permettent aucune transparence dans l'utilisation des ressources financières communales. Face à cette situation, les citoyens développent le doute, la résistance et même le refus de payer les taxes et impôts, à plus forte raison, de faire une contribution financière spécifique par rapport à telle ou telle entreprise de développement communal ». Pour cette présente recherche, il sera notifié à la Commune d'Abomey-Calavi que les difficultés qu'elle rencontre sur le terrain lors des recouvrements donnent raison à la gestion des ressources financières par les élus locaux une fois installés après les élections.

Dans le but d'améliorer les outils de gouvernance (la reddition des comptes, plan de communication), nos recherches s'accentueront autour de la thématique la gouvernance. En effet, la gouvernance publique peut affecter positivement ou négativement la mobilisation de ressources locales propres. Ainsi, de nombreux pays en développement sont affectés par une forte corruption qui va à l'encontre de la mobilisation de ressources fiscales. Le Bénin n'est pas une exception parmi les Etats africains au sud du Sahara où la réalité de l'Etat est en cours d'affirmation dans un contexte souvent difficile. Cette relation négative entre la corruption et la mobilisation fiscale a été vérifiée notamment par Ghura (1998) et Attila, Chambas, Combes (2006). Cependant les outils de gouvernance (la reddition des comptes, le plan de communication et le rapport de l'avancement du PDC) contribuent à une bonne mobilisation de ressources locales propres, en particulier le plan de communication. En effet, le plan de communication se définie comme un moyen ou des stratégies mises en oeuvre pour diffuser ou transmettre une information dirigée vers la mobilisation des ressources. La communication joue un rôle très important dans la mobilisation des ressources propres dans la mesure où elle permet à la population :

? d'appréhender le rôle de l'élu et les problèmes de la commune ;

? d'apprécier les élus locaux sur leur manières de gérer le patrimoine commun, de résoudre le problème de développement ;

? de connaître le niveau d'évolution de la commune ;

? de participer et de contribuer au développement de sa localité connaissant ses forces et ses faiblesses.

Du côté du maire, la communication lui permet de :

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- faire connaître le plan d'action communal ; - de s'imprégner des réalités de la commune ; - de s'évaluer et de se corriger.

Dans cette même logique de mobilisation des ressources locales propres, il est recommandé le « recensement et évaluation exhaustifs de la matière imposable » comme ce fut le cas dans les recommandations issues de l'atelier de formation de l'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB), tenue à Cotonou (Bénin) en Septembre 2010. La présente étude de recherche mettra l'accent sur le recensement, la reddition des comptes et l'élaboration d'un plan de communicationafin de montrer à la Commune d'Abomey-Calavi que ceux-ci constituent une bonne politique de mobilisation des ressources propres.

KPATCHA (2007) dans son mémoire intitulé « Problématique du transfert de compétence aux communes : stratégie des acteurs et perspectives : cas des communes du Zou », consacré essentiellement à l'épineuse question des transferts de compétences au Bénin. Sur la question, KPATCHA préconise l'instauration d'un creuset de négociation quidéfinit les champs d'actions ainsi que les chronogrammes adaptés. Nous pensons à cet effet que, dans les conditions de gouvernance politique actuelle de notre pays, les rapports de forces astreignent les autorités communales à dépasser les exigences en optant pour la collaboration. C'est donc dans un creuset de dialogue constructif que les priorités peuvent être déterminées ainsi que les conditions de réalisation.

Pour ADEGNIKA (2005) dans son mémoire intitulé « Décentralisation au Bénin : la question du transfert des compétences et des ressources par l'Etat aux communes » écrit que la capacité de mobilisation des ressources propres des communes témoigne de leur stabilité et de leur viabilité financière. Au regard des finances locales des communes, les ressources traditionnelles provenant de la décentralisation ne sont pas de nature à les aider à avoir une véritable autonomie financière et à une gestion efficace. Il ajoute que « les composantes les plus importantes des ressources locales propres sont les recettes des marchés et les recettes tirées de l'établissement des actes administratifs ». Autrement dire, il s'agit des recettes non fiscales. Ces recettes, s'il existe une bonne politique des communes pour leur recouvrement et leur gestion, seraient d'un appoint inestimable pour la gouvernance locale. Mais force est de constater que l'incivisme des populations, la pauvreté et le défaut d'une sociologie de décentralisation des élus locaux constituent un obstacle pour la mobilisation des ressources propres.

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D'après l'Institut royal des tropiques, Kit (2004) : « le développement à la base n'est véritablement possible que lorsque les communes disposent de ressources financières suffisantes pour réaliser les investissements. Elles doivent mobiliser des ressources financières locales. Les ressources sont le premier instrument de la politique de développement local qui constitue la finalité de la décentralisation. Une commune qui n'arrive pas à mobiliser suffisamment de ressources financières cesse de fonctionner et ne peut plus investir dans le développement ». Il s'agit de rechercher l'amélioration permanente des conditions de vie des populations par un développement de l'économie locale, grâce au volume des ressources qui sont tirées par voie fiscale, afin de financer le Plan de Développement Communal (PDC).

Dans cette même logique, des recommandations du manuel de la formation à l'endroit des élus et du personnel en son module intitulé :«Mobilisation des ressources financières» organisée par le Programme d'appui au Démarrage des communes (PRODECOM) en juillet 2005 seront utilisées pour une forte mobilisation des ressources d'investissement en particulier et celle des ressources financières en général.

Ainsi, nous pouvons retenir avec Agrawad et Ribot (1999) que, la décentralisation est une stratégie de gouvernance pour faciliter le transfert de pouvoir tout près de ceux qui sont les plus affecté par son exercice. Ce transfert pourrait se résumer par un principe d'équilibre d'exercice de pouvoir entre l'Etat et les collectivités locales.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon