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Les difficultés des armées nationales à  lutter contre le terrorisme. Cas de l'armée camerounaise.


par Germain GaàƒÂ«tan ABOMO BENGONO
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences politiques 2016
  

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CONCLUSION GENERALE

PERSPECTIVES POUR UN RENFORCEMENT DES CAPACITES OPERATIONNELLES DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE

Dans un contexte international marqué par une mutation des guerres, des conflits traditionnels aux conflits irréguliers, une question principale s'imposait celle de savoir si les armées nationales conçues et préparées pour les menaces conventionnelles sont à même d'assurer la sécurité nationale face aux acteurs irréguliers ? Partant de l'hypothèse selon laquelle, les armées nationales ne sont pas suffisamment outillées pour faire face au terrorisme en dehors d'une réelle modification de leur carde d'action. Cette étude menée à l'aune de la théorie et de l'analyse stratégique nous a permis de justifier cette hypothèse.

Tout au long de ce travail de recherche, il a été question de nous interroger sur la problématique des difficultés des armées nationales dans la lutte contre les groupes terroristes d'une manière générale, l'armée camerounaise d'une manière particulière. Le choix des armées nationales en générale, l'armée camerounaise en particulier se justifiait par le fait que, depuis les attentats du 11 septembre 2001, le monde est plongé dans un régime de terreur sans précédent véhiculé par les groupes terroristes qui menacent la sécurité internationale. Les forces armées, outils de défense, chargées d'assurer la sécurité nationale des Etats éprouvent des difficultés à combattre efficacement contre cette forme de menace. La fixation sur l'armée camerounaise se justifiait quant à elle par le fait que, depuis la prise de l'initiative de Boko Haram sur le territoire camerounais en 2012, l'armée camerounaise fait face à une menace d'un genre nouveau qui n'entre pas dans son cadre d'action.

Pour se faire, un travail préliminaire a été effectué en amont. Nous nous sommes appesantis au préalable sur l'analyse de l'action des forces armées nationales dans les théâtres de lutte antiterroriste. Ici, il a été question de mettre en relief les expériences vécues par les armées américaines et françaises dans le théâtre afghan. Celles des armées malienne et nigériane dans la lutte contre les groupes terroristes au Sahel et dans le bassin du lac Tchad. Il était également question d'analyser d'une manière spécifique l'action de l'armée camerounaise dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.

Par la suite, il a été question d'analyser l'insuffisance de l'action des forces armées dans la lutte contre les groupes terroristes, en faisant les difficultés de l'armée camerounaise face au groupe terroriste Boko Haram, et les défis pour un recadrage de l'action des forces armées dans la lutte contre les groupes terroristes.

Tout au long de nos développements, il est apparu que les armées nationales dont l'armée camerounaise, n'arrive pas mettre à combattre efficacement Boko Haram, vue la complexité des enjeux du groupe terroriste, la transnationalité de cette menace et du caractère irrégulier de ses méthodes de combat. Il ressort donc que, la puissance militaire classique de l'armée camerounaise ne répond pas totalement à la nature de la menace terroriste Boko Haram.

Au regard de cette situation, il s'est avéré nécessaire de recadrer l'action des forces armées nationales dans la lutte contre le terrorisme. Ceci passe par, une valorisation du couple Armée-Nation ; se donner une vision ; une stratégie et des moyens opérationnels adéquats pour le traitement du terrorisme, dans une optique de professionnalisation et de mutualisation des forces, aux niveaux national, régional et international conformément à la sécurité collective. C'est précisément pour le cas du Cameroun le rôle qu'exerce l'ESIG dans l'enseignement militaire supérieur. En effet, l'enseignement militaire supérieur conditionne durablement les capacités opérationnelles des armées nationales, notamment dans les conflits modernes.

PERSPECTIVES POUR UN RENFORCEMENT DES CAPACITES OPERATIONNELLES DES ARMEES NATIONALES DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE

La guerre au 21e siècle reste toujours un choc des volontés opposées, mais, celle-ci a changé de nature ainsi que les conditions conduisant à la victoire décisive. Aujourd'hui on parle des guerres de 4e génération ; des guerres irrégulières ou des stratégies alternatives ; ou encore des guerres au sein des populations, catégorie conflictuelle à laquelle appartient la lutte antiterroriste. Que se soit la guerre d'Iraq, en Syrie, d'Afghanistan ou du Liban, l'on observe une grande difficulté pour les forces armées même les plus puissantes du monde à gagner les guerres d'aujourd'hui. Les conditions de l'efficacité militaire ne sont plus les mêmes, d'où l'enjeu et le défi de renforcer les capacités opérationnelles des armées nationales à gagner les guerres contemporaines. Pour se faire, il est intéressant de faire une étude prospective pour renforcer les capacités opérationnelles des armées nationales dans la lutte antiterroriste. Cette étude se fera à travers trois (03) piliers.

