CONCLUSION CHAPITRE 3
Ce chapitre nous a permis de présenter le cadre
théorique du modèle de gravité nous avons abordé
dans un premier temps l'analyse générale du modèle de
gravité, l'importance des spécifications dans le modèle de
gravité et les différentes applications du modèle de
gravité. Dans un second temps nous avons abordés les
justifications théoriques des variables retenues à savoir (les
coûts de transport, la distance, le PIB, la diversification, la
qualité des institutions et la situation sécuritaire. Nous
retenons que le modèle de gravité est une estimation du commerce
entre deux pays, tirant sa particularité dans les variables qu'il prend
en compte. Nous retenons également que notre modèle prendra en
compte plusieurs variables aussi bien quantitatives que qualitatives. Ainsi, il
convient de faire le point sur les sources de données,
l'échantillonnage, et l'estimation proprement dite.
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CHAPITRE 4 : CONCEPTUALISATION ET ESTIMATION DU MODELE
DE
GRAVITE.
INTRODUCTION CHAPITRE 4
La littérature empirique consacrée à
l'estimation économétrique des politiques commerciales de
restriction, en l'occurrence les barrières qui limitent le
développement du commerce intra-CEMAC, a pris une dimension
considérable. Les premiers travaux empiriques cherchaient plutôt
à mieux évaluer le rôle des barrières non tarifaires
dans la croissance ou la productivité et à valider des fondements
théoriques qui pouvaient contribuer à la performance des
modèles économétriques (Sachs & Warner, 1995).
Ainsi, nous nous appuyons sur le modèle gravitationnel,
qui est sans doute l'un des standards de la modélisation des
déterminants des échanges commerciaux, pour calculer les
coûts de commerce et pour estimer le rôle des barrières non
tarifaires dans le commerce euro-méditerranéen. A travers de
nombreuses contributions théoriques et empiriques, le modèle
gravitationnel a été largement diffusé. Contrairement aux
équations d'importations, les équations gravitationnelles
permettent d'introduire aisément les mesures de protection
commerciale.
SECTION I : FORMULATION DE L'EQUATION DE BASE ET
ESTIMATION
I-1- Equation gravitationnelle de base et variables
explicatives
Les modèles de gravité ont été
d'abord déduits intuitivement pour analyser les flux d'échanges
bilatéraux entre pays. Actuellement, ses applications aux volumes
commerciaux font sans doute partie des relations empiriques les plus stables et
les plus robustes en économie (Deardorff, 1995). Selon ces
modèles, le commerce bilatéral est considéré comme
une fonction linéaire de la puissance économique des pays, de
leur richesse et de la proximité géographique. Elles peuvent
être modélisées sous différentes formes et ont pour
principale caractéristique d'expliquer le volume du commerce
bilatéral et non sa composition (De Melo, 2003). En s'inspirant de la
méthodologie d'Anderson & Van Wincoop (2003, 2004), nous estimons
une équation gravitationnelle qui introduit les importations du Cameroun
(M) en provenance d'un pays de la CEMAC (y) pour le bien (i) a une date (t).
Sous sa forme la plus basique, Le modèle gravitationnel
s'appuie sur l'équation gravitationnelle inclut les variables
explicatives qui tiennent compte des variables standards du modèle
gravitationnel à savoir : les PIB, et la distance
géographique.
59
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? Le Produit Intérieur Brute.
Le P113 a plusieurs fois été utilisé dans
des modèles économétriques visant à expliquer le
commerce. C'est notamment le cas des modèles de gravité dans
lesquels elle est même considérée comme une variable de
base. En effet, selon la théorie du modèle de gravité, les
échanges commerciaux entre les pays sont proportionnels à leurs
P113. Le P113 mesure à taille économique de pays, reflète
la demande et la croissance potentielle des deux marchés
d'échanges. Selon le rapport annuel de la Statistiques du commerce
mondial de l'OMC (2012), La période récente montre que la
relation entre le P113 et les flux commerciaux fonctionne dans les deux sens et
évoluent de concert: Une croissance plus forte du P113 mondial est
associée à une croissance encore plus forte du commerce
international. On suppose qu'une hausse du P113 du pays importateur
s'accompagne d'un effet de richesse lui permettant d'accroître sa demande
d'importation. Parallèlement, La hausse du P113 du pays exportateur se
traduira par une augmentation de sa richesse et de sa
compétitivité. Ainsi, le volume des importations du Cameroun en
provenance de ces partenaires de la CEMAC dépend de la taille
économique de ces derniers. Puis qu'un P113 important dans un pays
exportateur indique un haut niveau de production, donc un niveau d'exportations
élevé, le P113 dans notre étude va nous permettre de
vérifier si les pays partenaires du Cameroun créent suffisant de
valeur ajoutée permettant des exportations. Nous nous attendons à
une influence positive et significative du P113 du pays exportateur.
Graphique : Evolution des pays de la CEMAC de 2010 à 2015
en « $ US courants ».
4E+10 3E+10 2E+10 1E+10
0
|
|
2010 2011 2012 2013 2014 2015
Cameroun Congo, République du Gabon Guinée
équatoriale République centrafricaine Tchad
|
Source : Par l'auteur, à partir des données de la
base de données du CNUCED.
? La distance.
La distance figure comme un déterminant essentiel des
flux des échanges, en tant que proxy des coûts du commerce. La
théorie suppose que la distance puisse augmenter les coûts
liés au transport, les infrastructures, l'assurance, les frais de stock
(délais d'expédition)... ; elle est
60
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donc considérée à juste titre comme un
facteur limitatif des échanges. Ainsi, plus les pays sont
éloignés géographiquement, plus le commerce entre eux
devient onéreux. De nos jours, sa structure théorique n'est plus
à mettre en cause puisque le modèle le plus directement
lié à l'équation de gravité est le modèle de
concurrence monopolistique avec coûts de transport. La distance joue un
rôle non négligeable sur le volume des échanges,
particulièrement pour les échanges des denrées
périssables (Emlinger, & Jacquet, 2008). Ainsi, la distance
géographique joue un rôle important dans les différentes
études empiriques sur le commerce et particulièrement dans le
modèle de gravité (Baldwin et Taglioni, 2006; De Groot et al,
2004) est généralement mesurée entre les capitales des
deux pays partenaires. Plus la distance entre les partenaires est
élevée, plus les coûts de transports seront
élevés. Dans notre étude, les données relatives
à la distance proviennent du Centre d'Etudes Prospectives et
d'Informations Internationales (CEPII).
Tableau N°5: Distance entre le Cameroun et les pays de la
CEMAC.
PAYS
|
R.C.A.
|
Congo
|
G.E.
|
Tchad
|
Gabon
|
CEMAC.
|
Cameroun
|
790.412
|
990.0672
|
301.903
|
1001.256
|
990.0675
|
895.83422
|
Source : donnée du CEP!!.
Ainsi, notre équation gravitationnelle de base se
présent comme suit : Mizt = á0 + á1PIBit +
á2Dzi+ ?izt (équation 1) Avec
? Mizt représente la valeur d'importations du Cameroun
z avec i, représentant le pays de provenance
à la date t. la valeur d'importations prend la valeur
zéro lorsqu'il n'existe pas de flux commerciaux entre les deux
partenaires. Notre estimateur économétrique peut prendre en
compte la problématique des flux nuls (observations nulles dues à
l'absence des échanges).
? Dzi représente la distance.
? PIBzt et PIBit représente
respectivement le PIB du Cameroun à la date t et le
PIB du pays d'importation à la date t.
? ?izt est le terme d'erreur.
En linéarisant l'équation (1) par application du
logarithme, nous pouvons ramener nos valeurs à une même
échelle. Ceci a l'avantage de corriger les problèmes
d'élasticité des coefficients. Nous avons l'équation 2
suivante :
22 Obtenu en faisant la moyenne de toutes les
distances.
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lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+ ?izt
? L'indice de performance logistique.
La performance logistique d'un pays traduit la capacité
de ce pays à faciliter les flux de marchandises entre les pays. Ainsi,
une variable « IPLx» qualifiée comme un
indicateur représentant le niveau de la performance logistique dans d'un
pays, capture l'impact de l'efficience logistique sur les flux des
échanges commerciaux. Cette l'impact peut être traduit par
l'interaction de facteurs multiples tels que l'efficacité du
réseau de transport, la facilité de l'organisation des
expéditions, l'efficacité des processus de dédouanement,
la performance logistique, le système de transport existant, la
qualité des services d'infrastructures, la capacité de suivi et
de traçabilité des consignations et la fréquence avec
laquelle les expéditions arrivent au destinataire dans les délais
prévus. L'IPL est une moyenne pondérée de ces variables,
il varie entre 1 (pour une performance faible) et 5 (élevée).
Source : Banque Mondial.
Dans le cadre de la performance logistique, le Cameroun a mis
sur pied depuis 2011, les contrats de performances, qui sont un outil de
facilitation des opérations de passage portuaire et de
dédouanement des marchandises.
Nous aurions l'équation 3 suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+
á3ln IPLzt + á4ln IPLit + ?izt
? La gouvernance
La gouvernance influence fortement sur les activités
économiques en général et sur le commerce en particulier.
La qualité des institutions a tendance à influer sur le volume
des échanges générés par la libéralisation
commerciale, avec des conséquences implicites sur le plan du bien-
être et de la croissance induits par cette même
libéralisation. Les institutions nationales contribuent pour beaucoup au
succès des réformes commerciales. La qualité des
institutions et la qualité de la gouvernance jouent un rôle
important dans la création du commerce. Car elle a un impact important
sur la croissance durable et le développement économique et
couvre six aspects à savoir : le caractère démocratique
des institutions politiques, qui évalue dans quelle mesure les citoyens
sont en mesure de participer au choix de leur gouvernement, la stabilité
politique et l'absence de violence et de terrorisme, l'efficacité des
pouvoirs publics (du gouvernement), la qualité et le poids de la
règlementation, la primauté du droit, et enfin la lutte contre la
corruption. Kaufman & al.
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(2010). Les donnée sur les variables « Indgouv
» sont proviennent de la base de données de la Worldwide
Governance Indicators (WGI).
Tableau N°6: Indicateurs de la gouvernance des pays de la
CEMAC.
|
2010
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
CAMEROUN
|
-0.91
|
0.92
|
-0.95
|
-0.94
|
-0.94
|
-0.94
|
RCA
|
-1.30
|
-1.24
|
-1.33
|
-1.55
|
-1.70
|
-1.61
|
TCHAD
|
-1.37
|
-1.29
|
-1.27
|
-1.25
|
-1.31
|
-1.24
|
CONGO
|
-1.03
|
-1.03
|
-1.08
|
-1.06
|
-1.0
|
-1.00
|
GE
|
-1.24
|
-1.24
|
-1.26
|
-1.29
|
-1.41
|
-1.36
|
GABON
|
-0.54
|
-0.52
|
-0.52
|
-0.53
|
-0.55
|
-0.61
|
CEMAC
|
-1.03
|
-1.063
|
-0.73
|
-1.1218
|
-1.059
|
-0.99
|
Source : Données de la Banque mondiale Nous aurions
l'équation 4 suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+
á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5ln
INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + ?izt
? La langue.
La variable langue commune « langx» est
une variable muette qui prend la valeur « 1 » si un langage commun
est parlé par au moins 9% de la population dans chacun des pays
partenaire et « 0 » autrement. Cette variable marque l'existence d'un
langage commun entre au moins 9% de la population dans chaque pays des deux
partenaires. La langue commune est un facteur de facilitation des
échanges, elle est introduite afin d'évaluer indirectement
l'impact des diasporas et leur rôle dans les échanges commerciaux.
En effet, la langue est un facteur déterminant du commerce dans la
littérature économique. La variable langue commune a
été introduite dans le modèle de gravité par
Frankel et Rose (2002) et Melitz(2008). Ces auteurs ont démontré
le rôle important joué par la proximité linguistique dans
les modèles de gravité. A ce titre on s'attend également
à un signe positif. Source : CEPII.
