2. Les facteurs influençant la performance de
l'équipe mobile :
La performance des activités de l'équipe mobile
qui assure les fonctions essentielles de dépistage, de traitement, de
vaccination et de chimio-prophylaxie, est influencée par des facteurs
tels que ceux liées au contenu du paquet minimum d'activité
(Benjamin, 2002 ; OMS, 2006).
Cayla (2002), a soulevé que l'absence des interventions
diversifiées, la complexité et l'insuffisance des dispositifs
fournis lors des équipes mobiles répercutent négativement
sur le versant de la promotion de la santé chez le public
défini.
Selon Maazouzi, Benbrahim, Atif et Touil (2005), les mauvaises
réalisations au niveau des différentes activités de
l'équipe mobile sont dues à la charge du paquet
d'activité.
En plus , Barbieri et Cantrelle (n.d) affirment que, le
rôle des équipes mobiles est limité à un nombre
restreint d'activités. Dans cette optique, Dash et al (2009) constatent
que les services offerts par les unités mobiles de santé (UMS),
sont des services qui ne peuvent pas toujours répondre aux exigences et
aux attentes
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des populations, par exemple, pour traiter des maladies
chroniques, ou fournir d'autres soins complémentaires.
Le rendement de l'équipe mobile est aussi
influencé par la qualité des prestations, Mino
(2007) exprime que la qualité des interventions des EMSP reste
limitée vu que la gestion des symptômes et des pratiques sont
affectées dans le temps (à quelques visites), dans leurs
objectifs (régler ponctuellement un problème clinique). Cette
situation selon Michaud (2005), n'aide pas à réaliser des soins
minutieux, adaptés pour chaque cas.
D'après une étude réalisée en Inde
sur une population de 40 à 60 patients pendant une durée de 3
heures, les UMS préservent en moyen 3 minutes pour chaque malade, ce qui
retentit sur la qualité des soins, de gain de confiance auprès
des populations desservies (Dash et al, 2009).
L'adaptabilité des ressources est un déterminant
qui retentit sur la performance de l équipe mobile, d'ailleurs
constatent qu'il est très difficile de réaliser les
activités lors des EMS vu le cadre d'intervention qui est très
large et la complexité de la tâche par rapport à l'effectif
qui est réduit (Girard, Estecahandy et Chauvin, 2009). Devant cette
situation, les professionnels de santé ont tendance à abandonner
leurs activités (Dash et al, 2009).
Un autre facteur s'ajoute au précédent, c'est
celui des ressources humaines. Girard, Estecahandy et Chauvin (2009)
soulèvent que le manque de moyen humain est un facteur
préoccupant qui retentit sur les réalisations de l'équipe
mobile.
De sa part, Mino (2007) exprime que le problème
principal de l'organisation des équipes mobiles est lié à
la faiblesse des moyens humains.
Dans le même sens, Rombeau (2009)
exprime qu'une insuffisance des ressources humaines et vu l'ampleur des
problèmes rencontrés, un sentiment de
13
frustration et d'insatisfaction s'installera chez la
majorité des collaborateurs de l'équipe mobile.
Ainsi, Laveissiere et Meda (1993) affirment que la carence en
ressources humaines freine le déroulement normal des activités de
l'équipe mobile.
Sans omettre que le manque de ressources financières
reste la chose la plus redoutable pour les dirigeants de santé pour
organiser des équipes mobiles à cause du coût
élevé des opérations (Laveissiere et Meda, 1993).
Dans la même optique, la vétusté des
moyens de locomotion, la durée de vie des véhicules qui sont mis
à la disposition de l'équipe mobile, l'augmentation des prix du
carburant et les frais d'entretiens supplémentaires qu'engendre l'engin
réservé aux équipes mobiles sont toutes des causes
alarmantes d'ordre financier qui répercutent sur le fonctionnement des
équipes mobiles (Pepin et al, 1989).
En plus, Selon Maazouzi et al (2005) les réalisations
médiocre au niveau de l'équipe mobile sanitaire sont dues
essentiellement à l'insuffisance des moyens de déplacement pour
le personnel de santé.
La Banque mondiale en Amérique latine et des
Caraïbes (2009) constate une absence d'un budget pour le transport dans
les départements ruraux et par conséquent des résultats
négatifs pour un système de santé en milieu rural
Nezhir Ould Hahmed (2004), souligne que le
sous-équipement des équipes mobiles, en particulier en
matériel pour la vaccination, les fréquentes ruptures de stocks
de médicaments engendre des résultats non satisfaisants pour les
programmes de santé.