Pilier 1 : La réduction des fragilités des Etats et des conditions sous-jacentes propices à l'enracinement et à l'expansion du terrorisme

L'objectif ici est de comprendre, transformer et éliminer les conditions sociopolitiques et culturelles susceptibles de favoriser l'expansion du terrorisme. En plus de la criminalisation, non seulement des actes terroristes mais aussi l'incitation à les commettre, ainsi que des mesures socioéconomiques propres à réduire des vulnérabilités des couches des moins favorisées de la population au recrutement ainsi que leur exclusion réelle ou perçue. Puisqu'il est avéré que se sont ces facteurs qui favorisent l'implosion et l'enracinement du terrorisme dans un Etat. La Stratégie Générale des Nations Unies Contre le Terrorisme (SGNUCT) prescrit le renforcement de la culture de paix, le respect de toutes les religions et le dialogue interreligieux qui, ensemble, sont cruciales pour assurer la coexistence pacifique entre toutes les religions. Dans la même logique, il faut la mise en oeuvre d'ambitieux programmes socioéconomiques propres à réduire les vulnérabilités des régions exposées au terrorisme, l'inclusion de toutes les couches de la population à la gestion de la chose publique, mettre en place des initiatives de développement socio-économiques et culturelles, la lutte contre l'analphabétisme et l'insertion socioprofessionnel des jeunes, la distribution de l'aide, la communication sur les programmes économiques et d'investissement public et privé, aussi par le renforcement de la pénétration de la puissance publique dans les zones les plus reculées.

En même temps, il est impératif de coordonner et d'harmoniser la législation antiterroriste en la calquant sur le cadre normatif global et les instruments panafricains en la matière, notamment la convention de l'OUA de 1999 sur la prévention et la lutte contre le terrorisme de 2004. En clair, comme il est indiqué dans le document sur le plan d'action, les objectifs thématiques de la lutte contre le terrorisme et le trafic d'armes en Afrique Centrale. « Il faudra envisager de créer des mécanismes de consultation régulière entre acteurs gouvernementaux pour échanger sur la menace en évolution et les stratégies possibles pour y faire face, y compris en dressant les conditions qui la favorisent »266(*). Un tel renforcement dans ce pilier est susceptible de réduire drastiquement les possibilités de radicalisation violente et d'assécher les robinets du recrutement de Boko Haram pour le cas du Cameroun et par extension pour les autres groupes terroristes qui pullulent dans le monde.

Pilier 2 : Le développement capacitaire et institutionnel de l'Etat en collaboration les Nations Unies, et le respect des Droits de l'Homme dans la lutte contre le terrorisme

La problématique globale des avantages tactiques ou psychologiques pouvant découler de l'usage de mesures non démocratiques pour saisir des opportunités et prendre l'avantage face aux groupes terroristes. Comme dans d'autres parties du monde, le désir de vengeance, de représailles, de justice sommaire, dont la tentation pèse à la fois sur les militaires et les populations meurtries, manifestera son ambigüité : en finir tout de suite, par les atrocités ou une contre-violence sauvage, avec un ennemi à la merci peut affaiblir l'adversaire. Mais, peut être contre productif en raison du risque de le radicaliser davantage, voire lui attirer sympathies et soutiens.

Face à l'impératif de renforcer les capacités nationales et sous-régionales voire même internationale en matière de protection légale et de poursuites judiciaires des terroristes, des bavures et accidents comme la mort accidentelle en détention de Mohamed Yusuf au Nigéria. Et celle récente des membres de Boko Haram gardés non loin du théâtre des opérations au Cameroun ne se réduiront qu'avec le temps, vraisemblablement le développement des institutions légales et adaptées. Procès des terroristes se multiplieront en même temps que les pressions des associations de victimes. La jurisprudence des Etats s'enrichira, ainsi que l'expérience politique et les capacités de protection concertée des minorités et des groupes vulnérables, vraisemblablement avec les plans et programmes nationaux et sous-régionaux de protection des victimes et de gestion des crises. Cependant, cet ensemble ne pourra s'organiser efficacement qu'avec les capacités avérées de gagner la bataille pour conduire à une paix durable.

Pilier 3 : Les nouveaux Conflits, les nouveaux Soldats

Le nouveau soldat doit comprendre sa place, cruciale mais non unique dans les conflits modernes. Il doit avoir saisi toute l'importance de l'action globale et le rôle fondamental des différents acteurs non militaires (acteurs humanitaires, diplomatiques, sécuritaires, ceux du mondes des entreprises, etc.). Pour le livre blanc 2008 en France, « la complexité des crises internationales oblige à définir des stratégies réunissant l'ensemble des instruments, diplomatiques, financiers, civils, culturels et militaires, aussi bien les phases de prévention et de conflit »267(*). Le nouveau soldat doit donc apprendre à préparer avec les acteurs civils, en amont, cette phase décisive qui est la stabilisation. Le soldat doit donc savoir passer du militaire au sécuritaire, de l'humanitaire, à l'acteur politique et de développement. Il doit savoir passer le relais dans la marche commune vers la normalisation en conjuguant les efforts vers la reconstruction et la résolution des crises. Il est désormais établit que, tant en termes d'équipements que de formation d'hommes, la règle du qui « peut le plus peut le moins » ne peut s'appliquer. Car, il ne s'agit plus de faire un peu moins, mais d'agir autrement avec une autre approche dans les nouveaux conflits. Il s'agit d'une diversification du spectre des actions qui complexifient encore plus le métier du soldat, car ce dernier doit demeurer expert dans ses rôles traditionnels tout en excellant dans les conflits modernes.

* 266 « Plan of action, Implication and Thematic Objectives of the Fight against Terrorism and arms Trafficking in the Central African Sub-Region », p. 8.

* 267 Vincent Desportes, op. cit.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon