3.2.4 Déploiement des observateurs
Le déploiement des observateurs de la MOE JPC/CENCO
n'est pas automatique. Il se fait de manière statistique, en fonction
des opérations à observer et au terme d'une évaluation par
le Facilitateur des observateurs ayant participé avec succès
à la formation y afférente. Il convient de noter qu'avant tout
déploiement, chaque observateur retenu signe le code de conduite et est
doté de son kit d'observation.
Les Observateurs ont été déployés
dans les différentes antennes (sites de leur observation). Les
Coordonnateurs provinciaux, les Directeurs des CDJP et/ou les OLT Points focaux
se trouvant dans les chefs-lieux des provinces et des territoires
étaient chargés d'obtenir l'accréditation des Observateurs
auprès des Secrétariats Exécutifs Provinciaux et les
Antennes de la CENI.
La mission assignée aux Observateurs a
été d'observer le déroulement des différentes
opérations électorales : Enregistrement des électeurs,
Réception et Traitement des candidatures, Campagnes électorales,
Déroulement du vote et affichage des résultats, Contentieux
électoraux.
Depuis 2015, JPC/CENCO a formé et déployé
41 026 observateurs (1 026 OLT et 40 000 OCT) dans les 26 provinces de la RDC
afin d'observer les différentes opérations électorales.
Concernant les élections du 30 décembre 2018, les observateurs
accrédités avaient été déployés en
raison d'au moins 1 observateur dans chacun de tous les 21 784 Centres de vote
sur toute l'étendue du pays. Ceci représentait une couverture
globale de 100% de Bureaux de vote prévus par la CENI
[46]
avec une ratio de 1 observateur pour 1 à 2 Bureaux de
vote. Il faut en outre signaler ici que la MOE JPC/CENCO avait mis en place une
chambre d'éveil « Situation Room » dont le rôle
était de suivre de près l'évolution des scrutins et de
mener, en temps réel, des actions de plaidoyer auprès des parties
prenantes concernées en vue de remédier aux incidents
signalés.
3.2.5 Collecte, transmission, suivi et traitement des
données
Se référant aux standards internationaux pour
les élections démocratiques, la MOE JPC/CENCO a relevé et
retenue 21 Obligations sur base desquelles elle conçoit ses formulaires
ou check-lists devant servir aux observateurs de collecter les données
sur terrain.
Pour la collecte et la transmission des données, la MOE
JPC/CENCO s'est dotée d'un Centre de Collecte et de Traitement des
Données (CCTD) dans lequel on retrouve un Call Center composé de
408 Agents qui interagissaient avec les observateurs de terrain. Ceux-ci
étaient encadrés par une équipe expérimentée
d'Ingénieurs informaticiens. Les données collectées sont
transmises au Système de collecte et de traitement dénommé
« Election Monitoring » (ELMO). Il faut reconnaître que la
collecte des données s'est effectuée sur base des formulaires
élaborés au préalable et cette collecte concernait aussi
bien les données qualitatives que quantitatives.
Par ailleurs, conformément au plan de communication de
la Mission, pour s'assurer de la fiabilité et de l'objectivité
des données envoyées par ses observateurs, au-delà du
professionnalisme de ces derniers, la MOE JPC/CENCO a mis en place deux
systèmes de suivi. D'une part, il y a eu le suivi quotidien
effectué à partir du CCTD par l'expert IT, ses assistants et
Agents du Call center qui procédaient à l'opération dite
de « nettoyage des données ». Cette opération
consistait à un échange téléphonique entre l'Agent
du Call Center (ACC) et l'observateur à propos des informations fournies
par ce dernier dans le but d'affirmer, confirmer ou recadrer l'une ou l'autre
information fournie par l'observateur. D'autre part, c'était le suivi de
terrain effectué par une équipe composée d'Analystes et
Facilitateurs. Cette équipe avait comme mission, non seulement de
vérifier les informations en les confrontant à la
réalité du terrain sur base du rapport brut produit par le CCTD,
mais aussi d'évaluer la mission même d'observation (ses points
forts, points faibles, suggestions pour l'amélioration, etc.).