La formation du personnel de santé est un autre facteur
influençant les réalisations des équipes mobiles. Le
ministère de la santé (2009) affirme que le système de
santé marocain est dépourvu d`une filière de formation
destinée à un
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certain type d»agent de santé communautaire pour
la réussite de l'équipe mobile communautaire.
En plus, la plupart des équipes n'ont pas les
compétences de bases nécessaires pour travailler efficacement
dans un environnement particulier et se heurtent à des situations
difficiles, ce qui explique les réalisations de l'équipe mobile
qui ne sont pas satisfaisantes (Markstein et Colin, 2003).
Le mode mobile est un moyen qui a été
développé en raison des problèmes d'accessibilité
aux structures fixes. Son organisation et son fonctionnement connaissent des
difficultés pour diverses raisons dont la planification constitue la
première cause, les équipes mobiles échouent à
cause d'une simple faute de planification ou d'organisation à la sortie
(Laveissiere et Meda, 1993).
Côté (2000) de sa part, souligne que la
qualité des services d'une EM dépend fortement d'une bonne
définition des priorités et donc une planification des
activités à réaliser pourtant, les interventions des EMSP
sont principalement orientées vers la gestion des symptômes et les
pratiques restent limitées dans le temps (à quelques visites),
dans leurs objectifs (régler ponctuellement un problème clinique,
ou, plus rarement, intervenir dans une crise relationnelle) et qu'elle ne
maîtrise aucunement la mise en oeuvre de la prise en charge (Mino,
2007).
La répartition et la définition des tâches
dans une équipe mobile est aussi un autre problème d'ordre
organisationnel qui engendre des répercussions négatives sur
l'efficacité et l'efficience des activités des programmes de
santé. Dans un tel contexte ou il n'ya pas une définition claire
et spécifique des tâches, les médecins de l'équipe
mobile limitent leur action à certaines tâches et font, en quelque
sorte, office de consultants pour les infirmières (Mino, 2007).
15
Sur le terrain, Certains personnels de l'équipe mobile
fonctionnent à temps partiels sur cette structure mobile et le reste du
temps sur les secteurs (Rombeau, 2009).
Dans un autre volet, la programmation des sorties de
l'équipe mobile reste un point noir pour les gestionnaires de
santé, Pepin et al (1989) affirment que la majorité des
infirmiers ont exprimé le sentiment de frustration et de
démotivation par la coïncidence de la programmation de
l'équipe mobile avec les journées et les périodes
où il y a une surcharge des activités au niveau des centres de
santé, ce qui oblige parfois les professionnels d'annuler les sorties de
l'équipe mobile.
En plus, Mantovani et Cayla (2002) ont souligné que
l'irrégularité du passage, le moment d'intervention (fin de
journée), le temps d'intervention sont des facteurs essentiels qui
perturbent le déroulement de l'équipe mobile, ce qui donne des
résultats négatifs sur les programmes de santé.
Ainsi, Laveissiere et Meda (1993) soulèvent que la
planification des sorties et les activités de l'équipe mobile se
font dans la dernière minute sans consultation des objectifs
prévus pour la sortie, la population concernée et même les
points à programmer.
Dash et al (2009) affirment qu'une planification insuffisante
des visites des terrains par les unités mobiles de santé
entraîne le non respect du calendrier des visites des communautés
comme prévu, dans plusieurs sites, les unités mobiles de
santé rapportent que le passage de l'équipe est rare, par
conséquent, il n'y avait souvent pas de suivi efficace des populations
cibles des programmes de santé.
Sans omettre que la coordination avec les autres niveaux de
référence est un déterminant des résultats
médiocres au niveau des programmes de santé dans le cadre de
l'équipe mobile, Nectoux et al (2008) affirment que, la coordination et
le
16
travail en partenariat entre les équipes mobiles et les
secteurs coexistant semble encore peu développé et n'est pas
formalisée.
Les médecins comme les infirmiers de l'EMS disent que
parmi les limites et les insuffisances qu'ils ressentent encore sont en
matière de coordination des actions depuis la planification
jusqu'à l'élaboration du rapport final (Mantovani et Cayla,
2002)
Dans le même sens, Mino (2007) souligne que le manque de
coordination au moment de la planification des unités mobiles de
santé entre le niveau opérationnel c'est-à-dire les
professionnels de santé du terrain et les gestionnaires des programmes
au niveau tactique engendre des taux de réalisation non satisfaisantes.
Cette situation engendre une équipe mobile qui ne dispose pas de
l'autonomie administrative et décisionnelle nécessaire.
Dans un autre volet, selon Maazouzi et al (2005), la
défaillance de la couverture de l'unité mobile est due aux
conditions de travail dans les localités (DP, 2005).
