II. Conséquences du recyclage des DEEE
1. Pollution de l'environnement
Tous ces composants sont toxiques et/ou
cancérogènes. Dans les pays développés, le
traitement des DEEE est beaucoup plus organisé avec une
réglementation beaucoup plus stricte. Pour chaque étape du
processus de recyclage, un système de ventilation et de
récupération de la poussière émise est
installé par exemple afin de limiter au mieux la pollution
(Silvente E., 2017). Cependant, si la
manipulation des DEEE est faite sans protection adéquate, elle expose
les manipulateurs et le voisinage à de graves conséquences. En
effet, ils sont néfastes sur l'environnement surtout lorsqu'ils sont
mélangés, sans traitement, aux ordures et jetés dans les
décharges sauvages. Le stockage et le recyclage des déchets
polluent les sols, les sous-sols, l'air et l'eau (nappe phréatique,
cours d'eau) et rendent impropre à la consommation des aliments ou de
l'eau. Greenpeace International (2007) a mis en évidence la
présence de quantités élevées de métaux
dangereux (cadmium, plomb...) dans des échantillons de sols et d'eaux
prélevés à proximité des régions de
démantèlement des équipements électroniques en
Chine et en Inde. Les mêmes dégâts environnementaux se
produisent dans les autres pays en voie de développement où le
traitement des DEEE est assuré par le secteur informel
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(Bensebaa F. et Boudier F., 2014).
Par un phénomène de bioconcentration, de bioaccumulation et de
bioamplification, ces substances toxiques se retrouvent dans la chaîne
alimentaire (Diop C. et Thioune R.,
2014).
La gestion des DEEE doit être assurée par des
services compétents afin de veiller au respect des mesures de protection
qu'elle impose et d'éviter des accidents écologiques comme celui
de Ngagne Diaw en 2008 qui a fait de nombreuses victimes à la suite
d'une intoxication collective au plomb. Dans cette localité de Thiaroye
sur Mer, l'une des principales activités était la
récupération de plomb dans les batteries qui fut à
l'origine d'un phénomène de saturnisme causant beaucoup de
dégâts principalement chez les femmes et les enfants
(Haefliger P. et al, 2009).
2. Exposition en milieu professionnel
2.1. Voies d'exposition professionnelle
Tous les métiers de traitement des déchets
comportent des dangers auxquels sont constamment exposés les agents avec
plus ou moins de dangerosité selon le type de manipulation et de
déchet. Les
nombreuses substances dangereuses qu'ils contiennent sont
fortement toxiques pour les travailleurs et
l'environnement. L'espace de travail des agents parfois
confiné et les particules en suspension peuvent être à
l'origine d'intoxication aigue ou chronique qui se manifeste par diverses
affections respiratoires, cutanées...
La pollution se localise principalement au niveau des postes
de travail et est générée par les opérations
manuelles de démantèlement (Lecler M.T. et al.,
2012). Les poussières sont un mélange de particules
suffisamment légères pour rester en suspension dans l'air. En
hygiène industrielle, nous distinguons plusieurs fractions
granulométriques des poussières, les deux principales sont la
fraction inhalable (Diamètre aérodynamique (Dae< 100
ìm) qui représente toutes les particules susceptibles
d'être inhalées, et la fraction alvéolaire (Dae < 4
ìm) qui représente les particules les plus fines qui peuvent
pénétrer jusqu'aux alvéoles pulmonaires (SUVA,
2016).
L'exposition peut se faire par :
· Voie respiratoire : La fraction
inhalable est souvent la plus importante du point de vue biologique dans le
milieu du travail. Son action dépend de la quantité
inhalée, de la taille des particules mais aussi de leurs
caractères physico-chimiques (Barbieux J.P. et al.,
2008).
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Voie cutanée : elle est surtout
importante comme voie indirecte d'exposition par l'ingestion. Les particules
déposées sur la peau, (les lèvres et les environs de la
bouche) peuvent, certainement dans le cas d'une mauvaise hygiène,
être ingérées et se retrouver dans le tractus digestif.
L'absorption directe de métaux par la peau est plutôt rare, mais
elle a été quand même décrite pour quelques
métaux comme le cobalt (Barbieux J.P. et al.,
2008).
· Par voie orale : uniquement la
conséquence d'incidents ou d'une mauvaise hygiène alimentaire
(Barbieux J.P. et al., 2008).
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