[47]
A la lumière de la stratégie mise en place, la
collecte et la transmission des données d'observation le Jour des
scrutins combinés se sont faites à différents niveaux.
Ainsi, pour faciliter cette remontée d'informations, plusieurs Centres
Avancés de Transmission des Données (CATD) avaient
été opérationnels le Jour des scrutins (1026 au total).
Ceci permettait à chaque OCTS de récupérer les
données collectées par son OCT et les transmettait soit
directement, soit rejoignait son CATD, géré par un OLT pour la
transmission desdites données. Il sied de reconnaître que les CATD
étaient dotés de téléphones satellitaires qui ont
permis la transmission des données après la coupure des SMS par
le Gouvernement congolais, le 31 décembre 2018.
Les informations compilées étaient produites
sous forme d'un premier draft de rapport d'observation lequel était
transmis à une équipe de 10 analystes pluridisciplinaires
chargés d'élaborer des rapports d'observation et assortis de
recommandations. Ceux-ci examinent, à la lumière des normes et
standards universellement reconnus, la conformité des faits
observés et produisent un rapport assortis des recommandations.
S'agissant de la collecte des données quantitatives, la
MOE JPC/CENCO s'était préparée à mener un Comptage
Parallèle des Voix (PVT) de l'élection présidentielle
organisée par la CENI le 30 décembre 2018.
Le PVT est une méthode puissante d'observation de
l'évolution de la situation le jour du scrutin. Il requiert de
l'expertise en dynamique politique, l'organisation de la base des
données, des notions sur la théorie de l'échantillonnage
aléatoire et une compétence avérée dans les
technologies de l'information48. Le PVT permet aux ONG de contribuer
à la crédibilisation des résultats des élections.
Au Ghana (2012 et 2016), au Nigéria (2011 et 2015), en Tunisie (2014),
au Burkina Faso (2015), en Côte d'Ivoire (2015), etc., les Organisations
de la Société Civile (OSC) ont largement contribué
à garantir la transparence des scrutins et l'acceptation des
résultats par tous les candidats grâce au Comptage
Parallèle des Voix.
C'est ainsi que la MOE JPC/CENCO s'est dotée depuis
2015 d'une équipe de techniciens spécialisés en
Technologie de l'information et en statistique. Ceux-ci ont vu leurs
capacités suffisamment renforcées en matière de la
conduite d'un projet PVT. Dix analystes électoraux pluridisciplinaires
ont été suffisamment renforcés en capacités depuis
2015 sur l'analyse électorale (juridique, politique,
48 Cf. Quick Count Election Observation (NDI).
[48]
anthropologique, philosophique, théologique,
communicationnelle, économique, linguistique, etc.). Une équipe
constituée de six personnes a été formée sur la
supervision d'un Call center.
Il est important de noter que, contrairement au sondage qui
s'appuie sur les interviews, le PVT se base sur les résultats du
comptage des suffrages exprimés dans les BVD. Aucune opinion n'est ni
exprimée ni demandée. C'est ainsi que l'Equipe Cadre de la MOE
JPC/CENCO a travaillé pour
déterminer un échantillon stratifié
constitué des BVD représentant de manière proportionnelle
toutes les circonscriptions des députés provinciaux de la RD
Congo. Cet échantillon devrait être tiré de manière
aléatoire pour donner des tendances avec une marge d'erreur stricte de
l'ordre de 1%, pris dans un intervalle de confiance de 95 %. La taille de
l'échantillon trouvé correspondait à 7 886 BVD, soit 10,72
% du nombre de BVD au niveau national tels que prévus par la CENI pour
les élections du 30 décembre 2018.
Après la détermination de la taille de
l'échantillon des BVD à observer en vue d'obtenir les tendances
générales entre les candidats à la présidentielle
qui n'allaient pas bouger suivant la marge d'erreur choisie, l'Equipe Cadre de
la MOE JPC/CENCO s'est donnée une méthode de sélection des
individus devant constituer l'échantillon, bien entendu que l'individu
ici est le BVD.
La méthode de sélection de chaque BVD dans les
différentes strates était aléatoire simple
c'est-à-dire tous les BVD ont eu la même chance d'être
sélectionnés dans notre échantillon. Le tirage de
l'échantillon des BVD s'est fait
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