Les facteurs environnementaux agissent aussi sur les
réalisations des équipes mobiles telles que les conditions
climatiques, les UMS n'atteignent pas les
communautés très éloignées pendant
les saisons pluvieuses, L'accessibilité géographique aux
points à visiter est très limitée et est l'un des
problèmes rencontrés par les professionnels de santé
(Lubrano, 2010).
Dans le même sens, au moins 3 passages ont
été assurés dans tous les villages, exception faite des
voies fluviales et pédestres qui n'ont été visitées
qu'une fois (Garin, Mouleingui, Dutailly, Brasseur, Hamono, 1992).
Laveissiere et Meda (1993) soulèvent que malgré
l'existence des équipes mobiles fonctionnelle et efficaces, la
dispersion de la population sur une aire
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géographique plus vaste ne permet pas à
l'équipe de santé d'accéder à ces régions.
Dialmy (1997) a mis en évidence plusieurs facteurs dont
l'inaccessibilité géographique (éloignement des services
de santé, trajets cahoteux, sentiers impraticables...).
La littérature des équipes mobiles insiste sur
le rôle de la participation communautaire dans les soins de santé
primaires. Les équipes mobiles qui collaborent bien avec la population
et qui sont appuyés par un agent local donnent de bons résultats
(OMS, 2008). Mais réellement, cette participation est beaucoup plus
faible, comme l'affirme Pepin et al 1989, elle se résume en
général entre 30à 50% de la population desservie.
Ainsi, le manque d'implication des différents
partenaires dans le programme de l'équipe mobile a des
dégâts graves sur le système de santé, dans la
réalité le renforcement de la collaboration et de la
coopération entre les unités mobiles de santé avec
d'autres ministères et collectivités locales n'est pas toujours
pleinement opérationnel et leur financement reste incertain (Nectoux et
al, 2008).
D'ailleurs, dans certains districts ou les UMS fournissent des
services de santé aux communautés mal desservies, les ONG n'ont
pas été suffisamment impliquées (Dash et al, 2009).
L'évaluation est nécessaires en termes
quantitatifs autant que qualitatifs, mais également en termes de
satisfaction des patients et des professionnels et de coûts
évités (Decelle, 2011).
Le manque de suivi et la supervision retentit
négativement sur les programmes de santé, Dash et al (2009)
constatent que les systèmes de suivi des UMS fournissant des
informations et en revanche des rétroactions, sont
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particulièrement faibles, dans certains sites il n'y
avait pas de dossiers des services fournis et nombre de patients pris en
charge.
Aussi, Aucune démarche évaluative n'était
proposée ni même évoquée pour de telles
évaluations des activités de l'équipe mobile ( Girard,
Estecahandy, Chauvin, 2009). Encore, selon Rombeau (2009) les équipes
mobiles ne disposent ni d'outils commun ni de recul suffisant en terme de suivi
et d'évaluation pour justifier leur existence et leurs financements.
Sans négliger que le Système d'information joue
un rôle très important du moment qu'il permet de fournir une
information claire et systématique quant aux objectifs fixés, aux
compétences et aux modes de fonctionnement (Markstein et Colin, 2003).
Mais malheureusement dans la réalité il n'existe pas actuellement
ni de procédure, ni d'outils standardisés comme moyens de
réponse et de rétroaction valable pour les unités mobiles
de santé (Rombeau, 2009).
Par conséquent, l'absence d'information sur le niveau
et le type d'intervention et les problèmes rencontrés rend
difficile l'adaptation des besoins et des modes d'intervention de
l'équipe mobile sur le terrain (Mantovani et Cayla, 2002).
Selon Markstein et Colin (2003), la Confidentialité,
secret professionnel, intimité sont autant de questions éthiques
auxquelles sont confrontées les équipes mobiles dans chaque
pays.
En plus, la langue et les barrières culturelles sont
des obstacles qui freinent la communication entre le professionnel de
santé avec la population lors des sorties de l'équipe mobile, ce
qui répercute sur les réalisations (La Banque mondiale en
Amérique latine et des Caraïbes, 2009).
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Au terme de cette recension des écrits et en guise de
synthèse, la faible performance de l'équipe mobile peut
être due à plusieurs facteurs, le chercheur les a regroupé
en cinq catégories à savoir : a) les facteurs Organisationnels
(planification,
programmation, coordination..) ; b) les facteurs liés
aux Moyens et ressources (personnels, Formation et compétences,
gestion de moyens mobilisés) ; c) les facteurs liés à la
participation communautaire (mobilisation sociale implication des
différents partenaires ) ; d) les facteurs culturelles et
environnementaux (Climats, localisation des malades dans l'espace...) et e) les
facteurs liés au Paquet d'activité (contenu du paquet
d'activité, la qualité des prestations).
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