Nous aurions l'équation 5 suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+
á3ln IPLzt + á4ln IPLit +á5ln
INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 ln LANGzi +
?izt
63
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? La diversification économique
L'une des caractéristiques du commerce intra
régional en Afrique réside dans la faible diversification des
structures de production qui conduit souvent à la non
complémentarité et à la similitude des productions
nationales. La diversification économique est un processus dynamique qui
consiste à étendre la gamme de marchandises et services produits
dans une économie pour une consommation et une utilisation locale ou en
vue de l'exportation (CEA/BSR- AC, 2010). Or les économies de la CEMAC
sont loin de cette réalité avec une fort domination des produits
agricoles et miniers. Koffi Ehoussou (2005) en analysant les
potentialités d'échanges commerciaux, sur la base d'indices de
diversification, s'est rendu que les indices entre les pays africains sont
faibles traduisant une faible probabilité de réussite de la mise
en oeuvre des accords commerciaux bilatéraux. La diversification
économique n'est donc pas une barrière tarifaires et non
tarifaires mais elle est déterminante dans le développement des
échanges d'où son utilisation dans notre travail sous la
dénomination « DIV ». Helpman & Krugman (1985) mentionnent
que les différences des tailles de l'économique indiquent les
différences de la capacité des pays partenaires à produire
des biens différenciés (l'absence des différenciations des
produits). Autrement, la similarité des pays en termes de taille de
marché est susceptible d'améliorer la demande des produits
différenciés. Dans notre étude, nous prendrons donc en
compte l'indice de diversification du pays d'origine.
Graphique : indice de diversification économique des
pays de la CEMAC entre 2010 et 2015.
0,9
0,85
0,8
0,75
0,7
0,65
|
|
2010 2011 2012 2013 2014 2015
RCA CONGO GABON G.E. TCHAD CEMAC
|
Source : Par l'auteur, à partir des données du
CNUCED. Nous aurions l'équation 6 suivante :
64
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lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi+
á3ln IPLzt + á4ln IPLit
+á5lnINDGUOVzt + á6lnINDGUOVit + á7
lnLANGzi + á8DIVzt + + á9DIVit +
?izt
? L'enclavement
La variable enclavement permet d'estimer l'effet sur les
échanges des pays qui n'ont pas une ouverture sur la mer. Il est
important de tenir compte de l'enclavement géographique car deux des
pays de la sous-région sont dans cette situation d'enclavement. La prise
de cette variable dans notre travail, nous permet de vérifier si la
situation de l'enclavement de ces deux pays a favorisé le commerce avec
Cameroun. Si après examen empirique, il ressort que la variable
indicatrice de l'enclavement n'est pas significative, quel que soit son signe,
alors nous serons amenés à supposer que le réseau de
transport et de communication régional est « efficient et
adéquat » .Nous aurions l'équation 7 et finale
suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi +
á3lnIPLzt + á4ln IPLit
+á5lnINDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 ln
LANGzi + á8lnDIVzt + á9lnDIVit +
á9Enclavzi +?izt
? Les indices des OTC et des mesures SPS.
Au vu de tout ce qui a été dit sur les facteurs
qui limitent le développement du commerce intra-CEMAC. Les
barrières les plus appliquées portent sur les « OTC
» et les mesures « SPS ». La source la plus
complète de données sur les barrières non tarifaires a
été établie par la CNUCED dans le cadre du TRAINS. Les
données de la base TRAINS ne reflétant la réalité
des barrières non tarifaires appliquées par le Cameroun dans son
commerce. Alors nous avons pu grâce aux informations collecter
auprès de l'agence de normalisation et de la douane camerounaise
répertorier l'ensemble des règlementations techniques, qui sont
les principales barrières non tarifaires. Ainsi, cette variable est dans
notre modèle une variable muette qui prend la valeur « 1 » si
un produit fait l'objet d'une quelconque forme de prescription technique ou
« 0 » au cas contraire. Nous introduisons un indice noté
« j » représentant un produit importé par le Cameroun
en provenance de « i ». Nous aurions l'équation 5 et finale
suivante :
lnMizt = á0 + á1lnPIBit +á2lnDzi +
á3lnIPLzt + á4ln IPLit +á5ln
INDGUOVzt + á6ln INDGUOVit + á7 LANGzi +
á8lnDIVzt + á9lnDIVit + á10
Enclavzi + á11OTCzjt + á12SPSzjt +?ijzt.
Dans l'implémentation de notre équation, nous
allons ramener notre panel à deux dimensions en couplant les
produits-partenaires car un produit en provenance d'un partenaire précis
peut faire l'objet d'une barrière non tarifaire et les autres pays
pas.
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